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Archives des Cameroun - Page 17 sur 18 - Journal Intégration

Journal Intégration

Étiquette : Cameroun

  • Crise anglophone : les méthodes de l’armée embarrassent le gouvernement

    Crise anglophone : les méthodes de l’armée embarrassent le gouvernement

    En appliquant la tactique de la terre brulée, les soldats obligent le gouvernement à se défendre d’accusations d’exactions dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
    Des boutiques incendiées dans le Nord-Ouest.

    Le jeudi 21 février, le ministre de la Communication du Cameroun se fend d’un « communiqué de presse » dans lequel il vole au secours de l’armée. Celle-ci est en effet accusée par des ONG internationales d’avoir incendié des maisons d’habitation dans les environs de Kumbo, une ville de la région du Nord-Ouest, dans le cadre de la crise anglophone.

    « Le gouvernement dément formellement ces allégations et tient à préciser que les forces de défense et de sécurité présentes dans cette région en proie aux attaques régulières des hordes de sécessionnistes ont essentiellement vocation à assurer la protection du territoire national ainsi que celle des personnes et des biens » pose d’emblée René Emmanuel Sadi.

    Lire aussi : la maison de Paul Elung Che incendiée par des séparatistes dans le Sud-Ouest

    Des unités de l’armée sont accusées d’user de la tactique de la terre brulée, en incendiant maisons, écoles, marchés, villages et même hôpitaux. Des témoignages d’habitants des régions ont souvent fait état de ce que des soldats mènent régulièrement des descentes dans des formations sanitaires et interpellent durement le personnel sur des combattants qui y recevraient des soins. « Nous sommes sous pression », avait confié un responsable médical de l’hôpital de Shisong, à Bamenda, sans dire davantage sur d’où vient cette pression.

    La sortie du ministre de la Communication laisse entendre en filigrane que les témoignages ne sont pas si éloignés que cela de la vérité.  Car René Emmanuel Sadi avoue que pour répondre à une intrusion de combattants séparatistes, les forces de défense et de sécurité sont intervenues et ont mis les assaillants en déroute « en procédant, par ailleurs, à des actions ciblées, détruisant les abris leur servant de refuge ».

    Des habitants ont en effet reconnu que les infrastructures détruites servent de refuge aux bandes armées. Cependant, le ministre de la Communication rejette toute destruction de maisons par l’armée.

    Mais le porte-parole du gouvernement ajoute : « en aucun cas, les forces camerounaises de défense n’ont incendié des maisons d’habitation ».

    Il y a quelques semaines, le colonel Didier Badjeck chef de la division de la communication du ministère de le Défense confirmait ces méthodes de l’armée aux journalistes américains du Washington Post « L’armée brule les camps des sécessionnistes. Lorsque nous trouvons un camp de sécessionnistes dans la forêt, ne croyez pas qu’on ne va pas le brûler. On va le bruler ».

    Bobo Ousmanou

  • Crise anglophone : la maison de Paul Elung Che incendiée dans le Sud-Ouest par des séparatistes

    Crise anglophone : la maison de Paul Elung Che incendiée dans le Sud-Ouest par des séparatistes

    Des hommes armés non identifiés ont tiré des coups de feu, ce 18 février, avant de mettre le feu à la résidence du secrétaire général adjoint à la présidence de la République.

    Le secrétaire général adjoint de la présidence de la République.

    D’après des témoins, c’est dans la matinée du 18 février 2019 que la maison de Paul Elung Che a été incendiée à Bangem, dans le département du Kupe Manengouba, région du Sud-Ouest. Une région secouée depuis fin 2016 par la crise anglophone.

    Des hommes armés ont fait irruption très tôt dans le quartier, ont commencé à tirer des coups de feu en l’air, avant de mettre le feu à la résidence, ont fait savoir des témoins.

    Aucune perte en vie humaine n’est à déplorer. Le ministre, secrétaire général de la Présidence de la République du Cameroun se trouvant lui-même dans la capitale Yaoundé.

    Ce n’est pas la première fois que des maisons de hauts responsables du gouvernement sont la cible des sécessionnistes. En janvier dernier, c’est la résidence de Joseph Dion Ngute qui est attaquée dans la Sud-Ouest. Il est nommé 24h plus tard Premier ministre.

    Lire aussi : Bamenda : la vie reprend après le « Lockdown »

    Ces derniers jours, l’on enregistre de nouveaux pics dans les violences au Nord-ouest et au Sud-Ouest. Dimanche 17 février, un soldat a été tué par les séparatistes.

    Samedi 16 février, une centaine d’élèves – en majorité des filles – du collège Saint Augustin de Kumbo sont pris en kidnappés par des hommes armés. Elles seront relâchées moins de 24h plus tard dans après des négociations entre le clergé et les ravisseurs.

    Quelques membres du personnel de cet établissement sont encore entre les mains de la police qui les soupçonnent de complicité avec les ravisseurs. De nombreuses informations d’habitants de ces deux régions font état d’opérations de l’armée contre les séparatistes. Plusieurs villages brûlés.

    Rémy Binoui

  • Le technopôle agroindustriel : la pupille industrielle du gouvernement

    Le technopôle agroindustriel : la pupille industrielle du gouvernement

    A la découverte d’un pôle de développement industriel du Cameroun, dans le cadre de PROMOTE 2019.

    Une vue des stands Promote.

    Beaucoup n’en ont jamais entendu parler. Le projet du Technopole agro-industriel du Cameroun est pourtant une réalité qui se met progressivement en place. Pour en donner une plus grande visibilité, le Technopole agro-industriel s’exposera au Salon PROMOTE sous l’égide du Ministère des mines, de l’industrie et du développement technologique (Minmidt).

    Au menu de cette découverte au grand public, une conférence publique sur le thème « Investir dans l’innovation technologique pour le développement agro-industriel au Cameroun : enjeux et opportunités ». La date de l’événement est fixée au 19 février 2019 à l’hôtel Mont-Febé à Yaoundé.

    Pour les organisateurs, l’idée est d’apporter des réponses personnalisées et adaptées aux besoins des investisseurs désireux de se lancer dans le projet.

    Cette conférence ne constitue que le clou d’une série d’activités étalée sur les neuf jours de PROMOTE. Le cycle des activités du technopôle agroindustriel, indique-t-on, sont représentée par un schéma comprenant trois cercles concentriques : chaque jour, le premier définit les responsabilités économiques élargies, de la production de biens et services au maintien des emplois ; le second intègre les normes et valeurs sociales comme l’amélioration des conditions de travail, le respect de l’environnement, l’information des consommateurs ; le troisième place le technopôle au sein de son environnement à travers ses actions. Le tout est de permettre de vulgariser les actions inscrites dans cette logique depuis sa création.

    La participation de ce projet novateur au Salon PROMOTE repose sur des objectifs précis : rapprocher la véritable identité du technopôle de son image extérieure et saisir les opportunités du marché.

    Parmi les plus de ce projet, citons entre autres : une aire géographique où vont converger des instituts de formation, des centres de recherche ; des espaces d’incubation ; des zones de production en haute technologie ; des zones de services aux entreprises  et des espaces commerciaux.

    Le but étant de créer une synergie entre développeurs de savoir-faire et entreprises de production industrielle, dans des projets collaboratifs et innovants, et dans un cadre attractif pour les investissements et attrayant.

     

     

    Le technopôle en formule ramassée

     

     

    Identification du projet

    Pays : Cameroun.

    Secteur d’activité : Agro-industrie.

    Titre du projet : Projet de Parc Technologique (Technopôle) agro-industriel.

    Zone du projet : Village de Ouassa Babouté par Nkoteng – Région du Centre du Cameroun.

    Durée du projet : 05 ans

    Coût estimé du projet (S/r études d’ingénierie) :120.175.000.000 FCFA

    Description et phasage du projet

    -Aires structurelles du projet (405ha sur site, 539.389ha hors site) :

    -Aires de production de matières premières comprenant 24 centres de collecte, 24 centres d’excellence technologique, de dissémination de connaissances et d’information sur les marchés (non incluse dans les 405ha) ;

    -Aire de recherche et développement (R&DT) pour la mise au point des produits et services (19ha) comprenant un incubateur, une unité de maintenance avancée et un centre de renforcement de capacité ;

    -Aire de production

     

    Filières promues par le technopôle agro-industriel

    1er type : Filières agricoles

    -Les graines et céréales ;

    -Les tubercules et plantains ;

    -Les fruits et légumes ;

    -Les huiles essentielles et aromates ;

    -Les produits carnés et halieutiques ;

    -Les laits et dérivés ;

    -La transformation du cacao

     

    2ème type : Logistique d’accompagnement

    -La chaîne du froid et du conditionnement ;

    -Les emballages et matériaux de l’agro-industrie ;

    -Les énergies renouvelables ;

    -La métrologie agro industrielle ;

    -Les sous-produits et équipements de l’agro-industrie.

    Charges du secteur privé

    -Construction

    -Equipement

    -Mise en place structure de gestion

    -Exploitation

     

    Bénéficiaires

    -Agriculteurs petits et moyens ;

    -PME & PMI ;

    -Tissus économique national ;

    -Populations nationales.

     

    Avantages du projet

    Des pôles d’attractivité des investisseurs nationaux ;

    Projet réalisé à coût pratiquement nul pour l’Etat, grâce à des mécanismes particuliers de financement en mode PPP.

    Très grand impact sur l’aménagement et le développement du territoire.

     

    Rentabilité et impact du projet

    Orientations de la contribution de l’Etat  (49.123millions FCFA, soit 40,8%):

    -Connectivité extérieure du technopôle et divers  aménagements :

    -Elargissement de la Nationale N°1 en une autoroute (enjeu non budgétisé)

    -Aménagement des routes des différentes zones d’approvisionnement

    -Adaptation de la connexion au chemin de fer

    -Alimentation du site en divers réseaux (eau, électricité, télécom)

    -Marketing, visibilité, attractivité et mise en place de toutes les facilitations (guichet unique)

    -Conduite du partenariat PPP

    -Mise en place des aspects financiers et techniques du centre de recherche

    -Sécurisation du site

     

     

    Retombées du projet

    Sur le plan social :

    -Réduction significative de l’exode rural ;

    -Génération d’environ 800,000 emplois stables en 04 ans, aussi bien en zones rurales qu’en milieu urbain.

     

    Sur le plan économique :

    -Le technopôle doit transformer 800,000 tonnes de matières premières agricoles en 04ans, plus 2,000,000 après 10ans ;

    -La production de matières premières avec un délai de récupération de 3 ans ;

    -Le transfert de technologie et de savoir-faire concurrentiels ;

    -Inversion et amélioration de la balance; commerciale en moins de cinq ans ;

    -Amélioration et accélération de la croissance ;

    -Un tissu industriel qui s’appuie désormais sur l’innovation ;

    -Une économie tournée de plus en plus vers le savoir et le savoir-faire local;

    -Des matières premières transformées localement en très haute technologie ;

    -Un élargissement de l’assiette fiscale.

     

    Sur le plan technologique :

    -Le technopôle réalisera un rapprochement  entre les structures de Formation-Recherche et celles de la production industrielle en haute technologie ;

    -Les bénéfices sur les emplois jeunes et le label

    Made in Cameroon sont énormes ;

    -Le technopôle attire les meilleures technologies du monde ;

    -Les produis fabriqués conquièrent des marchés  jusque-là inaccessibles, l’économie se porte mieux.

    Sur le plan du développement urbain :

    -Naissance des villes intelligentes (Smart Cities) agréables à vivre.

  • Bamenda : La vie reprend après le « Lockdown »

    Bamenda : La vie reprend après le « Lockdown »

    Depuis vendredi 15 février dans la cité capitale du Nord-ouest, les populations ont pu sortir après 10 jours d’une opération « verrouillage » imposée par les séparatistes.

    Une rue de Bamenda.

    Depuis le 4 février 2019, les populations se sont terrées à la maison, respectant malgré elles, les villes mortes d’une dizaine de jours à elles imposées par les séparatistes de la république virtuelle « d’ambazonie ». « J’ai passé le temps à me tourner les pouces pendant onze jours à domicile » se plaint John Ngwa, habitant de Ngomgham, l’un des quartiers de Bamenda.

    Muma Elivinus quant à lui affirme avoir passé près de deux semaines de calvaire  » faute de provisions, j’étais fatigué de prendre à temps et à contretemps du café. J’allais mourir de faim ». Pour sa part Papa Alhaji maudit ceux qui ont institué ces villes mortes.

    Et pour cause  » mon épouse a rendu l’âme parce que je suis dans un quartier sur la route qui mène dans l’un des camps des ambazoniens. Ma femme était malade, j’ai fait appel à l’ambulance pour l’évacuer à l’hôpital. L’ambulance n’est pas venue à cause de l’insécurité.

    Elle a rendu l’âme « . Nombreux sont les patients qui ne se sont pas rendu à l’hôpital ces onze jours de villes mortes qui se sont écoulés. Voilà le prix payé par la population du Nord-ouest.

    Et ce n’est pas tout. Elle encore subir ce lundi 18 février et ce jusqu’à mercredi 20 février 2019, jour du procès des leaders Sisiku Ayuk Table et Co au tribunal militaire de Yaoundé.

    Rémy Binoui

  • Crise angophone : Titus Edzoa écrit à Paul Biya

    Crise angophone : Titus Edzoa écrit à Paul Biya

    L’ancien secrétaire général de la présidence de la République, et ancien médecin personnel de Paul Biya demande à ce dernier d’arrêter la rhétorique guerrière sur la crise anglophone. Il livre quelques pistes de solutions. 

    Monsieur le Président,

    Titus Edzoa.

     

    Au moment où notre Nation, lentement mais fatalement s’en va glissant vers une déréliction certaine, ébranlée et fissurée qu’elle est dans l’essence même de ses fondements historiques, la spontanéité de ma plume téméraire interpelle dans son élan le citoyen patriote que je suis. Lui résister eût été une manifeste malhonnêteté intellectuelle vis-à-vis de vous, vis-à-vis de mon pays, et même un coupable reniement de mes propres convictions. C’est pourquoi, à toutes mes différentes et précédentes interventions médiatiques, je viens respectueusement joindre cette lettre ouverte à votre intention.

     

    En prologue, permettez que je vous propose la visite de ce bref quatrain de Nicolas de Lyre, pouvant susciter quelques réflexions lumineuses dans la recherche d’une solution définitive au problème existentiel qui nous taraude, à savoir la guerre civile dans les zones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest de notre pays :

    « La lettre enseigne les faits

    L’allégorie ce qu’il faut croire

    La morale ce qu’il faut faire

    L’anagogie ce vers quoi il faut tendre. »

     

    La suite de ma réflexion s’articule sur les 4 volets suivants :

     

    Un rappel synoptique des faits historiques ;

    Le déclenchement de la crise ;

    Les conséquences ;

    La proposition de solutions.

     

    Rappel synoptique des événements historiques

     

    En février 1916, en pleine 1ere guère mondiale, l’Allemagne perd le Kamerun sous les assauts franco-britanniques. Un accord de partage (la première division non consentante de notre pays) est organisé entre la France et la Grande-Bretagne. Les 4/5 du territoire vont à la France et le 1/5 à la Grande-Bretagne divisé en 2 parties, le Northern Cameroon et le Southern Cameroon.

     

    En 1922, par un accord de mandat de la Société des Nations (SDN), la France régira l’administration en zone francophone et la Grande-Bretagne en zone anglophone. A l’issue d’une 2e guerre mondiale, confirmant la défaite allemande, l’ONU confirmera cette répartition. En conclusion, à l’issue des 2 guerres mondiales, le Kamerun allemand sera divisé en 3 Etats : le Cameroun francophone et les 2 Cameroons anglophones : le Northern et le Southern Cameroons.

     

    a/ De 1957 au 6 novembre 1982 : Régime du Président Ahmadou Ahidjo

     

    Le 1er janvier 1960, le Cameroun francophone devient indépendant, sous la dénomination de République du Cameroun.

    Les 11 et 12 février 1961, un plébiscite est organisé dans les 2 territoires, Northern et Southern Cameroons par les Britanniques, sous l’égide de l’ONU : le Northern choisira l’union avec le Nigeria et le Southern, l’union avec la République du Cameroun.

     

    Du 16 au 22 juillet 1961, la Conférence de Foumban permet que les 2 Etats restant s’accordent pour la création d’un Etat fédéral : le 1er octobre 1961, une nouvelle Nation est née : la République Fédérale du Cameroun.

     

    Le 20 mai 1972, le Président Ahmadou Ahidjo organise un referendum sur la fin du système fédéral en vigueur et la réunification de l’Etat oriental avec l’Etat occidental. Le « Oui » l’emporte et le pays devient la République Unie du Cameroun.

    La rupture d’avec le travail d’unité, remarquablement accompli par l’ancien Président Ahmadou Ahidjo et les différents acteurs politiques de l’époque, fut une erreur inqualifiable.

     

    b/Période du régime du Président Paul Biya, à partir du 6 novembre 1982.

     

    Une démarche pour le moins curieuse vient remuer les cendres du passé par la loi no 84-1 du 4 février 1984, modifiant unilatéralement la dénomination du pays : la République Unie du Cameroun devient la République du Cameroun.

    Erreur aussi politique qu’historique, ce changement sémantique sera malheureusement entériné au forceps lors de la révision de la Constitution du 18 janvier 1996, et sera ressenti de la part des Camerounais issus de la zone anglophone, comme un camouflet, une humiliation, un authentique mais incompréhensible reniement par le mépris d’un consensus historique mutuel d’unité dans le respect le plus absolu de la diversité… Erreur qui se paie très cher aujourd’hui, avec des conséquences pour le moins dramatiques…

     

    Le déclenchement de la crise

     

    En octobre-novembre 2016 : On assiste à des revendications corporatistes des Avocats et des Enseignants au Nord-Ouest et du Sud-Ouest, revendications tout-à-fait légitimes et qui, pour d’autres raisons, pourraient être faites dans n’importe quelle région de notre pays. Le système en place, par incompétence et une légèreté habituelle, en sous-estime les fondements. A cette désinvolture, il faut ajouter la non-application de la Constitution depuis plus de 20 ans. En outre, la répartition effective du pouvoir central dévoile une iniquité flagrante et ahurissante au Sommet de l’Etat : les francophones occupent depuis fort longtemps les postes majeurs :

    Le Président de la République est francophone ;

    Le Président du Sénat est francophone ;

    Le Président l’Assemblée Nationale est francophone ;

    Le Président du Conseil Economique et Social est francophone ;

    Le Président du Conseil Constitutionnel est francophone ;

    Le Président de la Cour Suprême est francophone ;

    Le Premier Ministre, enfin, est anglophone.

     

    Précédée par cet état des choses, une répression aveugle de ces revendications vient ouvrir largement la brèche où les partisans de la sécession viendront malheureusement s’engouffrer. Ma conviction est que nous aurions pu agir rapidement pour empêcher l’aggravation de cette situation. Ça n’a pas été le cas et je le regrette profondément.

     

    Les conséquences

    Elles sont désastreuses, la première étant la mise à rude épreuve de l’essence même de notre unité nationale. A la suite de nombreux et laborieux échanges, compromis devenus historiques, le Cameroun avait réussi, par la sagesse d’interlocuteurs patriotes des 2 cotés, francophones et anglophones, à bâtir un socle où devaient venir se fondre les différences et créer ainsi une unité dynamique. Cette unité devait être nourrie par la diversité de l’une et l’autre partie.  En écoutant les uns et les autres, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, anglophones et francophones confondus, le Cameroun profond, unanime, tient à son unité. Cet heureux constat peut faciliter  la recherche  de solutions appropriées par la suite.

    En attendant, les conséquences de cette guerre civile sont horribles. Tenez, Monsieur le Président, quelques chiffres :

    1. A) En pertes humaines et conséquences démographiques :

    200 membres de nos forces de l’ordre et plus de 500 civils tués : une cruauté et une barbarie révélées par des images insoutenables.

    L’exode des refugiés est massif, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays : selon l’UNHCR, les refugiés au Nigeria sont d’environ 30 000 Camerounais ; 4/5 sont des femmes et des enfants dont la scolarisation est sévèrement compromise. A l’intérieur, plus de 75 000 personnes déplacées ;

    Des enlèvements d’une dizaine de Chefs d’entreprises, de hauts responsables et commis de l’Administration. Bref, environ 437.000  Camerounais ont fui leur domicile, dont 246.000 au Sud-Ouest et 191.000 au Nord-Ouest, un décor véritablement catastrophique.

    Des villages incendiés et ravagés.

     

    1. B) Conséquences économiques et sociales

     

    En référence à une étude détaillée du Groupement Inter-patronal du Cameroun (GICAM) du 13 septembre 2018, nous avons retenu quelques chiffres :

    Un manque à gagner en termes de chiffres d’affaires de 269 milliards de FCFA dans les secteurs suivants :

    Industries agro-alimentaires

    Agro-industries locales

    Télécommunications

    Filières café-cacao

    Services agricoles

    Distributions, etc.

    Un manque à gagner immédiat de 6 milliards de FCFA de recettes fiscales pour l’Etat au titre de l’acompte de l’impôt sur les sociétés.

    Des pertes d’emplois dans le secteur formel des entreprises agro-industrielles évaluées à 8 000 emplois, à ajouter aux 6400 emplois perdus sur les sites en arrêt de production des agro-industries du fait de cette guerre civile.

    La chute conséquente des recettes d’exportations évaluée à 20%, car 45% du cacao camerounais provient du Sud-Ouest et 75% du café arabica du Nord-Ouest.

    Le taux de chômage dans l’agriculture est en hausse de 7% : en exemple, la CDC (2e employeur après l’Etat), n’a que 7 sites fonctionnels sur les 20 au total…

    En guise de synthèse, cette crise a des conséquences humaines, économiques et sociales désastreuses. Chaque jour qui passe en amplifie la dimension et la profondeur. La routine de la désolation, de l’insécurité, s’installe dans l’indifférence générale. Le feu et le sang de nos frères et sœurs citoyens s’entremêlent dans un enfer ardent. Horresco referens !

     

    Monsieur le Président,

     

    J’ai la certitude qu’en parcourant ces quelques lignes, qui viennent s’ajouter à votre information quotidienne, vous compatirez avec votre peuple, aujourd’hui hagard de sa détresse !

     

    4-            Solutions préconisées :

     

    Monsieur le Président, vous conviendrez avec moi que les mesures préconisées jusqu’à  présent sont demeurées infructueuses. Souffrez tout autant d’en faire ce constat avec moi :

    La création par décret d’un organe de promotion du bilinguisme : pléthorique et couteux, il s’est avéré inefficace, car cette crise n’est pas un problème de langue et de culture.

    La libération par décret de 289 individus : un geste certes de bonne volonté, mais périphérique quant à l’essence même du problème.

    Des tentatives de rencontres et d’échanges informels à différents niveaux, intérieurs et extérieurs de la société civile… tout aussi infructueuses…

    Et surtout, « the last but not the least », votre détermination clairement affichée d’anéantir par la force les partisans de la sécession au cours de vos multiples interventions médiatiques.

    Monsieur le Président,

     

    Toutes ces mesures ont plutôt créé et exacerbé la radicalisation ; chaque jour qui passe enlise la situation et chaque mort de nos citoyens est une mort de trop. Toute guerre, d’où qu’elle vienne est la négation de l’humanité par elle-même. Cette guerre civile qui détruit notre Nation en est l’anéantissement même.

    Cette insécurité permanente pèse et pèsera lourd dans notre univers sociopolitique. J’avais préconisé avec véhémence de surseoir aux élections présidentielles. Mon appel   fut étouffé… Je reste persuadé que vouloir reprendre des élections législatives et municipales sans résoudre le drame que vit notre pays au Nord-Ouest et au Sud-Ouest, c’est augmenter les frustrations chez nos compatriotes et cela risque d’être une fois de plus mal pris ou mal interprété sur le plan national et international. Aujourd’hui, la suite des événements  appelle à de nouvelles recommandations et à des solutions sans délai, présidées et ordonnées par vous-même.

    Conclusion :

     

    Recommandations :

     

    Les mêmes causes produisant les mêmes effets, je vous suggère respectueusement de surseoir à tout suffrage électoral  aussi bien les législatives que les communales. Non seulement l’insécurité qui règne dans le pays en interdit l’application des règles démocratiques, mais le code électoral en vigueur étant essentiellement anti-démocratique, organiser des élections dans ces conditions serait entériner la sécession de fait de notre Cher pays, responsabilité trop lourde à porter pour tout leader, et qui plus est, pour celui qui s’est engagé à laisser en héritage une « Nation Unie et indivisible dans sa diversité».

     

    En tout état de cause, les résultats issus de telles élections, quels qu’ils soient, entraîneraient des contestations tout aussi incontrôlées et alimentant le cycle de la violence. La priorité des priorités, comme je l’ai affirmé de nombreuses fois, c’est la résolution de la crise dite anglophone, dans les 2 régions de notre pays : le Sud-Ouest et le Nord-Ouest.

    Proposition de solutions :

    Une adresse solennelle, médiatisée, du Président de la République, à la Nation, ordonnant l’arrêt des hostilités sans délai, déclenchant le retrait du dispositif militaire de ces 2 zones, dans le respect des règles de sécurité bien évidemment.

    Ouvrir en même temps des Assises Nationales présidées par le Président de la République lui-même, réunissant tous les représentants des forces vives de la Nation : majorité et opposition politiques, religieux, société civile sans oublier les représentants des partisans de la sécession…

    Débats ouverts concernant notamment une armistice et les conditions d’une éventuelle amnistie…

    Débat sur le code électoral et sur le mode de désignation des membres d’ELECAM, préalables nécessaires pour détendre l’atmosphère politique. Mais surtout pour accéder à un minimum de démocratie à laquelle aspire notre société depuis si longtemps déjà.

    Clôture des Assises par le Président de la République lui-même, étant entendu que les résolutions retenues par ces Assises seront exécutées et suivies par un organe « ad hoc » issu des assises. Le président peut, par un tel acte, redonner espoir aux Camerounais.

    Enfin, pour détendre l’atmosphère sociopolitique particulièrement fébrile en ce moment, je vous suggère respectueusement la libération du Professeur Maurice Kamto et ses partisans, étant entendu que ceux qui ont vandalisé les Ambassades de la République du Cameroun en Europe (Paris, Berlin, …) doivent être poursuivis selon la Loi.

    Telles sont, à l’aune d’une analyse profonde, les réflexions que j’ai bien voulu partager avec vous dans l’intérêt supérieur de notre pays.

    Aujourd’hui, le 13 Février 2019, je viens vous souhaiter un Joyeux anniversaire. Monsieur le Président, que Dieu vous bénisse.

    En attendant, Monsieur le Président, je vous prie d’agréer ma très haute considération.

    Professeur Titus EDZOA

    Chirurgien

  • Attributions des CAN 2021, 2023 et 2025 : un membre du comité exécutif de la CAF accuse Ahmad

    Attributions des CAN 2021, 2023 et 2025 : un membre du comité exécutif de la CAF accuse Ahmad

    C’est du Libérien Musa Hassan Bility que vient la contestation de l’attribution de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2021, 2023, et 2025 respectivement au Cameroun, à la Côte d’Ivoire et à la Guinée-Conakry.

    Ahmad lors d’une Assemblée générale de la CAF.

    Il accuse le président Ahmad d’avoir décidé unilatéralement, en violation des statuts de l’organisation.

    Dans une correspondance du 8 février 2019, Musa Hassan Bility exige une réunion extraordinaire du Comité exécutif de la CAF pour réexaminer ces attributions.

    Dans sa correspondance le Libérien dénonce aussi l’accord de sponsoring signé entre la CAF et 1XBET, une société de bookmaker, en tant que sponsor officiel de toutes les compétitions majeures de la CAF. « Encore une fois, selon les statuts, la signature d’un tel accord de partenariat majeur avec une implication financière requiert l’approbation du Comité exécutif », décrie Musa Hassan Bility.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Centrafrique : le huitième accord de paix laisse dubitatif

    Centrafrique : le huitième accord de paix laisse dubitatif

    De nombreuses dispositions du document signé le 06 février dernier laissent planer le doute sur les chances de réussite de ce nouvel accord.

    Signature solennelle de l’accord à Bangui.

    Le document négocié à Khartoum (Soudan), n’était pas encore paraphé par les parties prenantes que des voix s’élevaient déjà pour dénoncer le texte. Le mot « amnistie » ne figure pas dans l’accord obtenu sous l’égide de l’Union africaine, relèvent des spécialistes.  » Mais les signataires, peut-on lire dans le document, rejettent « toute idée d’impunité ». Le risque de poursuites judiciaires n’est donc pas exclu, même si la probabilité semble limitée », commente Radio France internationale.

    Pour de nombreux observateurs,  les 14 groupes rebelles ayant pris part aux négociations sont néanmoins les gagnants de cet accord, au détriment de la population.

    « Pour ramener les groupes armés à la capitale et pour mettre fin à leur déprédation, à l’intérieur du pays, il faudrait leur offrir quelque chose. Mais le problème est là : pas mal de ces acteurs sont responsables d’exactions contre les populations. Ce sont de vrais criminels de guerre », analyse Jeffreys Hawking.

    Cet ancien ambassadeur des États-Unis en Centrafrique, aujourd’hui chercheur à l’IFRI à Paris, estime qu’ « on peut douter de la fiabilité de l’accord de paix » de Khartoum. « Partager le pouvoir avec les bandits et les coupeurs de rues, pour une bonne partie de la population centrafricaine, ça va mal passer. Donc comment d’une part convaincre les groupes armés de faire la paix, et d’autre part de rendre la justice aux Centrafricains et garder la légitimité de l’État ? C’est très difficile. Je pense que le rapport de force favorise malheureusement toujours les groupes armés ».

    Cependant, d’autres préfèrent un mauvais accord, que pas d’accord du tout. C’est le cas de la Fédération internationale des droits de l’Homme, pour qui « c‘est un peu un soulagement parce qu’il y avait une inquiétude grandissante ces derniers jours, notamment à Bangui », si un accord n’était pas trouvé avec les mouvements rebelles.

    Au sein du gouvernement centrafricain, on veut dédramatiser et l’on souligne les « raisons objectives de croire à cet accord ».  « Nous n’avons, nous gouvernement centrafricain et les Centrafricains même, pas d’autres alternatives pour croire en cet accord et en sa réussite. D’une manière plus objective, il faut noter que cet accord a été, contrairement aux autres, préparé de manière beaucoup plus systématique et minutieuse, dans le sens où les experts de l’Union africaine ont pris le temps de rencontrer à plusieurs reprises les groupes armés de manière à ce que, arrivés à Khartoum, nous puissions être en phase », a expliqué le ministre de la Communication.

    Rappelons que les groupes rebelles contrôlent près de 80 % du territoire Centrafricain. L’accord de Khartoum prévoit « la dissolution intégrale des groupes armés sur toute l’étendue du territoire national ». De même, ces 14 mouvements armés s’engagent à « participer pleinement » au processus DDR de désarmement et à « bannir toute velléité d’accession ou de conservation du pouvoir par la force ».

    Zéphyrin Fotso Kamga 

  • Diplomatie : la Turquie tacle la France sur le Cameroun et l’Algérie

    Diplomatie : la Turquie tacle la France sur le Cameroun et l’Algérie

    Un haut responsable à Ankara demande au gouvernement français de faire face aux meurtres dans lesquels Paris est impliqué dans ces deux pays d’Afrique.

    Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan.

    « Ce que la France devrait faire face juridiquement, du Cameroun à l’Algérie, sont les actes de violation des droits de l’homme et les meurtres commis par les autorités françaises ». L’attaque est menée par Omer Celik, vice-président et porte-parole du Parti Justice et Développement (AKP), cité par l’Agence de presse turque Anadolu (AA) et rapporté par le média en ligne Journal du Cameroun.

    D’après AA, le haut responsable du parti du président Erdogan s’exprimait le 11 février à l’issue d’une réunion du Comité exécutif de cette formation politique.

    « Les autorités françaises devraient faire face aux violations des droits humains et aux meurtres dans lesquels elles ont été impliquées, du Cameroun à l’Algérie », a déclaré Omer Celik. « Faire face à l’histoire est essentiel pour la France », a-t-il ajouté.

    La colère des turcs trouve son origine dans une récente sortie d’Emmanuel Macron, continue l’agence de presse. Le président a en effet déclaré dans une tweet que dès le 24 avril, il entamerait un périple mémoriel pour commémorer le génocide arménien attribué aux turcs en 1915.

    Le génocide arménien est une question sensible et tabou en Turquie. Plusieurs pays occidentaux, dont la France, ont reconnu que ce massacre était un génocide, provocant à chaque fois la colère de la Turquie.

    Bobo Ousmanou

  • Cameroun : attaque terroriste contre un hôpital

    Cameroun : attaque terroriste contre un hôpital

    À Kumba, cette incursion armée a fait plusieurs victimes. D’importants dégâts matériels enregistrés.

    Images des dégâts.

    Le bloc chirurgie, la salle des infirmiers, la salle abritant le groupe électrogène et sept véhicules appartenant au personnel partis en fumée. Le décompte est tout aussi lourd. D’après le gouvernement, on dénombre quatre morts, dont deux sur leurs lits d’hôpital.

    C’est le bilan de l’incendie qui a consumé une bonne partie de l’hôpital de district de Kumba, dans la région du Sud-Ouest. Incendie criminel survenue dans la nuit du 10 au 11 février. Le gouvernement accuse les sécessionnistes anglophones d’être les auteurs de cette attaque.

    Le ministre de la Communication pointe une « horde de rebelles sécessionnistes évalués à près d’une vingtaine d’individus ».

    Cette attaque a provoqué une vague d’indignation au sein de l’opinion. L’ambassadeur des États-Unis a condamné une « attaque criminelle ».

    Par ailleurs, le convoi du gouverneur de la région du Sud-ouest a essuyé des tirs le 12 février, alors qu’il se rendait sur les lieux du drame. Une dizaine de militaires affectés à sa sécurité ont été blessés au cours de cette attaque. La deuxième du genre subi par le haut responsable depuis 2018.

    Rémy Binoui

  • 11 février : une douzaine de minutes de défilé à Bamenda

    11 février : une douzaine de minutes de défilé à Bamenda

    La capitale régionale du Nord-Ouest a connu une mobilisation encore plus faible que les années précédentes.

    Des manifestations au Nord-Ouest.

    Il fallait montrer patte blanche, pour la poignée de personnes qui a bravé la peur pour s’y rendre. Contexte d’insécurité oblige. Surtout que depuis une semaine, cette partie du pays observe des villes mortes imposées par les séparatistes.

    Déjà la veille, des coups de feu nourris ont été entendus dans la ville. Néanmoins quelques courageux ont pris part au défilé à la place des fêtes de l’avenue commerciale.

    Les responsables de l’Université de Bamenda ont quand même mis des bus à la disposition des quelques étudiants qui ont accepté de prendre le risque.

    Et c’est sous forte escorte des éléments des forces de défense et de sécurité que la poignée d’étudiants est parti de Bambili à la place des fêtes de Bamenda. Il en est de même de quelques élèves du secondaire.

    Le défilé aura duré à peine une douzaine de minutes. Malgré la note de service du premier adjoint préfectoral de la Mezam à l’endroit des fonctionnaires, la mobilisation n’était pas celle des années antérieures.

    Néanmoins, on a sauvé la face. C’était presque la même situation à Nkambe, chef-lieu du département du Donga-Mantung.

    À Buea, le maire Ekema Patrick a saisi cette opportunité pour inviter les séparatistes non seulement à abandonner la brousse, à sortir du maquis ; et surtout à déposer les armes.

    Toujours est-il que la première semaine de villes mortes a été tumultueuse dans les deux régions. On a enregistré plusieurs morts, dont plus d’une vingtaine dans l’arrondissement de Mbonge, département de la Meme, région du sud-ouest, une dizaine à Oku. Last but not the least, une partie de l’hôpital de district de Kumba est partie en flamme dans nuit de dimanche à lundi.

    Autant de signes qui ont découragé la grande majorité des parents à envoyer leurs progénitures battre le macadam hier 11 février aux places des fêtes des deux régions du Sud-ouest et du nord-ouest actuellement en crise sécuritaire.

    Bobo Ousmanou

  • Paul Biya aux jeunes : n’hésitez pas à vous engager en politique

    Paul Biya aux jeunes : n’hésitez pas à vous engager en politique

    Le chef de l’Etat a appelé ses jeunes compatriotes à faire acte de candidature au cours des consultations électorales prévues cette année. Lire l’intégralité de son discours.

    Paul Biya.

    Mes chers jeunes compatriotes,

    L’an dernier, dans les mêmes circonstances, j’appelais votre attention sur les changements qui étaient à l’œuvre dans le monde. Ceux-ci laissaient prévoir un recul de la solidarité entre les nations et un retour en force des égoïsmes nationaux. L’évolution récente des rapports entre les Etats ne permet malheureusement pas de remettre en cause ce constat.

    Dans mon esprit, il s’agissait de vous faire comprendre que nous devions nous préparer à cette éventualité, d’abord en comptant sur nos propres forces, ensuite, en devenant moins dépendants de l’extérieur. C’est la raison pour laquelle j’ai fait de l’émergence de notre pays une « cause nationale ».

    Il est évident que vous en êtes déjà, et vous le serez encore davantage dans les prochaines années, les principaux acteurs. Il n’est pas inutile à ce sujet de rappeler que, pour la plupart des nations, et la nôtre en particulier, chaque génération a dû se mobiliser, à un moment ou à un autre, pour faire triompher une cause qu’elle estimait juste et nécessaire.

    Pour nos pères fondateurs, ce fut l’indépendance, indissociable de l’unité nationale.

    Pour leurs successeurs, la mise en place et la consolidation des institutions du nouvel Etat.

    Pour la génération suivante, l’avènement de la démocratie et du progrès social. Pour celle d’aujourd’hui, la modernisation de l’économie et la justice sociale.

    En ce qui vous concerne, il s’agit tout d’abord de défendre tous nos acquis afin de mieux mener le combat pour l’émergence. Beaucoup a été fait, au cours des dernières années, pour améliorer notre tissu économique. Il vous reviendra de poursuivre dans la même voie. Il vous faudra mettre en œuvre nos grands projets de révolution agricole, d’industrialisation et d’infrastructures, sans oublier ceux qui concernent le domaine social, comme l’éducation, la santé et l’habitat.

    Lors de ma prestation de serment en novembre dernier, m’adressant à vous, je vous ai demandé de ne pas perdre espoir. Je le répète aujourd’hui. En effet, je n’ignore pas vos difficultés. Je comprends votre aspiration au changement et votre désir de participer davantage aux décisions qui engagent votre avenir. Je vous le dis à nouveau : le Cameroun de demain se fera avec vous.

    Mes chers jeunes compatriotes,

    L’année 2018 a été marquée par la tenue de l’élection présidentielle. Vous y avez participé avec enthousiasme, soit comme électeurs, soit comme candidats, soit comme acteurs du processus électoral. Cette participation est encourageante, car elle traduit votre intérêt certain pour les affaires de votre pays.

    Cet intérêt doit être conforté et poursuivi. Il se démarque d’une pratique devenue courante qui s’exprime à travers les réseaux sociaux et qui donne lieu à des dérives préoccupantes.

    Si le principe de cette forme de démocratie directe n’est pas répréhensible en soi, on peut malheureusement constater qu’elle se traduit souvent par des prises de position outrageantes à l’égard des autorités, des acteurs politiques ou de simples citoyens. Cette manière de faire de la politique enfreint souvent non seulement les principes démocratiques, mais la loi.

    Il existe une autre façon, plus responsable et plus recommandable, de faire de la politique. Par définition, celle-ci se rapporte à la gestion de la société. En votant, en se présentant à une élection, en étant élu conseiller municipal ou régional, député ou sénateur, on fait de la politique au sens noble du terme. Si vous en avez l’ambition, n’hésitez pas à vous engager dans cette voie pour le bien de votre pays.

    Si vous la réalisez, vous participerez à la construction de la société juste, démocratique et fraternelle, fondée sur nos réalités socio-culturelles et notre héritage historique, société que notre peuple appelle de ses vœux. Vous contribuerez ainsi à la recherche des solutions aux difficultés que beaucoup de nos jeunes rencontrent pour trouver un emploi, fonder une famille, se libérer des coutumes ancestrales dépassées et résister à la tentation de l’émigration clandestine qui fait beaucoup de victimes.

    Il vous faudra aussi ne pas céder au désœuvrement qui peut conduire à de mauvais comportements, tels que la délinquance, la consommation abusive d’alcool et de drogues.

    Le gouvernement devra prendre des mesures urgentes pour mener un combat sans merci contre ces fléaux qui minent notre jeunesse et qui, à terme, menacent l’avenir de notre pays.

    Mes chers jeunes compatriotes,

    Au cours des dernières années, je ne suis pas resté insensible à vos difficultés et à vos aspirations. Lors de ma prestation de serment, j’ai pris à nouveau l’engagement de faciliter l’intégration sociale des jeunes.

    En dehors des recrutements effectués dans les forces de défense et de sécurité ainsi que dans certains secteurs de l’éducation, plusieurs départements ministériels ont mis en œuvre des programmes qui vous concernent particulièrement.

    Dans ce cadre, le Ministère de la Jeunesse et de l’Education Civique a :

    – engagé la campagne d’éducation civique et d’intégration nationale qui a touché plus d’un million de jeunes et conduit à la formation de 1300 Appelés par l’Agence du service civique national de participation au développement ;

    – fait la promotion du volontariat qui a permis de former des milliers de volontaires pour des opérations de développement et d’appui à l’éducation et à la santé dans les zones prioritaires ;

    – soutenu la vie associative par l’encadrement des organisations de jeunes ;

    – réalisé l’insertion socio-économique des jeunes par la formation de plusieurs milliers d’entre eux dont certains sont promoteurs d’entreprises ;

    – enfin, et surtout, mis en œuvre le Plan Triennal « Spécial Jeunes » qui concerne plus de 600 mille personnes.

    Ainsi, près de 4000 projets ont été élaborés dans l’agriculture, l’industrie, l’économie numérique et l’innovation. Des financements adéquats sont également prévus.

    Plusieurs autres départements ministériels ont par ailleurs mené des activités consacrées à la formation et à l’insertion des jeunes dans le monde du travail. Je citerai en particulier les efforts fournis par nos différents ministères en charge de l’enseignement en faveur de la professionnalisation.

    Malgré ces actions remarquables, notre pays demeure confronté au problème du chômage des jeunes. La raison en est connue : notre activité économique n’est pas suffisamment soutenue pour absorber les dizaines de milliers de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail. Ce qui explique aussi que nombre d’entre eux, pour éviter le chômage, doivent accepter des emplois sous-qualifiés.

    Du point de vue social, cette situation n’est pas sans conséquences négatives. C’est pourquoi je ne cesserai :

    – d’inciter le gouvernement à prendre des mesures pour relancer l’économie ;

    – d’exhorter les opérateurs économiques de toutes origines à investir au

    Cameroun,

    – de conseiller à nos jeunes de saisir toute opportunité d’emploi qui se présente.

    Il vous faudra donc devenir des acteurs engagés de notre nouvelle politique agricole dite de seconde génération. De même, vous devrez vous approprier les possibilités offertes par la mise en place de notre plan d’industrialisation et le développement du numérique.

    L’objectif étant d’atteindre un niveau de croissance compatible avec notre ambition de l’émergence.

    A cet égard, il est permis d’être raisonnablement optimiste, notre taux de croissance étant à nouveau orienté à la hausse. Selon les prévisions, après 3,8% en 2018, il pourrait être de 4,4% en 2019 et de 4,7% en 2020, avec les retombées positives pour l’emploi des jeunes.

    A côté de ces perspectives encourageantes pour le retour de la croissance, il convient de mentionner la part qui revient à la promotion de l’emploi assurée par le

    Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle. Plus de 500 mille emplois ont été créés en 2018 grâce aux grands chantiers en cours, aux projets agricoles, routiers et infrastructurels, ainsi qu’aux travaux menés par les collectivités territoriales décentralisées.

    S’agissant de la formation professionnelle, la loi du 11 juillet 2018 ouvre la voie à la modernisation et à la standardisation de l’offre de formation. Les centres de formation professionnelle d’excellence sont désormais opérationnels à Douala, Limbe et Sangmelima. Les structures de formations agréées, publiques et privées, ont accueilli l’an dernier près de 40 mille apprenants.

    En 2019, il est prévu de créer au moins 500 mille emplois. Le gouvernement poursuivra l’opérationnalisation d’un dispositif de gestion prévisionnelle des emplois. Les axes stratégiques du plan d’action prioritaire de la politique nationale de l’emploi continueront d’être mis en œuvre. L’accès à la formation professionnelle sera amélioré, à la fois par la diversification des filières et la densification de l’offre de formation dans de nouveaux centres. Le niveau de celle-ci sera relevé grâce à l’ouverture à Yaoundé de l’Institut National de Formation des Formateurs et du Développement des Programmes.

    Ce que je viens de dire permet de constater l’ampleur des efforts qui sont faits par les pouvoirs publics pour donner à nos jeunes une formation de qualité et faciliter leur insertion dans la vie active.

    Mes chers jeunes compatriotes,

    Les années qui viennent de s’écouler n’ont pas été faciles pour notre pays au double plan économique et sécuritaire. Grâce aux vertus de notre peuple, notamment son courage et son abnégation, nous avons non seulement surmonté nos épreuves, mais poursuivi notre marche en avant. Il y a là, pour notre jeunesse, un exemple dont elle peut tirer des enseignements.

    Pour finir, je rappellerai que les épreuves ont ceci de positif qu’elles renforcent la détermination. Sachez donc que, pour ma part, je suis déterminé à mener à bien, avec vous, notre projet commun d’une société démocratique, juste et prospère. Celle-ci ne peut être envisagée que dans un Cameroun uni dans sa diversité.

    Je compte sur vous.

  • Délais de passage : la Douane camerounaise veut se dédouaner

    Délais de passage : la Douane camerounaise veut se dédouaner

    Le directeur général de cette administration reconnait que le pays ne respecte pas encore le temps en matière de dédouanement.

    ph journée douanes 2019

    Le 26 janvier dernier, le Cameroun a célébré l’édition 2019 de la Journée internationale de la Douane. Célébration placée sous le thème « Des frontières SMART pour des échanges commerciaux fluides et le mouvement sans entrave des personnes et des marchandises ».

    Une thématique dont le développement sur l’ensemble de son triangle national a clairement démontré que le poumon économique de la zone CEMAC est très mal coté en termes de facilitation des échanges. La sonnette d’alarme a donc aussitôt été tirée avec pour conséquence l’organisation d’une session spéciale du Forum Douane-Entreprises.

    Ces assises initiées par la Direction générale des Douanes Camerounaises (DG/DC) portaient sur la facilitation des échanges dont les différentes parties prenantes se sont retrouvées à Kribi le 01 février.

    Présent, le secrétaire permanent du Comité national de Facilitation des Échanges (CONAFE), a poussé l’assistance à prendre conscience d’un paradoxe.

    Les réalités du terrain qui à la lumière des indicateurs de la Banque Mondiale (Doing Business) placent le Cameroun au rang de 186e sur 190 pays ceci derrière le Gabon (170e), la Guinée Équatoriale (175e), le Congo (184e), le Bénin (107e), la Cote d’Ivoire (162e) et le Rwanda (88e).

    De même, les délais de passage à l’export et l’import sont respectivement d’un peu plus de 8 et 11 jours alors que la moyenne en Afrique au sud du Sahara est de 4 et 5 jours. La situation est tout aussi alarmante concernant les coûts avec un conteneur qui revient au Cameroun à 986 dollars à l’export et 1407 à l’import dépassant largement les moyennes respectives de 605 et 684 dollars.

    Des chiffres déshonorants pour le Cameroun que le Directeur général des Douanes sera le premier à reconnaître malgré la démarche du « Doing Business » qui n’est pas satisfaisante à ses yeux.

    En revanche, Fongod Edwin Nuvaga va s’appesantir à démontrer que l’administration dont il a la charge n’est pas responsable de cette situation peu reluisante. Pour preuve, le patron des gabelous soulignera les bons points engrangés par ses services l’année dernière avec notamment la réalisation de résultats budgétaires positifs (802 milliards mobilisés pour une prévision fixée à 800), l’implémentation du titre de transit unique, la migration en cours de SYDONIA++ à CAMCIS, la mise en place du formulaire unique de dédouanement et la mise en œuvre du e-force (formulaire unique du commerce extérieur).

     

  • Cameroun : ces pays qui ont hâte de Promote 2019

    Cameroun : ces pays qui ont hâte de Promote 2019

    La France, l’Italie et Israël déploient une artillerie lourde en vue d’une démonstration de force au milieu des exposants.

    Une vue des stands Promote.

    Les chiffres n’en finissent pas de le souligner. Dans son pavillon dénommé « Pavillon France», l’Hexagone entend mettre en vitrine une trentaine d’entreprises françaises. Elles y exposeront leur savoir-faire et leur expertise dans des secteurs d’activités très variés, en adéquation aux tendances de l’économie camerounaise.

    En bonne place, l’on signale des exposants dans divers domaines (solutions pour l’équipement et la maintenance industriels, pour la construction de bâtiments et les travaux publics, pour la sécurité et la sûreté, pour la production et l’efficacité énergétique, pour la communication, etc).

    Dans cette optique, une série de rencontres et d’évènements seront programmés sur le Pavillon France, notamment dans le cadre de la journée France (20 février), qui constituera une occasion idoine d’échanges et de networking entre entreprises françaises et les décideurs locaux.

    Le Pavillon France organisé par Business France, l’opérateur commercial l’Ambassade France au Cameroun, qui est également l’agence chargée du développement international entreprises françaises de leurs exportations, que de l’accueil des internationaux en France. En sa qualité de leader mondial dans des domaines que l’eau, les renouvelables, le et l’agriculture Israël va également animer un pavillon éponyme à Promote 2019

    Pour sa part, pendant Promote 2019, l’Italie ambitionne se concentrer sur des secteurs de grande importance pour le développement croissant du Cameroun : la construction et l’architecture (construction, aménagement intérieur et hôtellerie), l’agriculture et l’élevage (mécanisation, irrigation, élevage), la valorisation des produits locaux, la santé (équipements, hôpitaux et projets spécifiques) et la technologie de l’information.

    Ces secteurs constitueront les thèmes principaux du pavillon italien Club Italia Expo.

    Jean René Meva’a Amougou

  • Couches jetables : alerte sur la santé des enfants

    Couches jetables : alerte sur la santé des enfants

    L’agence camerounaise de la qualité vient d’attirer l’attention du gouvernement sur la qualité des couches vendues sur le marché.
    Des couches jetables.

    « Il a été porté à la connaissance de l’Anor que les couches jetables pour bébé en provenance de la France représenteraient un risque pour la santé des bébés. En effet, une étude minutieuse menée par l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) a conduit aux conclusions selon lesquelles certaines substances (butylphényl méthyle propional ; l’hydroxyisohenyl 3-cyclohexène carboxaldéhyde et les hydrocarbures aromatiques polycycliques de dioxines ou de furanes) dépasseraient les seuils sanitaires requis ». Cette alerte est émise par le Directeur général de l’Agence des normes et de la qualité (Anor).

    Dans cette correspondance du 31 janvier dernier adressée au ministre du Commerce, le Dg de l’Anor Charles Booto A Ngon a saisi, le ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana, sur une « alerte couches jetables pour bébé ».

    L’Anor précise que lesdites couches jetables ne sont pas soumises « au programme d’évaluation de la conformité avant embarquement des marchandises importées en République du Cameroun (Pecae), ce qui implique que « cette situation expose les consommateurs aux risques liés à ces produits à la qualité non éprouvée ».

    Zephyrin Fotso Kamga

  • Boko Haram : le Cameroun accueille 35 000 nouveaux réfugiés Nigérians

    Boko Haram : le Cameroun accueille 35 000 nouveaux réfugiés Nigérians

    Au moins 35 000 réfugiés nigérians fuyant le conflit dans le nord du pays sont arrivés au Cameroun, ont annoncé les Nations Unies.
    Des réfugiés dans l’Extrême-nord du Cameroun.

    Les réfugiés qui ont commencé à arriver il y a quelques semaines fuient les atrocités commises par les combattants de Boko Haram qui ont attaqué plusieurs villages ces dernières semaines.

    L’agence des Nations Unies au Cameroun affirme avoir besoin d’une aide humanitaire et d’une protection.

    Il y a quelques semaines, les Nations Unies ont appelé les autorités camerounaises à ne pas renvoyer environ 15 000 réfugiés nigérians fuyant le conflit dans le nord du pays.

    Le Conseil norvégien pour les réfugiés a également exhorté les autorités camerounaises et nigérianes à protéger les 15 000 réfugiés nigérians fuyant les violences.

    Bobo Ousmanou

  • Luc Magloire Mbarga Atangana : « l’avènement de la Zone de libre échange continentale ne nous laisse pas le choix »

    Luc Magloire Mbarga Atangana : « l’avènement de la Zone de libre échange continentale ne nous laisse pas le choix »

    Au cours du Conseil de cabinet du mois de janvier, le ministre camerounais du Commerce a dressé un état des lieux du « Made in Cameroon » ; alors que la Zone de Libre Echange Continental (ZLEC) est annoncée pour le mois de juillet.
    Luc Magloire Mbarga Atangana, le ministre du Commerce.

    Ma présentation s’articulera, si vous en avez convenance, en deux parties, à savoir :

    Première partie : L’état des lieux, entendu comme la structure de nos importations ;

    Deuxième partie : La stratégie de promotion des produits camerounais.

     

    L’état des lieux

     

    Nous avons tous en mémoire ce constat, sous forme d’alerte et d’appel à une prise de conscience, du Président de la République dans son discours d’ouverture du Comice Agropastoral d’Ebolowa, au cours duquel il déclarait : « … L’insuffisance de certaines productions, comme le riz, le maïs, le sucre, le poisson, nous oblige à en importer d’importantes quantités, ce qui déséquilibre gravement notre commerce extérieur. Or, nous pourrions sans difficultés produire davantage de ces denrées ou leur substituer des produits locaux, comme le plantain, le manioc ou d’autres tubercules……..Pour les céréales, il est clair que nous devrions en produire beaucoup plus pour éviter… d’avoir à en importer… Nous devons absolument nous libérer de cette dépendance……L’Afrique ne doit plus importer pour manger. »

     

    Plus qu’un constat, il s’agit d’une triste réalité, qui détonne au regard notamment de notre agro-pédologie riche, diverse et variée, ainsi que de notre potentiel industriel.

    A titre d’illustration, il y a lieu de relever qu’au cours du triennat 2015-2017, la valeur globale de nos importations a été de 9 634 milliards de FCFA, ventilée ainsi qu’il suit :

     

    Hydrocarbures : 1652,1 milliards de FCFA ;

    Véhicules automobiles et tracteurs : 653,6 milliards de FCFA ;

    Riz : 508,5 milliards de FCFA

    Poissons et crustacés : 448 milliards de FCFA ;

    Produits pharmaceutiques : 372 milliards de FCFA ;

    Matières plastiques : 306,2 milliards de FCFA ;

    Autres froments et méteil : 296,6 milliards de FCFA ;

    Appareils téléphoniques : 288 milliards de FCFA ;

    Ouvrages en fonte, fer ou acier : 264,1 milliards de FCFA ;

    Clinkers : 225,1 milliards de FCFA ;

    Friperie : 126, 4 milliards de FCFA ;

    Parfums et produits de beauté : 114, 1 milliards de FCFA ;

    Boissons et liqueurs : 94, 3 milliards de FCFA ;

    Verres et ouvrages en verre : 34, 4 milliards de FCFA ;

    Tabac : 32, 2 milliards de FCFA.

     

     

     

    En d’autres termes, notre pays importe des produits alimentaires ainsi que des produits manufacturés pouvant pourtant être fabriqués localement pour la satisfaction, non seulement du marché intérieur, mais également du marché régional. Ces importations, on s’en doute bien, ont un coût élevé pour notre économie.

     

    Tableau : Evolution des 40 principaux produits importés par le Cameroun entre 2015 et 2017 (en millions de FCFA)

      Produits 2015 2016 2017 Total
    1 Hydrocarbures 723 267 497 858 431 029 1 652 154
    2 Véhicules automobiles et tracteurs 239 512 212 910 201 190 653 612
    3 Riz 181 127 143 636 183 726 508 489
    4 Poissons et crustacées 166 823 166 835 114 294 447 952
    5 Produits pharmaceutiques 130 469 109 960 131 617 372 046
    6 Matières plastiques 106 798 101 787 97 633 306 218
    7 Autres froments et méteil 102 024 90 848 103 735 296 607
    8 Téléphone 81 387 146 217 60 452 288 056
    9 Ouvrages en fontes, fer et acier 93 927 88 955 81 241 264 123
    10 Clinkers 62 907 81 395 80 854 225 156
    11 Papiers et cartons 68 938 59 791 52 329 181 058
    12 Produits chimiques inorganiques 73 875 47 982 56 681 178 538
    13 Insecticides, fongicides et herbicides 46 774 35 436 45 548 127 758
    14 Friperie 43 859 42 082 40 554 126 495
    15 Parfums et produits de beauté 41 846 38 481 33 849 114 176
    16 Appareils d’optique et de photographie 44 175 35 948 31 164 111 287
    17 Produits de la minoterie et malt 36 294 38 424 33 766 108 484
    18 Engrais 40 639 31 695 32 191 104 525
    19 Boissons et liqueurs 30 992 29 446 33 935 94 373
    20 Pneumatiques neufs 32 466 28 559 28 337 89 362
    21 Meubles et mobiliers médicaux 34 028 27 319 24 905 86 252
    22 Préparations alimentaires diverses 29 938 25 462 25 639 81 039
    23 Lait en poudre ou concentré 31 171 19 709 24 012 74 892
    24 Carreaux (produits céramiques) 20 691 22 263 30 300 73 254
    25 Préparations alimentaires pour enfants 22 497 22 962 22 796 68 255
    26 Sucre raffinés de canne 11 338 17 623 35 519 64 480
    27 Huiles brutes raffinées 7 786 18 250 31 499 57 535
    28 Aluminium et ouvrages en aluminium 16 253 23 620 17 479 57 352
    29 Articles de robinetterie 19 694 13 417 14 309 47 420
    30 Accessoires de véhicules 16 781 13 985 13 131 43 897
    31 Chaussures 14 474 14 171 11 544 40 189
    32 Savons et lessives 14 441 13 386 11 666 39 493
    33 Produits chimiques organiques 13 489 10 458 14 832 38 779
    34 Produits de l’imprimerie et de l’édition 13 433 11 477 11 090 36 000
    35 Verres et ouvrages en verre 13 196 10 563 10 657 34 416
    36 Véhicules et matériels pour voies ferrées 21 613 5 493 5 511 32 617
    37 Tabac 12 660 8 867 10 756 32 283
    38 Peintures, vernis, mastics et encres 10 786 10 499 9 879 31 164
    39 Ordinateurs et accessoires 10 072 10 365 6 974 27 411
    40 Sel 7 400 6 682 7 251 21 333

    Source : INS

    La stratégie de promotion des produits camerounais en vue de la réduction des importations

     

    Sans prétendre à l’autarcie, notre pays doit pouvoir contenir le volume de ses importations en les circonscrivant à l’essentiel, c’est-à-dire, aux produits nécessaires à la croissance de son économie et indispensables à sa compétitivité.

     

    A la question de savoir comment, je vois une réponse obéissant au tryptique: disponibilité/accessibilité/ attractivité, synonyme de compétitivité du « Made in Cameroon ».

    De la disponibilité des produits estampillés « Made in Cameroon »

    Pour qu’un produit soit demandé, et donc consommé, il faut avant toute chose en assurer la disponibilité, une disponibilité en continu, 365 jours/365, par opposition au spot. C’est la condition sine qua non pour intéresser le consommateur et le fidéliser.

    A ce niveau, la situation dans notre pays est contrastée, avec d’un côté des filières, peu nombreuses hélas, de référence et de l’autre, celles qui se cherchent.

     

    Dans le premier cas de figure, et s’il m’était donné de dresser un tableau d’honneur, je citerais :

     

    Les huiles végétales raffinées et autres produits dérivés, notamment le savon : alors que jusqu’à une période récente, les huiles de table consommées au Cameroun étaient essentiellement issues de l’importation, la tendance s’est renversée depuis lors, grâce à une capacité installée conséquente, en dépit de l’insuffisance de la matière première qu’est l’huile de palme brute.

    L’on enregistre à cet égard une production de 18 000 tonnes / mois, pour une consommation domestique de 15 000 tonnes.

     

    Il en est de même pour le savon, dont la production s’élève à 33 000 tonnes/mois, pour une demande nationale mensuelle de 15 000 tonnes.

     

    Cette filière à fort potentiel de croissance et à forte valeur ajoutée, qui a investi à ce jour un peu plus de 630 milliards de FCFA et emploie en direct près de 60.000 salariés, montre véritablement la voie à suivre ;

    Le ciment : jusqu’à la crise des années 2008, notre pays ne produisait qu’environ 1,1 million de tonnes de ciment par an. Depuis 2010, avec la création de nouvelles cimenteries, la capacité installée est passée à un peu plus de 4 millions de tonnes, couvrant ainsi l’intégralité des besoins du marché national, le surplus étant, au même titre que pour les huiles raffinées et le savon, exporté vers les marchés de la Sous-Région, voire au–delà. Cette tendance va aller crescendo, avec la construction en cours de deux nouvelles unités à Nomayos, à la lisière de Yaoundé.

    Dans cette filière, non seulement l’offre s’est accrue, mais également la qualité des produits offerts s’est diversifiée, pour le plus grand bonheur des utilisateurs. Il reste bien sûr que notre pays demeure importateur de la matière première qu’est le clinker ;

    La volaille : les mesures de restructuration de la filière avicole, en dépit des aléas liés particulièrement à la crise aviaire, font qu’aujourd’hui le poulet importé congelé a disparu de nos marchés, au bénéfice du bon poulet de chair bien de chez nous.

     

    La situation de ces filières justifie les mesures de protection prises par le Gouvernement, qui consistent soit en l’interdiction pure et simple ou alors la restriction des importations, soit en l’instauration des valeurs mercuriales dissuasives à l’importation. Il s’agit là de ce qu’on appelle dans le jargon de ce corps de métier les obstacles non tarifaires à l’importation, l’une des techniques les plus régulièrement utilisées par les Etats pour protéger un segment donné de leur marché et promouvoir concomitamment la production nationale.

    Ces exemples contrastent malheureusement avec des filières comme le riz ou le poisson.

     

    De l’accessibilité des produits « Made in Cameroon »

     

    La disponibilité du produit est une condition nécessaire, mais pas suffisante. Il faut encore qu’il soit accessible, mieux, accessible au plus grand nombre. C’est le sens des importants efforts faits au cours des dernières années par le Ministère Commerce, avec le concours de certains acteurs publics et privés, tendant à la modernisation des réseaux de distribution des produits camerounais et à la multiplication des manifestations foraines dédiées.

    L’intensification de la création des grandes surfaces, assortie d’un maillage territorial intégrant non seulement le cœur des grandes villes et les quartiers huppés, mais

    Également la périphérie et certaines agglomérations populaires ou populeuses, a permis d’en vulgariser et d’en démocratiser l’accès. Entre 2015 et 2016, le nombre d’hypermarchés (05) dans notre pays s’est accru de 150%, celui des supermarchés (133) de 44,56% et celui des superettes (443) de 5,88%.

     

    Les gens d’une certaine génération se souviennent qu’il y a une vingtaine d’années, le Cameroun ne comptait que 2 superettes, réparties entre Yaoundé (PRINTANIA) et Douala (MONOPRIX), dont l’accès était réservé à la seule élite, expatriée pour l’essentiel, et qui ne commercialisaient que des produits importés. C’était la belle époque des « pommes de France ».

     

    Aujourd’hui, les grandes surfaces sont l’un des meilleurs canaux de promotion du « Made in Cameroon », les produits locaux représentant a minima 18% des références, avec un objectif de moyen terme de passer à 50%. Cette politique d’exposition à tout vent a permis l’éclosion des produits dont on n’aurait jamais imaginé qu’ils pouvaient être commercialisés et consommés à une telle échelle, à l’exemple du poisson d’eau douce, du foléré, du tapioca, du njansang, de la farine de manioc, de la farine de maïs, du haricot, du koki, du poisson et du poulet fumé, de la viande boucanée, du macabo, de l’igname, de la patate, du ndolé, du kpwem, et j’en passe.

     

    Les exemples vivants étant d’un autre pouvoir, pour reprendre un grand auteur français, j’invite tout simplement les Membres du Gouvernement qui le souhaitent à faire un tour chez DOVV Bastos par exemple, où un rayon entier est réservé à ce genre de produits, typiquement  de chez nous.

     

    S’agissant des manifestations promotionnelles et autres fêtes foraines dédiées aux produits locaux, dont l’initiative appartient en partage au Ministère du Commerce et à certaines Collectivités Territoriales Décentralisées ou à des organisations interprofessionnelles, on peut signaler la Foire Gastronomique du Ndé (NDE’LICES), portée dans ses fonts baptismaux il y a 7 ans avec une Collègue ici présente, FESTI KANGA, la Fête du Plantain, le Festival du Cacao (FESTICACAO), le Festival du Café (FESTICOFFEE), ou encore la Journée Mensuelle de Consommation du Café, organisée à l’esplanade du Ministère du Commerce tous  les derniers mercredi du mois et qui draine à chaque occasion du très beau monde. Exit donc de nos tasses le café de la marque NESCAFE, c’est-à-dire du café importé, et bonjour aux cafés PIERRE ANDRE, BIMELA INTERNATIONAL, BRULERIES NOUVELLES, CAFE D’OR, NWCA, UCCAO, CAFES MONT MANENGOUBA et autres CAFE GOLDEN, tous estampillés « Made in Cameroon ».

    De l’attractivité des produits « Made in Cameroon »

     

    Un certain nombre d’actions ont été réalisées, ainsi que je viens d’en faire la présentation, en faveur de la disponibilité et de l’accessibilité de nos produits.

    Il reste à en améliorer l’attractivité, dans un monde où le consommateur se veut de plus en plus exigeant et la compétition rude. C’est dans cette optique que le Ministère du Commerce a initié la création d’un label « Origine Cameroun certifiée » et la mise en place d’une plateforme publique d’e-commerce.

     

    Du label « Origine Cameroun certifiée »

     

    La labellisation des produits constitue un instrument privilégié de promotion et de protection des produits locaux.  Il est question ici d’attribuer à ces produits un label de qualité ou un signe d’authentification, qui apportent des garanties spécifiques aux consommateurs, à la fois sur le respect des normes de qualité et sur la provenance et l’origine des produits.

    A titre de comparaison, la France a développé depuis 2010 une démarche de labellisation dénommée « Origine France Garantie » (OFG), avec pour objectif de favoriser la compétitivité des entreprises produisant en France, en leur proposant une démarche professionnelle, structurée et crédible, pour leur permettre de démontrer les vertus de leurs produits sur le marché intérieur, comme à l’exportation, et de fournir au consommateur une information fiable et sincère sur l’origine et la fabrication desdits produits. Constat a été fait que le label OFG a permis la croissance des exportations françaises de 5,36% et le recul du déficit du solde commercial de 13,74% en moyenne par an entre 2010 et 2015.

     

    Par rapport au processus d’Indication Géographique (IG), dont bénéficient le miel d’Oku et le poivre de Penja, la démarche labélisation se démarque en ce qu’elle s’étend au-delà des produits naturels  et agricoles et qu’elle emporte une dimension intégration des chaînes de valeurs nationales, puisque les composantes d’un produit labellisé  peuvent provenir de plusieurs localités dans un même pays, alors que dans le cas de l’Indication Géographique, l’organisme en charge, dans le cas d’espèce, l’Organisation Africaine  de la Propriété Intellectuelle (OAPI), doit s’assurer en préalable à toute homologation que les composantes du produit  proviennent exclusivement d’une seule et même localité.

     

    De la plateforme publique d’e-commerce

     

    Dans le cadre de la promotion de l’économie numérique, notre Gouvernement a bénéficié de l’appui technique du Secrétariat du Commonwealth pour l’élaboration de la Stratégie de Développement de l’e-commerce au Cameroun. Ce document, en attente de validation, a formulé quelques recommandations à l’endroit du Ministère du Commerce, notamment la révision de la Loi sur le Commerce Electronique et la mise en place d’une plateforme publique d’e-commerce destinée à la promotion des produits « Made in Cameroon ».

     

    Cette plateforme a vocation à contribuer gratuitement à la promotion des produits agroalimentaires, des biens manufacturés et des services « Made in Cameroon », en permettant aux entreprises locales (i) de rivaliser avec les produits importés et d’étendre leur portée géographique au-delà des frontières nationales, (ii) d’améliorer leur expérience client, (iii) de recueillir auprès de leurs clients une masse critique d’informations et (iv) de réduire leurs coûts d’exploitation.

     

    Certes, les activités d’e-commerce connaissent une évolution notable dans notre pays, avec la présence de nombreuses plateformes privées, à l’instar de JUMIA et AFRIMARKET, mais celles-ci exposent majoritairement les produits importés.

     

    Sous ce registre des innovations, on peut enfin citer, à l’initiative conjointe de la Chambre d’Agriculture, des Pêches, de l’Elevage et des Forêts (CAPEF) d’une part, et des opérateurs privés d’autre part, la création, au sein de la Délégation Régionale de la CAPEF du Littoral, d’un espace permanent d’exposition et de vente des produits « Made in Cameroon ». J’ai sollicité le haut accord de Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, pour un déplacement à Douala, demain 1er février 2019, afin de procéder à l’ouverture officielle de ce Centre dénommé « Espace Madika ».

    On peut dire, en conclusion, que le Président de la République n’a pas prêché dans le désert. Son Message Subliminal a été reçu 5 sur 5 par les acteurs économiques, spectres public et privé confondus. Le Gouvernement travaille à accélérer et à renforcer le processus ainsi engagé, dont il convient de reconnaître qu’il enregistre déjà quelques success stories.

    L’avènement, dans les mois à venir, du grand marché unique africain, avec l’entrée en vigueur, probablement au courant du mois de juillet 2019, de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine, avec pour slogan « Produire pour l’Afrique, Consommer africain », ne nous laisse guère de choix.

     

  • Cameroun : la France se prononce sur l’arrestation de Maurice Kamto

    Cameroun : la France se prononce sur l’arrestation de Maurice Kamto

    Le ministère français des Affaires étrangères dit suivre la situation de cet opposant arrêté et détenu par le pouvoir de Yaoundé.

    Jean Yves Ledrian, ministre français des Affaires étrangères.

    Au cours d’un point de presse tenu hier 29 janvier à Paris (France), le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a commenté la récente actualité au Cameroun.

    À la question d’un journaliste de savoir quelle est la réaction de la France sur la situation au Cameroun,  notamment l’arrestation de l’opposant Maurice Kamto et la convocation de l’ambassadeur de France à Yaoundé à la suite des incidents survenus à l’ambassade du Cameroun samedi à Paris; le porte-parole a répondu : « nous sommes attentifs à la situation de M. Maurice Kamto à la suite de son arrestation ».

    Pour ce qui est de la mise à sac de l’ambassade du Cameroun, le Quai d’Orsay condamne « fermement l’intrusion qui a eu lieu samedi dernier à l’ambassade du Cameroun à Paris ».

    Cependant, la diplomatie française a tenu à clarifier : « Notre ambassadeur à Yaoundé s’est entretenu hier, comme il le fait régulièrement, avec le ministre des Relations extérieures camerounais. Il ne s’agissait pas d’une convocation ».

    Le samedi 26 janvier, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) a lancé une « Grande marche » de protestation contre le « hold-up » de l’élection présidentielle du 7 octobre. Les ambassades du Cameroun à Paris, Berlin et Bruxelles ont été saccagées. Le lundi 28 janvier, Maurice Kamto et une quarantaine de personnes, dont ses principaux soutiens, ont été arrêtés et enfermés.

    Bobo Ousmanou

     

  • Cameroun : l’opposant Maurice Kamto et ses lieutenants aux arrêts

    Cameroun : l’opposant Maurice Kamto et ses lieutenants aux arrêts

    Ils ont été arrêtés hier et à Yaoundé. Le leader du MRC a ensuite été transféré à Yaoundé.

    Maurice Kamto.

    L’opposant camerounais Maurice Kamto, qui revendique toujours la victoire de la présidentielle d’octobre après être arrivé deuxième derrière Paul Biya, a été arrêté lundi soir à Douala, deux jours après avoir été à l’initiative d’une vague de manifestations contre le pouvoir en place.

    « M. Kamto a été arrêté au domicile d’Albert Dzongang (un de ses soutiens), il a été conduit à la police judiciaire de Douala », a déclaré M. Simh, confirmant une information d’une source proche des autorités de Douala.

    Contactées par l’AFP, les autorités n’ont pas donné suite lundi soir.

    Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto avait appelé à marcher samedi dans tout le pays contre la réélection de Paul Biya, 85 ans dont 36 au pouvoir.

    117 personnes ont été arrêtées lors de ces manifestations, où la police a fait usage de gaz lacrymogènes et jets d’eau pour disperser la foule.

    Au moins six personnes dont l’avocate réputée Michele Ndoki, ont été blessées samedi. Le MRC a affirmé que la police avait tiré à balles réelles sur les manifestants, ce que Yaoundé a démenti.

    A Paris, l’ambassade du Cameroun en France a été investie et saccagée par des manifestants samedi soir.

    Le même soir, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, avait estimé que le parti de Maurice Kamto avait « franchi la ligne rouge ». Le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, avait pour sa part accusé le camp Kamto de « tentative de déstabilisation » du pouvoir en place.

    -« Réunion de crise »-

    Après l’arrestation de M. Kamto lundi soir, environ 300 personnes se sont massées autour de la maison de M. Dzongang à Douala, selon un journaliste de l’AFP sur place.

    Une cinquantaine de policiers présents et des tirs en l’air ont rapidement dispersé la foule.

    Une « réunion de crise » était en cours lundi soir au MRC, a encore indiqué M. Simh à l’AFP à 22H15 (21H15GMT). Plusieurs cadres et soutiens du MRC ont été arrêtés depuis samedi.

    Outre M. Kamto, Albert Dzongang et Christian Penda Ekoka, un économiste réputé proche de l’ex-candidat à la présidentielle, ont été arrêtés au domicile de M. Dzongang lundi soir.

    Alain Fogue, universitaire qui est l’un des principaux soutiens de M. Kamto, a également été interpellé lundi soir, selon le MRC.

    Samedi, l’ex-directeur de campagne de Maurice Kamto, Paul-Eric Kingue, et le célèbre rappeur pro-Kamto Valsero avaient été arrêtés.

    Depuis le scrutin, plusieurs manifestations non autorisées ont été organisées par le MRC contre ce qu’il qualifie de « hold-up électoral ».

    Aucune n’a été autorisée par Yaoundé, et chacune d’entre elles a donné lieu à de nombreuses arrestations.

    Peu de militants arrêtés ont toutefois été déférés, la plupart étant relâchés au terme de leur garde à vue.

    Mais tous ceux arrêtés samedi « resteront en détention et répondront de leurs forfaits devant les instances judiciaires compétentes », a indiqué en conférence de presse M. Atanga Nji.

    Maurice Kamto, ancien ministre de la Justice de Paul Biya, n’avait quant à lui jamais été arrêté depuis l’élection.

    – « Hors-la-loi » –

    Depuis octobre, Yaoundé a plusieurs fois tenté de dissuader le camp Kamto de continuer sa lutte, affirmant que le chef de file du MRC se mettait « hors-la-loi » en n’acceptant pas les résultats.

    Las! Lui n’a cessé de les contester et d’appeler à manifester pacifiquement contre les autorités en place.

    « Au moment où le Cameroun s’achemine résolument vers son émergence, tout doit être et sera fait pour préserver la paix et la stabilité », avait averti samedi soir M. Sadi.

    En octobre, l’ex-candidat du MRC était officiellement, selon les résultats du Conseil constitutionnel, arrivé deuxième dans les urnes (14,23% des suffrages) derrière Paul Biya, réélu pour un septième mandat consécutif avec 71,2% des voix.

    Depuis 1982, Paul Biya règne en maître absolu au Cameroun, où il a tout verrouillé pour assurer son maintien à la tête du pays, s’appuyant sur l’administration et sur un parti-Etat, le RDPC, qu’il a créé en 1985.

    Journal Intégration, avec Afp

  • Cameroun : le gouvernement confesse l’inefficacité du DSCE et annonce un nouveau document

    Cameroun : le gouvernement confesse l’inefficacité du DSCE et annonce un nouveau document

    Le ministre délégué en charge de l’Economie, a annoncé un nouvel instrument de planification  le 23 janvier  2019 à Yaoundé.

    Le ministre Paul Tasong.

    Chiffres à l’appui, le membre du gouvernement a finalement percé l’abcès. Pour lui, le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE)  a montré son inefficacité. « Le tout premier indicateur portait sur une croissance économique soutenue pendant les 10 ans. Le souhait était d’atteindre une croissance moyenne de 5,5% sur la période de planification. A ce jour, nous n’avons pas atteint de manière totalement satisfaisante ce taux de croissance. Le taux de croissance moyen de nos jours est de 4,5% », évalue Paul Tasong.

    D’autres indicateurs passés au crible obligent le ministre délégué à reconnaître l’échec du DSCE en matière de lutte contre la pauvreté au Cameroun. Seulement une réduction de 3%, très loin des 10% attendus. Une contre-performance que le ministre délégué impute à deux facteurs : la chute du cours du pétrole et la crise sécuritaire dans le Nord-ouest, le Sud-ouest, à l’Est et dans l’Extrême-Nord.

    « Le DSCE arrive à son terme le 31 décembre 2019. Dès le 1er janvier 2020, nous devons disposer d’un nouvel instrument de planification », a déclaré Paul Tasong. Le nouveau document  devra servir de boussole dans l’élaboration des politiques publiques de 2020 à 2027.

    Il y a quelques mois, des voix issues de certains cénacles économiques rendaient compte de ce que  le DSCE repose sur la  théorie de la « grande poussée ». Il était alors considéré comme un document chargé d’implémenter le développement dans tous les secteurs (primaire, secondaire, tertiaire) au même moment, à la même cadence. Trois grands problèmes étaient de ce fait décriés : celui de la coordination, (avec la duplication de certains programmes entre les ministères) ; le problème de financement (puisqu’il faut beaucoup d’argent pour tout faire en même temps) et le problème de visibilité.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Commerce : 2019, l’année du « label made in Cameroon »

    Commerce : 2019, l’année du « label made in Cameroon »

    Le vœu a été formulé par le ministre camerounais du Commerce, alors qu’il recevait les souhaits de nouvel an de ses collaborateurs.

    Luc Magloire Mbarga Atangana, le ministre camerounais du Commerce.

    Pour la 15eme fois consécutive, le ministre Luc Magloire Mbarga Atangana a reçu les vœux de nouvel an de la part du personnel du département ministériel qu’il dirige. L’évènement s’est tenu le 23 janvier au cercle municipal de la communauté urbaine de Yaoundé.

    Une occasion pour le ministre de repréciser la politique du gouvernement du Cameroun en matière de commerce. Après avoir déclaré,  quelques semaines plus tôt , que les produits camerounais allaient partir à l’assaut de la futur Zone de libre échange continentale, le ministre du Commerce s’est engagé à faire de 2019, l’année du « label made in Cameroon ».

    Pour sa part, Magellan Omballa, l’inspecteur général à qui est revenu la charge de dresser un bilan rétrospectif de l’année 2018; il a  révélé que la brigade de contrôle et de répression des fraudes a permis d’effectuer 165 32 contrôles dans les établissements commerciaux.

    Luc Magloire Mbarga Atangana est arrivé dans la salle accompagné de deux nouveaux collègues : les ministres de la Santé publique ; et celui des Petites et moyennes entreprises, de l’Economie sociale et de l’artisanat. Tous deux anciens secrétaires généraux du ministère du Commerce.

    André Balla (stagiaire) 

  • Cameroun : une vingtaine de morts dans un accident de la route

    Cameroun : une vingtaine de morts dans un accident de la route

    La collision entre un camion et un bus de transport commun est survenue le 23 janvier sur la route Toubouro-Ngaoundéré.

     

    L’accident du 23 janvier sur la route Toubouro-Ngaoundéré.

    L’accident impliquant un bus de la compagnie de transport interurbain « Touristique express » et un camion de marchandise s’est produit dans la journée du 23 janvier, sur le tronçon de route reliant Toubouro à Ngaoundéré, région de l’Adamaoua.

    Le bilan officiel établit par les autorités fait état de 24 morts, dont 5 enfants. De nombreux blessés ont été conduits à l’hôpital régional de Ngaoundéré. Le camion de marchandise était en provenance du Tchad. D’après les premiers éléments de l’enquête révélés par le gouverneur de la région, l’excès de vitesse est la cause de l’accident.

    Les routes du Cameroun sont parmi les plus dangereuses de la sous-région-Afrique centrale. Des centaines de morts sont enregistrés chaque année, avec comme causes principales : le mauvais état des routes et l’excès de vitesse.

    Bobo Ousmanou

  • Le chiffre : 50%

    Le chiffre : 50%

    C’est à cette barre que se situe désormais l’importation du gaz domestique par le Cameroun. Évaluée à 80% il y a quelque temps, cette importation a diminué grâce à l’unité flottante de liquéfaction du gaz, mise en service l’année dernière au large de Kribi. À côté de la Société nationale de raffinerie (Sonara), cette unité permet, depuis le 2e trimestre 2018, de mettre sur le marché camerounais 47 000 tonnes de gaz domestique (GPL), soit près de 50% de la demande nationale qui atteint 100 000 TM par an, selon la Société nationale des hydrocarbures (SNH).

  • Terrorisme : persécutés par Boko Haram, près de 10 000 Nigérians fuient vers le Cameroun

    Terrorisme : persécutés par Boko Haram, près de 10 000 Nigérians fuient vers le Cameroun

    L’information vient de l’antenne de Médecins sans Frontières (MSF) dans la ville de Rann. Suite à une attaque perpétrée le 14 janvier 2019 par des éléments de la secte djihadiste, près de 8 000 personnes ont fui cette localité située au nord-est du Nigeria pour trouver refuge à Bodo (région de l’Extrême-nord, département du Logone et Chari) au Cameroun.

    Les personnes sur place étaient majoritairement des femmes et des enfants selon leurs estimations. Environ 1200 personnes sont parvenues à s’installer dans les terres tandis que 7 000 sont restées au bord de la rivière qui sépare le Nigeria du Cameroun.

    « Les communautés locales s’organisent pour aider les déplacés et leur fournir de la nourriture », lit-on sur le site internet de l’organisme humanitaire ce 17 janvier 2019.

    « Notre équipe de Bodo estime qu’environ 8000 personnes sont arrivées hier et que plusieurs milliers d’autres pourraient arriver aujourd’hui » rapporte ce 17 janvier 2019, Hugues Robert. Le responsable de programme de MSF pour le Nigeria fait des projections sur une éventualité d’accueillir 15 000 réfugiés dans les prochains jours.

    Jean René Meva’a Amougou

  • Cemac : les vœux de l’austérité

    Cemac : les vœux de l’austérité

    Transformation structurelle, diversification, c’est le tocsin qui résonne dans les vœux des dirigeants aux peuples de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) prononcés le 31 décembre.

    Dans leurs adresses, les chefs d’État ont très bien fait transparaitre la situation austère que traverse la sous-région. Les efforts pour enrayer la crise économique et financière ont émaillé les discours à la nation. Au Cameroun, au Tchad, en Guinée équatoriale, en Centrafrique et au Congo, la question de l’industrialisation est revenue comme une priorité de l’année nouvellement entamée.

    La conjoncture récessive s’imprime davantage dans ces discours par la prudence des leaders. Très peu de perspectives économiques ont été avancées, la tendance baissière des cours du pétrole à l’international apparaissant comme un élément de dissuasion. En revanche, les chefs d’État ont invité leurs compatriotes à plus de résilience et de témérité, afin d’enrayer le cycle actuel.

    Synergie
    Le gouvernement communautaire ne déroge pas à cette dynamique. « Pour cette nouvelle année, il ne fait aucun doute que la Commission de la Cemac, parallèlement aux initiatives prises par les États en faveur de la transformation de leurs économies, va également mettre l’accent sur la réalisation de projets communautaires visibles auxquels nos populations aspirent dans leur vie quotidienne, à l’instar du renforcement de la libre circulation intégrale », déclare le président Daniel Ona Ondo dans ses vœux aux ressortissants de la Communauté.

    ZRM

  • Université panafricaine : Le projet prend de plus en plus de chair au Cameroun

    Université panafricaine : Le projet prend de plus en plus de chair au Cameroun

    À Yaoundé, le 21 décembre 2018, les autorités locales ont affiché leur détermination à poursuivre l’implémentation de l’institution universitaire de l’Union africaine.

    Photo de famille à la fin de la cérémonie de diplomation

    Deux ministres ont présidé, le 21 décembre 2018, la cérémonie de remise des parchemins à la 4e promotion de l’Institut gouvernance, humanité et sciences sociales de l’Université panafricaine. Il s’agit des ministres de l’Enseignement supérieur et des Relations extérieures. La présence de Jacques Fame Ndongo et Lejeune Mbella Mbella n’était pas fortuite. Pour le gouvernement camerounais, il était en effet question « d’offrir aux étudiants de cette 4e promotion, une cérémonie inoubliable et prouver aux autorités diplomatiques et académiques des pays membres de l’UA (Union africaine) que le Cameroun mérite toute la confiance placée en lui pour abriter cet institut ».

    Le Cameroun a un rôle important à jouer dans le développement de l’Université panafricaine. Le pays abrite à la fois les sièges de l’Université panafricaine et l’Institut gouvernance, humanité et sciences sociales, l’un des cinq établissements de cette université. Ce sont là des victoires diplomatiques acquises face respectivement à la Tunisie et au Gabon.
    Preuves

    Lors de cette cérémonie, les autorités camerounaises se sont aussi employées à faire le bilan de l’implémentation de l’institution universitaire de l’UA dans le pays. On apprend que depuis la première promotion, le Cameroun, en tant que pays hôte et responsable des infrastructures, consent beaucoup d’efforts pour que l’université panafricaine soit mise sur pied. Il l’a dotée d’un siège provisoire au quartier Bastos à Yaoundé, en attendant la livraison du siège définitif, dont les travaux sont en cours à Mimetala, une localité située dans la banlieue de la capitale politique. Le gouvernement a débloqué un fonds de 500 millions de F CFA à cet effet.

    Dans la même veine, le Pr Minkoa Shé, recteur de l’Université de Yaoundé 2, a rappelé que l’Institut gouvernance, humanité, sciences sociales a des locaux fonctionnels. Dans le campus de Soa, elle bénéficie de 2 amphithéâtres de 250 places chacun, 2 salles de cours de 30 places chacune, une autre de 60 places et un bloc administratif de 10 bureaux. Le recteur de l’Université de Yaoundé 2 saisit cette occasion pour saluer la réussite de la mise en place de cet institut. Le corps enseignant, constitué en majeure partie de Camerounais, donne une image positive du Cameroun. « Au début de cette aventure, beaucoup étaient sceptiques. Mais aujourd’hui, c’est une fierté pour l’Université panafricaine et principalement l’Université de Yaoundé 2 de promouvoir l’intégration africaine » a-t-il ajouté lors de son allocution. Pour le Minesup, « c’est une victoire sur tous les manquements, une victoire que nous avons comblée, une victoire sur tous les défis que nous avons relevés, en vue de la mise en œuvre de l’Université panafricaine ».

    Avec cet investissement, Yaoundé se positionne comme un hub d’intégration continentale. Plus encore, il promeut le savoir camerounais.

    André Balla, stagiaire

    Réactions des lauréats

    Bouraima Sawadogo, Burkinabé

    « Je suis désormais un ambassadeur de l’intégration régionale »

    C’est un sentiment de fierté, un sentiment de reconnaissance envers l’Union africaine pour avoir mis ce programme en place et pour la confiance placée en nous. Au sortir de ce programme, nous sommes outillés en matière d’intégration régionale, en matière de gouvernance et pour servir l’Afrique. Nous remercions notre pays d’accueil qui nous a offert un terrain d’hospitalité, un environnement paisible pour que nous puissions arriver à cette cérémonie aujourd’hui. Je suis désormais un ambassadeur de l’intégration régionale partout en Afrique.

    Anastasie Luria Belingou Yako Doloresse, Centrafricaine

    «Les Camerounais nous ont bien accueillis»

    Je suis vraiment satisfaite par ce diplôme obtenu à l’Université panafricaine. C’est pour moi un grand honneur, une joie. Les deux ans passés au Cameroun n’étaient pas faciles, mais on s’est battu. On a appris beaucoup de choses au Cameroun, on a appris à préparer le Ndolè (un mets local), on a même appris à parler l’Ewondo (une langue locale). Ce qui prouve que l’intégration est déjà effective. Les Camerounais nous ont vraiment accueillis. Bien que la gouvernance soit mon domaine de compétence, partout où j’irai en Afrique, je serai l’ambassadeur de l’intégration.

    Franklin Etarh, Camerounais

    « Nous constituons la crème de la crème »

    C’est une impression de fierté d’être parmi les lauréats du jour. Après avoir passé tout ce temps à l’Université panafricaine, nous constituons la crème de la crème. Et je ne peux être que content d’avoir été choisi par l’Union africaine. La prochaine étape est de servir mon pays, mon continent et d’être un formateur partout où je serai.

     

     

    Jacob Mensah, Ghanéen

    «Je pars en étant un autre homme»
    J’ai passé deux années au Cameroun. Nous avons vécu l’intégration dans ce magnifique pays. Je ressens de la joie et de la fierté, parce que ça n’a pas été facile. Je pars du Cameroun, mon deuxième pays, en étant un autre homme. Je ne saurais finir sans remercier les autorités de l’Union africaine qui ont mis en place cette Université panafricaine.

     

     

     

    ‘’Tous les étudiants sont boursiers’’

    Pr. Vincent Ntuda Ebodé

    Le troisième cycle a été lancé il y a trois ans. Pour ce qui concerne la gouvernance, les premiers étudiants vont soutenir leurs thèses au premier trimestre 

    Le directeur de l’Institut gouvernance, humanités et sciences sociales revient sur les objectifs et les avancées de l’Université panafricaine. 

    Comment se déroulent les formations à l’Université panafricaine ?
    L’Université panafricaine, qui est l’université de l’Union africaine, est constituée de cinq établissements. Chaque sous-région africaine a un établissement qu’on pourrait appeler, en langage simple, une faculté, mais qu’on a décidé d’appeler institut. L’Afrique centrale a pour base le Cameroun. Le pays abrite l’institut en charge de la gouvernance des sciences sociales et humaines. Il a pour tutelle académique l’Université de Yaoundé II. Basé à Soa, cet institut dispense à ce jour des enseignements dans un programme dénommé gouvernance et intégration régionale, ainsi que des enseignements en traduction et en interprétation. Nous avons délocalisé cette dernière à l’Université de Buea, en raison de l’avantage comparatif que présente cette université, en ce qui concerne ce domaine.

    Que peut-on dire de manière pratique de ces programmes ?
    À l’Université de Yaoundé 2, la formation commence par des mois de renforcement de capacités linguistiques, pour que les étudiants soient bilingues. Les deux langues enseignées sont l’anglais et le français. Cela suppose donc qu’un étudiant doit être au moins au niveau moyen dans la langue qu’il ne connaît pas. Lorsqu’on a reçu la première promotion, on s’est retrouvé avec des étudiants monolingues. Nous avons donc décidé de faire deux parcours. Les anglophones font leurs études en anglais, et les francophones font les leurs en français. Mais ils ont l’obligation de faire des cours de langue qui, au niveau du master, sont obligatoires et notés.

    Après des mois et des années de renforcement des capacités linguistiques, on commence le programme lui-même qui, comme tout programme de Master, dure vingt-quatre mois (c’est-à-dire quatre semestres). Les deux premiers semestres (c’est-à-dire la première année) sont essentiellement intenses en matière d’enseignement. La deuxième année est dédiée à l’étude sur le terrain. Le premier semestre est consacré au stage dans une entreprise ou une institution. Le second semestre est dédié au mémoire. On achève donc la formation par la soutenance du rapport de stage et un mémoire de fin d’études en gouvernance et intégration régionale. L’autre chose à ajouter est que lorsqu’on est au second semestre, les étudiants choisissent les options. Certains font intégration régionale et d’autres font gouvernance. Ceux qui font Intégration régionale ont en option tous les cours obligatoires de ceux qui font Gouvernance, et viceversa.

    À l’Université de Buea, on forme les traducteurs et les interprètes aussi bien dans les langues occidentales que dans les langues africaines transfrontalières. Le troisième cycle a été lancé il y a trois ans. Pour ce qui concerne la gouvernance, les premiers étudiants vont soutenir leurs thèses au premier trimestre.

    Qu’est-ce qui fait la spécificité de cette 4e promotion ?
    La première spécificité est que cette promotion est la première à faire les nouveaux programmes. Si vous la comparez aux premières promotions, vous verrez que pour les trois premières les moyennes étaient trop élevées (autour de 17, 18). Avec celle-ci, le nombre de cours, comparé à la première et à la deuxième promotion a pratiquement triplé. Du coup, la moyenne commence elle aussi à se tasser même si on reste au-dessus de 15. Lorsqu’on prend aussi les premières promotions, les premiers des promotions étaient toujours des femmes. C’est la première fois qu’au moins à l’Université de Yaoundé un garçon est en tête. Une autre spécificité, c’est le nombre de pays représentés. Pour cette promotion, on a 35 alors que lors des dernières, on en avait environ 30.

    L’effectif est trop bas, compte tenu du milliard d’habitants que compte le continent. Est-ce qu’il est appelé à augmenter au fil des années ?
    Chaque institut recrute chaque année 100 étudiants. Il y a 5 instituts (soit un institut par sous-région), ce qui fait chaque année 500 étudiants au total. Le nombre ne va pas aller croissant, parce que c’est une question d’adéquation entre formation et emploi, mais aussi enseignant et étudiant. C’est pour des mesures d’assurance qualité. Tous les étudiants sont boursiers et on ne va pas mettre de l’argent pour faire aussi la formation de masse.

    Au sortir de cette formation, de quoi sont capables les produits de l’Université panafricaine ?
    Comme vous le savez, la gouvernance a plusieurs faces. Celui qui a fait comptabilité, la notion de gouvernance n’a pas la même acception qu’avec celui qui a fait droit civil. L’un fait la gouvernance de la monnaie et l’autre fait la gouvernance des ménages. Si vous allez en justice, ça devient aussi différent. Quand vous êtes administrateur civil, c’est aussi une autre forme de gouvernance. Donc, chacun a un profil et on attend qu’il implémente la théorie et la pratique apprises en rapport à son profil.
    Il y a la gouvernance dans les institutions régionales. Il y a la gouvernance dans les pays au niveau étatique, aux niveaux périphériques. Il y a même la gouvernance sociale dans les familles. Donc chacun apprend en fonction de son background. En science sociale, on prend vraiment les sciences sociales, c’est-à-dire que vous avez les gens qui ont fait gestion, économie, droit, science politique, relation internationale, géographie, histoire ; l’objectif étant que chacun améliore son sillon.

    Propos recueillis par

    André Balla, stagiaire

  • Cameroun : un président, un peuple, deux pays !

    Cameroun : un président, un peuple, deux pays !

    Le contre-pied parfait. Voilà comment les footballeurs qualifieraient Paul Biya au terme de son réaménagement gouvernemental du 4 janvier 2019.

    Le président de la République du Cameroun déjoue tous les pronostics avec son Gouvernement d’inauguration du septennat des grandes opportunités. La rupture attendue dans les chaumières n’est pas au rendez-vous. Le président Biya opte pour la continuité. Son discours du 31 décembre dernier sur l’état de la nation en traçait déjà les sillons. «Face à l’adversité, nous avons élaboré une stratégie de développement articulée en trois temps : les grandes ambitions, les grandes réalisations et les grandes opportunités. Cette dernière étape, nous l’espérons, devrait nous conduire au seuil de l’émergence», dixit Paul Biya.

    La rupture est dans la continuité
    Dans la psychologie du chef de l’Etat du Cameroun, les acquis du Gouvernement sortant sont à consolider. La structure gouvernementale reste la même, avec de petits réajustements dans la redistribution des cartes. Quelques sacrifiés (Philémon Yang, André Mama Fouda, Zacharie Perevet, etc.) quittent le navire. De nouveaux élus y embarquent, sans la conviction de pouvoir faire bouger le mammouth. Simple jeu de chaises musicales, qui laisse un arrière-goût amer à l’opinion publique.
    L’élection présidentielle d’octobre dernier aura donc été une simple formalité, en vue de régulariser sur le plan légal la situation de M. Paul Biya. Car les aspirations légitimes à la rupture exprimées par la majorité des Camerounais ne trouvent pas grâce auprès de l’actuel patron du palais présidentiel d’Etoudi.

    Vox populi, vox Dei
    Paul Biya ne vibre pas au même diapason avec son peuple dans le flop organisationnel de la Can 2019 de football. Une certaine opinion nationale n’a eu de cesse de dénoncer les délits d’initié, les surfacturations de marchés et parfois l’incapacité des entreprises retenues à travailler dans les standards requis et les délais indiqués. Le clou de ces récriminations est pointé avec le retrait de l’organisation au pays de la Can en décembre dernier. Le rejet des responsabilités et les féroces batailles rangées entre les membres du même Gouvernement ont désabusé les populations camerounaises et les observateurs avertis. Paul Biya excelle dans le poncepilatisme. «Comme vous le savez, notre pays était engagé à accueillir le grand – rendez du football africain en 2019.

    La confédération africaine de football, au regard de certaines données, a pensé qu’il fallait procéder à un glissement de date. Nous en avons pris acte». Aucun mot sur les présumés scandales allégués. Quid d’une commission d’enquête parlementaire sur cette forfaiture ? Quid de l’audit global des marchés de la Can, comme proposé par quelque ministre au plus fort de la crise des dénonciations ? Pour Paul Biya, tout va bien dans le meilleur des mondes: «Comme je l’ai déjà dit, tous les investissements liés à l’organisation de la Can seront réalisés. Je saisis cette occasion pour vous demander de rester mobilisés afin qu’à terme, la modernisation de nos infrastructures routières, ferroviaires, hospitalières et sportives liées à ce grand événement, se concrétisent : notre pays le mérite bien».

    Il en est de la Can comme des autres défis qui interpellent le pays en cette nouvelle année: la crise anglophone; l’insécurité quasi chronique dans la partie septentrionale du pays du fait de Boko Haram ou des coupeurs de route; la faillite du système éducatif du pays; la corruption rampante… A l’évidence, le fossé est grandissant entre l’établishment et le peuple, dans la façon de diagnostiquer ou percevoir les maux qui minent le pays. Aussi, les dernières phrases du discours de Paul Biya le 31 décembre 2018, sonnent faux et comme un vœu pieu : «En ces temps difficiles, croyez-moi, je consacre toute ma force et toute mon expérience au service de la paix, de l’unité et du progrès de notre cher et beau pays. Je compte sur chacun de vous pour m’y aider».

    Thierry Ndong Owona

  • Cameroun : La vie comme elle va dans le «Far West» anglophone

    Cameroun : La vie comme elle va dans le «Far West» anglophone

    Marché de vivres reduit en cendres

    Incursion dans la région du Nord-ouest, où le quotidien est rythmé par le combat pour la survie.

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    Zéphyrin Fotso Kamga, à Bamenda

  • Eglise catholique au Cameroun : Liturgies dissonantes sur la réélection de Biya

    Eglise catholique au Cameroun : Liturgies dissonantes sur la réélection de Biya

    Mgr Jean Mbarga                                                                                                                      Mgrs Samuel Kléda

    Les deux hommes de Dieu écrivent, chacun de son côté, une épître sur les résultats de la présidentielle du 7 octobre dernier.

     

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    Jean-René Meva’a Amougou

  • En attendant la proclamation officielle des résultats de la présidentielle : Le Cameroun retient son souffle

    En attendant la proclamation officielle des résultats de la présidentielle : Le Cameroun retient son souffle

    Le pays est en attente de la publication des résultats de la présidentielle du 7 octobre. En cas de défaite, Paul Biya est-il disposé à quitter le pouvoir? «Nous assistons à une compétition très disputée avec une saine émulation, mais le président sera réélu largement», clamait déjà Grégoire Owona au soir de ce scrutin.

    Lire suite

    André Balla, stagiaire

  • Présidentielle au Cameroun : l’Onu appelle à la retenue

    Lire l’intégralité du message de son secrétaire général.

    Embargo sur les armes, interdiction de voyages, gel des avoirs des individus et des organismes… Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) a prorogé ses sanctions contre la République centrafricaine (RCA) pour une année supplémentaire (31 janvier 2019).
    Antonio Guterres, Sg-de-l’Onu. Photo d’archive

    «Alors que le Cameroun se prépare à tenir des élections présidentielles le 7 octobre, le Secrétaire général encourage tous les Camerounais à exercer leur droit démocratique et appelle à un processus pacifique, crédible et inclusif.

    Le secrétaire général appelle toutes les parties prenantes à faire preuve de retenue avant, pendant et après les élections. Il appelle également tous les candidats à résoudre tout grief lié au processus électoral par les voies légales et constitutionnelles établies.

    Le secrétaire général condamne toute menace de violence ou tout acte d’intimidation par quelque groupe que ce soit et réitère que tous les griefs doivent être résolus dans le cadre d’un dialogue inclusif. Les Nations Unies sont prêtes à apporter un soutien à cet égard».

    New York, le 4 octobre 2018