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Archives des INTÉGRATION RÉGIONALE - Page 7 sur 66 - Journal Intégration

Journal Intégration

Catégorie : INTÉGRATION RÉGIONALE

  • Expansion de la Finance islamique : la formation, la clé pour l’atteinte de l’objectif

    Expansion de la Finance islamique : la formation, la clé pour l’atteinte de l’objectif

    Pour accroître le taux des produits islamiques, des sessions de formations sont ouvertes aux jeunes sur l’assurance islamique, l’audit, les normes et comptabilité des institutions financières.

    Les participants aux journées communautaires de la finance islamique Cemac

    La formation, clé de voûte de la vulgarisation de la finance islamique. La formation est une «réponse aux difficultés que rencontre le marché des assurances [islamiques] en Afrique, avec un taux de 1% sur le continent», est-il indiqué. L’innovation en termes de produits d’assurances est qu’elle est plus proche des réalités sociales et économiques des populations cibles. La formation donne à l’apprenant les connaissances pratiques pour la maîtrise des mécanismes et des enjeux de développement des produits de l’assurance islamique. Au terme de la formation, l’apprenant doit maitriser le concept d’assurance en économie islamique, les différents modèles de gestion de l’assurance islamique, les différents produits et mode opératoires, le mécanisme alternatif à l’assurance conventionnelle et résoudre les problématiques liées au contexte social et économique des pays africains en relation avec l’assurance islamique.

    Audit, normes
    Le monde actuel vogue vers l’innovation et la finance n’est pas en reste. La formation plonge dans l’univers des pratiques islamiques dans le secteur des capitaux, dans un contexte particulièrement difficile pour les pays africains. À l’issue de la formation, l’apprenant pourra comprendre la philosophie de l’économie islamique, comprendre l’harmonisation des normes en finance islamiques, connaître les normes d’audit et de conformité à la Charia au sein des institutions financières et enfin, comprendre la comptabilité pour la finance islamique.

    La microfinance islamique
    Il s’agit d’un programme de formation calqué sur la nécessité du marché du micro-crédit, porté par les établissements de microfinance. Il est question de donner à l’apprenant des outils efficaces et pratiques dans la compréhension du financement du développement à travers des mécanismes participatifs et inclusifs et l’accès au microcrédit pour des personnes vulnérables. L’apprenant doit donc être capable de maîtriser les principes du système financier inclusif et participatif, maitriser les fondements de la microfinance islamique, maitriser les différents instruments de micro finance islamique, de comprendre les mécanismes de financement alternatif dans le secteur de la microfinance islamique et enfin de répondre aux problématiques liées au contexte économique des pays africains en relation avec la microfinance islamique.

    Olivier Mbessité

     

    Hassan Belibi Noah, directeur général de l’African islamic consulting (AIFC)

    «La Cemac a adopté le règlement de la finance islamique»

    Fouapon Alassa, universitaire consultant
    «Une aubaine pour l’entrepreneuriat féminin»
    La finance islamique est une opportunité pour l’autonomisation des femmes. Étant donné qu’elles constituent 51% de la population. Et contrairement à ce qui est dit, l’Islam n’interdit pas à la femme d’entreprendre ou d’avoir des biens. Le travail de la femme doit respecter l’éthique pour la préserver. La finance islamique qui repose sur l’éthique va donc permettre aux femmes d’avoir des fonds de développement pour être des entrepreneures. Elle encourage à monter des projets, que ce soit des projets individuels ou en association et en communauté pour pouvoir être leur propre chef. Avec le système de l’entrepreneuriat, les femmes pourront s’autonomiser en investissant sur des projets financés par les produits de la finance islamique qui permet à la femme de s’organiser, de pouvoir continuer à jouer leurs rôles d’éducatrice au sein de la cellule familiale, et en même temps, d’avoir des projets qui viennent en soutien à l’économie familiale et à l’économie de la société de manière générale.

    L’activité sur les journées communautaires de la finance islamique-Cemac est une activité de promotion et de la vulgarisation de la finance islamique. Notre objectif est de rendre la finance islamique vulgaire et communiquer dessus en donnant des informations qui vont permettre aux populations, acteurs institutionnels et les opérateurs économiques de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) de se l’approprier. C’est une alternative aux finances dites conventionnelles ou classiques. La finance islamique se distingue de la finance conventionnelle par les éléments tels que la non-pratique du taux d’intérêt dans les transactions financières. Elle est plutôt participative et elle accompagne les porteurs de projets. En ce qui concerne les projets intégrateurs en zone Cemac, il faut souligner que le Cameroun est financé depuis 1975 à travers le barrage de Songloulou, le Gabon et le Tchad sont financés par la Banque islamique de développement, donc la finance islamique est une réalité. Sauf que cette année, la Cemac a adopté le règlement de la finance islamique. Il faut souligner qu’avant, elle évoluait dans le contexte informel et maintenant elle va basculer dans le formel parce qu’il y a une règlementation qui organise cette activité. La finance a un meilleur avenir dans l’espace Cemac.

     

    Ismaël Ndan Ladi, juriste-consultant

    «L’Afrique centrale fait des efforts dans la promotion de la finance islamique»

    L’Afrique centrale fait des efforts. Le premier effort est communautaire. La communauté dite musulmane ou islamique fait des efforts dans la promotion de la finance islamique. Et de l’autre côté, il faut dire qu’on subit les coûts de ce qui est normal sur la scène internationale. Ce forum a sa place parce que les experts des différentes institutions bancaires de la sous-région sont présents. Il s’agissait ici, au-delà de la vulgarisation, de toucher la finance islamique du doigt, de réfléchir sur les perspectives et même s’imprégner de la chose, parce que nombreux sont ceux qui venaient à ce forum avec des appréhensions. Ils rentrent satisfaits avec l’idée que la finance islamique est inclusive.

     

     

    Fouapon Alassa, universitaire consultant

    «Une aubaine pour l’entrepreneuriat féminin»

    La finance islamique est une opportunité pour l’autonomisation des femmes. Étant donné qu’elles constituent 51% de la population. Et contrairement à ce qui est dit, l’Islam n’interdit pas à la femme d’entreprendre ou d’avoir des biens. Le travail de la femme doit respecter l’éthique pour la préserver. La finance islamique qui repose sur l’éthique va donc permettre aux femmes d’avoir des fonds de développement pour être des entrepreneures. Elle encourage à monter des projets, que ce soit des projets individuels ou en association et en communauté pour pouvoir être leur propre chef. Avec le système de l’entrepreneuriat, les femmes pourront s’autonomiser en investissant sur des projets financés par les produits de la finance islamique qui permet à la femme de s’organiser, de pouvoir continuer à jouer leurs rôles d’éducatrice au sein de la cellule familiale, et en même temps, d’avoir des projets qui viennent en soutien à l’économie familiale et à l’économie de la société de manière générale.

    Olivier Mbessité

  • Finance islamique : sortir la sous-région des sentiers battus

    Finance islamique : sortir la sous-région des sentiers battus

    Finance islamique ou finance sociale

    Les finances conventionnelles montrent leurs limites, et continuent de creuser les inégalités entre les humains. Elles sont en partie responsables des différentes crises exogènes qui minent notre quotidien. La finance islamique se présente par conséquent comme une alternative à la finance conventionnelle. Et l’Afrique centrale entend tirer le meilleur de cette forme alternative de la finance. D’où les journées communautaires de la finance islamique – Cemac organisées du 11 au 15 septembre 2023 à Yaoundé.

    La finance islamique est un système financier inclusif conforme à la Charia. Elle vise à créer une offre financière adossée à une économie réelle, avec une approche éthique et économique viable, respectueuse de l’environnement et socialement responsable. Elle prohibe les crédits à intérêt et elle décourage l’endettement excessif. En somme, elle encourage la participation et le partage des risques entre les agents économiques qui détiennent le capital et ceux qui en ont besoin.

    Autrement dit, la finance islamique c’est l’art de promouvoir une économie qui repose sur la responsabilité de tous les acteurs dans la pratique économique et bancaire. Elle s’ouvre aussi aux non-musulmans et les croyants de différentes chapelles. Il faut l’institutionnaliser et la vulgariser. Afin que toutes «les normes soient consignées dans les langues que l’on connait et adoptées dans les politiques de gouvernance des différents États et régions», souligne Ismaël Ndan Ladi, juriste-consultant. Lire le zoom.

    Olivier Mbessité

     

     

    Le forum organisé au palais des Congrès de Yaoundé vise son institutionnalisation pour mettre à l’abri de la précarité les communautés de la sous-région.

    Les panelistes en plein débat sur le processus de vulgarisation de la finance islamique

    Des journées communautaires de la finance islamique-Cemac. Pas moins pour lever le voile sur ce système financier à Yaoundé du 11 au 15 septembre 2023, à l’initiative d’African Islamic finance Consulting (AIFC). Le cabinet d’expertises en matière de finances islamiques entend ainsi «vulgariser l’adoption du cadre règlementaire du 22 novembre 2022 de la Cobac, qui a permis à la communauté des investisseurs de l’Afrique centrale d’apporter une finance alternative à la finance conventionnelle», selon Fouapon Alassa, Coordonnateur du collectif islamique du Cameroun pour la recherche et l’Appui au développement (Cicrad). «Le cadre réglementaire invite les microfinances et les banques à ouvrir les fenêtres à la finance islamique, qui n’est rien d’autre qu’une finance basée sur le respect des lois de la Charia. La Charia renvoie à l’ensemble des droits qui parlent des affaires sous le prisme de l’éthique islamique», poursuit-il. Deux thèmes sont retenus pour la circonstance. Il s’agit de «la vulgarisation des textes régissant la finance islamique en zone Cemac: enjeux, défis et perspectives» et de la «formation spécialisée en finance spécialisée: processus de mise en place d’une fenêtre de finance islamique».

    Spécificités
    La finance islamique se distingue de la finance conventionnelle. Elle se veut inclusive. Parce que «ses produits prennent en compte toutes les couches sociales de la population. Alors que la banque classique ne traite qu’avec des personnes aux revenus élevés. Dans cet univers de capitalisme, on dit qu’on ne prête pas aux pauvres», regrette Fouapon Alassa. En revanche, dans la finance islamique, il y a des produits qui permettent «que le pauvre soit intégré dans le système bancaire, financier et économique». Ce qui va permettre «aux économies de l’Afrique centrale de développer non seulement le taux de bancarisation, mais aussi des projets d’investissement, parce que dans la philosophie de la finance islamique, l’on ne peut gagner qu’en investissant sur un projet tangible», fait savoir le coordonnateur du collectif du Cameroun pour la recherche et l’appui au développement.

    Pour ce qui est du visage de la finance islamique en Afrique centrale, il est reconnu au niveau des États. Le Cameroun, le Tchad et la République Centrafricaine (RCA) sont membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et de la Banque islamique de développement (BID), c’est la banque de tous les États membres. Selon Ismaël Ndan Ladi, juriste consultant, en Afrique centrale, on a la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (Bdeac) qui s’intéresse à la finance islamique. La Cobac, quant à elle, a émis des normes pour «pouvoir harmoniser, réguler et régulariser les activités de la finance islamique qui partent d’une pratique des faits vers une pratique institutionnalisée». Avec ces lois, les banques conventionnelles vont «créer des fenêtres islamiques, c’est le cas de Afrilanfirst Bank, la CBC, le cas aussi de la Savana islamique. C’est déjà encourageant pour l’espace de l’Afrique centrale», se réjouit Nsangou Mama Awoulou, imam prédicateur, spécialiste en fondement du droit musulman, à l’Université islamique de Médine en Arabie Saoudite.

    Jusqu’ici, «ce mode de financement était connu uniquement par les hauts cadres de l’État. Il est question de le ramener au niveau des populations, des communautés pour qu’elles bénéficient également de la manne qui provient de la finance islamique», précise Fouapon Alassa, coordonnateur du collectif islamique du Cameroun pour la recherche et l’appui du développement. En outre, les États de l’Afrique centrale bénéficient des fonds d’investissement de la Banque islamique de développement (BID). Au Cameroun, il y a des projets routiers réalisés grâce aux financements islamiques. Le barrage de Song Loulou est le fruit du financement de la BID. Malheureusement, ces projets sont «noyés par les financements des autres bailleurs des fonds. C’est pourquoi nous souhaitons passer à la phase où l’individu va lui-même profiter directement des avantages de la finance islamique», martèle-t-il.

    Olivier Mbessité

     

    Endiguer la pauvreté

    La Finance islamique, une panacée

    Elle met l’homme au centre de ses préoccupations et présente de nombreux avantages.

     

    Personnes physique et morale à faible revenu, voici une bonne nouvelle. La finance islamique, avec ses nombreux atouts ou avantages, vous tend les bras. Pour en savoir davantage, le Crédit du Sahel partage son expérience des projets financés au Nord et à l’Extrême-Nord du Cameroun au profit des cultivateurs de riz. En effet, cet établissement financier aide à «sortir une bonne couche de la population du septentrion de la pauvreté. Avec les produits de la finance islamique, il a accompagné ces populations à cultiver des hectares de riz», révèle Fouapon Alassa, coordonnateur du Collectif islamique du Cameroun pour la recherche et l’appui au développement. Selon Ismaël Ndan Ladi, juriste-consultant, la finance islamique arrive comme une panacée en cette période de crise. Elle repose d’emblée sur l’éthique, et cela dit, elle respecte un certain nombre de lois: la dignité de l’être humain, l’interdiction des prêts usuraires; et elle participe dans la réalisation de projets. La banque est partie prenante. On gagne tous ensemble, on perd tous ensemble. Tandis que dans le système capitaliste, c’est le contractant qui perd et non la banque.

    Dans un second temps, la finance islamique encourage les mécanismes de redistribution. Selon Nsangou Mama Awoulou, imam prédicateur et spécialiste en fondement du droit musulman à l’Université islamique de Médine en Arabie Saoudite, si la finance conventionnelle est profitable aux capitalistes, la finance islamique vise le bas peuple. Lorsqu’on «observe les différents produits de la finance islamique, ils vont dans le sens de la satisfaction des pauvres, contrairement à la finance classique», fait-il observer. L’adoption de la finance islamique permet de financer les petits projets sans intérêts, mais plutôt partage des profits et des risques avec la banque ou la micro finance qui «accompagne dans l’accomplissement du projet, pour éviter autant que faire se peut les dérapages». Selon Hassan Belibi Noah, expert financier consultant en finance islamique, la finance islamique est une véritable opportunité pour nos économies. Elle va permettre de structurer nos économies de façon qu’on «puisse la rendre efficace, pour adresser le développement durable». Car elle apporte cette structuration capable de ramener les parties prenantes vers un objectif unique qui est le bien-être de l’être humain. Au niveau de l’État, si les projets sont structurés avec l’esprit de la finance islamique, c’est-à-dire avec l’esprit de l’intérêt général, avec un objectif de développement, on va éradiquer les maux tels que les malversations financières, la corruption, et certaines erreurs. «De façon résolue, nous devons être tous engagés pour la promotion de la finance islamique pour un lendemain meilleur», conclut Hassan Belibi Noah, expert financier consultant en finance islamique.

    Olivier Mbessité

  • La rationalisation des CERs revue et corrigée: le général Verissimo droit dans ses bottes

    La rationalisation des CERs revue et corrigée: le général Verissimo droit dans ses bottes

    Le président de la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) vient d’annoncer la tenue d’une retraite ministérielle sur la rationalisation des CERs.

    Le président de la Commission de la CEEAC relance le débat

    Mais ce n’est pas tant l’annonce que l’assurance affichée par Gilberto Da Piedade Verissimo qui devrait amener les autorités camerounaises en charge du pilotage de ce processus à être sur leurs gardes. «Au cours de cette retraite des ministres en charge des Affaires étrangères et de l’Intégration régionale, seront étudiées les modalités de la fusion», déclare en effet sur le ton d’un homme sûr de son fait, le dirigeant communautaire. Une affirmation pourtant en opposition totale avec certaines indiscrétions obtenues au secrétariat technique du Comité de pilotage (Copil/CER-AC). Lesquelles faisaient déjà état en mi-juillet 2023 «d’une rencontre pour que tout le monde soit au même niveau d’information. Les travaux consisteront à présenter les textes qui régissent le Copil, ainsi que le communiqué final donnant mandat au président Paul Biya», avait-on appris.

    Nouvelle étude de l’option de fusion ou simple point d’information? Là n’est pas la seule question autour de la retraite des ministres de la CEEAC. Car il y aussi la relecture tout à fait personnelle et en rupture avec le processus engagé jusqu’ici, faite le même jour par le président de la Commission. «Les textes sont là. Aujourd’hui, la CEEAC a un texte sur le Parlement communautaire, c’est une sorte de fusion». Et Gilberto Da Piedade Verissimo de se demander, comme s’il découvrait le problème de fond de la rationalisation et en avait la solution miracle: «est-ce qu’on va avoir le Parlement de la CEEAC et le Parlement de la Cemac? Est-ce que les États de la Cemac vont choisir cinq députés pour la Cemac et cinq autres pour la CEEAC? Je ne pense pas».

    La démonstration du dirigeant communautaire ne se limite pas à vanter les mérites du parachèvement institutionnel quasiment acquis au niveau de son institution. Le domaine de compétence de la CEEAC est également convoqué. «Qui suit la situation du Gabon? C’est la CEEAC et ses onze États. Ce n’est pas la Cemac et ses six États», fait-il observer. La perspective étant de bien renforcer l’idée d’une évolution vers une fusion-absorption plutôt que vers une fusion-constitution d’une nouvelle Communauté.

    Après l’incident diplomatique enregistré lors du 23ème sommet ordinaire des chefs de la CEEAC au Gabon (ndlr: l’expulsion de la salle du au secrétariat technique du Comité de pilotage Copil/CER-AC et la protestation musclée de l’ambassade du Cameroun au Gabon), il reste à savoir comment le Cameroun entend définitivement mettre un terme à cette guerre de tranchées. Le Conseil des ministres du Copil/CER-AC, également dans le pipe, devrait constituer une excellente occasion pour le faire.

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Jean-Luc Mastaki : «Une coalition secteur public, privé et société civile est la clé pour renforcer la qualité de nos produits»

    Jean-Luc Mastaki : «Une coalition secteur public, privé et société civile est la clé pour renforcer la qualité de nos produits»

    Le directeur du Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la CEA était face à la presse ce 20 septembre 2023. Entre autres leçons, les échanges avec les hommes de médias ont permis de mettre en évidence la position que la sous-région entend adopter au cours de la prochaine session conjointe du Comité intergouvernemental des hauts fonctionnaires et d’experts d’Afrique centrale et de l’Est. En intégralité la déclaration du responsable onusien.

     

    L’objectif de la rencontre d’aujourd’hui était d’annoncer l’organisation de la rencontre du Comité intergouvernemental des hauts fonctionnaires et d’experts que la CEA organise à Bujumbura du 26 au 29 de ce mois, et donc, la semaine prochaine. La spécificité de cette session est que c’est une seconde édition d’une session conjointe que le Bureau Afrique centrale, celui de Yaoundé, organise conjointement avec le Bureau de l’Afrique de l’Est qui est basé à Kigali. C’est une innovation que nous avons commencée à la CEA il y a deux ans parce que nous avons eu la première session l’année passée. Elle nous permet en fait de partager les expériences entre les sous-régions et aussi de pouvoir identifier les similarités et les complémentarités pour pouvoir avancer l’agenda de la transformation structurelle en Afrique.

    Le thème de cette année porte sur notre ambition de faire de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Est, des origines de produits de qualité, mais aussi des destinations d’investissements de qualité pour pouvoir faire avancer l’agenda de la diversification économique, la transformation structurelle et la sécurité alimentaire. Nous envisageons donc de discuter de façon approfondie de cette question des piliers aux infrastructures de qualité dans les deux sous-régions. Ce défi est très important à relever parce que nous ne pouvons parler de la Zone de libre-échange continentale africaine et pouvoir en tirer les bénéfices escomptés que si au niveau des pays, au niveau individuel, et des sous-régions, au niveau global, nous sommes en mesure de produire des biens et services de qualité traçables et évidents. Et pour ce faire, nous pensons qu’une coalition entre le secteur public, privé et la société civile est la clé pour que nous puissions amener nos producteurs à renforcer la qualité de nos produits et pouvoir les certifier à travers des normes et des standards bien aguerris au niveau sous-régional, pour un meilleur accès au marché sous-régional et aussi au marché global pour notre sous-région.

    S’agissant de l’industrialisation, notre message a toujours été clair. Je crois que Monsieur Adam l’a si bien souligné. Nous pensons que les Zones économiques spéciales que nous appelons de nouvelle génération, doivent être le cadre à travers lequel le climat des affaires doit s’améliorer. Nous attirons les majors d’industries mondiales pour qu’ils viennent transformer nos produits en suivant des normes et standards qui ont déjà fait leurs preuves ailleurs. Et donc pour nous, les ZES restent le cadre à travers lequel nous allons nous industrialiser de façon inclusive, dans la mesure où ces zones sont appelées à établir les liens avec nos PME qui constituent à 95% la structure de notre économie. Leurs relations avec les ZES permettra à ce que les entreprises locales puissent aussi monter dans la chaîne des valeurs, afin de pouvoir améliorer la qualité de nos produits.

    Ainsi pour nous, les ZES devront aller du national vers le transnational pour que nous puissions avoir des zones conjointes, à l’exemple de la zone de libre-échange que nous sommes en train de promouvoir entre la RDC et la Zambie. Nous pensons qu’il y a un potentiel énorme pour de telles zones qui permettra alors de donner de la valeur à nos produits, d’attirer les grands acteurs au niveau mondial qui pourront nous assurer que nous avons accès à des normes et qualités qui assurent notre compétitivité au niveau global.

    Comment le faire? Il faut créer des conditions. À savoir améliorer le climat des affaires pour que nous puissions attirer les meilleurs investisseurs. Nous avons dit dans le rapport, des investisseurs de qualité. Celle qui vient dans la manufacture cette fois-là, celle qui arrête de nous concentrer dans l’extractif et celle qui peut nous amener à améliorer la part du secteur manufacturier dans le PIB de la sous-région, et celle qui peut aussi nous amener à investir davantage dans les secteurs modernes, les secteurs de productivité.

     

    Améliorer le climat des affaires, assurer la lisibilité et la qualité de nos politiques économiques qui font que les investisseurs en venant, vont se rassurer de la stabilité du cadre institutionnel dans lequel ils vont évoluer et aussi faire en sorte que nous puissions dérisquer notre environnement pour que le niveau de perception des risques associés à nos économies soit plus faible pour que nous puissions tirer profit de majors.

    Les investisseurs, je vais encore le souligner, ne sont pas seulement étrangers. À nos propres investisseurs, nous devons leur donner aussi un cadre qui leur permette de jouer un rôle très important dans la promotion de la qualité, de la norme, des produits et du label Made in central Africa qui soient attractifs

    Et donc, c’est une coalition secteur public-secteur privé local et international que nous voulons mettre en place pour que le débat de qualité soit un débat assuré et assis dans notre sous-région.

    Propos recueillis par Théodore Ayissi Ayissi

  • Financement des universités: les jalons d’une nouvelle ère posés par la Cemac

    Financement des universités: les jalons d’une nouvelle ère posés par la Cemac

    La tâche s’annonçait immense pour la Commission de la Cemac. Et au final, la Conférence des recteurs des universités et des responsables des organismes de recherche d’Afrique centrale (CRUROR-AC) a réussi son pari.

    Le CRUROR-AC s’est aussi penché sur la question du LMD

    Celui de repositionner les institutions universitaires au cœur de l’intégration sous-régionale et de l’amélioration des conditions de vie des populations. «L’activité quotidienne de notre institution consiste à tout mettre en œuvre pour que l’université, temple du savoir, se transforme toujours davantage en temple d’excellence dans le domaine de la recherche et du développement de la sous-région». Le président de la Commission de la Cemac, Baltasar Engonga Edjo’o, indique par ailleurs attendre désormais «de ces centres, une formation de qualité qui réponde aux besoins généraux et spécifiques. Et en même temps, que les organismes de recherche se constituant en réseaux soient de plus en plus dynamiques et porteurs d’espoir en valorisant les résultats de la recherche».
    Ces ambitions partagées du 13 au 14 septembre dernier à Ndjamena sont à concrétiser au prix d’un meilleur accompagnement de l’enseignement supérieur dans la sous-région, ont convenu les participants. «Le financement des universités dans l’espace Cemac» constituait justement la thématique centrale de la session. Elle était placée sous la coordination du commissaire Fulgence Likassi-Bokamba et la présidence du ministre d’État tchadien de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation. Et parmi les principales recommandations, il y a l’obligation de nouveau faite aux «pays en développement, à l’instar des pays de la Cemac, d’investir 1% de leur Produit intérieur brut (PIB) dans la recherche». Tant «les besoins sont élevés et les secteurs d’activité concernés divers et variés», relève le Pr Bertin Léopold Kouayep dans son exposé sur l’évaluation des stratégies collaboratives Universités-Partenaires techniques et financiers. Le directeur de l’École supérieure de Commerce et de Gestion de Yaoundé évoque en outre la nécessité d’une bonne gouvernance des fonds reçus. «La redevabilité financière et managériale doit être le leitmotiv qui encadre les actions des responsables en charge de la gestion des partenariats qui ont été noués», martèle-t-il.
    Plusieurs autres chantiers tenaient également à cœur le président de la Commission de la Cemac, fidèle à son mandat de conception des politiques sectorielles communes. Entre autres, «le rythme de formation, la mobilité des étudiants, la reconnaissance des diplômes nationaux et l’harmonisation des conditions et des normes d’homologation», a-t-il énuméré.

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Production des engrais : l’agriculture intelligente pour faire de la sous-région un géant

    Production des engrais : l’agriculture intelligente pour faire de la sous-région un géant

    L’Afrique centrale et de l’Ouest pourraient avoir la capacité de nourrir 418 millions de personnes dans les prochaines décennies. En écho à l’Institut internationale de recherches sur les politiques alimentaires (IFPRI), la Banque mondiale souligne la nécessité d’une agriculture climato-intelligente, des réformes et des investissements adéquats dans le secteur des engrais, en contexte d’insécurité alimentaire, de conflits et de chocs climatiques. Quelques 42,7 millions de personnes en sont affectées en Afrique centrale.

    La Banque mondiale a dans son viseur les petits exploitants. «Les prix des engrais ont triplé depuis le début de 2020 et restent volatils. En outre, l’invasion russe en Ukraine a aggravé la situation, en raison de l’interruption des exportations d’engrais par des fournisseurs de premier plan comme le Bélarus et la Russie. Les apports en engrais sont faibles en Afrique subsaharienne, avec 22 kilos par hectare contre une moyenne mondiale sept fois plus élevée», est-il souligné.

    L’institution de Bretton Woods s’appuie sur les résultats de projets menés en collaboration avec diverses organisations onusiennes. «Le projet de réponse urgente à la crise alimentaire en Centrafrique (PRUCAC) a procuré à 329.000 petits exploitants des semences, des outils et une formation aux techniques agricoles et post-récoltes, pour développer leur production tout en résistant mieux aux risques liés au climat ou aux conflits. Résultat: la production est passée de 28.000 tonnes en septembre 2022 à 73.000 tonnes en juin 2023, soit une augmentation de 250 %», peut-on lire.

    Louise Nsana

  • Coups d’État en Afrique: l’Unoca et les institutions sœurs en rempart

    Coups d’État en Afrique: l’Unoca et les institutions sœurs en rempart

    Les changements anticonstitutionnels ayant cours sur le continent étaient en vedette lors de la 38ème réunion des chefs de mission de l’Onu à Dakar au Sénégal.

     

    Une situation qui interpelle particulièrement le chef du Bureau régional des Nations unies en Afrique centrale (Brenuac/Unoca), depuis la survenue du coup de force contre le président Ali Bongo Ondimba au Gabon. «Tout en reconnaissant les spécificités de chaque contexte, nous soulignons la nécessité de redoubler d’effort pour favoriser la bonne gouvernance et la transparence, afin de promouvoir une stabilité durable», ont prescrit aux gouvernements, Abdou Abarry et ses pairs. Il est d’ores et déjà annoncé «un renforcement du partenariat entre les Nations unies et les organisations régionales et sous- régionales dans le domaine de la gouvernance. En l’occurrence les partis politiques et la société civile», renseigne un compte rendu.

    D’autres solutions sont également envisagées ce 12 septembre 2023. Celle notamment relative à la séparation des pouvoirs. Les chefs de mission de l’Onu insistent sur «l’importance des mécanismes d’équilibre des pouvoirs, y compris pendant les processus de révision constitutionnelle et les périodes de transition». Abdou Abarry et ses pairs appellent à titre d’exemple à s’inspirer de «l’approche ‘‘Nexus’’ pour la paix et la sécurité, l’humanitaire et le développement». Il s’agira ainsi pour les représentants spéciaux d’Antonio Guterres, secrétaire général de l’Onu, «de recalibrer l’approche des Nations unies et de revoir leur engagement stratégique afin de mieux relever les défis multiformes identifiés et de préserver les principes de gouvernance démocratique, l’État de droit et le rétablissement de la confiance dans les gouvernements», ont-ils souligné.

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Arbitrage : le recadrage de la BEAC dans l’affaire Dan Pullo/MTN

    Arbitrage : le recadrage de la BEAC dans l’affaire Dan Pullo/MTN

    Un réquisitoire du gouverneur Abbas Mahamat Tolli daté du 8 septembre 2023, alerte le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, sur les risques que certaines violations de la réglementation communautaire sur les services de paiement dans la Cemac font peser sur le système financier. La plainte contre le milliardaire camerounais est diligentée au départ par l’Association professionnelle des Établissements de crédit du Cameroun (Appecam), constituée partie civile.

    Vers de nouveaux développements dans le feuilleton judiciaire

    Un nouveau rebondissement dans l’affaire mettant aux prises le milliardaire camerounais Baba Danpullo et la compagnie de téléphonie mobile MTN. Et cette fois, c’est la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) qui prend ses responsabilités et décide de jouer les procureurs. Le gouverneur de la Banque centrale saisi par l’Association professionnelle des Établissements de crédit du Cameroun (Appecam), dénonce «des décisions de justice à l’encontre des Banques implantées au Cameroun». En lien avec le contentieux opposant «principalement Bestiner Company South Africa Limited et trois autres à MTN Cameroon Ltd, MTN Mobile Money et Chococam», écrit Abbas Mahamat Tolli. Son réquisitoire est consigné dans une correspondance adressée ce 8 septembre 2023 au ministre camerounais des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze. Il fait précisément état «de diverses ordonnances judiciaires comminatoires, assorties d’astreintes journalières très élevées à l’encontre de sept établissements de crédit, visant à les contraindre à transférer au greffe du tribunal de Grande instance de Bonanjo, désigné séquestre, des fonds cantonnés dans le cadre des saisies conservatoires pendantes».

    Péril en la demeure
    L’attention du Minfi est ainsi attirée sur «les risques que font peser de telles décisions de justice sur le système bancaire et financier, au regard des enjeux importants». Car pour le gouverneur de la Beac, il paraît clair que ces décisions «ne reposent pas sur une base légale». Bien au contraire. Compte tenu des dispositions pertinentes du règlement 04/18/Cemac/Umac/Cobac du 21 décembre 2018 relatif aux services de paiement dans la Cemac. L’article 52 disposant en effet que les fonds inscrits sur le compte appartenant aux clients mobile money «sont protégés contre tout recours contre d’autres créanciers de l’établissement de paiement, y compris en cas de procédure d’exécution ou de procédure collective d’apurement de passif ouverte contre l’établissement de paiement», peut-on lire.

    Autres charges
    D’autres charges contre Baba Danpullo et la justice camerounaise sont également portées à l’attention de Louis Paul Motaze. Celle notamment relative à la violation de la loi 2008/003 du 14 avril 2008 régissant les dépôts et consignations. L’instrument juridique de portée nationale dispose «en ses articles 3, 5 et 6 que les dépôts, consignation et séquestres judiciaires ne peuvent être ordonnés qu’au profit de la Caisse des Dépôts et Consignations qui jouit d’un monopole concernant lesdits fonds», rappelle Abbas Mahamat Tolli. Avant d’exhorter le ministre des Finances «à bien vouloir saisir le ministre d’État, ministre de la Justice, Garde des Sceaux, pour le sensibiliser aux règles encadrant le système bancaire et financier, dont la mauvaise application pourrait comporter les germes d’un risque systémique», prévient-il encore.

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Déstabilisation de la transition militaire au Gabon : la Guinée Équatoriale au banc des accusés

    Déstabilisation de la transition militaire au Gabon : la Guinée Équatoriale au banc des accusés

    Une demande de soutien financier offerte à l’opposant Albert Ondo Ossa et adressée au vice-président équato-guinéen, Teodoro Nguema Obiang Mangue, provoque une flambée de tensions et fait vaciller la sérénité autour du général Brice Clotaire Oligui Nguema. Déjà plusieurs arrestations.

    Le Gabon éternel, la Guinée Equatoriale s’enrhume

    Le vice-président de la Guinée Équatoriale est depuis quelques jours au centre de graves soupçons de déstabilisation du pouvoir de transition au Gabon. À l’origine, les récentes prises de position de Teodoro Nguema Obiang Mangue en faveur de la « remise du pouvoir aux civils », at-il écrit sur Twitter. Mais il y a surtout une lettre à lui envoyée et signée par le Pr Albert Ondo Ossa. Le principal challenger d’Ali Bongo Ondimba à la dernière élection présidentielle et mandat « les anciens candidats Mike Jocktane et Therence Gnembou Moutsona de rencontrer ce haut responsable équato-guinéen pour financer une opération non précise, mais qui tendaient quand-même à vouloir renverser les institutions de la République», affirme ce 7 septembre 2023 Télesphore Obame Ngomo.Le conseiller spécial du général Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la Transition au Gabon, précise que la correspondance a été interceptée le mardi 5 septembre dernier, alors que les deux coursiers tentaient de traverser en voiture la frontière Gabon-Guinée Équatoriale. Ces derniers sont depuis lors aux arrêts. Et Télesphore Obame Ngomo appelle au minimum à ce que «le Pr Ondo Ossa soit entendu sur cette grave affaire, puisque jusqu’à présent il n’a pas nié en être l’auteur», insiste-t-il.

    Réactions
    Il n’en fallait pas plus pour que des réactions fusent, au moment où s’achève la visite de 48 heures du Pr Faustin Archange Touadéra, facilitateur de la CEEAC et d’Abdou Abarry, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Afrique centrale. Et d’abord celle de Teodoro Nguema Obiang Mangue. Le vice-président équato-guinéen indique ce 7 septembre 2023 que « la Guinée Équatoriale n’interfère pas dans les affaires intérieures des autres États. Nous soutenons le dialogue comme le seul moyen de résoudre les problèmes. La condition panafricaniste nous fait respecter les valeurs africaines».
    Il ya ensuite la déclaration ce 8 septembre du principal mis en cause. Albert Ondo Ossa dit avoir «lu cette lettre-là.Je ne reconnais pas l’avoir écrit, je ne l’ai pas signé». Et à en croire l’opposant, « cette lettre n’est de toutes les façons pas compromettante. En quoi pourrait-elle effectivement susciter une arrestation et un boucan, puisque le Gabon a véritablement besoin de paix et cette paix se fait avec nos voisins ?», demande-t-il.

    Siège de la CEEAC
    Une posture contestée et condamnée un jour plus tôt par Alternance 2023. La lettre objet des tensions avec la Guinée Équatoriale portait l’en-tête de la plateforme de l’opposition. Il y a par ailleurs de fortes chances pour que la brouille diplomatique naissante soit alimentée par le transfert du siège de la CEEAC de Libreville vers Malabo.

    Théodore Ayissi Ayissi

     

  • Catherine Colonna : «Ce n’est pas à nous d’être prescriptifs sur la tenue de nouvelles élections au Gabon»

    Catherine Colonna : «Ce n’est pas à nous d’être prescriptifs sur la tenue de nouvelles élections au Gabon»

    La ministre de l’Europe et des Affaires étrangères depuis mai 2022 défend les positions de Paris face aux coups d’État survenus au Niger et au Gabon cet été, souvent au détriment des intérêts français, et invite à la patience au sujet de la contre-offensive ukrainienne contre la Russie.

     

    La France n’est-elle pas dans une impasse au Niger?
    La politique de la France est simple. D’une part, nous condamnons toute prise de pouvoir par des putschistes, qui plus est dans un pays comme le Niger, où les institutions démocratiques fonctionnaient. D’autre part, nous appuyons les efforts des pays de la région pour parvenir à un retour à l’ordre constitutionnel. Les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ont formulé un certain nombre de demandes et décidé de sanctions économiques, financières, de la fermeture des frontières, et d’un recours éventuel à une force régionale si les efforts diplomatiques en cours n’étaient pas couronnés de succès. Les seules autorités du Niger que nous reconnaissons, comme l’ensemble de la communauté internationale, sont le président Mohamed Bazoum et son gouvernement. Notre position n’a rien de singulier de ce point de vue.

    N’est-il pas risqué de maintenir coûte que coûte l’ambassadeur français à Niamey?
    Il est notre représentant auprès des autorités légitimes du Niger, accrédité comme tel, et nous n’avons pas à nous ranger aux injonctions d’un ministre qui n’a aucune légitimité, ni pour les pays de la sous-région, ni pour l’Union africaine, ni pour les Nations unies, ni pour la France. C’est ce qui explique le maintien de notre ambassadeur. Nous nous assurons qu’il puisse faire face en toute sécurité aux pressions des putschistes.

    Dans un climat de défiance aussi fort, est-il possible de maintenir les troupes françaises, dont la junte réclame le départ?
    Il est important de rappeler que ces troupes sont là à la demande des autorités du Niger, pour les appuyer dans la lutte contre les groupes armés terroristes, et pour mener des actions de formation. Aujourd’hui, cette mission ne peut plus être assurée, puisque nous n’avons plus, de facto, d’opérations menées conjointement avec les forces armées nigériennes.

    Après le Mali, redoutez-vous l’intrusion au Niger des mercenaires russes de Wagner?
    L’auteur principal du coup d’État [le général Tiani] semble d’abord avoir agi pour lui-même, et non à l’instigation de Wagner ou de la Russie. Mais que la Russie, là comme ailleurs, y ait vu un gain d’opportunité possible, je crois que c’est assez clair. Je ne suis pas convaincue que tout le monde, dans le pays, dorme avec un drapeau russe flambant neuf sous son oreiller et le sorte à la première occasion. Il y a une tentation populiste de s’en prendre à la France et de vouloir rallier contre elle. C’est le propre du populisme de trouver un bouc émissaire et d’aller agiter ce genre de prêt-à-porter idéologique.

    Comment voyez-vous l’évolution de Wagner en Afrique après la mort de son chef, Evgueni Prigojine?
    Wagner vient de subir un choc considérable avec la mort de ses fondateurs et de certains de ses cadres. Il est néanmoins trop tôt pour savoir quelles en seront toutes les conséquences. Il est probable que ceux qui avaient eu recours à Wagner s’interrogent aujourd’hui, à la fois sur son rôle au sein du système russe – il y a quand même des fragilités dans ce système, c’est le moins qu’on puisse dire – et sur le bilan de Wagner. Ce groupe est d’une inefficacité totale dans la lutte contre le terrorisme et le djihadisme, doublé d’exactions graves, et documentées. Il faut s’attendre à d’autres tentatives de pillage des ressources et de basses œuvres faites pour la Russie, si ce n’est au nom de la Russie.

    Il est souvent reproché à la France de tenir un double discours, en condamnant d’un côté les militaires prenant le pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger, tout en s’accommodant du pouvoir militaire au Tchad…
    Ce n’est pas la France qui fait ou défait les élections, choisit les chefs d’État africains ou, a fortiori, mène les coups d’État. Au Tchad, nous avons pris acte d’une période de transition, et il faudra évidemment que le processus en cours soit respecté intégralement. Au Niger, des militaires s’en sont pris à celui qu’ils étaient censés protéger, un président dont nul ne conteste qu’il a été élu démocratiquement, et s’employait à moderniser son pays, à le faire progresser, sur les plans économique, social et sécuritaire.

    La condamnation par la France du coup d’État contre Ali Bongo au Gabon semble moins ferme. Vos réactions ne sont-elles pas à géométrie variable?
    Au Gabon, le processus électoral suscitait, comme en 2016, un certain nombre de questions. Dans un cas comme dans l’autre, nous agissons avec des principes simples. Le premier est de condamner les coups d’État et de trouver une solution démocratique à la crise. Le second, c’est que nous n’avons pas à nous substituer aux organisations régionales, en l’occurrence l’Union africaine et la CEEAC [Communauté économique des États de l’Afrique centrale]. La ligne de la France, c’est d’être à l’écoute des Africains, pas de décider à leur place. La «Françafrique» est morte depuis longtemps.

    Faut-il de nouvelles élections, ou simplement recompter les votes du scrutin présidentiel, dans la mesure où le candidat de l’opposition, Albert Ondo Ossa, revendique la victoire?
    Ce n’est pas à nous d’être prescriptifs, ni dans ce cas ni dans d’autres. Le processus électoral était imparfait, il n’est pas allé à son terme. Je ne suis pas sûre qu’on sache aujourd’hui quel eût été le bon comptage des voix.

    Et, malgré tout, on observe une perte d’influence de la France en Afrique. La coopération n’a-t-elle pas été trop réduite au volet sécuritaire?
    Non, nous sommes intervenus chaque fois en appui des demandes de ces pays. La France est en effet un partenaire de sécurité fiable pour ses partenaires. Elle l’a prouvé au Sahel. Quand nous sommes moins présents, l’insécurité augmente: au Mali, les groupes armés terroristes ont doublé la superficie des territoires qu’ils contrôlent. Au Niger, où nous sommes de facto dans l’impossibilité de mener des actions, les attaques ont augmenté de 600% en un mois. Forcément, ces groupes profitent du désordre.

    Ces crises sont troublantes, préoccupantes, parce que cela donne parfois l’impression d’un retour cinquante ans en arrière. Mais il ne faut pas voir nos relations avec le continent africain sous ce seul prisme. Méfions-nous de l’effet loupe: ce n’est pas parce qu’il y a 3.000 ou 5.000 personnes qui manifestent dans un stade à Niamey, dont une partie est payée, que cela résume nos relations avec 1,5 milliard d’Africains. L’Afrique n’est pas que le Sahel. Nos relations se développent avec des États dans lesquels nous étions moins présents, comme le Kenya, l’Afrique du Sud, où je suis allée récemment, l’Éthiopie, où je suis allée aussi.

    La refondation de nos liens s’est accélérée depuis six ans, et le chemin a été tracé par le président de la République à Ouagadougou. Il faut veiller à nouer des liens avec l’ensemble des sociétés, les oppositions, la jeunesse, les intellectuels, les sportifs, les artistes, au-delà des gouvernants. En six ans, les partenariats ont été développés, on a augmenté de 50% notre investissement solidaire. Nous sommes aussi disposés à faire, avec les pays avec lesquels nous avons un passé commun, le travail nécessaire, et qui n’était pas venu assez tôt, sur la mémoire, l’histoire commune, ou des restitutions d’œuvres d’art – à commencer par le Rwanda, l’Algérie, le Cameroun et le Bénin.

    Il y a une revendication de souveraineté portée par les putschistes qui fait écho à des frustrations profondes exprimées par les populations…
    La souveraineté, ceux qui l’ont mise sous le boisseau récemment l’ont plutôt fait au profit de la Chine ou de la Russie. Quand on voit, sur certains panneaux brandis dans des manifestations au Niger, «vive l’indépendance, vive la Russie», il y a une contradiction évidente. La dette chinoise, l’armement russe, pour ne pas dire soviétique dans le cas de quelques pays, voilà les instruments de la dépendance de la part de ces puissances.

    Sur l’Ukraine, que pensez-vous des propos de Nicolas Sarkozy, qui met en avant sa médiation de 2008 en Géorgie pour appeler Kiev à trouver un compromis avec Moscou, considérant que «tout retour en arrière est illusoire» pour la Crimée, annexée par la Russie?
    Je n’ai pas à commenter, dans ma position, les propos d’un ancien président de la République. D’autres l’ont fait. Si l’on regarde les principes, la Crimée est ukrainienne. On ne peut pas imaginer que la France s’écarte du principe d’intangibilité des frontières. Que la Crimée soit occupée par la Russie ne change pas cette réalité. Sur le plan des faits, ce qui s’est passé en 2008 en Géorgie n’a pas empêché la Russie de poursuivre son œuvre impérialiste.

    N’est-il pas irréaliste de plaider pour une négociation, en pleine contre-offensive ukrainienne?
    Manifestement, le moment où des négociations de bonne foi pour une paix juste pourraient s’engager n’est pas venu. Le seul pays à en parler, c’est l’Ukraine. Il est remarquable qu’elle continue de le faire alors qu’elle est attaquée, envahie, meurtrie, bombardée jour après jour, y compris sur des objectifs civils, dans une guerre lâche. Le président Zelensky a présenté au G20 de Bali, en Indonésie, en novembre 2022, un plan en dix points qui fait l’objet de leur part, avec notre accompagnement, d’un gros effort d’explication vis-à-vis des pays émergents, qui ne pensent pas spontanément comme eux. C’est aux Ukrainiens de décider quel sera le moment de négocier, cela va de soi. Du côté russe, nous ne voyons aucun signal d’aucune sorte d’une quelconque volonté d’engager des négociations.

    Que pensez-vous des réserves dont il est question aux États-Unis sur la conduite de la contre-offensive?
    Les Ukrainiens ont toujours dit qu’ils mèneraient leur contre-offensive sur plusieurs mois, et non en quelques jours ou semaines. Ils disent eux-mêmes que les opérations sont difficiles, car les Russes ont mis en place plusieurs lignes de défense, des mines, et contrôlent le ciel. Néanmoins, les Ukrainiens progressent et ont percé à certains endroits. Avant de porter des jugements, il faut se souvenir que ce sont eux qui se battent, et font le sacrifice de leurs vies.

    Dmytro Kuleba, votre homologue ukrainien, considère que son pays doit être au coeur de l’ordre de sécurité européen, après le conflit et son entrée dans l’OTAN, plutôt que de rechercher un arrangement avec la Russie. Partagez-vous son avis?
    Je comprends que la situation dans laquelle se trouve l’Ukraine la conduise à avoir une vision extrêmement négative de la Russie. Nous, nous avons une vision négative, non pas de la Russie, mais du comportement de la Russie, de l’agression russe, qui doit être défaite, pour l’Ukraine et pour la paix et la sécurité dans le monde. Si cette agression réussit, une autre agression se produira ailleurs. Cependant, la Russie existe et continuera d’exister. Il se trouve que la réalité, l’histoire, la géographie font que ce pays se trouve en grande partie sur le continent européen. Il faudra bien trouver avec elle le moyen de rebâtir une architecture de sécurité solide prenant en compte les intérêts de stabilité de tous. Ce qui ne veut pas dire faire passer l’Ukraine par pertes et profits ou qu’elle n’entre pas dans l’OTAN. La Russie a rompu ces équilibres sans aucune justification ni raison. Elle a choisi la guerre alors même qu’un processus diplomatique était en cours. L’Ukraine ne menaçait pas la Russie. Et les nazis n’étaient pas au pouvoir à Kiev.

    Où en sont les réflexions françaises au sujet des garanties de sécurité promises à Kiev par les pays du G7 lors du sommet de l’OTAN? Elles paraissent encore très floues…

    Pas du tout. Le G7 a été rejoint par vingt pays à ce jour, pour l’essentiel des européens, mais pas seulement. Ce travail est en cours en ce qui nous concerne, avec un premier avant-projet, et de premiers échanges. Il est envisagé de proroger à moyen terme l’aide que nous apportons à l’Ukraine, dans les domaines militaire, mais aussi civil et humanitaire. Il s’agit d’aider l’Ukraine dans la durée, puisque cette guerre peut être appelée à durer. C’est aussi un message adressé à la Russie de notre détermination de rester aux côtés de l’Ukraine, pour qu’elle recouvre sa pleine souveraineté, son indépendance et son intégrité territoriale.

    Politique étrangère – Entretien de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, publié dans le journal quotidien «Le Monde» (Paris, 03/09/2023)

  • Après le Mali, Burkina et Niger: la France sur siège éjectable au Tchad

    Après le Mali, Burkina et Niger: la France sur siège éjectable au Tchad

    Des populations en furie et tentant de prendre d’assaut une base militaire française. Ces images rappellent certainement l’actualité en cours de développement au Niger. Mais les faits se déroulent bien au Tchad voisin.

    Les manifestants tchadiens aux portes de la base militaire française

    Nous Sommes le 5 septembre 2023 lorsque Mahamat Dakou Hamid en quête de soin se rend à la base militaire de Barkhane. Le militaire tchadien y trouve finalement la mort après avoir été abattu par un infirmier en poste au Centre de santé de ce camp de l’armée française. La nouvelle et les conditions considérées comme «racistes» de sa mort parviennent aux oreilles des populations de Faya-Largeau, région du Borkou, dans le Nord du pays. Celles-ci exigent immédiatement le départ de Barkhane. Elles déferlent sur la base française, pour tenter d’y déloger les occupants. Un déferlement qui oblige les forces de défense et de sécurité tchadiennes à intervenir, avec à la clé plusieurs blessés du côté des populations et l’instauration d’un couvre-feu.

    Une enquête est depuis lors ouverte. Et en attendant ses conclusions sur les circonstances de la mort du Tchadien, au moins deux thèses s’opposent déjà. Celle du gouverneur de la région du Borkou et celle d’un élu local. «Un militaire tchadien, qui n’était pas dans un état normal, s’est rendu pour un pansement dans la base militaire de l’armée française, a pris un scalpel et a blessé un infirmier militaire français. L’infirmier a fait usage de son arme à feu et l’a tué». Le gouverneur et non moins général Ali Maïde Kebir poursuit: «(…) après avoir appris la mort du soldat tchadien, la population de Faya a manifesté toute la journée devant l’entrée de la Base, a tenté d’y pénétrer, mais sans succès et la foule s’est dispersée à la tombée de la nuit». Une thèse reprise par plusieurs médias en Hexagone.
    Quant à l’élu local aux avant-postes des manifestations populaires anti-français, les choses se seraient passées autrement. «Il y a eu une incompréhension avec un médecin de l’armée française et celui-ci l’a abattu à bout portant». Et le conseiller national de soutenir la démarche des populations de Faya. «Ces gens occupent nos terres et ils veulent nous tuer impunément?», se demande Ahmat Bedei Toulomi dans un tweet rapidement devenu viral. De quoi en tout cas donner des insomnies aux autorités françaises déjà obligées de gérer le démantèlement de leurs bases militaires en Afrique de l’ouest.

    ThéodoreAyissi Ayissi

  • Tête-à-tête Biya-Touadéra : le coup d’État au Gabon forcément à l’ordre du jour

    Tête-à-tête Biya-Touadéra : le coup d’État au Gabon forcément à l’ordre du jour

    Le président en exercice de la Cemac en partance pour New York aux États-Unis et en escale à Yaoundé, a échangé avec son homologue camerounais dans la nuit du 12 septembre dernier sur des sujets d’intérêt bilatéral et communautaire. Et même si rien n’a filtré de leurs discussions, tout porte à croire que le coup d’État au Gabon et le compte rendu de la mission récemment effectuée par le facilitateur de la CEEAC ont figuré au menu des échanges. Quelques indicateurs sur l’évolution de la transition militaire au Gabon présentés à Paul Biya et résumés lors d’un point de presse par le Pr Faustin Archange Touadéra à l’issue de sa visite de deux jours à Libreville.

     

    Je voudrais très sincèrement remercier le président de la transition, le Comité de la transition et de la restauration des institutions (CTRI) et le peuple gabonais pour l’accueil chaleureux qui nous a été réservé et toutes les dispositions qui ont été prises pour notre mission ici à Libreville. Et comme vous le savez, le Gabon est membre de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et depuis le 30 août, il y a eu interruption du processus électoral. Suivant nos textes, les chefs d’État ont très rapidement par solidarité et pour comprendre ce qui s’est passé ici, convoqué deux Sommets extraordinaires pour étudier les conséquences de ces actions. Et comme vous le savez, il y a nos textes, des textes qui régissent la Communauté CEEAC. Les chefs d’État ont pris un certain nombre de mesures. C’est l’ensemble de ces mesures que je suis donc venu porter au président de la transition et au CTRI.

    La Conférence des chefs d’État a décidé compte tenu de nos textes, et surtout de la décision de l’Union africaine, de suspendre le Gabon des activités de la CEEAC, ceci conformément à nos textes. Et de cette suspension, découlent un certain nombre d’actions, puisqu’avant le 30 août 2023, c’est le Gabon qui assurait la présidence de notre organisation. Avec cette suspension, la Conférence a donc désigné le président Obiang Nguema Mbasogo comme le président en exercice de notre Communauté. Le Gabon abrite aussi le siège de la CEEAC. Et compte tenu de la suspension conformément à nos textes, le siège est transféré provisoirement à Malabo, en attendant donc le retour à l’ordre constitutionnel.

    La Conférence m’a également fait l’honneur de me désigner, et de désigner la République Centrafricaine comme Facilitateur pour accompagner le Gabon par solidarité, parce que c’est l’un des objectifs de notre Communauté. Et en tant que facilitateurs,  nous avons donc la mission avec le président de la Commission de la CEEAC de pouvoir établir et d’élaborer de commun accord avec le pouvoir de la transition et le CTRI, une feuille de route permettant un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Je suis donc arrivé pour porter ces informations au CTRI et cela m’a permis de rencontrer le président à mon arrivé. Et avec tous les membres du Comité, nous avons échangé.

    Nous avons également sur autorisation du président, eu l’opportunité de rencontrer le président Ali Bongo Ondimba avec qui nous avons échangé sur sa situation et sur l’ensemble de la situation. Je crois que ces échanges étaient très fructueux. Ce matin, j’ai rencontré dans le cadre de cette facilitation les confessions religieuses et nous avons partagé leurs points de vue sur la situation qui prévaut en ce moment. Cela  a été une rencontre très intéressante et nous avons eu beaucoup d’éléments d’information. Nous avons également rencontré le corps diplomatique, pour les informer de notre mission et des mesures qui  ont été prises. Nous avons rencontré la classe politique et les partis politiques. Des échanges très fructueux ont eu lieu. Et enfin, nous avons rencontré la société civile qui nous a donné également son point de vue.

    À l’unanimité, je pense que la population a apprécié l’action posée par le Comité qui a préservé la paix et a évité le bain de sang. Mais nous devons continuer à travailler dans le cadre de cette facilitation avec le Comité de transition pour la restauration des institutions pour élaborer une feuille de route permettant donc un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Nous venons donc de faire une petite restitution avec le Comité. Nous remercions le président pour l’esprit d’ouverture et l’attention qu’il porte à cette facilitation. Ce n’est qu’un début de processus qui va nous conduire jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel. Voilà en un mot, l’objet de cette mission à Libreville.

    Propos retranscrits par Théodore Ayissi Ayissi

  • CRUROR-AC 2023: la 9ème session ordinaire en cours à Ndjamena

    CRUROR-AC 2023: la 9ème session ordinaire en cours à Ndjamena

    Les travaux de deux jours de la Conférence des recteurs des universités et des responsables des organismes de recherche d’Afrique centrale se respectent sous la coordination du commissaire Fulgence Likassi-Bokamba, président du Comité d’organisation, et en présence de plusieurs responsables communautaires parmi dont Baltasar Engonga Edjo’o, président de la Commission de la Cemac.

    Plusieurs articulations et thématiques telles que l’évaluation des stratégies collaboratives ou encore le financement de l’enseignement supérieur dans l’espace Cemac sont au menu jusqu’à ce 14 septembre 2023. En intégralité l’exposé du Pr Bertin Léopold Kouayep, directeur de l’ ‘École supérieure de Commerce et de Gestion de Yaoundé.

     

     

    THÈME : « FINANCEMENT DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DANS L’ESPACE CEMAC »

    SOUS-THÈME : « Évaluation des stratégies collaboratives Universités – PTF, financement efficace de l’enseignement supérieur et productivité de la recherche scientifique en zone CEMAC »

    Selon le guide pratique du travail collaboratif (Brest, 2009), travailler en collaboration implique un engagement mutuel des acteurs en vue de la réalisation d’une tâche. Dans une poursuite de la construction de l’intégration régionale, les États de l’espace CEMAC ont retenu, en plus du projet de mise en place d’une zone de libre-échange en Afrique centrale, le Projet de Renforcement du Système d’Enseignement Supérieur et d’Amélioration de la Recherche Scientifique dans cette région. Comme réitéré lors de la 8 ième conférence des

    Recteurs, qui s’est tenu en 2022 à Malabo, l’enseignement supérieur participe de façon non négligeable à la construction de l’intégration régionale. Ainsi, la 1 ière étape de la mise en place desdits projets intégrateurs dans l’espace CEMAC a eu pour objectif la mobilisation des fonds auprès des Partenaires Techniques et Financiers lors du sommet Afrique – France qui s’est tenu à Paris en novembre 2020.

    Notre intervention a pour mais de mettre en relief des stratégies collaboratives Universités – PTF qui contribuent à améliorer l’efficacité du financement de nos structures d’enseignement et de recherche.

    La stratégie collaborative renvoie à l’ensemble des actions et/ou des démarches coopératives et de mutualisations, adoptées par un ensemble de parties prenantes dans le but d’atteindre des objectifs communs. Et de façon simplifiée, l’évaluation stratégique consiste en la détermination de l’efficacité d’une stratégie donnée dans la réalisation desdits objectifs, afin d’y apporter des mesures correctives nécessaires.

    Dans une collaboration, les parties engagées doivent chacune trouver son intérêt. C’est la logique gagnant-gagnant. Ainsi, le financement du système d’enseignement supérieur et de la recherche scientifique des universités de la CEMAC par les PTF repose sur ce principe. Ceci pour dire que l’adoption et la de projets par les pays de la CEMAC, notamment ceux qui nous réunissent ici, sont influencées par les objectifs des PTF qui participent à leur financement. En d’autres termes, certains PTF participent davantage au financement des projets de renforcement de notre système de formation et de recherche, si et seulement si, ceux-ci leur permettent d’atteindre de façon pérenne la réussite de leurs propres projets d’investissement. .

    Dans les pays en voie de développement comme ceux de la CEMAC, les besoins en financement sont élevés et les secteurs d’activités concernés sont divers et variés. Ainsi par exemple, pour réduire l’importation de la main d’œuvre qualifiée dans l’exécution de nos projets de développement, il est indispensable que notre système académique mette en place des programmes de formation qui répondent à cette dynamique. En effet, « pour transformer il faut former ». Une formation de qualité mise à la disposition de nos États, un vivier de compétences nécessaires à l’attractivité et au maintien des investissements privés, leviers d’une croissance durable. Les stratégies d’alliances temporaires ou permanentes de nos structures entre-elles et avec les PTF, peuvent y contribuer très fortement.

    C’est dans cette perspective que s’inscrit, le Projet d’Appui au Développement des Capacités Scientifiques et Technologiques. Il s’agit d’un projet intégrateur qui a pour finalité, comme souligné dans le Rapport de la 8 ième Conférence des Recteurs de la CEMAC, de favoriser la multiplication et/ou la production des recherches appliquées et l’innovation dans les domaines tels que l’agriculture, l’énergie, la santé et l’environnement. Le sommet qui s’est tenu en France l’année dernière, a été l’occasion de présenter aux différents PTF, la pertinence de ce projet, notamment ses retombées dans les secteurs porteurs d’avenir.

    Ainsi par exemple, l’École Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé (Université de Yaoundé 1), a retenu de ce type de financement. Il a contribué au renforcement de l’employabilité de ses nouveaux diplômés dans différents domaines, à travers l’appui reçu. D’autres exemples de réussite existant dans chacune de nos universités et centres de recherche. Ils mettent en évidence le potentiel d’innovations qui regorgent nos pays et l’apport des stratégies collaboratives dans leur éclosion.

    Avec la concurrence mondiale de plus en plus exacerbée, et à laquelle aucune entité n’échappe, l’innovation est devenue un enjeu social et économique majeur tant pour nos États que nos entreprises. Il rend impératif la mise en place et le développement des stratégies pour le soutien. Mais il pose par la même occasion, la problématique de la relation U&B, c’est-à-dire, université – business. Nous sommes là, au cœur de la logique « gagnant-gagnant ». L’innovation permet, notamment, aux entreprises de faire face à de nombreuses difficultés telles que le ralentissement de la demande (en proposant des nouveaux produits qui vont relancer la consommation), l’augmentation des coûts de production, l’augmentation de la concurrence. .

    Nous devons cependant être conscients d’une réalité : nos projets d’intégration ne sont pas du seul ressort des pays de la sous-région, mais ils sont aussi influencés par la volonté des pays d’origine des partenaires. En effet, pour être éligibles aux financements des PTF, nos universités et centres de recherche, sont souvent tentées de leur « vendre » des projets de recherche compatibles avec leurs cahiers de charges. Or, cette stratégie d’alignement peut s’avérer dommageable pour l’institution universitaire et être par conséquent, peu utile au pays. En effet, certains thèmes ou projets de recherche peuvent être dissonants par rapport aux besoins et ambitions de nos structures universitaires et de futurs utilisateurs de leurs produits.

    L’utilité sociale et économique des structures hébergeant le projet, doit servir de socle dans les relations. Elle constitue un gage et un symbole de la réussite du partenariat universitaire – PTF.

    Mesdames et Messieurs, distingués participants, il ne s’agit pas là d’un vœu pieux.

    A titre d’illustration, porte un regard sur le cas de la stratégie collaborative de l’Université Inter-Etats Cameroun-Congo (UIECC) et l’un de leurs PTF. À sa création, les partenaires techniques et financiers de l’UIECC sont principalement la République du Cameroun, la République du Congo, la BAD, la BDEAC et la Chambre de Commerce Africaine de Scandinavie. Le 08 août 2023, ladite université a élargi son portefeuille de partenaires en signant un accord de partenariat avec « KL University » en Inde, spécialisée dans le numérique. L’un des objectifs de cet accord consiste au renforcement de la formation des ingénieurs spécialisés dans le numérique, pour améliorer le projet d’intégration numérique poursuivi par l’université inter-Etats Cameroun-Congo, d’une part, et d’autre. part, pour créer un centre d’incubation et d’accompagnement des technologies, facteur favorable à la mise en place des entreprises industrielles innovantes. Nous pouvons constater que, la collaboration entre ces pays repose sur les intérêts partagés, c’est-à-dire que toutes les parties engagées dureront un objectif commun. Si l’objectif de l’UIECC est de renforcer et/ou améliorer la formation de ces apprenants dans le domaine du numérique, l’objectif du partenaire indien est de créer des entreprises industrielles innovantes dans le numérique. Les deux visions sont conciliables et bénéfiques pour les deux parties. Les interactions entre le monde de la recherche et celui de l’entreprise, participent également à la transformation de la science en innovations (avec comme objectif de meilleures performances économiques), à l’instar de la biotechnologie californienne, du programme Biostar ou du projet Lien.

    Il apparaît donc au regard de cette collaboration stratégique que le financement et la réalisation des projets d’intégration en vue du renforcement du système d’enseignement supérieur et de la productivité de la recherche scientifique en zone CEMAC doivent satisfaire aux intérêts non seulement pour les universités , mais aussi pour les partenaires techniques et financiers. En conséquence, les retombées positives des stratégies collaboratives ont pour fondements la congruence entre les ambitions des partenaires techniques et financiers potentiels et nos projets d’intégration.

    Mais il ne s’agit là, que d’une des deux conditions de réussite de nos projets. La deuxième porte sur la question de la gouvernance des fonds reçus. La redevabilité financière et managériale doit être le leitmotiv qui encadre les actions des responsables en charge de la gestion des partenariats qui ont été nouveaux.

    Au final, les succès des stratégies collaboratives U&B, dont quelques-unes ont été présentées en amont, reposent sur un financement des projets à finalité endogène dans un écosystème de gouvernance approprié de nos universités et centres de recherche.

     

    Pr Bertin Léopold KOUAYEP

    Enseignant-Chercheur (Professeur HDR en sciences de Gestion)

    Président du Comité d’Organisation des « Pépinières Doctorales en Sciences Économiques et de Gestion » (PépiDoc SEGes CEMAC)

    Directeur de l’École Supérieure de Commerce et de Gestion, Yaoundé

  • CAN des Miss 2023: Stécya Minkoué au pinacle

    CAN des Miss 2023: Stécya Minkoué au pinacle

    De nationalité gabonaise, la lauréate a su séduire par ses nombreux atouts, le jury de la quatrième édition du concours African Miss university of the world. C’était le samedi 9 septembre dernier à Douala.

     

    Sur l’estrade, 18 candidates de 16 pays africains sont en compétition pour succéder à Elisar Azar. En présence du gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, la finale de la quatrième édition du concours de beauté CAN des miss s’est tenue le samedi 9 septembre 2023 à Douala. La démarche, le sourire, la communion avec les fans, ainsi que l’éloquence sont les principaux critères sur la base desquels sont jugées les reines de beauté.

    La candidate du Gabon Stécya Minkoué a rempli avec brio ces critères et est logiquement élue par le jury. La nouvelle Miss se dit heureuse et satisfaite de la compétition. Cette dernière ne manque pas d’exprimer son enthousiasme. «Avec beaucoup de concourantes,  je me disais que ce serait assez difficile et que je ferais tout pour être  la meilleure. Et Dieu merci, je le suis», se réjouit Stécya Minkoué, African Miss university of the world. Elle remporte ainsi la cagnotte de 5 000 dollars américain en guise d’accompagnement à la réalisation de son projet de production et commercialisation des produits agricoles. Ceci en plus d’un chèque d’une banque partenaire de l’évènement et d’un voyage et un stage à Paris.

     

    Autres prix

    A côté de la Miss, les candidates de l’Algérie et de la République Démocratique du Congo (RDC), respectivement première et deuxième dauphine. Le Cameroun, pays hôte de la quatrième édition de la CAN des Miss s’en sort quant à lui avec le trophée de Miss story.

    La deuxième dauphine ne regrette pas sa place et s’estime plutôt heureuse car c’est une grande expérience. Elle en a profité pour découvrir les cultures camerounaises et se créer ainsi une grande famille. Le ministère camerounais des Petites et Moyennes entreprises, de l’Économie sociale et de l’Artisanat voit en ce concours une opportunité qui porte enfin un intérêt aux projets des ambassadrices du Cameroun en cohérence avec la SND30.

    Quant au gouverneur de la région du Littoral, il partage l’idée du comité d’organisation du concours de beauté. Laquelle consiste à choisir d’allier la beauté des Miss le sens des affaires pour faire d’elles des modèles d’affaires à travers une compétition disputée. «Nous pouvons dire que la CAN a été un moment d’intenses émotions, puisque la compétition a opposé des Miss venant de seize pays. L’organisation a été supérieure», affirme  Samuel Dieudonné Ivaha Diboua.

    Pour Béatrice Doudou, promotrice de la CAN des Miss, «le concours qui prône les valeurs traditionnelles de la femme a livré une vainqueure à l’unanimité du jury». La tenue de la cinquième édition de la compétition est prévue en 2024 à Abidjan en Côte d’Ivoire.

    Diane Kenfack

  • Cité des cinquantenaires à Douala : la SAD sollicite les financements de la BDEAC

    Cité des cinquantenaires à Douala : la SAD sollicite les financements de la BDEAC

    Les fonds vont permettre de reprendre les travaux de construction dès décembre prochain.

     

    Le montant et les conditions du financement ne sont pas encore connus. «Je préfère ne pas me prononcer là-dessus.  Les choses seront clarifiées une fois que nous aurons bouclé les formalités de mise   en place   en octobre prochain», précise  Samuel Abessolo  Mve,  directeur commercial et marketing de la  Société d’Aménagement de Douala (SAD).

    La société d’aménagement de Douala veut procéder à un emprunt auprès d’un pool bancaire conduit par la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (Bdeac). Il s’agit d’être en capacité financière d’achever les travaux de construction de la cité du cinquantenaire située dans la capitale économique du Cameroun. Ce pool bancaire regroupe notamment Afriland First Bank, Shelter Afrique et le Crédit foncier du Cameroun. Le Chinois Shanxi Construction, qui devrait préfinancer les travaux et se faire payer par la SAD grâce aux recettes  de commercialisation, a remis en cause cet arrangement. N’ayant pas de fonds, «la SAD a cru bon de bien vouloir  contacter les bailleurs de fonds  pour avoir  un financement  propre, afin de lui permettre d’avoir une marge de manœuvre suffisante  pour conduire  les travaux dont la fin est prévue en décembre 2025», explique le directeur commercial et marketing.

    Au départ, le projet prévu était de quatre immeubles d’habitations de 10 étages   chacun, estimés pour un montant total de   30 milliards FCFA. Aujourd’hui, ces immeubles vont être de 12 étages chacun. «Ce qui a rallongé les délais et les coûts des travaux», affirme  Samuel Abessolo Mve. Ce dernier précise que l’avance de démarrage des travaux a été financée à 7 milliards FCFA par la Communauté urbaine de Douala (CUD) et les fonds propres de la SAD. Les fonds disponibles ont permis de monter un immeuble de 10 étages.  Un préfinancement de l’entreprise chinoise a permis d’acheter un deuxième immeuble, avant l’arrêt des travaux en décembre 2022.  La cité des cinquantenaires lancée en 2017 devait s’achever en 2022.

    Bâtie sur deux hectares, la cité des cinquantenaires est un complexe de 4 à 5 immeubles de 12 étages. Il prévoit la construction de 900 logements haut-standing subdivisés en deux phases dont 450 logements chacun. Il est également prévu un centre commercial de 6000 m², des espaces verts, des parkings et autres lieux de loisir sur 5000 m².  L’édifice est construit à Bali dans le premier arrondissement de la ville de Douala.

    Diane Kenfack

  • Avec plus de 22 milliards FCFA de dette : la Cicam file un très mauvais coton

    Avec plus de 22 milliards FCFA de dette : la Cicam file un très mauvais coton

    La Cotonnière industrielle du Cameroun est de fait en situation d’insolvabilité. En cause, la concurrence des tissus en provenance d’Asie et de l’Afrique de l’Ouest.

     

    Dans un rapport présenté le 14 juillet 2023 à Douala, le Bureau de mise à niveau des entreprises (BMN) dressait déjà un bilan peu reluisant de la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam). La situation ne semble pas s’être améliorée depuis. Au contraire. L’entreprise cumule une dette de plus de 22 milliards FCFA et une accumulation de déficits chaque année. Depuis 2021, la société publique dotée d’un capital de 1,15 milliard FCFA a affiché un résultat négatif de 3,55 milliards. Ce qui se traduit notamment en arriérés de salaires.

    Dans une note interne adressée ce 31 août 2023 au personnel, le directeur général (DG) de la Cicam, Edouard Ebah Abada, fait savoir qu’à la suite de la réunion du 23 août 2023 entre la direction générale et les délégués du personnel, «il a été prévu que les salaires du mois d’avril 2023 devraient être payés en espèces, si les recettes des ventes du pagne de la Journée internationale des enseignants le permettaient». Et si les fonds réunis ne peuvent payer la totalité desdits salaires, des   dispositions ont été prises pour un paiement de deux tranches. «La première  tranche correspondant  à une avance de 50 000 FCFA par employé et payée le 1er septembre 2023. Aussitôt que les recettes   des ventes seront réunies, le solde sera immédiatement servi au personnel», ajoute le DG de la Cicam.

    Une source interne explique que cette chute drastique s’explique par la concurrence des tissus en provenance des pays d’Asie et de l’Afrique. La même source   indique que la Cicam ne contrôle qu’à peine 5% des parts  du marché  du pagne  dans le pays, contre 80% pour les produits  en provenance  de la Chine, 10% du Nigeria, et 5%   des  autres  pays d’Afrique de l’Ouest. En plus de cette situation, il y a aussi la vétusté de l’appareil de production.

    Diane Kenfack

  • Implémentation du Plan stratégique 2023-2027: la Bdeac dans la bonne direction

    Implémentation du Plan stratégique 2023-2027: la Bdeac dans la bonne direction

    Le président de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (Bdeac) vient d’être rassuré quant à la pertinence de ses options de mise en œuvre du Plan stratégique «Azobe» 2023-2027. Dieudonné Evou Mekou était en visite de travail du 28 au 29 août dernier auprès du ministre équato-guinéen des Finances et du Budget, par ailleurs président du Conseil d’administration de l’institution sous-régionale. Et c’est au cours de cette rencontre que Fortunato-Ofa Mbo Nchama a tenu à «saluer la mise en œuvre accélérée de ce processus, lequel est conduit conformément aux instructions des actionnaires», renseigne un compte rendu de la Bdeac.

    À s’en tenir au constat fait par les deux personnalités, des efforts louables sont en effet déjà déployés dans le sens souhaité par les instances dirigeantes de la Banque de développement. Ils permettent à date d’être rassurée sur la volonté «de l’institution bancaire sous- régionale d’être réellement engagée dans une dynamique de profonde mutation». Une ambition à mettre toutefois également à l’actif des États de la Cemac. «Tous mes remerciements aux autorités équato-guinéennes non seulement pour l’accueil chaleureux et fraternel, mais également pour leur soutien indéfectible», a notamment déclaré le président de la Bdeac.

    Autres motifs de satisfaction, les investissements dont bénéficie jusqu’ici la Guinée Équatoriale de la part de la Banque. Dieudonné Evou Mekou et Fortunato-Ofa Mbo Nchama ont fait «un état des lieux du portefeuille des opérations financées par la Banque de développement». Et à les croire, «le niveau de réalisation est jugé satisfaisant». Il est à l’image des prétentions, mais également des résultats déjà obtenus par l’institution communautaire dans les autres pays de la Cemac.

    Théodore Ayissi Ayissi

  • «Plan Azobé»: le Cameroun et la BDEAC prennent langue

    «Plan Azobé»: le Cameroun et la BDEAC prennent langue

    Près d’une heure et trente minutes d’échanges entre Alamine Ousmane Mey et Dieudonné Evou Mekou ce 8 septembre 2023 à Yaoundé.

    Evou Mekou et Alamine Ousmane Mey au cours d’une audience au Minepat

    En termes généraux, on comprend que le ministre camerounais de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat), et le président de la BDEAC (Banque de Développement des États de l’Afrique centrale) avaient des questions pointues. En termes spécifiques, ils parlent de la mise en œuvre du «Plan Azobé» au Cameroun. «Nous scrutons un horizon transactionnel des possibles par rapport à la concrétisation de ce plan au Cameroun», souligne Dieudonné Evou Mekou. Selon ce dernier, un accent particulier est mis sur le financement de l’économie locale, notamment dans les infrastructures et l’accompagnement à apporter aux opérateurs économiques. «Le tout se décline en un principal pilier: contribuer fortement à l’intégration économique du Cameroun au niveau sous régional à travers l’amélioration des conditions de vie des populations», relève Alamine Ousmane Mey.

    À la question de savoir l’épaisseur de l’enveloppe qui pourrait être allouée au Cameroun, Dieudonné Evou Mekou indique que la réponse est aux besoins du pays au cours de la période 2023-2027. «En tout cas, mentionne-t-il, les actionnaires ont réaffirmé leur soutien à la mise en œuvre du Plan stratégique Azobé 2023-2027 ainsi qu’au business plan y associé. C’est ainsi qu’au cours de leurs délibérations ils ont principalement adopté deux résolutions destinées à accroitre la capacité d’intervention de la Banque, à savoir: une résolution visant à faire passer le capital social de la BDEAC de 1200 milliards FCFA à 1500 milliards FCFA, soit une augmentation de 25% et, une résolution approuvant le programme 2023 d’émissions obligataires par Appel public à l’épargne, pour un montant de 100 milliards FCFA ».
    En rappel, le nouveau Plan stratégique de la BDEAC, dénommé «Plan Azobé», a été approuvé le 22 décembre 2022 à Douala par les actionnaires de cette institution financière. Il constitue le cadre de référence des interventions de la Banque en faveur des économies de la Cemac pour la période 20223-2027, et s’inscrit dans une perspective de modernisation de ladite institution qui devrait améliorer la qualité de sa signature à l’international et accroître ses capacités à lever des ressources diversifiées à des taux concessionnels.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Voie ferrée Belabo-Ngaoundéré: l’AFD et le Cameroun signent enfin sur les mêmes rails

    Voie ferrée Belabo-Ngaoundéré: l’AFD et le Cameroun signent enfin sur les mêmes rails

    La ligne ferroviaire Belabo-Ngaoundéré (330 km) sera bientôt renouvelée. «Nous pensons que les travaux vont démarrer dans les plus brefs délais avec la signature, ce jour à Yaoundé, de la convention de crédit de 126 millions d’euros, soit environ 83 milliards FCFA, entre l’État du Cameroun et l’Agence française de développement, relative au financement complémentaire du projet», renseigne Alamine Ousmane Mey. Dans l’entendement du Minepat, les travaux y relatifs concernent entre autres, le renouvellement de la voie et le ballast (lit de pierre ou de graviers sur lequel repose la voie ferrée, Ndlr), la réhabilitation des ouvrages d’art et ouvrages hydrauliques et la stabilisation des zones critiques.

    Rails: pour le transport ferroviaire de passagers et de marchandises

    Pour Virginie Dago, l’AFD (Agence française de développement) a de bonnes raisons de s’impliquer dans le projet. «La remise à neuf du tronçon Bélabo- Ngaoundéré, sur lequel transitent environ 350 milliards FCFA, les marchandises en direction et en provenance du Tchad par an, permettra d’améliorer la capacité et la fiabilité de la ligne, de mieux répondre à la densité du trafic marchandises/passagers et à baisser le niveau d’émissions de gaz à effet de serre.. Son renouvellement devrait donc fluidifier le trafic ferroviaire, réduire le temps moyen du parcours des trains passagers et trains marchandises», articule le directeur de l’AFD-Cameroun.

    Initialement prévu pour être lancé en 2021, ce projet dont l’étude de faisabilité a été réalisée par une entreprise espagnole, et validée depuis des années, a été freiné par le manque de financements, renseignent certaines sources au Minepat. Jusqu’au mois de mai 2023, au cours de la 39e session du Comité interministériel des infrastructures ferroviaires (Comifer) présidée par le ministre des Transports Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe, l’on projetait pour le mois de juillet, la signature de la convention. Une date qui n’a pas été respectée car, selon nos informations, l’État du Cameroun et l’AFD n’avaient pas encore trouvé un consensus… Après trois longues années de négociations.

    Ongoung Zong Bella

  • Agriculture intelligente : 418 millions de personnes à nourrir

    Agriculture intelligente : 418 millions de personnes à nourrir

    Selon la Banque mondiale, cet objectif pourrait être atteint en Afrique centrale et de l’Ouest à la condition de réformer l’agriculture et le secteur des engrais.

    L’Afrique centrale et de l’Ouest pourraient avoir la capacité de nourrir 418 millions de personnes dans les prochaines décennies. Ce qui représente sa population globale, avec une marge pour les exportations. En écho  à l’Institut internationale de recherches sur les politiques alimentaires (IFPRI), l’institution souligne la nécessité d’une agriculture climato-intelligente et des réformes et investissements adéquats dans le secteur des engrais; notamment dans un contexte marquée par une insécurité alimentaire grandissante, des conflits et des chocs climatiques. Quelques 42,7 millions de personnes en sont affectées en Afrique centrale.

    La Banque mondiale a dans son viseur les petits exploitants. «Les prix des engrais ont triplé depuis le début de 2020 et restent volatils, ce qui prive de nombreux petits exploitants d’un approvisionnement stable. En outre, l’invasion russe en Ukraine a aggravé la situation, en raison de l’interruption des exportations d’engrais par des fournisseurs de premier plan comme le Bélarus et la Russie. Les apports en engrais sont faibles en Afrique subsaharienne, avec 22 kilos par hectare contre une moyenne mondiale sept fois plus élevée», peut-on lire sur le site internet de l’institution.

    Dans une note, L’institution de Bretton Woods illustre les opportunités de des réformes mises en exergue ; Pour ce faire, il s’appuie sur les résultats de projets menés en collaboration avec diverses organisations onusiennes. «Le projet de réponse urgente à la crise alimentaire en Centrafrique (PRUCAC) a procuré à 329 000 petits exploitants des semences, des outils et une formation aux techniques agricoles et post-récolte, pour développer leur production tout en résistant mieux aux risques liés au climat ou aux conflits. Résultat : la production alimentaire locale est passée de 28 000 tonnes en septembre 2022 à 73 000 tonnes en juin 2023, soit une augmentation de 250 %. La Banque mondiale appelle à l’implication et au financement des gouvernements afin d’accélérer la disponibilité des engrais.

    Louise NSANA

  • Lutte contre l’insécurité alimentaire: l’Afrique centrale appellée à miser sur l’agriculture intelligente

    Lutte contre l’insécurité alimentaire: l’Afrique centrale appellée à miser sur l’agriculture intelligente

    Selon la Banque mondiale,  une réforme de l’agriculture et du secteur des engrais est la solution pour accroitre les capacités des Etats de ces régions à nourir leur population. 

    L’Afrique centrale et de l’Ouest pourraient avoir la capacité de nourrir 418 millions de personnes dans les prochaines décennies. Ce qui représente sa population globale, avec une marge pour les exportations. En écho  à l’Institut internationale de recherches sur les politiques alimentaires (IFPRI), l’institution souligne la nécessité d’une agriculture climato-intelligente et des réformes et investissements adéquats dans le secteur des engrais; notamment dans un contexte marquée par une insécurité alimentaire grandissante, des conflits et des chocs climatiques. Quelques 42,7 millions de personnes en sont affectées en Afrique centrale.

    La Banque mondiale a dans son viseur les petits exploitants. «Les prix des engrais ont triplé depuis le début de 2020 et restent volatils, ce qui prive de nombreux petits exploitants d’un approvisionnement stable. En outre, l’invasion russe en Ukraine a aggravé la situation, en raison de l’interruption des exportations d’engrais par des fournisseurs de premier plan comme le Bélarus et la Russie. Les apports en engrais sont faibles en Afrique subsaharienne, avec 22 kilos par hectare contre une moyenne mondiale sept fois plus élevée», peut-on lire sur le site internet de l’institution.

    Dans une note, L’institution de Bretton Woods illustre les opportunités de des réformes mises en exergue ; Pour ce faire, il s’appuie sur les résultats de projets menés en collaboration avec diverses organisations onusiennes. «Le projet de réponse urgente à la crise alimentaire en Centrafrique (PRUCAC) a procuré à 329 000 petits exploitants des semences, des outils et une formation aux techniques agricoles et post-récolte, pour développer leur production tout en résistant mieux aux risques liés au climat ou aux conflits. Résultat : la production alimentaire locale est passée de 28 000 tonnes en septembre 2022 à 73 000 tonnes en juin 2023, soit une augmentation de 250 %. La Banque mondiale appelle à l’implication et au financement des gouvernements afin d’accélérer la disponibilité des engrais.

    Louise Nsana

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Transition militaire au Gabon : dans les tenailles de la CEMAC et de la CEEAC

    Transition militaire au Gabon : dans les tenailles de la CEMAC et de la CEEAC

    Le régime presque sexagénaire de la famille Bongo est tombé ce 30 août 2023. Il est remplacé par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Le puissant patron de la Garde républicaine est depuis lors choisi par les putschistes pour diriger le pays. Le général Brice Clotaire Oligui Nguema prête serment en qualité de président de la transition ce lundi 4 septembre 2023. À la grande satisfaction des populations dont les manifestations de joie et de solidarité envers les militaires tournent en boucle dans la plupart des médias.
    Et pour renforcer le sentiment de délivrance, plusieurs mesures sont immédiatement prises par le nouvel homme fort du Gabon. Le CTRI annonce d’une part que «Monsieur Ali Bongo Ondimba est gardé en résidence surveillée. Il est entouré de sa famille et de ses médecins». Le colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, porte-parole du pouvoir de transition, annonce d’autre part des poursuites à l’encontre de plusieurs personnalités pour des faits de «haute trahison contre les institutions de l’État, détournement massif des deniers publics et de malversations financières internationales en bande organisée». Est en l’occurrence concerné, Nourredine Bongo, le fils du chef de l’État proclamé vainqueur de l’élection présidentielle du 26 août dernier par le Centre gabonais des élections (CGE).

    Séduction
    Le général Brice Oligui Nguema ordonne dans la foulée la remise de l’Internet et la levée de la suspension de diffusion de plusieurs médias étrangers. Le meilleur moyen d’en faire les témoins de l’engouement populaire suscité par sa prise de pouvoir sans effusion de sang. Autres mesures de séduction prises ce 31 août 2023, «la reprise des vols domestiques; la reprise immédiate du travail et la continuité des services; le respect de tous les engagements du Gabon vis-à-vis de ses partenaires tant à l’intérieur qu’à l’extérieur; et la réouverture avec effet immédiat de toutes ses frontières», indique un communiqué. Des consultations ont en outre eu lieu avec le clergé, les milieux d’affaires, des chefs de mission diplomatique, et les partis politiques.

    Condamnations
    Véritable héros à l’intérieur des frontières gabonaises, le général Brice Oligui Nguema fait pourtant face à l’hostilité des autres pays de la Cemac, de la CEEAC, au-delà de l’Union africaine (UA) et de la communauté internationale. «Le président en exercice de la Conférence des chefs d’État de la Cemac, Son Excellence Pr Faustin Archange Touadéra, suit avec une profonde préoccupation les développements de la situation en République du Gabon». Dans le même communiqué signé ce 30 août 2023, le chef de l’État centrafricain «condamne fermement la tentative de coup d’État en cours dans ce pays frère». Et poursuivant dans sa logique de réprobation, il «appelle instamment au retour à l’ordre constitutionnel, au respect de l’intégrité physique et à la libération sans condition de Son Excellence Ali Bongo Ondimba, président de la République gabonaise, et des membres de sa famille».

    Une position de condamnation soutenue par la Commission de la CEEAC «en vertu des principes sous-tendant le Traité de la Communauté», souligne ce 30 août 2023 son président, Gilberto Da Piedade Verissimo. Le gouvernement camerounais s’aligne également sur cette politique. Il rappelle ce 31 août 2023 par la voix du ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, «que le changement anticonstitutionnel de gouvernement en cours viole les principes fondamentaux et les valeurs de la Cemac et de l’Union africaine». Le Tchad appelle à son tour «au retour à l’ordre constitutionnel et invite à une réunion de la CEEAC». Un Sommet extraordinaire des chefs d’État en format Conseil de Paix et Sécurité (Copax) s’est justement tenu par visioconférence ce 31 août 2023. C’était sous la présidence de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, vice-président de la Conférence des chefs d’État et futur président en exercice.

    Des condamnations viennent également de l’Onu, l’Union européenne, Allemagne, France (suspension de la coopération militaire avec le Gabon), Grande-Bretagne ou encore de la Francophonie. «Les coups d’État sont contraires aux valeurs de la Francophonie et aux engagements pris par nos États et gouvernements à travers la Déclaration de Bamako du 3 novembre 2000», déclare Louise Mushikiwabo, la secrétaire générale.

    Opposition gabonaise
    L’une des mesures les plus fortes prises jusqu’ici vient cependant de l’UA. Elle porte suspension du Gabon et elle accentue la pression sur le nouveau régime. Ce qui satisfait l’opposition gabonaise emmenée par Albert Ondo Ossa. Le principal challenger d’Ali Bongo Ondimba s’insurge aussi contre la prise de pouvoir par les militaires au lendemain d’une élection présidentielle qu’il dit avoir gagnée. Sur les antennes de TV5 Monde ce 31 août 2023, le leader politique parle tour-à-tour «de révolution de Palais. C’est Pascaline Bongo qui est à la manœuvre» et de «gré à gré familial dans le transfert du pouvoir». Inacceptable en somme. Toutes les conditions sont donc désormais réunies pour qu’il y ait confrontation, ne serait-ce qu’à l’échelle de la Cemac, entre les militaires soutenus par le peuple gabonais et le reste du monde.

    Ambassades
    L’ambassade du Gabon au Cameroun refuse malgré tout de choisir son camp. «Je suis neutre, je ne parle pas de politique, je fais juste mon travail», répond une diplomate au bout du fil ce 1er septembre 2023. Avant d’ajouter que «j’ai instruction de ne répondre à aucune question des journalistes». Sans dire de qui elle la tient. Il n’y a par contre pas de correspondance en ligne du côté de l’ambassade du Cameroun à Libreville pour s’enquérir de la situation des Camerounais.

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Au Sahel, la démocratie doit prévaloir Par Josep Borrell

    Au Sahel, la démocratie doit prévaloir Par Josep Borrell

    BRUXELLES – Certains événements restent davantage en mémoire que d’autres et marquent un mandat. Je me souviendrai ainsi toujours de ma participation en décembre 2019 à Paris à la cérémonie en l’honneur de 13 soldats français morts au Mali. C’était mon premier acte officiel en tant que Haut Représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

     

    Je me souviendrai également de ma visite au Niger en juillet dernier. J’ai pu constater les résultats concrets de la coopération UE-Niger avec l’inauguration de la centrale solaire de Gouro Banda, près de Niamey. À Agadez, j’ai également vu les centaines de logements sociaux construits avec le soutien de l’UE. La vision et l’action ambitieuses du président nigérien Mohamed Bazoum étaient porteuses d’un réel espoir dans une région en proie à une dérive autoritaire. C’est pourquoi, le coup d’État militaire du 26 juillet, quelques jours après ma visite, a été un choc.

     

    Au lendemain d’une discussion avec mes homologues européens en présence du Ministre nigérien des affaires étrangères et du Président de la Commission de la Communauté économique pour l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), je voudrais partager quelques réflexions sur la situation au Niger et au Sahel.

     

    Nous devons continuer à soutenir le président démocratiquement élu Bazoum « aussi longtemps qu’il le faudra », en exigeant le retour à l’ordre constitutionnel au Niger. Il en va de l’avenir de la démocratie dans toute la région. La démocratie que le peuple nigérien veut, celle que promeut la CEDEAO et celle que l’UE défend dans le monde entier.

     

    Notre soutien à la CEDEAO ne doit pas davantage faiblir. Il n’y a pas de place pour des arrangements subalternes ou des médiations parallèles. En tant qu’Européens, nous soutenons depuis longtemps la recherche de « solutions africaines aux problèmes africains ». À l’heure où la CEDEAO adopte une position ferme et conséquente, nous devons joindre le geste à la parole.

     

    Outre la défense de ses valeurs démocratiques, l’UE a également un intérêt majeur à voir le Niger retrouver le chemin de l’ordre constitutionnel. Si un pays du Sahel supplémentaire devait passer aux mains d’une junte militaire, cela aurait des conséquences négatives importantes pour l’Europe en termes de sécurité, de flux migratoires et d’équilibre géopolitique. Il est erroné de croire que des juntes militaires pourraient lutter efficacement contre les mouvements terroristes ou le trafic d’êtres humains. Le meilleur rempart contre ces menaces sont des États démocratiques qui auraient l’ambition, la volonté et les moyens de créer de nouvelles opportunités pour leur population.

     

    La politique de l’UE au Sahel n’a certes pas eu ces dernières années le succès que nous avions espéré. Nous nous sommes parfois trop concentrés sur la seule dimension sécuritaire et nos efforts pour aider à renforcer l’État de droit et à fournir des services de base n’ont pas été suffisants ou assez visibles. La « patience stratégique » dont nous avons fait preuve à l’égard des juntes militaires de la région n’a eu non plus aucun résultat si ce n’est d’encourager de nouvelles vocations…

     

    Malgré cette autocritique nécessaire, nous ne devons pas oublier que la feuille de route de l’Europe au Sahel a été, toutes ces dernières années, véritablement sahélienne. Nous avons engagé nos soldats, notre argent et notre capital politique dans la région parce que les pays du Sahel nous l’ont demandé.

     

    Que faire maintenant ? Suspendre notre soutien budgétaire et notre coopération en matière de sécurité avec le Niger, travailler à l’adoption de sanctions et faire preuve de solidarité en réponse à l’expulsion injustifiée de l’ambassadeur de l’un de nos États membres. Mais nous devons aussi aller plus loin. Il ne serait pas raisonnable de continuer à faire la même chose en attendant des résultats différents, nous devons changer d’approche.

     

    La coopération en matière de sécurité, la délivrance de visas et les programmes de développement économique doivent être reconsidérés, et nous devons agir rapidement pour décider de ce qui doit changer, tant en ce qui concerne le Niger que les autres pays du Sahel. Nous devrons mener cette épreuve de force avec les juntes militaires sans tomber dans les pièges tendus par des régimes qui s’appuient principalement sur la manipulation et la désinformation. Avec peu de résultats pour leurs efforts de lutte contre le terrorisme ou de développement économique, les juntes de la région ont trouvé là leurs outils les plus efficaces.

     

    Le Sahel est un test pour l’ensemble de l’UE. Personne ne devrait se réjouir des difficultés rencontrées par la France dans la région. Elle est devenue un bouc émissaire commode qui permet aux juntes militaires de fabriquer aisément de la cohésion nationale tout en dissimulant leurs propres échecs et abus. Mais ce n’est pas la France qui pose problème au Sahel, ce sont les juntes militaires, faute de moyens pour lutter réellement contre le terrorisme et d’ambition pour améliorer le quotidien de leur peuple et lui donner des perspectives d’avenir.

     

    Ceux qui, en Europe ou ailleurs, se réjouiraient des difficultés rencontrées par les Européens au Sahel, ne mesurent pas bien les enjeux. Nous paierons tous un lourd tribut si nous ne restons pas cohérents et unis. Seule une Europe unie peut influer sur le cours des choses. Les semaines à venir nous diront si nous sommes à la hauteur des attentes dans cette région stratégique.

     

    Josep Borrell est le Haut Représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-président de la Commission européenne.

     

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  • Mme Minette Libom Li Likeng  : «Concrétiser la volonté de coopération des chefs d’État de la Cemac»

    Mme Minette Libom Li Likeng : «Concrétiser la volonté de coopération des chefs d’État de la Cemac»

    Le numérique joue un rôle de véritable catalyseur pour l’intégration sous- régionale dans les domaines économique et sociale. C’est pour cela que les États doivent mettre en place des politiques idoines, favorisant la coordination des infrastructures communes d’intégration et des stratégies pour une gouvernance harmonisée, afin de concrétiser la volonté de coopération des chefs d’État de la Cemac. La mise en œuvre de ces actions, exige j’en suis convaincue, une bonne gouvernance, bâtie sur la mutualisation et le partage de nos expériences. Car, c’est en avançant ensemble, dans un processus d’intégration sous régionale, que nous allons bâtir l’inclusion numérique et la connectivité de la zone Afrique Centrale. En ce qui concerne le Cameroun, nous nous engageons à tout mettre en œuvre pour apporter notre contribution afin d’y parvenir; Sur le plan sous régional, le Cameroun a engagé un programme d’interconnexion des infrastructures de télécommunications. À date le Gabon, la Centrafrique, le Tchad la Guinée Équatoriale, le Congo sont interconnecté à notre réseau filaire, ce qui justement, va accroitre les possibilités de connectivité et de développement économique au sein de la Cemac. L’impact d’Internet sur notre façon de penser et d’agir est significatif, tant sur les plans humains, techniques, économiques, qu’organisationnels. Le commerce, de manière générale, n’échappe pas à cette transformation. En outre, l’évolution rapide du numérique a entrainé une transformation de la société. L’administration publique ainsi que les entreprises privées, ne sont pas en reste. Toutefois, bien que cette transformation soit porteuse d’opportunités, elle nécessite la satisfaction de certains préalables afin de bâtir une société numérique digne de confiance. Pour repérer le contexte, l’on s’inspire d’un constat unanimement validé par des experts: ces dix dernières années, l’Afrique centrale a connu une augmentation significative de l’accès à Internet et de l’utilisation des technologies numériques au cours des dernières années. Cette croissance rapide offre des possibilités économiques, sociales et culturelles, mais elle s’accompagne également de défis en matière de régulation, d’accès équitable à la ressource Internet, de préservation de la souveraineté, de protection des droits en ligne. Le FGI vient concrétiser l’une des recommandations de la stratégie de l’interconnexion régionale pour l’Afrique, à savoir, mettre en place des systèmes intégrés d’infrastructures de télécommunications fiables, efficaces, et qui sont soutenues, par des politiques numériques d’inter-connectivité harmonisées».

     

    Mme Bernice Otye Edande, secrétaire permanente de l’Artac (Assemblée des régulateurs des télécommunications de l’Afrique centrale)

    «Le partage des bonnes pratiques de régulation en Afrique centrale sont des priorités»

    «Les autorités de régulation nationales de la sous-région sont en passe de signer des protocoles d’accord avec les agences nationales de la Beac pour la co-régulation des services financiers numériques. Dans la même lignée, dans le but de mieux assoir cette régulation collaborative, l’Artac mène actuellement une réflexion sur la nécessité d’impliquer les opérateurs dans ses activités en qualité de membre de secteur. Nous allons réfléchir et travailler pour fédérer les nations qui appartiennent à cette sous-région géographique afin qu’ils s’investissent de plus belle à la mise en œuvre des activités de l’Artac. Il y a des points qui nous lient géographiquement comme la coordination des fréquences aux frontières, la question du free roaming et le partage des bonnes pratiques de régulation en Afrique centrale qui sont des priorités. Nous avons déjà au niveau de la CEEAC des pays qui partagent leurs expériences et nous voulons les valoriser afin de mieux répondre aux questions concernant l’évolution et l’inclusion du numérique au sein de nos pays et de notre sous-région. Les défis qui se présentent à la communauté des utilisateurs sont énormes. Au nombre de ceux-ci, la co-construction d’une inclusion numérique sous-régionale, l’élaboration d’une réglementation et d’une régulation collaborative pour une transformation numérique réussie de la sous-région».

     

    Jean-Jacques Massima-Landji, représentant de l’Union internationale des télécommunications (UIT) d’Afrique centrale

    «Il nous faut reconstituer un plaidoyer»

    Pour garantir cette concurrence, suivant les recommandations de l’UIT, les Autorités de Régulation ont été créées. Il y a donc un écosystème constitué des opérateurs (exploitants), des usagers, des Autorités de régulation et d’autres parties prenantes. Ce nouvel écosystème nécessite que chaque partie prenante joue pleinement son rôle pour contribuer efficacement au développement des infrastructures et à l’amélioration de la qualité des services fournis. D’où l’intérêt des pays se doter des autorités de régulation autonomes, pour faire face aux enjeux liés au développement du secteur des Télécommunications/ TIC. Pour l’UIT, le plus urgent est de déverrouiller les blocages et établir des projets bancables dont les retours sur investissement peuvent être garantis afin d’inciter davantage d’investisseurs. Il nous faut donc reconstituer un plaidoyer et réclamer une réelle volonté de changement ainsi que la transformation structurelle énoncée au plus haut niveau des États. Pour être bref, il nous faut aller au-delà de la volonté politique pour atteindre la volonté économique».

     

    Dr Raphaël Mezui Mintsa, directeur général de la Promotion de l’économie numérique et président du Comité technique opérationnel du projet au Gabon

    «Beaucoup de chemin a été parcouru»

    «Notre marché sous-régional a besoin d’une vision commune, de manière à ce qu’il ait une certaine convergence, à la fois dans les projets et dans les technologies, dans l’optique d’assurer et de booster la transformation numérique. Cela, afin que la sous-région puisse pleinement tirer profit des avantages du numérique sur l’ensemble de ses économies. Effectivement, beaucoup de chemin a été parcouru, mais il reste évidemment beaucoup d’efforts encore à fournir, notamment par la capitalisation de la fibre optique».

    Propos recueillis par JRMA

  • FGI de Yaoundé : ce que les experts se sont dit

    FGI de Yaoundé : ce que les experts se sont dit

    Depuis la conférence sous-régionale pour le développement de l’économie numérique des pays de l’Afrique centrale tenue du 23 au 25 mai 2018 à Yaoundé, quatre piliers ont été adoptés en vue de la réduction de la fracture numérique, de l’incitation des pays d’Afrique centrale à l’exploration des domaines innovants offrant d’importantes perspectives économiques, tels que l’intelligence artificielle, les métadonnées, l’Internet des objets, le commerce électronique, l’e-éducation, l’e- santé et l’e-gouvernement. En 2023, la réflexion a fait son chemin et porte en elle la conviction que beaucoup reste à faire. « De façon générale, il y a eu plusieurs avancées, avec notamment, la signature le 28 novembre 2019 d’un mémorandum d’entente fixant le cadre général et légal de la coopération, en matière d’interconnexion des réseaux de communication électronique entre le Gabon et le Cameroun. Bien avant, il y a eu le même scénario entre le Cameroun et le Tchad, la pose de plus de 1 500 km de fibre optique, entre le Gabon, le Cameroun, le Congo et la Guinée-Équatoriale», situe Michel Tchonang Linzi, Coordonnateur Régional du Forum sur la Gouvernance de l’Internet en Afrique centrale. Reste que, malgré ces boniments, une bonne partie de la sous-région est encore «quelque peu» sous le jeu de la fracture numérique. Aussi, l’organisation FGI (Forum sur la Gouvernance de l’Internet) fait suite aux recommandations du dernier Forum sur la Gouvernance de l’Internet Monde tenu en 2022 à Addis-Abeba, au cours duquel, le Cameroun a été retenu pour abriter les assises au cours desquelles, il est encore apparu urgent d’élaborer un plan stratégique de développement des infrastructures numériques en Afrique centrale. Dans le présent zoom, les grandes lignes dudit plan.

     

    Arrêté sur les principaux axes de réflexions menés au cours des travaux du 30 août au 1er septembre 2023.

    Les participants autour du Minpostel

    1- « Gouvernance numérique et internet : entre souveraineté sous régionale et mondialisation »
    Pendant le FGI de Yaoundé, cette session a permis de faire un état des lieux de l’écosystème et d’aborder les enjeux et défis liés à la souveraineté numérique sous mondial régionale face au phénomène de transformation. «À l’image d’une araignée géante, la mondialisation tisse les filaments d’une interpénétration sans précédent des relations internationales contemporaines entre États souverains et dévore goulûment, en vue de l’accomplissement de son œuvre, les contours de leur souveraineté», fait constater Jean Paul Nanga Ayissi, directeur des infrastructures et réseaux d’accès au TIC au ministère des Postes et télécommunications du Cameroun. Et de poser la question : «Quels types de mécanismes transnationaux doivent-on mettre en place pour permettre aux autorités locales (nationales) de réglementer les ressources en fonction de l’intérêt sous-régional ?» Dans la palette d’actions à mener dans le moyen terme, il y a la poursuite du maillage de l’infrastructure à fibre optique afin de réduire la fracture numérique, avec un accent mis sur les anneaux au détriment des boucles optiques dans le déploiement des réseaux de collecte et de distribution à fibre optique; la formation des ingénieurs de la sous-région dans le déploiement de la fibre pour limiter la dépendance aux prestataires étrangers. avec un accent mis sur les anneaux au détriment des boucles optiques dans le déploiement des réseaux de collecte et de distribution à fibre optique ; la formation des ingénieurs de la sous-région dans le déploiement de la fibre pour limiter la dépendance aux prestataires étrangers. avec un accent mis sur les anneaux au détriment des boucles optiques dans le déploiement des réseaux de collecte et de distribution à fibre optique ; la formation des ingénieurs de la sous-région dans le déploiement de la fibre pour limiter la dépendance aux prestataires étrangers.

    2- «La solidarité numérique : une réponse locale à l’exclusion numérique»
    Selon le Dr Raphaël Nlend, conseiller technique N°1 au Minpostel, le FGI s’est employé à sensibiliser les acteurs sous régionaux (étatiques et non étatiques) sur la nécessité d’élaborer des politiques et stratégies plus inclusives pour un meilleur développement du numérique sous régional. Pour contourner les écueils rencontres, suggère le Dr Raphaël Nlend, « il faut accélérer la création d’un Fonds de Solidarité numérique dans le mais d’accompagner le développement des technologies numériques au sein des pays d’Afrique centrale ; accélérer la mise en œuvre de campagnes de sensibilisation visant à informer sur les avantages et l’importance de l’utilisation des technologies numériques ; mettre en place d’un observatoire de la Solidarité Numérique ; élaborer un cadre réglementaire engageant les acteurs clés, visant à faciliter les initiatives opérationnelles liées à la connectivité, à la tarification, à la qualité de service, au renforcement des capacités, à la sensibilisation, et autres aspects connexes; élaborer d’une feuille de route claire pour une migration concertée et réussie vers l’adressageIPv6 et sensibiliser les entreprises en vue de les amener à migrer vers le protocole IPv6».

    3-Gouvernance de l’internet et ses impacts sur la diplomatie préventive
    Ce panel a abordé les questions sur la souveraineté numérique des États, les défis sur la gouvernance de l’Internet, le rôle de la diplomatie et a proposé des outils et solutions pour parvenir à l’équité d’accès à la ressource publique qu’ est l’Internet. Modéré par Nanga Ayissi, (directeur des Infrastructures, et Réseaux d’Accès au TIC/Minpostel), les recommandations suivantes ont été formulées au terme des échanges : renforcer le niveau institutionnel; concentrer les efforts vers et les orienter vers les organismes qui concourent au développement; faire des analyses qui contribuent à régler des problèmes sans retourner dans les mêmes échecs; décourager les demandes d’aide qui ne mènent pas au développement; mettre à contribution les ressources qualifiées pour la prise de décision; mettre en place une diplomatie numérique (pour un partage d’expérience dans un cadre global de coordination sous-régional).

    Lire aussi : Mme Minette Libom Li Likeng : «Concrétiser la volonté de coopération des chefs d’État de la Cemac»

    4-Régulation numérique
    Les experts présents au FGI sont unanimes : « La convergence entre le secteur des télécommunications et des TIC a favorisé le développement rapide du numérique et la création de services innovants qui améliorent le quotidien des populations. Par ailleurs, l’on voit émerger de nouveaux acteurs (GAFAM, MVNO, etc) qui fournissent des services numériques émergents. Toutefois, l’évolution du numérique n’est pas sans risque. Le caractère transversal et convergent du numérique et la multiplicité des institutions de régulation invitent davantage à édifier une réglementation harmonieuse et une co-régulation pour une transition réussie de la sous-région vers l’économie numérique». Après un diagnostic inhérent à la mise en œuvre des initiatives en matière de régulation collaborative dans la sous-région pour répondre au phénomène de la convergence numérique, «il a été envisagé de ratifier les conventions sous régionales en matières de régulation, sans remettre en cause les souverainetés des États membres et de mettre sur pied un cadre de réflexion communautaire pour harmoniser les points de vue des pays de la sous-région en matière de réglementation. pour une meilleure régulation; adopter les mesures visant à héberger les contenus au niveau local afin de booster les échanges sur le plan sous régional, notamment en rendant gratuit pour l’abonné l’accès aux contenus hébergés localement; rendre contraignant les opérateurs à l’acheminement de leur trafic à travers les points d’échange; promouvoir l’éthique et l’usage responsable de l’Internet, en se basant sur les bonnes pratiques et l’éducation aux médias; harmoniser le cadre juridique sur le commerce électronique pour la sous-région ; mettre en œuvre une coopération internationale pour lutter contre les attaques cybernétiques ; harmoniser les certificats électroniques», explique François Joseph Nnemete Beyeme, sous-directeur de la Réglementation des Télécommunications et des TIC au Minpostel. D’après ce dernier, il est prévu de regarder plus loin en « sensibilisant les utilisateurs à l’usage responsable de l’internet par la promotion des bonnes mœurs, des comportements responsables dans le cyber espace ; en mettant sur pied d’outils de détection des fausses informations «fake news» sur internet; en mettant également en place en relation avec les fournisseurs d’accès Internet, des mécanismes de limitation d’accès des enfants à certains sites Internet; en mettant en place une plateforme de lutte contre les fausses informations «fake news» en intégrant les différents acteurs pour la vérification des informations véhiculées sur internet; en élaborant une cartographie des bonnes pratiques à mettre à jour annuellement; et prendre en compte le civisme et la moralité dans le processus de recrutement des citoyens aux emplois administratifs pour éviter la divulgation des informations confidentielles».

    5-Écosystème de la gouvernance de l’internet par l’engagement
    Jeter un regard sur l’environnement de la gouvernance de l’intern en Afrique centrale, c’est s’intéresser à la gouvernance des données et à la protection de la vie privée ; à la cybersécurité (au sens le plus large, des parades contre les attaques informatiques à la lutte contre la désinformation en ligne) ; gouvernance des technologies émergentes et de leurs usages. Versez cela, le FGI recommande de «mettre en place une ceinture numérique afin de promouvoir les innovations et la création des solutions qui correspondent aux besoins réels de l’Afrique; de promouvoir les initiatives inclusives telles que les réseaux et télécentres communautaires en vue de favoriser l’implication et l’accès des jeunes à internet; de promouvoir la création et le développement des plateformes et des contenus locaux en vue de renforcer la souveraineté numérique et de répondre aux besoins spécifiques de la sous-région Afrique centrale ; de recenser les domaines prioritaires en matière de recherche et d’innovation et renforcer les capacités des jeunes dans ces domaines de compétence en vue de la prise en compte de leurs contributions dans le processus d’élaboration des politiques et des stratégies inhérentes à la gouvernance d ‘l’Internet; de mettre en

    Synthèse de Jean-René Meva’a Amougou

  • Faustin Archange Touadéra: facilitateur désigné de la CEEAC du processus politique au Gabon

    Faustin Archange Touadéra: facilitateur désigné de la CEEAC du processus politique au Gabon

    La décision a été prise lors de la 3ème session extraordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEEAC tenue ce 31 août 2023 par visioconférence en format Conseil de paix et sécurité (Copax), et consacré à la situation politique et sécuritaire en République gabonaise. Quelques extraits du communiqué final publié à la diligence de la Commission de la CEEAC.

    Les chefs d’État et de gouvernement ci-après ont pris part à la session de la Conférence:

    – Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, président de la République de Guinée Équatoriale et futur président en exercice de la CEEAC;

    – Joao Manuel Gonçalves Lourenço, président de la République d’Angola;

    – Faustin Archange Touadéra, président de la République Centrafricaine;

    – Denis Sassou Nguesso, président de la République du Congo;

    – Mahamat Idriss Déby Itno, président de la République du Tchad;

    – Patrice Trovoada, Premier ministre de Soa Tomé et Principe;

    – Lejeune Mbella Mbella, ministre des Relations extérieures, représentant Paul Biya, président de la république du Cameroun;

    – Vincent Biruta, ministre des Affaires étrangères, représentant Paul Kagamé, président de la République du Rwanda;

    – Albert Shingiro, minstre des Affaires étrangères et de la Coopération au développement, représentant Évariste Ndayishimiye, président de la République du Burundi;

    – Gilberto Da Piedade Verissimo, président de la Commission de la CEEAC;

    – La République Démocratique du Congo s’était excusée;

    – La République gabonaise n’a pas été invitée aux travaux à la suite des développements en cours dans ce pays.

    La Conférence a fermement condamné la prise de pouvoir par les forces de défense et de sécurité, en violation de la constitution de la République gabonaise, du Traité de la CEEAC et de l’Acte constitutif de l’Union africaine.
    La Conférence appelle les forces de défense et de sécurité gabonaises à garantir l’intégrité physique de Son Excellence Ali Bongo Ondimba, de sa famille, des membres de son gouvernement, ainsi qu’à assurer la protection des droits humains et des libertés fondamentales de tous sur toute l’étendue du territoire.
    La Conférence exprime sa solidarité envers le peuple gabonais et en appelle à tous les acteurs nationaux à s’appuyer sur le génie politique gabonais pour privilégier la préservation de la paix et de la stabilité à travers le recours permanent aux voies pacifiques de résolution des différends.

    La Conférence a désigné Son Excellence Monsieur le Professeur Faustin Archange Touadéra, président de la République Centrafricaine, comme Facilitateur du processus politique en République gabonaise, chargé d’engager des pourparlers avec tous les acteurs gabonais et les partenaires du pays dans la perspective d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Il sera appuyé par Madame la ministre des Affaires étrangères et des Centrafricains de l’étranger et le président de la Commission de la CEEAC comme envoyés spéciaux.

    La Conférence a pris note de l’empêchement de SEM Ali Bongo Ondimba de continuer à assurer la présidence en exercice de la CEEAC et a demandé à SEM Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, vice-président en exercice d’assurer la continuité de la présidence de la Communauté.

    La Conférence exhorte les partenaires bilatéraux et multilatéraux du Gabon, en tête desquels l’Organisation des Nations unies/l’Union africaine, à conjuguer leurs efforts en vue de soutenir le processus d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel.

    La Conférence a décidé de tenir sa prochaine session extraordinaire en présentiel à Djibloho en Guinée Équatoriale, le lundi 4 septembre.

    Extraits sélectionnés par
    Théodore Ayissi Ayissi

  • Deuxième portefeuille de projets intégrateurs: la Cemac rassurée par les prétentions de l’AFD, BEI et de l’UE

    Deuxième portefeuille de projets intégrateurs: la Cemac rassurée par les prétentions de l’AFD, BEI et de l’UE

    Il y a eu un bon feeling entre la délégation de haut niveau de la Cemac et les partenaires techniques et financiers (PTF) à propos du deuxième programme de projets intégrateurs prioritaires.

     

    La tournée conduite par Jean-Baptiste Ondaye, président du Copil du Pref-Cemac, s’est précisément effectuée du 26 juin au 4 juillet dernier à Paris, Bruxelles, Luxembourg et à Dubaï. Elle a en effet débouché sur une série d’engagements encourageants de la part de l’Agence française de développement (AFD), de la Banque européenne d’investissement (BEI) et de l’Union européenne (UE). Des promesses faites dans la perspective de la préparation et de l’organisation de la prochaine table ronde de Paris. Puisqu’à s’en tenir au rapport de mission parvenue à notre rédaction, l’événement doit se tenir les 28 et 29 novembre 2023 en vue de la mobilisation des financements pour ce 2ème portefeuille de projets prioritaires.

    Dans le détail, l’AFD dit «sa disponibilité à apporter son assistance technique dans l’organisation de la table ronde; à contribuer au financement du deuxième programme de projets intégrateurs de la Cemac; et à faire un plaidoyer auprès de l’UE et de la BEI». Un plus pour la délégation de la sous-région constituée entre autres de Baltasar Engonga Edjo’o, président de la Commission de la Cemac, et de Cyr-Djiena Wembou, secrétaire permanent du Pref-Cemac. Dans la mesure où elle a déjà pu obtenir «un accord de principe de la BEI à l’accompagner dans la mobilisation des financements et la mise en œuvre de ce deuxième programme». Le rapport de mission évoque parmi les projets ayant suscité l’intérêt de la Banque européenne, «notamment huit qui portent sur le développement des infrastructures routières et ferroviaires, et les deux projets relatifs à l’interconnexion électrique».
    L’Union européenne est également dans les mêmes dispositions pour quatre projets des 13 projets présentés. Il s’agit pour l’essentiel de «l’aménagement et bitumage de la route Garoua-Baboua sur le corridor 2 Cameroun-RCA; la construction du prolongement du chemin de fer entre Ngaoundéré et Ndjamena (Cameroun-Tchad); les aménagements fluviaux et portuaires de la navigation sur le fleuve Congo et ses affluents (CD13-Congo-RCA); et l’appui au développement intégré de la filière bois dans le Bassin du Congo (Cameroun-Congo-Gabon-RCA-Guinée Équatoriale», peut-on lire.

    Un dernier partenaire technique et financier a également manifesté un engouement compte tenu de «la disponibilité des documents techniques des 13 projets». Blend Finance a en effet affiché «sa grande motivation à assister et appuyer le Copil du Pref-Cemac dans la mobilisation des financements du 2ème programme de projets intégrateurs auprès de la finance islamique». Des promesses et d’autres à ajouter à celles d’autres PTF. En particulier l’engagement de prendre part à la table ronde, mais aussi de communiquer dans les meilleurs délais au secrétariat permanent du Pref-Cemac, les projets pour lesquels ils pourraient s’engager, apprend-on.

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Coup d’État au Gabon : le général Brice Oligui Nguema dans le viseur de la Cemac

    Coup d’État au Gabon : le général Brice Oligui Nguema dans le viseur de la Cemac

    C’est ce qu’il ressort d’un communiqué signé ce 30 août 2023 par le Pr Faustin Archange Touadéra, président en exercice de la Conférence des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. En exclusivité et en intégralité, son message aux putschistes.

     

    «Le président en exercice de la Conférence des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), Son Excellence Pr Faustin Archange Touadéra, président de la République Centrafricaine, suit avec une profonde préoccupation les développements de la situation en République du Gabon». Dans le même communiqué signé ce 30 août 2023 et dont le journal Intégration a jusqu’à date l’exclusivité, le chef de l’État centrafricain «condamne fermement la tentative de coup d’État en cours dans ce pays frère».

    Poursuivant dans sa logique de réprobation, le Pr Faustin Archange Touadéra, qui ne nomme jamais dans son communiqué le général Brice Oligui Nguema et ses hommes, «appelle instamment au retour à l’ordre constitutionnel, au respect de l’intégrité physique et à la libération sans condition de Son Excellence Ali Bongo Ondimba, président de la République gabonaise, et des membres de sa famille».

    À l’appui de sa déclaration, le président en exercice de la Cemac souligne que «tout changement anticonstitutionnel de gouvernement constitue une violation intolérable des principes fondateurs de la Communauté». C’est pourquoi, il appelle le nouvel homme fort du Gabon (désigné président de transition par les putschistes), ainsi que «toutes les parties prenantes, à privilégier la paix et les exhorte à privilégier le dialogue qui est le mode par excellence de résolution des différends».

    Tchad

    La sortie musclée du Pr Faustin Archange Touadéra vient s’ajouter à plusieurs autres déjà enregistrées depuis la survenue du coup d’État, celle de l’Union africaine notamment. Mais il y aussi en Afrique centrale celle du Tchad. «Tout en appelant au retour à l’ordre constitutionnel, le Tchad invite à une réunion de la CEEAC», peut-on lire dans un communiqué également signé ce 30 août 2023. Entre-temps, le président tchadien Mahamat Idriss Déby demande aussi «aux militaires de veiller à la sécurité et à l’intégrité physique du président Ali Bongo Ondimba et de sa famille».

     

    Théodore Ayissi Ayissi

  • 6,6% de taux d’inflation en 2023: Cameroun et Tchad font payer le prix fort à la Cemac

    6,6% de taux d’inflation en 2023: Cameroun et Tchad font payer le prix fort à la Cemac

    Il faudra attendre 2024 pour voir la tendance s’inverser. En attendant cette inclination (6,1% dès fin décembre 2023), la Note sur l’inflation dans les pays membres de la Cemac récemment rendu publique se veut encore alarmiste. La Commission de la Cemac annonce pour le premier semestre 2023, «un taux d’inflation en moyenne annuelle établi à 6,6% dépassant ainsi le seuil communautaire de 3,0% dans les États membres». À en croire ces données affinées entre autres avec la collaboration de la Beac, Bdeac, Afristat, Afritac Centre, Stat-Cemac et le Pref-Cemac, cette pression inflationniste est «principalement tiré par le niveau atteint par le Cameroun». Il y a néanmoins aussi le cas préoccupant du Tchad.

    En effet, «en ordre décroissant, les taux d’inflation en moyenne annuelle sont de 7,7% au Cameroun; 7,5% au Tchad; 5,5% en République Centrafricaine (RCA); 5,1% au Gabon; 4,2% en Guinée Équatoriale et 3,4% au Congo».
    Au Cameroun, «le niveau général des prix progresse du fait surtout du regain de 13,7% des prix des produits alimentaires et de 8,1% des coûts des transports». Il apparaît aussi à la lumière de la Note de la Commission de la Cemac que «les meubles, articles de ménage et entretien courant du foyer, ainsi que les services de restaurants et hôtels, ont également connu des hausses respectives de 8,6%». Autres indicateurs, «suivant l’origine des produits, l’inflation est davantage d’origine locale. Elle est plus prononcée pour les produits locaux dont les prix ont augmenté de 8,2% et moins marquée pour les produits importés dont les prix ont connu une hausse moins forte de 6,0%».
    Il y a des similitudes avec la situation au Tchad. «La hausse de l’inflation y résulte principalement de l’augmentation des prix des produits alimentaires et boissons non alcoolisées, +14,9%; des logements, eau, gaz, électricité et autres combustibles, +2,6%; et des transports, +5,1%». Mais à la différence du Cameroun, «les prix des produits locaux et ceux des produits importés, suivant leur origine, ont connu des hausses respectives de 9,6% et de +10,8%», peut-on lire dans le document.

    Les experts de la Cemac en statistiques des prix ont planché dessus du 24 juillet au 4 août dernier à Douala. C’était sur financement du Fonds de développement communautaire (Fodec). Le communiqué y relatif et signé au nom du président de la Commission de la Cemac, Baltasar Engonga Edjo’o, annonce tout de même des premiers signes d’essoufflement. «Ainsi, après ce pic de 6,6%, l’inflation en moyenne annuelle dans la Cemac devrait commencer sa décélération pour revenir autour de la norme communautaire de 3% courant 2024», écrit le vice-président de l’institution sous-régionale, Charles Assamba Ongodo.

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Dynamisation du marché financier sous-régional: Bdeac et Cosumaf en osmose

    Dynamisation du marché financier sous-régional: Bdeac et Cosumaf en osmose

    Quand ambition et vision se rejoignent, cela donne une rencontre au sommet entre le président de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (Bdeac) et la présidente de la Commission du Marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf).

    Entente parfaite entre les présidents de la Bdeac (àd) et de la Cosumaf

    Dieudonné Evou Mekou et Jacqueline Adiaba-Nkembe ont échangé le 8 août dernier à Brazzaville sur les perspectives de coopération de leurs deux institutions. Eu égard notamment «à l’ambition affichée par la Bdeac de se positionner comme un émetteur de référence pour le marché sous-régional», s’est félicité le gendarme en chef du marché financier de la Cemac.

    Le passé récent de la Bdeac plaide pour une telle considération. Les ambitions de la Cosumaf aussi. «La Banque de développement a déjà eu à lancer consécutivement avec succès, au cours des dernières années, trois emprunts obligataires par appel public à l’épargne avec le visa préalable de la Cosumaf», ont convenu les deux personnalités. L’institution bancaire sous-régionale se prépare même à lever 100 milliards FCFA supplémentaires à la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac) au dernier semestre 2023. Toutes choses qui satisfont Jacqueline Adiaba-Nkembe engagée depuis sa prise de fonction le 16 juin 2023 dans de nombreux chantiers. Ils ont été passés en revue au cours de l’audience.

    Théodore Ayissi Ayissi