Cameroun-Union européenne : Du « rouge » à l’œuvre dans les parlements

À Strasbourg tout comme à Yaoundé, la colère se tasse dans les hémicycles, faisant jaillir des étincelles verbales autour de quelques actualités sociopolitiques au pays de Paul Biya.

Le siège du parlement européen à Strasbourg

C’est un débat à distance entre parlements. Depuis Bruxelles, l’organe législatif de l’Union européenne (UE) rougit face à ce qu’il considère comme l’attitude rétive de Yaoundé à calmer la situation sociopolitique actuelle au Cameroun. Dans les lignes de la résolution qu’ils adoptent le 18 avril 2019, les députés européens s’attaquent frontalement aux autorités de Yaoundé. À la vitesse de ridiculisation de celles-ci, Bruxelles brandit le drapeau rouge sur quatre thématiques (atteintes aux droits de l’homme, fraudes électorales, gestion de la crise anglophone, violences policières et arrestations arbitraires d’activistes politiques). Pour les parlementaires de l’UE, la situation est tellement grave qu’elle mérite d’« être portée à l’attention du Conseil de sécurité des Nations unies ».

Contre-feu
Catastrophés par ce manque d’épure communicationnelle, les parlementaires camerounais ne sont pas restés muets. Exaspéré par les sonneurs de glas européens, le Sénat camerounais, dans un communiqué que signe son président Marcel Niat Nji Fendji, déplore que la résolution «déroule une litanie de contre-vérités sur la situation sociopolitique et sécuritaire du Cameroun». Dans cette réplique écrite à l’«encre rouge», la chambre haute du parlement camerounais assure que l’État camerounais ne ménage aucun effort pour apporter des solutions idoines aux problèmes posés à travers les revendications syndicales et corporatistes.

À l’Assemblée nationale, les députés camerounais sont saisis d’une même tétanie. Cavaye Yéguié Djibril entreprend d’écrire lui aussi, au nom de ses collègues. Dans son communiqué de presse lu en fin de journal télévisé de la CRTV le 20 avril 2019, le président de la Chambre basse constate qu’en dépit d’évidences, le parlement de l’UE s’obstine à tirer à boulets rouges sur le Cameroun. À l’Assemblée nationale, les élus refusent d’assimiler la posture de Paul Biya dans sa gestion de l’actualité sociopolitique nationale à une étourderie ou à une incompétence.

«Dans la résolution du parlement européen, il se dégage l’impression que l’UE saute uniquement sur quelques dérivatifs de l’actualité nationale pour juger le Cameroun», affirme Mariam Goni. «Pensant ajuster l’horloge politique du président Biya à leur rythme, ces gens assènent, avec un air important, des idées reçues, des truismes, des lieux communs entendus à la télé ou dans la cour de récréation», appuie la député du RDPC du Logone-et-Chari, membre de la Commission des lois constitutionnelles et secrétaire générale du Réseau parlementaire Espérance jeunesse.

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