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Stéphanie Djomo Yepmo : Au carrefour de la vérité et du mensonge

Les sorties de la dame sur les plateaux de médias aux idéologies contraires laissent perplexe.

On dit Stéphanie Djomo Yepmo et une émission remonte immédiatement: «Paroles de femmes», diffusée le 3 novembre 2020 sur la chaine de télévision privée Equinoxe basée à Douala. Jurant ses grands dieux devant les caméras du média de Séverin Tchounkeu, Stéphanie s’est montrée vertigineusement habile à décrire les horreurs vécues par deux de ses enfants dans les forêts du Sud-Ouest, régentées par des bandes criminelles. Au sein de l’opinion publique, c’est l’effet d’un électrochoc. Pour le gouvernement, la charge est très violente. René Sadi, le ministre de la Communication, soupçonne Equinoxe TV d’avoir joué un rôle venimeux dans cette affaire. Stéphanie s’y prend les pieds et s’attire des foudres. Et pendant que la pluie des commentaires fait rage et inonde toute la toile, Stéphanie, tel un rideau qui bouge au rythme du vent, balance entre son intérieur et son extérieur dans le pénitencier de New-Bell. Dehors, tout se dit. Mais ce qui se dit le plus, c’est qu’on est en train de lui coller un procès pour surcharger la justice déjà bien à la peine, selon certains. 

Volteface

Le 19 novembre 2020, l’on répète Stéphanie Djomo Yepmo et l’on entend sa voix persuasive circuler sur les ondes de la Crtv. Devant les caméras du média d’État, elle apparait envahie par le remords. Elle reconnait avoir menti. Dans sa forme comme dans son fond, le mea culpa est beau, apaisant: «J’ai rejoint un groupe qui pleure les enfants du NOSO (Nord-Ouest et Sud-Ouest) et nous avons fait des sorties où on a pleuré dans plusieurs carrefours, jusqu’au jour où on nous annonce qu’on doit se retrouver à Equinoxe. C’est ainsi que je me retrouve sur le plateau d’Equinoxe et je partage cette histoire qui n’est pas vraie».

On peut l’écouter au casque, en boucle. Sauf qu’en accomplissant cet office, Stéphanie réinfecte encore l’opinion publique. L’heure est à l’épreuve de sang-froid. La presse s’en délecte. Dans les rendus respectifs de la Crtv et d’Equinoxe TV, l’on découvre que chaque personnel de service a désormais deux métiers: le sien, et celui d’échafauder une argutie convaincante en faveur de son employeur. Sur l’agora des réseaux sociaux, ce verbatim vaut à l’une et à l’autre chaine des tombereaux d’injures. 

Naïveté

En tout cas, le nom de Stéphanie Djomo Yepmo est désormais fiché dans les registres de la justice, quoi qu’en dise son avocat Me Cheik Ali Al Assad. Comme une actrice débutante dans la jungle d’Hollywood, les yeux pleins de rêves, la pleureuse professionnelle a débarqué sur la scène médiatique. En l’espace de quelques jours, la dame, quarantenaire, originaire des Grassfields, en est devenue la coqueluche. Sans doute, son caractère, où se côtoient culot et opportunisme, a émerveillé un microcosme médiatique toujours friand de produits nouveaux. Dans cette assomption médiatique justement, elle est celle-là qui arrive sur les plateaux, dans un univers saturé par la longévité des malentendus entre le pouvoir et Equinoxe TV par rapport à certains aspects liés à la crise anglophone.

Naïve, Stéphanie n’a pas compris que des rigidités idéologiques s’affrontent par médias interposés. Naïvement aussi, elle a accéléré là où d’autres temporisent, thésaurisent en prévision d’une carrière qu’ils inscrivent dans la durée. «Je n’avais jamais mis dans ma tête de me retrouver dans un plateau de télévision, ça ne m’avait jamais traversé l’esprit. Oui, je me suis retrouvé là. Je regrette, j’ai même très mal. J’en souffre énormément, de jour comme de nuit. Croyant bien faire, j’ai blessé», nous a-t-elle dit. Reste maintenant la question de savoir quelle sera sa mine lorsqu’Equinoxe TV «présentera sans délai, des faits qui apporteront la lumière sur cette affaire». On ne perd rien à attendre.

Jean-René Meva’a Amougou

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