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Étiquette : CRTV
Sénat
La Chambre haute du parlement, le Sénat, s’apprête à accueillir les sénateurs de la 3e mandature. Le 12 mars dernier ont eu lieu les élections sénatoriales. D’après les informations données par Elections Cameroon (ELECAM) sur les ondes du poste national de la Cameroon Radiotelevision (CRTV), pour le scrutin du 12 mars 2023, 198 bureaux de vote ont été installés dans les chefs-lieux des 58 départements ont ouverte. 154 candidats titulaires, devaient ajouter des suppléants, étaient en lice pour les 70 sièges de sénateurs élus. Ils sont issus de 10 partis politiques. Il s’agit notamment de l’Alliance Nationale pour la Démocratie et le Progrès (ANDP), du Front des Démocrates Camerounais (FDC), du Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC), du Mouvement pour la Défense de la République ( MDR), du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), du Social Democratic Front (SDF), de l’Union Démocratique du Cameroun (UDC), de l’Union des Mouvements Socialistes (UMS) et de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (PNUD). 30 autres sénateurs seront désignés par le président de la République dans le mais d’occuper tous les 100 sièges de la Chambre. Selon ELECAM, plus de 10 800 conseillers municipaux et près de 800 conseillers régionaux sont les « arbitres » du scrutin. Tel que stipuler la loi, la suite prévoit la proclamation des résultats au plus tard dans 15 jours par le Conseil Constitutionnel. de l’Union des Mouvements Socialistes (UMS) et de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP). 30 autres sénateurs seront désignés par le président de la République dans le mais d’occuper tous les 100 sièges de la Chambre. Selon ELECAM, plus de 10 800 conseillers municipaux et près de 800 conseillers régionaux sont les « arbitres » du scrutin. Tel que stipuler la loi, la suite prévoit la proclamation des résultats au plus tard dans 15 jours par le Conseil Constitutionnel. de l’Union des Mouvements Socialistes (UMS) et de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP). 30 autres sénateurs seront désignés par le président de la République dans le mais d’occuper tous les 100 sièges de la Chambre. Selon ELECAM, plus de 10 800 conseillers municipaux et près de 800 conseillers régionaux sont les « arbitres » du scrutin. Tel que stipuler la loi, la suite prévoit la proclamation des résultats au plus tard dans 15 jours par le Conseil Constitutionnel.
Relance économique : PROMOTE 2022, une plateforme d’opportunités
La cérémonie de coupure du ruban symbolique du Salon international de l’Entreprise, de la Pme et du Partenariat de Yaoundé s’est tenue ce 19 février 2022 au Palais des Congrès de Yaoundé sous la houlette du ministre du Commerce. C’est dans l’optique de permettre aux entreprises d’ici et d’ailleurs d’étaler leur savoir-faire après deux ans d’hibernation.
La coupure du ruban symbolique Le Salon PROMOTE a connu son premier temps fort ce 19 février 2022 au Palais des Congrès de Yaoundé. Le ministre du Commerce Luc Magloire Atangana a procédé à la coupure du ruban symbolique synonyme de l’ouverture de la Plateforme. Les entreprises peuvent depuis lors présenter leur expertise après deux années d’hibernation liée à la pandémie du Covid-19. La 8ème édition du Salon internationale de l’Entreprise, de la Pme et du Partenariat de Yaoundé s’articule autour du thème: «L’industrialisation de l’Afrique, une clé de l’émergence du Continent». Une thématique en phase avec la vision «d’émergence de notre pays, la vision tout simplement du continent. Notamment à travers la Zone de libre-échange continentale Africaine (Zlecaf)», rappelle le ministre du Commerce Luc Magloire Atangana. Pour gagner ce pari, l’on note la présence sur le site des entreprises, des Pme, institutions nationales, ainsi que des entrepreneurs d’ici et d’ailleurs.
Relance
Pour des raisons inhérentes à la pandémie de la Covid-19, il y a eu moins d’engouement à l’ouverture pour les exposants. Signe aussi que l’annulation de PROMOTE depuis deux ans a émoussé leurs ardeurs. Ainsi pour celles qui ont pris part à cette nouvelle édition, le Président de la Fondation Internationale Inter-Progress se gargarise dans ses propos. «Et voici que s’ouvre la 8ème édition du Salon PROMOTE, deux fois reportée en 2021 par cette pandémie qui aura désorganisé le monde comme jamais».Pierre Zumbach, Président de la Fondation Internationale Inter-Progress Et ce faisant, Pierre Zumbach a tenu à remercier les participants. «Merci à tous les exposants, entreprises et institutions, qui viennent participer à ce PROMOTE dans cette période inédite de lente sortie pandémie et qui atteste de leur volonté de rebondir pour relancer le Cameroun dans son développement économique et social et regardant l’émergence du continent». Et d’ajouter: «dans cette course à la relance, nous remercions d’avance tous les visiteurs qui viennent aujourd’hui à PROMOTE pour mieux connaitre leur économie et ses innovations et pour se montrer solidaires et soutenir la relance économique qui pour réussir doit être un acte collectif».
Dans la même veine, Unice Ngozi, Chef Desk PROMOTE a également félicité tous ceux qui se sont mobilisés pour la nouvelle édition du Salon. «PROMOTE a ouvert ses portes aujourd’hui. Malgré la pandémie, les réticences et les doutes, malgré le confinement, nous sommes là. Nous tenons à remercier, à féliciter, et à encourager tous les participants et les parties prenantes, des Pme jusqu’aux grandes entreprises et sponsors, des participants qui viennent de partout et surtout de l’Europe, de l’Amérique, de l’Afrique, de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, et les médias».
Tour du propriétaire du Mincommerce Mise place
La première remarque ce 19 février 2022, est que tous les exposants ne sont pas encore installés. D’ailleurs, ils sont nombreux dont les stands sont en construction. On peut citer dans la fourchette la Cameroon Radiotélévision (CRTV), l’Agence de Promotion des Investissements (Api), sans oublier les médias. Tout ceci s’explique par le fait qu’«en novembre dernier, à trois mois de PROMOTE, seuls 150 exposants s’étaient inscrits formellement. Aujourd’hui ils sont plus de 800. Ce qui demande de l’indulgence pour les derniers travaux sur le site avec tous ses promoteurs qui s’affairent comme vous pouvez le constater», laisse entendre Pierre Zumbach. Selon le président de la Fondation Internationale Inter-Progress, «tous ces participants sont venus présenter leur savoir-faire, leurs produits et leurs services, avec cette volonté d’intéresser les visiteurs professionnels d’ici et d’ailleurs venus chercher des partenariats d’affaires et tous les visiteurs-consommateurs qui sont les arbitres de l’économie».Innovations
Pour ce qui est de l’innovation pour cette année, il faut noter qu’au-delà des expositions, «nous avons des débats, des activités culturelles, des sessions de networking, B2B. Nous avons une palette d’activités. Donc, nous invitons tout le monde à venir découvrir et à prendre part à cette aventure», conclut Unice Ngozi, Chef Desk PROMOTE.Olivier Mbessité
Salon
Les premières heures de Promote 2022
Les hostilités de la 8ème édition du salon de PROMOTE ont débuté le 19 février dernier au palais des Congrès de Yaoundé, juste après la coupure du ruban. Les coulisses des premières heures sont faites de mise en place des stands, de découvertes et d’orientation des visiteurs et des participants.
Aux premières minutes de 8 heures, visiteurs, ouvriers et exposants ont défilé au poste d’enregistrement de PROMOTE 2022. Le parking intérieur affiche complet et celui de l’extérieur n’est pas des moindres. «Oui, où êtes-vous ? Désolé j’ai garé très loin de l’entrée, je ne peux plus venir vous chercher comme prévu», s’indigne un promoteur attendant son équipe. Un organisateur ne sait plus mettre la tête face à la grande demande d’accès au parking. Il est inquiet mais fait de son mieux pour satisfaire tout un chacun. L’entrée pour la grande estrade est payante et les prix varient de 500 FCFA pour le billet d’entrée et 2000 FCFA pour les bracelets.
Ambiance
À l’intérieur, le mouvement de va-et-vient peut vous donner le vertige. Les hôtesses sont vêtues des éléments de branding (t-shirts, casquettes, tissus pagnes et bien d’autres kits, ndlr). Certains participants sont déjà confortablement installés, vérifiant plus ou moins les derniers réglages en attendant les visiteurs.D’autres stands trainent encore le pas. L’on peut voir les ouvriers qui s’attèlent aux dernières retouches. Coups de marteau et de pinceaux par ci et là, chacun employant les meilleures méthodes pour donner fière allure à son stand. «Applique mieux la peinture ici (…). Il faut déjà installer les affiches et les produits. Nous avons des objectifs quotidiens à atteindre», s’exprime un promoteur, spécialisé dans la cosmétique et l’hygiène intime de la femme, à ses hôtesses. Certains stands ne sont pas encore entretenus et ces exposants ne peuvent que patienter.
Les visiteurs sont des catégories diverses à l’instar des élèves, entrepreneurs locaux et étrangers, touristes étrangers et acteurs économiques. Les visiteurs sont heureux d’assister à cette foire commerciale et de découvrir toutes les initiatives locales et étrangères. Ils se retournent des stands avec des flyers, une satisfaction adhérant aux services ou s’offrant les produits de la structure. Toutes les entreprises présentent un registre pour enregistrer les coordonnées des visiteurs et d’élargir leur communautés d’opportunités.
Divers
Il est midi. Les rayons de soleil sont frappants sous une température de 39° Celsius. Au-delà des opportunités économiques qu’offre le salon PROMOTE 2022. C’est aussi les stands de boisson, de cuisine satisfaisant la clientèle dont les choix variés trouvent du goût dans la gastronomie camerounaise. L’on remarque une forte présence au stand de Ongola Cream. Ses glaces sont attirantes et fraîches, jeunes et vieux s’alignent. «Nous avons misé sur le branding pour attirer les clients. Les choix des couleurs, la position du stand et de jolis visages à l’accueil, de quoi assurer une rentabilité sur investissement.Quoi de plus pour atteindre nos objectifs» explique la propriétaire. Des clients sucent leurs glaces avec un plaisir apparent. D’autres clients préfèrent se contenter d’eau minérale et des jus gazeux. La gastronomie n’est pas en reste. Le point alimentaire enregistre peu à peu des commandes. On remarque la présence des plats locaux tels que le ndolé, le mbongo, le eru et d’autres spécialités. Les stands visités présentent des prix presque semblables allant de 1000 FCFA à 3000 FCFA. Les jours suivants, PROMOTE annonce pleines d’innovation, de rencontres et des opportunités à cette foire dans une ambiance conviviale entre entreprises nationales et étrangères et des visiteurs.
Presvualie Ngo Nwaha (stagiaire)
Loi de finances 2021 : Un budget de mépris pour la décentralisation
Pour l’honorable Cabral Libii, l’une des recommandations fortes du Grand Dialogue national est restée lettre morte lors des délibérations des députés.
L’hémicycle de l’Assemblée nationale est resté occupé toute la nuit du 4 au 5 décembre 2020. Après des débats houleux, la chambre basse du parlement a finalement adopté un budget de 4865 milliards 200 millions FCFA pour l’exercice 2021.
À première vue, la tendance est à la hausse, soit 232, 5 milliards FCFA par rapport à l’exercice précédent. Approché sur le vif par nos confrères des antennes radios de la CRTV, Louis Paul Motaze, le ministre des Finances a estimé que «c’est un bon budget, un budget de relance dans un contexte extrêmement difficile».
Sur le vif aussi, quelques députés de l’opposition ont laissé éclater leur colère contre l’exécutif, dénonçant un «mépris pour l’une des recommandations du Grand Dialogue national: la décentralisation». En petite phrase sur son compte Twitter, Cabral Libii observe que cette ambitieuse recommandation a été revue à la baisse. Selon la grille de lecture du président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), le plancher de 15% des recettes destinées à la dotation générale de la décentralisation n’a pas été respecté. «La part de la dotation générale de la décentralisation pour l’exercice 2021 est de 18% et, c’est conforme à la loi. C’est obtenu sur la base du calcul, c’est-à-dire enveloppe totale des ressources de l’État, moins les emprunts, les dons, les remboursements de TVA et les retenues sur salaires et pensions. 18% de 4865,2 milliards c’est 875 milliards FCFA, c’est le montant qui doit être consacré à la décentralisation. Or, les ressources mises à la disposition des collectivités territoriales décentralisées, s’élèvent seulement à 232 milliards FCFA», a fulminé Cabral Libii.
« Hélas ! »
Par cette exclamation sur sa page Facebook officielle, l’élu du Nyong-et-Kellé semble indiquer que l’exécutif n’a pas encore changé d’avis sur la thématique de la décentralisation, en dépit de la déclaration de bonnes intentions. D’une part, ces dernières sont contenues dans le décret portant organisation et fonctionnement du Conseil national de la décentralisation signé par Paul Biya le 4 novembre 2020 et dans la circulaire relative «à la préparation des budgets des Collectivités territoriales décentralisées (CTD) pour l’exercice 2021, fixant les orientations de la politique budgétaire au niveau local ainsi que les dispositions pratiques pour l’élaboration des budgets des CTD d’autre part».Ongoung Zong Bella
Stéphanie Djomo Yepmo : Au carrefour de la vérité et du mensonge
Les sorties de la dame sur les plateaux de médias aux idéologies contraires laissent perplexe.
On dit Stéphanie Djomo Yepmo et une émission remonte immédiatement: «Paroles de femmes», diffusée le 3 novembre 2020 sur la chaine de télévision privée Equinoxe basée à Douala. Jurant ses grands dieux devant les caméras du média de Séverin Tchounkeu, Stéphanie s’est montrée vertigineusement habile à décrire les horreurs vécues par deux de ses enfants dans les forêts du Sud-Ouest, régentées par des bandes criminelles. Au sein de l’opinion publique, c’est l’effet d’un électrochoc. Pour le gouvernement, la charge est très violente. René Sadi, le ministre de la Communication, soupçonne Equinoxe TV d’avoir joué un rôle venimeux dans cette affaire. Stéphanie s’y prend les pieds et s’attire des foudres. Et pendant que la pluie des commentaires fait rage et inonde toute la toile, Stéphanie, tel un rideau qui bouge au rythme du vent, balance entre son intérieur et son extérieur dans le pénitencier de New-Bell. Dehors, tout se dit. Mais ce qui se dit le plus, c’est qu’on est en train de lui coller un procès pour surcharger la justice déjà bien à la peine, selon certains.
Volteface
Le 19 novembre 2020, l’on répète Stéphanie Djomo Yepmo et l’on entend sa voix persuasive circuler sur les ondes de la Crtv. Devant les caméras du média d’État, elle apparait envahie par le remords. Elle reconnait avoir menti. Dans sa forme comme dans son fond, le mea culpa est beau, apaisant: «J’ai rejoint un groupe qui pleure les enfants du NOSO (Nord-Ouest et Sud-Ouest) et nous avons fait des sorties où on a pleuré dans plusieurs carrefours, jusqu’au jour où on nous annonce qu’on doit se retrouver à Equinoxe. C’est ainsi que je me retrouve sur le plateau d’Equinoxe et je partage cette histoire qui n’est pas vraie».
On peut l’écouter au casque, en boucle. Sauf qu’en accomplissant cet office, Stéphanie réinfecte encore l’opinion publique. L’heure est à l’épreuve de sang-froid. La presse s’en délecte. Dans les rendus respectifs de la Crtv et d’Equinoxe TV, l’on découvre que chaque personnel de service a désormais deux métiers: le sien, et celui d’échafauder une argutie convaincante en faveur de son employeur. Sur l’agora des réseaux sociaux, ce verbatim vaut à l’une et à l’autre chaine des tombereaux d’injures.
Naïveté
En tout cas, le nom de Stéphanie Djomo Yepmo est désormais fiché dans les registres de la justice, quoi qu’en dise son avocat Me Cheik Ali Al Assad. Comme une actrice débutante dans la jungle d’Hollywood, les yeux pleins de rêves, la pleureuse professionnelle a débarqué sur la scène médiatique. En l’espace de quelques jours, la dame, quarantenaire, originaire des Grassfields, en est devenue la coqueluche. Sans doute, son caractère, où se côtoient culot et opportunisme, a émerveillé un microcosme médiatique toujours friand de produits nouveaux. Dans cette assomption médiatique justement, elle est celle-là qui arrive sur les plateaux, dans un univers saturé par la longévité des malentendus entre le pouvoir et Equinoxe TV par rapport à certains aspects liés à la crise anglophone.
Naïve, Stéphanie n’a pas compris que des rigidités idéologiques s’affrontent par médias interposés. Naïvement aussi, elle a accéléré là où d’autres temporisent, thésaurisent en prévision d’une carrière qu’ils inscrivent dans la durée. «Je n’avais jamais mis dans ma tête de me retrouver dans un plateau de télévision, ça ne m’avait jamais traversé l’esprit. Oui, je me suis retrouvé là. Je regrette, j’ai même très mal. J’en souffre énormément, de jour comme de nuit. Croyant bien faire, j’ai blessé», nous a-t-elle dit. Reste maintenant la question de savoir quelle sera sa mine lorsqu’Equinoxe TV «présentera sans délai, des faits qui apporteront la lumière sur cette affaire». On ne perd rien à attendre.
Jean-René Meva’a Amougou
«Meukeu’l ma’a Nka» : Alex Mimbang garde sa mine de journaliste
L’ancien de la CRTV joue la transparence et la visibilité de son mandat à la tête de la commune de Nguélémendouka (Haut-Nyong), via un magazine d’informations en couleur.
Alex Mimbang «Meukeu’l ma’a Nka», ça sonne purement bantou. En termes de signification, cela donne «les nouvelles de Nguélémendouka». Préférence pour préférence, Alex Mimbang a jeté son dévolu sur ce nom à la tonalité fédératrice. Le maire, sous sa casquette d’ancien journaliste du média public (la Crtv), a décidé de communiquer sur le travail de la municipalité via ce magazine en papier glacé. D’une périodicité trimestrielle, ce magazine ambitionne «d’être à la fois le baromètre de la rupture que nous prônons, le relai des activités majeures de la commune, et le pont de découverte des acteurs de développement de notre contrée, ainsi que les figures de proue de l’arrondissement», fait savoir Alex Mimbang.
Paru en juillet-septembre, le premier numéro de «Meukeu’l ma’a NkA comporte 15 pages. L’offre de contenus (essentiellement tournés vers des sujets d’actualités communales et de l’action du maire) émane d’une diversité de rédacteurs tels que Crépin Mekok ou encore Bernard Bangda. Cette offre rend également compte des projets retenus pour cette année 2020 par l’exécutif communal. Sur la base d’un corpus d’articles et d’images représentatifs des différentes composantes sociales de la commune de Nguelemendouka, “Meukeu’l ma’a Nka” établit un panorama général des priorités du maire et de ses adjoints.
Sur une page, l’on peut voir la remise solennelle du don du chef de l’État visant à lutter contre le coronavirus. Le don spécial offert par le président Paul Biya aux populations de l’arrondissement de Nguélémendouka a été remis au cours d’une cérémonie présidée par le préfet du Haut-Nyong, Joseph Bertrand Mache. L’on n’oublie pas la lutte contre la Covid-19, les temps forts de la signature de documents et la passation de service entre les maires entrant et sortant, ainsi que la prestation de serment du 16 mars 2020 au tribunal de première instance d’Abong-Mbang.
En 5 rubriques, le positionnement rédactionnel exprime une représentation des multiples dimensions que recouvre le profil du maire. Journaliste à la base, Alex Mimbang officie comme directeur de publication.
Olivier Mbessité, (Stagiaire)
Production des passeports au Cameroun : 24 ou 48 heures «Express »
A compter de mars 2021, les Camerounais pourront se faire établir un passeport biométrique en un jour; ceux de la diaspora en 48 heures maximum. C’est le pari qu’entend tenir INCM Augentic.
Echange de parafeurs entre Martin Mbarga Nguele et Labinot Carrieti D’après Labinot Carrieti, président directeur général consortium allemand, la technologie qu’on va déployer, c’est la technologie la plus avancée au monde. « Le passeport va comporter une page en polycarbonate, ultra-sécurisée et personnalisée à l’intérieur de notre centre en quelques heures. Ensuite, ça va être préparé pour l’expédition. Cette application aura lieu dans des centres ultra-modernes et il n’y aura pas de paiements en cash. Tout sera payé via des transactions en ligne », a-t-il déclaré dans un extrait repris au cours de l’émission « Canal police » diffusée le 18 septembre 2020 sur les ondes du Poste national de la radio (CRTV).
A en croire la même source, c’est depuis le 17 septembre 2020 qu’un contrat pour la mise en place d’un nouveau système de fabrication du format dit « express » du passeport lie le concessionnaire germanique et le gouvernement. Pour la nouvelle offre, ce dernier n’a pas dit un mot sur la fourchette des prix. En rappel, la production des passeports camerounais était assurée par le Français Thalès Security Systems. Mais le contrat qui la liait à l’Etat du Cameroun, expiré en décembre 2019, n’a pas été renouvelé.
Jean René Meva’a Amougou
Décapitations, peur et inconnu : La trilogie de l’horreur dans le NOSO
Le dispositif nécrophage mis en place par les activistes « ambazoniens » renforce de plus en plus les effets d’une certaine dissolution du lien qui permet de tenir dans un vivre ensemble dans la partie anglophone du pays.
Comfort Tumassang de son vivant. L’assassinat par décapitation de Comfort Tumassang, la trentaine révolue, à Muyuka le 11 août 2020 est que l’horrible scène qui est venue confirmer le maniement de la terreur dans la région du Sud-ouest. À l’aide des machettes et autres objets de la mort, les forces séparatistes pensent détenir là le meilleur moyen d’ordonner le maintien des individus dans la peur, au point que celle-ci devienne organisatrice des liens des individus entre eux. Le 3 août 2020, ceux que le Pr Éric Mathias Owona Nguini désigne par «entreprise de fossoyeurs malfaisants» ont égorgé Mbah Treasore, 22 ans.
Le 7 août 2020, le Rev Tanjoh Christopher Fon, pasteur de l’église apostolique de Batibo, par ailleurs travailleur humanitaire de l’Ong Community initiative for Sustainable Development (Cominsud) a été enlevé, torturé et abattu. Le 10 août 2020, Njoya a été sauvagement charcuté par des séparatistes à Ndop (Ngoketunjia). Le 13 août 2020, Isaila Saidou, membre du comité de vigilance du village Tabenken dans l’arrondissement de Nkambe centre (Donga-Mantung) a été assassiné par des hommes armés se réclamant de la milice ADF ( ambazonia defense forces). Les séparatistes estiment que ces derniers seraient des traîtres ou indicts à la solde des forces de défense et de sécurité.
Invité de l’émission «Politude» diffusée le 15 août 2020 sur les ondes de la CRTV, le Pr Éric Mathias Owona Nguini constate que «l’ action de ces extrémistes a détruit le Nord-Ouest et le Sud-Ouest le marginalisant de manière définitive car les bandes sponsorisées par les forces exogènes et/ou endogènes soutenant ces aventuriers barbares ont détruit la vie communautaire dans ces régions».
Le politologue ajoute: «Alors qu’ils aiment se présenter comme les défenseurs d’une nation anglophone fantasmée dont la souveraineté imaginaire aurait été volée en 1961, les sectateurs et agitateurs sécessionnistes ont détruit l’ espace de référence de leur nation chimérique par une violence extrême gouvernée par la libido prédatrice ( systématisation du vol et du viol; criminalisation de la lutte ; destruction auto-immune des tissus politiques, économiques ,sociaux et culturels par le parrainage de milices d’aventuriers sans un projet politique sérieux et exclusivement préoccupées de rapines; dérive mafieuse des commanditaires politiques de la dérive armée de l’ Ambazonisme».
Jean-René Meva’a Amougou
Covid-19 : L’opportunité pour l’économie camerounaise
Selon Daniel Claude Abate, président du mouvement des entrepreneurs du Cameroun (Mecam), la crise sanitaire qui prévaut au Cameroun est une occasion pour le pays de réduire les importations en vue de maximiser sa production.
«Dès le début de la crise, des gens ont tout de suite pensé à importer des solutions hydroalcooliques, des masques, avant de se rendre compte du fait que la demande était mondiale, pour qu’ils prennent la résolution de fabriquer ces produits au Cameroun ». En s’exprimant ainsi, Daniel Claude Abate fustige le fait que les Camerounais sont toujours prêts à importer des denrées fabriquées localement. La scène se déroule le dimanche 03 mai 2020. Invité à l’émission « dimanche midi » sur les ondes du poste national de la CRTV (Cameroon Radio Television), le président du Mecam n’a pas fait la fine bouche.
Opportunités
Selon lui, au-delà des inconvénients que pose la crise du coronavirus, se trouve «l’opportunité ou les opportunités [qu’elle] soulève ». À en croire ses dires, le Cameroun peut tirer son épingle du jeu. Pour cela, il faut, explique-t-il, profiter du fait de la crise pour «remettre en cause nos modèles de consommation, nos modèles de production, nos modèles d’échange et d’organisation de la société ».
Réactiver
Il s’agit pour l’entrepreneur de concrétiser «le discours selon lequel nous devons produire essentiellement ce que nous consommons et ne pas être des gens qui produisent ce que nous ne consommons pas et qui revendent à l’étranger à l’état brut ». Concrètement, il est question de réactiver le levier de la mesure visant à limiter les importations au Cameroun, prise au sortir du Cameroon business forum avec pour thème: «l’industrialisation de notre économie». «Au lendemain de ce Cameroon Business forum, le Premier ministre avait instruit le ministre du Commerce d’entrer en contact avec les groupements patronaux pour qu’on établisse la liste des produits qui viennent au Cameroun et qui ne sont plus nécessaires dont on pourrait soit arrêter l’importation parce qu’il y a déjà une offre locale, ou qu’on devrait peut-être simplement commander en quota pour permettre à la production locale tenir. Cette liste a été confectionnée », a-t-il déclaré.
A la suite dudit forum, le ministère du Commerce (Mincommerce) annonçait que 50 produits pourraient être suspendus. Si les délais n’avaient pas été évoqués, l’institution a énoncé les douze filières concernées par la cessation. Il s’agit «de la peinture, de la métallurgie, de la cimenterie, des emballages industriels, de la cosmétique, de l’agroalimentaire, des huiles végétales, des dérivés d’huile de palme et industrie brassicole ».
Joseph Julien Ondoua Owona (stagiaire)
État de santé d’Amadou Vamoulké : RSF continue de se faire de la bile
L’ONG internationale s’est mobilisée devant l’ambassade du Cameroun à Paris, le 10 février 2020, pour réclamer l’évacuation sanitaire de l’ancien directeur général de la CRTV.
Les militants de RSF (Reporters sans frontière) se sont retrouvés il y a quelques jours devant la représentation diplomatique du Cameroun, sise au 73, rue d’Auteuil dans la capitale française. Ils se sont retrouvés avec l’espoir de trouver la réponse à l’évacuation sanitaire de l’ex-patron de la Cameroon radio télévision (CRTV). Ballons et gâteau d’anniversaire à la main, ces hommes et femmes, menés par Arnaud Froger (responsable du bureau Afrique de RSF), ont tenu à exprimer leur solidarité au journaliste le jour de ses 70 ans, rapporte le site internet de Radio France internationale (RFI). Le même média précise que dans leur élan, ces soutiens ont brandi des certificats médicaux au diagnostic clair: Amadou Vamoulké souffre d’une neuropathie sévère. Et par conséquent, il devrait être soigné en Europe et non en détention.
Soupçons d’imbroglio
En tout cas, cette dernière continue. D’ailleurs, le 25 février prochain, l’ex-DG de la CRTV, arrêté le 29 juillet 2016 à Yaoundé, est annoncé au Tribunal criminel spécial (TCS). Basée à Yaoundé, cette juridiction le poursuit toujours pour des faits présumés de détournement de deniers publics (2,8 milliards francs CFA représentant la redevance audiovisuelle) durant son magistère (2005 à 2016) à l’office de radiotélévision à capitaux publics du Cameroun. Cette qualification des faits ne réjouit pas RSF. «Dans notre enquête, nous avons démontré qu’il n’y avait aucun témoignage, aucun rapport qui démontrait une quelconque malversation financière ou des détournements de fonds qui aurait été fait à l’époque où il dirigeait la CRTV, entre 2005 et 2016. Bien au contraire!» peste Arnaud Froger.À côté, une autre posture, celle de l’UPF (Union internationale de la presse francophone), s’inscrit sur le registre de la désolidarisation. Dans son courrier signé le 22 septembre dernier à Paris, cette institution raisonne en termes tranchés. «L’affaire Vamoulké avait fait l’objet de délibérations formelles à deux réunions du Bureau international de l’UPF: la première à Paris, le 22 juin 2017. La deuxième le 29 mars 2018. Et la position de l’UPF avait été clairement définie: monsieur Amadou Vamoulké, Directeur général de l’office de la radiotélévision du Cameroun CRTV, de janvier 2005 à juin 2016, est placé sous mandat de détention provisoire pour une affaire relative à sa gestion de la CRTV. Il est évident que c’est le manager qui a des démêlés judiciaires», y lit-on.
Ongoung Zong Bella
Publicité : Médias et annonceurs jouent le jeu
Spectacle continental par excellence, la Can de football est l’occasion inespérée pour les annonceurs de profiter d’une exposition médiatique à nulle autre pareil. Les marques misent sur l’engouement populaire autour de l’événement pour toucher le public au maximum. Chacun y va de sa méthode.
«Au test de l’Audimat, la Can de football explose souvent les compteurs». Lancé le 20 juin dernier, le tournoi devrait confirmer le constat de Eugène Tchaffo. Par expérience donc, ce responsable marketing dans une agence de communication et de veille stratégique basé à Yaoundé conclut que «pour la Can 2019, les annonceurs s’agglutinent autour des écrans publicitaires». Il évalue à une trentaine le nombre de films publicitaires réalisés spécialement pour l’occasion. «Le marché, surtout dans les secteurs de l’automobile, de l’hygiène-beauté, des télécoms, de la culture, des loisirs et de la finance, est très friand de ce genre de compétition», relève Didier Ndengue, le patron du site La Plume de l’Aigle.
Et parce que la compétition bénéficie d’horaires de diffusion plutôt favorables, les sponsors de tranches d’antennes se bousculent depuis dans les couloirs de certains médias audiovisuels nationaux. «Chez nous, la grille affiche deux marques», confie Ernest Obama de la chaîne de télévision privée Vision 4.
A la CRTV, la radiotélévision publique, un responsable de la CRTV Marketing and Communication Agency apprécie «l’environnement très positif autour de l’événement qui a facilité la commercialisation des espaces publicitaires». Notre interlocuteur ajoute que «compte tenu de l’importance de l’événement, les remises existent, mais elles sont plafonnées». Une voix au sein de l’office souffle qu’un annonceur qui bénéficie habituellement d’un rabais de 50 % ne pourra pas négocier au-delà de 40 %.
Stratégies
En termes d’environnement favorable, les uns et les autres capitalisent sur l’audience. «Vendredi dernier, 7,1 millions de fans du foot ont regardé le match d’ouverture Egypte-Zimbabwé », évalue Elvis Mbimba, rédacteur en chef Web à la CRTV. Si l’on s’en tient à ce chiffre, «sur la base d’un bon taux de remplissage des écrans publicitaires classiques, nous pouvons espérer engranger près du double si le Cameroun va jusqu’en finale et la CRTV, toutes chaînes confondues, s’est mise au service de la Can», projette le journaliste.Du côté des annonceurs eux-mêmes, chacun affûte ses armes. L’astuce est de fédérer un public le plus large possible. Dans les entreprises de télécoms et d’agro-industrie, chacun profite de la vitrine de la Can 2019 pour prouver les capacités de marques et gadgets les plus innovants. «Au-delà des supporteurs, il s’agit donc de dépasser le cœur des amateurs de foot pour séduire toute la famille», insiste Nyoh Moses du département de communication chez un opérateur de téléphonie mobile. «Il faut savamment doser entre ce que le téléspectateur a l’habitude de trouver habituellement à cet horaire et le public que l’on souhaite attirer», détaille l’ancien journaliste de la CRTV.
Dans les communautés
Kebe Bâ, champion d’idées
Pour la Can, le restaurateur Sénégalais résidant à Yaoundé a érigé son cadre d’activités en « lieu de vie ».
Une fois encore, ça bouge chez Kebe Bâ ! Comme lors des éditions antérieures de la Can, son restaurant situé au quartier Briqueterie (Yaoundé II) trouve une nouvelle déclinaison de sa renommée dans l’innovation et la rénovation. «Pour chaque match du Sénégal, il y a une chose spéciale», annonce le promoteur arrivé au Cameroun depuis une vingtaine d’années. De son propre aveu, c’est ce profil «gigantesque» qui fait de son «coin» un lieu prisé lors des événements sportifs au cours desquels son pays se met en scène.
Cette année, Kebe Bâ souligne la multiplication d’innovations dans son menu. L’offre s’est particulièrement densifiée et démocratisée: thiéboudienne (plat compose de poisson frais, poisson séché, de riz, de purée de tomate-ail-oignons-piments, le tout servi avec l’aubergine) et «Yassa de poulet» (composé riz blanc, de poulet en morceaux marinés dans un mélange d’oignons, vinaigre et huile d’arachide) s’obtiennent ici à 1 000 et 1 500 FCFA respectivement. «Parce que c’est la coupe !», avoue le quinquagénaire, pressé d’évoquer la disponibilité de quelques bons petits plats à emporter.
Dans la lignée de ce développement, trois espaces installés sur quelques mètres carrés à l’arrière du restaurant ont fait leur apparition. Terrasse, architecture singulière, écran géant: le lieu a été pensé comme «un autre paradis», selon les mots de Kebe Bâ. Grâce à ces effets de seuil et à cette surenchère technologique, différents concepts vont se côtoyer pour offrir «une vraie Can» aux visiteurs. Le Sénégalais dit y avoir réfléchi depuis la qualification de son pays pour la 32e édition de la compétition. «J’ai pensé comment les gens peuvent regarder les matches, en mangeant et en buvant du bon thé sans que personne ne soit gêné», souffle-t-il. L’on comprend dès lors pourquoi cette fois, le lieu a été aménagé de façon propre à lisser les interactions, à canaliser les flux de spectateurs, à sectoriser l’occupation des lieux et à endiguer le débridement des émotions.
Depuis le début de la Can, le restau de Kebe Bâ peut se targuer d’avoir accueilli de sacrées brochettes de citoyens Camerounais et ressortissants ouest-africains. Parmi ces derniers, «il y a beaucoup de Maliens, de Sénégalais, d’Ivoiriens et des Guinéens». Affluence explicable par le fait que leurs équipes nationales sont également présentes en Egypte. Au-delà, ce flux renseigne sur les formes du sentiment communautaire. «C’est ce que je veux ici. Rien d’autre», accepte Kebe Bâ.
Jean-René Meva’a Amougou
La Can des sélectionneurs-maison
Onze coachs africains sont sur les bancs en Égypte.
En poste depuis août 2014, Florent Ibenge est l’entraîneur des Léopards du Congo-Kinshasa. Il est parmi ses homologues, celui qui possède la plus grande longévité sur son banc de touche.
Sunday Chidzambwa (qui a déjà perdu un match face au pays organisateur) trône à la tête des Warriors du Zimbabwe. À son palmarès, une Coupe d’Afrique australe (Cosafa) en 2018, et une 3e place en 2019.
À 39 ans, Olivier Niyungeko, le coach des Hirondelles du Burundi, compte une 4e place à la Coupe d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Est (Cecafa) en 2017. Il est surtout parvenu à obtenir une qualification historique pour la CAN-2019, la première du pays, tout en restant invaincu lors des éliminatoires.
Aliou Cissé, c’est lui qui dirige les Lions de la Teranga (Sénégal). Finaliste de la Can et quart de finaliste du Mondial en 2002.
Djamel Belmadi est au chevet des Fennecs d’Algérie, avec la lourde charge de faire oublier l’humiliation de 2017, où les Verts n’étaient pas sortis des poules.Ricardo Mannetti officie pour la Namibie. Il a mené son pays à la victoire lors de la Coupe d’Afrique australe (Cosafa) en 2015.
Ibrahim Kamara canalise les trompes des Éléphants de Côte-d’Ivoire. C’est lui qui a décidé d’écarter Gervinho pour la Can 2019.Mohamed Magassouba, le coach malien prévient qu’il n’est pas là pour une balade. Il a fait forte impression durant les éliminatoires, en terminant premier invaincu du groupe C.
Baciro Candé est aux commandes des Djurtus de Guinée-Bissau. Son objectif est de décrocher leur première victoire dans la compétition.
À 58 ans, James Kwesi Appiah dirige les Black Stars du Ghana. Licencié après une Coupe du monde 2014 décevante, il est finalement revenu sur le banc du Ghana en avril 2017. Dans le carré final de la compétition depuis 10 ans, James Kwesi Appiah espère que la CAN-2019 sera celle du sacre pour les Ghanéens.
Le Nigérian Emmanuel Amunike conduit la sélection de Tanzanie à sa première Coupe d’Afrique des nations depuis 1980.
Bobo Ousmanou
Crise anglophone : Paul Biya active de nouveaux leviers d’apaisement
Dans sa stratégie de rebond, le chef de l’État pourrait prendre des décisions exceptionnelles avant le 20 mai prochain.
Paul Biya a-t-il constaté que, relativement à la situation sociopolitique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, son magistère politico-militaire s’est dilué au fil du temps ? La réponse est à lire dans la sortie (très médiatisée) de Chief Joseph Dion Ngute à Bamenda la semaine dernière. Sur la foi des propos rapportés sur Twitter par CRTV web le 10 mai 2019, le Premier ministre (PM) a déclaré que «le président de la République est prêt à organiser un dialogue formel pour résoudre la crise». Évitant à dessein de parler d’un quelconque compromis, l’envoyé spécial du chef de l’État a davantage implicitement parlé d’une décision unilatérale en forme de main tendue du président de la République. Il s’est résolu à ajuster son tir en infléchissant sa position face à une défiance devenue incontrôlable.
Dans son laboratoire d’idées, Paul Biya a usé d’un premier levier : mettre autour de la table le plus grand nombre d’acteurs possible pour discuter de la sortie de crise, suivant un ordre du jour déjà arrêté. Chief Joseph Dion Ngute l’a d’ailleurs décliné : «hormis la séparation et la sécession, parce que lui en tant que chef de l’État, il a juré de garder le pays uni, donc la séparation n’est pas à l’ordre du jour, tout autre point peut être discuté. Tout problème politique peut être discuté et il est en train d’organiser une rencontre au cours de laquelle il va débattre de ce problème ».
Selon des hommes de « réseaux », un second levier pourrait accompagner le premier dans les prochains jours. D’ici le 20 mai, jour de la fête de l’Unité du Cameroun, quelques gros bonnets de la crise anglophone, actuellement en détention, pourraient bénéficier de la grâce présidentielle. Parce que c’est l’un des paramètres qui ont longtemps structuré la radicalisation dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, cette remise en liberté est un signe d’apaisement très attendu avant le début du dialogue.
Nos sources renseignent aussi que le temps est aux grandes manœuvres entre Yaoundé et certains leaders d’opinion. À Bamenda, le 10 mai dernier, Ni John Fru Ndi s’est entretenu avec le PM. Le président du Social Democratic Front (SDF) a souhaité que lui soit confiée la responsabilité de médiation entre les élites anglophones. Et selon le sens d’orientation que le gouvernement veut donner à la « grande palabre », le nom du Cardinal Christian Tumi est aussi chuchoté. Le tout est, apprend-on, de fructifier les acquis des consultations engagées par le prélat dans la perspective de la tenue de la All Anglophone Conference.
Vu sous cet angle, le troisième levier de Paul Biya permet de procéder à un premier tour exploratoire, avant de faire le point sur des positions en présence. Toujours au centre du jeu, il laisse mijoter un petit monde en se gardant de donner un indice définitif sur celui ou celle qu’il pourrait adouber in fine. En tout cas, a commenté Jean-Baptiste Atemengue sur les antennes de la radio urbaine Satellite FM, émettant à partir de Yaoundé, « dans cette période, on doit avoir une seule préoccupation : la sortie de crise. Chacun doit prendre ses responsabilités. On a besoin de paroles et de gestes politiques qui appellent à l’apaisement ».
Jean-René Meva’a Amougou
Dion Ngute ou le coup de com dans la jungle
Au Nord-Ouest, le PM a tenu à appliquer scrupuleusement un ensemble de power points, avec de la communication comme supplément d’âme pour tenir le front médiatique et le terrain de l’émotion.
Au lieu d’un voyage à minima, Joseph Dion Ngute sait que l’heure est venue de tout changer pour que tout ne continue pas de se dégrader, de se déliter, de se désespérer. Pour un serviteur de Paul Biya chargé de le faire, il ne pouvait pas descendre au Nord-Ouest avec un discours sans axe fort ni perspective affirmée. Pour faire « fort », il fallait sortir du traintrain langagier d’antan.
Facile de deviner pourquoi, au marché de Nkwen le 10 mai dernier, l’envoyé spécial de Paul Biya a prononcé des mots dont la finalité était de donner du souffle à l’offre de dialogue de son patron. Le tout s’est fait dans un pidgin english qu’il a particulièrement travaillé. Dion Ngute en a donc grossi le trait pour espérer se faire entendre. Devant les délégués d’étudiants de l’Université de Bamenda, il n’a pas fait le choix d’une parole rare, contrôlée. Parler aux cop’s comme un cop’s, la presse à capitaux publics en a fait un fromage. Normal : voici venue l’heure d’utiliser la communication pour résoudre la crise anglophone. Suffisant pour que, dans l’espace consacré à la propagande du RDPC sur la CRTV-radio jeudi dernier, Paul Célestin Ndembiyembe théorise : «dans une crise sociopolitique, il faut doser ses messages, privilégier ou éviter certains canaux de communication en fonction des publics visés ».
Sous le scalpel des grands cliniciens de la chose politique au Cameroun, Joseph Dion Ngute est le second Premier ministre que Paul Biya jette publiquement dans les jungles du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. Rassembler : tel est le défi qu’il doit relever pour son patron. Là, on ne discute plus du sexe des anges. Le moment serait donc venu de démontrer que Yaoundé a pris conscience du problème et que les autorités sont prêtes à franchir une nouvelle étape dans la construction d’un dialogue franc ; même si le cadrage dudit dialogue fait débat parce que circonscrit aux seuls thèmes retenus par Paul Biya.
Mais au moins, Dion Ngute a procédé au repérage de la population directement concernée par les méfaits de la crise en allant à sa rencontre. Visiblement, il a jugé meilleur ce vecteur pour montrer quelles sont les solutions adaptées pour dépasser le danger. Sur ce plan, on peut sommairement dire qu’il a réussi. Mais, l’on garde aussi à l’esprit que tout changement de langue peut donner lieu à des embardées et pertes de contrôle irréversibles. Dans le même temps, et bien plus encore, un grand chantier est à ouvrir en matière de leadership sur ceux qui discutent avec le PM.
Jean-René Meva’a Amougou
Cameroun-Union européenne : Du « rouge » à l’œuvre dans les parlements
À Strasbourg tout comme à Yaoundé, la colère se tasse dans les hémicycles, faisant jaillir des étincelles verbales autour de quelques actualités sociopolitiques au pays de Paul Biya.
Le siège du parlement européen à Strasbourg C’est un débat à distance entre parlements. Depuis Bruxelles, l’organe législatif de l’Union européenne (UE) rougit face à ce qu’il considère comme l’attitude rétive de Yaoundé à calmer la situation sociopolitique actuelle au Cameroun. Dans les lignes de la résolution qu’ils adoptent le 18 avril 2019, les députés européens s’attaquent frontalement aux autorités de Yaoundé. À la vitesse de ridiculisation de celles-ci, Bruxelles brandit le drapeau rouge sur quatre thématiques (atteintes aux droits de l’homme, fraudes électorales, gestion de la crise anglophone, violences policières et arrestations arbitraires d’activistes politiques). Pour les parlementaires de l’UE, la situation est tellement grave qu’elle mérite d’« être portée à l’attention du Conseil de sécurité des Nations unies ».
Contre-feu
Catastrophés par ce manque d’épure communicationnelle, les parlementaires camerounais ne sont pas restés muets. Exaspéré par les sonneurs de glas européens, le Sénat camerounais, dans un communiqué que signe son président Marcel Niat Nji Fendji, déplore que la résolution «déroule une litanie de contre-vérités sur la situation sociopolitique et sécuritaire du Cameroun». Dans cette réplique écrite à l’«encre rouge», la chambre haute du parlement camerounais assure que l’État camerounais ne ménage aucun effort pour apporter des solutions idoines aux problèmes posés à travers les revendications syndicales et corporatistes.À l’Assemblée nationale, les députés camerounais sont saisis d’une même tétanie. Cavaye Yéguié Djibril entreprend d’écrire lui aussi, au nom de ses collègues. Dans son communiqué de presse lu en fin de journal télévisé de la CRTV le 20 avril 2019, le président de la Chambre basse constate qu’en dépit d’évidences, le parlement de l’UE s’obstine à tirer à boulets rouges sur le Cameroun. À l’Assemblée nationale, les élus refusent d’assimiler la posture de Paul Biya dans sa gestion de l’actualité sociopolitique nationale à une étourderie ou à une incompétence.
«Dans la résolution du parlement européen, il se dégage l’impression que l’UE saute uniquement sur quelques dérivatifs de l’actualité nationale pour juger le Cameroun», affirme Mariam Goni. «Pensant ajuster l’horloge politique du président Biya à leur rythme, ces gens assènent, avec un air important, des idées reçues, des truismes, des lieux communs entendus à la télé ou dans la cour de récréation», appuie la député du RDPC du Logone-et-Chari, membre de la Commission des lois constitutionnelles et secrétaire générale du Réseau parlementaire Espérance jeunesse.
Crise anglophone, affaire Kamto : Farce à farce entre Yaoundé et «ses amis»
Jadis unies sur le pire, chacune des parties définit désormais son meilleur.
Un climat étrange a pesé sur les relations entre le Cameroun et certains de ses pays «amis» en fin de semaine dernière. Le 13 mars 2019 à Yaoundé, autour d’une couverture médiatique pas très appuyée, Lejeune Mbella Mbella a reçu en audience Anatoly Bashkin et Gilles Thibault, respectivement ambassadeurs de Russie et de France au Cameroun. Sur la foi du récit de nos confrères de la CRTV, les entretiens entre le ministre des Relations extérieures (Minrex) et les deux diplomates ont porté sur la «coopération entre Yaoundé et Moscou d’une part, et entre Yaoundé et Paris d’autre part». Ces dires ont d’ailleurs été confirmés, couronné de la confirmation par chacun des deux hôtes du Minrex, immédiatement approchés par le média d’État.
Constats
De cette séquence diplomatique, naissent, en préambule, deux constats. Le premier révèle qu’il y a juste quelques mois, Paul Biya et Gilles Thibault ont (officiellement) discuté de la même thématique. Au Palais de l’Unité, le 6 décembre 2018, les échanges entre les deux hommes avaient duré près de trois heures. Le second souligne la réception, au Minrex, des ambassadeurs russes et français, à la veille de la visite de Peter Tibor Nagy au Cameroun.En rapport avec ce dernier point, nos sources mettent en relief ce qu’il s’est joué en coulisses. Ayant procédé à un décryptage des différents ressorts langagiers de Anatoly Bashkin et Gilles Thibault, une de ces sources met en évidence plusieurs bras de fer. «Coups bas, calculs et ambitions de la part de Washington, Paris et Moscou sont à l’œuvre dans le cadre de la crise anglophone et l’affaire Kamto», rapporte notre informateur. Ce dernier ajoute que les audiences accordées aux ambassadeurs russe et français ont donné à ces derniers l’occasion de se réapproprier certaines sentences gouvernementales par rapport à ces deux sujets aux grands enjeux sociopolitiques.
Volte-face
«Les choses sont allées très vite : la façon dont les diagnostics de certains problèmes sociopolitiques sont définis, ainsi que les réponses apportées à ces problèmes ont changé l’orientation et les priorités de Paris et de Moscou», souffle une autre source diplomatique camerounaise. Confirmation sur le site internet de «Le Monde Afrique». Dans son édition du 15 mars 2019, le journal français, citant une source au fait du dossier, écrit : «Les pays occidentaux sont exaspérés par le niveau de violence des forces camerounaises et, si Yaoundé refuse de dialoguer, les Américains envisagent des sanctions individuelles contre des personnalités du pouvoir (…) La France, qui a toujours été favorable au gouvernement, est embarrassée. Après sa réélection, Biya a fait croire aux Français qu’il procèdera à un remaniement gouvernemental en profondeur, duquel les faucons seraient exclus, ainsi qu’à la création d’une commission indépendante pour entourer des négociations avec les anglophones. La France a alors fait du lobbying pour freiner les chancelleries qui étaient sur une ligne plus dure. Mais force est de constater que le pouvoir a roulé les Français dans la farine».Jean-René Meva’a Amougou
Viviane Ondoua Biwole : À l’autel de la bonne gouvernance
L’experte en management public a été débarquée du poste de directeur général adjoint de l’Institut supérieur de management public. Objectif : empêcher la jurisprudence qu’elle tentait d’instaurer sur le respect des lois de 2017 au sujet des entreprises et établissements publics.
En écoutant, ce 6 mars, le décret de nomination de Jean Marcel Okeng au poste de directeur général adjoint (DGA) de l’Institut supérieur de management public (ISMP), en remplacement de Viviane Ondoua Biwolé, beaucoup n’ont pas hésité à faire le lien entre cette décision et ses prises de position publiques. Certains établissent même une relation de causalité entre cet acte de Paul Biya, rendu public au journal de 13 heures de la CRTV (la radio d’État), et un billet publié plus tôt sur le blog de l’experte en management public. Intitulé « une femme camerounaise pour succéder à Paul Biya », ce texte de l’enseignante d’université, rédigé à l’occasion de la Journée internationale de la femme, stipule que le Cameroun a une expertise féminine capable de diriger ce pays d’Afrique centrale. «Alors, mesdames, sentez-vous capables ! », achève l’experte dans son texte.
Rappel de la loi
Il est clair, ce billet a une connotation féministe. Et dans un environnement camerounais encore machiste, peut-être a-t-il accéléré le processus. Mais au moment où l’ancien inspecteur général du ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative fait ce post, une procédure est déjà enclenchée à sa demande. Tout commence, courant février 2019. Lors de la session budgétaire, le Conseil d’administration est informé de l’existence d’une correspondance à lui adressée. L’objet de la lettre: «disposition à prendre pour la fin de mon mandat ».Dans ce courrier, le DGA d’alors, informe que le poste qu’elle occupe sera vacant dès le 30 juin 2019 au plus tard, car son mandat s’achève un jour avant. En effet, rappelle celle qui a codirigé, quelques mois plus tôt, la rédaction d’un ouvrage intitulé « Lois sur les établissements et entreprises publics au Cameroun. Innovations et reculades », dans ses alinéas 1 et 3, l’article 36 de la loi No 2017/210 du 11 juillet 2017 dispose que « le directeur général et le directeur général adjoint sont nommés pour un mandat de trois (3) ans renouvelable éventuellement deux fois » et « dans tous les cas, les mandats cumulés du directeur général ou de son adjoint ne peuvent excéder neuf (9) ans ». Ayant été nommée le 29 juin 2010, elle ne devrait plus être en poste le 29 juin 2019.
Jurisprudence
De ce fait, l’experte en management public invite le Conseil d’administration à prendre « les dispositions nécessaires pour le bon fonctionnement de l’établissement public, en attendant la nomination par l’autorité investie du pouvoir de nomination», comme prescrit dans l’article 42 alinéa 3 de la même loi. Mais la démarche est regardée d’un mauvais œil. En fait, à l’ISMP comme dans plusieurs autres institutions, les mandats des directeurs généraux, des présidents et de certains membres des conseils d’administration sont échus, au regard de ces dispositions légales. Il faut donc à tout prix ramener cette « rebelle à la raison » pour éviter que son cas fasse jurisprudence.Malgré les pressions, cette femme de conviction ne plie pas. Sa ligne de défense : le respect de la loi est un principe de bonne gouvernance. Et comme elle l’a souvent rappelé, la responsabilité pénale est individuelle. À l’issue du Conseil, l’affaire est montée en épingles dans le sérail jusqu’à la décision de ce 6 mars 2019.
Aboudi Ottou
Akono Mbida, Cadreuse à la CRTV
« Les femmes méritent d’avoir plus de chance pour s’exprimer »
« Je dirais que beaucoup de choses sont déjà faites par le gouvernement. Mais cela ne suffit pas. Jusqu’ici, les femmes n’ont pas le sentiment d’être prises en compte comme cela se doit. En effet quand on regarde au niveau de l’administration camerounaise, il y a des disparités au niveau des postes de responsabilité. Par exemple, on a plus d’hommes aux postes de directeurs que de femmes. Pourtant, il faudrait savoir que les femmes peuvent assumer certaines fonctions et même faire mieux que les hommes. Il faut leur faire plus confiance, parce que les femmes sont plus concentrées dans le travail et produisent un bon rendement. »Kwarissa Dina, commerçante et membre de l’association AFPO
« Le gouvernement devrait faire mieux »
« Le gouvernement camerounais s’investit déjà dans l’accompagnement des femmes pour les aider à trouver des activités rentables. Mais c’est toujours difficile pour nous qui sommes dans l’informel. On manque de formation et de financement, pour pouvoir réaliser nos projets. Nous avons la volonté et les idées, et on espère que l’action gouvernementale se densifiera pour que la femme camerounaise se sente plus intégrée et épanouie. Le gouvernement doit donc mettre sur pied une politique d’insertion socioprofessionnelle pour les femmes. Nous demandons au gouvernement de nous aider à nous former pour contribuer à l’avancement socio-économique de notre pays, à travers l’informel. »Ngo Nguidjol Pulchérie, comptable
« Nous réclamons plus d’implications dans la gestion des affaires »
Le gouvernement a entrepris de très bonnes initiatives pour l’insertion de la femme dans le milieu professionnel. Mais ce n’est qu’un début, parce qu’il faut encore beaucoup faire pour que les femmes s’épanouissent vraiment dans leurs secteurs respectifs. La femme a besoin d’accéder aux postes de responsabilités. Le gouvernement doit faire appel à la femme, véritable aide de l’homme et plaque tournante de la société, car elle a la sagesse nécessaire pour bien gérer certaines affaires de notre pays. Nous réclamons plus d’implication dans la gestion des affaires. Le gouvernement doit nous faire confiance.Propos recueillis par JJO
Charles Ndongo
Il y a quelques jours, sur les antennes de la CRTV-télé qu’il connaît bien, un documentaire intitulé « le salaire de la dette » a été diffusé. Sur la forme et sur le fond, cette production a livré à l’opinion l’infléchissement du paradigme des « bailleurs de fonds sauveurs des pays pauvres ». Le directeur général du média d’État a laissé passer cet hymne à la dénonciation du jeu pernicieux du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Qui l’eût cru ? La surprise ne tient pas tant à la diffusion du documentaire qu’au message qu’il porte. On l’aura compris, le DG de la CRTV veut résolument rompre avec un tabou fortement intériorisé dans les médias publics émettant à partir des pays placés sous la férule des bailleurs de fonds.
En attendant la proclamation officielle des résultats de la présidentielle : Le Cameroun retient son souffle
Le pays est en attente de la publication des résultats de la présidentielle du 7 octobre. En cas de défaite, Paul Biya est-il disposé à quitter le pouvoir? «Nous assistons à une compétition très disputée avec une saine émulation, mais le président sera réélu largement», clamait déjà Grégoire Owona au soir de ce scrutin. Interrogé par la version en ligne du journal français Le Monde, le ministre du travail et secrétaire général adjoint du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) ajoute : «ce sont les Occidentaux qui se lassent rapidement de leurs présidents, mais la chefferie dans la culture bantoue, c’est pour toute la vie. Le chef meurt au pouvoir».
Le message est clair : Paul Biya restera au pouvoir tant que Dieu lui prête vie. Son entourage fait tout pour l’y maintenir : instrumentalisation de la haine tribale, fraudes, intimidations, manipulations autour de l’observation du scrutin… Le régime Biya ne recule devant rien. Maurice Kamto en fait l’amère expérience depuis quelques jours. Le candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) est mangé à toutes les sauces depuis qu’il a revendiqué «sa victoire» le 8 octobre dernier à travers une conférence de presse donnée au siège de son parti à Yaoundé.
Elections
Les autorités de Yaoundé et l’omerta sur les résultats
Pourtant rendus publics à la suite du dépouillement dans chaque bureau de vote, les autorités laissent passer dans l’opinion publique que leur publication est interdite par le code électoral.
Le ministre de l’Administration territoriale Maurice Kamto a relancé le débat sur la légalité de la publication des résultats issus des bureaux de vote au Cameroun. Dès le 8 octobre, le candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) a convoqué la presse et fait cette déclaration: «J’ai reçu mission de tirer le penalty, je l’ai tiré et je l’ai marqué. J’ai reçu du peuple un mandat clair que j’entends défendre jusqu’au bout». Au sein du gouvernement et du Rassemblement démocratique du peuple camerounais et des partis politique alliés, c’est le tollé. Issa Tchiroma Bakary, Paul Atanga Nji et jean Nkuete sont tous sortis pour indiquer que l’agrégé des facultés françaises de droit s’est mis hors la loi.
Pour les ministres de la Communication et de l’Administration territoriale, autant que pour le secrétaire général du comité central du RDPC (parti au pouvoir), l’ancien ministre délégué auprès du ministre de la Justice aurait violé l’article 137 du code électoral. «Le Conseil constitutionnel arrête et proclame les résultats de l’élection présidentielle dans un délai maximum de quinze (15) jours à compter de la date de clôture du scrutin», indique, laconique, cet article. «Se déclarer président élu, c’est s’autoproclamer président de la République en contravention de la loi électorale», estime le politologue Mathias Owona Nguini.
Black-out
Durant pratiquement toute la semaine dernière, c’est ce discours que certains médias ont relayé, obligeant le MRC à réagir. «La sortie récente de Maurice Kamto reste en accord avec la loi», défend Bibou Bibou Nissack. Pour étayer sa position, le porte-parole de Maurice Kamto s’appuie lui aussi sur le code électoral, précisément sur l’article 113. «Immédiatement après le dépouillement, le résultat acquis dans chaque bureau de vote est rendu public», indique cette disposition. Pour le MRC, «revendiquer ces résultats rendus publics n’est pas s’auto proclamer président de la République». «Personne n’est dupe. Et ceux qui essayent de monter cela en épingle savent dans quel dessein ils le font», commente le porte-parole de Maurice Kamto.
Depuis l’élection présidentielle de 2011, le pouvoir de Yaoundé essaie d’imposer un black-out sur les résultats pourtant rendus publics après le dépouillement dans chaque bureau de vote.Quelques mois avant cette élection, la loi portant création d’Election Cameroon (Elecam), l’organe chargé de l’organisation des élections, avait été modifiée. L’article 6 alinéa 2 de cette loi qui disposait que le Conseil électoral «rend public les tendances enregistrées à l’issue du scrutin» avait été supprimé. Depuis, les autorités somment les médias à s’abstenir de publier les résultats, afin de mettre les citoyens devant le fait accompli. Ce d’autant plus que les décisions du Conseil constitutionnel ne sont pas susceptibles de recours.
Nombre d’experts soutiennent pourtant que la publication des résultats ou la revendication de sa victoire ne sont en rien interdites par la loi. «Selon la loi en la matière, c’est le Conseil constitutionnel qui est l’organe chargé de proclamer les résultats d’une élection présidentielle. Mais il n’est pas interdit à un candidat, lorsqu’il a les résultats, de dire qu’il a gagné ou pas». Les bons usages démocratiques veulent d’ailleurs que les perdants félicitent le gagnant avant la proclamation officielle des résultats. «Si Kamto avait fait cette sortie pour reconnaitre sa défaite. Il aurait été certainement canonisé. Tout le tollé qui a suivi sa déclaration montre simplement que Paul Biya n’est pas prêt à quitter le pouvoir peu importe le verdict des urnes», commente agacé, un sociologue qui dit avoir voté pour Maurice Kamto.
Aboudi Ottou
Election présidentielle
Les chefs de la Mifi redoutent la révolte populaire
Ils ont commis une déclaration vendredi dernier à Bafoussam.
Le chef supérieur Bafoussam remettant la déclaration au préfet Y aura-t-il soulèvement après la proclamation des résultats de la présidentielle ? La question préoccupe les chefs traditionnels du département de la Mifi. Ils se sont réunis vendredi dernier 12 octobre 2018 dans la salle des actes de la Caplami, pour analyser le climat social qui règne au lendemain de la présidentielle dans le département de la Mifi. Sous la conduite de sa majesté Njitack Ngompé de bafoussam, entouré pour la circonstance de ses majestés Moumbe Fotso de Bamougoum, Tale de Baling, Dojo de Bali, Negou de Badin, les chefs traditionnels de la Mifi constatent que le scrutin du 7 octobre s’est déroulé dans la paix, la sérénité et la convivialité sur l’ensemble du territoire national et dans le département de la Mifi en particulier.
Seulement, ils sont préoccupés par le contexte sociopolitique et des déclarations associées à des attitudes de certains camerounais, qui selon eux «sont de nature à troubler notre vivre ensemble, réalité palpable dans notre Mifi, plus qu’ailleurs, et si cher au peuple camerounais». Aussi, ces chefs traditionnels commettent une déclaration qui «condamne énergiquement toute incitation au désordre, à la haine, à la rébellion et/ou à toutes formes de violence qui tendraient à déstabiliser notre pays». Ces chefs traditionnels qui associent les chefs de communautés, les notabilités coutumières et les forces vives du département dans leur démarche «invitent nos populations à dénoncer toutes manœuvres visant à troubler l’ordre public dans notre département, voire dans le Cameroun en général».
Ils en appellent aux Camerounais de garder un esprit républicain, dans l’attente des résultats qui seront proclamés par le conseil constitutionnel. Par ailleurs, ils réaffirment leur attachement à la paix, «aux institutions républicaines et ainsi qu’à ceux qui les incarnent, au sentiment du vivre ensemble afin de continuer à œuvrer pour le développement de notre nation, qui a toujours su se caractériser par sa diversité culturelle, linguistique et religieuse». Après cette rencontre de la salle des actes de la Caplami, les chefs traditionnels et certains de leurs notables et élites se sont déportés aux services du préfet de la Mifi. Ici, ils ont, après avoir dévoilé le contenu de leur déclaration remis copie au préfet. Ce dernier a promis transmettre cette déclaration à qui de droit.
Zéphirin Fotso Kamga
Crédibilisation du scrutin
Que valent les avis des observateurs électoraux
La quasi-totalité des missions d’observation nationales et à grande notoriété internationale ont salué l’organisation de la présidentielle du 7 octobre. En faisant le black-out sur les manquements dénoncés par des candidats en lice.
Les vrais-faux observateurs de Transparency International L’Union africaine, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), l’Institut panafricain d’assistance électorale (IPAE). Voilà quelques-unes des organisations ayant envoyé des missions d’observation au Cameroun à l’occasion de l’élection présidentielle du 07 octobre 2018. Dirigée par l’ancien Premier ministre togolais Artheme Kwesi Ahoomey Zunu, la mission de l’Union africaine conclue que «l’élection s’est déroulée dans un contexte de défis opérationnels, sécuritaires et politiques».
Dans sa déclaration préliminaire du 9 octobre, la mission donne le verdict d’une élection calme, aux procédures pour l’essentiel respectées. Toutefois, les recommandations formulées à la page 9 de ladite déclaration sont de nature à inviter à une réforme de la loi électorale. Il y est proposé l’abaissement de la majorité électorale (18 ans), l’adoption du bulletin unique, l’instauration d’un dialogue politique inclusif, la clarification des circonstances de désistement… La mission exhorte par ailleurs «toute la classe politique ainsi que les candidats, à accepter le verdict des urnes librement exprimés».
Dans la région, la CEEAC et la Cemac dégagent un satisfecit global de l’ensemble du cycle, allant de la campagne au scrutin. Seul bémol au tableau : les violences dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest en proie à une crise sécuritaire depuis deux années. Aucune réaction sur les accusations supposées ou établies de coupures d’électricité et les violences subies par certains scrutateurs dans des bureaux de vote.
Société civile
Les organisations de la société civile (OSC) camerounaise se sont également investies dans l’observation de ce scrutin présidentiel. More women in politics, organisation nationale pour la réinsertion sociale ou les experts judiciaires du Cameroun sont quelques OSC à avoir fourni ce travail pas aisé. Justine Diffo Tchunkam, Coordonatrice de More Women in Politics, interviewée par le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, dit n’avoir «jamais vu un processus électoral aussi bien organisé». La juriste d’affaires, qui a battu campagne pour le candidat Paul Biya, lance un appel à ses «ainés» et «collègues» «qui veulent nous gouverner, en leur qualité d’éducateurs, de formateurs de consciences, à faire preuve d’un patriotisme exemplaire, gage de crédibilité de ce leadership transformationnel».Le 9 octobre 2018, l’organisation dénommée «Observatoire du développement sociétal » dépose une plainte chez le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire de Yaoundé. Le requérant reproche à Maurice Kamto et à Paul Eric Kingue des faits de «sédition d’appel à la haine et au soulèvement populaire». Motus et bouche cousue sur les accusations de fraude électorale formulées par le parti MRC de Maurice Kamto.
Ce qui questionne finalement la crédibilité des missions d’observation. L’affaire de la vrai – fausse observation des élections par Transparency International achève d’enfoncer le clou de la suspicion. «Un récent reportage télévisé présentant des individus décrits comme travaillant pour Transparency International est faux et mensonger». Cette mise au point est apparue sur le site internet de l’organisation le mardi 9 octobre 2018. L’organisation de lutte contre la corruption affirme n’avoir aucune mission internationale d’observation des élections au Cameroun. Cette mise au point faisait suite à la diffusion d’un reportage au journal télévisé de 20h du 8 octobre sur les antennes de la CRTV, la chaine de télévision à capitaux publics.
Pareille forfaiture amène à s’interroger sur le processus d’accréditation des missions d’observation électorale au Cameroun. Sur la CRTV, Raphael Kalfon, Nurit Greenger, Amanda Benzekri, Yamina Thabet et leur compère saluent la transparence, l’afflux des électeurs et les innovations de cette élection au Cameroun. Au même moment, dénonçant de graves irrégularités, des candidats à cette élection saisissent le Conseil constitutionnel pour solliciter l’annulation soit partielle soit totale du scrutin. D’où la demande du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) portant sur «l’ouverture d’une enquête publique sur ces faux agents de Transparency».
Zacharie Roger Mbarga
Lendemains d’élection
Montée en puissance du discours va-t-en-guerre
La violence verbale rythme l’environnement post – électoral au Cameroun. Décryptage.
Au quartier Anguissa de Yaoundé, le 9 octobre 2018. Nous sommes au siège de l’Organisation non gouvernementale «Dynamique Citoyenne». Jean-Marc Bikoko et son équipe procèdent à une «évaluation citoyenne du scrutin du 7 octobre 2018». La presse nationale et internationale est toute ouïe. Face aux journalistes, le point focal du réseau des organisations de la société civile camerounaise décline son constat : «le discours va-t-en-guerre orne l’après-élection au Cameroun». «Porté par Atanga Nji, poursuit l’activiste de la société civile, ce discours est la métaphore de toutes les angoisses du pouvoir en place en proie à un doute existentiel». Vue à partir de la fenêtre de Dynamique citoyenne, cette situation est l’une des causes de la bataille post-électorale au Cameroun. «L’excès de zèle et la dérive autoritaire du ministre de l’Administration territoriale (Minat) à travers des déclarations intempestives et certaines prises de positions maladroites ne résisteront pas sur la durée», postule Jean-Marc Bikoko.
Dans le fond, la communication de ce démembrement de la coalition internationale «Tournons la page» ne s’encombre pas de nuances subtiles. D’autant plus que l’ONG s’appuie sur un élément fondamental : la séquence communicante qui a rythmé toute une soirée télévisuelle au lendemain du vote. Celle-ci montre en effet un Paul Atanga Nji dans un magistère de pédagogie obstinée. Sans concession, irréductible, le Minat déploie une rhétorique frontale, pour sermonner une opposition se revendiquant «d’acier», incarnée par Maurice Kamto et ses lieutenants politiques. Dans la foulée, on se remémore la métaphore menaçante prononcée par le secrétaire permanent du Conseil national de la sécurité le 5 octobre 2018 à Yaoundé: «la révolution est essentiellement carnivore ; elle se nourrit du sang de ceux qui l’ont organisée». Implicitement, la formule est reprise ce 12 octobre 2018 au cours d’une conférence de presse des partis alliés au RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) dans un hôtel de Yaoundé.
Regards
«La trace du discours va-t-en-guerre se retrouve dans la résonance particulière de chaque mot du Minat», théorise Fabrice Takeudeu. Selon ce linguiste, «ce discours est construit tel que les fantassins devraient courir le plus vite possible vers l’ennemi pour arriver sur lui avant qu’il ait pu recharger». Allusion faite à la sortie du leader du MRC (Mouvement pour la renaissance du Cameroun) le 8 octobre 2018. «Nous avons eu des représentants dans presque tous les bureaux de vote du pays. Les résultats qu’ils ont collectés nous donnent largement en tête», déclare le président du MRC.Si ce n’est pas de l’appel à la guerre civile, ça y ressemble énormément, du point de vue de Paul Atanga Nji, tout au moins. Contre le «tireur de pénalty» et d’autres qui ont l’outrecuidance d’émettre des critiques publiques visant à discréditer le scrutin du 7 octobre 2018. Le langage musclé, verni de quelques formules de rappel à l’ordre, est brandi. Sur ce plan, le troupeau gouvernemental reprend en chœur les mêmes éléments de langage, n’hésitant pas à baigner dans la mauvaise foi la plus complète, comme dans le cas des «observateurs de Transparency International».
«Cette vulgate abusivement répandue donne le sentiment d’être gouvernés de haut, de trop haut», observe Jean-Marc Bikoko. Il ajoute que «prononcés par ceux qui font semblant d’être des parangons de lucidité, les mots durs ferment le ban de la paix». Sur la même veine, le politologue Belinga Zambo déplore : «le discours de domination après une élection lance inévitablement des punchlines qui retombent lourdement sur la popularité de ceux qui le tiennent ; ce discours est porteur pour des dynamiques scandaleuses ou belliqueuses».
A l’observation, un dispositif de rétorsion fait le lit de ces dynamiques. Dans les colonnes du journal français La Croix (édition du 9 octobre 2018), Maurice Kamto note une forte présence sécuritaire autour de sa maison : «il y a un rideau de policiers en civil autour de chez moi et un peu plus loin, un rideau en uniforme», décrit-il. «En érigeant partout des pare feux à la fonction plus provocatrice que dissuasive, dans le camp du gouvernement, il semble que l’heure n’est plus à l’économie comportementale», conclut Belinga Zambo.
Jean René Meva’a Amougou
Intimidations
Les QG de Kamto et Cabral Libii sous haute surveillance
Au lendemain de l’élection présidentielle, des forces de l’ordre ont pris position devant les sièges du parti MRC et du parti Univers.
Devant le QG de Maurice Kamto à Nlongkak Quartier général (QG) de Maurice Kamto à Nlongkak dans le premier arrondissement de Yaoundé. Des forces de l’ordre et des agents de renseignement campent. En tenue pour la plupart, ils intimident en se stationnant en face des bureaux où se tiennent les conférences de presse et le travail d’analyse des procès-verbaux venus des localités reculées. Ce10 octobre, ils seraient mêmes passés à l’offensive. «Hier, lors de la conférence de presse du porte-parole du candidat Maurice Kamto, le bâtiment a été pris d’assaut par la police, la gendarmerie et les services de renseignement. Et même après la conférence, ils ont encore fait plus de trois heures en bas de l’immeuble», raconte un militant ayant requis l’anonymat. Il a fallu que les militants et les autres locataires dudit immeuble sortent des arguments juridiques pour dissuader les bidasses.
Des hommes en tenue sont aussi visibles au QG de Cabral Libii à Nkoldongo, dans le quatrième arrondissement. «Cela ne nous rassures pas», commente un responsable du parti Univers. C’est cette formation qui a investi Cabral Libii comme candidat à l’élection présidentielle du 7 octobre. Afin de veiller les uns sur les autres, les militants et sympathisants qui s’engagent à aller dans les sièges de parti et les QG de leurs candidats informent régulièrement leurs proches de la situation et font un effort de rester en contact avec les autres collègues. D’autres se font tout simplement discrets en attendant la proclamation des résultats.
Dans le même registre des intimidations, le trésorier adjoint du MRC est en détention depuis quelques jours.Il est officiellement reproché à Okala Ebode d’avoir endommagé une urne. Ce que remet en cause le parti de Maurice Kamto. «Okala Ebode, se rendant le 7 octobre dans son bureau de vote à Mvolyé pour accomplir son devoir citoyen, a découvert que quelqu’un d’autre avait déjà voté en son nom. Et son crime est d’avoir protesté», explique Bibou Nissack. A en croire le porte-parole de Maurice Kamto, le MRC le considère désormais comme un prisonnier politique. «La curiosité ici c’est que Maurice Kamto a reçu une fin de non-recevoir lorsqu’il a demandé à rencontrer Okala Ebode.
Il s’est entendu dire : « nous allons référer à notre hiérarchie [entendu le délégué général à la sureté national (DGSN)] ». Le DGSN a fait savoir que lui aussi devait référer à la très haute hiérarchie, à savoir la présidence de la République… C’est la raison pour laquelle nous considérons désormais Okala Ebode comme un prisonnier politique», ajoute Bibou Nissack. Sur le web, une campagne pour sa libération est en cours.
Outre l’arrestation de leur camarade, le parti de Maurice Kamto dit également être sans nouvelles de certains de ses représentants dans les bureaux de votes envoyés dans la région de l’Extrême-Nord. «Dans le temps où les communications sont interrompues, nos représentants ont été pourchassés, retrouvés et les PV en leur possession détruits. Et au moment où nous vous parlons, nous devons avouer que nous avons perdu définitivement le contact avec certains d’entre eux. Nous sommes dans l’impossibilité de vous dire ce qu’ils sont devenus», informe, inquiet, le porte-parole de Kamto.
André Balla, stagiaire
Post scriptum
Je suis Bamiléké…
Je suis est né et j’ai grandi à Douala jusqu’à l’âge de 18 ans.
C’est à cet âge que j’ai pu me rendre au village de mon père, à Foreke-Dschang, tout seul, sans guide. D’ailleurs, mon père, le Bamiléké, n’avait jamais cessé de rappeler à ses enfants, avec ironie, qu’ils sont des Duala. Au fond, c’est ce que nous sommes, mes frères, mes sœurs et moi-même car, peu de personne nous connaissent sur les collines du village de papa et celui de maman. Là-bas, je ne peux gagner une élection. C’est pareil pour mes cousins qui ne connaissent que Bonadibong, ce quartier de Douala, qui est leur pays natal. La seule langue camerounaise qu’ils parlent est le Duala.Quant à moi, je suis un garçon de Bessengue et j’ai fait l’école primaire à Akwa. Mes camarades et amis s’appelaient Bekoko, Ndedi, Ndome, Kingue, Lobe, EbelleNgomba ou encore Ebanda Ngoko. Comment oublier l’élève Pio, qui était non seulement brillant mais aussi très bon dessinateur. Que dire de mes instituteurs, tous exceptionnels sans être des Bamilékés : mesdames Sokol et Ngabena, ainsi que de M. Wanack, pour ne citer que ceux-là. Au secondaire, j’ai été l’éternel deuxième en classe de 6e, derrière Mansourou Sinata Maliki. En cinquième, j’ai certes pris ma revanche, mais Mansourou restait un concurrent sérieux au rang de premier de la classe. Et il n’était pas seul. Il y avait tous les autres camarades non Bamilékés, à l’instar de Mbenoum Njanal ou de Njoh Engome Banimbeck était la benjamine, et de loin la plus brave.
Elle qui, depuis la classe du CM1, décrocha avec brio le concours d’entrée en 6e et le CEPE. Au cours de mes années de lycée, l’un des enseignants à qui je dois l’usage rigoureux de la langue française s’appelle Bekono Aniouzoua. Il eut aussi M. Bissohong, le prof de SVT, qui voulut m’orienter en série D. En classe de première, ma bande de joyeux copains était composée d’Atoume, de Ngo Goi, Ndobo Bassime, Tchoffa et Yemi. J’étais le seul Bamiléké. Nous formions un sacré groupe d’étude, qui obtint 100% de réussite au probatoire puis 50% au baccalauréat. L’année suivante fut la bonne pour les trois recalés. Parti poursuivre mes études à Yaoundé, je suis tombé amoureux du Bikutsi, rythme musical des peuples de la forêt. Moi, l’enfant de Douala, moulé au Makossa. Moi, qui sais peu de chose des rythmes Bamilékés.
Moi qui suis émerveillé par le talent de Charlotte Dipanda autant que par celui de KareyceFotso. Etudiant, je suis si souvent tombé amoureux des filles Bassa’a ; et j’ai fini par vivre une belle histoire. J’ai été martyrisé par plusieurs de ces «Ngo». Mais c’est sans rancune. D’ailleurs j’ai finalement vécu une belle histoire d’amour avec l’une d’elles, sur les bancs de l’université. Jeune journaliste, j’ai découvert avec émerveillement le peuple et la culture du grand Mbam ; et j’ai même secrètement nourri le fantasme d’épouser un jour une de ces « Mbamoises », belles, élancées, intelligentes, généreuses mais caractérielles. Le journaliste que je suis aujourd’hui travaille sans relâche pour tenir la compétition au moins dans ma génération. Je suis admiratif des travaux de Monique Ngo Mayag, Rita Diba, Monica Nkodo, Patricia Ngo Ngouem ou Steve Libam. Encore des non Bamilékés.
Le Bamiléké que je suis vient d’être frappe par le malheur.
Parmi les six personnes venues à domicile me donner du réconfort, il y a Ebah, Tsala, Kenembeni et Ngo Mayag.
Une certaine Nogo est venue également chez moi après mon mariage. Que de non Bamilékés. L’homme que je suis devenu se bat pour que sa progéniture porte les noms de nos héros, de nos icônes au plan national et africain : Um Nyobe, OsendeAfana, Ouandie, Moumie, Mandela, Makeba ou encore Evora. Je ne suis ni le plus intelligent, ni le plus travailleur, ni le plus méritant, ni le plus honnête. Oui je suis Bamiléké par mes origines que je n’ai pas choisies. Mais je suis un banal Camerounais, fruit d’un parcours de vie, d’une trajectoire unique parce qu’elle m’appartient et à personne d’autre.
Chaque Bamiléké est donc unique, comme tout individu l’est d’ailleurs. Il n’existe donc pas un spécimen Bamiléké aux caractéristiques définies, auquel appartiennent toutes les personnes issues ou se revendiquant de ce peuple.
Alors tu as tort Jean de Dieu Momo.Yannick Assongmo Necdem,
chef service politique
au quotidien Le Jour
Aimé-Robert Bihina
«Mes vifs remerciements aux membres du comité international de L’UPF. Par 43 voix sur 50, me voici, en Arménie, réélu vice-président international de l’Union la Presse Francophone». Sur sa page facebook, les propos de victoire du Camerounais, journaliste émérite à la Cameroon Radio television (CRTV) s’affichent. A Tasghkadzor le 11 octobre 2018, le Comité international de l’Union de la Presse francophone (UPF) s’est réuni en assemblée générale élective pour renouveler son bureau. A cette occasion, le rédacteur en chef de l’antenne télé du média camerounais à capitaux publics a vu son bail de vice – président prolongé de 2 ans. Avec à la clé, un autre laurier : le bureau international de l’UPF a entériné la demande de la section camerounaise de l’UPF, en décidant de lui confier l’organisation de ses assises de 2019.
Streaming vidéo : MTN Cameroon lance “Yabadoo”
À travers cette application et à partir des téléphones portables, la filiale camerounaise du géant sud-africain des télécommunications offre à ses clients la possibilité de regarder des programmes de télévision ainsi que des films et séries.
Lancement de «Yabadoo» Lire, visionner, écouter sur son ordinateur, sa tablette ou son portable un contenu, sans pour autant le posséder physiquement ou numériquement, c’est désormais possible au Cameroun, grâce à MTN Cameroon. L’entreprise vient de lancer “Yabadoo”, un service auquel peuvent accéder tous ses clients. Il suffit d’être connecté au réseau internet mobile MTN. L’accès au contenu de Yabadoo passe par une application du même nom, disponible en téléchargement gratuit sous les systèmes mobiles Android et iOS. “Une révolution”, vante-t-on. Raison : Le service offre du contenu de qualité à des tarifs accessibles. À partir de : 100 FCFA pour les bouquets de télévision, 350 FCFA pour un long-métrage et 500 FCFA pour une série. Mieux encore, le streaming du contenu via l’application ne consomme pas le forfait Internet de l’utilisateur. Bien plus, la qualité du design et de l’ergonomie de cette application assure une agréable expérience aux utilisateurs. Au-delà, “Yabadoo” permet aux producteurs et aux médias d’élargir leurs audiences et d’améliorer leurs revenus.
Bouquets
Se félicitant de détenir le réseau 4G le plus rapide du pays et d’être le catalyseur du développement d’une réelle économie numérique dans le pays, MTN Cameroon dit apporter à ses abonnés du contenu local et international de qualité sûre. Dans le bouquet qu’il offre, il y a des chaînes de télévision locales (Crtv, Canal2 International, STV, Vision4, LTM…) On parle aussi des bouquets news, divertissement, jeunesse avec des chaînes telles que : AfricaNews, France24, TV5, Vox Africa, Manga TV, Fashion TV, Sports TV, Nina TV, Canal2 Movies, etc.
Pour ce qu’il est des séries et longs-métrages, les gros succès de l’univers cinématique de Marvel sont au rendez-vous. James Bond, John Wick, Transformers, Moi Moche et Méchant, l’Âge de glace, Very Bad Trip, Saw, Game of Thrones, Breaking Bad, Dexter, The Walking Dead, Flash, Prison Break, Arrow, entre autres y sont disponibles.
Bobo Ousmanou
«100% Présidentielle» : La CRTV table sur un nouveau format
Selon des sources internes à l’office, un autre synopsis de l’émission-événement est en étude à Mballa II.
«Deux productions, deux loupés». Aimé-Robert Bihina, le présentateur vedette de l’émission «100% Présidentielle» se mordrait certainement les lèvres à la lecture de ce post que signe un téléspectateur, ce 23 août 2018. En lançant le programme le 07 août dernier, le rédacteur en chef de l’antenne tv de la Cameroon radio and televsion (CRTV) ne surfait que sur le souci de son employeur de préparer l’opinion publique à la campagne pour la présidentielle du 07 octobre prochain au Cameroun.
Seulement, dès la première édition de cette tranche d’antenne éminemment politique, patatras ! Garga Haman Adji est sans pitié pour Cathy Toulou Elanga. A la jeune recrue de la CRTV, le président de l’Alliance pour la démocratie et le développement (ADD), candidat à l’élection présidentielle, adresse un discours incontrôlé. Il ne rate pas l’occasion d’émettre des réserves sur le format de l’émission à laquelle l’a convié Charles Ndongo, le directeur général de la CRTV. «Juste un coup de théâtre maladroit», ironisait un journaliste de l’office. Le 21 août 2018, c’est au tour de Cabral Libii de soupçonner «100% Présidentielle» de plateforme de sublimation pompière de Paul Biya. Selon le candidat du parti Univers au scrutin présidentiel, opposer un présidentiable à un simple militant du parti au pouvoir relève d’une impolitesse.
Lifting
A la CRTV, on a pris acte. Et même si, à en croire plusieurs sources internes, on n’a guère d’hypothèses pour justifier ce qui est arrivé, la séance d’autocritique de la dernière édition de «100% Présidentielle» a abouti à une résolution. «On va devoir revoir tout», souffle un journaliste du service politique. Pour la nouvelle formule, des indiscrétions révèlent une approche plus soft, évitant de mettre en scène des candidats déchaînés sur le plateau. Sur la foi des mêmes indiscrétions, l’option d’une diffusion du programme en différé a été discutée pour être en phase avec certaines contraintes télévisuelles, la bienséance notamment. «L’aval du DG (de la CRTV) est attendu», allègue-t-on à la direction des contenus TV. Là-bas, l’on affirme que le casting sera désormais soigné. A Aimé-Robert Bihina maintenant de «gérer» l’imprévisibilité des situations et la spontanéité des invités.
Bonne affaire
L’on a également parlé du cadrage de l’environnement de réception de l’émission. Dans le discours actuel interne à la chaîne, priorité est accordée au maintien de «100% Présidentielle» en prime time. Campée sur cette logique, cette programmation a, apprend-on, fait l’unanimité. «Parce qu’elle permet de situer la CRTV à la fois dans un canevas médiatique interne et dans un mouvement plus ample qui voit la concurrence se démultiplier et avec elle, le risque d’une dilution de notre identité médiatique dans une offre surabondante», justifie un rédacteur- en-chef. En filigrane, la suite du discours de ce dernier exprime le choix de s’inscrire dans une démarche plus travaillée en vue de contrer les «autres».
Sur ce plan, l’on capitalise sur les chiffres de la dernière production. «7 300 commentaires, 55 000 vues, 1 600 j’aime et 1 300 partages». Pour le 28 août 2018, la CRTV compte rééditer, à défaut de battre ces records. Même si les candidats pressentis au casting, murmure-t-on, ont jeté l’éponge, il s’agira, cette fois-là, de tester le nouveau format.
Jean-René Meva’a Amougou
Garga Haman Adji : De «chasseur de baleines» à «ours mal léché»
Respecté pour son action contre la corruption, l’ancien ministre de Paul Biya est entré dans la course à la magistrature suprême en fâchant une partie de l’opinion.
Mardi 14 août dans les studios de Canal 2 International à Yaoundé, l’invité de «La grande interview» feint la prudence : «je m’installe où ? Parce que je fais attention maintenant…», lance-t-il à Jean Bruno Tagne, le présentateur de l’émission. Conscient de sa boutade, Garga Haman Adji sourit et s’empresse d’ajouter: «vous commettez des bêtises et vous attribuez cela aux autres». Le président national de l’Alliance pour la démocratie et le développement (ADD) se sait attendu. Un incident sur un autre plateau de télévision l’a propulsé au-devant de la scène une semaine plus tôt. Invité de «Le grand débat : 100% présidentielle» à la CRTV, la télévision publique, le candidat fait interdire de plateau un panéliste et éconduit sans ménagement, en direct, une chroniqueuse de la chaîne. C’est le tollé !
L’opinion vient de découvrir un homme politique au caractère d’«ours mal léché», selon les commentaires qui pleuvent sur les réseaux sociaux. Et alors que l’on s’attend à voir le candidat battre sa coulpe, le président national de l’ADD reste droit dans ses bottes. Une stratégie de défense dont les arguments laissent plus d’un observateur interloqué. Celui qui a pour crédo «vérité et justice» se défend sans reculer, se justifie sans s’excuser. Mais alors que la polémique ne désenfle pas, Garga Haman Adji, qui, le 07 octobre prochain, va challenger Paul Biya pour la troisième fois à une élection présidentielle, est convaincu que cette affaire va lui faire gagner l’élection: «à cause de la bêtise de la CRTV […] je serai élu […]. Cela a déjà fait monter ma cote». «Moi, je ne m’alignerai derrière personne. D’ailleurs même si on se réunit ça ne change pas grand-chose, Paul Biya va gagner…», affirmait-t-il pourtant dans les colonnes du quotidien Mutations au lendemain de cet incident. On ne sait plus lequel des Garga croire…
Chasseur désabusé
Mais c’est bien là Garga Haman Adji, aussi fier et mystérieux que le peulh qu’il est. Originaire de Maroua, dans la région de l’Extrême-nord, c’est cette fierté qui en avril 1992, le pousse à claquer la porte du gouvernement, un peu moins de deux ans seulement après avoir été nommé ministre de la Fonction publique et du Contrôle supérieur de l’Etat. Il s’insurge alors contre le «laxisme» du gouvernement qui, à l’en croire, ne lui permet pas de lutter avec efficacité contre la corruption. «Quand on dit que j’ai démissionné parce qu’on m’a retiré le Contrôle supérieur de l’Etat c’est faux. En décembre 1991, je propose que le Contrôle supérieur de l’Etat soit détaché de la Fonction publique ; et en avril 1992 on accepte et on remet le Contrôle supérieur de l’Etat à sa place», explique-t-il.
La chronique mondaine suppute encore sur les raisons de cette démission. Une théorie, largement répandue dans les salons feutrés de la République, veut que Garga Haman, qui se décrit comme «un homme prudent de nature», ait décidé, avec d’autres ministres, de démissionner pour s’assurer une place au soleil, convaincus que l’heure de l’alternance avait sonné! Mais celui-ci se serait retrouvé seul à le faire ; les autres s’étant ravisés à la dernière minute. En tout état de cause, le passage de cet ancien sous-préfet au ministère de la Fonction publique reste marqué par son désir de lutter contre les agents véreux de l’Etat. D’où la légende du «chasseur de baleines» née de ce séjour.
«Complicité»
Né le 27 janvier 1944 à Maroua, Garga Haman Adji est recruté très tôt dans l’administration publique. A l’âge de 17 ans, il est affecté comme administrateur adjoint auxiliaire à la préfecture de Yagoua (Extrême-Nord). Nous sommes le 26 novembre 1961. Une dizaine de mois plus tard, il est nommé au secrétariat du sous-préfet de Kar Hay comme chef de service, puis sous-préfet par intérim. «Il y avait un sous-préfet à Kar Hay qu’ils ont affecté comme sous-préfet de Poli. Mais ils avaient oublié de le remplacer. J’avais 18 ans et le préfet décide, non pas par décret présidentiel mais par arrêté préfectoral, de me nommer sous-préfet par intérim de Kar Hay», se souvient-il un brin vantard. S’en suit dès lors une ascension fulgurante dans l’appareil d’Etat jusqu’à sa démission du gouvernement.
Un mois avant, rien ne présageait pourtant de cette issue. Bien qu’ayant créé l’ADD en 1991, Garga Haman Adji coordonne la campagne du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti du président Paul Biya, dans l’ancienne province de l’Extrême-nord au cours des élections législatives de mars. Mais pour la présidentielle d’octobre, il fait alliance avec le pire ennemi du moment du régime Biya: le Social democratic front de Ni John Fru Ndi. Il devient même son directeur de campagne lors de cette élection. Le SDF échoue à conquérir le pouvoir. Le ministre démissionnaire se retrouve dans le décor.
Virage manqué
Malgré tout, le président de la République continue de garder une forme de «bienveillance» envers son ancien ministre. «Ce monsieur-là, je sais qu’il a de l’affection pour moi», croit savoir Garga qui revendique une relation particulière avec le chef de l’Etat. En mai dernier, il remercie Paul Biya pour l’avoir «ressuscité» : «je saisis l’occasion pour remercier Paul Biya et pour lui rester à jamais reconnaissant. Il s’était préoccupé de ma guérison au point de faire venir de Paris un avion médicalisé. Je l’ai déjà remercié par écrit et de vive voix pour m’avoir ressuscité», déclare-t-il alors devant les caméras. Plus tôt dans l’année, au sortir d’une cérémonie d’échange de vœux au palais de l’Unité, le challenger de Paul Biya à l’élection présidentielle de 2004 et 2011 déclare qu’il attend que le président lui permette de se présenter ou pas au prochain scrutin présidentiel.
Cette complicité, supposée ou réelle avec Paul Biya, Garga Haman Adji ne se prive pas de l’afficher. En 2006, le président de la République crée la Commission nationale anticorruption (Conac), comme une tentative d’endiguer le phénomène qui ronge l’Etat. Garga Haman y est nommé membre du Comité de coordination. Mais quelques années plus tard, le «chasseur de baleines» se montre dépité par la tâche et l’ampleur du fléau. Il répète donc à l’envie que «la Conac ne vaut rien après 10 ans», car l’organisme a, selon lui, échoué à combattre la corruption. Cependant, celui qui, une vingtaine d’années plus tôt, avait démissionné avec fracas pour dénoncer les entraves à la lutte contre la corruption, se garde bien cette fois-ci, de rééditer l’exercice. «J’ai promis au président [de la République] que je ne vais pas démissionner», se défend-t-il.
Garga, qui se présente comme un «homme de dimension plurielle», revendique la casquette d’écrivain. «J’écris beaucoup. Je suis à mon huitième livre», affirme-t-il. Alors qu’il part – pour la troisième fois – à l’assaut d’Etoudi, l’ancien ministre, qui rassure que c’est sa dernière tentative «sauf si le président n’achève pas son prochain septennat»; n’a pas changé son programme politique contenu dans son livre «Ainsi pourrait devenir le Cameroun», paru en 2004…
Aboudi Ottou et Ifeli Amara (stagiaire)
Le thérapeute de l’Afrique
La politique internationale que le candidat Garga Haman Adji entend mener est contenue dans un ouvrage: «Le mal Africain, diagnostic et thérapie». Dans ce livre, véritable hymne «aux Etats-Unis d’Afrique», Garga Haman Adji affiche sa préférence pour les Etats-Unis d’Afrique en lieu et place des regroupements régionaux. Il soutient que si 30 Etats du continent adhèrent à l’idée et ratifient le traité constitutionnel, les Etats-Unis d’Afrique sont nés. «Toute procédure ou cheminement qui feraient transiter les Etats-Unis d’Afrique par les regroupements régionaux sont à prohiber. Ils risquent en effet de comporter du dilatoire», écrit Garga Haman Adji.
L’homme politique se prononce par ailleurs contre le groupe Afrique -Caraïbes – Pacifiques (ACP). «Un examen attentif de la liste des Etats ACP permet d’ailleurs de constater que la quasi-totalité des Etats du continent africain en sont membres. Seuls les pays arabes de l’Afrique du Nord ont dû subodorer quelques relents de cette subtile recolonisation dont ces conventions semblent en être des socles».
Garga Haman Adji montre par la même occasion son opposition aux Accords de partenariat économique (APE). «L’évaluation de ces dernières par les parties signataires est en effet sans appel. Largement en deçà des attentes suscitées, les résultats obtenus sont officiellement déclarés ‘mitiges’», pense le candidat à la présidentielle.
Bio-Express
• Noms: Garga Haman Adji
• Age: 74 ans
• Expérience: sous-préfet de Kar Hay, commissaire spécial de l’Adamaoua, sous-directeur administratif et financier de la Sûreté nationale, directeur-adjoint à la direction générale du ministère de l’Economie et des Finances, secrétaire général du ministère de la Fonction publique, directeur comptable et financier de la Sonel, inspecteur d’Etat à l’Igera, chef de division des inspections et de la réforme à l’Igera, administrateur directeur de la Boston Bank Cameroon, ministre de la Fonction publique, membre du comité de coordination de la Conac.• Niveau académique: licence en droit et sciences politiques – diplôme d’études supérieures (Des) en Sciences politiques, administrateur civil diplômé de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam).
• Situation matrimoniale: polygame et père de plusieurs enfants.
Crise anglophone: Aphonie totale sur le sort des Camerounais enlevés
Rien ne filtre sur le sort des fonctionnaires capturés par des bandes armées dans le Sud-ouest et le Nord-ouest.
Des ex-otages reçus par le Mindef Sept chefs traditionnels Bakweri ont été libérés le 30 juillet 2018. Le faste et la solennité liés à la bonne nouvelle ont autorisé Paul Atanga Nji à dérouler le tapis rouge aux anciens captifs des bandes armées qui sévissent dans la région du Sud-ouest. Le cabinet du ministre de l’Administration territoriale (Minat) a servi de cadre à la cérémonie. Pour l’occasion, le récit de la remise en liberté des dignitaires Bakweri a été soigneusement construit par des communications et urgentistes de marque. En posture d’invité du 13 heures de la CRTV, le Minat a révélé que l’on doit la libération des chefs à l’implication personnelle du chef de l’Etat, Paul Biya. Le Minat Paul AtangaNji n’a pas manqué de susciter un climat éditorialement positif autour du comportement du président de la République.
A quelques nuances près, on parlerait d’un remake de la scène vécue en début avril à Yaoundé. En ces temps-là, Issa Tchiroma Bakary, ministre de la Communication (Mincom) saluait, au nom du peuple camerounais, le happy end de l’infortune d’une vingtaine de touristes italiens et suisses enlevés dans la localité du Moungo – Ndor (Kupe Manengumba).
Entre temps, l’opinion guette les contradictions et soupçonne tout geste du gouvernement dans le cadre de la gestion de crise anglophone. Avec la libération des chefs Bakweri, la question de fond se pose d’autant plus que la série des kidnappings tend à se banaliser. Dans cette ambiance, certains enlèvements ont vite fait d’être ensevelis, bien qu’ils aient écœuré la nation entière. Dans cette fourchette, l’on tient le cas de certains fonctionnaires : Marcel Namata Diteng (sous-préfet de Batibo, région anglophone du Nord-Ouest enlevé le 11 février 2018), Nimbom Arong Yong (délégué régional du ministère des Affaires sociales (Minas) dans le Nord-Ouest.
Enlisement
En février 2018, l’organisation International Crisis Group, évaluait à au moins 23 gendarmes et policiers camerounais tués ces trois derniers mois, 75 civils tués par les forces de sécurité depuis septembre de l’année dernière. Sur les ondes de RFI (Radio France internationale), Hans de Marie Heungounp, chercheur à International Crisis Group, parlait d’une insurrection tentant de prendre pied depuis. «Cette insurrection s’articule pour l’instant autour de groupes d’autodéfense. Il y en a plus d’une dizaine présents dans les deux régions, mais aussi deux ou trois principales milices, en particulier l’Ambazonia Defense Forces (ADF) et les Southern Cameroon Defense Forces (SCDF). Il y en a deux avec des acronymes différents. Ce sont ces milices principales, qui, de concert avec les groupes d’autodéfense, organisent des attaques de basse intensité contre les postes militaires, les postes de gendarmerie et les postes de police».
Il est difficile de savoir avec précision quel est le nombre de combattants dans chacune de ces milices ou groupes d’autodéfense, «mais au sein des différentes milices, cela tournerait autour d’une centaine de combattants. Et (…) la plupart des autres groupes d’autodéfense comportent un effectif allant de 10 à 30 membres actifs ou combattants», précise le chercheur. Toujours selon ICG, ces groupes utilisent des armes légères comme des fusils traditionnels ou des grenades pour certains. Mais ils ne disposent pas d’armement lourd.
Jean René Meva’a Amougou
Région du Nord – Ouest
Entre recensement des déplacés et enlèvement d’un commissaire de police
Tranches de vie de la semaine qui s’achève à Bamenda et ses environs.
Ce n’est pas encore la distribution du kit de survivance et du matériel de réhabilitation aux déplacés internes de la crise dite anglophone dans la région du Nord-ouest. Bien que le premier contingent des dons et autres denrées alimentaires soit déjà dans les chefs-lieux des régions concernées. En attendant, le gouverneur de la région du Nord-ouest, par délégation de pouvoir au secrétaire général auprès de ses services, vient de commettre un communiqué radio conviant les déplacés à se faire enregistrer auprès des sous-préfectures. Dans ce communiqué daté du 3 août 2018, Harry Lanyuiy, SG auprès des services du gouverneur, on peut lire: «dans le cadre l’assistance humanitaire d’urgence décidée par le président de la République pour les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, le gouverneur de la région du Nord-ouest invite toutes les personnes déplacées dans la région à contacter l’autorité administrative la plus proche dans le but de s’inscrire».
Quant à celles vivant à Bamenda et ses environs précise ledit communiqué, elles peuvent contacter le point focal de la protection civile logé dans ses services et ce «tous les jours de 9h à 15h ou appeler le numéro 233361941». Le gouverneur dit pouvoir compter sur la collaboration et le sens de responsabilité civique de tous et de chacun pour le succès de cet exercice. Ce n’est qu’au terme de ces enregistrements que débutera la distribution. On peut lire en filigrane, à la suite de ce communiqué, un moyen d’assurer l’accountability, mais aussi de procéder au recensement de toutes les personnes qui ont fuit les affres de ce conflit qui a glissé en affrontement entre les forces de l’ordre ou de sécurité et les séparatistes.
kidnapping
Pendant qu’on sollicite l’enregistrement des personnes déplacées, les nouvelles sur le terrain ne sont guère reluisantes. En effet, le commissaire Samuel Mbiba du commissariat spécial de Bali, dans l’arrondissement hyponyme, a été enlevé en compagnie de son épouse dans la matinée du lundi 30 juillet, par des individus armés non identifiés. Ils ont été conduits loin du centre ville. L’épouse du commissaire de police a finalement été libérée. Mais les kidnappeurs ont confisqué les téléphones du couple. Vraisemblablement pour empêcher d’alerter les forces de l’ordre. Les recherches menées pour retrouver le commissaire Samuel Mbiba sont restées infructueuses. Il est toujours en captivité.
La bonne nouvelle est la libération du procureur de la République auprès les tribunaux de Fundong. Le magistrat Francis Tabufor kidnappé le 27 juillet a été libéré mardi dernier 31 juillet. Les forces de l’ordre sont allées le dénicher à Oku avant de le conduire pour de soins à l’hôpital BBH (Banso Baptist Hospital) à Kumbo.
Zéphirin Fotso Kamga
Manœuvres: Paul Biya investi sans l’avis des militants du RDPC
Aidé par quelques caciques et des textes taillés sur mesure, le président sortant a réussi à s’imposer une énième fois comme candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais à l’élection présidentielle du 07 octobre.
Le président national du RDPC «Paul Biya, candidat naturel du RDPC». La formule rappelle le parti communiste soviétique et tranche avec l’image d’un homme «moderne voire futuriste» (pour citer Jacques Fame Ndongo) que le président sortant, 85 ans dont 35 passés à tête de l’Etat, se donne du mal à se construire. Au RDPC, son parti, l’expression agace beaucoup même si seuls quelques courageux osent l’avouer. Saint-Eloi Bidoung est le sacrifié qui accepte d’en parler à visage découvert. «Le président Biya aurait dû être adoubé lors du congrès du parti», indique-t-il.
Pour le 1er adjoint au maire de Yaoundé 6, invité éclair de Policam, l’émission politique de la RTS, une radio urbaine de Yaoundé, cette investiture sans congrès frise le «déni de démocratie». Sur la masse de militants revendiquée par le parti, c’est en effet une vingtaine de caciques, réunis au sein du bureau politique, où on entre sur proposition ou par nomination du président national (voir article 26 des statuts du RDPC), qui a investi Paul Biya comme candidat de cette formation politique à l’élection présidentielle du 07 octobre 2018.
Tout s’est joué en cette matinée du 03 novembre 2016. Convoqué au palais de l’Unité, «le saint des saints», comme il se fait appeler, proroge le mandat de Paul Biya comme président national du RDPC et donc fait de lui le candidat du parti au pouvoir à la future élection présidentielle. Il faut savoir que, selon l’article 27, alinéa 3, le président national «est le candidat du parti aux élections présidentielles».
Désir d’éternité
La décision du bureau politique est prise «conformément à l’article 18 des statuts du RDPC», justifie la présidence de la République du Cameroun. Mais rien n’est vraiment clair à la lecture de cet article. «Le congrès définit l’orientation politique, économique, sociale et culturelle ainsi que le cadre général de l’action du Parti. Il se tient tous les cinq ans. Toutefois, en cas de nécessité, cette période peut être abrégée ou prorogée par le bureau politique.Il peut être convoqué en session extraordinaire dans les conditions fixées à l’article 22 des présents statuts», indique-t-il. «Comme le congrès élit le président national, c’est donc de manière incidente que le bureau politique étend son pouvoir à la prorogation du mandat du président national», explique un cadre du parti.
Mais à bien lire les textes du RDPC, Paul Biya est candidat à vie de cette formation politique car élu à vie président du parti, un peu comme le sont les membres du comité central dont les mandats ne sont pas renouvelés. C’est que l’article 19 des statuts de ce parti indique que «le congrès élit le président national du parti, les membres du comité central au scrutin de liste et les membres suppléants du comité central», sans préciser pour combien de temps.
Jacques Fame Ndongo est d’ailleurs formel: «il y a aucune disposition qui limite ce mandat», affirme ce membre du bureau politique et secrétaire national à la communication du RDPC en mi-septembre 2016 alors que le débat fait rage sur la nécessité de la tenue d’une convention du parti. La preuve, lorsque Paul Biya convoque la réunion du bureau politique ce 03 novembre, il y a plus de 5 ans que s’est tenu le dernier congrès qui l’a réélu. C’était précisément les 15 et 16 septembre 2011. Paul Biya sera le candidat du RDPC «à toutes les autres élections présidentielles (futures) jusqu’à ce que lui-même en décide autrement», indiquait en juillet 2011, le ministre de l’Enseignement supérieur.
Manipulations
A quoi a donc servi la prorogation du mandat du président national par le bureau politique ? «A envoyer le messager que le patron est toujours partant et à déclencher l’avalanche d’appels en faveur de sa candidature», confie une source. D’ailleurs, au sortir de cette réunion, les membres du bureau politique ont, dans une motion commune, invité Paul Biya à être «le candidat du RDPC à la prochaine élection présidentielle».
Ce sont ces appels que Paul Biya utilise ce 13 juillet pour donner une certaine légitimité à sa candidature. «Chers compatriotes du Cameroun et de la diaspora, conscient des défis que nous devons ensemble , relever pour un Cameroun encore plus uni, stable et prospère, j’accepte de répondre favorablement à vos appels pressants», prétexte le président sortant avant d’ajouter: «Je serai votre candidat à la prochaine élection présidentielle». «Paul Biya est candidat depuis longtemps», affirmait pourtant Grégoire Owona, secrétaire adjoint du RDPC, dans le quotidien Le Jour, édition du 11 juillet.
Aboudi Ottou
Déclaration de candidature
Entre good buzz et bad buzz
Dans l’opinion publique locale et la diaspora, l’annonce provoque des réactions ultra-négatives et ultra-positives.
Décidément, «Dieu ne descend pas sur les marchés». C’est en tout cas ce que démontre encore Paul Biya. Plutôt que d’annoncer sa candidature au cours d’une conférence de presse ou d’un meeting politique, l’actuel chef de l’Etat préfère le costume du président se voulant (très) au-dessus de la mêlée, «jupitérien» comme les éléments de langage veulent l’imposer. En un tweet, un peu à la façon Donald Trump, «l’Homme-Lion» se dédouble pour réussir son coup de com’.
Performance
Dans la mousse médiatique qui escorte l’affaire, il y en a un qui confirme le changement d’époque. Ce 13 juillet 2018, en ouverture du 13 heures de l’antenne radio de la Cameroon Radio Television (CRTV), Charles Ndongo estime que Paul Biya a surpris tout le monde. «Toute la toile s’est littéralement embrasée», constate l’éditorialiste. Cela sonne juste: dimanche 15 juillet en mi-journée, 581 commentaires, 623 retweets et 941 j’aime font crépiter le compteur présidentiel.
«Aucun autre candidat à la prochaine présidentielle ne peut se vanter d’une telle performance. Surtout que là où les autres crantent avec de l’aspérité, lui y parvient grâce à des éléments concrets de son programme», évalue Jean-Baptiste Atemengue. A ce militant du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) d’en fournir la preuve par le tweet présidentiel: «Conscient des défis que nous devons, ensemble, relever pour un Cameroun encore plus uni, stable et prospère». «Et le flot est loin de s’arrêter», projette Charles Atangana Manda, le chef de la division de l’observatoire des médias et de l’opinion publique au ministère de la Communication.
A l’observation, il se passe un «jeu»: les supporters de Paul Biya attaquent dès qu’on s’en prend à leur candidat ; parfois ils se limitent à relayer les messages positifs, ils arrêtent de répliquer sur les polémiques. Une série d’utilisateurs particulièrement mobilisés tente ainsi de faire vivre les propositions de leur candidat sur les plateformes sociales. Le tempo vient de la diaspora, précisément de la section RDPC Afrique du Sud: «100% Paul Biya notre joie aujourd’hui est débordante, nous avons reçu le plus beau cadeau de notre Champion et Candidat Président Paul Biya, Merciiiiii mon Champion», dixit Pouokam Messy.
Ailleurs, on lit: «Hum, grand-père, si c’est la volonté de Dieu alors que sa volonté soit faite, mais il faut que tu saches, nous le bas peuple on subit, alors si tu peux modifier le système en place et mettre un système plus favorable et équitable, beaucoup de courage car les enjeux sont énormes», tempère Giresse Belinga.Boulets rouges
Et comme l’on peut s’y attendre, en déclarant sa candidature via tweeter, Paul Biya semble agacer ses poufendeurs, affichés sur la page présidentielle. A l’instar d’Arthur Owono qui croit au canular: «J’espère que c’est un fake news», dit-il en guise de commentaire. Pour d’autres, ce n’est plus l’information qui compte mais le personnage au centre de l’information. Cela se lit dans la diaspora, pourtant ciblée par Paul Biya. «Je suis camerounaise, mais je ne me rappel pas avoir sollicité votre candidature.
Précisez souvent que vous répondez à l’appel d’un clan de vieillards, antipatriotes. Tous responsables de l’échec de ce pays. Vous voulez organisez les élections, mais refusez de régler la crise», avise Anne Doris. «C’est drôle, on dirait que ce monsieur n’écoute le peuple qu’une fois tous les 7ans et sur un seul sujet, sa participation aux présidentielles. Une fois élu, il redevient le premier sourd du pays pour 7 ans», ajoute Rostan TC.
Jean-René Meva’a Amougou
05
C’est le nombre de catégories de l’aide destinée aux populations du Nord-ouest et du Sud-ouest, dans le cadre de la mise en œuvre du Plan humanitaire d’urgence.
Le 14 juillet 2018 sur la CRTV-télé, Paul Atanga Nji (ministre de l’Administration territoriale et président du Comité ad hoc chargé de la coordination du Plan) a déclaré que l’aide se décline en 05 visages: aide alimentaire, matériel de première nécessité, kits hygiéniques, matériel agricoles et aide à la reconstruction des habitations.
Ces matériels, a précisé le membre du gouvernement, doivent être déployés dans les deux régions anglophones du pays dès le 18 du mois en cours. Aucune autre indication sur le chronogramme n’a été révélée. Toutefois, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’Organisation des Nations unies (Ocha), associé à la distribution de l’aide, celle-ci sera opérationnalisée sur le terrain par des organismes tels que la Croix-Rouge, les confessions religieuses et les GIC.
Election présidentielle: Le coup de force de Paul Biya
L’élection présidentielle de cette année au Cameroun aura lieu le 07 octobre prochain. Et Paul Biya est candidat à sa succession, pour un autre bail de sept années à la tête du pays. Voilà la quintessence de l’actualité politique récente au Cameroun.
President of Cameroon Paul Biya and Chinese President Xi Jinping (not pictured) attend a signing ceremony at the Great Hall of the People in Beijing on March 22, 2018. / AFP PHOTO / POOL / Lintao Zhang Le président sortant, âgé de 85 ans, cumule déjà 35 années de magistrature suprême. Un record inédit, qui n’apaise pas pour autant son appétit insatiable du pouvoir. L’octogénaire Biya est sans état d’âme dans sa quête de conservation du fauteuil présidentiel. Sourd aux conseils avisés des pays amis (en l’occurrence les Etats-Unis d’Amérique) à passer la main, Paul Biya dans un tweet vendredi dernier répond favorablement aux «appels» à briguer une fois de plus la magistrature suprême.
Une déclaration de candidature urbi et orbi, amplifiée fort opportunément par la visite officielle à Yaoundé du patron de la commission de l’Union africaine et le matraquage médiatique de la CRTV. Le média audiovisuel à capitaux publics, prenant fait et cause en faveur du président – candidat, au mépris des normes recommandées en période pré-électorale ou électorale, a naturellement mis sous le boisseau les violations de l’article 86 du code électoral par Paul Biya.
En effet, selon Jean Marc Bikoko de Dynamique Citoyenne (coalition des acteurs et des organisations de la société civile camerounaise), le président de la République n’a pas respecté les délais de la loi électorale sur la convocation du corps électoral pour les municipales et les législatives. «Il avait jusqu’au 21 juin 2018 pour les législatives et jusqu’au 27 juin 2018 pour les municipales. Il ne l’a pas fait, pour proroger les mandats plusieurs jours plus tard», dénonce Dynamique Citoyenne.
Jean Marc Bikoko poursuit la dénonciation: «Le président de la République justifie le report des législatives et des municipales par le chevauchement des élections. Or, seul le motif de «crise grave» est reconnu par la loi pour justifier l’ajournement des élections». Le réseau des organisations de la société civile suspecte également la priorité accordée à l’élection présidentielle par l’establishment. «Paul Biya veut être le seul à avoir la légitimité du suffrage.
Il préfère que les autres, notamment les magistrats municipaux, tiennent leur légitimité de lui». Calcul politique du prince qui remet au goût du jour l’éternelle revendication de publication (au moins un an à l’avance) du calendrier électoral du pays. Cette revendication et bien d’autres sont contenues dans le code électoral alternatif proposé depuis janvier 2017 aux autorités camerounaises par la société civile.
Selon des sources crédibles, d’autres propositions de réforme du code électoral, respectivement formulées par Elections Cameroon (Elecam) et le ministère de l’administration territoriale, dorment depuis plusieurs années dans des tiroirs et placards de la présidence de la République. Paul Biya, attendu pour adresser la problématique de la réforme du système électoral camerounais, n’a pas levé le petit doigt.
Il opte d’organiser l’élection présidentielle d’octobre prochain avec le système électoral ô combien décrié par toutes les parties prenantes, et qualifié par Dynamique Citoyenne de «machine de fabrication des victoires du parti au pouvoir». Vous avez dit verrouillage électoral !
Universalité du suffrage
Comment le scrutin du 07 octobre prochain va-t-il se dérouler dans les régions anglophones du pays, en proie à une crise sécuritaire sans précédent ? La question est sur toutes les bouches au vu du durcissement des revendications séparatistes et des affrontements armés grandissants sur le terrain. «L’universalité du suffrage ne sera pas respectée sur l’ensemble du territoire, précisément dans le Sud-ouest et le Nord-ouest du pays», prédit d’emblée Dynamique Citoyenne.
L’élu du 07 octobre prochain sera-t-il auréolé de toute la légalité et de toute la légitimité pour diriger le pays ? A l’observation, les standards internationaux pour «une élection libre, crédible et transparente» seront mis à mal le 07 octobre prochain au Cameroun. Paul Biya le sait certainement. Mais, il choisit le passage en force. Comme il l’a fait dans son parti politique, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).
Où l’investiture classique du champion à l’élection présidentielle n’a pas eu lieu. Le président national du RDPC a royalement snobé sa machine électorale dans le processus de préparation et déclaration de sa candidature à la présidentielle d’octobre prochain. Paul Biya a opté pour le «cavalier seul», qui ne lésine sur aucun moyen pour conserver le strapontin présidentiel. Les méthodes d’un autre âge. Son âge.
Thierry Ndong Owona
Unité nationale : Paul Biya noie le poisson
A l’approche du 20 mai, Etoudi a engagé une campagne de propagande pour embrouiller le débat sur la construction de cet idéal.
Depuis le début du mois de mai, les comptes Facebook et Tweeter de Paul Biya sont particulièrement actifs. Chaque jour désormais, des messages en français et en anglais, les deux langues officielles du pays, y sont postés. Fil conducteur unique: l’unité nationale. En analysant ces messages, le président de la République semble préoccupé par trois choses: positionner l’unité nationale comme un acquis, «une condition et un facteur de la paix et du progrès» et inviter «tous les Camerounaises et Camerounais à réaffirmer dans les faits leur attachement à cette grande œuvre». Le thème choisi pour la célébration de la fête nationale cette année est dans la même veine. Il est en effet un appel aux «citoyens camerounais» à rester «unis dans la diversité» et à préserver «la paix sociale, pour un Cameroun stable, indivisible et prospère».
Parallèlement à cette campagne menée via les comptes officiels du président de République et de la présidence de la République sur les réseaux sociaux, une autre est en branle dans les médias publics. Les choses ont été bien organisées, les messages sont synchronisés et les éléments de langage identiques. Aussi en lançant la série sur la CRTV, la radio gouvernementale, son directeur général parle du Cameroun comme «d’un modèle de construction patiente d’une nation sur des bases improbables». Pour Charles Ndongo, du fait de la montée des velléités séparatistes dans les régions anglophones, le 20 mai 2018 devrait être pour toute la nation, «comme un premier test de respect et d’attachement au contrat d’unité scellé depuis 46 ans».
Problème anglophone
La méprise est justement là. Car comme l’on souvent indiqué à moult reprises de nombreux experts d’horizons divers, l’unité du Cameroun repose sur des bases fragiles. La construction de l’Etat unitaire qu’on célèbre cette semaine est et a toujours été contestée. La crise anglophone qui secoue actuellement le pays, est une métastase de cette contestation que l’on nomme le problème anglophone. Il est né de la réunification du Cameroun oriental, francophone, d’avec le Cameroun occidental, anglophone et minoritaire (2 régions sur 10), auparavant séparés par la colonisation. Non sans raisons, une partie des citoyens originaires des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest y ont toujours vu un processus «d’assimilation» mené avec l’aide de la France.
Le cardinal Christian Tumi, originaire du Nord‐Ouest, raconte dans son ouvrage «Ma foi: un Cameroun à remettre à neuf», paru aux éditions Veritas en 2011, une anecdote fort saisissante : «(…) Nous étions invités, d’autres évêques d’Afrique centrale et moi, à l’ambassade de France auprès du Saint‐Siège. (…) Un fonctionnaire de l’ambassade m’approcha (…) sans le moindre soupçon de sa part que je pouvais être un camerounais anglophone, il me dit : nous (la France bien sûr) sommes contents que vous soyez en train de réussir l’assimilation culturelle des anglophones».
Yves Mintoogue, historien: «La suppression par M. Biya (?) en février 1984 de l’adjectif « Unie » et le retour à l’expression « République du Cameroun » (nom du Cameroun francophone avant la réunification) ont été perçus par les anglophones comme l’acte final du processus d’assimilation historique de leur identité particulière»
La façon dont le pays passe de la République fédérale issue de la conférence de Foumban d’octobre 1961, à la République du Cameroun tout court en février 1984, aide à renforcer ce sentiment. «Le référendum du 20 mai 1972 sur l’unification a lui‐même été dénoncé à posteriori comme un acte imposé par son seul initiateur, Ahmadou Ahidjo. La suppression par M. Biya (?) en février 1984 de l’adjectif « Unie » et le retour à l’expression « République du Cameroun » (nom du Cameroun francophone avant la réunification) ont été perçus par les anglophones comme l’acte final du processus d’assimilation historique de leur identité particulière», soutient l’historien Yves Mintoogue dans une tribune libre publiée en 2004.
«Le chef de l’Etat continue d’enregistrer des opinions qui semblent ne voir comme issue à cette grave crise, que ce qu’elles appellent un dialogue franc et sincère. Allons donc. Si l’on admet ce principe, quelles en seraient les modalités opérationnelles? Quels visages les représentants de l’Etat auraient-ils en face d’eux? Et puis voyons, quels problèmes cet éventuel dialogue prétendrait-il résoudre autres que ceux clairement identifiés et que le chef de l’Etat a depuis méthodiquement et systématiquement résolus?», interroge Charles Ndongo.
Nombre d’experts (Jean Koufan, Vivianne Ondoua Biwole, Christian Pout …), de hauts commis d’Etat (David Abouem à Tchoyi, Garga Haman Adji, Abakar Ahmat…) et des hommes d’église (Mgr Samuel Kleda, cardinal Christina Tumi…) se sont pourtant maintes fois exprimés sur la question. Et une constance se dégage: le dialogue dont il est question ici, devra permettre de revisiter la marche du Cameroun vers l’Etat unitaire dans le but de construire des compris sur les points de divergence.
Perversion du droit
La vérité est que, de ce dialogue-là, Paul Biya n’en veut pas. Il l’a lui-même clairement dit lors de son discours à la Nation le 31 décembre 2016: «Le peuple camerounais, comme un seul homme, s’est engagé à construire une nation unie, inclusive et bilingue. Il s’agit là d’une expérience unique en Afrique. Comme toute entreprise humaine, notre expérience n’est pas parfaite. Elle a des aspects perfectibles. Nous devons donc rester à l’écoute les uns des autres. Nous devons rester ouverts aux idées mélioratives, à l’exclusion toutefois, de celles qui viendraient à toucher à la forme de notre Etat». «Nous sommes disposés, à la suite et dans l’esprit des artisans de la Réunification, à créer une structure nationale dont la mission sera de nous proposer des solutions pour maintenir la paix, consolider l’unité de notre pays et renforcer notre volonté et notre pratique quotidienne du vivre ensemble. Et cela, dans le strict respect de notre Constitution et de nos institutions», avait-il ajouté.
Pour Paul Biya, le Cameroun ne peut donc être rien d’autre qu’un Etat uni et décentralisé d’où le blocage actuel. Pourtant, lorsqu’il a fallu supprimer la limitation des mandats présidentiels, c’est le même Paul Biya qui affirmait que «les constitutions ne sont pas faites ne varietur, le peuple lui-même détermine ce qui est bon pour lui». Cette attitude, Fabien Nkot l’appelle la «perversion politique du droit». L’actuel conseiller technique au Premier ministère théorise le concept dans sa thèse intitulée «Perversion politique du droit et construction de l’Etat unitaire au Cameroun» soutenue en février 2001 à l’université de Laval au Québec. Le travail de recherche montre notamment que dans le cadre de l’instauration de l’Etat unitaire, «les dépositaires du pouvoir imaginent et élaborent un ensemble de techniques de tricheries juridiques qu’ils mobilisent progressivement et systématique pour atteindre des objectifs politique qu’ils se sont préalablement fixés».
Aboudi Ottou