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Crise anglophone, affaire Kamto : Farce à farce entre Yaoundé et «ses amis»

Jadis unies sur le pire, chacune des parties définit désormais son meilleur.

Un climat étrange a pesé sur les relations entre le Cameroun et certains de ses pays «amis» en fin de semaine dernière. Le 13 mars 2019 à Yaoundé, autour d’une couverture médiatique pas très appuyée, Lejeune Mbella Mbella a reçu en audience Anatoly Bashkin et Gilles Thibault, respectivement ambassadeurs de Russie et de France au Cameroun. Sur la foi du récit de nos confrères de la CRTV, les entretiens entre le ministre des Relations extérieures (Minrex) et les deux diplomates ont porté sur la «coopération entre Yaoundé et Moscou d’une part, et entre Yaoundé et Paris d’autre part». Ces dires ont d’ailleurs été confirmés, couronné de la confirmation par chacun des deux hôtes du Minrex, immédiatement approchés par le média d’État.

Constats
De cette séquence diplomatique, naissent, en préambule, deux constats. Le premier révèle qu’il y a juste quelques mois, Paul Biya et Gilles Thibault ont (officiellement) discuté de la même thématique. Au Palais de l’Unité, le 6 décembre 2018, les échanges entre les deux hommes avaient duré près de trois heures. Le second souligne la réception, au Minrex, des ambassadeurs russes et français, à la veille de la visite de Peter Tibor Nagy au Cameroun.

En rapport avec ce dernier point, nos sources mettent en relief ce qu’il s’est joué en coulisses. Ayant procédé à un décryptage des différents ressorts langagiers de Anatoly Bashkin et Gilles Thibault, une de ces sources met en évidence plusieurs bras de fer. «Coups bas, calculs et ambitions de la part de Washington, Paris et Moscou sont à l’œuvre dans le cadre de la crise anglophone et l’affaire Kamto», rapporte notre informateur. Ce dernier ajoute que les audiences accordées aux ambassadeurs russe et français ont donné à ces derniers l’occasion de se réapproprier certaines sentences gouvernementales par rapport à ces deux sujets aux grands enjeux sociopolitiques.

Volte-face
«Les choses sont allées très vite : la façon dont les diagnostics de certains problèmes sociopolitiques sont définis, ainsi que les réponses apportées à ces problèmes ont changé l’orientation et les priorités de Paris et de Moscou», souffle une autre source diplomatique camerounaise. Confirmation sur le site internet de «Le Monde Afrique». Dans son édition du 15 mars 2019, le journal français, citant une source au fait du dossier, écrit : «Les pays occidentaux sont exaspérés par le niveau de violence des forces camerounaises et, si Yaoundé refuse de dialoguer, les Américains envisagent des sanctions individuelles contre des personnalités du pouvoir (…) La France, qui a toujours été favorable au gouvernement, est embarrassée. Après sa réélection, Biya a fait croire aux Français qu’il procèdera à un remaniement gouvernemental en profondeur, duquel les faucons seraient exclus, ainsi qu’à la création d’une commission indépendante pour entourer des négociations avec les anglophones. La France a alors fait du lobbying pour freiner les chancelleries qui étaient sur une ligne plus dure. Mais force est de constater que le pouvoir a roulé les Français dans la farine».

Jean-René Meva’a Amougou

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