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Étiquette : CEDEAO
Lutte contre la corruption : pour une meilleure gouvernance en Afrique centrale
Du 5 au 6 décembre prochain, les acteurs des secteurs publics et privés se réuniront à Yaoundé pour échanger sur la gouvernance et la lutte contre la corruption.
Véritable fléau en Afrique, la corruption est un phénomène qui est presque ancré dans les mœurs des pays de la Cemac. C’est ce que donne à voir l’Indice de Perception de la Corruption (IPC). Dans son édition 2022, celui présente la Guinée Équatoriale comme l’un des pays les plus corrompus d’Afrique, avec un indice de 17. Vient ensuite le Tchad (19 contre 20 en 2021) ; le Congo (20 contre 19 en 2021) ; la Centrafrique (24 en 2021 et 2022) ; le Cameroun (26 contre 27 en 2021) et enfin le Gabon (29 contre 31 en 2022).
Parce qu’aussi important, ce fléau constitue un frein majeur pour le développement socioéconomique de ces pays. D’ailleurs, apprend-on, la corruption concourt à l’amplification du taux de Flux financiers illicites. La situation perdure depuis des années et ne profite qu’à une poignée d’individus. Cela a un impact négatif sur la gouvernance.
Amenuiser cette situation dans la sous-région nécessite de prendre le taureau par les cornes. C’est précisément dans cette lancée que s’inscrit l’Ong Environment For Life. En collégialité avec le ministère des Relations extérieures du Cameroun (Minrex), elle organise du 5 au 6 décembre prochain un Forum sous-régional sur la gouvernance et la corruption. D’après Stéphane Nama, l’initiative découle du fait que «dans la pratique, les activités liées à la bonne gouvernance sont très peu utilisées dans les structures, qu’elles soient privées ou publiques».
Au cours de ces deux jours, il sera donc question de déconstruire la réalité apparente aujourd’hui imposée par les adeptes de la corruption. Pour la communicante, «il est inadmissible qu’on dise que c’est ancré dans nos mœurs, je ne pense pas que mal se comporter c’est quelque chose que nous devons promouvoir».
Pour cela, apprend-on, le Forum sera l’occasion idéale de débattre sur « la nécessité de communiquer sur les bonnes pratiques en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption, que ce soit dans le secteur privé, le secteur public et au niveau national et sous-régional».
Objectif ultime, trouver, à l’issue des échanges, des voies et moyens de barrer la voix au fléau, à l’effet de doper la gouvernance en zone Cemac. Ce qui, va permettre de «préserver les ressources qu’elles soient environnementales, qu’elles soient financières ou socioéconomiques pour que les générations futures puissent en jouir autant que les générations présentes» dixit la responsable de la communication de l’Ong.
Stratégie
Pour lutter contre la corruption, l’institution non gouvernementale ne mise pas que sur la dénonciation des corrompus. Elle compte donc, au cours de ces échanges, « encourager celles [les entreprises] qui ont du mal à véritablement implémenter des actions en la matière échanges sur les bonnes pratiques ».Elle envisage d’ailleurs d’aller au-delà des entreprises pour impliquer les plus jeunes, convaincus de leur rôle capital dans la lutte contre cette gangrène. La méthode est simple, mais vise des solutions durables. «Nous pensons que si très tôt, nous commençons déjà à investir sur la jeunesse, à leur dire dès le bas âge que ce genre de pratique n’est pas bon pour les générations à venir, on pense que les projets de développement seront plus porteurs. », détaille le cadre de Environment For Life.
Joseph Julien Ondoua Owona
Électrifier l’Afrique de l’ouest et du centre pour un avenir plus lumineux
Si le niveau d’électrification du Sénégal est l’un des plus élevés d’Afrique de l’ouest avec un taux d’accès de 80%, de nombreux pays du continent font face à une véritable crise énergétique.
En effet, 220 millions de personnes – soit près de la moitié de la population de la région – n’ont pas accès à l’électricité, limitant ainsi leur capacité d’entreprendre ou d’accéder à des services d’éducation et de santé adéquats. Pour atteindre l’accès universel à l’électricité, le rythme d’électrification en Afrique de l’Ouest et du Centre doit tripler d’ici à 2030.
L’accès à une énergie abordable, fiable et durable constitue une condition essentielle pour améliorer la qualité de vie de chacun et aussi une nécessité pour transformer le continent.
La bonne nouvelle, c’est la révolution amorcée dans le domaine de l’accès à l’énergie hors réseau dans nos pays. Lors de l’Appel à l’action de Dakar du 7 juillet 2022 à l’occasion de l’IDA 20, les dirigeants africains ont exprimé un engagement fort en faveur de l’accès universel à l’énergie et ont rappelé l’importance d’une transition juste et équitable pour le continent. Dans ce contexte, les pays africains comptent utiliser notamment leurs ressources en gaz naturel comme énergie de transition pour atteindre les objectifs d’accès universel à l’électricité à moindre coût tout en facilitant la création d’emplois.Avec un pétrole à prix élevé, l’Afrique reste dépendante des énergies fossiles surtout que les subventions aux carburants ont fortement augmenté, pesant lourdement sur le budget des États. La mauvaise qualité de la fourniture d’énergie figure en tête des préoccupations en matière d’évaluation du climat d’investissement et entrave la numérisation des économies. Le doublement des financements annuels de la Banque mondiale dans le secteur de l’énergie au cours des trois dernières années a permis des améliorations significatives dans les états fragiles.
Par exemple, en République centrafricaine (RCA), un nouveau parc solaire de 25 Mégawatts avec batterie de stockage alimentera en électricité 250 000 personnes, doublant sa capacité de génération électrique. Ce parc solaire remplacera plus de 90% de l’énergie actuellement générée par diesel, représentant une économie annuelle de 4 millions de dollars en coûts de combustibles pour le gouvernement. La mise en service d’une centrale solaire de cette envergure en RCA, ainsi que de cinq mini-réseaux et de l’électrification de plus de 600 écoles et hôpitaux ainsi que de 50% des foyers d’ici 2030, est source d’espoir pour d’autres pays.Un autre exemple d’investissement à grande échelle dans le solaire, à savoir le projet régional d’intervention urgente dans le secteur de l’énergie solaire, propose un modèle d’appel d’offres concurrentielles pour augmenter l’accès à l’électricité pour des millions de consommateurs au Tchad, Liberia, Sierra Leone et au Togo, en stimulant la capacité énergétique renouvelable connectée au réseau, ainsi que la transmission et les interconnexions régionales.
Atteindre un accès universel à l’électricité en Afrique subsaharienne nécessitera plus de 200 milliards de dollars de financements avec un rôle essentiel de l’investissement privé. Pour y parvenir il est impératif de renforcer les cadres réglementaires et de développer des compagnies d’électricité financièrement solides.
Au Nigéria, la plateforme DARES (Distributed Access through Renewable Energy Scale-Up Nigeria) vise à étendre l’accès en développant les énergies renouvelables, tout en levant plus d’un milliard de dollars de financement privé pour donner accès à l’électricité à plus de 15 millions de personnes.
Le Sénégal quant à lui a signé en juin 2023 avec ses partenaires, notamment l’Allemagne, le Canada, la France, le Royaume Uni et l’UE un Just Energy Transition Partnership (JETP), au titre duquel le pays s’est engagé à porter de 31 à 40% la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici 2030 avec l’accompagnement des partenaires (mobilisation de 2,5 milliards d’euros en financements nouveaux et additionnels sur une période initiale de 3 à 5 ans).
Parmi ces projets, celui relatif à l’extension de l’accès à l’énergie permet au pays d’améliorer la résilience des infrastructures publiques essentielles, telles que les écoles et les centres de santé, ainsi que de développer les petites et moyennes entreprises en les connectant au réseau, ou à des centrales solaires off-grid.Par ailleurs, le pays progresse dans la mobilisation des financements des secteurs public et privé pour soutenir ses objectifs d’expansion d’accès à l’énergie. Des investissements supplémentaires se concentrent à présent sur la réduction des écarts et le raccordement de tous au réseau.
Faciliter le commerce de l’énergie au niveau régional pour faire baisser les coûts et offrir un accès plus large et plus fiable constitue une priorité. À cet égard il faut saluer le lancement réussi de l’interconnexion des réseaux électriques de 14 de ses 15 pays membres de la CEDEAO, une initiative comportant de nombreux avantages dans le cadre du système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain (EEEOA). La Guinée-Bissau devrait rejoindre prochainement cette interconnexion pour en tirer les avantages en termes d’accès à une énergie régulière et fiable.
L’accès universel à une énergie abordable est essentiel pour améliorer les conditions de vie des populations africaines et faciliter davantage le fonctionnement des services sociaux. Il est indispensable pour la transformation structurelle des économies, stimulant ainsi la compétitivité et la création d’emplois. L’utilisation appropriée de l’expertise et des ressources de la Banque mondiale dans le cadre d’une coopération élargie aux institutions bilatérales et multilatérales en collaboration étroite avec les pays de la sous-région constitue un gage pour l’électrification accélérée de notre continent – un message important à la veille de la COP28.Macky Sall, président de la République du Sénégal et Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre
Tensions Mali-Côte d’Ivoire : la Cedéao en sapeur-pompier
Les Maliens ont eu une oreille attentive sur le sommet extraordinaire organisé par l’institution communautaire de l’Afrique de l’ouest le 22 septembre 2022 à New York. En marge de l’Assemblée générale de l’Onu.
Le climat est nuageux entre le Mali et la Côte d’Ivoire. La pomme de discorde est la question des 46 soldats ivoiriens détenus depuis le 10 juillet dernier au Mali. Le gouvernement ivoirien a entrepris des démarches et des négociations pour la libération de ses nationaux. Les tentatives se sont soldées par des échecs. Puisque le gouvernement malien qualifie ces soldats de «mercenaires». Pour décrisper l’atmosphère très délétère entre les deux pays frères, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) s’est saisie du dossier. Sous la houlette du président de la Guinée-Bissau et président en exercice de la Cédéao, Umaro Sissoco Embalo. Il a profité de la 77ème Assemblée générale de l’Onu pour discuter avec ses pairs sur les tensions ivoiro-maliennes. Une initiative louable et appréciée par les ressortissants maliens vivants à Yaoundé. D’ailleurs Touré, responsable des Maliens fait savoir que «nous les Maliens et les Ivoiriens vivent en parfaite harmonie ici au Cameroun. Nous menons toutes les activités ensemble. Les Maliens, Ivoiriens et Burkinabés se sont chargés comme un peuple de la Cédéao», explique-t-il.
L’incident survenu entre l’Etat ivoirien et malien au sujet des soldats ivoiriens est pris comme «une brouille diplomatique». Une brouille dont l’issue favorable repose sur les pourparlers. « Les paires de la Cédéao vont plancher sur ce problème aujourd’hui. Puisqu’il y a deux sujets sur la table. La junte de la Guinée et du Mali. Je croise que les paires de la Communauté vont trouver des solutions à travers des négociations et des tractations pour sortir de l’impasse», espère Traoré du Mali. Et de poursuivre : « Même s’il y aura des désaccords sur certains points, tôt ou tard, les autorités de la Cédéao et les deux protagonistes vont trouver une voie de sortie de cette crise qui dure déjà depuis quelques mois. C’est notre souhait.
Transparence et sincérité
Selon les Maliens, les assises qui se tiennent à New York doivent se tenir dans la transparence et la sincérité. La Cédéao doit faire preuve d’impartialité et d’objectivité dans la gestion de cette crise. « Elle doit tout faire pour éviter toute escalade entre les deux États », souligne un Ouest-Africain. Et d’ajouter : « elle devra penser par elle-même et non par procuration pour contenter les intérêts de certaines puissances étrangères. Elle devra prendre des décisions qui arrangeront les deux partis pour la libération des soldats. Et éviter de se présenter comme une institution communautaire aux ordres, dont le rôle est d’infliger des sanctions ».
Le responsable de la communauté malienne à Yaoundé souligne en outre que « les États africains doivent se battre pour raffermir leurs liens historiques, culturels, géographiques pour être plus forts face aux adversaires communs qui sont les terroristes et certaines puissances étrangères dont le mais est de diviser pour mieux régner ».
Olivier Mbéssité
Jeanne Danielle Nlaté: «Pour la Fotrac 2022, on est bien parti pour un bal CEEAC-CEDEAO»
La présidente du Réseau des femmes actives de la Cemac (Refac) fait le point des préparatifs de la Foire transfrontalière annuelle d’Afrique centrale prévue du 28 juillet au 6 août 2022 dans la zone des trois frontières à Kyé-Ossi, Bitam et Ebibeyin
Journal Intégration: Quelles sont à ce stade les grandes étapes de l’organisation déjà franchies?
Jeanne Danielle Nlaté: À moins de deux mois, puisque la Fotrac commence le 28 juillet 2022, on peut dire que nous sommes à 75%. Nous avons eu la confirmation de plusieurs partenaires, institutionnels notamment. Déjà d’office le ministère du Commerce (Mincommerce) avec lequel nous travaillons. Et puis les entreprises parapubliques et publiques. Au niveau de la sous-région, on a la CEEAC avec le Projet d’appui aux frontières-GIZ et le Bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale (Unoca). D’autres sont encore attendus. Nous avons sollicité les grandes institutions bancaires, les banques de développement bien sûr. On attend et, en même temps, on est dans la mobilisation des participants.Justement, comment se présente la mobilisation?
On a déjà enregistré la confirmation de la participation des pays de l’Afrique de l’Ouest. Il y en a déjà sept. On est bien parti pour un bal CEEAC-Cedeao avec une majorité sénégalaise. Puis le Togo, la Côte d’Ivoire et le Benin.Qu’en est-il des délégations du Refac censées venir de différents pays?
En principe, avec l’appui de la GIZ au Programme frontières, on pourrait avoir les onze pays de la CEEAC, en plus des experts venus de Guinée, du Mali. Ce sont des experts des questions de médiation. Parce que nous parlerons certes de la Zlecaf, du commerce intra régional, de la facilitation des échanges, des problèmes enregistrés le long des corridors, des difficultés à franchir les frontières, des questions de visas, mais on abordera également les questions de négociation et de médiation. Nous avons prévu une formation des médiateurs et médiatrices au profit des jeunes et des femmes aux frontières.Est-ce que tout est déjà au point au plan administratif pour que les difficultés de libre circulation des délégations ne soient plus à l’ordre du jour?
On avait eu la grâce d’avoir en face les différents gouverneurs et préfets des trois pays. Et le plaidoyer est monté très haut. Ce qui fait qu’au retour, l’année dernière, toutes les barrières étaient levées. Nous pensons que cela a fait tache d’huile et que cette fois-ci, on pourra éviter cela.Mais déjà pour anticiper et prévoir ces désagréments, on a pensé que les participants venus des pays étrangers vont se retrouver trois jours avant à Yaoundé, et nous partiront en cortège. Ils visiteront la ville, échangeront avec les artisans, PME et autres opérateurs qui n’ont pas la possibilité de se déplacer. Autrement dit, on intègre l’aspect tourisme, découverte et visites des marchés.
On ne va pas dire que la route n’est pas en bonne état entre Ébolowa et Yaoundé, même si c’est une réalité. Mais on ne veut pas qu’ils partent avec une image désastreuse du Cameroun. On va donc passer trois jours à Yaoundé, et le départ se fera ensuite en groupe les 27 et 28 juillet.
Qu’est-ce qui a été arrêté à la dernière réunion préparatoire de Kyé-Ossi?
Les autorités se sont montrées favorables. Celles locales se sont mobilisées sous la houlette du préfet qui a présidé la réunion. Les autorités gabonaises ont aussi déclaré être prêtes à accueillir de leur côté, comme l’année dernière, la manifestation.
Pour ce qui est de la Guinée Équatoriale, on a rencontré le consul à Ébolowa. Il a indiqué que l’édition 2021 qu’il a vécue était une très bonne expérience. Et qu’il mettrait un point d’honneur à transmettre toutes les correspondances à sa hiérarchie. Donc, nous attendons officiellement qu’il se manifeste.Quelles sont les grandes mesures d’accompagnement dont vous bénéficiez de la part du gouvernement camerounais?
Nous avons déjà l’appui institutionnel du gouvernement qui est immense. Parce qu’il y a un arrêté du Premier ministre depuis 2012 instituant un Comité ministériel élargi au secteur privé. La seule difficulté, c’est les moyens financiers de fonctionnement. On a également l’engagement du Mincommerce, Luc Magloire Mbarga Atangana qui saisit ses homologues des pays voisins. C’était encore le cas récemment avec le ministre de la RDC qui a souhaité être notifié officiellement parce que ça l’intéresse. Nous sommes également en attente. Mais on sait déjà que pour l’Afrique centrale, la RDC est le pays à l’honneur. Ce sera le Sénégal pour les pays de la Cedeao.Nous avons par ailleurs un appui financier conséquent du Mincommerce. Ce qui fait que nous bénéficions d’un appui institutionnel, technique et financier du gouvernement du Cameroun.
Interview menée par
Théodore Ayissi Ayissi
Transition au Mali : Les militaires dribblent la CEDEAO
Avec deux militaires à la tête de la transition dont l’ex-ministre de la Défense Ba Ndaw désormais président de la République pour la période de transition et le colonel Assimi Goïta, en qualité de vice-président ont prêté serment le 25 septembre prenant à contrepied les désidératas de la CEDEAO.
Le Colonel major à la retraite et ex-ministre de la Défense Ba Ndaw est président de la République du Mali depuis 13 heures ce 25 septembre et pendant les 12 ou 18 prochains mois. Il a prêté serment devant le Conseil constitutionnel. À la clé de cette transition, l’organisation des élections générales (présidentielles, législatives, voire municipales).
À la vice-présidence, le colonel Assimi Goïta, nouvellement investi, se trouve en position de force. Il était jusque-là le chef de l’État du Mali, car à la tête de la junte militaire, le Conseil national du salut du peuple (CNSP), depuis le coup d’État du 18 aout 2020. Cette désignation a déjà attisé les suspicions des dirigeants de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
À Accra au Ghana le 7 septembre dernier, les chefs d’État ont exclu un vice-président militaire qui aurait plus de pouvoir que le président de la transition. En plus, le vice-président de la transition ne devrait pas pouvoir remplacer le président de la transition ni être candidat aux élections présidentielles à venir. Selon le plan de transition retenu par la junte pourtant, le vice-président peut remplacer le président en cas de destitution. Or, le leadeur du coup d’État du 18 aout dernier ne semble pas prêt à faire la figuration au cours de cette transition. Notamment dans le choix des femmes et hommes du gouvernement de transition. La suite réserve donc plusieurs développements.
Bras de fer
Pour l’heure, la Cedeao maintient les sanctions. Elle exige la nomination d’un Premier ministre, chef du gouvernement qui sera un civil. Ce après quoi les sanctions seront levées. La Cedeao demande en outre la dissolution de la junte et du CNSP. Le communiqué de la Cedeao a été lu par le président de la commission le 25 septembre dernier après l’investiture. Jean-Claude Kassi Brou a confié que la Cedeao « prend acte de l’investiture ». Mais c’est sûr, elle ne s’en contente pas.
La prochaine étape est donc la nomination du gouvernement de transition. Elle permettra de savoir s’il s’agit d’un duo à la tête du pays comme le craignent les observateurs et certains leadeurs de la Cedeao. Selon l’étendue des prérogatives accordées au vice-président, on sera très vite fixé. Autre indicateur, la répartition des postes et responsabilités qu’il y aura entre les proches du président, les militaires, les membres du mouvement du 5 juin, la société civile, on pourra très vite deviner. Les observateurs et certains chefs d’État craignent que le vice-président soit le vrai leadeur de la transition.
C’est fonction de cette verticalité inversée ou de cette horizontalité à la tête du Mali que les chefs d’État de la Cedeao vont décider d’alléger ou non, d’annuler ou non les sanctions envers le Mali. Cette levée des sanctions est nécessaire pour desserrer l’étau d’asphyxie qui pèse sur le pays. En pleine instabilité politique, en pleine crise économique et en période de crise sanitaire, le Mali est sous-alimenté en produits de première nécessité depuis les sanctions imposées par la Cedeao. Le Mali est un pays d’hinterland sans littoral qui dépend de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et de la Guinée pour ses opérations commerciales. La Cedeao a imposé un embargo sur les flux commerciaux et financiers avec le Mali deux jours après le coup d’État du 18 aout, pour obtenir un retour à l’ordre constitutionnel.
Bobo Ousmanou
Mali : le calendrier clé en main de la CEDEAO
C’est finalement une affaire d’importation de solutions à la crise qui se joue entre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et la junte militaire au pouvoir à Bamako (Mali). Le sommet du 7 septembre dernier a, une fois de plus, été le marqueur d’un déni de solutions endogènes à la situation politique malienne.
Le Mali est un pays particulier (comme tous les autres). Mais cette singularité doit être reconnue et prise en compte dans la résolution des crises comme celle en cours. Visiblement, les chefs d’État de la Cedeao n’en perçoivent pas la pertinence.
Culturellement, le rapport à la souveraineté du peuple est ancien au Mali. Dès le moyen âge africain, entre les années 1200 et 1400 (XIIIe et XVe siècles), le royaume du Mali appliquait déjà des actions de redevabilité (accountability) et d’expression des avis du peuple sur la gestion de la cité. Dans les gènes de ce peuple, il existe une détermination particulière à se faire entendre par les dirigeants lorsque le politique devient sourd.Du point de vue sécuritaire, l’inclusion (sociale et spatiale) demeure un défi. La stabilité n’a toujours pas été retrouvée depuis 2013. La moindre précipitation sur un ordre politique déséquilibré, qui n’est pas pleinement légitimé par la volonté de l’ensemble des parties prenantes (classe politique, société civile, militaires, indépendantistes), serait une étincelle dévastatrice pour l’ensemble de la région.
Passage en force
C’est la résolution numéro 16 du communiqué final ayant sanctionné les travaux en présentiel, lors de cette 57e session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao. Elle s’est tenue à Niamey au Niger.Pour les Chefs d’État, il y a lieu de rétablir «l’ordre constitutionnel dans ce pays, avec une transition politique dirigée par un président et un Premier ministre civils pour une période de douze (12) mois».
En d’autres termes, les dirigeants devant conduire l’intérim auront une année civile pour l’organisation des élections générales dans le pays. Cette consultation populaire conduira à la désignation d’un président de la République élu, d’un parlement élu et, par ricochet, d’un gouvernement désigné par le nouvel exécutif.
Fast and Furious
Au moment où les discussions sont des plus âpres au Mali avec le nouvel ordre dirigeant (militaires) organisé au sein du Conseil national de salut du peuple (CNSP), les chefs d’État de la Cedeao choisissent d’accélérer le mouvement. En effet, ils offrent huit (8) jours à l’ensemble de la classe politique malienne afin que soient désignés le Président et le Premier ministre de transition. Le communiqué final indique: «la conférence demande que le Président et le Premier ministre de la transition, tous deux civils, soient désignés au plus tard le 15 septembre 2020». Au moment de la rédaction de cet article, le compteur affiche quelque 4 jours et heures. Autrement dit, presque pas de place à la tergiversation et donc à la discussion, aux négociations, aux concertations.Fondamental
En ne visant que la face visible de l’iceberg, l’essentiel des mesures s’éloigne du centre de gravité ayant conduit au renversement de l’ordre constitutionnel. Les conditions de vies des populations maliennes et la gouvernance sont une fois de plus sacrifiées sur l’autel du tout politique.Dans cette volonté d’asphyxie de la junte militaire, les sanctions décidées le 20 août restent en vigueur. Le Mali, pays sans littoral, est coupé de ses fournisseurs en denrées alimentaires et sanitaires. La conjoncture marquée par la pandémie mondiale à coronavirus et le regain de diffusion du virus est une autre inconnue.
Rémy Biniou
Eco : Et c’est reparti pour 5 ans!
L’insuffisante harmonisation macroéconomique autour des critères de convergence ainsi que la suspension de ces critères pour assurer la relance économique post Covid-19 obligent le report à moyen terme du lancement de la monnaie unique de l’Afrique de l’Ouest.
La crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus a non seulement creusé les déficits macroéconomiques (déjà existants) des États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), mais il faudra davantage creuser ces déficits pour assurer le financement des plans de relance économique post Covid-19. Bien avant, tous les États n’ont pas ramené leurs données macroéconomiques au niveau des critères de convergence de la Communauté. Ces critères de convergence indiquent le niveau autorisé de déficits dans la communauté économique.
Globalement, voilà l’environnement économique dans lequel l’Afrique de l’Ouest vient de refuser de lancer sa monnaie commune, l’Eco. Le communiqué final de la 57e session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao, tenue à Niamey (Niger) le 7 septembre 2020, indique que la Conférence a décidé de «différer, à une date ultérieure, le lancement de la monnaie unique».
Covid-19
La pandémie de la Covid-19 aura finalement accéléré le mouvement social au Mali et déstabilisé les institutions. Elle aura entrainé des pertes en vies humaines, l’aggravation de la pauvreté, le regain de la menace sécuritaire et l’augmentation des déficits. L’Afrique de l’Ouest est clairement frappée de plein fouet par les répercussions de la crise sanitaire actuelle.
Pour s’en relever, les chefs d’État d’Afrique de l’Ouest décident d’«exempter les États membres du respect des critères de convergence macroéconomique en 2020», souligne le communiqué final. La mesure vise à permettre aux États de s’endetter pour financer les plans de relance post pandémique. Dans cette perspective, ils ont «lancé un appel aux partenaires en vue d’une augmentation du soutien accordé aux États membres de la Cedeao». Il faudra aussi faire «les réformes économiques nécessaires pour assurer la reprise de leurs économies».
Les experts de la Banque africaine de développement, lors de la présentation du rapport sur les «perspectives économiques régionales en Afrique de l’Ouest 2020», avaient indiqué que l’Afrique de l’Ouest aurait besoin des mesures énergiques pour se relever de cette situation. Selon les scénarios d’une reprise en forme de V, W ou U, le moyen terme (4-5 ans) pourrait être envisagé.
Énième feuille de route
Les chefs d’État concluent qu’une feuille de route sera nécessaire pour le chantier monétaire. Une nouvelle feuille de route, après celle révisée de 2019 et les précédentes qui ont eu cours dans les décennies précédentes.
Ladite feuille de route intègre la redéfinition «d’un nouveau pacte de convergence et de stabilité macroéconomique». Un projet à envisager sur le moyen terme (5 ans) pour les plus optimistes. Car il faudra déjà le concevoir, le discuter avec les États, les partenaires techniques et financiers, le mettre en œuvre et en tirer les premiers résultats. Dans ce sillage, la commission de la Cedeao est tenue de «travailler avec les banques centrales, les ministères des Finances, l’AMAO et l’IMAO, en vue de la mise en œuvre de la feuille de route révisée pour le programme de la monnaie unique».
Ce n’est pas un adieu!
Bobo Ousmanou
Monnaie unique Cedeao : Une histoire d’atermoiements
Le projet au cœur de la naissance de la dynamique d’intégration en Afrique de l’Ouest demeure un serpent de mer.
2020 symbolisera un rendez-vous manqué de plus pour la naissance de la monnaie unique ouest-africaine. Les États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) trainent deux décennies de report du lancement d’une monnaie devant les trois zones monétaires qui squattent la région à savoir l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (Uemoa) et son franc CFA (le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Togo et la Guinée-Bissau), la ZMAO et ses devises (cédi au Ghana, dalasi en Gambie, dollar libérien au Liberia, franc guinéen en Guinée, leone en Sierra Leone et naira au Nigéria) et le Cap-Vert dont la monnaie, l’escudo, n’appartient à aucune des deux unions monétaires.
Si en 2020, les questions de géopolitique ont largement dominé et ont conduit les ministres des Finances de la Zone monétaire d’Afrique de l’Ouest (ZMAO) à conclure que le processus de transformation du FCFA en Eco ne respectait pas la feuille de route définie par les chefs d’État, il faut également souligner l’incidence générée par la crise sanitaire liée à la Covid-19 sur les économies. Des économies en état d’impréparation structurelle à accueillir cette monnaie, car très peu respectueuses des règles de la surveillance multilatérales qui créent un dominateur commun d’homogénéisation.
Évolution
L’histoire des renoncements débute en réalité avec la création de la Cedeao. Dès 1972, le président togolais, Gnassingbé Eyadema, et son homologue du Nigéria, le général Yakubu Gowon, entreprennent une tournée destinée à promouvoir l’idée d’une intégration sous régionale en Afrique de l’Ouest. En 1975, leurs efforts débouchent sur le traité de Lagos et la création de la Cedeao. Au début des années 1980, les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté posent les bases d’un processus d’intégration monétaire.
Pour structurer ce projet, la ZMAO est créée en 2000 pour se rapprocher de l’Uemoa qui, elle, a vu le jour en 1994. En 2001, la Cedeao adopte le mécanisme de surveillance multilatérale des politiques économiques et financières des États membres. Objectif: le respect d’un ensemble de critères de convergence macroéconomiques, susceptibles de contribuer à homogénéiser les économies de la région.
Après trois reports successifs, en 2003, 2005 et 2009, les autorités ouest-africaines renoncent finalement, en juillet 2014, à lancer l’Eco en janvier 2015 au sein de la Zone monétaire d’Afrique de l’Ouest. Raison invoquée: Le niveau insuffisant de préparation et de convergence économique au sein de la ZMAO.
Finalement, c’est en 2018 que les discussions vont reprendre en vue d’un lancement en 2020. Une feuille de route révisée est adoptée en 2019 à cet effet. Elle est intransigeante et fort ambitieuse. Elle indiquait que seuls les pays qui respecteront les critères de convergence dits de premier rang avant 2020 (déficit budgétaire limité à 3% du PIB, une inflation à 10% maximum et une dette inférieure à 70% du PIB) participeront à la monnaie unique.
Enfin de compte…
Bobo Ousmanou
Eco – FCFA/Convergence : Buhari détricote Ouattara
La Cedeao se prépare à mettre sur pied une nouvelle architecture de la surveillance multilatérale. C’est l’une des décisions majeures de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement du 7 septembre dernier. C’est aussi et surtout un gage technique pour la réalisation du chantier monétaire en Afrique de l’Ouest.
C’était le principal argument du chef d’État ivoirien qui justifiait techniquement et triomphalement le passage du FCFA à l’Eco et son lancement en 2020. Un argument convergent avec la feuille de route révisée de 2019 qui indiquait que seuls les pays ayant été disciplinés dans le respect des critères de convergence pourraient prendre part au lancement de la monnaie unique ouest-africaine, initialement prévue pour le 3e trimestre 2020. Avec la Banque de France, la zone franc et le FMI comme épée de Damoclès, les pays de l’Uemoa sont très studieux (mais toujours bons élèves) dans le respect des critères de convergence qui ressortent même (chose rare) dans le traité de création de l’organisation.
Ce tacle technique sur les critères de convergence, le Nigéria de Buhari (très mal en point économiquement depuis la crise des matières premières de 2014) n’avait pas encore, jusqu’au 2e trimestre 2020, pu contrecarrer et riposter. D’autant plus que Paris, en initiant un rapprochement avec Accra tout au long de l’année 2019 (invitation à Paris, mise à l’honneur, accords économiques), avait engagé son projet «isolement du Nigéria».
Il aura fallu la rencontre des chefs d’État de la ZMAO en juin 2020 pour décider d’aplanir les divergences entre la dynamique FCFA et celle de la Cedeao. Car quelques mois auparavant, le 16 janvier, les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des pays de la ZMAO, réunis en conseil de convergence, avaient «pris note avec préoccupation» du passage du FCFA Uemoa à l’Eco d’ici 2020 comme indiqué en décembre 2019 par Ouattara. Ils avaient indiqué, dans le communiqué final, que «cette décision n’est pas conforme» avec la démarche des chefs d’État.
Le mandat à venir du chef d’État ivoirien réserve des défis sur ce chantier où le Nigéria semble reprendre la main!
BO
Coup d’État au Mali : Umaro Sissoko coud un costume à Ouattara et Condé
Le tout nouvellement élu président bissau-Guinéen Umaru Sissoco Embaló fait les choux gras de la presse africaine. Au cours du sommet extraordinaire de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) du 20 août 2020 consacré au coup d’État au Mali, il s’est illustré par une particulière appréciation de la notion de coup d’État.
Estimant au préalable qu’un coup d’État est forcément condamnable, il a invité ses pairs à condamner tous les coups d’État, sans exception. Pour le tombeur de Domingos Simões Pereira lors de l’élection de février 2020, les projets de troisième mandat anticonstitutionnel sont aussi des coups d’État et on ne peut pas les laisser prospérer impunément. «Donc, si on doit condamner la junte malienne du CNSP pour avoir fait un putsch, il faut également condamner Alpha Condé et Alassane Ouattara», a-t-il lâché en plein huis clos des chefs d’État. «Les présidents Buhari et Sall ont éclaté de rire, tandis que Condé et Ouattara sont devenus verts de rage, face à l’audace du jeune président bissau-guinéen», indique Mediapart.
Crise de respect
À l’origine de cet affront, un manque de respect. À en croire jeune Afrique, le président de la Guinée-Bissau n’a toujours pas digéré le dédain des présidents ivoiriens et guinéens envers sa personne. Les deux personnalités ont clairement affiché leur soutien à l’adversaire de Umaro Sissoko. Cette attitude se serait poursuivie après l’investiture du champion de la présidentielle de 2020, lui qui avait déjà reçu les soutiens de Macky Sall, Muhammadu Buhari et même de Denis Sassou Nguesso en Afrique centrale.Lorsqu’Alassane Ouattara, voulant réagir, lui oppose un «filston» pour rabattre le caquet à son pourfendeur, Umaro réplique «Il n’y a pas de fiston ici… Il y’a des Chefs d’État qui sont tous égaux. Et j’entends assumer pleinement la souveraineté de mon pays».
Bobo Ousmanou
Action humanitaire non gouvernementale au Cameroun : Le temps de l’«acceptation diplomatique»
Selon la chancellerie française à Yaoundé, l’offre de service reste chevillée à l’évolution de la crise sanitaire de la Covid-19.
Signature de l’arrangement d’établissement entre la Fondation Ad Lucem et le gouvernement «Arrangement d’établissement» ; pour une certaine opinion, le concept est neuf. Pour les spécialistes des questions diplomatiques, il est symboliquement fort. Raison : «il confère un statut de nature diplomatique, équivalent à celui d’une ambassade ou d’une représentation d’organisation internationale», souligne Daniel Nkomba, internationaliste. En abordant les actualités récentes au ministère camerounais des Relations extérieures (Minrex), l’on dira que le gouvernement vient d’ouvrir l’espace de la «diplomatie humanitaire» à deux institutions.
A Yaoundé le 14 août dernier, Lejeune Mbella Mbella et Henry Njakoi ont signé un arrangement d’établissement liant l’Etat du Cameroun à Nascent Solutions. Désormais, l’ONG américaine (financée à hauteur de plusieurs milliards FCFA depuis 2005 par le gouvernement des USA et d’autres organismes internationaux) est officiellement libre de mettre en œuvre son programme international «Aliments pour l’éducation et nutrition pour enfants dans diverses communautés des régions de l’Adamaoua, de l’Est, du Nord et du Nord-Ouest du pays.
Avant Nascent Solutions, le Minrex a renouvelé, le 12 août 2020 à Yaoundé, l’arrangement d’établissement de la fondation Ad Lucem (FALC). Signé pour la première fois le 11 juin 2012, le document encadrant la collaboration entre l’État du Cameroun et cette fondation reconnue d’utilité publique le 30 août 1968 comporte désormais une innovation. En effet, l’article 17 de l’arrangement d’établissement entre les deux parties permet désormais «d’accélérer et de faciliter les prochaines démarches de la fondation médicale Ad Lucem en vue du renouvellement du présent arrangement».
Aux yeux des observateurs, l’Etat du Cameroun amorce ainsi la construction d’un outil diplomatique non gouvernemental pour accompagner sa politique sur le terrain. Bien sûr, tout cela est encadré , nuance Daniel Nkomba. Il ajoute : «Avec un arrangement d’établissement, les ONG restent des partenaires plutôt discrets qui n’ambitionnent pas de peser sur la politique nationale mais privilégient les interventions ponctuelles et soigneusement ciblées. L’Etat gère lui-même son espace de souveraineté». En écho, la déclaration du ministre de l’Administration territoriale du 9 mars 2020 à Yaoundé. Ce jour-là, Paul Atanga Nji dénonçait les ONG conspiratrices des institutions républicaines.
Jean-René Meva’a Amougou
Mali : les organisations d’intégration sont-elles si déconnectées?
Les organisations d’intégration régionale en Afrique sont-elles la propriété des États ou des peuples d’Afrique?
Le renversement de l’ordre constitutionnel au Mali le 18 aout dernier a fait ressortir les vieilles recettes de l’Union africaine (UA), de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et, dans une certaine mesure, de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Après avoir condamné le coup d’État, ces organisations africaines ont tout de suite exigé le rétablissement dans leurs fonctions du président et du gouvernement maliens. Pour imposer leur volonté, l’Union africaine et la Cedeao ont suspendu le Mali. Les États membres de la Cedeao ont, en plus, fermé leurs frontières avec ce pays. Un embargo, doublé d’une isolation, qui a pour objectif de tordre la main à la junte militaire en l’asphyxiant et réduisant ses marges de manœuvre. C’est à se demander si les États membres de ces organisations prennent en compte les causes profondes de la désobéissance militaire.
Appréciation questionnée
S’il est admis que rien ne justifie une prise de pouvoir par d’autres moyens que ceux prévus par la constitution, le besoin d’imposer un régime muselé par la rue est tout aussi malsain que l’attitude décriée en début de phrase. Les militaires ont illégalement acquis le pouvoir au Mali. Soit! Mais, on omet de dire qu’il s’agit ni plus ni moins d’une jambe en bois pour penser l’embrasement d’une société en putréfaction continue depuis plusieurs mois. La rue a en réalité pris le pouvoir au Mali. Le pouvoir et le chef d’État ont été rendus inaudibles sur la scène nationale et internationale. D’où les quatre médiations engagées par la Cedeao, sans succès, il faut bien le préciser. Même Paris n’a pas su protéger Ibrahim Boubacar Keita et son régime. C’est dans l’objectif de rompre la radicalisation et éviter un bain de sang que ces militaires sont intervenus. On peut ne pas être d’accord avec le procédé, mais l’action de la junte a peut-être permis d’éviter le pire.
Cette analyse n’est pas la plus populaire. Mais si on peut valider partiellement l’argumentaire, on peut soupçonner l’Union africaine et la Cedeao de se tromper dans l’appréciation de cette situation en voulant à tout prix imposer et re-introniser un ordre gouvernant déchu. Cette option ne va-t-elle pas définitivement embraser le pays et causer plus de problèmes qu’elle ne veut résoudre?
Crédibilité menacée
Au service de qui sont les organisations d’intégration africaine? Des États ou des peuples? Ces organisations sont-elles des clubs qui défendent les intérêts des chefs d’État?
L’échec des tentatives de médiation de la Cedeao n’est-il pas assez éloquent pour convaincre que la solution à la crise sociopolitique malienne passe par des réformes socioéconomiques ambitieuses qui ramènent la quiétude. Un gouvernement d’union nationale n’est qu’un pansement de vétérinaire sur une blessure d’humain. Le coup d’État actuel l’est tout autant.
Le malaise sécuritaire rajoutera de l’allant à cette vague de mécontentement. Le ras-le-bol est profond.
Les exigences légitimes, mais incompréhensibles de la Cedeao (qui est en première ligne) pourraient lui coûter sa crédibilité et sa légitimité auprès du peuple malien, étant entendu bien sûr que les contestataires ne sont pas «le peuple». Ne serait-il pas judicieux de travailler à une concertation profonde, neutre et élargie qui accoucherait d’un consensus national de renaissance du Mali?
Les organisations d’intégration régionale sont des excroissances du peuple souverain qui a confié son pouvoir à des représentants qui l’exercent en lieu et place. Ces entités supranationales sont ainsi à son service et devraient avant toute chose prioriser son intérêt supérieur. Tel est le gage du passage d’une intégration des États à une intégration des peuples!
Bobo Ousmanou
Banque africaine de développement : l’assemblée générale en visioconférence
Cette édition de l’assemblée annuelle de la Banque africaine de développement (Bad) est aussi inédite que le contexte dans lequel elle se tient. Fait inédit, cette année les réunions se limiteront aux réunions statutaires à huis clos des gouverneurs et à l’élection du président, indique le communiqué rendu public le 13 août dernier.
À cela s’ajoute la 46e réunion annuelle du Fonds africain de développement, qui est la branche confessionnelle du Groupe de la banque. Le conseil des gouverneurs fera l’évaluation des interventions de la banque au cours de l’année, en fonction des résolutions de l’assemblée annuelle de l’année dernière tenue à Malabo. Les réunions se tiennent alors que le monde continue de faire face à une crise de santé publique résultant de la pandémie de Covid-19. La Bad a estimé dans une étude que le continent africain pourrait perdre au moins 173,1 milliards de dollars de PIB en 2020 et 236,7 milliards de dollars en 2021 en raison des incidences économiques de la pandémie. Cette dernière a contraint plusieurs industries à fermer et a conduit à des pertes d’emplois chiffrées en millions.
La banque a apporté une réponse rapide pour soutenir ses pays membres régionaux et le secteur privé avec le lancement, le 8 avril, d’un mécanisme de réponse au Covid-19, d’un montant maximal de 10 milliards de dollars. Elle soutient d’ores et déjà la stratégie de relance économique de certains pays et de certaines sous-régions. Les gouverneurs vont se pencher sur les interventions de la Bad contre les impacts négatifs de la crise sanitaire actuelle.
Les gouverneurs vont également évaluer le processus d’augmentation du capital de la banque. Les actionnaires, réunis en assemblée extraordinaire le 31 octobre 2019 à Abidjan (Côte d’Ivoire), ont décidé d’une augmentation de 125% du capital. Soit, en valeur relative, un passage de 93 milliards à 208 milliards dollars US. C’est 115 milliards dollars US en plus. Les actionnaires devront ainsi faire le point sur leur participation.
Bonne santé
C’est une institution débarrassée des scandales qui arrive à son assemblée annuelle. Plus légère et plus sereine. La notoriété, la crédibilité et l’intégrité de son président ayant été boostées après deux mois d’embourbement dans un conflit géopolitique incompréhensible.L’agence de notation financière S&P Global Ratings a confirmé le triple A de l’institution dans un communiqué du vendredi 19 juin 2020. Le maintien du triple A s’explique enfin, par un profil de risque et des niveaux de fonds propres qui sont très solides, tout autant que la capacité de la Bad à mobiliser facilement des ressources sur les marchés de capitaux. La perspective stable de l’institution multilatérale africaine repose sur l’engagement maintenu de ses actionnaires, qui continueront de payer leurs contributions au capital.
Aussi, ses créanciers potentiels maintiendront à son profit un traitement privilégié, lors de ses sorties sur le marché des capitaux. L’agence de notation indique: «Le 4 juin 2020, le bureau des conseils des gouverneurs de la Bad a examiné les récentes allégations contre le président Akinwumi Adesina. Le bureau a souscrit aux conclusions du comité d’éthique qui a exonéré le président de tout acte répréhensible, bien qu’il autorise un examen indépendant du rapport compte tenu des opinions divergentes des gouverneurs. Nous pensons que, conformément à nos attentes, cette question a été traitée de manière idoine par les voies institutionnelles appropriées».
Voie royale
C’est une voie royale pour Akinwumi Adesina, président sortant de la Bad et seul candidat déclaré à sa propre succession. Il jouit du soutien de l’Union africaine, de la Cedeao et des pays membres non régionaux à l’exception sans doute des États-Unis d’Amérique.Bobo Ousmanou
Fermeture des frontières entre le Nigeria et ses voisins: visées fausses, justes cibles
Le monde est à l’écoute du Nigeria. Puissance pétrolière, puissance agricole, puissance démographique, puissance culturelle (avec Nollywood et la musique), ses dirigeants sont fâchés.
Il y a plusieurs mois, ils ont décidé de fermer les frontières de leur pays avec ses voisins. Officiellement, pour le gouvernement nigérian, il s’agit d’une opération de sécurisation de ses frontières terrestres. Cette opération dénommée «Ex-Swift Response» mobilise (depuis août 2019) l’armée, la police, les services d’immigration. Mais plus tard, l’argument sécuritaire est vite délaissé et on retiendra plutôt que la fermeture de la frontière est motivée par la lutte contre la contrebande des armes, du riz, des véhicules d’occasions, du carburant, des surgelés… se déroulant au niveau de ses frontières terrestres avec ses voisins; le Bénin étant désigné comme le principal fautif visé, aux côtés du Niger, du Tchad et du Cameroun.
Et du coup, l’effet est là: ce pays anglophone, enclavé dans un espace ouest-africain très majoritairement francophone, tient en respect toute la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). «Notre communauté vit des moments difficiles. Il y a péril en la demeure; nos acquis sont fragilisés par la fermeture des frontières terrestres aux marchandises entre le Niger, le Nigeria et le Bénin depuis six mois maintenant, ce qui a un impact négatif sur le volume des échanges intercommunautaires pour les années 2019 et 2020. Cette fermeture a des répercussions profondes sur les échanges, les opérateurs économiques, sans oublier les consommateurs qui doutent aujourd’hui de notre communauté», a déclaré l’Ivoirien Jean-Claude Kassi Brou chez Jeune Afrique, le 15 février 2020. À décrypter la déclaration du président de la Commission de la CEDEAO, c’est l’économie de presque toute l’Afrique de l’Ouest qui est mise à très rude épreuve.
Au-delà des raisons avancées pour justifier cette fermeture qualifiée par beaucoup de politique de protectionnisme économique, d’autres y voient plutôt une volonté du gouvernement nigérian de montrer ses muscles pour imposer sa vision politique aux voisins. Derrière, l’École de guerre économique (IGE) n’exclut pas l’activité des lobbies. Ce centre international de réflexion rapporte d’ailleurs une déclaration du représentant de Olam (géant international de l’alimentation) au Nigeria. Selon Ade Adefeko, «depuis la fermeture des frontières, le riz produit localement se vend mieux, la production augmente». À en croire IGE, l’industriel a même demandé au gouvernement que la mesure soit appliquée «jusqu’à la fin de l’année pour voir les conséquences sur le plus long terme».
IGE considère aussi cette fermeture de frontières comme une pression sur le gouvernement béninois. Ce dernier a refusé, en 2017, de renouveler la licence de l’opérateur nigérian de téléphonie mobile Globalcom, malgré les interventions des uns et des autres. Pour d’autres observateurs, il s’agit plutôt d’une mise en application des représailles de l’homme le plus riche d’Afrique, Aliko Dangote, qui a aussi essuyé des refus pour l’installation de sa cimenterie au Bénin et sur bien d’autres points.
En tout cas, le Nigeria le sait: ses moindres faits et gestes sont scrutés. Toute la CEDEAO espère que si le pays a traditionnellement fait preuve d’un esprit d’ouverture en se montrant à l’écoute des enjeux de ses voisins francophones, en conduisant une politique étrangère responsable acquise au règlement multilatéral des différends entre nations, il peut aussi revenir à de meilleurs sentiments.Rémy Biniou
CEEAC-CEDEAO : vers une relance de la coopération
La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont jeté, le 10 février dernier, les bases d’une relance de la coopération entre les deux institutions.
En effet, en marge de la 33e Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine à Addis Abeba, Ahmad Allam-Mi, secrétaire général de la CEEAC, et Jean Claude Kassi Brou, président de la Commission de la CEDEAO, se sont retrouvés en vue d’un nouveau départ. Constatant d’abord une tiédeur depuis le sommet conjoint CEDEAO-CEEAC tenu le 30 juillet 2018 à Lomé au Togo, les deux responsables ont alors convenu de l’organisation d’un 2e sommet conjoint dont les contours restent encore à définir. «Compte tenu notamment des agendas politiques des deux régions au courant de l’année 2020, les deux personnalités se chargeront de proposer aux États membres que le 2e sommet conjoint se tienne dans le deuxième trimestre de l’année 2021», a rapporté une source au sein de l’Union africaine.
Mais avant 2021, Ahmad Allam-Mi et Jean Claude Kassi Brou se sont accordés sur «l’organisation de la première réunion annuelle des hauts responsables des organes exécutifs des deux institutions», ont-ils annoncé. Ladite réunion trouve en partie son fondement dans le constat fait par les deux autorités selon lequel très peu de choses ont été réalisées jusqu’ici pour la mise en œuvre des recommandations du sommet de Lomé. Pour rappel, ces recommandations visaient entre autres objectifs l’établissement d’un cadre d’action commun entre les deux communautés dans le domaine de la paix et de la sécurité. Ladite réunion se tiendra alors les 26 et 27 mars prochains à Abuja au Nigéria et devrait être «élargie au secrétariat exécutif de la Commission du golfe de Guinée», ont fait savoir les deux responsables.
Théodore Ayissi Ayissi (stagiaire)
38,1 milliards FCFA
C’est la somme qu’a déboursée l’État camerounais en 2018 pour importer du bitume dans le cadre de la réalisation de ses infrastructures routières.
D’après le confrère Cameroon Business Today (N° 126 du 9 octobre 2019), ces deux dernières années, le Cameroun a importé plus de 194 000 tonnes de bitume pour ses différents chantiers. Soit une facture cumulée de 54,2 milliards de francs sur les exercices 2017 et 2018. Face cette énorme dépense pour le seul achat de bitume, le gouvernement camerounais croit tenir une alternative : concevoir et utiliser du bitume local.
À cet effet, rapporte la même source, le ministère des Travaux publics (Mintp) a récemment lancé un avis de sollicitation à manifestation d’intérêt pour la sélection d’une entreprise ou d’un consortium d’entreprises en vue de la production de bitume au Cameroun. L’objectif étant d’alimenter le marché local, et les marchés de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). L’entreprise adjudicataire devra ainsi au préalable réaliser une étude de faisabilité, construire et exploiter une usine à cet effet.
Carte rose Cemac : La vie en rose avec la Carte de la Cedeao
Malgré quelques avancées, les barrières et les financements plombent le bon fonctionnement de l’outil d’assurance au service de la sous-région.
Une vue du panel lors des travaux du bureau de la Carte Rose Cemac à Douala Les délégations des bureaux des Etats membres de la Cemac étaient réunies en session extraordinaires du 15 au 19 Juillet dernier à Douala. Parmi les sujets traités, les règlements financiers harmonisés, l’instruction des dossiers sinistres en insistant sur l’harmonisation des procès-verbaux et des rapports des bureaux nationaux. A l’occasion, il a été annoncé le partenariat imminent entre la Carte Cedeao et la Carte Rose Cemac. De fait, la Carte Rose n’étant valable qu’au niveau des pays de la sous-région, le vœu est d’aller au-delà des frontières de la Cémac. De fait, dès les prochains mois, si un ressortissant de la Carte Rose Cemac traverse la frontière, le conducteur du véhicule va directement s’adresser au bureau national de la Cedeao, qui va prendre attache avec le bureau national de la Cemac. Toutes choses qui vont faciliter le règlement des sinistres et participer à la réalisation des intérêts de l’intégration.
En créant la Carte rose Cemac en 1996, l’idée des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale était de favoriser les règlements des sinistres automobilistes. Afin d’encourager les mouvements ou les échanges des marchandises, des biens et des personnes à travers la circulation des véhicules dans l’espace sous-régionale. En effet, lorsque ces véhicules n’arrivaient pas à circuler librement, il se posait un écueil pour l’intégration sous régionale.
Malgré quelques avancées, notamment du système d’arbitrage qui consiste à faciliter le règlement des sinistres, l’option pourtant noble des chefs d’Etat de la Cemac est sapée par certaines initiatives comme le mur-frontière en construction entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale. «Justement, ça constitue un facteur bloquant, parce que quand on dit circulation des personnes et des biens, il ne doit plus avoir des séparations entre nous. Si les chefs d’Etat peuvent voir leur pair pour que ce mur ne voit pas le jour entre nous». Ainsi s’exprime la Gabonaise Essoue Céline, Présidente du Conseil des Bureaux de la carte Rose Cemac pour déplorer la construction du mur-frontière par les autorités équato-guinéennes à Kye Ossi.
Dans la même veine, poursuit-elle, «ayant déjà jeté les bases, ce sont les finances, entre autres, qui constituent un facteur de blocage. Nous avons entrepris des démarches et envoyé des lettres auprès des institutions qui peuvent nous aider. Et nous avons des entraves au niveau des attestations parce que l’article 308 alinéa 1 veut que si tu es par exemple Camerounais, tu paies ton assurance au lieu de ta résidence. Mais il s’avère que vers les zones transfrontalières, par exemple au Gabon, les populations viennent au Cameroun pour s’enregistrer et ça fait un manque-à-gagner au Gabon qui a de la peine à bien voir ce qui s’est réellement passé au plan national».
Alain Biyong (stagiaire)
Akere Muna : “Monsieur propre” dans la gadoue
En se jetant dans la course au palais de l’Unité, l’ancien bâtonnier a bâti sa candidature autout des valeurs d’intégrité, d’honnêteté et de patriotisme. Depuis, il fait face à de nombreuses affaires succeptibles d’écorner sa réputation. Le match avant la lettre.
Plutôt que du “Monsieur le président”, Akere Tabeng Muna (ATM) préfère qu’on lui donne du “monsieur propre”. “J’aime bien ça”, avoue-t-il aux journalistes du Club politiques qu’il rencontre ce 7 juin dans un hôtel de Yaoundé. En réalité, c’est sous ce jour que le candidat déclaré à la présidentielle d’octobre 2018 se présente devant les Camerounais. En vue de conquérir les déçus de la politique qu’il sait nombreux, l’ancien vice-président de Transparency International se positionne comme une alternative aux politiciens camerounais réputés véreux, corrompus et calculateurs.
D’où l’idée d’« une Nouvelle République » portée par le sexagénaire. Pour la construire, « nous devons changer radicalement notre attitude vis-à-vis de la chose politique et promouvoir un comportement citoyen», explique-t-il ajoutant que « la marque d’un bon homme politique est l’honnêteté, l’intégrité et la confiance ». De l’avis de cet avocat anglophone, « cela doit être suivi par l’amour pour le pays et pour le peuple».
Réputation
Aussi ATM travaille-t-il à démontrer qu’il incarne ces valeurs. À travers des visites dans les campagnes, les marchés…, l’époux de l’Anglo-américaine Beverly Bird affiche sa proximité avec le bas peuple. Rien de feint, défend Paul Mahel. L’ancien journaliste, devenu porte-parole du candidat, soutient qu’en dépit du fait que membre de l’une des familles les plus puissantes du pays, « Akere est très proche du citoyen et très accessible ». « L’une des manifestations de cette proximité est la fondation Salomon Tandeng Muna [du nom du père des Muna] qui œuvre dans le social », brandit-on dans l’entourage de l’ancien bâtonnier.
« Akere Muna et Donald Kaberuka ont quelque chose en commun, ce qui n’est pas toujours fréquent, c’est de réussir, mais en même temps d’être des hommes droits, avec des valeurs », ajoute pour sa part Pascal Lamy, ancien directeur général de l’Organisation mondiale du commerce. Un témoignage bien mis en exergue dans la section de la biographie officielle du candidat titrée « la réputation d’Akere T. Muna ».
Revirement
Sauf qu’en politique tenir dans le manteau de « monsieur propre » n’est pas donné. Sa seule déclaration de candidature est déjà considérée comme problématique. Avant la présidentielle de 2011, l’homme qui ne quitte presque jamais ses lunettes rondes et son nœud papillon assure qu’il ne se présentera jamais contre Paul Biya. Or, ce dimanche 8 octobre 2017, lorsque l’ancien président du conseil d’administration d’Ecobank Cameroun annonce qu’il brigue la magistrature suprême, on ignore toujours si oui ou non le président sortant sera candidat à sa propre succession. ATM n’exclut donc plus cette option.
Sur cette question, la plaidoirie de cet avocat qui cumule une quarantaine d’années d’expérience tient à deux choses. D’abord, à l’en croire, il ne s’agirait pas d’un rétropédalage sur « une question de principe ». « Le pays n’était pas en guerre quand je faisais cette déclaration », justifie-t-il. D’ailleurs « seuls les imbéciles ne changent pas d’avis. Et c’est parce que certains refusent de changer d’avis que nous sommes en ce moment en guerre », réplique-t-il faisant allusion à la crise anglophone. Ensuite, se persuade-t-il, « si je ne mets pas mon expérience au service du pays, j’aurais été complice d’une situation alarmante ». N’empêche, pour certains, cela reste une tâche sur la cape d’homme de parole qu’essaie de se coudre cet amateur de bonne musique.
Muna contre Muna
Dans sa pièce de théâtre « Les mains sales » (1948), l’écrivain français Jean-Paul Sartre estime que faire de la politique s’assimile à plonger ses mains dans « la merde et dans du sang ». L’engagement d’ATM, dans les années 1990, au sein du SDF de Fru Ndi, dont il a contribué à la rédaction des statuts, ne lui a pas fait retenir la leçon. Peut-être était-il trop dans l’ombre… Mais à bien écouter cette figure de proue de la lutte anti-corruption, le message semble être aujourd’hui passé. « Mes détracteurs vont voir de quoi je suis capable dans ce monde. Je leur rappelle que j’ai fait 22 ans à Transparency International. Je connais leurs dossiers. Si c’est par là qu’ils veulent qu’on passe, on va y passer. Je suis prêt, menace-t-il en cette matinée du 14 juin 2018 en réaction à l’affaire l’opposant à sa sœur cadette Ama Tutu Muna (ATA).
La colère d’ATM est à la hauteur des enjeux. L’ancienne ministre des Arts et de la Culture (Minac) vient de lui porter plainte. ATA reproche à son frère aîné la gestion de l’héritage de leur père et réclame sa nomination comme co-administratrice de la succession. Elle l’accuse de faux et usage de faux et affirme n’avoir jamais eu connaissance du jugement d’hérédité établi par la famille à la mort en 2002 de l’ancien Premier ministre. Dans cette affaire, ATM risque gros. S’il est reconnu coupable, sa réputation de « monsieur propre » va s’écrouler et avec, ses ambitions présidentielles.
Laurent Esso
L’avocat formé à l’école anglo-saxonne le sait trop bien. L’actuel administrateur du patrimoine des Muna, soutenu par le reste de la fratrie, voit donc derrière la démarche de sa sœur, une machination politique ourdie par le ministre de la Justice Laurent Esso : « je suis un candidat déclaré à la présidentielle. Le ministre de la Justice bat campagne pour un autre candidat. Si je suis emprisonné, je suis disqualifié pour gagner la présidentielle », indexe-t-il. Les soupçons sont renforcés par la proximité avec Laurent Esso qu’on prête à ATA.
Mais en face, l’avocate de l’ancienne Minac, dément toute manipulation. Fostine Chébou Kamdem, met plutôt en avant, la volonté de sa cliente de rentrer dans ses droits. À l’issue de la dernière audience de l’affaire tenue le 26 juin dernier au tribunal de première instance de Yaoundé, elle soupçonne ATM de vouloir faire traîner le jugement sur le fond, en sollicitant « une décision avant dire droit sur la question de prescription ». Attitude que le député juge « peu orthodoxe pour un candidat qui veut vite démontrer à ses électeurs qu’il est innocent ». Reste que, certaines allégations de l’ancien bâtonnier restent troublantes. Selon ce dernier, depuis qu’il a déclaré sa candidature, il perd systématiquement tous ses procès et le ministre de la Justice manœuvrerait pour que ses honoraires ne soient pas payés dans les affaires où il défend l’État du Cameroun. « Dis à ton patron de retirer sa candidature sinon, ça va chauffer », aurait même conseillé un juge au conseil de l’ancien bâtonnier.
Financement
Outre cette affaire, l’ancien vice-président du conseil d’administration de Transparency International, doit aussi gommer l’étiquette de candidat de l’extérieur que lui colle une partie de l’opinion. Cette perception s’est renforcée avec sa saisine de l’Onu. Il y dénonçait « un génocide » dans les régions anglophones. Une image que le pouvoir contribue à grossir les traits. Au lendemain de la déclaration de candidature d’ATM, Issa Tchiroma, ministre de la Communication, l’accuse par exemple, au cours d’une conférence de presse, d’avoir, en complicité avec d’autres Camerounais basés à l’étranger, « planifié un bain de sang» dans le but de provoquer « une intervention internationale ». Des accusations restées à ce jour sans suite judiciaire.
Pour ne rien arranger, il s’est ajouté ces derniers jours des rumeurs, démenties par l’ambassade des États-Unis, de financements par le pays de l’Oncle Sam. « De la vraie sorcellerie », commente Paul Mahel. L’ancien journaliste explique que, jusqu’ici, les activités de l’ancien bâtonnier sont financées « sur fonds propres » et celles du mouvement Now qui porte sa candidature, par ses membres. Cette organisation dite de citoyens engagés, compte parmi ses « membres fondateurs » l’Alliance des forces progressistes (AFP) de Bernard Muna, frère aîné d’Akere. Mais c’est le Front populaire pour le développement, un parti de seconde zone basé dans la région de l’Adamaoua, qui a investi ATM le 23 juin dernier. « Je suis le tout premier candidat anglophone investi par un parti francophone », préfère mettre en exergue le natif de Ngyen Mbo dans le Nord-ouest.
Aboudi Ottou, Intégration N° 328
Bio-Express
Nom : Akere Tabeng Muna
Âge : 66 ans (né en août 1952 à Ngyen Mbo, dans le Nord-ouest du Cameroun)
Expérience professionnelle : avocat au barreau du Cameroun ; bâtonnier ; président de l’Union panafricaine des avocats ; vice-président du conseil d’administration de Transparency International ; président du Conseil économique, social et culturel de l’Union africaine ; président du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs ; président de la Conférence internationale contre la corruption ; président du conseil d’administration d’Ecobank Cameroun, membre du Groupe de haut niveau de l’Union africaine sur les flux financiers illicites en provenance d’Afrique…
Niveau académique : diplômé de la Lincoln’s Inn society
Vie conjugale : marié avec Beverly Bird et père de trois enfantsRéformes institutionnelles
Du vin nouveau dans de vieilles outres
Tout en changeant la forme de l’État, Akere Muna compte garder la plupart des institutions déjà en place.
Akéré Muna sur le terrain « Notre pays est bloqué ! », pense le candidat du Front populaire pour le développement. Pour le débloquer, Akere Muna pense que le premier défi à relever est celui de « l’institutionnalisation ». «Reconstruire, c’est d’abord relever le défi de l’institutionnalisation pour assurer l’hégémonie du projet étatique sur les initiatives concurrentes », pose-t-il. Dans le chapitre « État et politiques étrangères » de son programme, trône en bonne place un pan consacré à la consolidation de la démocratie constitutionnelle et l’État de droit.
Avant tout, l’avocat constate qu’il n’existe pas de séparation de pouvoirs entre l’exécutif, le législatif, et le judiciaire. Pour y remédier, il propose une conduite des réformes selon un séquencement bien précis : constitution d’une commission de révision constitutionnelle, élaboration d’un projet de révision constitutionnelle, organisation d’un référendum constitutionnel.
Le résultat de ce premier processus devrait aboutir à l’instauration d’un poste de vice-président et la suppression du poste de Premier ministre au sein de l’exécutif. Le code électoral va intégrer une élection du président au suffrage universel direct à deux tours, tandis que Akere Muna propose «l’institution d’un droit de véto contre les textes d’origines parlementaires » ; et le vice-président devient « président de droit du Sénat ». Pas de suppression de la Chambre haute du parlement comme le propose certains candidats. Le parlement reste bicaméral, mais « indépendant de l’exécutif ».Hybride
Entre réforme du Conseil constitutionnel et réforme du Conseil supérieur de la magistrature, Akere Muna veut rendre le parquet plus indépendant et supprimer la compétence du tribunal militaire sur les civils. Le candidat n’oublie pas la publication par le président de son bilan de santé et de son patrimoine. Tout comme il suggère la reconnaissance du «droit de renverser l’exécutif ». Toutes les personnalités nommées aux hautes fonctions de l’État seront probablement auditionnées par le Parlement avec « avis simple publié».
Dans l’État régionalisé qu’il propose, Akere veut créer des Conseils économiques régionaux. « C’est d’abord l’application de la Constitution consensuelle de 1996, et rien que toute celle-ci et de reconnaissance à travers la crise dite anglophone et de la nécessité de l’organisation d’un débat serein sur la forme de l’État qui porte en elle l’idée constitutionnelle du partage optimal de pouvoirs et richesses entre gouvernants », écrit le candidat.
À l’observation, l’ancien bâtonnier a l’ambition de renforcer l’État de droit à travers un auto-contrôle des institutions et des hommes qui vont les incarner. Pas de grands chamboulements : la plupart des institutions déjà existantes — Parlement bicaméral, Conseil constitutionnel, Conseil économique et social, Commission des droits de l’Homme, etc. — continueront d’exister sous le règne Muna. L’avocat propose in fine une forme hybride, résultat de la fusion de l’État décentralisé et l’État fédéral.
Politique sociale
Pour un lifting social
Le Cameroun sous le magistère de l’avocat s’insère à l’international par le biais des coalitions militaires, monétaires, économiques et d’innovations régionales.
À l’envi, il parle de « Révolution ». Du point de vue du leader du mouvement «Now », « le système actuel pendant 60 ans a été requinqué, revu, mais ça reste celui-là qui protège les dirigeants plutôt que les citoyens. Il faut tout remettre en place ». Au cours de son mandat, l’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun veut appliquer « une politique qui restaure et consacre l’équité sociale et la prospérité ».
I- Genre
Il est prévu, selon Akéré Muna,
– la création des maisons intercommunales du Genre et de l’égalité chargées de l’accueil de la sensibilisation et de l’orientation des jeunes filles et des femmes ;
– la création d’un référant égalité au sein de chaque parquet général ;
– l’affectation des ressources publiques en fonction de besoins définis, les dépenses et les recettes étant restructurées pour renforcer l’égalité hommes-femmes et l’autonomisation des femmes.II— Jeunesse et emploi
— renforcer les stratégies de développement de l’entrepreneuriat des jeunes, et de créer pour chaque jeune, les conditions d’un véritable épanouissement économique, notamment à travers une réforme d’intégration économique par laquelle le secteur informel, leur principal employeur, est arrimé aux systèmes de protections sociales institutionnels de la nation ;
– créer au profit des jeunes auprès des chambres de commerce et d’agriculture d’un guichet unique pour l’évaluation et l’orientation ;
– harmoniser les dispositifs existants de soutien aux jeunes ;
– créer un dispositif de promotion de l’innovation et de la compétitivité des entreprises portées par les jeunes.III— Éducation
Sous Akéré Muna, elle sera obligatoire et gratuite, de la maternelle jusqu’à la fin du cycle secondaire (ou 5 th grade) de l’enseignement général. Il y a aura aussi le rétablissement du système de bourses et autres aides scolaires, pour les élèves méritants issus de familles défavorisées. Le candidat annonce également la création d’un système extrascolaire d’apprentissage adossé à une chambre des métiers. Il évoque l’instauration de stages obligatoires en entreprises pour toutes les filières techniques et professionnelles ainsi que l’instauration d’une allocation parentale de rentrée scolaire selon le nombre d’enfants et les revenus de la famille.IV— Santé et habitat
Le projet de société du candidat de l’AFP prévoit essentiellement :
– d’institutionnaliser et développer la médecine dite traditionnelle ;
– d’étendre le programme de construction d’hôpitaux régionaux de référence à raison d’un hôpital de référence par chef-lieu de région ;
– d’harmoniser les politiques de l’emploi et du logement en milieux urbains (un logement construit pour un emploi créé).Jean René Meva’a Amougou
Politique économique
Au service d’une nation moderne, prospère et unie
Akere Muna veut travailler pour que la richesse nationale soit en mesure de financer la transformation de la nation.
La gare Bessengue à Douala Le candidat porté par le mouvement Now veut débloquer le Cameroun par des réformes structurelles. Ainsi Akere Muna envisage-t-il de mettre en œuvre « une économie capable d’en supporter le financement ». De ce fait, l’ancien bâtonnier se fixe comme objectif de multiplier le PIB par 2 sur un horizon de 10 ans ! C’est-à-dire, de réaliser un taux de croissance moyen de 8 % entre 2019 et 2028. « Sans un tel niveau de production nationale de richesse, il est illusoire d’envisager toute politique transformatrice de la nation vers une prospérité durable et une plus grande justice sociale », estime le candidat investi par le Front populaire pour le développement.
Pour atteindre cet objectif, l’avocat propose une « transmutation » reposant sur sept chantiers : le développement du transport ferroviaire, « préalable au développement industriel » ; la modernisation de l’infrastructure des télécoms, afin d’« assurer l’émergence d’une économie digitale dynamique, créatrice d’emplois » ; la création des hubs intégrés de marché agricole & artisanal, « afin d’assurer une distribution fluide de la production agricole et artisanale nationale » ; la création de la Banque Nationale d’infrastructure et d’investissement (BNII) ; la rénovation du pilotage des comptes publics, « pour des politiques publiques plus efficientes » ; la mise sur pied d’une couverture santé universelle (CSU), « afin de disposer des citoyens en santé au service de l’économie » et l’élaboration d’une stratégie de développement de l’offre énergétique intelligente, adaptée à la structure de la demande, diversifiée et respectueuse de l’environnement.
Travaux d’Hercule
Concrètement, il s’agira par exemple de construire 4000 km de chemin de fer en 10 ans. Pour cela, un investissement d’un montant 15 milliards de dollars (soit près de 9 000 000 de FCFA est nécessaire. Il devrait être financé sous fond propre, par l’épargne locale et l’endettement auprès des partenaires multilatéraux [Banque mondiale, Banque africaine de développement…]. Escompté chaque année, une hausse de croissances d’au moins 1,5 % et la création de 300 mille emplois.
Il est aussi question de se doter d’une infrastructure de télécom de pointe [renforcement des pouvoirs du régulateur-ART —, incitation à l’investissement, promotion des services digitaux]. Ce qui devrait coûter à l’État sur 10 ans 1240 milliards de francs CFA en termes d’exonération fiscale, attirer 10 000 milliards de FCFA d’investissements directs étranges, 10 000 milliards d’investissements des opérateurs du secteur, générer 30 000 milliards de recettes fiscales sur la même période, engendrer une croissance d’au moins 1 % et 1,7 million d’emplois directs et indirects par an.Pour booster la production et la transformation dans le secteur agricole, Akere Muna prévoit la création de sept hubs de marché agricole et artisanal national [Hana] sur 5 ans. Les Hana sont des plates-formes duales composées chacune d’un marché national de gros [MNDG] absorbant l’essentiel des flux des producteurs régionaux, et d’une zone de logistique polyvalente [ZDLP] assurant la distribution optimale des stocks MNDG en fonction des demandes aussi bien domestiques que d’exportation. Coût de l’investissement 110 milliards pour 17 mille emplois créés et un impact annuel moyen espéré d’au moins 0,75 % de point de croissance.
Hics
Il est également prévu d’investir 1143 milliards à travers la Cameroonian Energy Finance Cooporation, à créer, afin de tripler l’offre actuelle d’électricité au bout de 15 ans. Attendu, une augmentation annuelle du PIB 1 % et la création annuelle de 150 000 emplois. L’avocat prévoit par ailleurs de reformer la gestion des finances publiques afin d’économiser 1200 milliards notamment par la réduction à 15 du nombre de ministère. Un argent qu’il orientera notamment dans la revalorisation des salaires des fonctionnaires et le financement de la CSU.
Mais problème : la plupart des objectifs sont calés sur 10 ans voir 15 ans, un peu comme si Akere Muna avait l’intention de faire plus de trois mandats à la tête de l’État. Le calendrier de réalisation n’est pas clair. Par quoi commencera-t-il ? Va-t-il s’attaquer à tous ces chantiers à la fois au risque de trop embrasser et de mal étreindre ? Par ailleurs certaines actions envisagées ne sont pas claires. Le candidat propose par exemple de supprimer progressivement les exonérations dont bénéficie actuellement le secteur agricole sans en dire plus. Invariablement, l’ancien vice-président du conseil d’administration de Transparency International répond qu’il en dira davantage après un audit des finances publiques.
Ifeli Amara, (stagiaire)
Politique étrangère et intégration régionale
L’ère de la diplomatie publique
Faire la diplomatie par des moyens de large diffusion, avec un Cameroun membre de l’Afrique de l’Ouest et une diaspora réhabilitée.
Pour faire partager la vision, porter la voix et donner les positions du Cameroun sur des sujets internationaux, Akere Muna aura son France Media Monde [France 24, RFI, Le Monde] ou son BBC. Cette vision repose sur les principes de sa politique étrangère suivants : la culture démocratique, l’autodétermination et le panafricanisme sécuritaire. Pour lui, « les nations démocratiques développent plutôt de solides relations entre elles que les nations non démocratiques ». Pour créer une communauté d’intérêts, le candidat veut réaliser un panier de valeurs partagées comme au sein de l’Union européenne. Ce socle devrait faciliter la régularité et l’intensité des interactions transfrontalières.
Capacités diplomatiques
Une diplomatie stratégique au service de la culture et des valeurs démocratiques autour du Cameroun. Voilà le logiciel de l’action extérieure de l’État dirigé par Akere Muna. La diplomatie stratégique sera une synergie entre la diplomatie classique actuelle [dont les moyens auront été augmentés] et la diplomatie publique. Les actions concrètes restent pour l’instant inconnues.
La diaspora est un autre levier diplomatique du candidat qui souhaite les intégrer « en tant que citoyens expatriés » pour accroitre leurs investissements au Cameroun par la création d’un service de soutien. Stratégiquement, l’expertise des Camerounais de la diaspora sera mobilisée pour contribuer au développement du Cameroun.
Intégration régionale
« Le Cameroun est dans la position envieuse de l’interface entre les pays de la CEDEAO et de la CEMAC. La Nouvelle République mènera des consultations pour que le Cameroun rejoigne la CEDEAO » affirme le candidat dans ses 50 engagements. Cette option de coopération régionale vise deux objectifs : la constitution d’une diplomatie régionale pour « l’élargissement du champ diplomatique camerounais sur tous les continents, en synergie avec les États de la sous-région » et la réalisation des économies d’échelle par la mobilité des facteurs. Sur ce dernier but, Akere Muna ambitionne de construire « les infrastructures nécessaires […] pour favoriser le commerce et l’intégration au niveau régional et continental ».
Une connexion continentale que l’ancien président du Mécanisme d’évaluation par les pairs [MAEP] de l’UA connait bien. Aligné sur le discours l’UA, il construit une géopolitique régionale en ces termes « ce n’est qu’avec un projet panafricain que nous pourrons commercer d’égal à égal avec les acteurs majeurs du système international et à valablement défendre les intérêts de nos peuples ».
Sécurité collective
Afin de se prémunir des convoitises extérieures parfois belliqueuses sur les ressources naturelles Camerounaises et Africaines. Et dans le souci primordial de «protéger et exploiter celles-ci au bénéfice des Camerounais et des Africains», le postulant à la tête de la magistrature suprême propose l’érection d’un pacte de sécurité commune.
Ce dernier axe de la politique étrangère d’Akere Muna s’inscrit dans les déterminants de la violence de l’ordre international. Son maillage sécuritaire exige la cession totale de la souveraineté militaire des États, car propose-t-il : «les États africains ne disposent pas de capacités propres pour leur défense. Il est par conséquent plus rationnel qu’ils mutualisent leurs moyens de défense ».
Équivoques
Très au fait des mutations de l’intégration continentale, le candidat Akere affirme dans son engagement 45, « nous veillerons désormais à l’accomplissement de toutes les obligations régionales et internationales de notre pays, y compris la ratification de tous les lois et traités nécessaires ». Le Candidat ignore l’obligation faite au Cameroun d’adhérer à la seule communauté économique régionale [Cer] reconnue par l’UA en Afrique centrale : la communauté économique des Etats de l’Afrique centrale [CEEAC]. L’Union africaine invite désormais à éviter la multiappartenance aux Cer. Pacta sunt servanda !
Jean René Meva’a Amougou
La stratégie globale contre le terrorisme s’élabore entre l’Afrique de l’ouest et centrale
La réunion ministérielle conjointe sur la paix, la sécurité, la stabilité et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent s’est ouverte à Lomé, le 28 juillet 2018.
Les ministres des affaires étrangères des deux communautés en ouverture de leurs assises En prélude au sommet des chefs d’Etat et des gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) et de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur la paix, la sécurité, la stabilité et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.
Une cérémonie solennelle marquée par deux discours prononcés, le premier par le Ministre des Affaires Etrangères, de la coopération et de l’intégration africaine de la république togolaise, président du Conseil des ministres de la CEDEAO, S.E .Prof. Robert Dussey et par le Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération, de la Francophonie et de l’Intégration Régionale de la République Gabonaise, Président du Conseil des Ministres de la CEEAC, SEM. Régis Immongault Tatangani qui a ouvert les travaux.
Dans son mot de bienvenue, le chef de la diplomatie togolaise s’est félicité des bonnes relations de coopération entre la CEEAC et la CEDEAO, notamment dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. «La sécurité est un bien public que nous devons défendre tous… et c’est ensemble que nous devons gagner cette guerre», a souligné le Président du Conseil des Ministres de la CEDEAO. La tenue du présent sommet est la preuve palpable par nos deux Communautés de leur engagement à combattre avec la dernière énergie le radicalisme et l’extrémisme violent qui font le lit au terrorisme
Pour sa part, le Président du Conseil des Ministres de la CEEAC a exhorté les deux communautés Economiques Régionales à mettre en place des mécanismes fiables de renforcement d’échanges de renseignements stratégiques notamment en matière d’alerte précoce. «Nos deux communautés liées par un destin commun, doivent mettre en place une approche globale et pragmatique de lutte contre le terrorisme, en accordant une attention particulière à la sécurité humaine, y compris aux problèmes liés aux trafics en tous genres, à la gestion et à l’exploitation des ressources naturelles et à la transhumance», a souligné le diplomate gabonais qui en appelle à l’implication des jeunes et des femmes dans la mise en place d’une politique holistique.
Le Ministre d’Etat gabonais a terminé son discours par une invite solennelle à mener une lutte ensemble: «nos populations comptent sur nous pour trouver des solutions à ces fléaux qui n’ont pas de frontières. Unis, nous avancerons et nous arriverons.»
Source: CEEAC
Depuis le Nigéria: Macron… en marche contre la crise anglophone
Pour certains analystes, une ligne se dégage du show politico-télévisuel du président français au sujet du Cameroun: la résolution des problèmes sociopolitiques dans le Nord-ouest et le Sud-ouest du pays. Pour d’autres, la France vise à réaliser un objectif de fond: préserver ses intérêts.
A Abuja où il achève une tournée africaine ce 04 juillet 2018, Emmanuel Macron s’épanche sur le contenu de son entretien téléphonique avec Paul Biya. «Nous avons parlé des grands sujets en cours. Le Cameroun a clairement un défi qui est la cohésion, la stabilité de l’Etat (…) La stabilité va aussi vers la reconnaissance des éléments de pluralisme, parfois de décentralisation qui permettent de régler ces problèmes et ces tensions», a dit le chef de l’Etat français. Dans le vocabulaire employé, on relève des euphémismes, des prudences, tout un champ lexical de pondération.
Prise de position, coup de gueule ou simple réaction ? Tout y passe. «En tout cas, il apparaît clairement dans l’extrait qui a circulé dans divers médias que le président Macron a intentionnellement voulu aborder des sujets sur lesquels il sait l’attention des Camerounais très mobilisée», analyse d’emblée Christian Pout, président du think thank dénommé Centre africain des études internationales, diplomatique, économique et stratégiques (Ceides).
L’internationaliste s’attarde sur le double format de cette prise de parole du dirigeant français. «Il relève tant de la courtoisie diplomatique que du strategic stakeholder management», pose-t-il, reconnaissant que, fondamentalement, il n’y a rien de distinct de la démarche de ses prédécesseurs. Plus direct, le sociologue Claude Abé s’appuie sur les références de la sortie d’Emmanuel Macron. Implicitement, celles-ci ciblent, selon lui, la résolution du problème anglophone au Cameroun.
Autre regard
D’autres analyses ne nient pas la capacité du discours du patron de l’Elysée à exprimer autre chose. Aux yeux du politologue Belinga Zambo, l’interview du chef de l’Etat français en terre nigériane souligne «la mise en marche d’un appareil diplomatique en surchauffe face à la crise anglophone et à l’élection présidentielle d’octobre prochain au Cameroun». Citant Jean-Yves le Drian, l’expert camerounais estime qu’à partir d’Abuja, le coming-out d’Emmanuel Macron trahit le propre de la politique africaine de l’Hexagone. En effet, selon le ministre des Affaires étrangères (repris par le journal le Figaro du 21 janvier 2018), régler les crises à l’étranger a un impact direct sur le climat sociopolitique en France.
Dans un autre versant d’analyse, Belinga Zambo s’arrête sur la «saturation communicante» déployée autour d’un «coup de fil». «Par le truchement de cette actualité sublimée tant à Etoudi qu’à l’Elysée, Paris veut montrer aux autres puissances qu’il reste très actif au Cameroun ; et il sait que dans le concert des États, pour être efficient, un matraquage médiatique ne peut se soustraire aux lois élémentaires de la gravité politique», décrypte-t-il.
Jean-René Meva’a Amougou
Emmanuel Macron : «La région a besoin de stabilité»
«J’ai eu Paul Biya au téléphone avant de venir [au sommet de] l’Union africaine. D’abord parce que je savais qu’il ne serait pas présent. Et comme je visitais un de ses voisins [le Nigéria], il était important que nous ayons un échange. Ecoutez, nous avons parlé des grands sujets en cours. Le Cameroun a clairement un défi qui est la cohésion, la stabilité de l’Etat. Nous savons les tensions qu’il y a dans la région anglophone. Et là aussi, j’ai apporté tout mon soutien au gouvernement pour qu’il puisse aller vers la stabilité. Je pense que la stabilité va aussi vers la reconnaissance des éléments de pluralisme, parfois de décentralisation qui permettent de régler ces problèmes et ces tensions. Je pense que ce dont la région a besoin, c’est de stabilité, de trouver de bons modèles de régulation. Ce n’est pas au président français de le dire mais d’accompagner ces réformes de décentralisation, de liberté régionale qui sont offertes dans un cadre national clair. Je pense que beaucoup de ces sujets peuvent trouver une issue favorable par une meilleure intégration régionale. Je l’ai dit, moi je crois beaucoup à la force de l’intégration régionale pour le Nigéria comme pour le Cameroun au sein de la CEDEAO. Et tout ce que la France peut faire pour faciliter, y compris dans le cadre d’une politique monétaire qui devrait être repensée, la France le fera.»
Christian Pout: «Je ne sais pas si cette notion de pré-carré a encore un sens»
L’internationaliste analyse la dernière sortie d’Emmanuel Macron sur le Cameroun.
Est-ce une volonté de la France de s’affirmer dans ce qui est souvent appelé le «pré-carré français»?
Je ne sais pas si cette notion de pré-carré a encore un sens et sincèrement, j’ignore ce qui s’y intègre ou ceux qui s’y réfèrent. Je note pour ma part que le président Macron se trouvait au Nigeria et non au Cameroun, avec un agenda multidimensionnel. Tous les acteurs de la coopération internationale aujourd’hui, au Nord comme au Sud, se réinventent et renouvellent leurs pratiques en s’appuyant certes sur les acquis hérités de leur histoire, mais également en s’ouvrant à de nouvelles perspectives.C’est d’ailleurs une exigence du temps global actuel où les enjeux sécuritaires, politiques, économiques, financiers et commerciaux demandent que les acteurs de la diplomatie et des relations internationales fassent, encore plus que par le passé, preuve de grande agilité et de considérable créativité, pour créer des opportunités pour leurs populations et en particulier pour leurs entreprises.
Comme suggéré par le président français, l’intégration régionale peut-elle être une solution au problème anglophone?
Le problème anglophone est une question qui reste encore interne au Cameroun, bien que présentant un potentiel de déstabilisation qui pourrait nettement dépasser les frontières de notre pays. Il me semble que, c’est principalement pour cette raison également qu’il préoccupe tant nos partenaires internationaux dont pour certains, comme la France, les intérêts se prolongent aussi dans notre proche voisinage.Si l’on part du principe que la dynamique d’intégration régionale ne peut progresser que dans un contexte apaisé et qu’aujourd’hui les communautés économiques régionales telles que la CEDEAO à laquelle le Nigeria appartient et la CEEAC à laquelle le Cameroun appartient travaillent prioritairement pour que leurs espaces soient épargnés des guerres et des conflits qui entravent le développement, il est possible de conclure qu’œuvrer à l’intégration régionale c’est se donner aussi les moyens de s’extraire durablement des cycles de violence et d’affrontements intra-étatiques comme inter-étatiques.
Au regard des déclarations d’Emmanuel Macron, s’avance-t-on vers une réflexion sur le sort du francs CFA?
Il me semble que celle-ci a commencé depuis un long moment et ceux pour qui ce sujet est encore exotique ou tabou devraient sérieusement se remettre en question. En effet, la réflexion est ouverte et c’est le moment de faire des propositions, des suggestions, des analyses structurées qui pourront éventuellement, le moment venu, éclairer, orienter et faciliter s’il y a lieu des prises de décision, dans un sens comme dans d’autres. Il y a là un chantier ouvert notamment pour les laboratoires d’idées, pour les universités et centres de recherche, pour les structures gouvernementales en charge de la prospective économique, etc.Jean-René Meva’a Amougou
L’Onu préoccupée par les activités terroristes en Afrique centrale
Conseil de guerre contre le terrorisme sous la férule de l’Unoca. L’Afrique centrale «continue de faire face au fléau du terrorisme et de l’extrémisme violent, en particulier les activités de Boko Haram», observe le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies et chef du Bureau de l’Unoca, François Louncény Fall, lors de la cérémonie officielle du segment ministériel de la 46e réunion du Comité consultatif permanent des Nations unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (Unsac), le 1er juin 2018 à Brazzaville.
Pour y faire face, les ministres et chefs de délégations des Etats membres recommandent à la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) d’accélérer le processus de mise en œuvre de la stratégie régionale de lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes légères et de petit calibre adoptée lors de la 41e réunion de l’Unsac en novembre 2015 à Libreville.
La réunion des experts, tenue du 29 au 31 mai, a longuement débattu de cette question et a pris conscience des enjeux. «Le prochain sommet conjoint de la CEEAC et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) sur les questions de terrorisme et de l’extrémisme violent, prévu en juillet 2018, sera une occasion importante pour renforcer la coopération interrégionale dans ce domaine», souligne le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique centrale, qui se dit toujours préoccupé par l’impact des activités de l’Armée de résistance du seigneur (LRA) sur les populations civiles et le développement de certains pays de la région.
Par ailleurs, le Représentant spécial du patron des Nations unies insiste sur le climat politique et la situation sécuritaire dans quelques pays couverts par l’Unoca. Au Burundi et en République démocratique du Congo (RDC), il invite les uns et les autres à «placer l’intérêt général au-dessus de toute autre considération et à faire le choix d’un dialogue inclusif et de bonne foi pour résoudre leurs différends et tracer une voie pacifique pour leurs nations respectives». Au Congo, il note que «le processus de paix et le retour à la sécurité dans la région du Pool […] est un développement encourageant» dont l’Onu espère «un aboutissement heureux dans les meilleurs délais».
Quant au Cameroun, il regrette la persistance des tensions et des violences dans les régions anglophones du Nord-ouest et Sud-ouest. «Les Nations unies exhortent tous les acteurs à s’abstenir de tout acte susceptible de contribuer à une nouvelle détérioration de la situation, y compris l’incitation à la violence sur les réseaux sociaux», indique M. Fall, rappelant que «le dialogue constitue la meilleure voie pour identifier une solution durable à la crise».
Bobo Ousmanou
Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale
La situation macroéconomique de la CEMAC en 2017, perspectives pour 2018, et état de conformité aux nouveaux critères de convergence
Les ministres de la zone franc à Brazzaville, la semaine dernière. Les chocs pétrolier et sécuritaire auxquels les pays de la CEMAC ont été confrontés au cours des années récentes ont une fois de plus eu des répercussions défavorables sur la situation macroéconomique de la Sous-Région en 2017, caractérisée par la poursuite de la récession en dépit d’une légère correction des déséquilibres macroéconomiques.
L’activité économique dans la zone CEMAC s’est inscrite en 2017 dans un contexte marqué au plan extérieur par : i) un raffermissement de l’activité économique mondiale; ii) une amélioration du cours du pétrole brut qui s’est établie à 52,7 dollars en moyenne.
Sur le plan intérieur, le contexte économique a été caractérisé par : i) une baisse de 4,8% de la production pétrolière qui est revenue à 42,1 millions de tonnes, et une progression de la production du méthanol et des autres gaz de 6,8 % pour s’établir à 6 668 milliers de tonnes; ii) une baisse de la production de bois en grumes de 4,7 % pour revenir à 8 097,4 de milliers de m3 ; et iii) un affaiblissement de la demande intérieure.
Dans ce contexte, la situation macroéconomique de la CEMAC a été marquée en 2017 par la poursuite de la récession, une amélioration des comptes des finances publiques et des comptes extérieurs, une légère détérioration de la situation monétaire, et une baisse des tensions inflationnistes. Le taux de croissance du PIB de la Sous-Région s’est établi à -0,2 % en 2017 contre -0,1% en 2016 en liaison avec les contreperformances du secteur pétrolier dans tous les pays producteurs, à l’exception du Congo.
Le secteur non pétrolier a connu une décélération de sa croissance, qui s’est établie à 0,2 % contre 1,3 % en 2016, en rapport essentiellement avec la déprime dans la branche des BTP. Sous l’angle de l’évolution du niveau général des prix à la consommation, le taux d’inflation en moyenne annuelle s’est situé à 1 % contre 1,1 % en 2016, en relation avec l’affaiblissement de la demande intérieure.
Du côté des finances publiques, le déficit budgétaire, base engagements, hors dons, déficitaire de 6,3% du PIB en 2016, s’est résorbé pour revenir à 3,3% du PIB en raison des efforts d’ajustement et d’assainissement en cours, notamment dans les pays en programme avec le FMI. Au niveau des échanges extérieurs, le déficit du compte courant, transferts publics exclus, a baissé drastiquement pour revenir à 3,6 % du PIB contre 15 % du PIB en 2016 en lien essentiellement avec la hausse des exportations en valeur de pétrole et du gaz.
Quant à la situation monétaire, elle s’est détériorée en relation avec la poursuite de la morosité de l’activité économique dans la Sous-Région. Toutefois, cette détérioration a été fortement atténuée par les mesures de politique monétaire restrictive mises en place pour accompagner les ajustements budgétaires opérés dans le cadre des programmes pays avec le FMI. La situation monétaire a été ainsi caractérisée par une baisse des avoirs extérieurs nets de 3,9 % contre 58% en 2016, un repli des crédits à l’économie de 1,9 %, une légère baisse du taux de couverture extérieure de la monnaie à 57,5 % à fin décembre 2017 contre 59,1 % à fin 2016, un léger recul de la masse monétaire de 0,4 % et une hausse des réserves en mois d’importations des biens et services pour s’établir à 2,9 au 31 décembre 2017 contre 2,2 à fin 2016.
Par pays, les principaux agrégats macroéconomiques au cours de l’année 2017 se présentent de la manière suivante : • Le rythme de l’activité économique a ralenti au Cameroun (3,2% contre 4,5 % en 2016), en Centrafrique (3,9 % après 4,5 % en 2016), et au Gabon (0,3 % contre 2,1 % en 2016). Les autres pays sont restés dans la récession : Congo (-3,2% contre -2,8% en 2016), Guinée Équatoriale (-2,6% contre -8,9% en 2016), et Tchad (-5,2% après -3,3% en 2016).
• L’inflation en moyenne annuelle a connu une décélération dans trois États membres, à savoir le Cameroun, le Congo et la Guinée Équatoriale. Elle s’est présentée comme suit : Cameroun (0,6 % contre 0,9% en 2016), République Centrafricaine (4,1% contre 3,8% en 2016), Congo (1,6% contre 3,6% en 2016), Gabon (2,7% après 2,1% en 2016), Guinée Équatoriale (1,1% après avoir été de 1,4% en 2016) et Tchad (-0,9% contre -1,6% en 2016).
• Tous les pays de la CEMAC outre la RCA ont enregistré une amélioration de leur solde budgétaire global hors dons en 2017 suite aux efforts d’ajustement fournis par tous. La situation se présente comme suit : Cameroun (-2,8% du PIB contre -6,3% du PIB en 2016), Centrafrique (-6,6 % du PIB contre -4,4% du PIB en 2016), Congo (-7 % du PIB contre -13,5% du PIB en 2016), Gabon (-2,7 % du PIB contre -5,2% du PIB en 2016), Guinée Équatoriale (-2,3 % du PIB contre -4,4% du PIB en 2016), et Tchad (-3,1 % du PIB contre -4,2% du PIB en 2016).
• Le solde extérieur courant (dons officiels exclus) a été déficitaire en 2017 dans tous les États hormis le Gabon et la Guinée Équatoriale : Cameroun (-2,8 % du PIB après -3,5 % du PIB en 2016), République Centrafricaine (-11,3 % du PIB contre -10,6 % du PIB en 2016), Congo (-18,1 % du PIB après -82,9 % du PIB en 2016), Gabon (0,5 % du PIB contre -2,5 % du PIB en 2016), Guinée Équatoriale (4,0 % du PIB contre -10,1 % du PIB en 2016) et Tchad (-6,8 % du PIB après -17,9 % du PIB en 2016).
Les perspectives macroéconomiques de la CEMAC pour l’année 2018 sont favorables, grâce principalement à l’amélioration des termes de l’échange, la mise en œuvre des réformes prévues dans le cadre du Programme des Réformes Économiques et Financières de la CEMAC (PREF3 CEMAC), et la poursuite de la mise en œuvre des programmes conclus par les pays avec le FMI.
Ainsi, la croissance du PIB réel atteindrait 1,7 % en 2018 en relation avec le dynamisme du secteur pétrolier au Congo et au Tchad et des branches agriculture, industries et services marchands dans bon nombre de pays. Les pressions inflationnistes resteraient contenues sous le seuil communautaire à 1,8%. La résorption du déficit budgétaire, base engagement, hors dons, se poursuivrait ; ce qui le ramènerait à 2,5 % du PIB après avoir été de 3,3 % du PIB en 2017. Concernant les échanges avec l’extérieur, le déficit du compte extérieur courant, dons officiels exclus, s’accentuerait pour atteindre 4,9 % du PIB contre 3,6 % du PIB en 2017.
Pour ce qui est de la situation monétaire, elle se raffermirait en 2018 à travers : (i) la hausse des avoirs extérieurs nets de 26,8 % suite à la reprise de la production pétrolière et à l’afflux des appuis budgétaires découlant de la mise en œuvre des programmes des pays avec le FMI, (ii) un accroissement des crédits à l’économie de 6,6 %, (iii) une augmentation de la masse monétaire de 5,1 %, (iv) un redressement du taux de couverture extérieure de la monnaie qui s’établirait à 63,5 %, et (v) une hausse des réserves en mois d’importations des biens et services qui remonterait à 3,1 à fin décembre 2018.
S’agissant de l’état de conformité en 2017 aux nouveaux critères de convergence de la CEMAC, la Communauté a observé trois critères sur quatre, à savoir ceux relatifs au solde budgétaire de référence, à l’inflation et à l’endettement. La Guinée Équatoriale et le Tchad ont respecté trois critères sur quatre, à l’exception de celui portant sur l’absence d’arriérés de paiement. Le Cameroun et le Gabon ont respecté deux critères, ceux relatifs au taux d’inflation et au taux d’endettement. La Centrafrique a également observé deux critères, ceux portant sur le solde budgétaire de référence et l’endettement.
Quant au Congo, il a respecté un seul critère, celui afférent à l’inflation. S’agissant de l’état de la coopération entre les États membres et le FMI, la mise en œuvre en 2017 des programmes conclus déjà par quatre pays de la Sous-Région (Cameroun, République Centrafricaine, Gabon et Tchad) avec ladite Institution a été globalement conforme aux objectifs, mais la vigilance et les efforts de réforme devraient rester maintenus. Pour ce qui est du Congo et de la Guinée Équatoriale, les discussions se poursuivent en vue de la conclusion d’un programme de redressement économique soutenu par le FMI.
En matière d’orientations générales de mesures de politique économique, même si en 2018, l’on entrevoie une hausse de la croissance portée principalement par la bonne tenue de l’activité dans le secteur pétrolier, les déséquilibres macroéconomiques, bien que s’étant résorbés en 2017, resteraient toujours à des niveaux élevés. Cette situation laisse entrevoir des perspectives macroéconomiques à court et à moyen termes encore difficiles. Les mesures à mettre en place en droite ligne avec les résolutions prises au cours de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC de décembre 2016 à Yaoundé s’avèrent toujours d’une extrême urgence.
Depuis lors, bon nombre de mesures ont été prises, notamment les efforts de consolidation budgétaire entrepris par tous les pays de la Sous-Région, la conclusion par quatre pays de la CEMAC d’un programme soutenu par le FMI, le resserrement progressif de la politique monétaire, le renforcement de l’exercice de la Surveillance Multilatérale, ainsi que le maintien de la surveillance renforcée du système bancaire régional. Cet ensemble de mesures a permis d’inverser la tendance baissière des réserves de changes, et de porter légèrement celles-ci en termes de couverture en mois d’importations de 2,2 à fin décembre 2016 à 2,9 au 31 décembre 2017.
Toutefois, des efforts conséquents restent à être consentis. A cet effet, les orientations générales de mesures de politique économique ci-après sont préconisées. Elles portent sur les mesures de rétablissement de la stabilité du cadre macroéconomique, de réformes structurelles, d’approfondissement de l’intégration régionale et de renforcement de la sécurité.
En matière de stabilité macroéconomique, en vue de poursuivre l’assainissement des finances publiques, la conduite d’une politique budgétaire ciblée en matière de dépenses publiques, et la reconstitution rapide des réserves de change de la CEMAC, Les Etats membres sont exhortés à :
o Mettre en place de vigoureuses mesures pour le rapatriement des recettes d’exportation ; o Rationaliser les dépenses fiscales; o Elaborer les Cadres Budgétaires à Moyen Terme sur la base du nouveau dispositif de surveillance multilatérale en zone CEMAC ;
o Adopter un rythme prudent d’accumulation de la dette en le conformant à la dynamique exigée par le nouveau dispositif de surveillance multilatérale ;
o Mettre en place un plan d’apurement du stock d’arriérés existant et éviter d’en accumuler de nouveaux arriérés de paiement au cours de la gestion courante ;
o Accélérer le traitement des banques en difficulté ;
o Maitriser l’évolution de l’effectif de la fonction publique dans le temps afin de contenir la progression de la masse salariale. Les Institutions régionales, quant à elles, sont exhortées à :
o Renforcer la coordination des politiques budgétaires à travers notamment la mise en place des outils pour une mise en œuvre efficace du nouveau cadre de convergence régionale et le renforcement du suivi – évaluation de la mise en œuvre des Directives du cadre harmonisé de gestion des finances publiques en zone CEMAC;
o Maintenir l’orientation restrictive de la politique monétaire et poursuivre la modernisation du cadre de mise en œuvre de la politique monétaire ;
o Renforcer la mise en œuvre de la politique de pondération des risques sur entre autres la signature souveraine sur la base de l’état de conformité aux critères de convergence;
o Maintenir la surveillance renforcée du système bancaire régional. En termes de réformes structurelles visant l’amélioration du climat des affaires et la diversification de la base productive, il convient de : o Rendre opérationnel l’Observatoire du Climat des Affaires en zone CEMAC ;
o Accompagner l’ajustement budgétaire par de profondes réformes structurelles visant à transférer à terme le moteur de la croissance au secteur privé ;
o Améliorer les indicateurs en matière de facilité à faire les affaires (transfert de titre de propriété, création d’entreprises, etc.). Sur le plan de l’intégration régionale, les actions prioritaires consistent à :
o Renforcer l’édification du marché commun à travers la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires, l’aboutissement rapide du projet de nouveau Code des Douanes de la CEMAC ainsi que la révision des directives fiscales afin de les conformer davantage aux standards internationaux ;
o Appliquer les textes communautaires ;
o Mettre en place un tableau de bord de suivi des instruments de l’intégration.
En matière de renforcement de la sécurité, poursuivre les efforts en vue de la réduction de la menace terroriste Boko Haram et la pacification de la RCA. Il serait convenable dans l’optique de booster le Commerce régional de faire aboutir les projets de création des couloirs de commerce sécurisé avec le Nigéria ainsi qu’avec la Centrafrique.
La traditionnelle réunion semestrielle des ministres des Finances de la zone francs s’est tenue du 12 au 13 avril dernier à Brazzaville au Congo. Et comme souvent, il n’a pas officiellement été question du francs CFA. Cette rencontre était plutôt axée sur les «les risques et les opportunités des perspectives macroéconomiques en zone franc» et la «lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme». Dans un communiqué rendu public à la fin des travaux, les ministres des Finances de la zone franc soulignent «l’importance de renforcer la lutte contre les flux financiers illicites et le financement du terrorisme via la coopération fiscale et des organismes régionaux». Ils ont aussi souhaité «œuvrer pour le développement des pays de la zone franc et mettre en œuvre des politiques économiques soutenables, susceptibles de promouvoir une croissance inclusive». C’est que, les ministres de la zone franc ont «noté les risques découlant d’importants déficits publics et d’un ré-endettement rapide». De plus, estiment-ils, «la convergence réelle peine à progresser dans la zone franc, témoignant des nombreux obstacles auxquels se heurte l’intégration régionale». Pour vous permettre de mieux apprécier ces inquiétudes, le journal Intégration publie le résumé du rapport intérimaire de surveillance multilatérale 2017 et les perspectives macroéconomiques de la Cemac pour 2018, présentés au cours de cette réunion.
Franc CFA
«Un consensus est en train d’émerger autour de l’ancrage à un panier de devises»
À l’occasion de la réunion des ministres des Finances de la zone franc, qui s’est tenue les 12 et 13 avril à Brazzaville, le think tank L’Hétairie a publié une note consacrée à l’avenir de la zone franc. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, l’historien Vincent Duchaussoy, l’un des co-auteurs, revient sur ses principales propositions.
Pourquoi le Franc CFA doit évoluer, selon vous ?
Pour deux raisons principales. Une première critique est portée depuis longtemps par des universitaires, des économistes, qui critiquent le fonctionnement de la zone CFA. Elle existe depuis longtemps mais elle est devenue plus visible, plus relayée dans les champs universitaires, ces dernières années, à travers des figures telles que Kako Nubukpo. La société civile est également en train de se saisir cette question, comme en témoigne les questions posées à Emmanuel Macron lors de son intervention à l’université de Ouagadougou en novembre 2017. Parfois, ces interprétations sont erronées et donnent lieu à une lecture complotiste du sujet.
Quels sont les avantages et les inconvénients du système actuel ?
Le principal avantage du franc CFA est qu’il procure une stabilité monétaire, avec une fixité de sa convertibilité par apport à l’euro, grâce au mécanisme de compte d’opération. La garantie du Trésor français est précieuse puisqu’elle a mis les pays de la zone CFA à l’abri de crises monétaires et d’épisodes d’inflation, alors qu’un pays comme le Nigeria a connu beaucoup de difficultés à gérer le naira. La principale limite est que le fonctionnement du franc CFA lie la politique monétaire des pays qui l’utilisent à celle de la BCE, qui n’est pas forcément appropriée pour ces économies. Elle limite les marges de manœuvres de ces économies en termes de politique monétaire.Vous expliquez qu’un consensus a permis de faire évoluer la coopération monétaire tout en la préservant.
Est-ce qu’un nouveau consensus autour d’un programme de réforme est en train d’émerger ?
On se rapproche d’une évolution autour de la question de l’ancrage du franc CFA. Les discussions envisagent le passage de l’ancrage du franc CFA à l’euro à un panier de devise. J’ai pu constater dans mes travaux sur les archives que ce système avait déjà été envisagé dans les années 1990, avant la dévaluation suite aux crises de la dette. Les banques centrales de la zone CFA réfléchissent depuis longtemps sur ces questions et le renforcement des critiques incite les chefs d’États à évoluer sur le sujet, d’autant qu’elles s’appuient sur des propositions de réformes solides. Les politiques sont également sensibles à leurs opinions publiques, qui sont de plus en plus mobilisés sur cette question.
Parmi les réformes que vous proposez, lesquelles vous paraissent les plus importantes ?
Le changement du nom de la monnaie pourrait être une première étape symbolique. Passer d’un ancrage à l’euro à un panier de devise serait un changement majeur, puisqu’il conduirait certainement à remettre en cause la garantie illimitée de la convertibilité du franc CFA. Si une telle évolution a lieu, elle ne se fera pas du jour au lendemain, mais selon un calendrier qui reste à définir entre la France et ses partenaires africains, et pourrait s’étaler sur plusieurs décennies.
Comment voyez-vous le projet de monnaie unique de la Cedeao ?
L’échéance de 2020 pour la mise en œuvre d’une monnaie unique à l’échelle de la Cedeao me paraît illusoire. En revanche, ce qui est imaginable à moyen terme, c’est la création d’une monnaie commune, sur le modèle de l’ECU, qui existait en Europe avant la création de l’euro dans les années 1980 et 1990. Cette unité de compte serait utilisée principalement pour les paiements interbancaires en Afrique de l’Ouest et pourrait permettre de faire converger les politiques monétaires à l’échelle de la région.
Il paraît prématuré de mettre en place une monnaie unique à l’échelle de la Cedeao, avec une économie telle que le Nigeria et peut-être l’adhésion prochaine du Maroc, qui ne semblent pas prêt à abandonner leurs monnaies nationales. On n’imagine pas le Maroc se passer du dirham pour une monnaie de la Cedeao.
L’Afrique à plusieurs vitesses s’enracine !
Les dynamiques régionales du continent tendent à installer dans les esprits l’idée non pas d’une Afrique cohérente et unie dans le process de développement mais « des Afriques ». Les régions africaines connaissent des rythmes de mobilisations très différenciées, disparates et inégalitaires. Les mutations issues de ces dynamiques font laisser planer la conception d’une Afrique des ambitieux opposée à une Afrique des anxieux. Dans son rapport 2018 sur les perspectives économiques en Afrique, la Banque Africaine de Développement (BAD), dans ses estimations, le démontre déjà «L’Afrique de l’Est demeure la sous-région dont la croissance est la plus rapide, elle devrait rester dynamique et atteindre 5,9 % en 2018, puis 6,1 % en 2019. L’Afrique du Nord a enregistré le second taux de croissance le plus élevé d’Afrique, il devrait s’accélérer pour atteindre 5,1 % en 2018, puis ralentir pour s’établir à 4,5 % en 2019. En Afrique Australe, la croissance devrait augmenter pour s’établir à 2 % en 2018 puis 2,4 % en 2019. Soutenu par l’augmentation de la production pétrolière et la croissance des rendements agricoles, la croissance en Afrique de l’Ouest devrait s’accélérer pour s’établir à 3,6 % en 2018 et 3,8 % en 2019. La région d’Afrique centrale a continué à enregistrer des résultats décevants malgré le rétablissement des prix du pétrole. La reprise modérée en République du Congo stimulera la croissance dans la région qui devrait se rétablir pour atteindre 2,6 % en 2018 et 3,4 % en 2019».
Afrique de l’Ouest
Décidée à implémenter la feuille de route de son intégration économique, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) accélère le chantier de la création de sa monnaie unique. Après des atermoiements sur les agrégats techniques, les Chefs d’Etat Ouest-africains ont institué une task force pour approfondir davantage la réflexion. Lors de sa dernière rencontre en février, elle a permis l’adoption d’une Feuille de route révisée de programme de la monnaie unique prévu en 2020. Malgré des dissensions entre états notamment marquées par les soupçons du Nigéria sur la bonne foi des pays francophones, la monnaie de la CEDEAO (baptisée « ECO ») devrait être crée en 2020. L’axe déterminant et manquant demeure la convergence nécessaire (critères de convergence économique et monétaire) et la surveillance multilatérale. La Commission de la CEDEAO a, elle aussi, affirmé que la nouvelle monnaie ne serait adossée sur aucune devise régionale. Sa compétitivité et sa flexibilité devant s’apprécier par rapport aux grandes monnaies du monde principalement du marché international.
Orientale et Australe
Premier tandem de la régionalisation économique du continent africain et porte étendard des échanges intrarégionaux, l’Afrique méridionale constitue le premier nœud de la géoéconomie régionale africaine. D’un point de vue interrégional, la Communauté économique d’Afrique de l’Est (CAE), le marché commun de l’Afrique de l’Est et du Sud (COMESA) et la communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) capitalisent une zone de libre-échange tripartite depuis 2015. Celle-ci réunie 27 Etats africains, 650 millions de consommateurs et un Produit Intérieur Brut (PIB) global de 900 millions d’Euros. Dans le cadre de la réalisation de son agenda 2025, la CAE souhaite mobiliser 78 milliards de dollars pour développer ses projets d’infrastructures. 79% de ce budget total soit 62 milliards serviront à la construction de chemins de fer, de routes et à la mise en œuvre de plusieurs projets dans le secteur énergétique. Le partenariat de la BAD appuiera en outre la construction d’un centre régional d’excellence pour l’enseignement médical supérieur et la recherche. Le financement pourrait également s’organiser autour de l’émission des bons d’infrastructures sur le marché financier selon une piste avancée les Chefs d’Etat présents au sommet de Kampala (Ouganda). A ce jour, seuls 6% des fonds ont été réunis, soit environ 5 milliards $. Quant à l’Afrique centrale et à l’Afrique du Nord ?
Zacharie Roger Mbarga