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Afrique : Les priorités d’Al Sissi

Le président égyptien Fattah Al Sissi assume désormais la présidence de l’Union africaine. Son action est principalement assise sur les piliers sécuritaires et économiques. 

Abdel Fattah Al Sissi dévoilant son plan d’action pour l’Afrique

L’Union africaine a du pain sur la planche. Son projet de libre circulation des personnes est sur le point de rencontrer des obstacles structurels à l’instar de la carte de séjour. Une manne pour les caisses de l’émi-immigration des États, mais surtout un indicateur du caractère extraverti du continent noir.

En Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest, les frais d’établissement de la carte de séjour se chiffrent à plusieurs milliards de dollars par an. Au Gabon, on estime les recettes à près de 10 milliards de dollars par an et le pays compte à peine 2 millions d’habitants. Au Cameroun, la loi de finances dispose que le montant du droit de timbre pour l’établissement d’une carte de séjour est de 200 000 (deux cent mille francs CFA) pour les ressortissants français et 250.000 (deux cent cinquante mille francs) pour les autres nationalités. La carte de séjour a une validité de deux (2) ans renouvelable.

En Côte d’Ivoire, la grille tarifaire de l’office national d’identification suit la même logique. Un résident hors CEDEAO doit débourser 300 000 francs CFA. Un résident français se procure le titre de séjour contre la somme de 150 000. Tandis qu’un religieux et coopérant français doit se munir de 35 000. Les ressortissants des pays de la CEDEAO sont exonérés, car la libre circulation, et le libre établissement des citoyens de ce regroupement régional sont une réalité. En Côte d’Ivoire et dans le reste de l’espace CEDEAO, la carte de séjour est biométrique. Sa validité est de 5 ans.

Incongruité
Les pays africains déroulent mieux le tapis rouge à la main-d’œuvre étrangère. Et pourtant celle-ci est réputée plus chère. Si dans l’espace francophone, c’est la France qui est indexée, l’espace anglophone et lusophone montrerait le même scénario. La libre circulation recherche justement 3 enjeux : le libre établissement des travailleurs, c’est-à-dire la main d’œuvre, la circulation préférentielle des investisseurs, des prestataires de services et de leur capital, et enfin le libre apprentissage des étudiants et enseignants.

Au moment où le continent africain est lancé dans l’intensification des échanges, il est temps d’interroger ces contradictions du libre mouvement des personnes en Afrique. Après la démonstration marocaine, qui a établi que la migration sur le continent représente 3 fois plus celle irrégulière et régulière vers l’Europe, le rapport de la Cnuced a achevé de convaincre sur l’intérêt de faciliter les mouvements des personnes. Selon ce rapport, les mouvements en Afrique sont des traits d’union économiques et commerciaux. C’est aussi des canaux de rétrocession de fonds et des vecteurs de réinvestissements dans les pays d’origine. Le rapport de la Banque africaine de développement sur les perspectives économiques en Afrique a démontré qu’une Afrique décloisonnée verrait son PIB croitre de 134 milliards de dollars.

 

Union africaine

Guerre de leadership au sommet

Le président et le vice-président s’opposent sur la gestion de l’organisation continentale. Moussa Faki veut garder la main, tandis que Kwesi Quartey appelle à moins de dirigisme et plus de clarté.

 

C’est le feuilleton qui traverse Addis Abeba en ce moment. Le président de la Commission de l’Union africaine (UA) et son adjoint sont dans une opposition sourde. En cause, le leadership de l’institution. Alors que le président veut asseoir son positionnement comme personnalité politique et managériale qui engage la Commission, son adjoint s’arc-boute sur l’organigramme et les manuels de procédures pour dénoncer l’obésité managériale.

Une situation qui ne rassure pas plus sur la quiétude au sein de l’organisation. Après la démission du Ghanéen Daniel Batidam du Conseil consultatif de lutte contre la corruption (CCUAC) en juin dernier, il y a eu la confirmation des pratiques de harcèlement et de discrimination sexuelle. Plusieurs employés de l’organisation témoignent de cet état de fait. Une source, qui a voulu conserver l’anonymat, estime que «c’est de la politique et de la lutte de pouvoir. Le vice-président parle de respect des procédures, le président invite au respect de la hiérarchie. La division semble profonde, puisqu’elle est visible sur les visages des deux hommes».

Révélations
Plusieurs médias anglo-saxons sur le continent et au-delà font état d’une lettre du vice-président de la Commission adressée au président ghanéen. Dans cette missive, datée du 6 novembre 2018, Kwesi Quartey dénoncerait le népotisme et le favoritisme de Moussa Faki Mahamat à la tête de la Commission de l’UA. La nomination d’Ahmat Awad Sakine au poste de représentant permanent de l’UA à l’Union européenne est particulièrement indexée. Ce diplomate tchadien serait un «vieux copain» du président de la Commission, indique ladite lettre.

Au-delà des divisions sur le contrôle du management des ressources humaines, la question des mœurs au sein du département est également évoquée. Le Ghanéen indiquerait alors que les révélations sur les pratiques peu orthodoxes des femmes pour décrocher des contrats sont connues depuis fort longtemps. Mais rien n’a été fait avant, comme depuis la livraison du rapport d’enquête sur la question.

Curiosités
Les déclarations attribuées au vice-président de la Commission de l’UA soulèvent des questionnements. L’UA est une organisation internationale, fonctionnant dans une logique intergouvernementale. Ainsi, la nomination des fonctionnaires respecte un ensemble de critères, dont l’équilibre entre les États membres de l’UA et les régions géographiques de l’Afrique. Plus complexe encore, la désignation d’une personnalité engageante comme un représentant permanent dans une organisation partenaire de l’acabit de l’Union européenne. La Commission, après validation du collège des commissaires, soumet l’identité des hauts fonctionnaires au conseil des représentants permanents (qui réunit les ambassadeurs des États membres). Le rapport de cet organe est transmis au conseil exécutif, qui réunit les ministres des Affaires étrangères des États membres.

L’article 13 de l’Acte constitutif de l’UA énonce que, le Conseil exécutif assure la coordination et décide des politiques dans les domaines d’intérêt commun pour les États membres. Il prépare l’ordre du jour des sessions de la conférence, et rédige des projets de décision pour examen. Il élit les membres de la Commission pour nomination à la conférence. Il examine les attributions et les statuts de la Commission, et fait des recommandations à la conférence. C’est peut-être là la raison du silence et de l’absence de commentaires des principaux concernés.

Zacharie Roger Mbarga

Le pied de nez de Tshisekedi 

Contesté après son élection, le président congolais est depuis le dimanche 10 février, le deuxième vice-président de l’organisation panafricaine.

 

Le 32e sommet ordinaire de l’Union africaine (UA), qui s’est tenu à Addis Abeba (Éthiopie), a donné l’occasion au nouveau président de la République démocratique du Congo (RDC) de faire ses premiers pas sur la scène continentale.

La présence de Felix Antoine Tshisekedi à ses assises a consacré une double reconnaissance pour le nouveau chef de l’État. Tout d’abord, le président congolais a prononcé un discours devant ses pairs. Ensuite, au terme de ces assises, Felix Tshisekedi a été élu deuxième vice-président de l’UA. Aux côtés de Fattah Al Sissi (Égypte) président, Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud) premier vice-président et Mahamadou Issoufou(Niger) troisième vice-président.

Cette reconnaissance apparait comme un pied de nez à Paul Kagame, le président rwandais qui vient de quitter la tête de l’UA. Mais également à Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’UA. Les deux hommes avaient en effet pris la tête de la contestation de l’élection de Felix Tshisekedi à la présidence de la RDC. Après avoir émis de «sérieux doutes» sur la fiabilité des desdits résultats, ils avaient demandé au Conseil constitutionnel de surseoir à la proclamation définitive des résultats. Paul Kagame et Moussa Mahamat Faki envisageaient même de se rendre en RDC avant d’essuyer une fin de non-recevoir des autorités congolaises.

«Les élections qui ont eu lieu le 30 décembre 2018 consacrent la toute première alternance démocratique et pacifique du pouvoir depuis notre indépendance, et ce dans le respect de la Constitution. Cette passation pacifique du pouvoir entre le président sortant et le dirigeant du plus ancien parti d’opposition a démenti tous les pronostics du chaos annoncé à l’issue de ces élections. Elle est la preuve de la maturité politique de notre peuple», leur a lancé Felix Tshisekedi, lors de son allocution.

 

Ifeli Amara

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