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Catégorie : LIBRE-PROPOS
Droit international: au cœur des relations internationales
Par Charly Kengne
On mesure très vite l’interdépendance entre les deux approches: le droit international ne se comprend que dans un contexte plus large, et les relations internationales impliquent de plus en plus directement des règles juridiques, que ce soit pour leur analyse ou pour leur régulation. Comme pour dire qu’au cœur des Relations Internationales se trouve le Droit international et son application.
Droit international vu et appliqué par la Communauté internationale (Usa, France, UK, Allemagne) et le reste du monde
Le monde est injuste et ce depuis la nuit des temps et nous le savons. Le respect du Droit International est une question de rapport de force. Ça également nous le savons. Les Nations-Unies dans sa charte reconnaît :
_ Le Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
_ le Droit des peuples à l’Auto-détermination
_ La non-ingérence dans les affaires internes des États.
Tout un ensemble de textes qui consacrent aujourd’hui le principe de « la souveraineté » et de « l’égalité entre les États » quoique dans la pratique c’est un autre débat. Bien que reconnu et adopté par l’Assemblée générale des Nations unies, ses droits peinent à être respecté par d’autres États dit « Super puissances ». Et sous le fallacieux prétexte du « Dilemme à la sécurité Humaine », ils ont passé outre ses obligations qui s’imposent à eux pour légitimer leurs actions (Hard ou Soft Poser) et leur volonté d’ingérence dans les affaires internes des autres États. Cette volonté d’ingérence a été codifiée par le Conseil de sécurité des Nations-Unies et s’appuie sur la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 qui dit dans un de ses articles: «Si un État ne peut ou est incapable d’assurer la sécurité de ses concitoyens, il est possible de se substituer à celui-ci pour assurer cette dite sécurité». C’est sous ce prisme qu’ils sont intervenus en Libye, en Syrie, au Yémen, en Irak, en Afghanistan, en Côte d’Ivoire, en Somalie etc. Et nous connaissons tous la suite.
Alors comment comprendre que pour peu qu’un pays où chancellerie occidentale soit attaquée, aussitôt leur machine de défense et de sécurité font recours à tous les moyens possibles pour se défendre, y compris l’usage des armes et la violence. Et dans certains cas jusqu’aux armes chimiques et nucléaires en totale violation des lois, traités et conventions ratifiés par ses mêmes États.
Mais normal, ce sont les pays Puissants. D’ailleurs leur phrase fétiche est la suivante: « on ne négocie pas avec les terroristes ».
Pour ceux et celles qui l’ignorent la plupart des organisations, milices ou entités taxées de « terroristes » dans ses pays sont généralement des formations politiques dites « d’extrême droite ou d’extrême gauche ». Le cas en France de la Corse, vous ne verrez jamais l’État français vous parler d’un dialogue avec ces gens-là. L’autre exemple est celui de l’ETA, organisation de l’Etat Basque en Espagne ou encore de l’IRA en Irlande du Nord. Tous ont été matées et combattues par la violence des armes parce que mettant à mal la République et donc l’existence de l’État.
Les mêmes schémas reproduits en Afrique, les mêmes vous diront qu’il faut dialoguer, il faut un gouvernement d’union nationale, il faut s’asseoir sur une table, il faut un processus électoral consensuel, il faut faire des concessions. Et curieusement, ceux de nos gouvernants qui se plient à ce jeu macabre finissent toujours par en payer le prix fort.
La côte d’Ivoire avec les accords de Lome1, Lomé 2, qui ont abouti avec les accords de Marcoussis, mais cela n’a pas empêché le président Laurent Koudou Gbagbo d’être déporté à la CPI.
Le Mali avec maints accords de paix signés avec les forces rebelles du Nord, mais cela n’a pas empêché le président Ibrahim Boubacar Keita d’être chassé comme une Vermine.
Le Soudan avec plusieurs accords de paix signés entre Oumar El Béchir et Riek Machar, mais cela n’a pas empêché le pays de se diviser en deux (02) avec la création d’un nouvel État (Soudan du Sud). Sans parler du départ du président Oumar El Béchir.
La RCA plusieurs accords de paix ont été signés avec les rebelles, mais cela ne les empêche pas de toujours attaquer la capitale Bangui et de mettre en mal la stabilité de ce pays.
Aujourd’hui c’est le Tchad, le Cameroun et bien d’autres pays auxquels la Communauté internationale demande de continuer à dialoguer avec des rebelles et des terroristes perpétuant ainsi le cycle de l’interminable contestation avec pour conséquence directe le retard que nous vivons sur le reste du monde.
#Afrique_Reveille_toi
Boycotter les médias occidentaux: un devoir panafricain
Au regard de la portée géostratégique des canaux d’information, l’Afrique, au cœur de tous les enjeux, se doit de rester vigilante face au déploiement médiatique sur son sol, si elle veut se défaire de l’assujettissement extérieur et reconstruire une pensée africaine.
A défaut de les voir purement et simplement interdits par les dirigeants africains, souvent à la solde de leurs gourous occidentaux, il s’avère urgent pour tout africain épris de liberté de se priver définitivement et sans délai de ces sources de pollution mentale.
RFI, France 24, LCI, BFM TV, BBC, VOA, CNN, Euronews et toute la clique des médias aux ordres qui ont en partage et pour seule raison d’exister la propagande mensongère au service de l’impérialisme occidental, doivent être bannis du paysage médiatique africain. Ce sont des instruments de manipulation à grande échelle qui constituent une menace permanente de déstabilisation de nos pays, des armes de désinformation massive pour semer le chaos en Afrique. Le Mali a donné le ton en suspendant définitivement RFI et France 24, les autres pays africains se doivent de suivre, qu’il s’agisse de décisions au sommet de nos Etats ou à la base par les populations.
Mais ces médias mensonge n’opèrent pas seuls. Ils ont des relais sournois en Afrique. Assumés ou non, ces ennemis de l’intérieur relaient servilement les contenus orientés, sans le moindre filtre. Ces médias locaux ne sont que des suiveurs complexés de tout ce qui vient d’ailleurs, et perpétuent l’idée d’une Afrique infantile. Le plus illustre d’entre eux étant sans doute « Jeune Afrique », média « Bounty » par excellence, dont l’étiquette de prostituée assumée n’a jamais été altérée. Ce magazine créé en 1958 reste inscrit dans la lignée du maintien de l’Afrique dans les geôles du colonialisme, avec de fausses allures de soutien à l’émancipation du continent. Champion toutes catégories du clientélisme et de la surenchère auprès des dirigeants africains, ce porte-voix de la Françafrique doit être proscrit partout en Afrique.
Quelques chiffres donnent le tournis et indiquent à suffisance les projets de ces médias en Afrique et dans le monde. Avec pour mission régalienne le formatage des esprits africains, initialement « Poste Colonial », Radio France International est créée en 1931, à des fins de propagande impérialiste. Tout comme le franc CFA, il s’agit d’un dangereux outil d’asservissement des peuples africains. Comme France 24, c’est une entité du groupe à capitaux publics France Média Monde, doté d’un budget de plus de 250 millions d’euros et jouissant de la plus grande audience en Afrique « francophone ». Diffusée mondialement en français et en 15 autres langues, via 154 relais FM, sur une trentaine de satellites à destination des 5 continents, RFI compte plus de 1700 radios partenaires qui reprennent ses programmes. Avec un budget de plus de 600 millions d’euros annuel, la British Broadcasting Corporation (BBC) elle, créée il y a 100 ans, dépasse les 500 millions d’auditeurs dans le monde, dont plus de 110 millions par semaine en Afrique. Le champ de conquête médiatique constitue le pipeline des guerres culturelles, économiques et politiques menées par l’occident à travers le monde.
La désinformation est une arme fatale contre l’Afrique qui en souffre cruellement depuis sa malheureuse rencontre avec l’occident. Le principal allié des ennemis de l’Afrique étant le mensonge, il est impératif de commencer par s’en prémunir. Lorsque des médias ne font pas les affaires de ces pays dépositaires de la bonne conscience universelle, ils n’hésitent pas à les interdire. Pourquoi les africains devraient être indulgents face à ces canaux officiels de manipulation des masses en Afrique ? Il est urgent que de véritables médias africains voient le jour et se démultiplient pour contrecarrer cette déferlante propagandiste au service de l’hégémonie occidentale. Les initiatives privées, mais aussi des appuis gouvernementaux doivent être initiés. Il y va de l’intérêt suprême du continent. On ne peut pas être un africain conscient et continuer de s’abreuver à la source de ces canaux de conditionnement psychique. Toute révolution nécessitant l’adoption de comportements conséquents, ces médias toxiques doivent être impérativement boycottés pour assurer à l’Afrique la reconquête de sa souveraineté.
Paul ELLA, analyste Financier, Directeur du Centre Africain de Recherche en Géostratégie
Gana Gueye, Paris et la cause LGBT
Douala, le 22 mai 2022. Dans le cadre d’un match de football du Championnat français de Ligue 1, entre Paris Saint-Germain et Montpellier le 14 mai dernier, les joueurs de Paris arboraient des numéros de maillots floqués aux couleurs arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBT, en guise de soutien à la cause des Lesbiennes, des Gays, des Bisexuelles et des Transsexuels.
Seulement, ce qui devait rester un événement sportif a dégénéré, et pour cause, le refus d’un des sociétaires du PSG, le sénégalais Idrissa GANA GUEYE, de participer à cette rencontre qui le contraignait à épouser une cause qui ne correspond pas à ses convictions personnelles et religieuses. Jeté en pâture par son club dans cette affaire, le joueur africain qui n’a posé aucun acte ni proféré aucun propos condamnable a été sommé par la Fédération Française de Football de s’expliquer d’une attitude pourtant légitime. S’est ensuite déclenché contre lui, une véritable fatwa politique, populaire et médiatique, comme si sa seule abstention avait empêché le match de se jouer et son équipe de soutenir une cause que ses dirigeants estiment juste. Face à l’avalanche de condamnations injustifiées à l’endroit d’un joueur qui n’a fait qu’exercer sa liberté, il n’est pas possible, en tant qu’africain, de se taire.
Nous ne pouvons tolérer cette dérive à l’instrumentalisation du sport à des fins politiques. La France, autoproclamée pays des Droits de l’Homme, prétend préserver les droits des uns tout en bafouant ceux des autres. Ne pas se prononcer est un droit inaliénable, sinon il faudra condamner tous les électeurs qui optent pour un vote blanc dans le cadre d’une élection ou d’un référendum. De ce récurrent double langage, la France et l’occident sont coutumiers du fait. On se souvient de la privation des sportifs russes des compétitions internationales pour de supposées accointances avec le Régime de Vladimir Poutine dans la guerre en Ukraine, comme s’il fallait punir tous les français des crimes de la France en Algérie, au Cameroun et partout en Afrique depuis un siècle, ou encore les citoyens américains des innombrables crimes de guerre des Etats-Unis dans le monde.
D’où vient-il que la France qui se réclame d’une certaine civilisation judéo-chrétienne plébiscite l’homosexualité au point d’assumer le retour à la pensée unique quand elle dit promouvoir les valeurs de la démocratie ? Tout cela ne relève-t-il pas de la schizophrénie ? On se souvient que Marlène Schiappa, Ministre déléguée auprès du Ministre de l’Intérieur de France, chargée de la Citoyenneté, déclarait en 2020 que la polygamie qui est condamnée en France ne correspondait pas aux valeurs culturelles de son pays, et que les contrevenants à la loi, même de fait, seraient traqués et expulsés. Dans la même sortie, elle avait ajoutée, in extenso, « Je veux rassurer tout le monde, on ne va pas interdire les plans à trois, l’infidélité, le polyamour, les trouples. », fin de citation. A chacun d’apprécier. Mais au nom de quoi devrions-nous respecter les « valeurs » occidentales quand celles-ci sont des abominations dans nos sociétés africaines?
Les africains doivent veiller à ne pas laisser passer ce type d’affaires, sans prendre position. L’impérialisme occidental en plein déclin, jadis fondé sur l’ostensible prédation économique, mise désormais sur la guerre culturelle, beaucoup plus subtile et pernicieuse. L’objectif étant de soumettre l’humanité à un nouveau modèle de société où les humains ne seront plus que des code-barres avec une valeur marchande définie selon la loi de l’offre et de la demande. Les ennemis de la famille traditionnelle nous prêchent alors les vertus de leur nouveau monde fantasmé où la démographie est présentée comme une menace aux équilibres écologiques et économiques, et au sein duquel seront plébiscités les recours à la procréation médicalement assistée, à la gestation pour autrui ou encore à l’homme augmenté par les miracles du transhumanisme. Le diktat de ces dérives sociétales aux fausses allures de protection des droits des minorités telles que les LGBTQ n’est ni plus ni moins une menace pour la survie de l’espèce humaine. Africains, sortez de votre zone de confort, et arrêtez de regarder passifs et d’absorber comme des éponges tout ce qui vous est servi d’ailleurs, sinon le réveil sera brutal. A bon entendeur…
Paul ELLA,
Analyste Financier,
Directeur du Centre Africain de Recherche en Géostratégie
«La quête de l’unité est un idéal»
Professeur titulaire des Universités, il est, à la fois, chef de la Division des affaires académiques, de la scolarité et de la recherche à la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Université de Yaoundé II ; enseignant-chercheur au département d’Histoire de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences humaines de l’Université de Yaoundé I. À la faveur du Cinquantenaire de l’unification, il passe certaines actualités sous son expertise.
Intégration : Professeur, si nombre d’entre nous ne connaissent pas nécessairement le sens de la fête de l’Unité dans son menu détail, reste que chacun sait combien la date du 20 mai est ancrée dans les esprits. Pouvez-vous nous rappeler le sens de la fête nationale ?
Pr. Christian Tsala Tsala : Merci de me donner la possibilité de contribuer à ce débat qui est d’actualité. Avant de répondre à votre question, il me semble important, pour bien situer vos lecteurs, de revenir sur un certain nombre d’éléments. La première chose à dire, c’est que le Cameroun est un protectorat allemand depuis 1884. L’Allemagne étant rendue responsable et perdante de la Première Guerre Mondiale, ses territoires d’Outre-Mer lui sont enlevés et confiés à la communauté internationale. Le Cameroun rentre donc dans ce qu’on a appelé le condominium franco-britannique, c’est-à-dire qu’il est conjointement géré, au nom de la communauté internationale, par la France et la Grande-Bretagne. C’est de 1916 à 1922.
Avec la naissance en 1922 de la Société des Nations (SDN), le Cameroun devient un territoire sous mandat de la SDN. Mais, comme celle-ci est une personne morale, la gestion quotidienne continue à être assurée par la France et la Grande-Bretagne. Chaque puissance mandataire reste campée sur ses positions territoriales à savoir, 4/5 pour la France et 1/5 pour la Grande-Bretagne. Sous cet angle, la SDN demande à ces puissances mandataires de favoriser l’émancipation du Camerounais pour que celui-ci prenne la gestion d son pays. C’est donc à partir de la là que les chefs douala saisissent la SDN pour demander la gestion du Cameroun sous leur direction. Charles Atangana Ntsama, chef supérieur des Ewondo et Bene, qui était manipulé par la France va réagir. Il estime que le Camerounais n’était pas suffisamment outillé pour diriger son pays. On va donc se livrer à ce jeu de ping-pong entre les chefs douala qui insistent ; et Charles Atangana Ntsama qui réplique à chaque fois. Et ce jusqu’au moment où Hitler (en 1934) décide de bouleverser l’ordre du monde. Il engage ses actions qui vont déclencher la Seconde Guerre Mondiale en 1939. Cette guerre s’achève une fois de plus avec la défaite allemande. L’on va constater que la SDN n’a pas été capable d’assurer la paix mondiale. Elle sera remplacée par l’Organisation des Nations unies (Onu). Les pays qui étaient des territoires sous mandat deviennent des territoires sous tutelle. Et maintenant, avec plus de précisions, il est demandé aux puissances tutélaires de conduire ces pays à l’indépendance dans un laps de temps.La France et la Grande-Bretagne, gardant toujours leurs positions territoriales, les Camerounais vont reposer le problème de l’indépendance et de la réunification du Cameroun au sein de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) qui a vu le jour le 10 avril 1948. Son programme est clair : l’indépendance, la réunification et l’élévation du niveau de vie des Camerounais. Avec cet agenda, l’UPC commence à gagner du terrain. Cela inquiète sérieusement l’administrateur colonial. Celui-ci suscite la création des partis fantoches notamment ESOCAM (Évolution sociale camerounaise), RENAICAM (Renaissance camerounaise), INDECAM (Les Indépendants du Cameroun), CHARFRACAM (Charité française au Cameroun) et RAPECAM (Rassablement du peuple camerounais).
Que se passe-t-il ensuite?
Ces partis politiques ne réussissent pas à faire obstruction à l’implantation de l’UPC. L’administrateur colonial entreprend de détendre l’atmosphère en faisant en sorte qu’en 1951, les Camerounais élisent leurs représentants au sein de l’Assemblée territoriale. L’UPC qui occupe plus d’espace sur le plan politique est malheureusement marginalisée. On va user des stratagèmes pour que l’UPC n’ait pas assez d’élus. L’UPC va contester au niveau international. Ses leaders vont aux Nations unies pour poser le problème du Cameroun. Le problème de l’indépendance et celui de la réunification s’internationalisent.
En 1954, Roland Pré remplace Jean-Louis Soucadaux au poste de Haut-Commissaire au Cameroun. Cela signe la fin de la légalité de l’UPC. Les actions de Roland Pré font en sorte que l’UPC n’ait plus la possibilité de s’exprimer. Les meetings sont interdits. Les leaders sont traqués. À côté de cela, l’Église catholique s’invite à l’affaire en traquant aussi les militants de l’UPC. À côté de cela également, le refus de faire d’abandonner sa politique d’assimilation et d’établir un calendrier clair pour l’indépendance du Cameroun français transforme l’UPC en parti anti- colonial dur, violent et très zélé.En 1955, l’atmosphère tendue au Cameroun se transforme en insurrection armée à l’encontre des autorités coloniales et de leurs partisans. L’administration coloniale réagit le 13 juillet et l’UPC ainsi que ses organes annexes sont dissouts. On assiste à ce qu’on a appelé « le vide politique ». En octobre 1955, une mission de l’Onu arrive au Cameroun à l’effet d’évaluer la situation politique du pays. Cette mission se rend compte que l’unité du Cameroun, bien que n’étant pas menacée, est en péril. « Le vide politique » est là. L’activité politique est terne. On ne voit plus de mouvement. Ce qui semble donner raison à l’UPC aux yeux de l’opinion internationale.
A Lire Le jubilé du cinquantenaire de l’Unité nationale au Cameroun 1972-2022
Le 4 avril 1957, le Cameroun est doté d’une constitution. André Marie Mbida est investi Premier ministre le 10 mai. Il est certes Premier ministre mais n’a pas de prérogative en matière de politique internationale, de justice, de défense et de monnaie. Tout cela est aux mains du Haut-commissaire en poste.
Entre temps, l’ATCAM devient ALCAM. C’est donc sous André Marie Mbida que le Cameroun adopte son drapeau, son hymne, sa devise, ses armoiries et ses ordres nationaux. Malheureusement, Mbida est victime de ce qui arrive au bulldozer, lui qui déblaie la route mais n’a pas le loisir de l’utiliser lui-même. Car, lorsque Mbida devient Premier ministre, il rentre en conflit avec ses camarades d’hier.
Et pourquoi cela?
Ce qu’il faut préciser, c’est que Mbida lui-même sort de l’écurie de Louis-Paul Aujoulat qui défend les intérêts français au Cameroun. La France qui, pour détendre l’atmosphère a besoin d’une indépendance à très court terme. Mais Mbida qui voit une indépendance à moyen ou à long terme, estime que le Cameroun n’a pas encore assez de cadres pour assurer son indépendance. Il est renversé le 18 février 1958 par Ahmadou Ahidjo. Ce dernier Premier ministre du Cameroun et le 1er janvier 1960, le Cameroun français devient un territoire indépendant.
Il se pose un problème. Nous avons dit que depuis le Cameroun est mutilé. 1/5 du territoire est géré par les Britanniques et 4/5 par les Français. Et des deux rives du Moungo, depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, les Camerounais expriment le vœu de se remettre ensemble. Le programme de la réunification trouve tout son fondement pour ce qui est de l’UPC. Il faut préciser que Ahmadou Ahidjo ne voulait pas de la réunification. Devenu président, il se dit d’abord qu’il a déjà le problème de l’UPC qu’il ne réussit pas à régler dans son propre territoire. Ensuite, il arrive au pouvoir de manière apparemment légale. Il n’a pas d’assise populaire. S’il ne réussit pas à gérer l’UPC, s’il continue d’avoir la dure opposition venue de la part d’André Marie Mbida, aller encore toucher le problème de la réunification et importer les Anglophones qui sont d’une autre culture (libertaire), est-ce qu’il va s’en sortir ? Il s’engage tout de même pour mettre l’UPC en difficulté. C’est-à-dire vider le programme de l’UPC et dire aux Camerounais « vous avez demandé l’indépendance, là voici ! Vous avez demandé la réunification, là voici !». Et dans ces conditions, les militants de l’UPC sont vus comme des gens de mauvaise foi. Voilà pourquoi il s’engage dans ce programme et le 1er octobre 1961 dans la partie anglophone. Dans ce contexte, le Cameroun se trouve avec 4 assemblées (assemblée législative du Cameroun français, celle du Cameroun britannique, la Chambre des chefs dans la partie anglophone et l’assemblée fédérale). Le pays a 3 corps de fonctionnaires (ceux du Cameroun britannique, ceux du Cameroun français et des fonctionnaires fédéraux). Nous avons aussi 3 gouvernements (le gouvernement fédéral, celui du Cameroun britannique et celui du Cameroun français).
Vous comprenez que le Cameroun qui vient d’accéder à l’indépendance n’a pas encore assez de moyens. Ahidjo utilise cet argument pour proposer la réunification afin qu’on réduise les dépenses pouvant aider le pays à construire des infrastructures et remettre les Camerounais ensemble comme ils l’avaient souhaité dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Mais avant cela, Ahidjo va aussi utiliser des armes juridiques et la répression. Déjà en 1962, il prend l’ordonnance N° 62/OF/18 du 12 mars 1962. L’un des articles de cette ordonnance disposait que « tout individu qui émet des commentaires tendancieux même sur des nouvelles vraies est passible d’un emprisonnement ». André Marie Mbida, Charles Okala, Bebey Eyidi, Mayi Matip étaient les premiers à faire la prison à partir de cette ordonnance. Celle-ci a fait en sorte que les Camerounais se taisent et qu’on n’ait plus la différence sur le plan politique. Cela a donné naissance au parti unique, l’Union nationale camerounaise (UNC) en 1966. La gendarmerie et la police assurant la répression, on est rentré dans ce qu’on a appelé « la République du silence ». Avec ça, Ahidjo propose en 1972 à l’assemblée nationale de voter une loi en vue de l’organisation du référendum destiné à faire du Cameroun non plus la République fédérale du Cameroun mais la République unie du Cameroun. Le mercredi 20 mai 1972, le référendum est organisé. Et à une écrasante majorité, les Camerounais ont dit oui à la République unie du Cameroun. Voilà le parcours qui a permis de célébrer le 20 mai aujourd’hui.A lire aussi Sur les chemins rocailleux de l’unité nationale au Cameroun : de la réalité projetée à la construction souhaitée
Plus de 60 ans après les indépendances, les francophones et les anglophones sont toujours en quête d’unité nationale, pourtant officialisée par le référendum du 20 mai 1972, que répondez-vous à ceux qui estiment que le Cameroun va célébrer le 20 mai dans la division ?
Il faut déjà se dire que la quête de l’unité est un idéal. Donc, c’est un point asymptotique. Vous allez voir que dans les couples par exemple, on va chez le maire, on dit « nous sommes unis pour le meilleur et pour le pire ». Cela n’empêche pas qu’il y ait, de temps en temps, de petites querelles dans le foyer. On dira qu’on célèbre dans la division mais celle-ci n’est pas que l’œuvre des pouvoirs publics. C’est aussi l’œuvre d’autres responsables politiques et d’autres Camerounais qui ne veulent vraiment pas se mettre sous la peau des Camerounais. Ils veulent d’abord appartenir à des tribus (ce qui n’est pas un crime).
À l’initiative de M. Ahmadou Ahidjo, alors président de la République du Cameroun, le peuple camerounais s’est prononcé par voie de référendum, le 20 mai 1972, en faveur du passage de l’État fédéral à l’État unitaire. Considéré par la doctrine comme ayant constitué rien moins qu’un « coup d’État civil », ce référendum est, de nos jours, à la base de la principale menace d’implosion du Cameroun. On sait par exemple qu’à la faveur du retour au multipartisme en 1990, le débat portant sur la validité juridique du référendum de 1972 s’est ouvert. Comment interprétez-vous cet état de choses ?
«Coup d’État», je ne le dirai pas. Toutefois, il y avait eu une entente qu’on ne pourrait toucher à la forme de l’État sans consulter toutes les parties. Il y a donc une querelle à ce niveau. Nous avions une assemblée fédérale où il y avait des élus de la partie britannique du Cameroun, Ahidjo estime qu’il a consulté toutes les parties en posant le problème à l’assemblée. Et à l’assemblée, les Camerounais de la partie britannique n’avaient pas apporté une quelconque objection. Mais ces derniers pensent qu’il fallait une consultation populaire pour dire oui ou non au référendum. Maintenant, Ahidjo est passé par l’assemblée. Je crois qu’il y a eu une possibilité pour ces populations de dire non pour qu’on comprenne qu’elles n’adhèrent pas au projet relatif à l’unification. Mais à partir du moment où les gens ont voté par une écrasante majorité, je crois que je suis en droit de penser que ce n’était pas un coup d’État civil.
Lorsque les élèves de l’école normale de Foulasse écrivaient les paroles de notre hymne national, pensez-vous qu’ils étaient animés par une volonté de créer un hymne par-delà les tribus?
Je le crois. Il faut se dire une chose: les élèves de l’école normale de Foulassi sont ceux-là qui ont été majoritairement militants de l’Union des syndicats confédérés du Cameroun. C’est au sein de ce groupe qu’on a puisé beaucoup de militants qui ont créé l’UPC. Maintenant, il faut contextualiser. Au moment où l’hymne est composé, on est au Cameroun oriental. Ces élèves ont en projet de se battre pour la réunification du Cameroun, mais sans être sûrs du résultat. Étant au Cameroun français, ils ont pensé un hymne dans un contexte territorial et un environnement psychologique bien déterminé. Mais, au vu des actions qu’ils ont posées par la suite, ils se sont mis au-dessus des tribus.
D’aucuns disent que notre hymne est une très belle mélodie, les paroles sont riches de sens quand on pense au contexte dans lequel il a été composé. Mais, à côté, une opinion pense qu’elle ne reflète pas vraiment l’Histoire de notre pays. Cette opinion soutient qu’il est un chant patriotique sans ancrage géo-identitaire. Quels commentaires cela vous inspire-t-il ?
Tous les hymnes ne retracent pas forcément l’Histoire des pays. Je crois qu’au-delà de l’Histoire, les élèves de l’école normale de Foulassi ont convoqué les Camerounais au patriotisme, à l’unité, à la paix. De mon point de vue ces interpellations sont aussi importantes que le fait de retracer l’Histoire.
«Que tous tes enfants du Nord au Sud, De l’est à l’ouest soient tout amour, Te servir que ce soit leur seul but, Pour remplir leur devoir toujours ». Ces paroles tendent davantage à appréhender la paix sous l’angle d’une lutte, d’un combat en cours et qu’il faut conclure. Qu’en dites-vous?
Ces paroles interpellent les Camerounais au vivre-ensemble, elles les invitent à vivre en harmonie. Tout simplement !
Il est certain que de nombreux chants patriotiques composés à l’époque continuent de meubler vos souvenirs. Quelles thématiques développaient ces chants de votre époque?
Ils traitent du patriotisme, civisme, respect des aînés, respect de la chose publique et l’amour du pays. Tout cela, malheureusement n’est pas le cas aujourd’hui. Car depuis la maternelle, on enseigne plutôt des chansons obscènes aux enfants.
Il se dit couramment que Yaoundé est la « ville des chefs» et de « longs-crayons », la cité des responsabilités et des responsables politiques et administratifs. Ceux-ci ont une claire conscience d’appartenir à l’ « élite» du pays, élite du savoir et du pouvoir, et forment un groupe relativement cohérent dans la capitale ». À partir de ces différentes représentations, pensez-vous que Yaoundé, comme capitale a contribué à consolider l’unité nationale ou à la désagréger ?
Yaoundé, c’est la capitale politique du Cameroun. Même comme à cause des problèmes politiques et de certaines frustrations liées au partage du gâteau national, nous assistons à des remous çà et là. Et je crois qu’il est urgent que les pouvoirs publics essaient de repenser la politique afin de consolider l’unité nationale et à l’intégration à travers la fonction publique et à travers le partage du gâteau national.
Quels commentaires vous inspire la configuration actuelle des lieux symboliques de l’unité nationale à travers le pays ?
Je ne suis pas sûr qu’ils ont été pensés. D’où l’impact minime sur la conscience collective.
Le palais de l’Unité, est aujourd’hui le siège de la présidence de la République, et par extension, la présidence elle-même. Comment ce nom a –t-il été adopté ?
Je ne peux le dire avec exactitude. Tout ce que je sais c’est que, Ahidjo avait trouvé que le premier palais présidentiel est un bâtiment qui avait été utilisé par les administrateurs coloniaux. Quand il a commencé à sortir du contrôle des Français, il était aussi important de sortir physiquement de ce contrôle. Raison pour laquelle il engage le chantier de construction du palais actuel ; surtout qu’à ce moment le Cameroun faisait partie des pays à revenu intermédiaire (l’équivalent de pays émergent aujourd’hui). Il fallait donc avoir une présidence qui cadrait avec la posture du pays à cette époque.
Pr. Christian Tsala Tsala
Le jubilé du cinquantenaire de l’Unité nationale au Cameroun 1972-2022
Le thème retenu par le président de la République, Chef de l’État, S.E. Paul Biya pour la célébration du jubilé du cinquantenaire de l’Unité nationale cette année est parlant, très évocateur et interpelle chacun d’entre nous dans son rapport à l’État et comme citoyen.
Je voudrais d’abord poser le postulat que l’Unité nationale du Cameroun est un acquis politique, culturel, social et géographique obtenu de haute lutte qu’il faut absolument préserver. À ce propos, le thème retenu par le président de la République, Chef de l’État, S.E. Paul Biya pour la célébration du jubilé du cinquantenaire de l’Unité nationale cette année est parlant, très évocateur et interpelle chacun d’entre nous dans son rapport à l’État et comme citoyen à savoir: «20 Mai 1972 – 20 Mai 2022: Cinquantenaire de l’État Unitaire “Forces de défense et de sécurité au service du peuple, pour la préservation de la paix sociale et de la cohésion nationale“».
En clair, il est question pour notre armée de préserver à tout prix l’intégrité du territoire national, la paix, la sécurité des personnes et des biens, afin de garantir une intégration nationale harmonieuse et assurer le vivre ensemble paisible et pacifique au sein d’une communauté nationale complexe mais unie dans toute sa diversité culturelle, religieuse, politique, économique, sociologique, ethnique, linguistique, artistique et géographique. Tout cela est une grande richesse et une bénédiction énorme pour notre cher et beau pays le Cameroun. Le challenge politique principal pour tous les Camerounais depuis toujours est donc l’unité dans la diversité. L’État unitaire décentralisé du Cameroun formant un pays un et indivisible, est une entité et une institution en cours de construction, voire de consolidation qu’il faut absolument protéger et défendre par tous les moyens.
Il faut savoir que cette unité s’est complètement construite contre la volonté manifeste des puissances coloniales qui, au lendemain de la première guerre mondiale en 1919 et au gré de leurs intérêts purement égoïstes, ont délibérément décidé de diviser notre pays sans le consentement préalable du peuple camerounais qui avait déjà pleinement conscience à l’époque de son existence en tant qu’entité politique unique vivant sur un même territoire et ayant une communauté de destin depuis l’organisation juridique et politique du pays au temps de l’administration coloniale allemande qui assurait son protectorat et son imperium sur toute l’étendue de terre qu’on a nommé Cameroun de 1884 à 1916.
Mais au-delà de tout cela, il faut croire que l’unité du pays s’est forgée depuis des temps immémoriaux, c’est-à-dire avant même la pénétration coloniale occidentale, notamment grâce à la proximité géographique des populations composant ce territoire, grâce aussi à l’interpénétration sociologique, de la mixité matrimoniale, des échanges commerciaux et des affinités idéologiques ou culturelles.
Il s’agit donc d’une construction étatique volontaire savamment élaborée et orchestrée par les pères fondateurs de notre pays depuis la naissance de l’État du Cameroun le 10 mai 1957 sous l’autorité et la conduite du Premier Ministre André-Marie Mbida, Chef du gouvernement et Chef de l’Etat en passant par ses successeurs les présidents Ahmadou Ahidjo en son temps et Paul Biya aujourd’hui. C’est pourquoi à mon avis la fête de l’Unité nationale doit être célébrée avec faste par tous les Camerounais parce que c’est d’abord et avant tout une affaire purement et uniquement camerounaise sans interférence étrangère. En effet, la décision d’unir le pays était mue par le désir ardent de l’immense majorité des camerounais, ayant une conscience nationale aigue, était de construire le pays tous ensemble en retenant librement le 20 mai comme nouvelle date de célébration de la fête nationale. Puisque jusque là les précédentes journées de célébration nationale étaient véritablement le résultat des négociations avec les autorités coloniales et l’institution de tutelle qu’était alors les Nations Unies.
Le Cameroun a donc renoué en 1972 avec la forme juridique d’Etat Unitaire déjà inscrite dans la constitution du 5 Mars 1960. Assurément, l’apothéose ou l’achèvement de la construction de l’État unitaire, que je salue d’ailleurs comme une nécessité absolue tant sur le plan ontologique que politique, est atteinte sous le régime du président Paul Biya, avec le changement de la dénomination de l’Etat qu’il opère, suite à une révision constitutionnelle adoptée par l’Assemblée nationale, le 04 février 1984 avec le passage à la République du Cameroun que nous connaissons aujourd’hui. Depuis l’adoption de la constitution du 18 janvier 1996, le Cameroun tenant dûment compte de sa diversité culturelle, linguistique, ethnique, sociologique, politique, juridique, économique, artistique et géographique est devenu un État unitaire décentralisé, désormais matérialisé, concrétisé et opérationnalisé par la loi n⁰ 2019/024 du 24 décembre 2019 portant Code Général des Collectivités territoriales décentralisées.
C’est le lieu pour moi de rappeler et de me réjouir de ce que l’État unitaire décentralisé qui est la forme juridique actuelle de notre pays est celle-là même que André-Marie Mbida, d’heureuse mémoire dans sa grande sagesse et sa vision grandiose du Cameroun, avait déjà proposé aux Camerounais dans son programme politique et projet de société lors des élections législatives du 10 avril 1960, qu’il remporta d’ailleurs haut la main avec son parti le PDC (Parti des Démocrates Camerounais). Pour moi c’est la forme juridique la plus aboutie, voire la plus adaptée à notre pays qui consacre résolument la volonté déterminée et le caractère unitaire puis indivisible de l’État du Cameroun dans sa grande diversité et sa complexité ethnique, culturelle, linguistique, sociologique et politique. Comme quoi après quelques décennies d’errements, soit pendant presque 40 ans comme le peuple d’Israël dans le désert, les autorités camerounaises en 1996 ont finalement entendu raison en faisant inscrire avec détermination dans la constitution, comme pour définitivement graver la chose dans le marbre, cette forme très adaptée de l’État pour un Cameroun béni de Dieu, fort, debout, conquérant, paisible, pacifique, prospère, assurant la sécurité de tous, jaloux de sa liberté et fier de sa diversité.
A lire Ô Cameroun, berceau de nos ancêtres… Du chant patriotique à l’hymne national
Il faut le dire, la décentralisation protège effectivement la République. En ce sens que si la définition des droits et des dispositifs sociaux qui doivent être identiques sur l’ensemble du territoire national, est indiscutablement l’affaire de l’Etat, la construction des liens et des repères sociaux est prioritairement et d’abord l’affaire du local. Elle représente un atout pour l’intégration nationale et le vivre-ensemble. Toutefois, le principe intangible et non négociable d’indivisibilité de la République marque les frontières de l’autonomie locale desdites Collectivités Territoriales Décentralisées.
Le concept de l’unité nationale est, pour les hommes politiques camerounais de tout bord, le socle sur lequel est bâtie leur légitimité nationaliste et patriotique, avant et après l’indépendance. Je me rappelle que mon père l’ancien Premier ministre André-Marie Mbida avait été consulté par le président Ahidjo à l’époque, comme chaque fois qu’il avait une décision importante qui allait engager le pays tout entier, par rapport à cette évolution institutionnelle qu’il a approuvée et pour laquelle il vota pour le «oui» lors du referendum historique de 1972.
Au demeurant, cela permit aux Camerounais de profiter pleinement de leur pays sans plus avoir besoin de prendre un laissez-passer pour aller d’une zone à une autre comme c’était le cas avant le 20 mai 1972. Mon grand-père maternel Fabien Assiguena qui était un Eton du clan des Mbokani de Nkoledouma (Obala) avait une culture anglophone, car il avait travaillé longtemps dans les années 30 avec les anglais à Victoria qui est redevenue aujourd’hui Limbe, donc ma mère y allait souvent et il fallait un laissez-passer à chaque déplacement. C’était vraiment agaçant avec trop de tracasseries administratives. Par ailleurs, nous qui étions encore élèves à la maternelle ou à l’école primaire pour d’autres; il y avait un samedi sur deux chaque mois ce qu’on appelait le samedi anglais sans cours et le samedi français où il fallait aller à l’école. Tout ça a changé progressivement dans les années qui ont suivi pour harmoniser à la camerounaise les procédures.
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Le peuple camerounais a véritablement une âme unitaire qui s’affirme et s’améliore davantage d’années en années. C’est pourquoi, les thèses sécessionnistes et irrédentistes ne prospèreront jamais dans notre pays, car l’immense majorité de nos compatriotes, ayant l’amour du Cameroun uni, un et indivisible chevillé au corps, rejette complètement cette approche désuète pour ne pas dire anachronique, cette thèse abracadabrantesque et cette vison chimérique.
En définitive, à n’en pas douter, les mécanismes développés depuis toujours pour la construction de l’Etat camerounais et de la nation camerounaise depuis 1957 à nos jours relèvent tous de ce que j’appelle la mystique de l’unité nationale à savoir : le caractère unitaire et décentralisé de l’Etat, la doctrine de l’intégration nationale, la politique de l’équilibre régionale, la consécration des notions d’autochtones et de minorités, l’affirmation de l’égalité de valeur des deux langues officielles (le français et l’anglais), la laïcité de l’État, les symboles sacrés de la République (le drapeau, la devise, l’hymne, le sceau de la République).
Simon Pierre Omgba Mbida
Ministre plénipotentiaire
Sur les chemins rocailleux de l’unité nationale au Cameroun : de la réalité projetée à la construction souhaitée
Depuis ses premières interventions au Conseil de Tutelle des Nations Unies, le Cameroun est apparu aux yeux du monde comme un pays spécial doté d’un peuple qui ne cesse d’affirmer sa fierté, son ingéniosité, sa créativité, sa combativité, son unité, mais également sa partialité, sa médiocrité, sa cruauté et son opiniâtreté.
S’il y a un concept qui y a toujours occupé le nuage des mots en gros caractères, c’est certainement l’unité nationale. L’unité supposée du territoire a connu son premier choc le 4 Mars 1916 avec l’échec du condominium franco-britannique qui a entraîné, dès le 6 Mars de la même année, le partage du territoire. Or, comme l’avait éloquemment et avec justesse relevé le professeur Jean Emmanuel Pondi, jusqu’à cette crise, il n’y avait ni anglophone, ni francophone au Cameroun.
Une administration fractionnelle au détriment de l’unité du territoire
En passant du protectorat allemand aux mains peu heureuses de la double administration franco-britannique, le territoire camerounais a connu une macération des semences de la division à travers un processus de construction des identités plurielles par deux administrations tutélaires concurrentes rapaces et opposées aux valeurs énoncées dans la Charte de l’Atlantique (1941), pourtant prônées par leur mandant onusien. Ainsi, au lieu de préparer le territoire à une « indépendance complète », ces deux figures du colonialisme ont planté, en un peu plus de quatre décennies (44 ans), des semelles architecturales de l’édifice d’un « mini-rideau de fer culturels » entre des Camerounais qui n’en avaient point fait la demande. Malgré les efforts inlassables de l’UPC, principal artisan de l’indépendance du Cameroun, les résultats à l’orée de la décade 60 ne correspondaient pas aux attentes des Camerounais. Pourtant, tout en œuvrant inlassablement à la réunification du Cameroun entre 1959 et 1961, John Ngu Fontcha et Ahmadou Ahidjo, alors principales têtes de proue, n’ont pas su être suffisamment prudents et perspicaces dans la construction de l’unité du Cameroun. Les conséquences des décisions prises alors montrent, des décennies plus tard, qu’il aurait fallu faire plus attention à cette période délicate de l’histoire de notre pays. Nos leaders n’ont pas été inactifs, mais leur travail n’avait pas été suffisant.
Les leaders ont été engagés et décisifs
Il y a lieu tout de même de relever que leur rôle a parfois été sous-estimé. Alors que les mandataires onusiens cherchaient à rattacher les territoires à eux confiés aux grands ensembles voisins conquis précédemment par leurs soins respectifs, les leaders camerounais luttaient pour créer un État unitaire aux contours à préciser. En effet, malgré l’appel et les manœuvres des autorités Nigérianes visant à convaincre nos frères de l’autre côté du Moungo d’abandonner la « politique réunificationiste » avec la partie sous tutelle française, J. N. Fontcha qui avait précisément pris part à la célébration de l’indépendance du Cameroun oriental le 1er Janvier 1960, n’a pas raté l’occasion de la célébration de l’accession du Nigeria à son indépendance le 1er Octobre 1960, pour préciser ses idées lors de son adresse aux peuple et Gouvernement Nigerians, en ces termes : «Mr Prime Minister [Sir Tafawa Abubakar Balewa]. Sir, it may sound a pity to some well-meaning Nigerians to learn that the attainment of independence is the separation of the British Cameroons from Federation. While I appreciate their point of view and disappointment I have to point out that is a matter for the people to decide and that they should be given the chance to do so… you wish us well whichever way we may choose to go». En substance, l’indépendance du Nigeria a marqué la séparation du Cameroun occidental de la Fédération nigériane. Le peuple du Cameroun occidental, qui se prononcera sur son avenir plus tard, venait de faire le pas décisif vers la réunification dont l’élection aura lieu les 11 et 12 février 1961.
Cette posture était conséquente, car, assistant à la célébration de l’accession du Cameroun oriental à l’indépendance le 1er janvier 1960, il s’y était déjà montré engagé dans la marche vers la Réunification. Les propos ci-dessous le confirment : «Today, we of the Southern Cameroons see the beginning of the unity of our country in the independence of Eastern Kamerun, we have always believed that the shortest course to unity of the two sectors is through independence. I have all along been immensely impressed with the unanimity of the demand for independence and reunification in Eastern Kamerun, a unanimity which obliged even United Nations to rule out the need for a plebiscite to ascertain the wishes of the people. Encouraged by this patriotic spirit, I would like to insure you that we of the other sector of Kamerun are working hard to make possible the coming into being of this great country of Kamerun». À son tour, dans sa démarche de convaincre ses frères du Southern Cameroons, Ahamdou Ahidjo prononça un discours marquant le 27 janvier 1960 à Victoria. Il déclara : «On dit, d’autre part que nous n’avons plus les mêmes habitudes, que nous n’avons plus les mêmes langues et moi je dis : si vous, de votre côté, vous avez réussi à avoir les mêmes habitudes que les Anglais en quelques décades et nous, si nous avons réussi à avoir la même langue que la France en quelques décades, comment ne pourrions-nous pas ; nous qui sommes frères, nous sommes appelés à vivre jusqu’à la fin du monde, ne pourrions-nous pas nous entendre et avoir les mêmes habitudes et la même langue ?».
Ensemble jusqu’à la fin du monde, … le chemin peut être parfois rocailleux
De ces « rappels en mémoire », il ressort assez clairement que la construction de l’unité nationale est entravée par l’absence d’une « indépendance complète » voulue par la Charte de l’Atlantique. Entre la déclaration et la matérialisation de l’unité transparaît un écart que les dirigeants ont négligé ou sous-évalué.
La contestation de la légitimité du président Ahidjo et les positionnements politiques de ses partenaires de l’autre côté du Moungo ont semblé prendre le dessus sur le but visé de l’acte référendaire du 20 Mai 1972. Le référendum, quoi que précipité, a porté le Président Ahidjo en triomphe, lui qui souffrait encore d’un déficit de légitimité. Ce contexte a influencé le comportement des artisans de l’unité qui ont davantage mis l’accent sur leurs positionnements personnels respectifs que sur les objectifs communs fixés. Tout en annonçant le multiculturalisme, Ahmadou Ahidjo a réussi à subjuguer les cultures locales en priorisant les cultures tutélaires. Les langues étrangères ont vaincu et surclassé les langues nationales. Il s’est même retrouvé promoteur de la francophonisation du pays, laquelle n’a pas manqué de nourrir la nostalgie de l’option zéro par endroits chez les rétifs de la démarche.
À la différence de son prédécesseur, le Président Paul Biya très tôt a voulu donner un élan particulier à l’unité nationale dès 1984. Certains choix supposés être des avancées ont provoqué des effets contreproductifs. Certes, il a connu la contestation de son autorité et la crise économique entre 1986/1987. Néanmoins, le retour à la valorisation de la dimension culturelle et structurante de l’unité a semblé quelque peu tardif, si l’on considère la consécration officielle du multiculturalisme le 23 Janvier 2017. Malgré le focus mis sur l’unité nationale dans son discours, certaines populations n’ont pas jugé vigoureuses les mesures prises ni transformatrices des mentalités, les pratiques adoptées notamment dans la gestion des structures étatiques. En guise d’illustration, l’adoption du train de mesures prises au milieu de la décennie 2010 renforçant le bilinguisme et le multiculturalisme dans le pays et au sein des institutions intervient dans une atmosphère de revendications. Cela a dû affecter l’effet escompté au sein la «clientèle politique». Les identités culturelles secondaires ont pris une position dominante. La décentralisation consacrée dans la loi fondamentale en 1996 ne prend forme finalement qu’en décembre 2019. Si ces efforts du Chef de l’État sur le plan institutionnel sont indiscutables, l’offre a été inférieure à la demande. Dans ce contexte, les impatiences et incompréhensions ont pris la forme des revendications irréductibles, voire d’une surenchère séparatiste, faisant de la construction de l’unité, un défi permanent.
Bien que les leaders politiques camerounais n’aient jamais négligé la construction de l’unité, il n’est pas superflu d’indiquer que les populations ont souvent jugé les actions et le rythme comme des aspects méritant une amélioration substantielle. Depuis la création de l’État fédéral, les attentes et revendications n’ont pas faibli. La période de 1961-1972 qui a paru plus inclusive selon l’appréciation des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest notamment, n’a pu durer plus longtemps ; les impacts financiers du fonctionnement des institutions fédérales ont eu raison des préoccupations libertaires. Paradoxalement, l’avancée proposée en 1984 a été interprétée diversement dans certaines parties du pays. En effet, la nostalgie des termes et symboles rappelant l’histoire fédérale ou encore l’origine plurielle des entités ayant formé le Cameroun dont la superficie est de 475 442 km carrés au 1er Octobre 1961, reste un aspect non seulement à prendre en compte, mais à mobiliser en vue d’une mise en perspective consistante d’un avenir national en lien et en cohérence avec son passé.
Plus de focalisations sur les marques et symboles de l’unité à tous les niveaux
À ce stade, il devient utile de s’attarder sur l’intérêt des dates et lieux susceptibles de servir de lieux de mémoire. Entre le 11 février, le 1er Octobre, le 6 Mai et le 20 Mai, laquelle de ces dates servirait mieux la cause de l’unité nationale ? Quel contenu nouveau donner au paquet de l’unité nationale ? Malgré les monuments et autres sites chargés de mémoire, la question a le mérite d’être posée d’autant que certains analystes estiment que le 20 Mai célèbre davantage la victoire d’un homme, le Président Ahmadou Ahidjo, lui qui incarna l’aile souple ayant négocié l’indépendance du Cameroun oriental avec les français, et dont le nom n’est pas véritablement entré dans la prestigieuse liste des auteurs de faits d’armes ou des grands hommes qui ont porté les différents mouvements de libération nationale sur le continent. D’autres, pour y associer son successeur, évoquent le design de la célébration du 20 Mai qui met en avant le patron du défilé. Certes, le Président Paul Biya met en exergue le couple armée-nation en ce « lieu de rencontres », à ce moment d’unité nationale. Les différents thèmes retenus et l’organisation du défilé sont éloquents à cet égard. Néanmoins, la célébration permet-elle aux populations camerounaises de s’approprier le projet politique qui leur a été soumis par les dirigeants successifs autour du vivre ensemble, de la cohésion et de l’intégration nationales ? Le devoir de mémoire rend-il suffisamment service à la nation et son histoire au cours des différentes festivités ? Autant de questions qui méritent un approfondissement de la réflexion en vue de la consolidation des acquis.
Quelle que soit l’option qui pourrait être retenue, les Camerounais ont besoin de voir plus de manifestations de l’unité aussi bien à travers les productions normatives et institutionnelles qu’à travers des politiques publiques symboliques fortes, marquantes, comprises et valorisées par l’ensemble de la population. Sur le parcours de la construction de l’unité nationale, les autorités de Yaoundé devront surtout faire attention autant aux décalages entre les événements et dates symbolisant l’indépendance et la réunification qu’aux défis de désintégration et d’appropriation de l’unification. Cela participera certainement de la construction d’une unité nationale, stable, crédible et durable.
Paul Batibonak
Ministre Plénipotentiaire
Coordinateur du CRÉDIS (Centre de Recherches, d’Études Diplomatiques, Internationales et Stratégiques).
Souveraineté monétaire: Abbas Mahamat Tolli contre Idriss Deby Itno
Lettre ouverte au Gouverneur de la BEAC, qui s’oppose à l’adoption du Bitcoin comme monnaie officielle à côté du FCFA en République Centrafricaine.
Cher Gouverneur, j’ai lu, avec beaucoup d’amertume, votre correspondance adressée au ministre centrafricain des Finances et du budget. Vous dites que vous avez «été informé, en même temps que le grand public, de l’adoption par le Parlement centrafricain de la loi mentionnée (sur la crypto-monnaie, NdlR) en objet qui a été signée le 22 avril 2022 et promulguée par le Président de la République». Vous êtes certainement l’un des rares africains indignés par cette décision audacieuse de l’Assemblée nationale, qui l’a votée à l’unanimité.
J’ai eu du mal à parcourir votre correspondance jusqu’à la fin. Vous rappelez toutes les dispositions qui régissent le fonctionnement du franc CFA en Afrique centrale. Vous dites que l’instauration de la cryptomonnaie comme monnaie officielle en Centrafrique, est «susceptible de concurrencer ou supplanter la monnaie légale en vigueur dans la Cemac et de mettre en péril la stabilité monétaire». Vous êtes sans ignorer que nous appelons cela de tous nos vœux depuis des décennies.
Sur chaque ligne de votre correspondance, j’ai eu l’impression de lire un Français qui défend son trésor contre l’avenir de tout un peuple, de plusieurs générations.
Ce déchaînement de votre part pourrait laisser croire que la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), présentée comme une banque centrale, ne serait en réalité qu’une succursale de la Banque de France.«Endocolon»
Monsieur le Gouverneur, vous démontrez clairement que vous vous opposez à l’adoption de la cryptomonnaie par le peuple souverain de la République centrafricaine. Qui a l’ambition d’aller vers d’autres opportunités afin de sortir le pays de l’ornière dans laquelle les vrais patrons du franc des colonies françaises d’Afrique (FCFA) l’ont plongée depuis 1945.
Vous ne semblez éprouver aucune compassion, aucune peine pour ce pays qui explore toutes les voies qui s’offrent à elle pour se redresser. Vous n’ignorez pas qu’elle a été déchirée par des crises pilotées par des mains plus ou moins visibles.
L’une des sources de nos malheurs en Afrique centrale, c’est la politique monétaire que votre plume défend si bien.
Monsieur le Gouverneur, vous savez mieux que quiconque que ces billets imprimés à la Chamalières en France nous étouffent. Ils nous étouffent de plus en plus. Nous avons besoin d’explorer d’autres horizons. D’aller vers d’autres opportunités, même contre les intérêts de ceux que les panafricanistes considèrent comme des «endocolons».
Parce que faisant de nous honteusement une colonie française 62 ans après les «indépendances», cette monnaie de colonie ne nous garantit aucun avenir car aucun colon n’a jamais, dans l’histoire des colonies, favorisé le développement économique d’aucune colonie, d’aucun colonisé !
À quoi nous sert un «machin» qui est moqué partout dans le monde ? Au Maghreb par exemple, cette «monnaie» est vue comme un simple papier sans valeur. J’en ai fait l’expérience à Casablanca en 2016. Même dans «le marché africain» de cette ville marocaine, j’ai eu du mal à changer 50 000 FCFA en Dirham. Un vrai calvaire !La position de Idriss Deby Itno
Votre correspondance aggrave nos maux et vous contraint à une trahison spectaculaire. Puis-je vous rappeler les mots d’Idriss Deby Itno, votre défunt oncle qui était le grand frère de Haïga Déby Itno qui est votre mère ?
«Le moment est venu de revoir en profondeur les accords monétaires qui nous lient avec la France. Là-dessus, je suis formel. Je ne renie pas pour autant le franc CFA, mais il doit devenir la vraie monnaie souveraine des États qui l’utilisent».
«La situation actuelle, ou le compte d’opérations des exportations de quatorze pays africains est géré par le Trésor d’un pays européen, fût-il l’ancienne puissance coloniale, ne peut pas perdurer éternellement. Cette période, qui dure depuis soixante-dix ans, est dépassée. Il faut que les autorités françaises acceptent d’examiner avec nous ce qui, dans nos accords, marche ou ne marche pas. Le franc CFA est certes un facteur d’intégration très important, mais là où le bât blesse, c’est que nous n’avons pas la possibilité de placer ne serait-ce qu’une partie de nos ressources dans le circuit bancaire pour qu’elles génèrent des intérêts. Les sommes en jeu se chiffrent en dizaines de milliards. Soyons lucides : la façon actuelle dont est géré le franc CFA est un frein au développement de nos pays. Réviser nos accords avec la France est absolument nécessaire et incontournable». Ça, c’était la position de votre père, publiée par Jeune Afrique dans son édition en ligne le 6 février 2017.
Vous savez tout le mal que la jeunesse africaine pense du génocide monétaire, spirituel, culturel, intellectuel des colons en Afrique ! Donc quand l’un des nôtres censé soutenir la rupture totale en cours, joue le gardien du temple du FCFA, notre douleur est inexprimable. Je n’ai pas envie de vous dire à tue-tête, honte à vous.Didier Ndengue,
La Plume de l’AigleNous sommes tous Maliens!
S’il est une nation qui parle en ce moment à toute l’Afrique, c’est le Mali. S’il est un pays qui indique à l’Afrique le chemin de la liberté et de la dignité, c’est bien le Mali. S’il est un peuple qui, de par sa profondeur historique, sa capacité de résilience et sa détermination à l’autodétermination, doit inspirer l’Afrique, c’est encore le Mali.
Avec ses 1,241 millions de km², le pays d’Assimi Goita, de Mobibo Keïta et de Soudiata Keïta fait partie des dix plus grands d’Afrique et des trente plus grands au monde. Premier producteur de coton et 3e producteur d’or en Afrique, le Mali regorge d’immenses et insoupçonnables ressources telles que la bauxite, le gaz, l’uranium et bien d’autres qui lui garantissent une prospérité à perpétuité. De plus, la population malienne d’à peine 25 millions d’habitants pour un territoire deux fois plus grand que la France, est extrêmement jeune, avec 65% d’entre elle qui ont moins de 25 ans. Pour les puissances occidentales, il n’est pas question de laisser le Mali présider à sa propre destinée, et le déstabiliser constitue un impératif catégorique pour leur survie impérialiste. Tenez, la France qui ne produit que de la pluie et du vent se trouve être dans le top 5 des pays détenteurs des plus importantes réserves d’or. On comprend aisément son obstination à demeurer au Mali malgré qu’elle soit invitée à débarrasser le plancher. C’est ainsi que le déficit d’inventivité des occidentaux a conduit au scénario prévisible d’une présence militaire française pour « libérer » le Mali d’un djihadisme imaginaire. Les enquêtes menées révèlent que les assaillants ne sont motivés par aucune idéologie. Ce sont des bandits armés par ceux qui ont intérêt à créer un climat d’insécurité pour justifier le maintien de bases militaires, comme gage de contrôle des ressources minières locales.
1,2 milliard de francs CFA par jour pour la MINUSMA, 1,6 milliard de francs CFA par jour pour la force Barkhane, 25.000 soldats, 1.000 fonctionnaires civils des Nations Unies et un volume d’équipements militaires conséquent, voilà le dispositif « antiterroriste » au Mali depuis 2013. Huit ans plus tard, la situation sécuritaire s’est empirée. L’escalade terroriste au Sahel n’est pourtant que la conséquence directe du chaos organisé en Libye, par l’assassinat de Kadhafi en 2011, pour faire main-basse sur son pétrole et lui faire payer son audace d’avoir envisagé une indépendance financière des pays africains. Au sujet des 58 soldats français morts au Mali, brandis pour émouvoir la planète, nous rappelons à Monsieur Macron que ces braves gens ne sont pas morts pour le Mali, mais pour les intérêts de la France néocoloniale. A l’attention des mémoires volatiles françaises, c’est plusieurs dizaines de milliers d’africains qui sont morts pour libérer la France de l’Allemagne nazie, lors de la seconde guerre mondiale.
Exaspéré par la duplicité française, tant il apparaît évident que les prétendues forces de libération sont en réalité des forces d’occupation, le peuple malien a pris son destin en mains. Depuis la manifestation populaire du 5 juin 2020 à Bamako, la chute d’Ibrahim Boubakar Kéita le 18 août 2020 et la mobilisation massive contre les bases militaires françaises le 20 janvier 2021, la révolution malienne est en marche. La prise des rênes du pourvoir par le duo Assimi Goïta et Choguel Kokalla Maïga, respectivement Président et Premier ministre du gouvernement de transition, va alors accélérer le processus de libération. Prenant fait et cause pour leur peuple, ils n’ont pas manqué de dénoncer le jeu trouble de la France dont l’existence d’un agenda caché est apparu au grand jour. Depuis Modibo Keita qui renvoyait déjà les bases militaires françaises en 1961, le Mali n’avait plus connu d’aussi valeureux dirigeants. Entre l’expulsion de l’Ambassadeur de France le 31 janvier dernier, la suspension définitive des instruments de propagande que sont France 24 et RFI et la décision le 2 mai dernier de mettre fin aux accords militaires avec la France, le pouvoir en place est résolu à ne pas transiger sur la souveraineté du Mali. Les autres dirigeants africains devraient s’en inspirer.
Le Mali est une grande nation. Les maliens sont un grand peuple. Terre du légendaire Soundiata Keita au 12e siècle et de l’une des premières universités au monde, celle de Tombouctou en 1325, c’est aussi le pays de Mansa Musa, Empereur du Mali au 14e siècle, l’homme le plus riche de tous les temps, selon le magazine spécialisé Forbes. Le Mali, c’est encore la Charte du Mandé de 1222, dont la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme n’est qu’une pâle copie. La civilisation mandingue du Mali représente l’une des plus anciennes au monde.
L’avenir de l’Afrique se joue actuellement au Mali. Tout africain digne se doit d’être attentif au déroulement des événements du Mali et apporter son soutien aux dirigeants et au peuple maliens. Le Mali porte les germes de la Renaissance Africaine. Considérer que les problématiques des pays africains sont spécifiques à chacune de leurs réalités internes relève d’une naïveté préoccupante. La France, qui n’existe que par le pillage des ressources africaines, avec la complicité de ses valets internes, peut commencer à compter ses jours avant la fin de ses illusions. A nos dirigeants fébriles et dociles de saisir le moment où jamais ils peuvent encore rattraper le train de la dignité qu’ils ont trop longtemps foulé aux pieds, au nom de leur allégeance coupable aux ennemis de l’Afrique. A défaut, ils feront partie de la poubelle de l’histoire.
La souveraineté ou la mort, nous vaincrons.
Nous sommes tous maliens !
Paul Ella,
Analyste Financier,
Directeur du Centre Africain de Recherche en GéostratégieOrigines du conflit russo-ukrainien
Avec la chute du mur de Berlin le 29 novembre 1989, plusieurs états Communistes d’Europe centrale se sont effondrés. Mais cela ne s’est pas fait sans promesses. L’une des promesses faites par l’Otan et les USA c’était la « Non expansion de l’Otan en Europe de l’Est ».
Voilà pourquoi le 06 décembre 1991 vint le traité de Minsk qui consacrait la CEI (Communauté des États Indépendants). Ces territoires (15 États plus exactement) qui hier faisait partie de l’URSS (Union des Républiques Soviétiques et Socialistes) se sont vus accordés l’indépendance partis lesquels l’Ukraine.
Tout commence en Novembre 2004, les élections présidentielles opposants Viktor Ioutchenko libéral et pro occidental à Viktor Ianukovitch pro russe. Qui se sont soldés par la victoire de Viktor Ianukovitch qui est donné vainqueur au second tour des élections devant Viktor Ioutchenko. Ce qui a provoqué de grands soulèvements dans le pays ce qu’on a appelé » Révolution orange ». Le résultat de l’élection est finalement annulée par la cour suprême sous fond de soupçon de fraude électorale et un nouveau scrutin est organisé qui donnera la victoire à Viktor ioutchenko qui dès lors commença son rapprochement avec l’Europe de l’ouest (Occident). Cependant les résultats donneront un pays scindé en deux.
En 2004, 07 pays de l’ancien bloc de l’est sur les 15 sont intégrés à l’Otan et au même moment l’union européenne étend son influence en Europe de l’est en incorporant 09 pays de l’ancien bloc soviétique entre 2004 et 2007. Dès lors la Russie comprend qu’elle doit absolument maintenir son emprise sur l’Ukraine. Pour faire pression Moscou augmente le prix du gaz qu’elle vend à son voisin ce qui est coup dur pour Kiev. L’Ukraine se retrouve affaiblit mais continue d’entretenir de bonnes relations avec ses deux voisins russes et occidentaux.
En 2010, au cours des élections présidentielles deux candidats sortent du lot à savoir Viktor Ianukovitch et Lulia Timochenko. Au second tour le candidat Viktor Ianukovitch est déclaré vainqueur des présidentielles, celui-ci décide donc de se rapprocher de la fédération de Russie. C’est ainsi qu’en 2014, il va poser deux actes géopolitique et géoéconomique fort :
1- Il décide de rejoindre le projet Eurasiatique porté par la Russie de Vladimir Poutine au détriment d’une possible adhésion à l’Union Européenne.
2- Il signe de gros contrats commerciaux avec la Fédération de Russie, principalement dans le domaine de l’investissement et de l’énergie contrairement au contrat commercial qui lui avait été proposé par l’occident.
Dès lors, une révolution de couleur est mise en marche par les agences de renseignement de l’Otan qui font éclater sur le sol Ukrainien en 2014 ce qu’on a appelé la « révolution de Maïdan » qui finit par avoir raison du président Viktor Ianukovitch et força celui-ci à quitter le pays pour se réfugier en Russie. Dès cet instant, deux événements majeurs sur le plan de la géopolitique mondiale vont se passer:
1- L’annexion de la Crimée (ancien territoire Russe rétrocédé à la Crimée par le président Kroutchev dans les années 50 plus précisément en 54) par la Russie sous fond de référendum parce qu’il faut le dire au-delà du fait que la population de Crimée constituée à plus de 95% par des Russophones se sentant plus Russes qu’Ukrainien, il faut également rappeler que la Crimée abrite une base navale russe (Sébastopol) en Mer noire qui est une Mer chaude contrairement aux bases de St Pétersbourg et de Vladivostok qui elles sont froides. Cette base navale russe en Mer noire qui donne sur la Mer Méditerranée et donc l’océan Atlantique et Indien donne une large projection à la Marine nationale Russe.
2- La proclamation des RPD (Républiques Populaires du Donbass) qui regroupent les régions de Donetsk et de Louhansk. Rappelons-le que lors de la signature du Pacte de Varsovie, le statut de l’autonomie de ces deux (02) régions en Ukraine avait été soulevé.
À Partir de cet instant, un conflit armé éclate entre l’Ukraine et les Républiques Populaires du Donbass. D’où la signature des accords de Minsk II en 2015 entre le gouvernement Ukrainien et les chefs séparatistes du Donbass qui s’articulaient autour de deux (02) grands points :
1- Le cessez-le-feu
2- la reconnaissance de l’autonomie des régions du Donbass
Curieusement depuis 2015, le gouvernement n’a jamais respecté ce cessez-le-feu et n’a fait que bombardé les régions du Donbass au point de pousser plus d’un (01) million et demi de personnes à fuir ces régions pour trouver refuge en Russie sans parler des plus de 15 000 morts en date d’aujourd’hui. Disons-le également que les populations des régions du Donbass sont dans leur grande majorité Russophones.
Avec l’arrivée du président Volodymyr Zelensky, la cadence des bombardements de l’armée Ukrainienne dans le Donbass se sont multipliés par 10 avec une catastrophe humanitaire des plus abjectes (Curieusement on voit chaque jour les médias mainstream montrer les bombardements de la Russie en Ukraine mais sans jamais montré ceux de l’Ukraine dans le Donbass par avant). Mais comme si cela ne suffisait pas, celui-ci a remis à la table la question de l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan.
En janvier 2022, au cours d’une rencontre tripartite entre les USA, l’Otan et la Russie, Moscou arrive aux négociations avec un certain nombre de conditionnalités parmi lesquelles :
1-Que l’Otan s’abstienne de tout nouvel élargissement en Europe de l’est.
2- La Non-adhésion de l’Ukraine à l’Otan y compris d’autres États
3- Ne pas mener d’activité militaire (Otan) en territoire Ukrainien ainsi que dans d’autres États d’Europe orientale, du Caucase du Sud et d’Asie centrale.
4- Le Respect des accords de Minsk II
5- Que les États-Unis ne doivent pas établir de bases militaires dans les pays de l’ancienne Union soviétique non-membre de l’Otan ou développer une Coopération militaire bilatérale avec eux.
Aucune de ces demandes Russes n’ont été prises en compte par l’Occident. Mieux encore, suite à un entretien téléphonique avec le président américain et le Premier ministre britannique, le président Zelensky décide de lancer une offensive militaire pour récupérer les Régions du Donbass. Dès lors, Poutine fait savoir à son homologue Ukrainien qu’une attaque contre les régions du Donbass ne resterait pas sans réponse de la part de la Russie. Voilà comment en février 2022, le parlement Russe (Douma) décide de reconnaître les Républiques Populaires du Donbass et donne à ces citoyens la nationalité Russe. Plus tard donc, la Fédération de Russie après la reconnaissance de ces Républiques signent des accords militaires avec celles-ci intégrant le fait qu’aux prochains bombardements de l’armée Ukrainienne dans les Régions du Donbass, l’armée Russe entrerait en guerre.
Promis qu’en cas d’attaque de l’Ukraine, l’Occident et l’Otan allait entrer en guerre, le président Ukrainien Volodymyr Zelensky a battu en brèche les avertissements de la Russie et a continué à pilonner l’Ukraine et la suite vous la connaissez tous avec l’entrée en guerre de l’armée Russe face à l’Ukraine qui fait face seule, loin des fausses promesses occidentales d’hier, d’entrée en guerre, et qui se sont transformées aujourd’hui en « sanctions économiques »
NB: Dans ce refus de la Russie de voir les missiles de l’Otan à ses frontières, rappelons également qu’il y a un passif dans le début des années 1960 où l’URSS avait installé des missiles longues et courtes portées à Cuba, ce qui a été très vite dénoncé par les USA qui ont encerclé l’île parce que ceux-ci (missiles) représentaient une menace pour la sécurité de son territoire. Au bout de 13 à 14 jours d’âpres négociations, l’URSS a dû retiré ses missiles de l’île de Cuba. Alors qu’est-ce que l’Otan ne comprend pas sur la menace que représente la présence de leurs missiles à la frontière Russe?
Où alors quand ça les arrange on peut se permettre de bombarder le Donbass, la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan, le Yémen, la Syrie, la Yougoslavie et bien d’autres États encore… Mais lorsque d’autres États usent des mêmes moyens pour se défendre et se protéger, on parle de « respect du droit international? »
Si le Droit International est devenu l’usage de la force et donc un rapport de force des plus forts sur les plus faibles, apprenons donc que cette guerre en Ukraine aura le mérite de remettre à la table de l’Onu deux (02) choses:
1- La relecture, je dirai même la réécriture du Droit International et son application.
2-la formation d’un monde multipolaire et non unipolaire comme le souhaite l’Occident avec comme seul gendarme les USA.
Par Charly Kengne
Russie-Ukraine: une tragédie évitable!
L’hypocrisie de l’OTAN, et surtout de l’occident : invasions, bombardements, coups d’État en douceur, sanctions et blocus en Yougoslavie, Libye, Irak, Iran, Syrie, Venezuela, Cuba, Afghanistan et Ukraine.
L’article premier de la Charte des Nations Unies stipule que le but de cette organisation est «de maintenir la paix et la sécurité internationale et, à cette fin, de prendre des mesures collectives efficaces pour prévenir et éliminer les menaces contre la paix, et pour réprimer les actes d’agression ou autres atteintes à la paix.
Les bombardements de l’Otan sur la Yougoslavie
L’expérience montre que l’Alliance atlantique (les États-Unis plus les 29 pays européens qui composent le bloc) a violé de manière permanente les dispositions dudit article. Le cas de l’ex-Yougoslavie, bombardée par l’OTAN sans l’autorisation du Conseil de sécurité, est l’un des plus flagrants, quand Bill Clinton était président des États-Unis. Produit final de cette campagne militaire, la Yougoslavie a été désintégrée, donnant naissance à sept nouveaux pays : la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Slovénie, la Macédoine du Nord, le Monténégro, la Serbie et le Kosovo.
Libye
Aucun des gouvernements qui aujourd’hui s’arrachent les cheveux face à la reconnaissance faite par Vladimir Poutine de Donetsk et Lougansk – deux républiques qui, par référendum populaire, ont décidé de se séparer de l’Ukraine – n’a fait de bruit face au carnage que l’OTAN a pratiqué dans les Balkans. Ils n’en ont pas fait non plus lorsque cette même organisation a bombardé la Libye de Mouammar Kadhafi pendant des mois, a mis fin à son gouvernement et a facilité le lynchage sans précédent du dirigeant libyen par une multitude mobilisée par des agents de la CIA infiltrés dans la foule.
Irak et Syrie
En 2003, cette organisation a collaboré avec les États-Unis à l’invasion et à la destruction de l’Irak et de ses trésors culturels. Quelque temps plus tard, ils se sont attaqués à la Syrie, cherchant un « changement de régime » dans ce pays. Une tâche ardue pour un Obama impatient d’afficher quelques succès internationaux. Dans son désespoir, il a recherché la collaboration de l’État islamique et de sa bande de fondamentalistes amateurs de décapitations d’infidèles qui opéraient avec le financement, la protection des médias et la politique des dirigeants du « monde libre ». La situation était devenue si intenable, parce que, comme l’écrit Hillary Clinton dans ses mémoires, « en Syrie, nous avons fait le mauvais choix chez nos amis », qu’elle n’a réussi à se stabiliser qu’à partir du moment où la Russie a envoyé des troupes qui ont mis en fuite ces fanatiques «entrepreneurs» syriens de Washington.
Iran, Cuba, Venezuela et Afghanistan
Alors qu’avec l’aval des «démocraties européennes», les États-Unis ont intensifié leurs sanctions contre l’Iran et approfondi le blocus criminel contre Cuba et le Venezuela, ils ont poursuivi leur aventure en Afghanistan, dont le plus grand succès a été que 85 % de la production mondiale d’opium provenait de ce pays, sous l’œil vigilant des forces d’occupation étasuniennes.
‘‘Coup d’état en douceur » en Ukraine
En 2013-2014, Barack Obama a ouvertement promu un « coup d’État en douceur » en Ukraine, renversant le gouvernement russophile de Viktor Ianoukovitch, juste un an avant les élections présidentielles déjà convoquées. À sa place, il a imposé l’homme d’affaires Petró Porochenko et, plus tard, le comédien et humoriste Volodímir Zelenski, actuellement en poste. Tout cela avec le rôle exclusif de sa sous-secrétaire d’État aux Affaires eurasiennes, Victoria Nuland, celle-là même qui a signé son activisme en disant « fuck the European Union » (« Rien à foutre de l’UE »).
L’élargissement de l’Otan
Pendant tout ce temps, la tension entre l’Alliance atlantique et la Russie tournait autour de la construction d’un ordre juridique qui garantirait la sécurité de tous les membres de la communauté internationale et pas seulement des États-Unis. Cela nécessitait le repli des forces de l’Otan vers les pays où elles se trouvaient avant l’effondrement de l’URSS. Malgré des promesses écrites formelles qu’elle « n’avancerait pas d’un pouce » vers la frontière russe, l’Otan s’est précipitée pour encercler presque complètement ce pays, de la Baltique à la Turquie. Seules la Biélorussie et l’Ukraine n’avaient pas de troupes de l’Otan sur leur territoire. Mais si le premier est un proche allié de Moscou, le second est resté entre les mains de gouvernements russophobes mêlés à des groupes nationalistes et néonazis qui aspiraient à opérer sous la protection de l’Otan.
À quoi cela servirait-il à l’Otan d’incorporer l’ukraine?
Si l’Otan devait s’implanter en Ukraine, ses missiles auraient la capacité d’attaquer des villes comme Moscou ou Saint-Pétersbourg en 5 ou 7 minutes, selon le missile. Vladimir Poutine a jugé inacceptable cette menace pour la sécurité nationale russe et s’est demandé comment Washington réagirait si son pays installait des bases militaires à la frontière étasunienne avec le Mexique ou le Canada. Il n’y a pas eu de réponse, seulement de nouvelles sanctions et, par Biden, de graves insultes publiées dans le magazine Foreign Affairs rien de moins, qui ne peuvent être attribuées qu’aux effets dévastateurs de la démence sénile et à l’incompétence de ses conseillers.
Tout cela malgré le fait qu’en 1997 et sous l’impulsion de Bill Clinton, l’Otan et la Russie, alors présidée par Boris Eltsine, ont signé un « Accord sur les relations mutuelles, la coopération et la sécurité » et qu’en 2002 un « Conseil Russie-Otan » a été créé» dans le but de stimuler la coopération entre les deux parties.
Avec le coup d’État ukrainien en 2014, cette construction laborieuse s’est effondrée comme un château de cartes. Rappelons-nous que comme le New York Times l’a dit à maintes reprises, « le nerf et le muscle de l’Otan, c’est le Pentagone », et qu’il ne connaît pas le sens du mot « diplomatie ». Ils se sont jetés dans un « harcèlement » particulièrement dangereux avec V. Poutine et les résultats sont tombés.
Pourquoi l’Union européenne, l’Onu et tous ceux qui critiquent la Russie n’ont-ils pas levé le petit doigt pour condamner les crimes commis par l’armée ukrainienne et les milices pro-nazies contre le peuple russe originaire du Donbass ? Plus de 150 charniers ont été découverts avec des restes de femmes et d’enfants. L’hypocrisie triomphe. Les États-Unis ont armé des criminels comme les bataillons Azov ou Aïdar, responsables de beaucoup de ces crimes.
C’est une tragédie qui aurait pu et dû être évitée, et face à laquelle il n’y a pas de neutralité possible. Il y a un côté agresseur : les États-Unis et l’Otan, et un autre attaqué, la Russie. Il ne peut y avoir de confusion à ce sujet.
Par Charly Kengne
Cinq raisons qui font de l’accord militaire entre le Cameroun et la Russie un acte mémorable et stratégique
La signature de cet accord de coopération militaire entre le Cameroun et la Fédération de Russie est une norme en relation internationale telle que prévue dans la Convention de Viennes de 1961.
Rappelons déjà que la signature de cet accord de coopération militaire entre le Cameroun et la Fédération de Russie est une norme en relation internationale telle que prévue dans la Convention de Viennes de 1961 qui régit les relations interétatiques. Donc il s’agit là bel et bien d’une norme en relation internationale. Sauf qu’également, la norme n’a pas toujours existé ou alors n’est pas toujours appliquée dans ces mêmes relations internationales.
Certes cet accord s’inscrit dans la continuité du précédent signé en 2015. Mais pour moi, il est bien plus qu’opportun voire stratégique et ce pour plusieurs raisons :
1- Contexte, il apparaît dans un contexte de guerre froide entre l’ouest et l’est où les puissances de l’ouest par la propagande et la désinformation voudraient faire croire au reste du monde que la Fédération de Russie est un État isolé voire même un État paria. Ce que vient démentir cet accord de coopération militaire.
2- Il confirme et renforce la puissance militaire Russe comme étant l’une des meilleures forces au monde si ce n’est la meilleure force militaire du monde. Sinon, connaissant sa position stratégique et sa logique de « NON ALIGNÉ », le Cameroun dans un contexte de guerre ne se serait jamais aventuré pour signer un accord de défense sans en ignorer les représailles de l’autre camp.
3- Pour les pays d’Afrique noire, comme ceux du monde libre, c’est un acte fort de souveraineté qui incontestablement va changer le rapport de force tant dans la sous-région du Golfe de Guinée que dans toute l’Afrique.
4- Quand on voit l’agitation des Occidentaux et certains de leurs supplétifs en Afrique suite à la signature de cet accord, on comprend très vite qu’il fallait le faire. Et ce n’est pas vous qui me contredirez surtout avec la sortie d’un certain Tibor Nagy qui a officiellement annoncé le soutien de son pays aux terroristes ambazoniens.
Cet accord militaire est d’autant plus important que stratégique parce que nous sommes au fait d’ailleurs d’informations comme quoi, la Russie aurait les preuves aujourd’hui que les États-Unis développent des armes biologiques et bactériologiques dans des laboratoires (236) disséminés à travers le monde dont le Cameroun en fait partie. Ceci dit, par cet accord qui précise et spécifie le renforcement de la coopération militaire entre le Cameroun et la Fédération de Russie par le biais également du partage de l’information et donc du renseignement, on voit très vite comment les « Opérations Clandestines » de l’oncle Sam sur le sol camerounais et peut être dans la sous-région, seront mises à nues.
5- La signature de pareil accord, quoique s’inscrivant dans le cadre des relations internationales, il faut le rappeler, n’obéit pas toujours à ces canaux de par la sensibilité, les enjeux et surtout l’impact de son contenu sur les changements géopolitiques et sur l’avenir des États et blocs qui les constituent. Comme pour dire qu’un tel accord peut se faire sans que réellement le MINREX ne soit intégré du moins du début jusqu’à la fin. Au début, certes, mais je dis bien du début jusqu’à la fin. Je prends pour preuve les signataires de cet accord. Il ne s’agit ni plus, ni moins que des différents responsables en charge des ministères de la Défense des pays respectifs. La signature de pareil accord de coopération militaire pourrait s’apparenter à une « opération de force spéciale ou opération militaire spéciale » un peu comme celle que mène la Russie actuellement en Ukraine. Pourquoi je le dis, tout simplement parce que la réussite de pareil accord se trouve dans:
1- Le Secret et/ou la confidentialité (Très peu doivent être informés de pareilles décisions jusqu’à l’acte ultime de signature)
2- Seul le Président, chef de l’Etat et commandant en chef des Forces Armées peut donner pareil ordre.
3- La réussite de pareille opération ne se fait jamais sans conséquence compte tenu du caractère stratégique d’un tel accord avec un impact certain sur la géopolitique mondiale.
Par Charly Kengne
Guerre en Ukraine : bons et mauvais mercenaires
La rengaine des Occidentaux se résume à «faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais».
La crise en Ukraine révèle le caractère hypocrite des donneurs de leçons qui se sont eux-mêmes donné pour nom «la Communauté internationale». Il est strictement interdit aux États africains de faire recours aux partenaires étrangers pour faire face aux menaces multiples dont ils sont victimes. Ces menaces sont: les djihadistes, les rebellions et les tentatives de coup d’États, etc.
Pour la Communauté internationale essentiellement constituée du «clan Occidental», ainsi que des Organisations non gouvernementales (Human right watch, transparency), tout État ou gouvernement africain noir faisant intervenir des partenaires non voulus par les Occidentaux commet des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Or, ces même pays et ONG font par voix officielle appel aux mercenaires de tout le monde entier pour sauver la gentille Ukraine «envahie» par l’ogre russe. L’on voit en mondovision les mercenaires américains, français, britanniques, canadiens, polonais, australiens, et la liste n’est pas exhaustive, se rendre en Ukraine comme mercenaires. Mais dans ce cas, cela est très important et nécessaire pour l’Occident.
Mali et Centrafrique
Le mali et la Centrafrique se font sermonner nuit et jour par ces pays, plus particulièrement par la France, qui n’acceptent pas que ces pays pourtant souverains, fassent appel aux partenaires amis pour se défendre face au terrorisme. On les appelle alors mercenaires russes de Wagner qui perpètrent des massacres. C’est la présence des instructeurs russes qui déchaîne les passions, parce que les Africains ne sont pas assez mature pour séparer le bon grain de l’ivraie. C’est depuis l’occident que les bons amis de l’Afrique sont alors choisi en matière de sécurité.
Si ce n’est pas le cas, les massacres et les crimes les plus abjectes sont alors commis, parce que les Africains et les Russes ne respectent pas les normes qui du coup sont impérativement occidentales. Les mercenaires occidentaux comme Black water qui ont pourtant perpétré les crimes les plus ignobles dans le monde comme dans le Moyen-Orient (Irak, Afghanistan), ne font pas l’objet d’autant de dénonciations.
Deux poids, deux mesures
Ce qui fait dire au Pr Mathias Éric Owona Nguini que «c’est du deux poids, deux mesures». Le politologue et géostratège camerounais préconise aux Africains d’observer et tirer les conséquences qui pour lui sont simples, et de prendre les décisions qui vont avec nos intérêts. Pour le chercheur camerounais voir des mercenaires là où les États accusés (Centrafrique, Mali, Libye) parlent de partenaires, est insultant. Il est temps pour les pays africains de passer à l’acte en décidant et en disant haut et fort non à l’ingérence dans le choix des partenaires avec qui ils veulent travailler.
Les Occidentaux doivent eux aussi comprendre qu’il est temps de savoir que les Africains ont grandi, la globalisation dans le secteur médiatique surtout leur permet d’avoir la réalité sur le terrain en temps réel. Plus encore, le monde au niveau des relations est devenu multipolaire. Un pays ne peut plus empêcher un autre d’avoir les relations exclusives avec lui. Donc les Maliens, Centrafricains, Camerounais… peuvent choisir qui ils veulent en fonction de leurs intérêts. Et le général de Gaulle lui même Occidental disait qu’«en matière de relations internationales, les États n’ont pas d’amis, il n’y a que les intérêts». L’Afrique ne doit pas être écartée de cette réflexion parce qu’elle est une partie du monde.
Bobo Ousmanou
Quand la barbarie française voulait tuer notre rêve d’une Côte d’Ivoire libre et souveraine
Il est des dates qu’on n’oublie pas facilement. C’est le cas du 11 avril 2011.
Il est des dates qu’on n’oublie pas facilement. C’est le cas du 11 avril 2011. J’habitais à Faya, sur la route de Bingerville, non loin d’un camp militaire dont la poudrière fut bombardée par Licorne alors que la Côte d’Ivoire n’avait pas déclaré la guerre à la France. Des obus de cette poudrière tuèrent des innocents dans le quartier et au-delà. Bloqué dans mon appartement, je pouvais néanmoins voir les hélicos de l’Onuci transporter les rebelles et mercenaires de Dramane Ouattara, puis les déposer sur des immeubles. Cette scène me choqua car je croyais que les Nations unies étaient neutres dans le conflit. Ce jour-là, je pris davantage conscience de la pertinence de la déclaration de Frantz Fanon : « L’ONU n’a jamais réglé de conflit dans le monde. Quand elle vient dans un pays, c’est pour appuyer ou aider l’ancienne puissance colonisatrice. »
Je vis l’Onu et Licorne pilonner ensuite la résidence présidentielle. Il était impossible de trouver de la nourriture sur place. Mes voisins et moi étions obligés de nous rendre à Bingerville pour nous approvisionner en pain ou en attiéké, produits dont le prix avait été multiplié par 3 ou 4. De plus, il fallait se mettre en rang avant d’être servi.
Comme on nous avait coupé l’électricité depuis 3 jours et que je ne pouvais ni écouter la musique ni regarder la télé, j’allai chez un ami et collègue du département des langues ibériques. Il habitait avec sa femme brésilienne à la Riviera Palmeraie. De leur maison, j’entendis soudain le bruit des bombes larguées sur la résidence présidentielle. La France était en train de massacrer des hommes et femmes dont l’unique tort était leur volonté de prendre leur destin en main.
Je pensais que le Pape Benoît XVI, son ambassadeur à Abidjan, la conférence épiscopale, les prêtres, religieux et religieuses occidentaux vivant à Abidjan et dans d’autres villes dénonceraient cette agression barbare de notre pays par la France qui n’avait pas à se mêler d’un contentieux électoral opposant deux partis politiques de Côte d’Ivoire mais il n’en fut rien. On eût dit que tout ce monde habituellement à l’aise pour parler de justice et de vérité dans les homélies avait subitement peur de défendre ces valeurs devant la France. Seul le cardinal Agré éleva une protestation en rappelant que les décisions du conseil constitutionnel étaient sans appel. Je me dis à ce moment-là que même l’Église catholique nous avait abandonnés. Pour moi, il était inimaginable que l’Église fasse preuve de lâcheté et de complicité à ce point. J’étais d’autant plus scandalisé par le silence du pape que celui-ci avait violemment critiqué, quelques mois plus tôt, l’expulsion des Roms bulgares, hongrois et roumains par le voyou et inculte Sarkozy.
Dans notre pays et ailleurs, beaucoup de clercs continuent de penser que le prêtre devrait se tenir loin de la politique. Henri Madelin, jésuite Français, estime au contraire que « la question politique est au cœur de nos vies, que tout le monde, le sachant ou ne le sachant pas, fait de la politique et que la question n’est pas d’en faire ou de n’en pas faire mais d’en faire consciemment. »
Il ajoute : « Le silence, le retrait, l’acceptation, le refus, la prise de parole, l’entrée en action sont autant de manières de laisser vibrer en chacun la corde politique. Se taire ou parler, se retirer ou s’engager sont des manières utiles de peser dans un sens ou dans un autre dans le rapport de force qui est le nœud central de la décision politique. En n’oubliant pas que la force d’inertie est une des toutes premières forces politiques. » (‘La Croix’ du 16 avril 2011). Son confrère François Varillon réfutait, en 1978 déjà, l’idée qu’il puisse exister des chrétiens aux mains pures. Il rappelait aussi l’adage selon lequel « celui qui ne fait rien ne commet jamais d’erreurs, mais c’est toute sa vie qui est une erreur »(cf. ‘Joie de croire, joie de vivre’, Paris, Bayard Éditions, 1978).
Le silence de l’Église sur la barbarie de la France dans mon pays en avril 2011 fut plus qu’une erreur. Les bombardements et les tueries pouvaient être évités. Il suffisait, pour cela, que ceux qui sont censés avoir une autorité morale prennent la parole publiquement. Il suffisait qu’ils demandent à la France et à Ouattara d’accepter le recomptage des voix proposé par le candidat Laurent Gbagbo et expérimenté aux États-Unis quand Bush fils et Al Gore se disputaient la victoire de la présidentielle de 2000.
Voilà le douloureux souvenir que je garde du 11 avril 2011. Mais je garde aussi l’espoir que nous finirons par briser le joug de la Françafrique car la liberté et la justice, on peut les retarder mais on ne peut les empêcher.
Jean-Claude Djéréké, Ecrivain et sociologue panafricain
Les Africains doivent-ils encore composer avec des gens qui les méprisent?
Le littéraire panafricaniste pense que l’Afrique devrait cesser de faire allégeance à l’Occident qui ne lui rend pas la pareille.
Personnellement, je ne demande pas aux Africains de faire allégeance à Poutine pour la simple raison que ce dernier n’a jamais souhaité pareille chose. Ça, c’est le premier point. Le second point, c’est que les Russes n’ont colonisé aucun pays en Afrique. Au contraire, ils ont soutenu et aidé certains mouvements de libération dans leur lutte contre la colonisation. Il s’agit, entre autres, du Frelimo (Mozambique), du MPLA (Angola), du FLN (Algérie), de la SWAPO (Namibie), de l’ANC (Afrique du Sud), du PAIGC (Guinée-Bissau).
D’après Africa24monde.com et d’autres sources, Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, aurait demandé que l’Europe châtie les 27 pays africains qui se sont abstenus ou ont voté contre la résolution présentée à l’ONU pour condamner la Russie en les privant de l’aide au développement. Pour l’ancienne ministre allemande de la Défense, si l’Afrique n’est pas avec l’Europe, c’est qu’elle est contre elle.
Je ne voudrais pas parler de la fameuse aide et du développement que les Africains attendent toujours comme Estragon attendait Godot dans la pièce de théâtre de Samuel Beckett. Je voudrais plutôt m’intéresser à la réaction des Africains qui ont lu cette déclaration surréaliste. La plupart d’entre eux ont dit que l’Europe était devenue un État totalitaire aux ordres des États-Unis. Le verbe «devenir» ne me semble pas exact car l’Europe a toujours été totalitaire, antidémocratique, arrogante et condescendante dans son rapport à l’Afrique. Pour s’en convaincre, il suffit d’ouvrir la charte de l’impérialisme dont l’article 3 affirme ceci : «Tout pouvoir dans les pays du tiers-monde émane de nous, qui l’exerçons par la pression sur les dirigeants qui ne sont que nos marionnettes. Aucun organe du tiers-monde ne peut s’en attribuer l’exercice». L’article 7 ajoute : «Tout pouvoir qui oppose la moindre résistance à nos injonctions perd par le fait même sa légalité, sa légitimité et sa crédibilité. Il doit disparaître». Le meilleur se trouve sans doute dans l’article 12 selon lequel «les peuples du tiers-monde n’ont pas d’opinion ni de droit, ils subissent notre loi et notre droit».L’aventure ambiguë
De bonne foi, nos ancêtres et nous-mêmes avons suivi ces gens-là, avons été à leur école pour «apprendre l’art de vaincre sans avoir raison et celui de lier le bois au bois» (La grande Royale dans ‘L’Aventure ambiguë’ de Cheikh Hamidou Kane), avons abandonné nos religions pour adopter les leurs, combattu et perdu la vie pour eux parce que nous croyions que nous étions des frères et des égaux mais le temps nous a montré qu’ils voyaient les choses autrement, que, pour eux, nous n’étions que de la chair à canon, des pourvoyeurs de matières premières et des peuples corvéables et exploitables à merci.Hitler
Le massacre des «tirailleurs» africains au camp de Thiaroye le 1er décembre 1944, la répression des mouvements anticolonialistes, l’assassinat des résistants africains, la mort de Khadafi, etc., malgré le fait que nous fûmes à leurs côtés lorsqu’Adolf Hitler les malmemait et les humiliait, tous ces faits ont conduit Fanon à publier en 1961 ‘Les Damnés de la Terre’ dont voici un extrait : “Il nous faut quitter nos rêves, abandonner nos vieilles croyances et nos amitiés d’avant la vie. Ne perdons pas de temps en stériles litanies ou en mimétismes nauséabonds. Quittons cette Europe qui n’en finit pas de parler de l’homme tout en le massacrant partout où elle le rencontre, à tous les coins de ses propres rues, à tous les coins du monde. Voici des siècles que l’Europe a stoppé la progression des autres hommes et les a asservis à ses desseins et à sa gloire; des siècles au nom d’une prétendue « aventure spirituelle», elle étouffe la quasi-totalité de l’humanité». Certains ont pensé que le Martiniquais exagérait, qu’il avait succombé à la tentation d’un racisme à rebours ; ils ont vu en lui un prophète de malheur et un militant excessif. Les derniers propos de la présidente de la Commission européenne ne lui donnent-ils pas raison ? L’Europe qui ignora Fanon hier fera-t-elle attention à son message aujourd’hui ? J’en doute fort car les peuples totalitaires et impérialistes font rarement leur mea culpa, se remettent difficilement en cause. On ne voit chez eux «qu’entêtement dans l’erreur, persévérance dans le mensonge, absurde prétention de ne s’être jamais trompé, bref une incapacité sénile à se déprendre de soi-même pour se hausser au niveau de l’événement et toutes les ruses puériles d’un orgueil sacerdotal aux abois» (cf. Aimé Césaire, ‘Lettre à Maurice Thorez’, 24 octobre 1956). Le poète martiniquais avait démissionné du Parti communiste français (PCF) parce qu’il ne tolérait pas le silence du PCF sur les crimes de Staline après les révélations de Khrouchtchev. Or un peuple qui refuse de reconnaître ses crimes et de s’en détourner est condamné à perdre son influence. Michel Onfray parle même de décadence : «Je nomme décadence ce qui advient après la pleine puissance et qui conduit vers la fin de cette même puissance. La puissance d’une civilisation épouse toujours la puissance de la religion qui la légitime. Quand la religion se trouve dans une phase ascendante, la civilisation l’est également; quand elle se trouve dans une phase descendante, la civilisation déchoit; quand la religion meurt, la civilisation trépasse avec elle. (cf. ‘Décadence. De Jésus à Ben Laden, vie et mort de l’Occident’, Paris, Flammarion, 2017). Onfray, qui est un homme cultivé, avait probablement lu le texte de la conférence d’Alexandre Soljenitsyne (1918-2018) sur «Le déclin du courage» à Havard en 1978, conférence au cours de laquelle le philosophe-écrivain russe faisait la mise en garde suivante : «Vous, en Europe, vous êtes dans une éclipse de l’intelligence. Vous allez souffrir. Le gouffre est profond. Vous êtes malades. Vous avez la maladie du vide. […] Le système occidental va vers son état ultime d’épuisement spirituel : le juridisme sans âme, l’humanisme rationaliste, l’abolition de la vie intérieure… Toutes vos élites ont perdu le sens des valeurs supérieures».
La décadence de l’Occident prouve que «l’histoire du monde n’est pas finie»et qu’il nous faut croire avec la Guadeloupéenne Maryse Condé que viendra un jour «où les hommes se rappelleront qu’ils sont des frères et seront plus tolérants. Ils n’auront plus peur les uns des autres, de celui-ci à cause de sa religion ou de celui-là à cause de la couleur de sa peau, de cet autre à cause de son parler» (cf. ‘Le Nouvel Obs’ du 9 juin 2017).Russie
La présence de la Russie en Centrafrique et au Mali ne rassure pas certains Africains qui font remarquer à juste titre qu’il ne s’agit pas de déshabiller Pierre pour habiller Paul, que l’Afrique doit tracer sa propre voie. Personnellement, je ne demande pas aux Africains de faire allégeance à Poutine pour la simple raison que ce dernier n’a jamais souhaité pareille chose. Ça, c’est le premier point. Le second point, c’est que les Russes n’ont colonisé aucun pays en Afrique. Au contraire, ils ont soutenu et aidé certains mouvements de libération dans leur lutte contre la colonisation. Il s’agit, entre autres, du Frelimo (Mozambique), du MPLA (Angola), du FLN (Algérie), de la SWAPO (Namibie), de l’ANC (Afrique du Sud), du PAIGC (Guinée-Bissau). Troisièmement, la Russie possède plus de ressources naturelles que les pays européens et, donc, sera moins gourmande en Afrique. Le quatrième point, c’est que la Russie est militairement supérieure à plusieurs pays européens comme cela a été démontré en Syrie en 2015. Enfin, le respect de la parole donnée et la fidélité ne sont pas des mots creux avec les Russes. Ces derniers n’ont ni la réputation, ni l’habitude d’abandonner leurs alliés en rase campagne. Il est clair que l’Occident aurait eu la peau de Bashar Al-Assad et de Nicolas Maduro (Venezuela) si Vladimir Poutine n’avait pas été là. Se mettre sous la coupe de la Russie et lui demander de nous aider à devenir militairement forts et à nous affranchir progressivement de l’Europe prédatrice et criminelle sont deux choses différentes. Ceux qui critiquent la coopération avec la Russie ne disent pas comment il faudrait faire pour que la France ne puisse plus s’ingérer dans nos affaires. Ils estiment que la Russie ne devrait pas envahir l’Ukraine mais savent-ils que c’est de ce pays que partaient les armes pour attaquer la Syrie, la Libye et le Mali si l’on en croit Charles Gave, entrepreneur et fondateur de l’Institut des libertés ? Trouvent-ils normal que la France, après avoir interdit les médias russes sur son sol, se plaigne de la suspension de RFI et de France 24 par le gouvernement malien pour diffusion d’informations visant à discréditer les autorités de la transition et à monter la population contre elles?
Certes, «l’heure de nous-mêmes a sonné» (Césaire) mais avec qui pouvons-nous mieux défendre nos intérêts aujourd’hui? Qui peut nous aider à progresser tout en respectant notre vision du monde et notre manière d’être ? Voilà la vraie question.Je m’insurge ! Une crise, plusieurs effets
Paul Ella, président du mouvement panafricain African Revival revient sur le conflit armé qui oppose la Russie à l’Ukraine. Il dénonce les violations de procédures dans les sanctions prises contre la Russie.
En marge de la violation flagrante des procédures qui sous-tendent ces décisions, il se trouve bien que les instances occidentales en matière de propagande mensongère sont plutôt mal placées pour donner des leçons en la matière. On se souvient du grotesque mensonge du Général Américain Colin Powell le 5 février 2003 en pleine tribune de l’Onu, brandissant un tube de poudre, soi-disant comme preuve «sûre et fiable» des manœuvres de dissimulation par l’Irak de Saddam Hussein, d’armes de destruction massive et autres activités interdites par la Résolution 1441 du Conseil de Sécurité des Nations unies.
Dans la crise qui oppose l’Ukraine et la Russie, ou plus justement l’OTan à la Russie, des sanctions d’une certaine «communauté internationale» ont été prononcées par l’Occident, obsédé par sa bonne conscience, avec, entre autres sujets à controverse, l’exclusion de la Russie de la prochaine coupe du monde de football au Qatar, dans un communiqué conjoint des instances faîtières européenne et mondiale, l’UEFA et la FIFA. Il s’agit bien là d’une violation pure et simple des textes législatifs qui sous-tendent ces instances internationales. Le tout premier article des statuts de l’UEFA dans sa version de 2017 stipule en effet que «L’Union des Associations Européennes de Football (…) est neutre sur le plan politique et religieux». Ceux de la Fédération Internationale de Football, dans le même ton, précisent dans leurs articles 13 (Droits des associations membres) et 14 (Devoirs des associations membres), en leurs alinéas respectifs « e » et « b », que chaque membre doit «participer aux compétitions organisées par la FIFA». Mieux, l’article 23-a, exige aux confédérations membres de «rester neutre en matière de politique et de religion» et d’»interdire toute forme de discrimination» (aliéna b). Enfin, la Fifa dans ces mêmes textes fait état de ce que «Le Congrès peut exclure une association membre uniquement à la demande du Conseil si : « a) » elle n’honore pas ses engagements financiers à l’égard de la FIFA, « b) » elle est coupable de violation grave des Statuts, des règlements ou des décisions de la FIFA, « c) » elle n’a plus qualité d’association représentant le football dans son pays.». A l’observation, le cas de la Russie ne correspond à aucun des critères de suspension ni d’exclusion, ni de l’UEFA, ni de la Fifa.
Dans la même veine, on a entendu la France, par le biais de son ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, prononcer des mesures de proscription de certains médias russes et russophiles, en l’occurrence Sputnik et RT (Russian Today), confirmées par la Présidente de la Commission Européenne, Ursula Von Der Leyen. L’argument avancé étant que ces canaux de communication «plantent la graine de la division» et constituent des instruments de «propagande» de la guerre. En marge de la violation flagrante des procédures qui sous-tendent ces décisions, il se trouve bien que les instances occidentales en matière de propagande mensongère sont plutôt mal placées pour donner des leçons en la matière. On se souvient du grotesque mensonge du Général Américain Colin Powell le 5 février 2003 en pleine tribune de l’Onu, brandissant un tube de poudre, soi-disant comme preuve «sûre et fiable» des manœuvres de dissimulation par l’Irak de Saddam Hussein, d’armes de destruction massive et autres activités interdites par la Résolution 1441 du Conseil de Sécurité des Nations unies. Suite à ces «révélations», Saddam Hussein sera sauvagement et publiquement pendu, et son pays dévasté par les bombes américaines, avec un bilan de près d’un million de morts civils. Le même scénario mensonger sera servi pour éliminer Mouammar Kadhafi en 2011 (sous le fallacieux prétexte d’un génocide programmé contre sa population) en mondovision pour qu’on se rende ensuite à l’évidence qu’il s’agissait d’une autre arnaque médiatico-géopolitique.
Dans des cas similaires souvent bien plus affligeants, on n’a pas vu une telle détermination à punir les responsables. Les sanglantes agressions occidentales en Afghanistan, en Irak ou encore en Lybie, en Syrie, en Serbie… orchestrées par les Etats-Unis et l’OTAN, n’ont jamais inquiété aucun des pays impliqués quant à une quelconque sanction sportive, ni aucun média occidental censuré pour propagande mensongère de guerre. En revanche, on se souvient qu’en 2017, à la demande de la Palestine à la FIFA d’infliger des sanctions à l’encontre de six équipes du championnat israélien basées dans les colonies de Cisjordanie, le même Président actuel de la plus haute instance du football international, Gianni Infantino, qui vient de prononcer la privation de la Russie à la Coupe du monde 2022, avait rétorqué que la Fifa était tenue au «devoir de rester neutre dans les questions politiques». Des sanctions lourdes ont même souvent été prononcées à l’encontre de sportifs ou publics sportifs arborant des insignes politiques dans les stades ou en dehors, par ces mêmes instances aujourd’hui si promptes à exclure les Russes. Les occidentaux y vont même jusqu’à se saisir des biens et fortunes des Russes respectablement installés dans leurs pays respectifs, ou des artistes et autres intellectuels, sous la seule faute de leur appartenance à l’Etat russe. Il y a désormais en occident, auto-proclamé terre des droits de l’homme et de la liberté d’opinion, un crime de citoyenneté russe, sans loi ni procès…Et l’Afrique alors ?
Le bon sens suggère que, si vous regardez brûler la maison du voisin sans rien faire, la prochaine sera la vôtre, car comme le disait à juste titre Albert Einstein, «Le monde ne sera pas détruit, non par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire». C’est avec un certain étonnement mêlé d’affliction qu’il m’est fait écho de la posture de certains leaders d’opinion africains faisant état de ce que, dans cette crise en Ukraine, les africains ne sont en rien concernés, ni de près ni de loin, et ne devraient, de ce fait, pas s’en préoccuper. J’observe alors avec tristesse que les africains n’ont jusqu’ici pas encore tiré les leçons du passé, faute de convoquer les faits historiques éloquents qui témoignent à suffisance des dommages collatéraux structurels multiformes sur l’Afrique, des situations mondiales qui, en apparence, ne nous concernaient pas. Je note que, le 2 mars dernier, lors du vote à l’Onu de la résolution sur l’action en Ukraine de la Russie, sur les 193 pays membres, 35 pays se sont abstenus de condamner l’«agression contre l’Ukraine», parmi lesquels 17 pays africains dont le Cameroun, l’Erythrée étant le seul pays africain sur les cinq ayant voté contre. A saluer donc, cette sagesse de certains dirigeants africains qui ont refusé de mimer aveuglement les postures occidentales. Face à la nuée de critiques et la mise au ban de ceux qui ont refusé de se soumettre au diktat de la pensée unique universelle, chaque esprit libre et défenseur des libertés se doit de dénoncer ces manœuvres d’influence de l’occident.
Dans cette crise comme dans d’autres, l’alibi de la démocratie et des droits humains dans la mobilisation occidentale à grands renforts médiatiques est une insulte de trop à nos intelligences. Il n’est plus pardonnable de retomber indéfiniment dans les mêmes pièges dont l’Afrique a maintes fois été victime tout au long de son histoire. Les seuls enjeux pour l’Occident dans cette crise comme dans toutes les autres sont géostratégiques. Il n’est donc pas acceptable que l’Afrique continue de passer pour un faire-valoir dans cette situation au regard de la reconfiguration conséquente de la géopolitique mondiale.La nécessité de l’action
Je dénonce avec force la répugnante vision manichéenne du monde qui consiste, par la christique rhétorique des droits de l’Homme et de la démocratie, à assimiler les fantasmes impérialistes occidentaux à des nécessités vitales pour l’humanité entière.
Je m’indigne face aux silences coupables en Afrique de la Société Civile, des intellectuels, des leaders d’opinion, des partis politiques, sur cette prise en otage manifeste de nos droits et libertés dans des décisions aussi graves sans consultation préalable des Etats-membres des différentes instances internationales qui font le jeu d’un seul camp auquel elles semblent tout acquises.
Je déplore l’instrumentalisation honteuse du sport et des médias par les détenteurs exclusifs de la vérité officielle dont l’arrogance et la condescendance constituent un réel danger pour l’avenir du monde.
Je m’offusque de ce qu’aucun pays africain ne prenne des mesures appropriées pour dénoncer les abus répétitifs de l’Occident dans ses délires de préservation de ses seuls intérêts au mépris ostentatoire des droits humains et des libertés. Les pays africains devraient boycotter la coupe du monde prochaine et toutes les compétitions internationales, non pas en soutien de la Russie, mais en exigence du respect des textes et procédures, car nul ne peut jurer de qui sera la prochaine victime des obsessions et lubies occidentales.
Je fustige l’écœurante hypocrisie des médias occidentaux qui ne font écho que très partiellement et partialement d’une situation de conflit, avec une omission délibérée de la réalité dans son intégralité temporelle et factuelle ; d’autant plus que cette crise ukrainienne tient son origine de la malfaisance, de l’arrogance et du mépris des occidentaux vis-à-vis de la Russie, comme d’ailleurs des autres peuples du monde, dans leur volonté séculaire d’imposer à tous leurs vues, non sans s’exonérer du respect eux-mêmes des règles du droit international ou de la démocratie qu’ils brandissent à tous vents comme l’étendard de leur civilisation et la justification de leurs crimes à travers la planète.
Cette autre situation de crise aux impacts géostratégiques importants pour l’Afrique appelle un certain nombre de réflexions et d’actions conséquentes à portée structurelle. Il est urgent de s’organiser pour sortir de la dépendance préjudiciable des systèmes financiers et médiatiques occidentaux. Hormis l’orientation subjective avérée des médias occidentaux aux ordres de la puissance tutélaire américaine, la partialité affichée des réseaux sociaux les plus connus et les plus utilisés qui censurent à tour de bras tous ceux qui ne se soumettent pas aux injonctions de leurs mandants, appelle des alternatives sans délais. De plus, sur le plan économique, l’exemple de la Russie exclue du système de paiement international SWIFT, mais tout récemment celui du Mali avec le blocus de la BCEAO, doivent nous interpeller. Lorsque des sanctions vont jusqu’à toucher les systèmes et mécanismes financiers pour paralyser des économies, il est certainement naïf de ne pas songer à des solutions alternatives et autonomes pour l’Afrique et par les africains eux-mêmes. La crise sanitaire du Covid d’abord, et maintenant la crise ukrainienne, offrent à l’Afrique l’occasion idoine de s’organiser à l’intérieur du continent pour briser cette dépendance nocive à quelque puissance extérieure. L’Afrique ne peut plus se contenter d’être une simple caisse de résonance des caprices et desideratas d’un Occident de plus en plus égocentrique et égotique. La jeunesse africaine, principale concernée par les dramatiques conséquences à venir d’une Afrique méprisée, a l’impérieux devoir de se mobiliser pour une Afrique forte, qui impose le respect et ne se laisse plus dicter des lois venues d’ailleurs, mais choisit de tracer son propre chemin.Avoir le courage de rompre avec ceux qui nous ont mis dans des problèmes
Le 27 août 2019, quand Emmanuel Macron disait aux ambassadeurs français réunis à l’Élysée que « l’on assiste à la fin de l’hégémonie occidentale sur le monde et à l’émergence de nouvelles puissances dont nous avons longtemps sous-estimé l’impact », il faisait un constat lucide et objectif.
Car la Chine, la Russie, l’Inde, la Turquie, l’Afrique du Sud, etc. sont devenues des puissances qui « viennent bousculer notre ordre international et peser dans l’ordre économique ». Par contre, le conseil selon lequel les Européens ne devraient pas « seulement s’adapter au changement mais tenter de rebâtir un ordre mondial nouveau, ordre dans lequel l’Europe doit s’affirmer davantage si elle ne veut pas tout simplement disparaître » nous laisse perplexe. Pourquoi ?
La première raison, c’est que Macron continue de penser que l’Europe devrait « s’affirmer davantage ». Or, en regardant les siècles passés, on se rend compte que cette Europe s’est trop souvent affirmée contre et au détriment des autres peuples, c’est-à-dire en les massacrant, en pillant leurs richesses, en saccageant leurs cultures, en faisant d’eux des esclaves, en envahissant et en occupant leurs terres (lire, entre autres, Aimé Césaire, ‘Discours sur le colonialisme’, Paris, Présence Africaine, 1955 et Frantz Fanon, ‘Les Damnés de la Terre’, Paris, François Maspero, 1961).
Pour certains, cette façon de se comporter résulterait d’une volonté de puissance. Chez Nietzsche, cette expression ne signifie pas envie de dominer autrui mais surpassement de soi-même. Pour le philosophe allemand, en effet, en chacun de nous, sommeillent des passions heureuses et des démons et « le Surhomme » est précisément l’homme qui, au lieu de se laisser submerger par ses démons, se contrôle afin de devenir la meilleure version de lui-même (cf. « Ainsi parlait Zarathoustra »). Affirmer que les Occidentaux se sont toujours employés, non pas à dominer les démons qui les habitent, mais à dominer, à contrôler et à soumettre ceux qui sont différents d’eux, ce n’est point porter un jugement de valeur mais faire un simple constat. Si les relations entre la France et ses ex-colonies sont devenues on ne peut plus exécrables, c’est en grande partie à cause de la volonté des Gaulois d’exercer leur puissance sur les Africains.
Secundo, Macron estime que « Paris peut et doit aussi jouer le rôle de puissance d’équilibre, nous devons en quelque sorte avoir la liberté de jeu, la mobilité, la souplesse. Nous avons des alliés dans chaque région du monde mais nous ne sommes pas une puissance qui considère que les ennemis de nos amis sont forcément les nôtres, ou qu’on s’interdit de leur parler ». Ce non-alignement de la France sur la position des États-Unis, on ne l’a pas vu quand la Russie a envahi l’Ukraine. Hormis des souverainistes comme Mélenchon, Dupont-Aignan, Marine Le Pen, Zemmour et Asselineau qui souhaitent que leur pays sorte de l’Otan, les dirigeants français ont rarement démontré qu’ils pouvaient faire autre chose que suivre bêtement les présidents américains, même quand ceux-ci prenaient des décisions contraires aux intérêts économiques de la France.
Tertio, Macron présente l’Afrique comme une « indispensable alliée » de la France. Mais peut-on le croire quand on pense à la manière dont le continent noir a été traité par son pays depuis le temps de la colonisation ? Celui dont on achète les matières premières à vil prix, celui qu’on empêche de s’industrialiser, celui dans les affaires internes de qui on s’ingère à tout moment, celui pour qui on écrit les résolutions à l’Onu, celui-là est-il un allié ? Non. C’est un inférieur car ce sont des égaux qui font alliance ou se mettent en alliance. La suite des propos de Macron permet de comprendre que l’Afrique n’est pas une alliée mais un instrument dont l’Europe compte se servir « pour continuer de jouer tout son rôle dans les affaires du monde ». Les alliés cherchent à grandir et à avancer ensemble. Lorsque les uns s’enrichissent pendant que les autres s’appauvrissent, il ne s’agit plus d’alliance mais d’un marché de dupes.
Que le déclin de l’Europe ait commencé est un fait indiscutable, chose que très peu d’Africains regretteraient. Les moyens qu’elle veut prendre pour entrer dans le nouvel ordre mondial, eux, sont discutables. Ces moyens sont la tromperie, l’arrogance, la manie de donner des leçons aux autres, le fait de croire que l’on est détenteur de la vérité et des meilleures solutions, etc. L’empire romain a dominé le monde pendant plus de 600 ans. S’il s’est effondré en 476 après J.-C., c’est, entre autres, parce que les autorités romaines se croyaient supérieures aux “Barbares” habitant aux frontières de l’Empire (https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/histoire-chute-empire-romain-sont-causes-5410/
On peut ne pas approuver l’invasion de l’Ukraine par la Russie mais que sait-on des antécédents (le bombardement de Belgrade et la destruction de la Serbie par l’Otan en 1999, la guerre du Kosovo) qui l’ont rendue possible ? Sait-on que Poutine proposa son aide aux États-Unis après l’attaque terroriste du 11 septembre 2001, que George Bush opposa une fin de non-recevoir à sa demande d’adhérer à l’Otan et qu’il perçut l’assassinat de Kadhafi et la destruction de la Libye comme la volonté des Occidentaux d’imposer leur vision du monde au reste de la planète ?
L’hégémonie occidentale a atteint ses limites. Lentement mais sûrement, un nouveau monde se met en place. Le multilatéralisme est en train de succéder à l’unilatéralisme. La preuve en est que tout le monde n’a pas voté en faveur de la résolution de l’Assemblée générale de l’Onu du 2 mars 2022 condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Parmi les pays qui se sont abstenus, il y avait la Chine, l’Inde, les Émirats arabes unis, le Brésil, l’Argentine, la Bolivie, mais aussi l’Algérie, l’Afrique du Sud, l’Angola, le Burundi, le Congo-Brazzaville, l’Éthiopie, la République Centrafricaine, le Mali, Madagascar, le Sénégal, le Soudan, la Guinée, le Burkina Faso, le Togo, le Cameroun et le Maroc.
L’abstention d’un pays comme le Sénégal est une agréable surprise quand on connaît les liens très étroits qu’entretiennent Paris et Dakar. Le Sénégal aurait-il découvert enfin que l’amitié avec la France est un leurre ? L’Afrique francophone serait-elle fatiguée de cheminer avec un partenaire dont de plus en plus de jeunes africains dénoncent la duplicité et l’ingratitude ? En tout état de cause, j’aurais souhaité que les pays africains fassent comme l’Erythrée, aurement dit qu’ils soutiennent ouvertement la Russie.
Pourquoi ? Parce que les Soviétiques ont aidé de façon significative les mouvements de libération nationale de l’Angola, du Mozambique, de la Guinée-Bissau, du Cap-Vert, de l’Afrique du Sud, de la Namibie à chasser le colonisateur portugais ou anglais. Combien de pays de l’Afrique subsaharienne l’Europe a-t-elle industrialisés depuis 1960, année des pseudo-indépendances ? Combien d’universités, d’usines et de routes bitumées a-t-elle laissées sur le continent ? N’est-elle pas impliquée dans la mort des Patrice Lumumba, Ruben Um Nyobè, Félix Moumié, Sylvanus Olympio, Thomas Sankara et Mouammar Kadhafi ? N’est-ce pas la France qui faillit tuer Laurent et Simone Gbagbo en avril 2011 ? Grâce à la Russie, la République centrafricaine et le Mali s’éloignent peu à peu de la violence et de l’instabilité. Voici une puissance qui, en plus de ne pas affectionner les discours creux, sait se faire respecter et milite pour que l’Afrique puisse se gérer elle-même. À moins d’être maudit, peut-on raisonnablement se passer d’une telle puissance ?
Jean-Claude Djereke
Guerre russo-ukrainienne : les incidences économiques et politiques sur l’Afrique
Pour Mbandomane oyono Paul, analyste des relations internationales, même si l’éloignement géographique du conflit crée une certaine distance émotionnelle chez plusieurs Africains, cette guerre produit des incidences directes et indirectes qu’il faut adresser.
Alors que l’Assemblée générale des Nations unies (ONU) a adopté, mercredi 2 mars, à une écrasante majorité (141 Etats sur 193), une résolution condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, dix-sept Etats africains se sont abstenus et sept autres, absents, n’ont pas pris part au vote. 28 pays africains ont voté en faveur de la résolution condamnant l’invasion russe. Quelque 17 pays africains se sont abstenus lors du vote à l’Assemblée générale de l’ONU. Il s’agit de l’Afrique du Sud, de l’Algérie, de l’Ouganda, du Burundi, du Sénégal, du Sud-Soudan, du Mali et du Mozambique.
Les autres pays étaient le Soudan, la Namibie, l’Angola, le Zimbabwe, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine, Madagascar, la Tanzanie et le Congo. L’Érythrée est le seul pays africain à avoir voté contre la résolution. 8 pays africains n’ont pas voté, dont le Maroc.
L’Afrique serait-elle indifférente ?
Même si l’éloignement géographique du conflit crée une certaine distance émotionnelle chez plusieurs Africains, cette guerre produit des incidences directes et indirectes qu’il faut adresser. Elle met aux prises de grandes puissances, ce qui, comme souvent en Afrique, provoque un réflexe de non-alignement. Mais plus que ces abstentions ou le vote isolé de l’Erythrée contre la résolution, ce qu’il faut retenir, c’est la condamnation massive par des pays africains de l’invasion russe qui montre qu’une majorité de pays africains tiennent au principe d’intangibilité des frontières et au respect, par les grands pays, de l’intégrité territoriale des petits Etats.
Le conflit Russo-Ukrainien survient alors que l’Afrique s’efforce de mettre son économie sur la voie de la reprise, dans un contexte de pressions inflationnistes mondiales et de volatilité des marchés financiers et des matières premières. Alors que les exportateurs d’énergie vont pouvoir profiter de la crise, d’autres, comme le Maroc, seront durement touchés par la flambée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, ce qui va accentuer leurs déséquilibres extérieurs et leurs inquiétudes à propos de la hausse des prix et de l’évolution de la dette publique. L’invasion de grande ampleur de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022 aura donc des répercussions politiques et économiques majeures sur le reste de la planète qui se feront sentir au cours des mois et des années à venir.
États des lieux
Selon Policy Brief – N° 11/22 – Février 2022, les perspectives économiques de l’Afrique n’étaient déjà pas favorables avant l’invasion. L’Afrique reste très exposée à la pandémie et, selon la BM (2022), le revenu par habitant dans la plupart des pays africains restera inférieur aux niveaux pré-pandémiques, au moins jusqu’en 2023. L’inflation médiane a été annoncée à 5,1 % en glissement annuel à la fin de l’année 2021. L’Afrique, et notamment du Nord, est particulièrement touchée par les prix élevés des denrées alimentaires qui représentent près de 40 % du budget des ménages dans de nombreux pays. Les niveaux de pauvreté, mesurés à 1,90 dollar par jour, sont passés de 34 % avant la pandémie à 39 % (Perspectives économiques en Afrique 2021). Selon la classification de la Banque africaine de développement (BAD), les 43 pays africains importateurs d’énergie souffrent aussi indirectement des prix élevés du charbon, du gaz et du pétrole, car ils augmentent les coûts de production des engrais et des denrées alimentaires qui sont tous deux à forte intensité énergétique.
Les incidences sur le continent Africain
Du point de vue économique :
Sur les 54 pays que compte l’Afrique, 11 sont de grands exportateurs d’énergie et les autres sont des importateurs nets d’énergie, ou en quasi-autosuffisance. Pour illustrer les effets de la guerre sur l’Afrique, nous nous concentrerons sur six grandes économies. Trois sont des exportateurs d’énergie : l’Algérie, l’Angola et le Nigeria. Deux sont proches de l’autosuffisance énergétique : l’Égypte et l’Afrique du Sud. Le Maroc, pour sa part, est fortement tributaire des importations d’énergie et de denrées alimentaires. Ces six économies représentent ensemble plus de 60 % du PIB africain. Les exportateurs de pétrole tireront de gros bénéfices de la hausse des cours du pétrole et du gaz de ces dernières semaines, sachant que les exportations de pétrole de l’Algérie représentent 18,9 % de son PIB, celles de l’Angola 36,5 % et celles du Nigeria 10,3 %. Ainsi, une augmentation de 20 à 30 % des cours du pétrole et du gaz, correspondant à ce qui a été observé ces derniers mois, si elle se maintient, entraînera une hausse de 4 à 6 % du revenu national de l’Algérie. Si ces pays sont également dépendants, à des degrés divers, d’importations de denrées alimentaires (le Nigeria étant le moins dépendant), le coût supplémentaire de la hausse des prix des denrées alimentaires serait éclipsé par les gains réalisés sur les exportations d’énergie.
Les effets de la guerre sur les importateurs d’énergie africains, qui ont également tendance à être des importateurs de produits alimentaires, sont fortement négatifs. Le Maroc est la plus grande économie africaine la plus susceptible de subir un choc négatif important du fait de la guerre, car ses importations de pétrole, de gaz et de charbon représentaient 6,4 % du PIB en 2019, soit environ le double de celles de l’Égypte et de l’Afrique du Sud, qui réalisent également d’importantes exportations d’énergie. Le Maroc est également un gros importateur de céréales. Le coût des céréales importées en tant que part du PIB s’élevait à 1,4 % en 2019, mais en raison d’une mauvaise récolte attendue en 2022, les importations pourraient être deux fois plus importantes, soit trois fois plus importantes que celles de 2021. Cela signifie que l’effet combiné de la hausse des cours du pétrole et des céréales, s’il se maintient, pourrait coûter au Maroc entre 1 et 2 % du revenu national cette année.
Du point de vue politique :
Moscou et l’Afrique ont déjà entretenu par le passé, au moment de la Guerre froide, des relations d’influence très fortes. En 2019, un grand sommet « Russie-Afrique » à Sotchi en octobre était co-présidé par Vladimir Poutine et son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi réunissant une trentaine de Chefs d’Etat Africains. La présence russe en Afrique se traduit aussi sur le plan militaire voire paramilitaire avec la société de sécurité privée Wagner.
Le président en exercice de l’Union Africaine et le président de la Commission de l’Union Africaine exhortent les deux parties à l’instauration d’un cessez le feu et à l’ouverture de négociations politiques sous l’égide des Nations Unies, afin de préserver le monde des conséquences d’un conflit planétaire, pour la paix et la stabilité dans les relations internationales au service de tous les peuples du monde. L’Union africaine s’est également déclarée préoccupée par les informations selon lesquelles des Africains en Ukraine se verraient refuser le droit de traverser la frontière pour se mettre en sécurité. Toutefois, la réaction du Continent semble mitigée, car cette réticence pourrait s’expliquer par l’intensification de la « cour que la Russie fait aux dirigeants africains » ces dernières années, y compris le renforcement du soutien militaire et du renseignement par la Russie. Les dirigeants africains mettent donc peut-être en balance leur engagement individualiste en faveur de la souveraineté et de l’intégrité territoriale et le soutien matériel et militaire concret d’un dirigeant dont ils soupçonnent les intentions, mais dont le soutien sans conditions s’est avéré utile.
Quand des «démocrates» bafouent tranquillement la liberté d’expression
Le bannissement des médias russes par l’Union européenne nous met devant une double interrogation: ceux qui piétinent allègrement un droit aussi fondamental que la liberté d’expression, ne sont-ils pas en train de nous dire que les autres peuples ne sont que des sous-hommes, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas voix au chapitre, qu’ils ne méritent ni respect ni considération? Peut-on donner des leçons de démocratie aux autres (la Russie) quand on les empêche de s’exprimer?
Sociologue et écrivain ivoirien.
Depuis que l’armée russe a envahi l’Ukraine, que n’entend-on pas et que ne lit-on pas de la part des Occidentaux (politiques et journalistes)? Pas un jour ne passe sans que ces derniers n’accusent Vladimir Poutine d’avoir violé le droit international, de ne pas respecter sa parole, d’aimer la guerre, d’être un affreux dictateur et tutti quanti. Ceux qui diabolisent et pourfendent le maître du Kremlin soutiennent en même temps que leurs pays sont démocratiques. Ce n’est pas l’avis de l’historien et anthropologue Emmanuel Todd. Pour l’homme qui avait prédit l’effondrement de l’Union soviétique (cf ‘La Chute finale’, Paris, Robert Laffont, 1976), les Européens ne sont pas en démocratie, mais dans une oligarchie (le gouvernement et tout l’État contrôlés ou dirigés par un petit groupe de personnes).
Pourquoi? Parce qu’on a affaire, selon lui, non pas à des citoyens, mais à des électeurs dont les voix ne sont pas entendues comme en 2005 avec le référendum sur l’Union européenne. Le Danemark avait connu une situation similaire, rappelle-t-il, lorsque la Wehrmacht (l’armée nazie) ignora la victoire du parti social-démocrate aux élections législatives du 23 mars 1943. Todd estime que, si l’Europe était démocratique, les décisions des électeurs seraient appliquées par les élites. De cet argument, il tire deux conclusions: 1) la démocratie libérale n’est pas un régime appelé à se répandre dans l’ensemble du monde, mais un régime particulier adapté à un contexte spécifique.
Tout en saluant la protestation du gouvernement sénégalais, j’aurais souhaité que l’ambassadeur ukrainien soit purement et simplement expulsé. Si les pays européens veulent voler au secours de Zelensky, qu’ils lui envoient Barkhane et Takuba qui n’ont rien à faire en Afrique. Si Poutine les énerve tant, qu’ils l’affrontent sur le terrain sans les Africains qu’ils ont toujours méprisés, volés, piétinés et massacrés!
Ce régime triompha en Europe de l’Ouest (1945) et de l’Est (1991) uniquement du fait de l’hyperpuissance des États-Unis; 2) il y a démocratie là où existent une liberté de la presse, une liberté d’expression et d’information, le droit de vote et une application du résultat du vote. Or que voyons-nous en Europe aujourd’hui? Le peuple (demos) ne décide ni des lois, ni des candidats, du fonctionnement des institutions, ni des limites du pouvoir de ceux à qui il donne sa confiance. Pire, il n’est pas en capacité de se débarrasser des personnes qui ont trahi cette confiance (cf. ‘Où en sommes-nous?’, Paris, Seuil, 2017).
Un an après cette analyse, Todd est revenu sur le sujet avec un développement sur la Russie. Il affirmait ceci: «Il est clair que les Russes peuvent s’informer à peu près, que le niveau de liberté de l’information n’est pas parfait, mais suffisant; ils ont le droit de vote, et il y a des endroits où des maires hostiles au pouvoir sont élus. Dans l’ensemble, le gouvernement de Poutine fait ce que les Russes veulent. Je conclus en disant que selon ces critères de définition un peu stricts, je suis obligé de me demander si la Russie n’est pas plus démocratique que l’Union européenne où les résultats des votes ne sont pas appliqués».
(cf. https://legrandcontinent.eu/fr/2018/01/08/il-a-une-vie-apres-la-democratie-entretien-avec-emmanuel-todd/)
Les Européens, considérés comme les vassaux des États-Unis par Michel Onfray, Jean-Luc Mélenchon, Éric Zemmour, François Asselineau et d’autres, clament à tout bout de champ que la démocratie est dans leur ADN, qu’ils respectent les droits de l’homme, que les autres peuples devraient embrasser leur civilisation mais qu’avons-nous observé tout dernièrement? N’ont-ils pas fermé les portes de la Pologne aux Africains fuyant les bombardements en Ukraine? Le 27 février 2022, la présidente de la Commission européenne n’a-t-elle pas annoncé l’interdiction de “RT” (Russia Today) et “Sputnik” dans l’Union européenne? Ursula Von Der Leyen est convaincue que, grâce à cette mesure, ces médias d’État russes «ne pourront plus diffuser leurs mensonges pour justifier la guerre de Poutine et pour semer la division dans notre Union». L’ancienne ministre de la Défense allemande n’aurait peut-être pas pris cette décision si elle avait lu la fameuse phrase attribuée à Voltaire: «Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire». J’utilise le mot “attribuée” parce que cette phrase serait de l’Anglaise Evelyn Beatrice Hall qui l’aurait employée dans ‘The Friends of Voltaire’, ouvrage publié en 1906 sous le pseudonyme de S. G. Tallentyre pour résumer la pensée voltairienne.Sitôt informé de la décision, le secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes est monté au créneau pour parler de censure. Pour Ricardo Gutiérrez, le fait que deux pays européens soient en conflit n’autorise aucun gouvernement à porter atteinte à la liberté d’expression reconnue par la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée à Paris le 10 décembre 1948.
Le bannissement des médias russes par l’Union européenne nous met devant une double interrogation: ceux qui piétinent allègrement un droit aussi fondamental que la liberté d’expression, ne sont-ils pas en train de nous dire que les autres peuples ne sont que des sous-hommes, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas voix au chapitre, qu’ils ne méritent ni respect ni considération? Peut-on donner des leçons de démocratie aux autres (la Russie) quand on les empêche de s’exprimer?
La crise entre la Russie et l’Ukraine devrait ouvrir un peu plus les yeux des Africains: il est temps, pour nous, de comprendre que les démocrates et humanistes ne sont pas toujours ceux que l’on croit. N’oublions pas qui a été enrichi par l’esclavage et la colonisation, qui profite de notre cacao, café, pétrole, uranium, coltan, bois, or, etc. N’oublions pas le conseil de Frantz Fanon: «Allons, camarades, il vaut mieux décider dès maintenant de changer de bord. La grande nuit dans laquelle nous fûmes plongés, il nous faut la secouer et en sortir. Le jour nouveau qui déjà se lève doit nous trouver fermes, avisés et résolus…
Quittons cette Europe qui n’en finit pas de parler de l’homme tout en le massacrant partout où elle le rencontre, à tous les coins de ses propres rues, à tous les coins du monde. Voici des siècles que l’Europe a stoppé la progression des autres hommes et les a asservis à ses desseins et à sa gloire, des siècles qu’au nom d’une prétendue aventure spirituelle elle étouffe la quasi-totalité de l’humanité… Nous avons mieux à faire que de suivre cette Europe qui s’est montrée parcimonieuse, mesquine, carnassière homicide avec l’homme». (cf. ‘Les damnés de la terre’, Paris, François Maspero, 1961).
Au Sénégal, une trentaine de jeunes avaient commencé à s’enrôler pour aller combattre pour l’Ukraine. Fort heureusement, la ministre des Affaires étrangères sénégalaise a vite arrêté cet enrôlement. Tout en saluant la protestation du gouvernement sénégalais, j’aurais souhaité que l’ambassadeur ukrainien soit purement et simplement expulsé. Si les pays européens veulent voler au secours de Zelensky, qu’ils lui envoient Barkhane et Takuba qui n’ont rien à faire en Afrique. Si Poutine les énerve tant, qu’ils l’affrontent sur le terrain sans les Africains qu’ils ont toujours méprisés, volés, piétinés et massacrés! L’Afrique ne peut plus servir de chair à canon. Cette année, les soi-disant démocrates, qui ne sont forts qu’avec les faibles, ont trouvé sur leur chemin un “vrai garçon” qui ne se laisse pas marcher dessus. Pourquoi veulent-ils nous amener à le détester?
Pourquoi la Russie doit démilitariser et dénazifier l’Ukraine
Le nazisme ne fut jamais complètement vaincu, grâce à la complicité de certaines officines occidentales, plusieurs nazis trouvèrent refuge au Canada, aux États-Unis et dans quelques pays de l’Amérique latine à partir desquels ils menaient activement leurs activités. Ce qui explique en grande partie la recrudescence du nazisme aujourd’hui.
Le représentant spécial de l’UPC en Afrique centrale et australe se fait l’interprète du président Russe, Vladimir Poutine. Le président de l’Alliance Patriotique convoque pour cela plusieurs éléments permettant la compréhension de l’Opération spéciale russe en cours en Ukraine.
Daniel Yagnyè Tom C’est depuis le 24 février dernier qu’a commencé, dans la très lointaine terre d’Ukraine pour nous les Africains, l’opération spéciale des forces armées russes en vue de la démilitarisation et de la dénazification de l’Ukraine décrétée par le président Vladimir Poutine. La Russie étant ces derniers temps d’un grand intérêt et une espérance pour l’Afrique en général et sa jeunesse en particulier, notamment celle dite «francophone» du fait de son implication en République Centrafricaine et au Mali, quelle devrait être la compréhension de l’Africain sur ce qui se passe en Ukraine et jusqu’où devrait-il se sentir affecté? Quels sont les véritables enjeux de cette opération militaire? Ne sommes-nous pas dans la continuité des restes et des séquelles de la Deuxième Guerre mondiale qui font planer le spectre d’une troisième guerre mondiale?
Les mêmes objectifs pour une autre Guerre mondiale
Lorsque l’on regarde les forces en présence de part et d’autre, on a l’impression que les pays occidentaux sont atteints d’amnésie, mais en même temps, on est bizarrement envahi par une sensation de déjà-vu et de déjà-vécu. Les principaux objectifs de l’Allemagne lors de la Deuxième Guerre mondiale étaient de renverser l’ordre mondial issu de la Première Guerre mondiale et détruire l’Union Soviétique. Aujourd’hui, l’ordre du jour ne serait-il pas la destruction de la Russie avec le renversement de l’ordre mondial afin de mieux s’attaquer aux slaves, aux juifs et puis, ou en même temps «s’occuper» des Africains?On comprend aussi aisément l’attitude des moteurs de l’Europe (l’Allemagne et la France), leurs positions dans ce conflit où pour des raisons différentes, convergent néanmoins leurs intérêts dans l’appui des fascistes ukrainiens. D’un côté un certain revanchisme et de l’autre, la politique africaine de la Russie.
Le nazisme ukrainien, la toute petite partie visible de l’iceberg
Il faudrait dire que bien avant le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale, il y avait déjà une collaboration étroite entre certaines forces fascisantes ukrainiennes et Hitler, une collaboration essentiellement motivée par une haine de l’État soviétique et de son processus de collectivisation. Dans cette constellation de nationalistes nazis, Stépan Bandera apparut comme le principal idéologue, le moteur du nationalisme ukrainien et ce qui se cache derrière lui. Agent de la Gestapo depuis le début des années 30, dirigeant influent de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), il fut l’auteur de plusieurs assassinats parmi lesquels ceux de plusieurs dizaines de milliers de juifs.Condamné deux fois à mort en Pologne, parce que bénéficiant d’évidentes complicités polonaises, ces deux condamnations à mort furent commuées en emprisonnement à vie. Libéré en 1939 à la suite de l’offensive allemande contre la Pologne, il servit d’agent à l’intérieur de l’URSS. Principal dirigeant de l’OUN, il collabora étroitement avec les autorités allemandes en dirigeant plusieurs massacres en Pologne et en Ukraine. Lorsque l’armée hitlérienne chassa l’armée rouge, la population ukrainienne de l’ouest accueillit l’armée allemande comme des libérateurs. Mais malheureusement pour Bandera, la Déclaration d’indépendance de l’Ukraine proclamée à Lvov le 30 Juin 1941 fut très mal appréciée par Hitler, c’est ainsi qu’il fut assigné à résidence en Allemagne et gardé en réserve. Du côté des allemands, il se battu contre l’Union Soviétique. En 1944 Bandera installa son quartier à Berlin d’où il finit par fuir par le sud pour la Suisse après la défaite allemande.
De 1944 jusqu’à sa mort en 1959, il bénéficia de l’aide des services secrets occidentaux parmi lesquels ceux de l’Allemagne et des États-Unis. Les différentes demandes faites pour son extradition par l’URSS n’avaient jamais été satisfaites, pendant tout ce temps, l’URSS se confrontait aux exactions des hordes de Bandera en Ukraine qui ne furent complètement anéanties qu’en 1954!
Voici ce que Paul Joseph Goebbels, le chef de la propagande nazie disait de Bandera et de ses troupes: «Ce sont des maniaques insensés ou en d’autres mots du bétail brutal. Mais c’est justement ce dont nous avons besoin actuellement, pour détruire les slaves récalcitrants. Ensuite eux aussi devront être détruits, parce que les bêtes ne peuvent pas vivre parmi les hommes».
Il faudrait pour terminer, dire ici que le nazisme ne fut jamais complètement vaincu, grâce à la complicité de certaines officines occidentales, plusieurs nazis trouvèrent refuge au Canada, aux États-Unis et dans quelques pays de l’Amérique latine à partir desquels ils menaient activement leurs activités. Ce qui explique en grande partie la recrudescence du nazisme aujourd’hui!
Le choix fatidique pour la Russie, vivre ou périr!
Avec le démantèlement de l’URSS, c’est avec Leonid Kravtchouck, dernier dirigeant de la République socialiste soviétique d’Ukraine et premier Président du pays que commence la grande nazification de l’Ukraine, qui va culminer ces dernières décennies avec les réhabilitations de Stepan Bandera et d’autres nationalistes ukrainiens nazis. Parallèlement à ce processus, d’importants investissements sans précédents (de plusieurs milliards d’euros) se réalisaient en Ukraine avec la construction de plusieurs infrastructures dont des dizaines de laboratoires de pointe sous-terrains pour les armes biologiques et chimiques.Dernièrement le président ukrainien n’écartait pas l’acquisition imminente des armes nucléaires. Ce qui ne serait pas du tout difficile pour une Ukraine déjà familiarisée dans le nucléaire pendant l’ère soviétique. Il faudrait ajouter que l’apport de l’Allemagne et des États-Unis dans ces investissements était prépondérant. On comprend aussi aisément l’attitude des moteurs de l’Europe (l’Allemagne et la France), leurs positions dans ce conflit où pour des raisons différentes, convergent néanmoins leurs intérêts dans l’appui des fascistes ukrainiens. D’un côté, un certain revanchisme et de l’autre, la politique africaine de la Russie.
Face à l’attitude arrogante de l’OTAN et sa surdité aux cris de la Russie relatifs à son inquiétant et dangereux élargissement en Europe de l’Est, malgré les promesses faites il y a 30 ans à Mikhaïl Gorbatchev, face à la non-application des accords de Minsk par l’Ukraine pendant huit années, et devant le péril croissant de la militarisation et de la nazification de l’Ukraine qui n’écartait plus l’utilisation de la force pour atteindre ses objectifs, la Russie n’avait plus d’autre choix que d’éviter de commettre les mêmes erreurs commises par Staline en 1940: À savoir, ne pas attendre les bras croisés, puisque le ballet diplomatique n’était plus que des manœuvres en vue de gagner du temps, afin de mieux affiner l’incontournable et imminente agression.
Éventuelle sortie de la crise
Il s’agit pour la Russie de démilitariser et de dénazifier l’Ukraine. Une démilitarisation passerait par une Ukraine neutre avec une garantie internationale, par exemple celle de tous les membres du Conseil de sécurité, la Chine et la Russie incluses. La garantie d’une dénazification nécessiterait non seulement une réorganisation territoriale, administrative et politique, mais aussi, une législation adaptée à la lutte anti nationaliste nazie similaire à celles de la Pologne ou de l’Allemagne par exemple. Quant à la réorganisation politico-administrative, un référendum pourrait être envisagé où de manière explicite, les populations ukrainiennes des régions devraient exprimer leur souveraine volonté pour une Ukraine fédérale dans ses limites territoriales actuelles ou une éventuelle indépendance de celle-ci.Les banques sont confrontées à la dure réalité de devoir « changer ou échouer » que l’Agency Banking est en train de résoudre, pour certaines
Les banques sont confrontées à la dure réalité de devoir « changer ou échouer », l’Agency Banking est la solution. Par Jaime Pinto, directeur régional chez Software Group, Afrique francophone, lusophone et de l’Ouest.
Lorsque les nations, les technologies et les modes de vie changent, les fournisseurs qui survivent sont ceux qui s’adaptent, comme nous le constatons dans le secteur bancaire ouest-africain. Les services bancaires qui excluaient les personnes non bancarisées créent aujourd’hui des opportunités pour les services de télécommunications et les start-ups évoluant dans le domaine financier, car l’inclusion, la commodité et l’accessibilité deviennent les critères de base du secteur des services financiers de la région.
Ainsi, en septembre de l’année dernière, l’application mobile Wave a levé plus de 200 millions de dollars pour développer ses services de transfert d’argent sur son plus grand marché, le Sénégal, et dans d’autres pays, après son lancement en avril en Côte d’Ivoire. Pourtant, ses services de base ne sont pas différents de ceux d’une banque. La différence réside dans la manière dont ces services sont fournis, c’est-à-dire en utilisant le modèle de l’Agency Banking qui consiste à mettre en place des agents dans les zones moins bien desservies, sur des plateformes mobiles.
Les difficultés du secteur bancaire commencent d’abord par leur inaccessibilité, en raison du nombre limité d’agences bancaires concentrées dans les villes, alors que la majorité de la population vit encore dans les zones rurales.
Cette rareté des agences entraîne des coûts beaucoup plus élevés pour les clients, tant en termes de déplacement que de temps. Par exemple, le Cameroun compte environ 2,2 agences bancaires pour 100 000 habitants, alors que 34,6 % de ses adultes possèdent un compte bancaire, soit une moyenne de près de 8 000 clients par agence – à titre de comparaison, la moyenne de l’Union européenne est de 22,3 agences pour 100 000 habitants et moins de 3 500 clients par agence.
Si les clients ne se rendent dans leur agence qu’une fois par mois, cela représente 160 clients desservis chaque jour dans les agences européennes, contre près de 370 par jour dans les agences camerounaises, ce qui signifie que les Camerounais doivent faire face à des files d’attente beaucoup plus longues à la banque, sans compter les longs trajets pour s’y rendre.
Les frais bancaires peuvent également être élevés, et combinés à une efficacité faible en Côte d’Ivoire, où il y a plus d’agences bancaires par personne qu’au Cameroun, avec 4,9 agences pour 100 000 personnes, un transfert instantané d’un compte bancaire à un autre coûte jusqu’à 17 000 CFA (30 $) en frais de transfert, prend jusqu’à trois jours pour arriver, et parfois échoue complètement.
Face à ces inconvénients et ces coûts élevés, seulement 41,3 % des adultes en Côte d’Ivoire possèdent un compte bancaire, et dans de nombreux pays de la région, le total est encore plus bas, par exemple à Madagascar, avec 17,5 %.
Pourtant, les services bancaires ne sont pas universellement impopulaires en Afrique. Au Kenya, 88 % de la population possède un compte bancaire, et à Maurice, 89,8 %, selon l’analyse d’Accuant, spécialiste des documents d’identité.
La différence réside dans les services offerts par leurs banques. Au Kenya, par exemple, les agents bancaires utilisant les solutions d’Agency Banking ont effectué 163 millions de transactions en 2019, soit cinq fois plus que les 30 millions de transactions des agences bancaires classiques en 2012. Celles-ci comprenaient tous les éléments proposés par les opérateurs télécoms et les start-ups, mais sur une base existante de sécurité, de reconnaissance de la marque, de capacité organisationnelle et de licences bancaires permettant aussi de faire de l’épargne.
En outre, des études de la GSMA, qui représente l’industrie mondiale des télécommunications mobile, ont révélé que les réseaux d’agents ont une portée jusqu’à 20 fois supérieure à celle des agences bancaires, et jusqu’à 7 fois supérieure à celle des guichets automatiques. L’IFC indique que les transactions effectuées par les agents coûtent jusqu’à 25 % moins cher que celles effectuées par les agences classiques.
Les systèmes d’Agency Banking ont également transformé le parcours du client. Fidelity Bank Ghana peut désormais intégrer un nouveau client en seulement 5 minutes grâce aux agents.
En tant que fournisseurs de solutions logicielle d’Agency Banking dans toute l’Afrique, nous avons vu bon nombre de ces gains se traduire par une croissance rapide et pérenne – en fait, le modèle d’Agency Banking peut apporter un retour sur investissement de plus de 300 % en l’espace de trois ans. Par exemple, nous avons vu une institution de microfinance multiplier par 15 ses points de vente grâce au lancement d’un réseau d’agents, et une autre multiplier par 7 le volume d’épargne placé chez lui en un an. L‘IFC fait état de transformations similaires, citant l’exemple d’une banque dont 70 % des transactions passent désormais par un réseau d’agents, ce qui réduit les files d’attente et améliore l’expérience des clients.
Les gouvernements ont également recours aux réseaux d’agents et l’Agency Banking pour verser les pensions et autres aides dans des endroits difficiles d’accès. Par ailleurs, le groupe de réflexion CGAP a souligné le rôle « vital » de l’Agency Banking dans la réponse à la crise COVID-19, en garantissant l’accès aux services financiers tout en réduisant l’utilisation des transports et l’affluence dans les agences.
Il est désormais possible de combiner l’Agency Banking avec les services bancaires digitaux basés sur les portefeuille électronique mobile (Wallet), via une plateforme unique et intégrée, afin d’offrir une accessibilité encore plus grande. De même, de nouvelles offres, telles que notre solution d’Agency Banking en mode « gestion externalisé » (Managed Service), offrent un modèle de mise sur le marché plus rapide et plus accessible aux organisations financières de différentes tailles.
Cela signifie que, malgré toute la fanfare entourant les nouvelles applications de services financiers, ce sont les banques qui sont les mieux à même de mobiliser de nouveaux investissements dans l’infrastructure des agents, avec des services plus larges et des gains et une croissance plus rapide. Ainsi, les start-ups lèvent des centaines de millions de dollars et sont appelées « licornes », mais il se pourrait bien que ce soit les banques qui finissent par fournir des services financiers à la majorité, par l’intermédiaire des agents et des solutions d’Agency Banking.
Fin
La force ne doit pas faire le droit, les guerres injustes sont vouées à être perdues.
Josep Borrell Fontelles, haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité et Vice-président de la Commission européenne.
En cette heure sombre, où nous assistons à l’invasion non provoquée et injustifiée de l’Ukraine par la Russie ainsi qu’à des campagnes massives de désinformation et de manipulation de l’information, il est essentiel de séparer les mensonges – inventés pour justifier ce qui ne peut l’être – des faits.
Ce qui est un fait c’est que la Russie, une grande puissance nucléaire, a attaqué et envahi un pays voisin pacifique et démocratique, qui ne l’a ni menacé, ni provoqué. En outre, le président Poutine menace de représailles tout autre État qui viendrait au secours du peuple ukrainien. Un tel usage de la force et de la coercition n’a pas sa place au 21e siècle.
Ce que fait Vladimir Poutine n’est pas seulement une grave violation du droit international, c’est une violation des principes fondamentaux de la coexistence humaine. Avec son choix de ramener la guerre en Europe, nous assistons au retour de la « loi de la jungle » où la force fait loi. Sa cible n’est pas seulement l’Ukraine, mais la sécurité de l’Europe et l’ensemble de l’ordre international fondé sur des règles, basé sur le système des Nations unies et le droit international.
Son agression prend des vies innocentes et foule aux pieds le désir des gens de vivre en paix. Des cibles civiles sont frappées, violant clairement le droit humanitaire international, forçant les gens à fuir. Nous voyons une catastrophe humanitaire se développer. Pendant des mois, nous avons déployé des efforts sans précédent pour parvenir à une solution diplomatique. Mais Poutine a menti à tous ceux qui l’ont rencontré, en prétendant être intéressé par une solution pacifique. Au lieu de cela, il a opté pour une invasion à grande échelle, une guerre totale.
La Russie doit cesser immédiatement ses opérations militaires et se retirer sans condition de tout le territoire de l’Ukraine. Il en va de même pour le Belarus, qui doit immédiatement cesser de participer à cette agression et respecter ses obligations internationales. L’Union européenne est unie pour offrir un soutien déterminé à l’Ukraine et à son peuple. C’est une question de vie ou de mort. Je prépare un paquet d’urgence pour soutenir les forces armées ukrainiennes dans leur combat.
En réponse, la Communauté internationale va maintenant opter pour un isolement complet de la Russie, afin de tenir Poutine pour responsable de cette agression. Nous sanctionnons ceux qui financent la guerre, en paralysant le système bancaire russe et son accès aux marchés internationaux.
L’UE et ses partenaires ont déjà imposé des sanctions massives à la Russie, qui visent ses dirigeants et ses élites ainsi que des secteurs stratégiques de l’économie dirigée par le Kremlin. L’objectif n’est pas de nuire au peuple russe, mais d’affaiblir la capacité du Kremlin à financer cette guerre injuste. Pour ce faire, nous agissons en étroite collaboration avec nos partenaires et alliés – les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, le Japon, la Corée du Sud et l’Australie. De nombreux pays font bloc dans le monde entier pour protéger l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine. Nous sommes ensemble du bon côté de l’histoire face à l’épouvantable agression de la Russie contre un pays libre et souverain.
Pour justifier ses crimes, le Kremlin et ses partisans se sont engagés dans une campagne de désinformation massive, qui a commencé déjà il y a plusieurs semaines. Les médias d’État russes et leur écosystème ont colporté massivement des contre-vérités sur les réseaux sociaux dans le but de tromper et de manipuler les opinions publiques.
Les propagandistes du Kremlin qualifient leur agression d’ »opération spéciale », mais cet euphémisme cynique ne peut cacher le fait que nous assistons à une véritable invasion de l’Ukraine, dans le but d’écraser sa liberté, son gouvernement légitime et ses structures démocratiques. Qualifier le gouvernement de Kiev de « néo-nazi » et de « russophobe » n’a aucun sens: toutes les manifestations de nazisme sont interdites en Ukraine. Dans l’Ukraine moderne, les candidats d’extrême droite sont un phénomène marginal bénéficiant d’un soutien minimal, qui ne leur permet même pas de passer la barre permettant d’entrer au parlement. Le gouvernement ukrainien n’a pas isolé le Donbas et il n’a pas interdit l’utilisation de la langue et de la culture russes. Donetsk et Louhansk ne sont pas des républiques, ce sont des régions ukrainiennes contrôlées par des groupements séparatistes armés et soutenus par la Russie.
Nous le savons – et de nombreux Russes le savent. Des manifestations courageuses ont eu lieu dans les villes de Russie depuis le début de l’invasion, exigeant la fin de l’agression contre une nation voisine pacifique. Nous entendons leurs voix et saluons le courage dont ils font preuve en s’exprimant. Nous voyons également de nombreuses personnalités publiques russes protester contre cette invasion insensée.
Je continue à travailler avec nos partenaires du monde entier pour assurer une réaction conjointe de toute la communauté internationale contre le comportement du Kremlin. Le 25 février, seule la Russie a opposé son veto à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies sur l’agression contre l’Ukraine, la Chine, l’Inde et les Émirats arabes unis s’étant abstenus. Partout dans le monde, les pays condamnent l’action de la Russie, et à l’Assemblée générale, l’ensemble de la communauté internationale doit unir ses forces et contribuer à mettre fin à l’agression militaire de la Russie en adoptant la résolution correspondante des Nations unies.
Avec cette guerre contre l’Ukraine, le monde ne sera plus jamais le même. C’est maintenant, plus que jamais, le moment pour les sociétés et les alliances de se rassembler pour bâtir notre avenir sur la confiance, la justice et la liberté. C’est le moment de se lever et de s’exprimer. La force ne fait pas le droit. Cela n’a jamais été le cas. Et cela ne le sera jamais.
Sommet Afrique-Europe : attention aux fausses promesses !
L’Afrique devrait être fière d’Assimi Goïta, de Choguel Maïga et d’Abdoulaye Diop N’en déplaise à Emmanuel Macron, à François Hollande et aux militaires français, le départ de la force Barkhane du Mali est un échec, une défaite et une humiliation. Une armée digne rentrerait aussitôt chez elle. Goïta et Maïga ne font que continuer le combat commencé par le peuple malien.
Jean-Claude Djéréké
Sociologue et écrivain ivoirienAu 6e sommet Europe-Afrique (17 et 18 février 2022), les Européens ont beaucoup parlé de “partenariat renouvelé”. Que recouvre cette expression ? Selon la Franco-Grecque Chrysoula Zacharopoulou, membre du groupe centriste et libéral Renew, il s’agit d’un “partenariat centré sur les relations humaines, un espace de paix, de prospérité pour nos populations, un espace géostratégique euro-africain qui pèse de tout son poids sur la scène internationale, un partenariat mutuellement bénéfique et respectueux de chacun”.
Mais le lecteur conviendra avec moi que parler de la sorte, c’est admettre implicitement que l’Europe fit, longtemps, preuve d’inhumanité, que la civilisation qu’elle prétendait apporter fut “barbarie, chosification et exploitation de l’homme noir” (Aimé Césaire dans ‘Discours sur le colonialisme’, Paris, Présence Africaine, 1950), qu’elle fut arrogante et belliqueuse, que le contact entre Africains et Européens ne profita qu’aux seconds. Au moment où elle prononçait son discours, Mme Zacharopoulou avait-elle en tête les atrocités commises entre 1885 et 1908 au Congo par l’administration belge du roi Léopold II et révélées pour la première fois en 1896 par le quotidien français ‘La Cocarde’ ? Se rappelait-elle que les “indigènes” congolais étaient massacrés, torturés et soumis à des châtiments corporels (mains et oreilles coupées) et que leurs villages étaient incendiés ou rasés s’ils tentaient de se soustraire au travail forcé, s’ils ne récoltaient pas assez de caoutchouc ? Se remémorait-elle le cacao, le café, le coton et l’arachide des paysans africains achetés à vil prix et les souffrances endurées par les Africains pendant la construction du chemin de fer Congo-Océan ? Probablement. Sinon, elle n’aurait pas souhaité que l’Europe tourne le dos à la brutalité, à la prédation, au mépris et au néocolonialisme qui ne sont pas, selon elle, “les valeurs de l’Europe du 21e siècle”. La députée européenne a ajouté qu’il appartenait désormais à “l’Afrique de formuler ses demandes, de proposer ses solutions et, surtout, de choisir le modèle de développement qu’elle veut pour sa population”.
Promesses non tenues
La condamnation d’un partenariat asymétrique, l’appel à un comportement nouveau et la préconisation d’une relation plus respectueuse, tout cela n’est pas nouveau. L’Europe a toujours promis de changer de méthode et de narratif à propos de l’Afrique mais a rarement tenu ses promesses. Instruits de la mésaventure de Meka dans ‘Le vieux nègre et la médaille’ de Ferdinand Oyono, comment pouvons-nous croire que ses paroles doucereuses ne sont pas un attrape-nigauds ? Cette Europe coutumière de l’hypocrisie, de la duplicité et des volte-face, nous avons du mal à accorder le moindre crédit à ce qu’elle a dit au cours du dernier sommet entre l’Union africaine et l’Union européenne car sa parole est à jamais démonétisée. L’Afrique attend, non pas des paroles mielleuses, mais des actes concrets. Elle attend surtout que Barkhane, Takuba et je ne sais quelle autre force nuisible dégagent du continent. Les Européens reviendront quand nous aurons besoin d’eux. Que chacun reste un peu chez lui !Pourquoi les Européens ont-ils dit des choses auxquelles eux-mêmes ne croient point ? Parce que l’arrivée des Chinois et des Russes sur le continent noir leur fait peur, parce que la Russie et la Chine, qui se gardent de donner des leçons de morale aux Africains et qui sont en faveur d’un partenariat gagnant-gagnant sont en train de leur damer le pion. Bref, ce n’est pas tant parce que l’Europe nous veut du bien mais parce que l’influence grandissante de la Chine et de la Russie en Afrique lui est devenue insupportable.
Dans le but de “reconquérir’ l’Afrique, les beaux discours n’étaient pas suffisants à Bruxelles. L’Europe y promit aussi de mettre la main à la poche. Elle compte “faire don” de 150 milliards d’euros sur une période de 5 ans (de 2022 à 2027). Certains Africains ont immédiatement applaudi, conseillant de ne pas faire la fine bouche car cet argent pourrait, d’après eux, servir à doter nos pays d’infrastructures qui leur font cruellement défaut. Or, si l’on partage équitablement cette somme entre les 54 pays africains, chaque pays africain recevrait 2 milliards et 720 millions d’euros en 5 ans. À l’échelle d’un pays, une telle somme est dérisoire parce que, dans certains pays comme la Côte d’Ivoire, le budget de souveraineté, c’est-à-dire l’argent de poche que s’octroie le Prince par an, équivaut à 700 millions d’euros.
Deuxièmement, les 150 milliards d’euros ne sont pas un don mais un crédit à taux exorbitant, ce qui signifie que les pays bénéficiaires devront rembourser plusieurs fois l’argent reçu. C’est ce qu’un ami appelle «le système de l’étranglement permanent».
En 2015, la Chine a effacé les dettes de la Grèce et du Portugal à hauteur de 200 milliards d’euros. Faut-il rappeler que la Grèce et le Portugal réunis comptent 22 millions d’habitants pendant que 1, 2 milliard de personnes vivaient en Afrique en 2017 ?
Je ne voudrais pas m’attarder davantage sur les discours mensongers de l’Europe. Je voudrais m’intéresser aussi à ceux qui ont représenté l’Afrique et parlé en son nom à ce sommet. Commençons par constater que là où les Européens s’unissent pour nous berner et nous dominer, l’Afrique part toujours en rangs dispersés.Les sièges du Mali, du Burkina et de la Guinée au sommet de Bruxelles n’étaient-ils pas vides ? Pourquoi ces pays ne furent-ils pas invités ? N’est-ce pas parce qu’ils sont accusés d’avoir à leur tête des dirigeants n’étant pas issus d’une élection démocratique ? Or en quoi Dramane Ouattara, Sassou NGuesso, Mahamat Déby et les présidents européens qui les soutiennent et protègent leurs régimes sont-ils démocrates ? Qui peut nous convaincre que les droits de l’homme sont respectés en Côte d’Ivoire, au Congo-Brazzaville et au Tchad ? Pourquoi cette tendance chez certains présidents africains à isoler et à combattre ceux d’entre eux que l’Europe trouve “infréquentables” ?
Comment peuvent-ils sanctionner un pays pour déficit de démocratie alors qu’eux-mêmes sont loin d’être exemplaires dans ce domaine ? Pourquoi cherchent-ils toujours à plaire à l’Occident ? Quand comprendront-ils que c’est la solidarité qui rend solides un continent et des peuples ? Ils se réclament de l’Union africaine mais ne sont ni unis, ni malheureux de participer à une rencontre avec l’Union européenne sans le Mali, le Burkina et la Guinée. Aujourd’hui, ces 3 pays sont mis au ban de la fameuse “communauté internationale”, exclus de la Cédéao comme ces lépreux d’Israël obligés de passer loin des villages en criant “impurs, impurs” au temps de Jésus pendant que les Européens se solidarisent, se mettent ensemble, y compris pour nous détruire car tel a toujours été leur objectif.
Bons exemples
Mais il serait erroné de penser que tous les Africains sont à la solde de l’Occident. En demandant à la France de quitter le Mali illico presto, le gouvernement malien a montré qu’on peut être une jeune nation et refuser d’être piétinée. L’Afrique devrait être fière d’Assimi Goïta, de Choguel Maïga et d’Abdoulaye Diop N’en déplaise à Emmanuel Macron, à François Hollande et aux militaires français, le départ de la force Barkhane du Mali est un échec, une défaite et une humiliation. Une armée digne rentrerait aussitôt chez elle. Goïta et Maïga ne font que continuer le combat commencé par le peuple malien.Celui-ci avait pris la rue, des semaines durant, contre Ibrahim Boubacar Keïta dont le régime était accusé d’incompétence et de corruption. Ne nous contentons donc pas de féliciter les Maliens. Nous devons nous soulever contre la France et ses valets dans les autres pays africains. Nous devons agir en même temps que les Maliens. En un mot, c’est de manière concomittante que doit être menée la lutte pour la vraie indépendance. Ousmane Sonko, qui est engagé dans ce combat, n’a pas tardé à remplacer les noms français des rues de Ziguinchor par des noms africains. Ce faisant, le nouveau maire de la capitale casamançaise prouve que l’Afrique peut écrire une nouvelle page de son histoire.
Le synode convoqué par le pape abordera-t-il les vrais problèmes des Églises d’Afrique ?
Lorsque certains prêtres osent se lâcher, ils ne disent pas seulement comment ils sont piétinés et humiliés (d’anciens curés qui, du jour au lendemain, deviennent vicaires de jeunes qu’ils ont fait entrer au petit séminaire ou se retrouvent sans aucune charge dans la paroisse). Ils parlent aussi d’églises ou de chapelles jamais construites mais dont l’argent donné par Missio ou Misereor (deux organismes catholiques allemands) a été empoché par l’évêque. Les prêtres et laïcs du Gabon, du Burundi, du Cameroun, des deux Congo, de Centrafrique, de Guinée, du Tchad, du Togo, du Bénin, du Sénégal pourraient formuler les mêmes critiques.
Sociologue et écrivain ivoirien.
Jean-Claude Djéréké Un évêque ivoirien, à qui le président de la République avait offert 2 véhicules 4×4 pour lui permettre de visiter les paroisses et fidèles de son vaste diocèse, les emporta avec lui le jour où il rejoignit le diocèse où il fut transféré 5 ans plus tard. Ce nouveau diocèse était pourtant plus riche que le premier. Un autre évêque reçut un jour la visite du même chef de l’État. Celui-ci était accompagné d’un parent. Lorsque le président lui demanda ce qu’il pouvait faire pour son diocèse, l’ordinaire du lieu proposa qu’on construise un centre culturel dans son village.
Le président répondit qu’il allait réfléchir à cette requête. Dans la voiture qui le ramenait dans la capitale, il se confia à celui qui l’accompagnait en ces termes: “Je ne comprends pas les évêques d’aujourd’hui. Je veux apporter une petite aide financière au diocèse parce que beaucoup de prêtres mènent une vie tellement difficile qu’ils sont obligés d’aller en famille quand ils sont malades. L’évêque, à qui nous avons rendu visite hier, je lui demande comment je pourrais aider le diocèse dont il a la charge et tout ce qu’il trouve à me dire, c’est que je construise un centre culturel dans son village qui est situé dans un autre diocèse du pays.
Les missionnaires blancs se comportaient-ils de la sorte quand ils étaient là ? Est-on évêque pour son village ou bien pour l’endroit où on a été affecté ? Si un évêque doit partir avec le matériel du diocèse, de quels moyens son successeur disposera-t-il pour faire son travail ? L’Église peut-elle critiquer l’argent public détourné par les politiciens si ceux qui la dirigent ne sont pas eux-mêmes exemplaires, si leur obsession est de construire dans leur village une maison pour leurs vieux jours avec les maigres ressources du diocèse ?” Son compagnon avait été, lui aussi, choqué par la réaction de “Monseigneur”. I
l se contenta d’ajouter: “Mon frère, on a l’impression que l’épiscopat est devenu un business pour certains prélats qui préfèrent vivre seuls dans un luxueux palais au lieu d’habiter avec leurs prêtres sous le même toit. J’ai appris que, dans certains diocèses, l’évêque est le seul à gérer les finances. Autrement dit, il n’y a pas d’économe diocésain et, quand il y en a un, celui-ci n’a pas toujours l’autorité nécessaire pour s’opposer aux dépenses extravagantes de l’évêque. Je ne crois pas que la génération qui fut nommée dans les années 60 et 70 ait fait mieux car, si le catholique Houphouët fut fort généreux avec les évêques, combien d’entre eux ont-ils laissé une maison de retraite pour les prêtres malades et âgés comme la Maison Marie-Thérèse dans l’archidiocèse de Paris? Combien de prêtres bénéficient-ils d’une assurance-maladie ?”
Eglises et chapelles
Lorsque certains prêtres osent se lâcher, ils ne disent pas seulement comment ils sont piétinés et humiliés (d’anciens curés qui, du jour au lendemain, deviennent vicaires de jeunes qu’ils ont fait entrer au petit séminaire ou se retrouvent sans aucune charge dans la paroisse). Ils parlent aussi d’églises ou de chapelles jamais construites mais dont l’argent donné par Missio ou Misereor (deux organismes catholiques allemands) a été empoché par l’évêque. Les prêtres et laïcs du Gabon, du Burundi, du Cameroun, des deux Congo, de Centrafrique, de Guinée, du Tchad, du Togo, du Bénin, du Sénégal pourraient formuler les mêmes critiques.Tous seraient d’accord pour admettre que les abus et dérives de certains “princes de l’Église” fragilisent et discréditent le Corps du Christ. Mais le fait que ces pratiques peu catholiques ne soient pas nouvelles ne signifie pas que l’on devrait continuer à les tolérer. Le pape François les a résumées en un mot (“cléricalisme”) et les a régulièrement fustigées. Par exemple, pendant son séjour au Mozambique et à Madagascar (début septembre 2019), le successeur de Pierre présente le cléricalisme comme une “véritable perversion dans l’Église, où le pasteur se met toujours devant les fidèles et punit d’excommunication ceux qui s’écartent”. Il ajoute : “Le cléricalisme condamne, sépare, frustre, méprise le peuple de Dieu.”
Le 6 février 2022, le pape argentin revient à la charge, expliquant que le cléricalisme est à la source des “abus sexuels, abus de pouvoir et de conscience”, qu’il “crée la rigidité et que, sous chaque type de rigidité, il y a de la pourriture. Toujours”. Mais d’où vient ce cléricalisme qui n’a rien à voir avec l’Évangile ? Pourquoi certains évêques se permettent-ils toutes sortes de plaisirs tout en étant extrêmement durs avec les autres (prêtres et laïcs) ? Pour le premier pape jésuite, le cléricalisme rigide cache souvent de “graves problèmes, de profonds déséquilibres et des problèmes moraux”. Il ajoute: “Nous nous concentrons sur le sexe et nous ne donnons pas de poids à l’injustice sociale, à la calomnie, aux commérages, aux mensonges. L’Église a aujourd’hui besoin d’une conversion profonde sur cet aspect.”
Conversion
Le synode sur l’Église et la synodalité convoqué par le pape en 2022 pourrait permettre cette conversion, à condition que clercs et laïcs sachent bien de quoi il s’agit quand on parle de synode. Le terme “synode” est composé de “sun” et de “odos”, 2 mots grecs qui signifient “marcher ensemble” ou “faire route ensemble”. La synodalité signifie donc que tous les baptisés (clercs et laïcs) ont un rôle à jouer dans la bonne marche de l’Église parce que “l’Église n’est pas fondée vraiment, elle ne vit pas vraiment, elle n’est pas le signe parfait du Christ parmi les hommes si un laïcat authentique n’existe pas et ne travaille pas avec la hiérarchie” (cf. Ad Gentes, décret sur l’activité missionnaire de l’Église, 7 décembre 1965, n°21), parce que les laïcs “sont coresponsables de l’être et de l’agir de l’Église” (Benoît XVI à l’ouverture du Congrès ecclésial du diocèse de Rome, le 26 mai 2009), parce que “la visibilité et la sacramentalité de l’Église appartiennent à tout le peuple fidèle de Dieu et pas seulement à quelques personnes élues et éclairées” (Discours du pape François lors de la rencontre avec les évêques chiliens, le 16 janvier 2018).Marche ensemble
Mais clercs et laïcs ne sont pas seuls dans cette “marche ensemble”. Jésus, leur Maître et Seigneur, les précède et les accompagne sur cette route comme jadis il accompagnait les disciples d’Emmaüs abattus et découragés après sa mort. S’ils croient que ce Jésus est la vérité (Jn 14, 6), qu’il est venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité (Jn 18, 37) et que la vérité affranchit (Jn 8, 32), alors il faudra qu’ils se parlent en toute franchise dans les mouvements et communautés ecclésiales de base, dans les paroisses et diocèses, que tous les problèmes parmi lesquels “le cléricalisme rigide” soient mis sur la table et qu’on puisse en débattre sans langue de bois, que toute l’Église ait le courage de se remettre en cause, de reconnaître ses erreurs et manquements, de se demander ce qu’elle a fait du prophétisme, de la défense de la veuve et de l’orphelin, etc.Au moment où l’Afrique francophone (Centrafrique, Mali, Burkina Faso, Guinée, etc.) lutte pour s’extirper des griffes de la France, le synode ne peut pas ne pas interroger la part prise par l’Église dans ce combat vital. Le faire, c’est se souvenir que la première expérience que les fils d’Israël font de Dieu est celle de la libération, du passage de l’esclavage à la liberté. C’est plus tard que les Hébreux prennent conscience du Dieu qui a créé le ciel, la terre et tout ce qui s’y trouve. Le synode devra se poser la question : De quoi Dieu libère-t-il l’Afrique aujourd’hui? De quel esclavage nous affranchit-il ?
Tribune conjointe du Président du Sénégal Macky Sall et du Président du Conseil Européen Charles Michel
Les 17 et 18 février prochains, les chefs d’État ou de gouvernement de l’Union africaine et de l’Union européenne se réuniront en sommet à Bruxelles. Le dernier sommet UA-UE s’est tenu il y a plus de quatre ans, en novembre 2017, à Abidjan.
Macky Sall La pandémie est évidemment l’une des raisons qui expliquent le temps qui s’est écoulé depuis notre dernière rencontre. Sa survenue renforce d’autant plus la dimension exceptionnelle que nous voulons, de part et d’autre, donner à ce sommet. L’objectif n’est rien moins que d’établir ensemble les bases d’un partenariat renouvelé entre nos deux continents, un nouvel élan dont l’idée est en gestation depuis un certain temps déjà. La croissance, la prospérité partagée et la stabilité sont les grands objectifs de ce partenariat. Notre sommet reposera sur deux principes fondateurs.
Respect et valeurs
Nos deux continents et leurs peuples partagent une proximité géographique, des langues et des liens humains et économiques. La paix et la sécurité de nos deux continents sont interdépendantes. Voilà pourquoi le premier principe fondateur doit être le respect. Le futur nous demande d’accepter et de respecter nos différences.Le second principe fondateur, ce sont les droits et les valeurs que sont la dignité, la liberté et la solidarité, exercés dans le cadre de l’état de droit et de la bonne gouvernance. Sur ce terrain commun, nous pouvons chaque jour apprendre les uns des autres.
Enfin, notre projet repose sur des intérêts communs. Une Afrique prospère, stable, sûre et durable, en pleine possession de ses moyens pour affronter tous les défis de l’avenir en est le cœur.Un partenariat pour la prospérité
Un partenariat postule l’échange et le partage. Chacun de nos deux continents dispose de possibilités gigantesques à mettre au profit de ce projet commun.L’UE apportera des capacités d’investissements publics et privés, ainsi qu’un savoir-faire en matière d’infrastructures et de technologies vertes, qui sont essentielles pour notre combat commun contre le changement climatique et la transformation des économies africaines.
L’Afrique dispose d’importantes ressources naturelles, d’une population jeune et dynamique qui ne demande qu’à être mobilisée, et de capacités d’innovation et d’inventivité impressionnantes.
Elle a aussi besoin d’un meilleur accès aux ressources, y compris par la réallocation des droits de tirage spéciaux sur une base volontaire, pour financer ses énormes besoins de développement économique et social.
Dans le même esprit, une initiative pour l’allègement de la dette des pays pauvres est souhaitable pour soutenir les efforts de résilience et de relance des pays africains.
Nous lançons également un appel en faveur d’une transition énergétique juste et équitable tenant compte des besoins spécifiques de l’Afrique, notamment pour son industrialisation et l’accès universel à l’électricité. Nous rappelons que plus de 600 millions d’Africains restent encore sans accès à l’électricité.
Un partenariat pour la stabilité
Notre partenariat renforcé mettra aussi la paix et la sécurité au cœur de ses priorités. Les menaces sont de plus en plus transnationales et de plus en plus complexes. Nous y sommes tous confrontés, quelles que soient leurs formes, y compris les cyberattaques et les attaques hybrides.Ces menaces communes nous appellent à continuer à y faire face ensemble, y compris en Afrique, en particulier dans la lutte contre le terrorisme.
Il nous faut poursuivre ensemble la réflexion, sous l’égide de l’Union africaine et de l’Union européenne, pour une meilleure coordination de nos efforts dans cette lutte solidaire contre un ennemi commun. Faire face à ce défi majeur requiert de partir des causes profondes, l’instabilité et la radicalisation, pour aller jusqu’à la résolution durable des crises et à la construction d’une paix réelle et durable.
L’épreuve de la pandémie
La pandémie a mis en évidence nos vulnérabilités communes, notre interdépendance et donc la nécessité d’agir ensemble et de façon concertée pour y faire face et mieux nous préparer aux éventuelles crises sanitaires dans le futur. La lutte contre la COVID-19 reste une priorité immédiate.L’Europe s’est investie depuis le début pour organiser et financer la solidarité internationale en matière de vaccins, en particulier au travers de l’initiative COVAX. L’UE et ses États membres ont à ce jour donné près de 400 millions de doses dans le monde entier, dont plus de 85 % via COVAX.
Charles Michel Avec près de 130 millions de doses livrées en l’Afrique, l’UE est l’un des plus grands donateurs sur le continent. L’UE renforce aussi son soutien pour l’administration des doses, car avec l’augmentation de l’approvisionnement, le plus grand défi sera la mise en place des plans vaccinaux.
Au-delà de la solidarité relative au don de vaccins, le défi que nous devons relever ensemble est aussi celui de la production de vaccins et d’autres produits médicaux et pharmaceutiques en Afrique pour satisfaire les besoins essentiels du continent. Nous saluons et soutenons les projets déjà en cours sur le continent.
L’essentiel est d’adopter une approche concrète: identifier les obstacles, les freins aux livraisons, au stockage et à l’administration des doses, et y remédier; ainsi que, bien sûr, accélérer la mise en place des capacités locales de production des vaccins en Afrique, par l’Afrique et pour l’Afrique.
Enfin, nous sommes convaincus que la solidarité internationale en matière de pandémies et de grandes crises sanitaires doit être organisée de manière globale, multisectorielle et inclusive. Nous avons lancé et activement promu l’idée d’un traité international sur les pandémies. Ces efforts conjoints des Européens et des Africains ont abouti à la décision récente de l’Assemblée mondiale de la Santé d’ouvrir les négociations sur ce projet de traité, dont la conclusion est prévue pour mars 2024.
Un arc de paix
Nous voyons grandir dans notre monde les risques de confrontation entre blocs. Face à cette tendance inquiétante, nous avons la conviction que l’Afrique et l’Europe peuvent travailler ensemble à l’avènement d’un monde meilleur et plus sûr pour tous, en privilégiant le dialogue et la coopération dans le respect mutuel.C’est dans cet esprit et avec ces objectifs que nous nous apprêtons, Africains et Européens, à nous retrousser les manches pour travailler à un avenir commun enthousiasmant.
Un demi-siècle pour “Main basse sur le Cameroun”
Quand je vois le délabrement de la plupart des pays dits francophones, quand je vois la misère qui clochardise et déshumanise chaque jour des milliers de personnes dans les villes et villages malgré nos nombreuses ressources naturelles, quand je vois la multiplication des bases militaires françaises sur le sol africain, quand je vois le soutien de Paris à certains dictateurs et violeurs de Constitutions, je me dis que MBC reste d’actualité et que la jeunesse africaine gagnerait à lire cet ouvrage majeur de la littérature africaine.
Sociologue et écrivain ivoirien.
“Main basse sur le Cameroun. Autopsie d’une décolonisation” (MBC) d’Alexandre Biyidi alias Mongo Beti aura 50 ans, cette année. À l’occasion de cet anniversaire, que peut-on dire? D’abord, que l’auteur écrivit cet ouvrage parce qu’il se sentait coupable de vivre loin du pays, de ne pas être dans le maquis avec ceux qui menaient le combat contre la mainmise de la France sur ses anciennes colonies, ensuite que l’ouvrage édité par François Maspero fut immédiatement interdit en 1972 par Raymond Marcellin, le ministre de l’Intérieur français d’alors, à la demande de Ferdinand Oyono, ambassadeur du Cameroun en France, ce qui est un double paradoxe.
Pourquoi? Parce que F. Oyono était l’auteur du roman “Le vieux nègre et la médaille” où, après que Nti eut affirmé que les Noirs ne devraient pas “s’étonner de ce qui nous vient des Blancs”, l’assistance répond: “le chimpanzé n’est pas le frère du gorille”, ce que l’on pourrait traduire par l’amitié entre Blancs et Noirs n’existe pas, d’une part et parce que la France est quand même le pays où fut adoptée le 10 décembre 1948 la Déclaration universelle des droits de l’homme qui reconnaît à toute personne la liberté d’opinion et d’expression (article 19), d’autre part. L’interdiction, qui ne sera levée qu’en 1976, non seulement mettait la France en porte-à-faux avec un texte auquel elle avait librement souscrit, mais illustrait le fait que la France continuait de faire la loi dans des pays dont elle était censée être partie en 1960.
Mais qu’est-ce qui était si dérangeant dans l’ouvrage de Mongo Beti pour qu’il fût censuré? La première chose qu’il importe de savoir, c’est que MBC dévoile ce qui s’est passé avant et pendant le procès politique d’Ernest Ouandié, le dernier leader historique de l’Union des populations du Cameroun (UPC) et de Mgr Albert Ndongmo, évêque de Nkongsamba. On y découvre comment Ahidjo a été imposé par les Français à la tête du Cameroun. On y apprend que des dirigeants de l’opposition sont détenus au secret pendant plus de quatre mois sous de fallacieux chefs d’inculpation, qu’ils sont drogués et torturés.
On y voit comment des accusés sont diabolisés et condamnés avant même que leur crime ne soit établi, comment d’éminentes personnalités occidentales se disqualifient en soutenant un dictateur. L’ouvrage parle aussi de l’exécution sur la place publique d’E. Ouandié et de ses compagnons au terme d’une parodie de procès. Tous ces faits conduisent Mongo Beti à soutenir que les indépendances en Afrique francophone sont une vaste tromperie, que Charles de Gaulle a octroyé des indépendances nominales aux Africains parce que son pays avait toujours besoin de leurs matières premières.
Quand je vois le délabrement de la plupart des pays dits francophones, quand je vois la misère qui clochardise et déshumanise chaque jour des milliers de personnes dans les villes et villages malgré nos nombreuses ressources naturelles, quand je vois la multiplication des bases militaires françaises sur le sol africain, quand je vois le soutien de Paris à certains dictateurs et violeurs de Constitutions, je me dis que MBC reste d’actualité et que la jeunesse africaine gagnerait à lire cet ouvrage majeur de la littérature africaine.
Évidemment, Mongo Beti est contre ces pseudo-indépendances. Mais ce qui l’exaspère le plus, c’est le deux poids, deux mesures de la presse occidentale. Il ne comprend pas que cette dernière, si prompte à ruer dans les brancards quand les droits de l’homme sont bafoués en Amérique latine, se taise sur la situation des pays africains, qu’elle ne dise rien sur le procès de Ouandié. Il ne comprend pas non plus que, “quand il s’agit de l’Afrique noire, les clivages gauche/droite, libéraux/conservateurs deviennent brusquement caducs en France pour faire place à un complexe obscur, mélange inquiétant de paternalisme paranoïaque et de sadomasochisme, qui doit servir de fond à tous les crimes passionnels” (Mongo Beti, préface à l’édition de 1977, p. 37).
Actualité
50 ans après la parution de cet essai qui décrit très bien les mécanismes de maintien de tout un pays sous l’emprise d’un individu, les conditions de vie et de travail des Camerounais se sont-elles améliorées? Les Africains vivent-ils mieux? Bref, les maux dénoncés par l’insoumis Mongo Beti ont-ils disparu? L’honnêteté m’oblige à répondre par la négative. Quand je vois le délabrement de la plupart des pays dits francophones, quand je vois la misère qui clochardise et déshumanise chaque jour des milliers de personnes dans les villes et villages malgré nos nombreuses ressources naturelles, quand je vois la multiplication des bases militaires françaises sur le sol africain, quand je vois le soutien de Paris à certains dictateurs et violeurs de Constitutions, je me dis que MBC reste d’actualité et que la jeunesse africaine gagnerait à lire cet ouvrage majeur de la littérature africaine.L’Africain qui ose attaquer le néocolonialisme français est vite taxé d’ingratitude et de haine envers la France. Traitera-t-on de la même manière les Français qui ne supportent plus la politique criminelle et prédatrice de leur pays en Afrique et ailleurs? Le 2 février 2022, à la tribune du Parlement français, Sébastien Nadot déclarait ceci: «La politique extérieure de la France est dans l’égarement. Depuis plusieurs années, partout, notre pays se comporte de manière arrogante et belliqueuse. Du Yémen à l’Éthiopie, de la Birmanie au Sahel, du Haut Karabakh à la Libye, notre pays arme très fréquemment le bras de la mort».
Les laquais et caniches de la France en Afrique, ceux et celles qui croient que parler et manger avec Macron est un honneur, ceux qui volèrent au secours d’une France en perte de vitesse à Montpellier le 8 octobre 2021, que pensent-ils de ces paroles lucides et véridiques? Diront-ils que le député toulousain a été acheté par la Russie ou qu’il est manipulé par les Africains ? Parleront-ils, comme Marine Le Pen, Éric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan, d’une humiliation de la France par le Mali parce que l’ambassadeur français fut sommé de quitter le pays dans les 72 h? Ceux qui pensent que le Mali a humilié la France en expulsant Joël Meyer rappellent volontiers que 53 Français sont morts dans la lutte contre les djihadistes mais qu’est-ce que 53 soldats à côté des milliers d’Africains morts pour la libération de la France occupée et malmenée par Adolf Hitler? Et puis, s’ils sont si fâchés, pourquoi ne demandent-ils pas à leur président de fermer toutes les bases militaires françaises en Afrique et de faire rentrer les militaires français chez eux? En tout cas, l’Afrique ne s’en porterait que mieux et aucun Africain sérieux et digne ne regretterait leur départ.
Combattant
Je suis certain que Mongo Beti soutiendrait les courageux fils du Mali et qu’il inviterait les autres pays africains à leur emboîter le pas car «la coopération franco-africaine, c’est l’introduction en Afrique de ce que l’on a appelé ailleurs la république bananière». Constater que l’Afrique ne fut pas décolonisée en 1960 ne signifie pas que Mongo Beti est un afro-pessimiste. Pour lui, toutes les chances du continent noir demeurent intactes. Pour lui, l’Afrique peut rebondir, peut renaître, à condition que les Africains aillent au combat en faisant preuve d’intelligence, de ruse, de détermination et de fermeté comme Assimi Goïta et Choguel Maïga.Certes, il n’eut pas l’occasion de prendre le maquis, mais il n’en a pas moins combattu la Françafrique en utilisant sa plume. Avec “Main basse sur le Cameroun”, un vrai chef d’œuvre, Mongo Beti peut être considéré comme l’un des combattants de la justice de la première heure. Il aurait pu faire comme Ferdinand Oyono, c’est-à-dire profiter du régime Biya, le soutenir envers et contre tout, mais cet esprit rebelle voyait plus grand que l’ethnie. Il n’y avait ni complaisance ni ambiguïté chez lui dans ce domaine. Il ne s’exprimait pas en tant que béti mais en tant que Camerounais, en tant qu’Africain révolté par la situation d’un continent dominé et exploité par des gens qui peut-être ne sont ni meilleurs ni pires mais qui ne savent pas s’arrêter, pour reprendre une idée de Marcel Amondji, et c’est cette qualité qui me séduit le plus chez lui.
«Le ministre pose, maladroitement, le problème du paradoxe du diplôme sans travail»
Tous s’attaquent à «l’homo politicus» (Pr. Bokagné); à son nomadisme et à son recyclage politiques; à sa reconversion professionnelle; à sa personne et à son personnage politique. Ce faisant, ils nous éloignent du vrai problème, celui du chômage endémique des diplômés des Humanités (arts, lettres, sciences humaines et sociales) dans les universités camerounaises.
Le conseiller d’orientation et psychosociologue s’insurge contre les critiques du Pr Wassouni, universitaire; du Pr Bokagné, chef de département d’histoire géographie à l’Université de Yaoundé I; et de Pierre Nka, journaliste. Ces derniers ont pris position contre une récente sortie du ministre Issa Tchiroma Bakary au sujet de la formation professionnelle.
Joseph Bomda, Ph D Lors d’une visite à Douala le 31 janvier 2022, Canal2 international, une chaîne de télévision privée camerounaise, a rapporté les propos du ministre qui déclarait: «vous envoyez vos enfants dans des facultés qui forment des gens qui ne travailleront jamais [murmures et rires dans la salle]. Vous envoyez les enfants dans des facultés d’histoire-géo. Je n’ai rien contre. Mais si vous envoyez vos enfants, aujourd’hui, ils vont vous rapporter une maîtrise en histoire géo ou en lettres grecques ou modernes [rires dans la salle] ou en lettres allemandes [rires dans la salle]. Ils viendront avec ces diplômes-là. Ils ne travailleront jamais [en cœur une personne dans la salle], jamais ! Pourquoi donc dépenser de l’argent pour rien? Il est préférable d’envoyer ces enfants-là dans des centres de formation où ils seront des carreleurs. Nous avons besoin des mécatroniciens».
Pr. Wassouni «pense que [cette] sortie du ministre Issa Tchiroma est d’une impertinence légendaire et fâcheuse». Pour lui, c’est une forme de «critiques des plus archaïques et des plus honteuses». Et d’insister: les propos du Ministre «sont fort curieusement impertinents et étonnants». «Un Cameroun « civilisé », fort et qui puisse comprendre et défendre pertinemment sa place et ses intérêts dans le monde» serait impossible «en fabriquant et en posant les carreaux ou en réparant une roue d’un véhicule».
Pr. Bokagné, pour sa part, parle de «propos indigeste»; de «Errare humanum est (Il est de l’humaine nature d’errer)»; «monumentale crétinerie». Comme «tout le monde», «au détour de quelque envie de braire», tout un ministre de la République «peut [aussi] arriver à en dire une ânerie». Son «ignorance des débouchés – et possibilités – professionnelles de formation en histoire-géographie» est marquée par «un pédantisme aussi insultant» que «inquiétant pour ceux qui assurent ces formations».
La «déconcertante légèreté» du ministre lui vaut de la part du chef de département, une leçon sur «l’arythmétique»; le rappel du nombre d’estropiés de nos villes du fait des moto-taximan; les débouchés; les politiques éducatives; etc. «Si les humanités produisent du chômage, peu importe la proportion, alors que ceux qui les ont introduites et validées les suppriment». Pr. Bokagné, enseignant par ailleurs, n’est responsable de rien, dit-il. Il est aussi victime de la «même incurie qui a abouti à ce que [le ministre] dénonce à l’histoire-géographie alors qu’il est responsable chargé – avec d’autres – de rationnellement penser l’orientation professionnelle de millions de jeunes».
Enfin, pour Pr. Bokagné, «l’essentiel des problèmes sociaux – le chômage n’en est qu’un parmi d’autres – est causé, non par les offres formatrices, mais par les gestions des politiques. Et des gestionnaires douteux …, « ces vilains Tchiromas » [qui] « dans leurs bureaux pensent mal »».
Pierre Nka quant à lui nous fait savoir que le ministre «semble coupé du monde et du gouvernement dans lequel il est». Poursuit-il, l’histoire du Cameroun est à écrire et le ministre a failli à son devoir de «solidarité gouvernementale». Il «veut détourner la jeunesse camerounaise».
Déception
Les trois contradicteurs du ministre, comme bien d’autres par ailleurs, vont par la suite, chacun à sa manière, nous vanter les mérites de l’histoire, de la géographie; bref des sciences humaines et sociales. Paradoxalement, à aucun moment, en dehors de la théorie qui conforte le caractère élitiste et potentiellement embourgeoisant pour les chanceux de ces filières d’études qui pourraient obtenir un emploi dans un pays en friche, aucun n’apporte de statistiques sur leur incidence sur l’employabilité au Cameroun. Tous s’attaquent à «l’homo politicus» (Pr. Bokagné); à son nomadisme et à son recyclage politiques; à sa reconversion professionnelle; à sa personne et à son personnage politique. Ce faisant, ils nous éloignent du vrai problème, celui du chômage endémique des diplômés des Humanités (arts, lettres, sciences humaines et sociales) dans les universités camerounaises.Le lecteur que je suis, habitué des questions d’orientation scolaire et professionnelle et de la problématique de la transition des études vers le marché de l’emploi, en sort peiné, meurtri de voir des universitaires et le journaliste, éclaireurs supposés de la société, essayer de tronquer les faits au moyen des arguments nombrilistes et ad hominem.
Certes le ministre a été excessif. Le «jamais et la «Faculté d’Histoire-Géographie» en disent long. D’une part, on ne dit jamais jamais et, d’autre part, il n’existe pas de Faculté d’Histoire-Géographie au Cameroun. Plus encore, le ministre aurait dû recourir aux données de l’Observatoire national de l’Emploi et de la Formation professionnelle (ONEFOP) ou du Fonds national de l’Emploi (FNE), dont il a la charge, ou de celles de l’Observatoire des Métiers de l’Enseignement supérieur (OMDES) et de l’Institut national de la Statistique (INS). Le ministère de l’Enseignement supérieur a, par ailleurs, conduit une enquête globale sur l’insertion des diplômés de l’enseignement supérieur qui aurait pu tout être capitalisée.
Cependant, est-ce pour autant que le ministre n’est pas vrai dans son propos? Quel problème pose-t-il? En quoi les échanges entre le ministre, les Universitaires et le Journaliste pourraient être utiles pour le Cameroun qui appelle de tous ses vœux un développement réel, effectif et non plus uniquement dans des discours et les théories pompeux?
Sans avoir été mandaté par quiconque, l’apprenti intellectuel que je suis souhaite ici contribuer au débat. J’ose croire que Pr. Wassouni et Pr. Bokagné ne sont pas de ces aînés intellectuels universitaires camerounais qui aiment les arguments d’autorité. Pierre Nka non plus. Qu’importe, la science s’embarrasse peu des émotions. Seuls les arguments comptent même si les «enveloppes» socioculturelles sont souhaitables.
Messieurs,
Pour abonder dans le sens du ministre, «Si on ne sait pas, il vaut mieux se taire plutôt que de dire des choses dont l’impertinence donne à réfléchir». Pr. Wassouni, ce sont vos mots, pas les miens! «La honte sans pareil» (Pr. Wassouni) que vous lisez chez le ministre cache malheureusement la vôtre. On attend de vous, éclaireurs de la société, mieux qu’un argumentaire nombriliste et ad hominem. Allons au-delà du «premier degré» (Pr. Bokagné), du manifeste, et questionnons le latent du propos du ministre en nous écartant de la posture victimaire. Quand je t’accuse, je m’accuse aussi pour qu’ensemble nous trouvions la solution à notre différend. Cependant, pour y arriver, nous devons chacun pouvoir dépasser nos égos et penser au-delà de la crainte de perdre ce qui nous particularise.
Pour votre gouverne chers Messieurs, le ministre pose, maladroitement certes, le problème du paradoxe du diplôme sans travail, de l’instruction sans fonction, de l’éducation sans emploi au Cameroun. Voilà la triste réalité qu’il regrette et que tout camerounais sérieux devrait tout aussi regretter au regard du nombre sans cesse croissant de diplômés qui, ayant polarisés sur plusieurs années l’essentiel des dépenses familiales dans des ménages majoritairement pauvres, rentrent sous le toit familial continuer à vivre un statut d’enfant à l’âge adulte. C’est là le problème ! Je veux dire, le mal être des parents qui découvrent des années après l’improductivité des dépenses et autres investissements scolaires parce que leur progéniture ne peut accéder à la fonction publique qui attire 2 jeunes sur trois.
Puma et Coq Sportif, la symbolique de l’identité «Lions indomptables» dans le choix des équipementiers
Claver Étoundi La présente réflexion pourrait poser les jalons de la création à l’avenir d’un équipementier «THE LION’S», en adéquation avec notre histoire, nos valeurs, notre culture, véritables référents identitaires.
Le chercheur et sémio-stratège de la Communication jette un regard critique sur les choix des équipementiers des Lions indomptables et met en avant une formule censée être le bon compromis pour le football camerounais.
Le symbole fait partie des caractéristiques essentielles d’un signe. Dans les approches piercienne et Saussurienne, signifiant, signifié, representamen et interprétant sont des dualités consubstantielles au décryptage des codes et des éléments de langage. Tout est signe, en fonction du contexte. Aussi bien en politique que dans le sport, plusieurs isotopies sont inhérentes au sème Lion.
Le symbole ou le trait sémique additionnel au susbtantif «indomptable» renverrait contextuellement à des qualités précises ou à des valeurs telles le courage, la force, la majesté, la détermination, la royauté, l’engagement, la loyauté, la vélocité, la robustesse, la pugnacité, le respect, le succès. Il est donc important de s’accrocher à ces valeurs caractérielles et caractéristiques de notre identité commune. Cette identité qui fait ou bâtit notre réputation, notre notoriété, notre fierté, notre identité. Tout en suscitant in extenso, respect, admiration, crainte.
Puma
Le Puma, carnassier vorace est un référent analogue au Lion, roi de la forêt. Puma SE est un célèbre fabricant allemand mondial de chaussures de sport et d’autres produits de sportswear fondé en 1924 par Adolf et Rudolf Dassler. Basé à Herzogenaurach, en Bavière. La marque Puma est l’une des marques les plus reconnues dans le monde. Elle est synonyme de l’élégance, de la vogue et du sport. Elle parraine plus de 30 équipes de football nationales dans cinq différentes confédérations de la FIFA. Une des caractéristiques clés du succès phénoménal de Puma est son logo incroyablement efficace. Le symbole Puma est connu pour son approche minimaliste, sa simplicité, sa puissance et son efficacité sur tous les angles. Le symbole Puma a été introduit en 1948. Depuis sa création, il n’a pas connu de changement. Le symbole se compose d’une image d’un Puma bondissant qui est un gros félin américain ressemblant à un lion et qui vit dans les montagnes. Inégalé dans la grâce et l’agilité, le Puma est un animal très puissant et un chasseur expert qui peut sauter en hauteur sans effort.L’un des objectifs de cette démarche sur les plans analytique et de la prospective vise à établir un continuum dialectal tissé autour d’une adéquation réelle, en lien étroit avec l’histoire et le label «Lions indomptables du Cameroun». C’est une lecture.
Avec l’ajout de cette créature merveilleuse sur le symbole, la compagnie a résumé toutes les valeurs fondamentales et les aspects fondamentaux de la marque en une identité puissante. Le symbole Puma exprime la direction de la marque qui se développe toujours vers un avenir innovant et son dévouement exceptionnel. Le symbole Puma apparaît plus souvent dans un schéma de base de couleurs noire et blanche qui procure une sensation naturelle de chaleur et porte une impression très attrayante. Les Lions Indomptables ont remporté des titres et des succès avec l’équipementier «PUMA». Une véritable histoire.
Coq Sportif
Le Coq Sportif, originellement, retrouve le soleil levant qui l’accompagnait sur ses représentations initiales. En 1882, Romilly-sur-Seine dans l’Aube en France, dans son atelier de textile, un passionné de sport, Émile Camuset, décide de confectionner des maillots jersey pour ses amis cyclistes, footballeurs et rugbymen. Sans le savoir, il pose les fondations d’une marque qui deviendra mythique au fil des épopées sportives qu’elle accompagnera.140 années plus tard, le monde du sport à travers la marque «Le Coq Sportif» a toujours inspiré la création de ses produits. Créer des produits pour les sportifs de haut niveau, un véritable challenge. Des produits assimilés à la marque, simple et intemporelle, devenus le symbole de leur héritage. Pour cette marque, son leitmotiv est de «donner aux consommateurs ce dont ils ont besoin et rien d’autre».
Le symbole ou le trait sémique additionnel au susbtantif «indomptable» renverrait contextuellement à des qualités précises ou à des valeurs telles le courage, la force, la majesté, la détermination, la royauté, l’engagement, la loyauté, la vélocité, la robustesse, la pugnacité, le respect, le succès. Il est donc important de s’accrocher à ces valeurs caractérielles et caractéristiques de notre identité commune. Cette identité qui fait ou bâtit notre réputation, notre notoriété, notre fierté, notre identité. Tout en suscitant in extenso, respect, admiration, crainte.
Le bleu-blanc-rouge est un clin d’œil à son surnom historique de «Marque des tricolores». Le Coq Sportif gagne aussi une devise: «Un nouveau jour se lève». Les nouveaux codes de la marque expriment ainsi un état d’esprit résolument positif: chaque jour, une victoire est possible! Une identité française, en somme.
C’est l’équipementier actuel de l’équipe fanion des Lions Indomptables engagée à la CAN 2021. Les choix, les motivations des symboles devraient s’inscrire à la fois dans un encrage logique identitaire, référencé et pertinent. Et non pas de manière stochastique, fortuite, inopérante ou à des fins essentiellement pécuniaires ou vénales.
Addentum
La présente réflexion pourrait poser les jalons de la création à l’avenir d’un équipementier «THE LION’S», en adéquation avec notre histoire, nos valeurs, notre culture, véritables référents identitaires. Un representamen qui sonnerait le glas d’un positionnement de choix concurrentiel, préférentiel sur le plan cognitivo-affectif, mais aussi mémorable pour tout interprétant (à la fois le Camerounais lambda, tout sportif camerounais, les adversaires des Lions en compétition), ad infinitum, au sens Peircien.L’un des objectifs de cette démarche sur les plans analytique et de la prospective vise à établir un continuum dialectal tissé autour d’une adéquation réelle, en lien étroit avec l’histoire et le label «Lions indomptables du Cameroun». C’est une lecture.
Telle est ma modeste analyse.Pourquoi la France s’acharne-t-elle sur le gouvernement malien ?
Mais la France est-elle bien placée pour parler d’illégitimité et d’irresponsabilité? Ces deux mots ne sonnent-ils pas faux dans sa bouche quand on sait que c’est avec son consentement que Dramane Ouattara viola la Constitution ivoirienne le 6 août 2020 pour briguer un 3e mandat?
L’écrivain et sociologue ivoirien donne des grilles de compréhension de la rancœur française dont est actuellement victime le Mali. Pile au moment où l’Afrique du football se bat également à travers la CAN 2021, pour s’affirmer sur la scène internationale.
Le lundi 24 janvier 2022, le Mali a exigé que le Danemark retire immédiatement son contingent militaire (une centaine de soldats) appelé en renfort par la France dans le cadre de la force Takuba censée lutter contre le terrorisme après l’échec de Barkhane. Les autorités maliennes reprochent aux forces danoises d’être arrivées sur leur territoire sans avoir obtenu leur accord. Tout en saluant les actions du Danemark en faveur du développement socio-économique du Mali, elles ont invité les Danois “à faire attention à certains partenaires qui ont du mal malheureusement à se départir des réflexes coloniaux”. La réaction du gouvernement français ne se fit pas attendre. Son ministre des Armées, Florence Parly, accusa le gouvernement malien de multiplier les provocations. Quant au ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, il dénonça des “mesures irresponsables” et rappela que la “junte militaire” était illégitime mais la France est-elle bien placée pour parler d’illégitimité et d’irresponsabilité? Ces deux mots ne sonnent-ils pas faux dans sa bouche quand on sait que c’est avec son consentement que Dramane Ouattara viola la Constitution ivoirienne le 6 août 2020 pour briguer un 3e mandat ? La suspension de la Constitution et la dissolution du Parlement tchadien le 20 avril 2021 par le Conseil militaire de transition dirigé par Mahamat Idriss Déby sont-elles des pratiques démocratiques ? Est-il cohérent d’être “la patrie des droits de l’homme” et de soutenir des régimes qui, tout en tripatouillant les constitutions, affament, volent et tuent les populations africaines depuis 20, 30 ou 40 ans ? Quand on s’est autant compromis avec des pouvoirs peu recommandables, quand on a longtemps bafoué le droit et la démocratie en Afrique et qu’on a adoubé des dictateurs, la responsabilité commande que l’on se taise et qu’on fasse profil bas. Au lieu de cela, la France préfère diaboliser et salir le gouvernement malien qu’elle appelle “junte militaire”. Or, dans la langue française, le terme “junte”, qui a une connotation péjorative et antidémocratique, est généralement appliqué à un gouvernement de type dictatorial dirigé directement par l’armée.
Casernes
Il est clair que Le Drian déteste les autorités maliennes pour des raisons que nous verrons plus loin et qu’il souhaiterait leur retour dans les casernes le plus tôt possible. Quelques Africains embouchent la même trompette que lui, condamnent sans nuance l’irruption des militaires sur la scène politique tout en oubliant que le même Le Drian ne condamna pas les militaires qui prirent le pouvoir après l’assassinat d’Idriss Déby Itno. Pour ma part, je conseillerais que l’on se pose 4 questions avant de se prononcer sur un coup de force : Le président renversé a-t-il été tué ? Comment la majorité de la population a-t-elle accueilli le coup d’État? Pourquoi le putsch a-t-il eu lieu ? A-t-il fait avancer le pays en termes de consolidation de l’État de droit et d’amélioration des conditions de vie de la population (construction de routes, d’hôpitaux, d’écoles, de châteaux d’eau, création d’emplois pour les jeunes, etc.) ? Or, que ce soit en Guinée, au Mali ou au Burkina, la vie d’Alpha Condé, d’Ibrahim Boubakar Keïta (IBK) et de Marc-Christian Kaboré a été préservée. Et d’un. De deux, seuls leurs partisans ont regretté la chute des anciens présidents guinéen, malien et burkinabè. Troisièmement, peu de personnes contestent le fait que, si IBK et Kaboré ont été renversés, c’est d’abord en raison de leur incurie. Condé est tombé parce qu’il n’a pas respecté la Constitution guinéenne qui interdit plus de deux mandats. La réaction du président Paul Kagame, est à cet égard fort intéressante et mérite une attention particulière de la part des ceux qui pensent qu’aucun coup d’État n’est bon. Pour le président rwandais, “le retour des militaires sur la scène politique est, dans une certaine mesure, le résultat d’une défaillance dans la gouvernance”. Il poursuit: “ Si, sous un gouvernement civil, la situation se détériore et que les gens meurent, que les problèmes s’accumulent et qu’en plus, les autorités se servent des militaires pour truquer les élections, qui doit-on blâmer lorsque l’armée renverse ce gouvernement ? Je trouve inapproprié de ne critiquer que les militaires et de ne pas blâmer les civils qui les ont utilisés pour se maintenir au pouvoir. J’imagine que c’est à partir de ce genre d’analyse que certains disent qu’il y a des bons et des mauvais coups d’État.”Encouragements
Il est trop tôt pour juger les fruits des coups d’État guinéen, malien et burkinabè. Pour moi, le gouvernement malien, qui dit avoir neutralisé plus de terroristes en quelques semaines grâce à l’appui militaire de la Russie que Barkhane en 8 ans, a besoin d’être encouragé et non d’être isolé comme tentent de le faire les dirigeants français “en instrumentalisant les organisations sous-régionales” (ce sont les mots du colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement de transition).
Léopold Sédar Senghor attribuait l’émotion au nègre et la raison au Blanc. Le ministre malien des Affaires étrangères lui a donné tort, ce 28 janvier 2022, en faisant preuve de calme, de hauteur de vue et de courtoisie. Là où Le Drian fulminait, menaçait et insultait, Abdoulaye Diop expliquait posément, argumentait avec des faits. Les propos “empreints de mépris” du chef de la diplomatie française montrent tout simplement que Le Drian a perdu son sang-froid et qu’il a le sommeil troublé depuis que la Russie a débarqué au Mali. Mais pourquoi Le Drian est-il si remonté contre les autorités de la transition ? Pourquoi s’acharne-t-il sur elles comme un fauve sur sa proie ? Pourquoi ne décolère-t-il pas contre Assimi Goïta et ses camarades?
D’après une enquête de l’hebdomadaire “Jeune Afrique” publiée le 25 jun 2021, Le Drian avait insisté en 2014 auprès d’IBK pour que la fabrication des passeports biométriques maliens soit confiée à Oberthur Technologie, une entreprise basée en Bretagne, la région de Le Drian. Ce sera chose faite l’année suivante au détriment de la Canadian Bank Note (CBN) qui avait le marché depuis 2001. Le contrat avec CBN courait jusqu’à la fin de l’année 2014. Non seulement, il n’y eut pas d’appel d’offres pour le renouvellement du marché, mais les passeports délivrés par Oberthur coûtent plus cher que du temps où CBN s’en occupait.
Il se raconte que les autorités de la transition aimeraient voir clair dans cette affaire, que la société bretonne pourrait perdre ce juteux marché et être poursuivie pour corruption. Si des civils proches de la France venaient au pouvoir au Mali en février 2022, cette affaire risquait d’être enterrée.
Les clés de compréhension nous permettent de mieux saisir ce qui nous entoure, de mieux percevoir le sens des discours (politiques et religieux), des enjeux de société, des symboles, etc. L’affaire Oberthur au Mali est une clé importante pour ceux qui veulent comprendre le trop grand zèle de Le Drian mais également sa haine et sa colère contre les dignes fils du Mali. Le patron du Quai d’Orsay ne se bat ni pour la démocratie ni pour l’État de droit dans le pays de Modibo Keïta mais pour ses petits intérêts. Si le Mali se débarrasse des terroristes, s’il arrache sa vraie indépendance, il est évident que Le Drian n’aura plus de richesses à y voler.Un air musical qui fait danser l’Afrique du football :
C’est vrai, je suis un mélomane et j’écoute beaucoup de chansons. Et effectivement, le son «Affaire à suivre» que vous avez reconnu est celui de Nkembé Pesauk, un monsieur que j’aime beaucoup. Cela fait plusieurs années que j’aimerais le rencontrer. Mais je ne sais pas où il est passé. Je voudrais simplement dire à son intention, si quelqu’un sait où le trouver, qu’il a un fan qui l’aime beaucoup.
Le jeune Camerounais, de son nom artiste «Mister Sam’s», vient de mettre sur le marché un single. Il livre en exclusivité à votre journal les conditions de production de cet opus dédié à la CAN, ainsi que ses attentes vis-à-vis du Minsep, du Cocan et des Lions indomptables du Cameroun.
Zagor Forest Samou Vous venez de mettre sur le marché un single, «L’Afrique en fête». Doit-on faire le lien avec la CAN 2021?
Oui, il y a un lien. Parce que c’est précisément au vu de l’organisation par le Cameroun de la Coupe d’Afrique des nations que j’ai décidé de créer une chanson pour cet événement. Je prestais déjà dans les cabarets, j’interprétais des chansons, mais j’ai voulu cette fois-ci passer à une autre étape en mettant cet opus sur le marché.De quoi parle la chanson au-delà du rapport avec la CAN?
«L’Afrique en fête» parle, comme son nom l’indique, de l’Afrique globalement. Vous savez, c’est bien le Cameroun qui organise, mais nous recevons 23 équipes chez nous. C’est pour cela que j’ai parlé des autres pays, afin qu’elles se sentent concernées en écoutant cette chanson. Et je peux vous révéler que j’ai déjà reçu les félicitations de certains pays, à l’instar du Burkina Faso. Les Burkinabés ont suivi le nom de leur pays et ils se sont montrés intéressés.«L’Afrique en fête» dure 4 minutes 37 secondes. L’opus me permet d’annoncer au monde d’entier qu’il y a la fête en Afrique et qu’elle se déroule au Cameroun. Je souhaite donc la bienvenue à tous ces pays participants qui vivent la CAN en ce moment. Je mets ensuite en valeur le fair-play qui caractérise le football, en souhaitant que les équipes présentent un beau football avec de très beaux buts. Ceci en indiquant que le meilleur gagne. Je rappelle enfin à tous que cette compétition est un moment de fête et de célébration.
Quel a été le déclic et à quel moment vous vous êtes véritablement lancé dans ce projet?
J’ai commencé à travailler sur le projet un an avant la CAN ; et j’ai sorti cette chanson. Il y a quand-même eu quelques retards, parce que le tournage du vidéoclip a pris du temps ; le vidéoclip n’est pas finalement très vite sorti. Mais, je me suis simplement dit que cela faisait cinquante ans que le Cameroun n’avait pas organisé la CAN, et qu’il fallait donner quelque chose, qu’il fallait proposer quelque chose et participer à sa manière à la fête du football continental.Il y a un fond sonore de Nkembé Pesauk dont vous vous servez dans votre opus et qui évoque une musique populaire des années 80. Avez-vous approché l’auteur ou y a-t-il eu des collaborations?
C’est vrai, je suis un mélomane et j’écoute beaucoup de chansons. Et effectivement, le son «Affaire à suivre» que vous avez reconnu est celui de Nkembé Pesauk, un monsieur que j’aime beaucoup. Cela fait plusieurs années que j’aimerais le rencontrer. Mais je ne sais pas où il est passé. Je voudrais simplement dire à son intention, si quelqu’un sait où le trouver, qu’il a un fan qui l’aime beaucoup.Quelle est exactement la cible de votre produit musical?
C’est la Coupe d’Afrique des nations et des Camerounais. Et je pense qu’au-delà de tout, le message concerne au premier chef les Camerounais, même s’il faut aller plus loin. Ensuite, mon opus s’adresse aux fans de football, au ministère des Sports, le Cocan et même le grand «9», Samuel Éto’o. Parce que j’aimerais que tous puissent suivre le message véhiculé dans cette chanson et que cela puisse me valoir une invitation à une cérémonie. Et pourquoi pas qu’au soir du 6 février, on clôture en chanson avec une belle victoire des Lions indomptables.Avez-vous obtenu des soutiens, financiers notamment, pour proposer cette œuvre musicale assez dansante?
Je n’ai pas eu de soutien. C’est avec mes propres économies que je me suis lancé dans ce projet musical. Mais bien évidemment, j’attends beaucoup du ministère des Sports ou du Cocan, parce que ce sont eux qui sont en charge de ces aspects. Je les ai d’ailleurs déjà approchés dans ce sens, mais pour l’instant, je n’ai pas encore obtenu de retour favorable.Avez-vous déjà arrêté une stratégie pour parvenir à une large diffusion de votre œuvre?
Vous savez, la promotion n’est pas très aisée, quand on n’a pas les moyens. Et je pense que s’il y a des âmes de bonne volonté qui pourraient m’aider dans ce sens, c’est-à-dire à promouvoir la chanson dans les chaînes de télévision ou sur les réseaux sociaux, ce serait une très bonne chose pour moi.Quel est votre rêve ou votre vœu le plus cher concernant ce clip?
La plus grande victoire pour moi serait déjà de jouer lors de la finale de la Coupe d’Afrique des nations. C’est le lieu pour moi d’exhorter le ministère des Sports ou le Cocan à sélectionner les meilleures chansons. Puisque beaucoup de Camerounais ont chanté par amour pour le pays, sans rien attendre. Et ce serait donc une bonne chose qu’un comité se réunisse et sélectionne les meilleures chansons pour les primer.Vous êtes artistes et vous prestez dans les cabarets. Quel est votre genre musical préféré ? Qu’est-ce que les clients réclament le plus?
Je suis de la vieille époque, je ne suis pas comme ces jeunes qui commencent à peine. J’ai écouté beaucoup de chansons dans les genres suivants : Makossa, Manganbe, Bikutsi, Benskin, musiques urbaines, etc. Mais, je peux dire que je n’ai pas véritablement un genre figé. Ceci pour dire je m’intéresse à tout, y compris au Mbolé qui prend de l’ampleur. Sachez une chose, la musique, c’est quand on la ressent.Comment vivez-vous la CAN et avez-vous un message pour les Lions indomptables, en tant que Camerounais?
Je suis totalement derrière les Lions Indomptables. Et mon vœu le plus cher est que cette Coupe reste au Cameroun. Et je veux dire aux Lions indomptables d’être plus concentrés dans les matchs, parce qu’aujourd’hui, il n’y a plus de petites équipes. Il faut prendre tous les matchs au sérieux, dès le début, de la première minute jusqu’à la fin. Ce n’est que de cette façon que l’on pourra gagner la finale au soir du 6 février 2022. Je tire un coup de chapeau à André Onana pour le match Cameroun-Comores, mais je luis demande également de rester concentré jusqu’à la fin du match.Comment se présentent vos projets à long terme?
L’Afrique en fête» est une première chanson. Je crois que c’est pour moi le début d’une grande aventure et que dans les prochains mois, on aura d’autres chansons. Et ce faisant, le monde musical camerounais pourra s’enrichir d’un nouveau visage et d’un nouveau nom.Interview menée par Théodore Ayissi Ayissi
«Olembé devrait retrouver la compétition dès les demi-finales»
Aujourd’hui, il a été apporté à la CAF des garanties nécessaires sur le plan de la gestion des masses. On attend d’abord de passer le cap des quarts de finale avant de revenir dessus. Les garanties ont été apportées, il n’y a pas le moindre souci.
L’analyste sportif fait le bilan de la CAN 2021 désormais rendue au stade des quarts de finale. Il évoque également la suspension du Stade Olembé et dit sa conviction que l’infrastructure est déjà qualifiée pour accueillir la finale le 6 février prochain.
Zagor Forest Samou Les derniers huitièmes de finale se sont joués mercredi dernier. Comment vous appréciez le jeu produit par les équipes à cette étape de la compétition?
Sur le plan sportif de la compétition, on ne peut pas se plaindre de ce qu’on a vu sur les terrains. Les premiers matches étaient un peu mièvres, mais dès les seconds matches par rapport à l’enjeu, on s’est rendu compte que des pays sont montés en puissance et on a eu le véritable envol de la compétition. La compétition nous aura réservé beaucoup de surprise, on a vu le départ du Ghana, de l’Algérie et ce n’était pas attendu du tout. L’élimination dès les huitièmes de finale du Nigéria par une Tunisie qui avait fait un peu peur lors de son dernier match contre la Gambie. La Gambie qui elle aujourd’hui est en train de s’installer tout doucement dans la cour des grands, tout comme la Guinée Équatoriale. Ces deux sélections étaient considérées comme des petits poucets. Mais aujourd’hui, ce sont des nations qui poussent et qui donnent matière à réflexion.Ces huitièmes de finale ont été traversés par des polémiques. Les cas de Covid-19 avec une équipe des Comores sans gardien de buts. L’arbitrage jugé en faveur de certains. Quel est votre regard sur tout ceci?
Ce qui aura émaillé ces huitièmes de finale ne sont que des éléments de polémiques. Lors de la conférence de presse du 17 septembre 2021, on se rappelle que le secrétaire général de la CAF faisait le rappel de ce que la CAF avait fait le choix d’un cabinet international pour éviter qu’il y ait la moindre polémique et la moindre intrigue possible. Et pour donner le caractère indépendant de ces tests. Donc, il n’est pas question de pointer du doigt le Cameroun ou qui que ce soit.Les tests sont faits inopinément et par un cabinet totalement indépendant. Aujourd’hui l’arbitrage jugé en faveur de certains, surtout que pour cette CAN, exceptionnellement, la CAF a insisté sur le fait que dès le début de la compétition, on démarre simplement avec la VAR. À partir de ce moment, les décisions sont prises de manière conjointes. On peut regretter le fait de l’arbitre Zambien, mais on a bien vu que sur le plan médical, il avait été attaqué. Maintenant, que ce soit ceux de la VAR ou de l’arbitre sur le terrain, ce sont bien des êtres humains qui ont encore la possibilité et même le droit de se tromper. Pour le reste, on a une belle compétition, il y a un beau dénouement. Je crois que les choses continuent de se passer au mieux.
La suite de la compétition va-t-elle à votre avis prendre un coup du fait de toutes ces polémiques?
La suite de la compétition ne peut pas avoir un souci du fait de la polémique. Elles sont concurrentes. On voit les matches en Champions league, on a vu la Coupe du monde, il y a toujours une partie du public qui va se plaindre. Il y a toujours des joueurs ou des staffs qui vont se plaindre. C’est normal, c’est la preuve encore qu’on reste dans le jeu et c’est la preuve que le football continue de lever des émotions et continue de d’attirer les foules. Quel que soit les cas, ces polémiques ne pourraient ni émaillées, ni entachées la compétition.Il faut dire qu’il y a eu cet évènement qui est venu attiédir l’ambiance, celui qui n’était pas attendu, mais qui est venu déposer une tache sur la compétition. Cette bousculade qui aura causé la mort de bon nombre de nos concitoyens. Dès le lendemain pour le match du Maroc, on s’est rendu compte que les mesures avaient été exceptionnellement prises et tout était fluide. Ce jour même, il y a eu une réunion de sécurité du côté d’Olembe entre le Cocan, le comité de site tenu par le gouverneur de la région, la CAF et le gouvernement de la République pour pouvoir apporter toutes les garanties de ce que la suite de la compétition du côté d’Olembe devrait ou sera maitrisé par les éléments en charge de la sécurité.
Aujourd’hui il faut pouvoir assurer et même rassurer la CAF de ce que les corridors vont être mis en place et qu’à une bonne distance, on pourra simplement filtré ceux qui sont en possession d’un billet du côté d’Olembé. Il y a des mesures qui ont été proposées par le gouverneur de la région, par le gouvernement et par le Cocan, il y a une discussion sur l’implémentation de ces mesures. Pour le cas des demi-finales du côté d’Olembé, on se rendra bien compte très rapidement que la bousculade aura fait tache d’huile et qu’on aura retenu certaines leçons. Directement, la copie qui sera remise sera une belle copie. Une fois de plus, c’est le lieu de profiter et de nous incliner devant les corps de ceux de nos concitoyens, et de souhaiter que la terre de nos ancêtres leur soit légère
La bousculade mortelle du stade d’Olembe et ses conséquences induites vont-elle impacter cette CAN? Comment corriger?
On a jeté les dés, le vin est tiré et il faut le boire. On va commencer par un gros Cameroun-Gambie du côté de Japoma. Le Cameroun devrait faire attention, la Gambie a démontré qu’elle ne venait pas en victime résignée. C’est une équipe autour de son feu follet Baro qui est bien en place sur le plan tactique, qui a des individualités sur le plan technique, une équipe résiliente quand il le faut, mais une équipe qui sait aussi garder le ballon, donc qui joue à mobilité. Ca va être un gros match parce qu’en face, il y aura un Cameroun revanchard, qui gagne mais aujourd’hui le peuple dit qu’il n’y a pas la manière, dont un Cameroun qui va essayer d’offrir et de proposer la manière image à son peuple et la gagne. Il va falloir faire le déplacement pour Japoma, on aura sur le plan spécifique un certain type de sécurité. On aura aussi une très belle rencontre Maroc-Égypte, on verra qui aura raison. Ce sera un match des stars du Nord de l’Afrique. Un match qui va attirer les foules.Place maintenant aux quarts de finale dont les affiches sont connues. Comment voyez-vous chacun des 4 matches de cette étape de la compétition?
C’est très important ce qu’on vivra pour ces matchs. Il y a aussi le match Sénégal-Guinée Équatoriale, une équipe de Guinée Équatoriale qui monte énormément et devrait simplement apporter des réponses à son peuple et à son public. Mais le plus attendu serait Sadio Mane, dont on espère simplement qu’il sera sorti indemne de son hospitalisation. Après, on va attendre un peu des éléments de confirmation de la Tunisie. Tunisie-Burkina Faso, on a bien vu qu’il y a la montée en puissance de Traoré. Ça va être de belles rencontres qui vont faire plaisir, qui vont honorer l’Afrique.Comment réduire à leur simple expression les critiques des équipes et des délégations dès les quarts de finale?
Réduire à leur simple expression les critiques et tout ce qui se dit autour, ça passera par le jeu, par les mesures, par la réponse sur le terrain du Cameroun, et c’est d’abord ce qui est le plus important. Au niveau des délégations, les moins critiques ont quitté le bateau et ceux qui restent sont les plus concentrés au niveau de la compétition. On attend la réponse sur le terrain pour ce qui est de l’aspect sportif. On attend aussi la réponse en termes de démonstration et de maîtrise et de tous les corridors sur le plan de la sécurité.À votre avis, le stade d’Olembe, peut-il finalement voir sa suspension levée?
Sur ce qu’on a vu aujourd’hui du côté de la ville de Yaoundé et du coté de Limbe, il est fort possible qu’Olembe retrouvera simplement le cours de la compétition et ça sera effectivement pour une des demi-finales. Aujourd’hui, il a été apporté à la CAF des garanties nécessaires sur le plan de la gestion des masses. On attend d’abord passer le cap des quarts de finales et revenir dessus. Les garanties ont été apportées, il n’y a pas le moindre souci. Olembé devrait dès les demi-finales retrouver un peu la compétition. Mais pour la finale, je crois que c’est une garantie, elle se fera du côté d’Olembe.Pour ce qui est des pronostics, ce n’est pas facile, mais on pourrait avoir le rêve dans lequel on retrouverait le Cameroun, le Maroc, le Sénégal ou encore la Guinée Équatorial et puis la Tunisie. Mais je pense qu’il faudrait continuer de faire attention à cette équipe du Burkina Faso qui a démontré qu’elle a une certaine force de caractère et qu’elle est assez compacte. S’il faut se prononcer sur ce qu’on aimerait avoir, ça pourrait être Cameroun-Maroc/ Sénégal-Burkina Faso.
Interview menée par Thiery Ndong Owona