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Archives des INTÉGRATION NATIONALE - Page 5 sur 106 - Journal Intégration

Journal Intégration

Catégorie : INTÉGRATION NATIONALE

  • Gouvernement et diasporas camerounaises : Amour entre guillemets

    Gouvernement et diasporas camerounaises : Amour entre guillemets

    La coopération entre les deux parties se renforce au fil des années sans que cela ne change véritablement les paradigmes dans la perception générale de ces ressortissants camerounais.

     

    Le débat sur la considération des Camerounais de l’étranger reste constant. C’est ce que rappelle à la mémoire collective la visite des élus politiques et professionnels d’origine ou de nationalité camerounaise, réunis au sein du réseau Efracam, dans le pays du 5 au 8 décembre 2023. Ces derniers y ont matérialisé leur ambition d’accompagner l’État dans sa marche vers le développement des collectivités territoriales, dans un contexte de mise en œuvre de la décentralisation. Il en résulte plusieurs actes de partenariats et de parrainage qui devraient bénéficier aux communes et aux régions camerounaises. Et pour en matérialiser la preuve, ces membres de la diaspora camerounaise de France présentent à la face du monde les résultats obtenus à l’occasion d’initiatives individuelles ou collectives. En l’occurrence, le jumelage des villes de Douala et Bordeaux; la coopération culturelle entre la ville de Saint-Denis et de celle de Bangangté au Cameroun; le renforcement de la coopération universitaire, médicale et culturelle entre leurs pays d’origine et d’accueil. À cela s’ajoute les nombreux transferts d’argents effectués par ces enfants de la nation en direction du Cameroun et qui contribuent à la réduction de la pauvreté. «Chaque élu ici a décidé de parrainer une commune. Nous nous engageons à tous les niveaux, nous mettons notre expérience et nos carnets d’adresse dans le cadre de cet accompagnement. Il faut préciser que ces parrainages n’engagent pas nos communes de tutelle en France», souligne Pierre de Gaétan Njikam, vice-président de Efracam.

    Jeu de dupes
    Les actions des diasporas camerounaises pour le développement socio-économique du pays s’accroissent. Elles constituent une réponse aux appels incessants du gouvernement à leur encontre. Lesquels ont été portés à la connaissance de l’opinion publique à l’occasion de la conférence économique «Investir au Cameroun, terre d’attractivité» en mai 2016. La visite des membres d’Efracam s’inscrit dans cette même lancée. Elle est l’aboutissement de négociations entamées sous d’autres cieux par l’Honorable Louis Henri Ngatcha, président du Réseau parlementaire pour la diaspora, la coopération décentralisée et transfrontalière (Rep-Cod). Ce dernier s’est rendu à Paris en 2022 pour mener une opération de charme auprès de cette association. C’est pourtant un personnage Mi-figue Mi-raisin qui accueille ses invités à l’Assemblée nationale le 7 décembre 2023. «Aujourd’hui nos frères et sœurs sont là afin que nous travaillions ensemble. J’ai bien dit ensemble parce que beaucoup ici ont eu l’occasion de partir mais ont choisi de rester. Certains sont partis et ils sont revenus. Vous devez respecter ceux qui sont ici. Ce n’est pas parce que vous venez de l’autre côté que vous avez la science infuse. Ils ont la maîtrise du terrain», a-t-il déclaré tout de go à l’amorce de la signature d’une convention de partenariat entre le Rep-Cod et Efracam. Le débat sur la considération accordée aux diasporas camerounaises se poursuit sur d’autres fronts. La bataille y relative a l’allure d’un plaidoyer en faveur de la consécration de la double nationalité au Cameroun.

    Louise Nsana

  • Pénurie de carburant, au-delà du récit officiel

    Pénurie de carburant, au-delà du récit officiel

    Il y a des mots qu’il est assez vain de vouloir définir, dans la mesure où la définition, dans son énoncé même, suppose implicitement que l’on saisisse déjà le sens du terme qu’on prétend expliciter. Il en va ainsi du mot «pénurie». «Pénurie», dit le dictionnaire, est le «manque de ce qui est nécessaire». Au Cameroun où le carburant manque depuis quelques jours, le gouvernement a, sous la plume de Gaston Eloundou Essomba, le 11 décembre dernier, emprisonné le sens du mot dans une curieuse formule: «perturbation dans l’approvisionnement en carburant». À cette heure où le peuple, bidons en mains, s’agglutine devant les stations-service, l’observateur attentif des évolutions de la situation ne peut s’empêcher de conclure que le sens du mot «pénurie» est obscurci par les efforts des pouvoirs publics pour l’éclaircir.
    En proposant d’articuler la «perturbation dans l’approvisionnement en carburant de type Super des principales villes du pays, notamment Yaoundé, Douala et Bafoussam» et «le retard dans l’arrivée de trois navires dû aux conditions météo-océaniques défavorables», le gouvernement a légiféré et légalisé la pénurie de carburant. Il a dénaturé et minimisé les conséquences immédiates ou ultérieures de la situation, en annonçant «un retour à la normale dès le 12 décembre».
    À rebours de ce récit officiel, une seule évidence se dresse comme une cathédrale, selon Dieudonné Essomba. Pour l’économiste-statisticien, «les pénuries du carburant s’expliquent simplement: il n’y a pas de devises». Après avoir réuni quelques réflexions sur ce thème, à la fois merveilleux et très difficile à appréhender, Dieudonné Essomba entrevoit le pire. «Les Camerounais, dit-il, doivent donc se préparer à mener une vie misérable de ver de terre pendant 20 ans encore. Contrairement à ce qu’ils croient, ils subiront l’augmentation des prix».
    «Il faut s’attendre à l’augmentation des prix à la pompe en 2024, d’une valeur ne dépassant pas les 100 FCFA par litre, le même scénario se produira en 2025. Sans nier l’importance de ces préoccupations et d’autres qui s’y rattachent, des sources au ministère de l’Eau et de l’Énergie (Minee) renseignent que le gouvernement et d’autres experts travaillent à juguler les effets d’une éventuelle pénurie de carburant en fin d’année 2023. Selon nos informations, le Cameroun envisage donc d’importer au moins 660 000 tonnes de produits pétroliers (soit 54,6% de gasoil, 36,4% de super et 9% de kérosène). Pour couvrir la demande nationale pour la période allant d’octobre à décembre 2023 et janvier 2024», écrivions-nous déjà dans notre édition N°571 du lundi 21 août 2023.
    Dès lors, la correspondance de Ferdinand Ngoh Ngoh adressée à Gaston Eloundou Essomba le 14 décembre dernier ne peut que susciter un sentiment mortifiant. En effet, si l’on sent bien qu’elle ne s’interdit pas d’aborder le sujet régalien de l’«approvisionnement national en carburants», cette correspondance se moque en permanence de la vérité. Une vérité dessinée avec finesse par le Fonds monétaire international (FMI). Depuis des lustres, ce «gendarme» glisse des notes sous l’oreiller du gouvernement. Sous forme d’abécédaire, ces notes donnent le ton de ce que le gouvernement doit faire de toute urgence. Il s’agit de supprimer complètement les dépenses ayant trait aux subventions des carburants dans l’optique de créer un espace budgétaire pour financer les investissements productifs et les dépenses sociales.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Il n’est pas trop tard pour…

    Il n’est pas trop tard pour…

    Le 15 décembre 2023, Jérémie David Koffi a failli être arrêté en plein culte par deux policiers.

     

    Selon certaines personnes, le pasteur Guy-Vincent Kodja pourrait avoir saisi la police pour que celle-ci mette aux arrêts le “prophète” qui l’avait traité de plaisantin il y a quelques semaines. D’autres pensent qu’il est reproché à Koffi d’avoir prédit la chute imminente du régime Ouattara. Le temps dévoilera les vrais mobiles de cette tentative d’arrestation.Pour l’heure, contentons-nous de constater qu’un autre pasteur qui régulièrement clashe et insulte les Ivoiriens qui critiquent les actions du gouvernement n’a jamais été inquiété. Lui a droit à la carotte pendant que le bâton est servi à Koffi et à d’autres.Plus que la carotte, les “Microbes” (terme employé pour désigner les enfants drogués et violents au service du pouvoir) bénéficient d’une totale impunité. En effet, bien qu’ils aient tailladé et assassiné de paisibles citoyens, ils n’ont jamais été sanctionnés.Ce deux poids, deux mesures existe en politique où les marches et meetings sont interdits aux partis d’opposition tandis que les partisans de Dramane Ouattara peuvent marcher et se réunir quand et où ils veulent. Ainsi, le 26 janvier 2020, les fidèles catholiques d’Abidjan avaient dû renoncer à une marche priante pour la paix parce que des militants du RDR avaient annoncé qu’ils feraient couler le sang de ces catholiques si la marche était maintenue. Et rien n’avait été fait contre ces derniers.Inutile de dire que ce genre de choses est loin de contribuer à la paix et à la cohésion sociales.Le congrès du PDCI, qui devait se tenir le 16 décembre, a été annulé in extremis. Pourquoi une telle fébrilité? De quoi le RDR a-t-il peur? La présence de Guillaume Soro dans les pays voisins serait-elle à l’origine de cette nervosité? On parle de Coupe d’Afrique des nations en janvier, d’élection présidentielle en 2025 mais l’ancien patron des Forces nouvelles n’a pas encore dit son dernier mot. À tout moment, il est capable de tout mélanger et de remettre le compteur à zéro. Bref, ceux qui font des plans et calculs sans tenir compte de l’équation Soro Kigbafori risquent de s’en mordre les doigts.Il n’est pas trop tard pour que tout le monde puisse s’asseoir autour de la table et arriver à un consensus sur le découpage électoral, les listes électorales, la composition de la commission électorale, la sécurisation du déplacement des candidats. Le parti au pouvoir ne gagne rien à vouloir effrayer ou intimider l’opposition. “On ne se réconcilie pas en mettant les gens en prison. Le pays a besoin de tous ses enfants pour la vraie réconciliation”, ont chanté les zougloumen Yodé et Siro en 2020 dans “Président, on dit quoi?” Toute la classe politique ivoirienne doit impérativement comprendre qu’il est encore temps pour se retrouver et se parler si elle aime vraiment la Côte d’Ivoire. Car nul n’est fort ni faible éternellement.

    Jean-Claude DJEREKE

  • Discours de haine au Cameroun : le diable s’épanouit dans les réseaux sociaux

    Discours de haine au Cameroun : le diable s’épanouit dans les réseaux sociaux

    Du 14 au 16 décembre 2023 à Yaoundé, la 5e édition des Journées citoyennes de la presse (JCP) sert d’espace de réflexions sur la violence dont la toile devient de plus en plus le théâtre.
    Pour une leçon inaugurale sur le thème « Médias, entrepreneurs politiques et discours de haine: Quelles responsabilités », il faut bien s’appeler Lucien Ayissi. Pr titulaire de philosophie à l’Université de Yaoundé I, il choisit de mettre en évidence la frontière entre « discours de haine directe, affichée et véhémente » et l’ »expression discursive d’une haine indirecte, dissimulée voire masquée ». Selon l’universitaire, il faut bien prendre une position tranchante dans le débat sur la specificité du discours de haine dans l’espace virtuel au Cameroun. : « La violence verbale, qu’elle soit proférée dans le cadre du “en ligne“ ou du “hors ligne“ a sûrement les mêmes effets : blesser, humilier, rabaisser, intimider, en bref, toucher l’autre », énonce Pr Lucien Ayissi.
    Bien que l’espace virtuel prive les interactants d’un face-à-face physique, il n’en est pas moins générateur d’impasse en raison de son architecture, des images fixes ou animées, du son, mais également des émoticônes.  » Harcèlement, intimidation, revendications irredentistes, violences sur le genre, la désinformation… Voilà le lot dramatique auquel le Cameroun est confronté », démontre Mme Minette Libom Li Likeng, ministre des Postes et Télécommunications  (Minpostel). En s’attardant sur la désinformation, le membre du gouvernement fait remarquer que son alliage avec les réseaux sociaux fait quotidiennement le lit des fake news.
    « Toutes choses que ne saurait tolérer les pouvoirs publics », avise Suzanne Zogo, directeur de la communication publique et intérieure au ministère de la Communication.
    Pour Valentin Siméon Zinga, président de Médias, Médiations et Citoyenneté (2MC),  c’est tout cela qui sert de matériau à deux jours d’échanges entre praticiens de médias, scientifiques et autorités publiques.
    Jean René Mevaa Amougou 
  • Qu’on laisse les Africains s’occuper d’eux-mêmes

    Qu’on laisse les Africains s’occuper d’eux-mêmes

    Pendant les cérémonies du jour des expiations (Yom Kippourim) dans le sanctuaire, Aaron, le Grand prêtre, tirait au sort deux boucs : l’un pour Yahvé et l’autre pour Azazel. Le premier était sacrifié pour le pardon des péchés. Quant au second, il était conduit, puis abandonné vivant au désert. Celui-là était symboliquement chargé de tous les péchés d’Israël (Lévitique, chap. 16, 7-23). Régulièrement, les dirigeants et médias français accusent la Russie de pillage des ressources naturelles et de violence contre les populations du Burkina, du Niger, du Mali et de Centrafrique. Même leurs propres péchés (crimes contre l’humanité, soutien à des régimes autoritaires et sanguinaires, vol des matières premières sans aucune amélioration des conditions de vie des populations, incapacité à chasser les terroristes du Sahel), ils préfèrent en faire porter le chapeau à Moscou. Ainsi, au 7e forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique (6 décembre 2021), Florence Parly, ministre de la Défense, déclarait que, “si la France et ses partenaires s’opposent à Wagner, c’est qu’ils ont vu, en République centrafricaine, leur potentiel déstabilisateur, leurs exactions contre les populations, la perte de souveraineté de l’État, la prédation des ressources, l’échec sur le plan opérationnel et les intérêts particuliers et pécuniaires qui sont placés au-dessus de celui des populations”. Les partenaires en question étaient la Suède, l’Angleterre, le Danemark, la République tchèque et l’Estonie qui avaient accepté de mettre à la disposition de l’opération Barkhane respectivement 150, 90, 70, 60 et 50 hommes, ce qui représente une maigre contribution à côté des 4500 militaires français. Allemands et Espagnols n’avaient offert que de la logistique. Ils avaient refusé que leurs soldats participent à cette aventure, peut-être parce qu’ils la jugeaient ambiguë.
    La France ne dit pas la vérité quand elle accuse la Russie de déstabiliser les pays où elle est engagée, de piller les ressources naturelles de ces pays, de commettre des exactions contre leurs populations et d’agir contre la souveraineté nationale. Un pays peut vieillir sans mûrir. Assumer ses fautes, demander pardon pour le mal qu’on a fait consciemment ou inconsciemment, c’est cela la maturité. La fuite en avant et le déni n’ont jamais fait la grandeur d’un peuple. Ne pas projeter sur les autres nos fantasmes, chercher à comprendre d’où vient ce sentiment anti-français qui se propage comme un feu de brousse et essayer de rectifier le tir, c’est grandir. La France n’a jamais accepté qu’elle pouvait se tromper. Or nous avons nos défauts et nous commettons chaque jour des erreurs. Les admettre, c’est grandir et favoriser des relations apaisées avec celui qu’on a offensé. Charger Poutine de tous les péchés d’Israël, faire de lui un bouc-émissaire, est non seulement contraire à la vérité mais contre-productif car ce n’est pas Wagner qui massacra les 300 tirailleurs africains à Thiaroye le 1er décembre 1944. Wagner n’est responsable ni des 64 jeunes Ivoiriens froidement assassinés le 6 novembre 2004 devant l’Hôtel Ivoire d’Abidjan, ni du bombardement de la résidence présidentielle ivoirienne en avril 2011. Ce n’est pas la Russie qui exploite depuis des années l’uranium du Niger, pays classé parmi les plus pauvres de la planète. Ce n’est pas Vladimir Poutine qui soutient les dictateurs et les 3e mandats anticonstitutionnels. Le franc CFA, qui appauvrit les Africains tout en enrichissant la France, n’est pas fabriqué en Russie.
    À écouter Thierry Breton et les autres Français, on a le sentiment que l’Afrique dite francophone est la propriété privée des Français, que la France est le père et la mère des Africains et que ces derniers doivent toujours être assistés par l’ancienne puissance colonisatrice. Or, même en famille, les parents laissent les enfants devenus majeurs voler de leurs propres ailes. Lorsqu’un père continue de faire les choses à la place de son fils de 60 ans, cela signifie que c’est lui-même qui n’a pas grandi. La France aura vraiment grandi quand il n’y aura plus de soldat français en Afrique, quand ses dirigeants ne mettront plus à mal les souverainetés politique et monétaire des États africains, quand elle arrêtera de s’ingérer de façon grossière dans nos affaires internes.
    Si la lutte contre le terrorisme est vraiment le but de la présence française dans les pays sahéliens, pourquoi la France devrait-elle s’offusquer que le groupe russe Wagner veuille, lui aussi, débarrasser cette partie du continent des terroristes? Un proverbe africain ne dit-il pas qu’abondance de viande ne gâte pas la sauce?
    On peut supposer que c’est pour notre bien que nos “amis” français s’entêtent à demeurer dans nos pays mais peut-on faire le bonheur des gens contre leur volonté? “Tout ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi”, disait Nelson Mandela. Hitler promettait 1000 ans de paix et de bonheur. Les Juifs et les pays européens occupés par les troupes nazies se souviennent encore du coût humain de ce bonheur. Staline, Mao et les Khmers Rouges pensaient, eux aussi, détenir la clé d’un bonheur collectif. On a vu ce que cela a donné. Non, le bonheur n’est ni imposé, ni octroyé. C’est chaque homme, chaque peuple, qui choisit comment il peut être heureux. Me reviennent ici en mémoire les propos d’Alain et d’Aristote. Pour le premier, “l’homme s’ennuie du plaisir reçu et préfère de bien loin le plaisir conquis”. Le second faisait remarquer que “je ne peux être heureux sous la torture ou si l’on torture mes proches” (cf. “Éthique à Nicomaque”).
    En conclusion, je voudrais affirmer ceci : la France devrait cesser d’accuser la Russie et de mettre les Africains en garde contre cette Russie qui n’a jamais eu de colonie en Afrique. D’ailleurs, peut-elle militairement battre et déloger la Russie si cette dernière décide de rester au Sahel? Ce n’est ni en persécutant ni en menaçant les combattants panafricanistes que Paris réussira à reconquérir le cœur de la jeunesse africaine qui de plus en plus laisse entendre qu’elle est fatiguée de la duplicité, de l’arrogance, du paternalisme et de l’incompétence de la classe politique française. Cette jeunesse consciente et politisée dit une seule chose aujourd’hui: l’amitié n’est pas forcée. Ce qu’elle demande, c’est qu’on laisse les Africains écrire enfin leur propre histoire, marcher sur le chemin qu’eux-mêmes auront tracé.

    Jean-Claude DJEREKE

  • Développement : la robotique, solution à double tranchant

    Développement : la robotique, solution à double tranchant

    Cette technologie était au centre des débats le 6 décembre dernier, à l’école des Sciences et Technologies de l’information et de la Communication (Esstic).

     

    «Regardez comme nos jeunes souffrent dans la rue pour creuser des rigoles pour faire passer des câbles de courant. Mais c’est un scandale ! Sous le soleil et sous la pluie, on creuse des rigoles qui sont bouchées le lendemain parce qu’il pleut et on recommence le troisième jour pour enlever la boue des caniveaux qu’on a mal creusés sous le soleil et sous la pluie, alors qu’ailleurs, les gens dorment et l’intelligence travaille pour eux.» Voici une situation de haute intensité de main d’œuvre décrite par Yves Marc Modzom le 6 décembre dernier. C’était à l’occasion de l’atelier de la filière «journalisme» baptisée «Café de ma promotion». En réalité, le directeur de l’Esstic décrie une situation encore propre à plusieurs pays en voie de développement dont le Cameroun. Laquelle met en lumière le double problème de l’absence de modernité dans l’accomplissement des tâches et de la main d’œuvre qualifiée dans notre société.

    Modèle japonais

    À cela, Pierre Ndzengue propose une solution calquée sur le modèle japonais qu’il connait mieux. L’ambassadeur du Cameroun au Japon a partagé l’expérience vécue dans le pays du « judo (art martial)» avec des étudiants de l’Esstic. Pour lui, la vie au sein de la société japonaise est aujourd’hui moins ardue, grâce à la robotique. Partie des secteurs industrielle, cette technologie fait aujourd’hui partie du quotidien des populations japonaises. La preuve, certains robots peuvent jouer le rôle de «nounou». «Si vous êtes seul chez vous, le robot peut vous assister à la maison…», indique-t-il.

    Revers

    Dans son exposé fortement apprécié par l’auditoire, l’ambassadeur camerounais présente également les revers de la robotique. Parmi eux, se trouve le chômage. Du fait de la robotique, plusieurs personnes perdent leur emploi et vont jusqu’à s’ôter la vie, raconte le diplomate. Au-delà, cela il y a le coût des recherches nécessaires à l’implémentation d’une telle technologie. Ce n’est pas tout.

    La tranche d’âge de la population camerounaise pose également problème. Au Japon, apprend-on, la robotique est implémentée dans un contexte où, la population est vieillissante. Ce qui est tout le contraire du Cameroun.

    «Est-ce que les pays comme les nôtres peuvent faire usage des robots ? Si le japon est devenu un leader en robotique aujourd’hui, c’est à cause du vieillissement de la population, le manque de main d’œuvre. Or, nous avons la main d’œuvre… Premièrement, on peut se poser la question de savoir est-ce que la robotique en tant qu’instrument de croissance peut être appliquée dans nos états ? Deuxièmement, il faut se poser la question de savoir quel est le lien qui existe entre le robot, la robotique d’une manière générale et le créateur ?», autant de question qui n’ont pas encore de réponse. C’est ce qui pousse certains étudiants pourtant édifiés sur le sujet à rester prudent. «J’ai écouté monsieur l’ambassadeur avec beaucoup d’attention et je pense que la robotique n’est pas une mauvaise chose. Elle peut servir dans certains domaines. Mais elle ne saurait devenir une solution à tout. Auquel cas, nous risquons également de connaitre une montée en puissance des cas de suicides», explique Joseph.

    Joseph Julien Ondoua Owona

  • Lutte contre la corruption au Cameroun: nouveau front commun de la société civile et des parlementaires

    Lutte contre la corruption au Cameroun: nouveau front commun de la société civile et des parlementaires

    Le 5ème Dialogue citoyen se tient depuis ce 12 décembre à Yaoundé. Occasion aussi pour le Cradec et GRTFP de procéder au lancement du Citizen Lenses report 2023.

     

    Le 5ème Dialogue citoyen est en cours depuis hier à Yaoundé, à la suite de la commémoration les 9 et 10 décembre derniers, des journées internationales de lutte contre la corruption et les droits de l’Homme. Il se tient justement sur le Thème: «Unis contre la corruption et pour les droits de l’Homme». Une initiative du Cradec et du Groupe de référence de la société civile pour la transparence des Finances publiques (GRTFP) ayant rencontré l’adhésion de nombreux parlementaires. «L’enjeu est de mon point de vue unique. C’est de faire en sorte que nous montions en puissance dans la lutte contre la corruption, pour empêcher les moyens de la corruption de prendre les pouvoirs d’État, parce que ce serait la fin de l’État de droit et donc l’anarchie», a indiqué l’honorable Engelbert Alain Essomba Bengono, président du Bureau exécutif du Réseau des parlementaires pour la lutte contre la corruption. Une position évidemment partagée par Jean Mballa Mballa.

    À en croire en effet le directeur exécutif du Centre régional africain pour le développement endogène et communautaire, «nous voulons que ça marche. Il est important que nous fassions un peu bouger les lignes». Ce qui d’après lui devrait obligatoirement se traduire par «l’application des lois qui existent. C’est dans ce sens que nous pensons que l’article 66 qui prévoit la déclaration des biens doit être mis en œuvre. Il faut donc désormais signer le décret qui nomme les membres de la Commission de déclaration des biens». Par exemple.

    Le 5ème Dialogue citoyen est également censé être l’occasion du lancement du Citizen Lenses report 2023. «Il s’inscrit dans le suivi de la réforme des finances publiques en collaboration avec le ministère des Finances», confie une fois de plus Jean Mballa Mballa. Et selon le leader de la société civile, il ne s’agit ni plus ni moins que de «l’instrument fondamental qui témoigne de l’engagement de la société civile. Et nous travaillons là-dessus depuis pratiquement 3 ans et c’est la troisième édition que nous lançons aujourd’hui».

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Réformes des finances publiques : catalogue des bonnes actions du Minfi

    Réformes des finances publiques : catalogue des bonnes actions du Minfi

    Lecture d’une pluralité d’actions à la lumière d’une obsession pour la transparence budgétaire.

    Le ministère des Finances à Yaoundé, un temple de la transparence budgétaire

    Des boussoles existent, c’est vrai. Le nouveau Régime financier de l’État et des autres entités publiques, ou encore le Code de transparence et de bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques. Cependant pour le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, parler de réformes dans ce département ministériel hautement stratégique de la République, revient d’abord et avant tout à sacraliser la transparence budgétaire. En en faisant un principe vital de gestion et une exigence cardinale censée irradier l’ensemble de la gouvernance financière dans notre pays. De nombreux chantiers sont ouverts dans cette perspective, avec déjà au compteur plusieurs grandes réalisations à son actif.

    Plateforme parlementaire
    C’est le site Internet consacré de manière exclusive au Budget de l’État du Cameroun. Il est présenté comme «une initiative de plus qui fait partie de l’arsenal numérique du Ministère des Finances pour permettre aux citoyens d’avoir accès à l’information budgétaire. C’est en effet le centre documentaire numérique du budget de l’Etat du Cameroun». La dernière session parlementaire a une fois de plus permis d’en éprouver l’efficacité. En donnant «la possibilité à chaque citoyen d’être informé en temps opportun de ce que l’État compte faire (projet de loi de finances) ou de ce que l’État a fait (loi de règlement) de son budget», apprend-on.

    Budget citoyen
    Le ministère des Finances, sous la houlette du chef du département ministériel, en assure la publication depuis 2019. Il est question de la sorte de «garantir, à un public non initié, (aux citoyens), l’accès à l’information budgétaire consacré par les dispositions de la loi N°2018/011 du 11 juillet 2018 portant code de transparence et de bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques au Cameroun», est-il expliqué. Le document est par ailleurs en libre téléchargement sur le site web de la direction générale du budget. Un pas supplémentaire dans l’option du Minfi de vulgariser et de diffuser l’information budgétaire.

    Portail Boost Cameroon
    Il s’agit d’une plateforme digitale mise sur pied par le gouvernement avec l’appui de la Banque mondiale. Annonce faite le 10 novembre dernier par Louis Paul Motaze pour ce programme opérationnel dans plus de 45 pays et expérimenté depuis 2010 au Cameroun. Avec toujours comme objectif «de contribuer à la transparence et à la bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques», a relevé le grand argentier.

    Centre des ressources numériques
    Ici, l’information pratique est de double-cliquer sur www.rfp.cm. Et on accède immédiatement à des informations grand public sur «la mise en œuvre du Plan global de réforme des Finances publiques». On doit cette prouesse technique inspirée par le Minfi au «Projet d’Appui à la Gouvernance financière (PAGFI 2) soutenu par l’Agence française de Développement (AFD)», est-il rappelé.

    Courrier des réformes
    «C’est un support d’information dédié au pilotage, à la mise en œuvre et au suivi des Réformes des finances publiques (RFP) au Cameroun. Il rend aussi compte de la mise en œuvre du Plan Global de la Gestion des Finances Publiques». À en croire nos sources, c’est le dernier-né des outils inventés par la Minfi pour s’acquitter de sa mission sacerdotale d’information des Camerounais et des partenaires du Cameroun. À titre d’illustration, la 1ère édition du magazine institutionnel présente un éditorial du Minfi et une grande interview du directeur général du budget sur les 10 ans du budget-programme. Les Camerounais peuvent également par le même canal être fixés sur le niveau de «la mise en œuvre des RFP, ainsi que sur l’apport des Partenaires techniques et financiers (PTFs) intervenant sur les RFP», est-il souligné.

    Théodore Ayissi Ayissi

  • S.E Wang Yingwu

    S.E Wang Yingwu

    Il était à la Croix-Rouge camerounaise le 6 décembre dernier. L’ambassadeur de la République populaire de Chine a offert du matériel de bureau et de mobiliers médicaux à l’institution humanitaire constamment au chevet des populations en détresse au Cameroun. D’après sa présidente, ce don est une expression de l’amitié et la solidarité du peuple chinois envers le peuple camerounais. La donation vient par ailleurs se greffer à celle d’un bâtiment précédemment réceptionné par l’organisme apolitique. Il s’agit précisément du «bâtiment R+1 abritant l’entrepôt, les bureaux de la Direction nationale de la gestion des catastrophes et le service logistique. Une dotation de la représentation diplomatique de l’empire du milieu».

  • Grâce à la CEA : le Cameroun soigne ses stats

    Grâce à la CEA : le Cameroun soigne ses stats

    L’INS est dépositaire depuis le 29 novembre dernier du Plan national de développement de la comptabilité économique et environnementale (PNDCEE). Le SND30 devrait s’en trouver boostée.

     

    Après validation par les experts de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), le Plan national de développement de la compatibilité économique et environnementale (PNDCEE) est désormais à la disposition de l’Institut national de la statistique (INS) au Cameroun. À la diligence du directeur du Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de l’institution onusienne (CEA/BSR-AC). Jean Luc Mastaki Namegabe s’est à cet effet rendu le 29 novembre 2023 à Yaoundé auprès de Joseph Tedou, directeur de l’INS. L’objectif étant de consolider le soutien au développement de la statistique dans notre pays.

    Au CEA/BSR-AC, on espère que « cet outil permette au Cameroun de tirer pleinement parti des opportunités du capital naturel comme véhicule de financement de la diversification économique ». Un espoir partagé par l’INS qui compte « exploiter le PNDCEE comme un document spécifique de la Stratégie nationale de développement 2020-2030 du Cameroun (SND30). Il va ainsi régir ce pan spécialisé que la SND30 ne peut pas détailler», affirme Joseph Tedou. Au regard de sa richesse et du domaine pointu qu’il aborde, laisse-il aussi entendre.

    Le directeur du CEA/BSR-AC y voit en effet une «approche qui permettra de maîtriser les interventions et de centraliser les données statistiques au Cameroun. La CEA y souscrit et se penchera sur la compréhension du cadre de collaboration en associant naturellement le système des Nations unies au Cameroun». Des considérations et autres qui ont débouché sur une promesse. «Nous allons soumettre le document au gouvernement afin qu’il soit adopté et transformé en document de référence». On a également émis le vœu à l’INS de consolider le partenariat avec la division des statistiques de l’Onu, à travers notamment une publication régulière qui retrace l’ensemble de ses actions, ainsi qu’avec d’autres partenaires (FMI et Banque mondiale).
    Brazzaville et l’année 2021 seront le point de départ de tout. Les États et les Communautés économiques régionales ont adopté en décembre de cette année-là, le consortium sur le capital naturel comme mécanisme innovant et stratégique pour la mobilisation des ressources financières nécessaires à l’industrialisation et à la diversification économique dans la sous-région. L’un des marqueurs, en somme, de la réunion ad hoc en marge de la 37ème session du Comité intergouvernemental des hauts fonctionnaires et experts de l’Afrique centrale. Or, il se trouve qu’à travers le PNDCEE, le Cameroun prend une bonne option pour la concrétisation de cet engagement et pour l’édification d’une base statistique appropriée.

    Diane Kenfack

  • Brice Clotaire Oligui Nguema et les invariants de la diplomatie

    Brice Clotaire Oligui Nguema et les invariants de la diplomatie

    Après la Guinée Équatoriale, le Congo-Brazzaville, la Centrafrique, la République Démocratique du Congo, le Rwanda et le Tchad, Brice Clotaire Oligui Nguema était au Cameroun le 6 décembre 2023.

     

    Mû par la volonté de porter la bonne parole, ou plutôt ses bonnes paroles, le président du Comité pour la transition et la restauration des institutions du Gabon (CTRI) est allé à la rencontre de ses «aînés». Ce que les faits rappellent, c’est que, dans le cadre de la première étape de sa tournée, le tombeur d’Ali Bongo Ondimba a choisi d’aller à la rencontre du détenteur du record mondial de longévité au pouvoir, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Ce que les faits rappellent également, c’est que Brice Clotaire Oligui Nguema a achevé son périple chez Paul Biya, le plus âgé des dirigeants de la Cemac. Ce que les faits rappellent aussi, c’est qu’à Malabo, Brazzaville, Bangui, Ndjamena, Kinshasa, Kigali et Yaoundé, le séjour du général de brigade n’a pas duré plus de 24 heures.

    Ce que les faits rappellent distinctement, ce sont les dates: 19 septembre 2023 à Malabo; 1er octobre 2023 à Brazzaville; 4 octobre 2023 à Bangui; 9 octobre 2023 à Ndjamena; 11 octobre 2023 à Kinshasa; 16 octobre 2023 à Kigali et 6 décembre 2023 à Yaoundé. Ce que les faits rappellent enfin, c’est que, partout où il est allé, Brice Clotaire Oligui Nguema avait sa tenue militaire, ajustée au plus près du corps et embellie de décorations et autres accessoires.

    Bien qu’ils semblent dérisoires, ces faits, par leur agencement et leur ordre de lecture, s’entassent devant nous. Ils nous permettent de comprendre les temporalités et les modalités de la tournée de Brice Clotaire Oligui Nguema. Ce dernier, dont la première priorité internationale est manifestement la réintégration du Gabon au sein de la CEEAC (Communauté économique des États de l’Afrique centrale), a le mérite de faire affleurer plusieurs invariants de la diplomatie: le timing, les règles du jeu, la capacité à nommer les problèmes, la recherche d’un compromis et la communication. Il s’agit, au fond, de toute une ingénierie articulée autour de quelque sommet se profilant. Bien évidemment, une telle aspiration géopolitique nécessite une capacité stratégique, étayée par une volonté de se manifester et d’agir en tant que dirigeant d’un pays existant au sein d’un espace communautaire.

    En ce sens, les indices et les symboles offrent des ressources particulièrement riches pour définir la cohérence et la vision stratégique qui président à la tournée diplomatique du successeur d’Ali Bongo Ondimba. Et là, le point d’application des débats sur le choix vestimentaire de Brice Clotaire Oligui Nguema pourrait alors être dissocié du simple souci d’élégance militaire. «C’est la preuve de l’engagement, l’emblème de compétence et la promesse d’une fidélité aux idéaux communautaires; cette tenue montre que l’idiome professionnel des hommes en armes peut être intégré au récit communautaire; elle est la preuve que les militaires peuvent aussi être des acteurs centraux de l’intégration sous-régionale», commentait un reporter de Télé Tchad le 9 octobre 2023. Posés de cette façon, les indices et les symboles relevés lors de la tournée de Brice Clotaire Oligui Nguema dans plusieurs pays d’Afrique centrale s’interprètent comme l’amorce d’une sortie de l’ornière habituelle. Et même si, en même temps, cela lève les espoirs les plus hauts et réveille les peurs les plus profondes, il faut quand même espérer que Brice Clotaire Oligui Nguema ne viendra pas tout broyer, le bon grain comme l’ivraie.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Pont sur le Logone : À un an de la fin des travaux

    Pont sur le Logone : À un an de la fin des travaux

    Au terme d’une récente visite de terrain effectuée par la Délégation de l’UE au Cameroun, il apparaît que ce projet intégrateur va bientôt entrer dans la phase des essais.

    Vue aérienne du pont sur le Logone au 14 novembre 2023

    Sur le tableau de suivi brandi la semaine dernière par la Délégation de l’UE au Cameroun, quelques indications sont claires. «Au 14 novembre 2023, les travaux de construction du Pont sur le Logone, ainsi que ses voies de raccordement reliant les villes de Yagoua (Cameroun) et de Bongor (Tchad), sont réalisés à 61%». Selon la même source, la phase d’essai des charges sur l’ouvrage est prévue au courant de ce mois. Pour le moment, les diligences à effectuer dans l’exécution du projet concernent aussi bien l’achèvement de la procédure de passation du marché pour la maîtrise d’œuvre complète du poste frontalier de Bongor et l’accélération de la procédure de passation des marchés pour les activités connexes tant au Cameroun qu’au Tchad. Il y a également la réalisation des infrastructures, ainsi que l’amélioration du cadre socio-économique. D’un côté comme de l’autre, il est envisagé des appuis à l’insertion des piroguiers; la réhabilitation d’écoles et de centres de santé; la construction de 3 quais (rampes) d’embarquement des animaux; la réalisation de forages d’eau potable; l’aménagement hydro-agricole et la fourniture d’équipements aux associations féminines.

    Bonus
    Au Cameroun, il s’agira de réaliser les études en vue de la construction de la route Garoua-Dourbeye-Bourrha-Mokolo-Kouyape-Kourgui, dans les régions du Nord et de l’Extrême Nord, d’une longueur 276 km. Et l’étude de planification urbaine de la ville de Yagoua. Ce qui, apprend-on, va consacrer la fin des travaux de construction de l’ouvrage dont la mise en service est programmée pour juillet 2024.

    Symbole du rapprochement des peuples du Cameroun et du Tchad, ce pont long de 620 mètres est la seconde infrastructure de ce type qui sera construite entre les deux pays, après le pont Nguéli, qui relie les villes de Kousseri, au Cameroun, et Ndjamena, au Tchad. Les travaux sont financés conjointement par l’État du Cameroun, le Tchad, la Banque africaine de Développement et l’Union européenne, à hauteur de près de 74 milliards FCFA. L’objectif global du projet est l’amélioration du système de transport de la région du Bassin du Lac Tchad et contribuer ainsi au développement et à la compétitivité économique de la zone transfrontalière des deux pays. L’objectif sectoriel est d’améliorer la chaîne logistique de transport par la création d’une nouvelle route de transit entre les deux pays.

    Ongoung Zong Bella

  • Une arrogance qui refuse de mourir

    Une arrogance qui refuse de mourir

    Le Français est souvent accusé d’être arrogant. S’agit-il d’une accusation fausse et injuste ? Difficile de répondre à la question si on ne commence pas par rappeler la définition du mot « arrogant ». Pour Félix-André Poujoul, est arrogant « celui qui s’attribue spontanément la supériorité, ne pensant pas même qu’elle puisse lui être contestée, tant il est sûr de lui-même et de son droit ». Poujoul ajoute qu’on reconnaît l’arrogant « à ses manières hautaines, à ses prétentions hardies, à sa fierté, à son orgueil, à sa présomption, à sa morgue car il réunit le plus souvent quelques-uns de ces vices et quelquefois tous » et que « l’arrogance demande qu’on se découvre et qu’on plie le genou devant elle » (cf. F.-A. Poujoul, « Dictionnaire des facultés intellectuelles et affectives de l’âme », Paris, JP Migne éditeur, 1857).
    Pour sa part, le philosophe Michaël Fœssel écrit : « L’arrogance, c’est le vice de celui qui croit que les autres ne sont rien ».
    Fin septembre 2003, deux journalistes français, Romain Gubert et Emmanuel Saint-Martin, ont publié un ouvrage intitulé « L’arrogance française ». Selon eux, cette arrogance est le fait des élites intellectuelles et politiques et consiste à croire et à faire croire que la France a pour mission de « civiliser » et de « sauver » les peuples plongés, selon elle, dans l’obscurité et dans la barbarie en leur offrant la Démocratie, le Droit et la Liberté.
    Après avoir présenté l’arrogance des élites françaises, les deux auteurs préconisaient que leur pays devienne plus humble, c’est-à-dire qu’il apprenne des autres pays, qu’il fasse l’effort de les écouter et de respecter aussi bien leur vision du monde que leurs choix au lieu de leur dire ce qu’il faut faire ou ne pas faire.
    Malheureusement, l’exhortation de Gubert et Saint-Martin semble avoir eu le même effet que de l’eau sur le dos d’un canard. Pourquoi ? À cause des propositions tenues par les présidents français entre 2003 et 2023. Nous nous appuyons sur quelques tristes événements pour en faire la démonstration. L’intégralité à la page 11

    Par Jean-Claude DJÉRÉKÉ

  • Formation professionnelle : le Minproff mise sur l’autonomisation

    Formation professionnelle : le Minproff mise sur l’autonomisation

    Selon le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille ( Minproff), c’est le passage obligé pour valoriser les apprentissages reçus dans ses différents centres à travers le pays.

    Les lauréats de la promotion « Delphine Tsanga » au CPPF de Nkoldongo

    À l’esplanade de la mairie de Yaoundé 4e, le 30 novembre dernier, les apprenants de la cuvée 2022-2023 de ce Centre de promotion de la femme et de la Famille de Yaoundé IV ont reçu leurs attestations. Ils sont au total 444 lauréats à avoir reçu des parchemins de fin de formation au CPFF. À cet effet, la cuvée de cette édition a été baptisée «promotion Delphine Tsanga», en hommage à la toute première femme ministre au Cameroun. Après plusieurs mois de formation, ces jeunes vont désormais investir, non seulement le marché de l’emploi, mais davantage le monde de l’entreprenariat camerounais. Pour encourager leurs apprenants à se créer eux-mêmes leur gagne-pain, le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (Minprof) ne lésine pas sur les moyens. C’est ce qui explique l’accompagnement déployé en faveur de ceux ayant obtenu les cinq premières notes dans leurs filières respectives. Ceux-ci ont en effet reçu des kits constitués d’un minimum de matériel pour, apprend-on, s’auto-employer.Tout ceci s’est déroulé sous la supervision de Maipa Wespa Koukreo, inspecteur numéro 2 et représentante de la Minprof, Marie Thérèse Abena Ondoa.

    Cette sortie était aussi une occasion pour Olama Nsia Solange, la directrice du CPFF de Nkolndongo de demander aux parents d’envoyer leurs enfants se faire former pour en sortir nanti de compétences nécessaires en vue de trouver ou de se créer un emploi. «Les centres de formation de la Femme et de la Famille sont des incubateurs d’entrepreneurs. Nous formons et en un an, un enfant qui est entré sans savoir couper un oignon ressort à la fin étant un hôtelier. Je lance un appel aux parents et surtout aux jeunes. Ne restez pas dans les maisons, venez-vous faire former et vous trouverez votre voie», dixit-elle. Attention Dans sa prise de parole, Gabriel Effila s’inscrit en bon père de famille. Le maire de Yaoundé 4e demande aux jeunes lauréats de faire montre de plus de courage, «maintenant que le plus dure va commencer, vous devez faire preuve d’endurance et de persévérance». Dans le même élan, Akondi Elvis Mbahangwen, sous-préfet de l’arrondissement de Yaoundé 4e, leur demande de se rapprocher des délégations spécialisées comme celles de la Jeunesse, l’Élevage pour savoir ce qui est prévu pour les jeunes camerounais. «Il faut savoir que le gouvernement a beaucoup de projets et de programmes pour les jeunes de 18 à 35 ans. Au ministère de la jeunesse, il y’a 102 milliards dédiés par le chef de l’État pour encourager les jeunes qui souhaitent s’installer à leur propre compte», renseigne le représentant du chef de l’État.Depuis plusieurs années, le CPFF de Nkolndongo accompagne la jeunesse en général et la jeune femme en particulier, via des formations. Celles-ci se déroulent dans huit filières: coiffure, décoration, industrie d’habillement, esthétique, hôtellerie, secrétariat bureautique, secrétariat comptable et auxiliaire de vie sociale (AVS).

    André Gromyko Balla

  • Cameroun-Russie : les yeux dans les yeux

    Cameroun-Russie : les yeux dans les yeux

    Contrairement à l’Europe qui a coupé les ponts avec cette superpuissance militaire, le pays de Paul Biya relance et améliore sa coopération avec l’ours russe.

    Cameroun-Russie, main dans la main

    Parmi les projets de loi soumis à l’étude des législateurs camerounais en cette fin d’année 2023, il y a celui relatif aux relations entre le Cameroun et la Russie. Il s’agit de celui autorisant le président de la République du Cameroun à ratifier l’Accord avec la Russie quant à l’élimination réciproque de l’obligation des visas pour les détenteurs de passeport diplomatique ou de service.
    Les clauses de ce traité stipulent que, grâce à leur passeport, les ressortissants des deux pays pourront entrer sur le territoire de l’une comme de l’autre partie. Ceci pour un séjour de 90 jours, à compter de la date d’entrée. Les facilités, apprend-on, sont accordées aux personnels diplomatiques et consulaires, sous réserve du lancement des procédures d’accréditation. Cependant, elles n’interdisent pas à l’une ou à l’autre partie de prendre les dispositions nécessaires contre tout abus d’hospitalité avéré. En cas de non-respect des mesures législatives de l’État d’accueil par un personnel ayant les titres sus mentionnés, celui-ci est libre de le déclarer persona non grata. Cela n’aura aucun impact sur cet accord.

    Souveraineté du Cameroun
    Les accords d’exemption de visa surviennent au lendemain du deuxième Sommet Russie-Afrique tenu à Saint Petersbourg en juillet dernier. Un évènement qui a connu la participation du chef de l’État camerounais, Paul Biya. Plusieurs mois après que Joseph Beti Assomo, ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense du Cameroun (Mindef) ait ratifié des accords militaires avec celui de la Russie. Lesquels consistent en l’«échange d’informations en matière de politique de défense», la «formation conjointe et entraînement des forces», un «échange d’expériences dans le domaine du maintien de la paix».

    La ratification avait fait polémique au sein de l’opinion publique internationale. L’on s’interrogeait sur les raisons qui poussent le «mendiant de la paix» à se rallier à Vladimir Poutine, toujours considéré comme «l’agresseur» dans la guerre russo-ukrainienne.

    Du fait de ce conflit qui perdure, les pays européens ont rompu les accords qui les liaient jusque-là au pays de Vladimir Poutine. L’idée, selon le géostratège camerounais Charles Kengne, est de «faire comprendre que la Russie était un État isolé».

    Visiblement, Paul Biya se désolidarise de cette mesure prise par ses autres pays-partenaires. En plus de se préciser, la position d’Étoudi sur l’échiquier politique est, selon Charly Kengne, «une affirmation de la souveraineté du Cameroun». Officiellement, cela n’impacte en rien les accords du même type qui existent déjà entre le pouvoir de Yaoundé et plusieurs autres pays. Ce n’est qu’une avancée dans l’implémentation et l’amélioration de la politique de diversification des partenariats mise en avant par le numéro 1 camerounais.

    Joseph Julien Ondoua Owona

  • Cameroun-Asie : les «bons offices» de l’amitié

    Cameroun-Asie : les «bons offices» de l’amitié

    De l’avis de quelques analystes, les réalités impliquées ou les responsabilités engagées par la «Semaine d’amitié Cameroun-Asie» ont sans doute une signification dans le domaine des affaires internationales.

    Des ambassadeurs des pays d’Asie autour du Minrex à Yaoundé le 27 novembre 2023

    À l’esplanade de l’Hôtel de ville de Yaoundé, le gouvernement camerounais et des ambassadeurs de quelques pays d’Asie s’exhibent, se pavanent et se proclament amis. Dans son discours, le ministre camerounais des Relations extérieures (Minrex) souligne le caractère ouvertement utilitaire de la cérémonie. «Ce que nous célébrons ce jour s’incarne dans l’importance que nos amis et nous-mêmes accordons à la culture, à l’économie et aux relations diplomatiques qui nous lient depuis des années», scande Lejeune Mbella Mbella. Pour Wang Yingwu, ambassadeur de Chine au Cameroun, «ce ne sont pas de vains mots au moment où les chaînes d’amitié qui relient l’Asie au Cameroun sont proches et lointaines à la fois».

    Sens
    En ouvrant le débat sur la pertinence d’une telle approche, Anselme Tcheupi explique: «le cadre de l’amitié Cameroun-Asie est multiple. Il est entretenu par un processus de transnationalisation opérant à l’échelle des deux parties, lesquelles l’ont maintenue de manière significative et persistante après la guerre froide». D’après l’internationaliste camerounais, «c’est tout le sens de cette Semaine d’amitié Cameroun-Asie qui brandit une expérience structurante et qui vise à produire un effet durable dans la pensée des concurrents de l’Asie au Cameroun».

    Cela donne de la matière à Serge Alain Kouam. Aux yeux de cet autre internationaliste, spécialiste des relations Afrique-Asie, «la Semaine d’amitié Cameroun-Asie souligne le basculement qui est en train de s’opérer entre une période (en passe d’être révolue) durant laquelle quelques pays d’Asie, la Chine notamment, usaient de leur soft power pour séduire à l’international, en donnant d’eux une image très positive, et une nouvelle période marquée par une attitude plus offensive, consistant à susciter la crainte, considérée comme un moyen désormais plus efficace au service des intérêts asiatiquess».

    Un tel point de vue permet d’expliquer la présence des ambassadeurs de Chine, du Japon, de Corée du Sud et du haut-commissaire indien accrédités à Yaoundé. «Les réalités impliquées ou les responsabilités engagées par cette Semaine d’amitié Cameroun-Asie ont sans doute une signification dans le domaine des affaires internationales.

    Ongoung Zong Bella

  • Questions et questionnements

    Questions et questionnements

    Bientôt la fin d’année! Bientôt, «le temps va reprendre son commencement», comme le disaient, il y a longtemps, quelques savants. Bientôt, ce sera le moment d’un questionnement existentiel. Que nous «réserve», comme on dit trivialement, la fin de 2023? Où en sommes-nous dans notre vie familiale, sociale? Nous sentirons-nous nourris et revigorés par ce moment privilégié de l’année? Ces questionnements ne sont pas nouveaux mais se déplacent, s’élargissent au fur et à mesure que la vie se complique et que, chaque jour, on se démène, et l’on fait comme la guêpe dans un verre de vin. Et pour beaucoup d’entre nous, ces questionnements vont rester transitoirement ou durablement sans réponse.
    Seulement, tous, nous restons fondamentalement du côté des questionnements. Pourquoi? Question sans réponse, parce que l’interrogation acquiert, du même coup, un statut émotionnel en fin d’année, et parce que, précisément, elle devrait être constamment et inlassablement reposée l’année prochaine. Il semble que cela repose, en dernier ressort, aux multiples inconnus qui nous entourent. Chez nous, on ne sait pas à quelle sauce nous serons cuisinés. Dans nombre de récits, se trouve souligné le problème de la vie chère. Dans nombre de récits, se trouve souligné le problème de l’insécurité. Dans nombre de récits, se trouve souligné le problème des changements climatiques… Nous avons donc en nous, ce sentiment d’être délimité pour «être», mais aussi le sentiment intolérable d’être ainsi limité par rapport à notre rude quotidien.
    Sans doute avons-nous appris à reconnaître en nous, à aménager d’autres ressources défensives. Mais, nous oscillons toujours, entre l’ouverture à l’inconnu et sur nos certitudes. Nous ne sommes sûrs de rien. Par exemple, le calendrier politique ne nous appartient en rien, mais semble, à chaque pas, se réinventer, et susciter en nous une permanente curiosité. Au risque d’être aliénés, nous sommes sans arrêt, dans un va-et-vient entre «sera candidat ou non à la présidence de la République». Et parce que nous avons l’expérience des «silences», nous tentons de nous agripper à n’importe quoi de repérable. Les questions usuellement traitées (minimalement d’ailleurs) sont celles dans lesquels les raisonnements des uns et des autres ne permettent pas de prédire, avec une très grande précision aucune probabilité. Plus que jamais, en cette fin d’année, les démagogues de tout poil se servent en experts des «silences» pour nous arnaquer intellectuellement. À la moindre occasion, ils s’aventurent du côté des fausses certitudes et étalent leur intuition de menteurs politiques. Dans leur prétention à la vérité, bruyamment revendiquée sur les réseaux sociaux et les médias classiques, ils cherchent à nous faire accepter sans sourciller que «le Cameroun, c’est le Cameroun».
    Mot de passe d’un débat politique anémié, cette expression tente d’obtenir qu’on se taise sur le calendrier politique de 2025. Plus que jamais, notre futur sociopolitique est une affaire marchande qui souffre que l’on ne puisse pas l’évoquer, afin d’éviter, dit-on, un affrontement vieux comme la politique, entre les partisans de la démocratie et ceux de l’aristocratie.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • 1er dimanche de l’Avent/ Année B

    1er dimanche de l’Avent/ Année B

    Le mot “veiller” apparaît 3 fois dans l’évangile de ce premier dimanche de l’avent. Jésus demande à tous de veiller mais pourquoi veiller et comment veiller? 
    Nous devons veiller car nous ne savons pas quand le maître arrivera.
    Comment attendre ce maître qui peut débarquer à l’improviste? Il ne s’agit pas de croiser les bras, de rester sans rien faire. L’attente du maître ne peut être passive mais active. Nos activités quotidiennes ne doivent pas être abandonnées. En d’autres termes, nous devons nous garder d’avoir les yeux tournés uniquement vers le ciel parce que le Royaume de Dieu ne se construit pas sans nous, parce que Dieu a besoin de nos mains pour renouveler le visage du monde.
    Nos tâches, nous devons veiller à ce qu’elles soient accomplies dans le droit et la justice car veiller, c’est d’abord et avant tout veiller sur nos frères qui sont enfermés, exilés, broyés par la solitude, victimes d’exclusion, d’oppression ou d’exploitation, privés d’emploi, de logement et de papiers.
    C’est en nous engageant contre tout ce qui bafoue la dignité humaine que nous contribuerons à l’avènement d’un monde nouveau, que nous empêcherons le mal d’avoir le dernier mot.
    L’apôtre Paul affirme qu’il ne cesse de rendre grâce à Dieu au sujet des Corinthiens.
    Quant à nous, il nous est souvent difficile de remercier le Seigneur pour ce qu’il a fait dans la vie de nos frères. Il nous arrive quelquefois de nous poser la question suivante: pourquoi telle ou telle personne est-elle bénie et pas moi? Or “être homme, c’est être fier d’une victoire que les camarades ont remportée”(Antoine de Saint-Exupéry).
    En ce temps de l’Avent, nous pourrions peut-être veiller à nous réjouir avec ceux qui sont dans la joie et à pleurer avec ceux qui pleurent (Romains 12, 15).
    Jean-Claude Djéréké
  • Accord de Samoa : comprendre le boomerang africain

    Accord de Samoa : comprendre le boomerang africain

    Aux côtés de 9 pays des Caraïbes et de 6 autres du Pacifique, 20 pays du continent africain n’ont pas signé l’Accord de Samoa le 15 novembre dernier à Apia. Explications.

     

    «Je me réjouis de la signature de l’accord de Samoa, qui marque l’aboutissement réussi de notre long cheminement. Cet accord fournira un cadre modernisé, qui nous permettra de revitaliser nos relations avec le plus grand groupe de pays partenaires afin d’offrir une plateforme de dialogue et de coordination pour relever ensemble les défis de notre époque». Alors que Jutta Urpilainen (Commissaire aux partenariats internationaux au sein de l’Union européenne (UE) s’employait à le présenter comme un symbole important de ses relations diplomatiques avec les 79 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), l’Accord de Samoa a eu un effet plutôt inattendu.

    Abstention
    Selon une source diplomatique, «35 pays (9 des Caraïbes, 6 autres du Pacifique et 20 pays africains) ont refusé de le signer». Notre source renseigne que «l’abstention africaine a été motivée par l’insuffisance du texte en termes de contenu et d’autres réserves sur les clauses relatives à la non-discrimination qui, selon les chefs de délégations, encouragent l’homosexualité». À en croire une autre source, non sans vivacité et tensions, ces aspects ont quitté le champ du partenariat économique pour occuper le terrain moral. «Les controverses auxquelles ont donné lieu les échanges se sont focalisées sur la nature de l’accord, sur la constitutionnalité de ses dispositions, sur les modalités de son application», apprend-on.

    Difficultés économiques
    Pour les pays africains, si l’objectif de l’Accord de Samoa est précisément de réviser le dispositif institutionnel de l’Accord de Cotonou, signé entre l’UE et les pays ACP en 2000, le texte (dont l’entrée en vigueur est prévue pour janvier 2024) a également une visée tactique consistant à «accentuer les difficultés économiques du continent». Par ailleurs, signale-t-on encore, bon nombres de pays africains se sont montrés en désaccord avec les positions de l’UE concernant la guerre menée par la Russie en Ukraine, ainsi que la guerre dans la bande de Gaza.
    Censé courir sur 20 ans, l’Accord de Samoa couvre six domaines prioritaires: les droits de l’Homme, la démocratie et la gouvernance; paix et sécurité; développement humain et social; durabilité environnementale et changement climatique; croissance économique durable et inclusive; et développement, migration et mobilité. «Nous espérons que les pays ACP qui n’ont pas encore signé l’accord aujourd’hui le feront d’ici la fin de l’année», a déclaré Lisa Goerlitz, directrice du bureau de Bruxelles de la DSW, une ONG allemande spécialisée dans la santé sexuelle et reproductive des populations.

    Ongoung Zong Bella

  • Démocratie en Afrique: une contre-expertise de plus en plus visible

    Démocratie en Afrique: une contre-expertise de plus en plus visible

    Joseph Boakai, 78 ans, va présider aux destinées du Libéria au cours des six prochaines années. Avec 50,64% des voix (contre 49,36%), l’ex vice-président d’Ellen Johnson a battu George Weah. Âgée de 57 ans, l’ancienne star du football a reconnu sa défaite à l’aide d’une élégante formule : « Notre heure reviendra ».

     

    Remarquons d’emblée ce qui est remarquable. Premièrement : les faits se déroulent en Afrique de l’Ouest. Dans cette partie du continent, plusieurs présidentielles sont prévues en 2024. C’est ce que prévoit l’agenda politique au Sénégal, au Ghana, en Mauritanie et théoriquement au Mali et au Burkina Faso. Deuxièmement, le cadre interprétatif permet de présenter les résultats de la présidentielle libérienne autour d’un schéma qui, à défaut d’être original, a le mérite d’être clair : les élections présidentielles en Afrique peuvent bien se passer des intrigues de cour et des rébellions des mécontents. Et d’un point de vue très général, il ne s’agit donc pas de superstitions ou de charlataneries. C’est un constat qui bouscule certaines certitudes ainsi que les routines de quelques prévisions expertes. Et selon qu’elle est saisie au niveau de sa dynamique interne ou de ses effets, la démocratie en Afrique est en train de déployer une contre-expertise de plus en plus visible, structurée autour d’une série de modèles et scénarios flatteurs, capables de provoquer des déplacements inattendus dans le débat public.

    Que retenir de tout cela ? D’une part, l’exemple qui vient du Libéria percute un écosystème de l’information qui sature notre capacité à nous rappeler que l’Afrique n’est pas seulement l’arène des contestations électorales. D’autre part, ce même exemple nous permet d’archiver en temps réel les preuves concrètes d’un afro-optimisme. En ce sens, les leçons à tirer du cas libérien se rattachent à l’idée selon laquelle, la crise sociopolitique qui, depuis peu, tourne en boucle dans certains pays d’Afrique de l’Ouest peut être surmontée. En ce sens également, ceux qui se croient légitimes à se poser en arbitre des élégances démocratiques et à délivrer des brevets de respectabilité en Afrique doivent repenser certains de leurs discours. Ils doivent comprendre que le monde a subi de telles transformations qu’il est désormais illusoire de se rapporter uniquement aux donneurs de leçons.

    Forgée au sentiment que l’Afrique peut faire valoir sa parole, dire les enjeux qui sont les siens, montrer la voie et parfois taper sur la table, cette position convoque un approfondissement civique et démocratique. Bien sûr, abolir la différence entre gouvernants et gouvernés n’est pas une affaire simple. Mais doit-on pour autant en conclure à la hâte qu’en présence d’un pouvoir politique qui s’autonomise, il faudrait du moins s’en accommoder, que seul un petit nombre, au nom de tous, de quelques-uns ou d’un seul, devrait exercer ce pouvoir ? Non! Les Africains devraient donc mettre en place une sphère publique politiquement fonctionnelle, où les citoyens majeurs, autonomes et responsables, offrant une délégation judicieuse de leur volonté et un contrôle efficace de son exécution, prennent en main eux-mêmes l’aménagement de leur vie sociale. .

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Les avocats de la 25e heure

    Les avocats de la 25e heure

    Répondant à Éric Ciotti, président du parti Les Républicains (la droite), qui se plaignait de ces nombreux Ivoiriens qui chaque jour envahissent la France, un député français a fait remarquer que c’est la dictature et la pauvreté qui poussent certains Africains à quitter leurs pays.
    Il a insisté sur la pauvreté qui serait la conséquence du pillage économique et a pris l’exemple de la Côte d’Ivoire à qui la France volerait chaque année 325 millions d’euros via les entreprises Total, Bolloré, Bouygues, Orange, etc.
    Cette “révélation”, qui a été fortement chahutée dans la salle, appelle quelques remarques.
    Voici la première : Les Ivoiriens vont-ils continuer à s’appauvrir tout en enrichissant la France? Je fais partie des personnes qui depuis 5 ans au moins proposent aux Ivoiriens de boycotter les produits français, d’abandonner leur puce Orange mais qui nous a écoutés? Combien de compatriotes sont allés chez MTN ou ailleurs? L’attitude de ceux qui ont du mal à se séparer de la téléphonie mobile française n’est rien d’autre que la servitude volontaire dont parlait Étienne de La Boétie.
    Secundo, la révélation du député bat en brèche le vieux mensonge selon lequel la France ne gagne rien en Afrique.
    Tertio, on peut se demander si ce député ne cherche pas à s’attirer la sympathie des Africains qui veulent en finir avec le néocolonialisme français. Pourquoi a-t-il tardé à parler? Ne pouvait-il pas mettre les pieds dans le plat plus tôt?
    Avant lui, on a entendu l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin et l’ex-ambassadeur Gérard Araud conseiller à leur pays de se départir de son arrogance et de respecter la souveraineté des pays africains. Ils préconisent la fermeture des bases militaires françaises mais ces avocats de la 25e heure sont-ils crédibles au regard de leur passé de va-t-en-guerre? Qui peut encore les prendre au sérieux? Bref, le chien peut-il changer sa manière de s’asseoir?
    “Si quelqu’un vous trahit une fois, c’est sa faute. S’il vous trahit deux fois, c’est votre faute”, disait Eleanor Roosevelt. Les Africains laisseront-ils la France aux paroles mielleuses les rouler dans la farine une seconde fois?

    Jean-Claude Djéréké

  • S.E. Annika Hahn Englund

    S.E. Annika Hahn Englund

    Elle, c’est l’ambassadeur désigné du Royaume de Suède au Cameroun, avec résidence à Abuja (Nigéria). Les copies figurées de ses lettres de créances, elle les a présentées au ministre camerounais des Relations extérieures (Minrex) le 22 novembre dernier à Yaoundé. Des nombreuses lignes qui meublent son CV, l’on retient qu’elle a été auparavant ambassadrice en Belgique et au Luxembourg ; après avoir servi dans les ambassades de Suède à Pékin et à Bonn, ainsi qu’à la représentation suédoise de l’Union européenne à Bruxelles. Sur son CV également, l’on relève son engagement pour la cause des femmes et de l’égalité des sexes. Au Cameroun, la diplomate se dit disposée à œuvrer pour le développement des infrastructures au Cameroun.

  • Yaoundé une journée en orange contre les violences faites aux femmes

    Yaoundé une journée en orange contre les violences faites aux femmes

    Le lancement officiel des « 16 jours d’activisme » a eu lieu ce 27 novembre 2023 dans la capitale.

     

    Pour optimiser l’impact d’une journée spéciale, le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (Minproff) a misé sur la couleur orange. « A travers ce choix, le but est de déclencher des émotions propices à l’émergence des idées et déployer une communication efficace et rapide », renseigne la cellule de communication du Minproff. Ce 27 novembre 2023, jour de lancement officiel des 16 jours d’activisme » contre les violences faites aux femmes, activistes, défenseurs des victimes, promoteurs des droits humains féminins, victimes mais aussi, membres du gouvernement, décisionnaires et public se sont retrouvés à l’Hôtel de ville de Yaoundé. « Pour dire non ! Non à un fléau social longtemps occulté et dont les dernières actualités macabres en attestent l’ampleur », selon la formule de Mme Marie-Thérèse Abena Ondoa. Pour la Minproff, il y a un gros symbole derrière l’événement de ce jour. « Ledit symbole est décliné par le thème de cette année : « Investir pour prévenir la violence à l’égard des femmes et des filles », de manière à encourager les citoyens à montrer à quel point ils ont à cœur de mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles, et à faire connaître les actions qu’ils mènent pour faire du Cameroun un pays sans violence envers les femmes », explique la Minproff.

    Sur la même lancée, Marie Pierre Raky Chaupin parle du « lancement d’un réseau de mobilisation sociale chargé de mettre en avant des initiatives de plaidoyer, des nouvelles et des actions de personnes d’horizons divers visant à mettre un terme à la violence faite. aux femmes et aux filles ». Selon la Représentante résidente de l’ONU Femmes au Cameroun, « il faut insister sur la nécessité d’agir face au phénomène des violences faites aux femmes et l’urgence de ne pas abandonner les victimes, de les écouter et de les accompagner ». Marie Pierre Raky Chaupin déplore que les organisations de défense des droits des femmes, en première ligne dans la lutte, soient paradoxalement les moins nanties et souffrent d’un manque chronique de financement (seulement 5% de l’aide publique au développement allouée à la lutte contre la violence envers les femmes).

    Commémorée du 25 novembre (Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes) au 10 décembre (Journée commémorative des Droits Humains) depuis 1991, la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles vise à galvaniser l’engagement individuel et populaire pour la lutte et la prévention des violences à l’égard des femmes et des filles, un fléau mondial affectant une femme sur trois dans sa vie. Près de six femmes sur neuf (65%) en Afrique centrale seraient victimes de violence selon une étude menée par le Réseau des femmes élues locales d’Afrique.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Les Ivoiriens ne doivent pas oublier la parole du vieux

    Les Ivoiriens ne doivent pas oublier la parole du vieux

    Tidjane Thiam veut être le candidat du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) à la prochaine élection présidentielle prévue en octobre-novembre 2025. Certains pensent qu’il est poussé par la France qui ne tarit pas d’éloges à son endroit. Lionel Zinsou était soutenu, lui aussi, par Paris mais il fut désavoué in fine par les Béninois qui voyaient en lui le cheval de Troie de la France. En tout cas, le fils d’Amadou Thiam est déterminé à conquérir le fauteuil présidentiel. Or Houphouët-Boigny disait: “On peut servir à tous les postes, pourvu qu’on y mette tout son cœur.” Le premier président de la Côte d’Ivoire voulait signifier que ce n’est pas uniquement en occupant le poste de président de la République que l’on sert son pays.
    Petit-fils d’Houphouët, Thiam est présenté comme un banquier qui aurait fait des merveilles ailleurs. Si tant est qu’il a sauvé des banques ou entreprises en Europe, pourquoi ne créerait-il pas une grande banque comme Jean Kacou Diagou qui fonda NSIA en 1995? Cette banque donnerait du travail à des Ivoiriens au chômage et il leur apprendrait comment on dirige une banque, comment faire pour que cette banque ne puisse pas tomber en faillite.
    Quant à l’histoire selon laquelle Thiam serait riche et possèderait un important carnet d’adresses, elle ne peut émouvoir ou impressionner que les personnes naïves et ayant la mémoire courte car on nous avait déjà annoncé un tel homme il y a quelques années et cet homme lui-même avait promis de donner des milliards aux villes qu’il visitait pendant la campagne électorale de 2010. Or non seulement les villes en question n’ont rien obtenu mais le pays n’a jamais été autant endetté que sous son règne.
    Moi, si j’étais un parent d’Houphouët, et dans le souci d’épargner d’autres crises inutiles aux Ivoiriens, je me contenterais de servir mon pays dans le domaine qui est le mien: la création et la gestion d’une banque.
    Un pays est différent d’une banque. Pour espérer le diriger, il faut avoir un lien fort avec lui, avoir parcouru ses villages et hameaux, avoir souffert et pleuré avec lui, avoir pris sa défense quand il était malmené, attaqué et piétiné. Tidjane Thiam remplit-il ces critères?
    L’Afrique d’aujourd’hui a besoin d’hommes et de femmes libres et souverainistes et non de banquiers sans cœur et à la solde de l’Occident impérialiste et esclavagiste.

    Jean-Claude Djéréké

  • Financement des projets : le Cameroun résolument au vert

    Financement des projets : le Cameroun résolument au vert

    Les administrations sectorielles, les experts de la banque partenaire et le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) se sont réunis à Douala du 22 au 23 novembre 2023 afin de consolider cette option au cours d’un atelier placé sous l’égide du ministère des Finances.

     

    Le Cameroun est à la quête de nouvelles sources de financement de ses projets de développement. Et ce besoin a trouvé matière à s’exprimer au cours de la rencontre tenue à Douala entre les administrations sectorielles, les experts de la banque partenaire et le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). L’option prise par le gouvernement d’une migration vers une économie dite verte en vue de l’émergence de notre pays a en effet constitué le cœur des réflexions. «Il est important que nous sachions que nous ne voulons pas nous industrialiser comme les Européens en détruisant la planète. Nous voulons une industrialisation verte, une transformation structurelle et économique sociale verte. D’où la nécessité d’avoir cette boussole qui est le cadre réglementaire», explique clairement Killy Mua Kingsley, directeur des opérations financières au ministère des Finances.

    Les deux jours d’atelier ont servi de cadre au renforcement des capacités des administrations, mais également à harmoniser les projets de ces dernières. «Nous comprenons que tous les ministères ont déjà leurs propres listes de projets éligibles verts et sociaux. Cette session permettra d’unir toutes les listes à un registre des actifs éligibles qui va nous aider à établir le cadre de financement durable», a souligné Shoumi Mitra, partenaire bancaire.

    Le choix de cet outil de financement durable s’opère dans un contexte où la SND30 (Stratégie nationale de Développement à l’horizon 2030) nécessite 48 milliards FCFA pour l’atteinte de ces objectifs et des centaines de milliards pour implémenter la contribution nationale déterminée du Cameroun dans le cadre des accords de Paris sur le climat.

    Or, les ressources en termes de recettes fiscales ne suffisent pas. D’où l’accompagnement du Pnud. «Les investisseurs de plus en plus s’intéressent à investir dans des projets qui ont de l’impact positif pour la population et pour sauver la planète. À ce titre-là, le Pnud accompagne les pays à cet effet dans le renforcement des capacités, que ce soit dans la sélection des projets qui sont favorables, qui intéressent les investisseurs qui sont pour le développement durable. Que ce soit dans le cadre des reporting. Lorsque les investisseurs vont souscrire dans ce genre d’obligation durable, ils espèrent bien qu’à la fin, ce soit les projets qui soient éligibles à ce genre de projet qui soient mis en place», a expliqué Ginette Mondongou Camara, chargé de bureau Pnud-Cameroun.

    Diane Kenfack

  • Georges Alain Boyomo : comment taire la déchéance continue du Cameroun?

    Georges Alain Boyomo : comment taire la déchéance continue du Cameroun?

    Selon l’auteur, l’ouvrage «Commentaires. Diagnostics d’une société camerounaise en panne» est une invite à la discussion républicaine où s’affrontent les idées et où la force de l’argument prime sur l’argument de la force.

     

    Pour une écriture journalistique de meilleure qualité

    Georges Alain Boyomo, directeur de publication du quotidien «Mutations», est entré dans l’histoire du journalisme au Cameroun. Au même titre que son idole Henri Bandolo, journaliste émérite. À travers sa plume considérée comme une «une épée», il s’est engagé à panser les maux et travers qui minent le pays. Il a ainsi rassemblé ses commentaires aux allures caustiques et sarcastiques publié dans le tabloïd pour publier l’ouvrage qui fait l’objet de la dédicace de ce 24 novembre 2023. Il est publié aux éditions Eclosions dont Christelle Noah est l’éditrice. Le sous-thème est à ce titre édifiant. son libellé énonce: «Ce qu’écrire veut dire. De l’article au livre, enjeux et logiques». Une approche à laquelle Valentin Siméon Zinga, analyste des discours politiques donne quintessence et sens. Après analyse du sous-thème, il fait savoir qu’il s’agit de « la signification de la direction. Le sens de l’écrit ne se laisse pas embrigader de prime abord ou de manière univoque. Il ajoute que s’intéresser à l’écriture c’est en quelque sorte s’essayer à déterminer ce à quoi renvoient un tel acte, une telle activité de l’esprit. C’est aussi essayer de tenter de comprendre une série d’opérations à travers lesquelles l’on s’efforce de laisser les marques, pour autant que l’on convienne avec Alain Duhamel, que «la trace est orale et la marque est écrite», souligne-t-il. «C’est enfin rechercher les motivations de l’aventure scripturale, sonder en un mot la sélection, la hiérarchisation, la combinaison des mots qui sont des étranges machines à éclairer le réel et à fabriquer du sens», renchérit-il.

    Le livre
    À l’issue de la conférence, l’on retient que l’auteur souhaite par ses mots éclairer le réel et fabriquer du sens. L’ouvrage repose sur 300 pages. Il aborde les thèmes tels que les droits de l’homme, la mal gouvernance, le tribalisme, la corruption, la démocratie, la politique, l’éducation, la gabegie et autres. Selon Alain Cyrile Abena, universitaire qui a livré la note de lecture, l’ouvrage est un «nectar» au regard de l’écriture savamment faite. Quatre principales plumes émergent après lecture: la plume historique qui émerge de l’écriture de l’auteur est fécondée par la faculté que les commentaires ont de conquérir l’histoire au sens classique du terme. C’est cette plume qui fait passer l’auteur de l’historien du présent à l’historien tout court. Dans la première partie, il traite des failles de la gouvernance au Cameroun, dans la deuxième partie, il évoque ce que l’écrivain camerounais Engelberg Mveng rappelait autrefois à ses contemporains. Dans la troisième partie, il consacre ses chroniques au sport. Elles s’inspirent du passé, pour mieux saisir l’avenir. «Il s’agit ici d’une intuition basilectale de l’histoire», a-t-on entendu dire.

    La deuxième plume est celle de la pertinence. L’auteur reste pertinent dans ses analyses. Les analyses et commentaires sont pertinents. Les chroniques de l’auteur s’inscrivent dans l’atemporalité. Exemple en 2016, l’auteur fait une mise en garde au gouvernement camerounais. Il écrit: «Plutôt que de faire la politique de l’autruche, le pouvoir actuel doit regarder la question anglophone de front pour que le Cameroun ne traîne pas ce boulet advitam aeternam». Deuxième morceau choisi à la (page 108), il écrit: «Quatre ans après avoir sauté le verrou de la limitation des mandats, monsieur Biya qui a réussi une entrée euphorisante en 1982 doit se garder de manquer sa sortie».

    La troisième plume est celle de la franchise. Il aborde des sujets très délicats avec une passion éteinte, l’éthos est mesuré, mais surtout avec le logos lumineux. À la (page 208), le journaliste-écrivain insiste: «Mais il est encore temps pour Paul Biya, de redevenir un président normal, sa bunkérisation morbide est plus susceptible de le perdre que de l’inscrire dans le marbre de l’Histoire du Cameroun».

    Au final, on la plume du style. Il dit: «Les chefs d’État africains doivent songer à partir en beauté et non botté par la rue». Pour conclure, Alain Cyril Abena, pense qu’il n’est pas interdit de lire l’ouvrage de Georges Alain Boyomo. Les maux soulevés par l’auteur ne concernent pas que l’auteur, cela nous concerne tous. Victor Hugo, auteur français de renom, disait dans «Les Contemplations», «quand je parle de moi, je parle de vous». «Commentaires. Diagnostics d’une société camerounaise en panne» est donc une invite à une lutte pour une justice dans la logique Sartrienne.

    Olivier Mbessité

  • Démocratie en Afrique: une contre-expertise de plus en plus visible

    Démocratie en Afrique: une contre-expertise de plus en plus visible

    Joseph Boakai, 78 ans, va présider aux destinées du Libéria au cours des six prochaines années. Avec 50,64% des voix (contre 49,36%), l’ex vice-président d’Ellen Johnson a battu George Weah. Âgée de 57 ans, l’ancienne star du football a reconnu sa défaite à l’aide d’une élégante formule: «Notre heure reviendra».

    Remarquons d’emblée ce qui est remarquable. Premièrement: les faits se déroulent en Afrique de l’Ouest. Dans cette partie du continent, plusieurs présidentielles sont prévues en 2024. C’est ce que prévoit l’agenda politique au Sénégal, au Ghana, en Mauritanie et théoriquement au Mali et au Burkina Faso. Deuxièmement, le cadre interprétatif permet de présenter des résultats de la présidentielle libérienne autour d’un schéma qui, à défaut d’être original, a le mérite d’être clair: les élections présidentielles en Afrique peuvent bien se passer des intrigues de cour et des rébellions des malcontents. Et d’un point de vue très général, il ne s’agit donc pas de superstitions ou de charlataneries. C’est un constat qui bouscule certaines certitudes ainsi que les routines de quelques prévisions expertes. Et selon qu’elle est saisie au niveau de sa dynamique interne ou de ses effets, la démocratie en Afrique est en train de déployer une contre-expertise de plus en plus visible, structurée autour d’une série de modèles et scénarios flatteurs, capables de provoquer des déplacements inattendus dans le débat public.

    Que retenir de tout cela? D’une part, l’exemple qui vient du Libéria percute un écosystème de l’information qui sature notre capacité à nous rappeler que l’Afrique n’est pas seulement l’arène des contestations électorales. D’autre part, ce même exemple nous permet d’archiver en temps réel les preuves concrètes d’un afro-optimisme. En ce sens, les leçons à tirer du cas libérien se rattachent à l’idée selon laquelle, la crise sociopolitique qui, depuis peu, tourne en boucle dans certains pays d’Afrique de l’Ouest peut être surmontée. En ce sens également, ceux qui se croient légitimes à se poser en arbitre des élégances démocratiques et à délivrer des brevets de respectabilité en Afrique doivent repenser certains de leurs discours. Ils doivent comprendre que le monde a subi de telles transformations qu’il est désormais illusoire de se référer uniquement à des donneurs de leçons.
    Forgée au sentiment que l’Afrique peut faire valoir sa parole, dire les enjeux qui sont les siens, montrer la voie et parfois taper sur la table, cette position convoque un approfondissement civique et démocratique. Bien sûr, abolir la différence entre gouvernants et gouvernés n’est pas une affaire simple. Mais doit-on pour autant en conclure à la hâte qu’en présence d’un pouvoir politique qui s’autonomise, il faudrait du moins s’en accommoder, que seul un petit nombre, au nom de tous, de quelques-uns ou d’un seul, devrait exercer ce pouvoir? Non! Les Africains devraient donc mettre en place une sphère publique politiquement fonctionnelle, où les citoyens majeurs, autonomes et responsables, moyennant une délégation judicieuse de leur volonté et un contrôle efficient de son exécution, prennent en main eux-mêmes l’aménagement de leur vie sociale.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Un débat inutile sur l’Afrique en France

    Un débat inutile sur l’Afrique en France

    Le 21 novembre 2023, était prévu en France un débat parlementaire sur “la stratégie de la France en Afrique et au Sahel”.
    Je ne sais pas si ce débat a eu lieu et s’il a débouché sur des décisions courageuses comme reconnaître les nombreux torts causés aux Africains, fermer toutes les bases militaires françaises installées en Afrique, cesser de fabriquer le franc CFA, etc.
    Mais, entre nous, à quoi sert-il d’organiser 100 ou 1000 débats si on n’est nullement prêt à abandonner l’hypocrisie, la duplicité, le paternalisme, l’arrogance qui ont toujours caractérisé la France dans son rapport aux pays africains? Quelle est l’utilité de débattre si on refuse de reconnaître et de réparer les atrocités commises pendant 6 siècles sur le sol africain?
    À mon avis, seul un débat franc et honnête entre Africains et Français serait plus crédible et plus utile. Un débat où on permettrait aux Africains les plus lucides et les plus critiques de prendre la parole.
    En optant pour un débat entre Français, les autorités françaises apportent une mauvaise solution à un vrai problème.
    Ma proposition : Et si on marquait une pause dans la relation entre la France et ses ex-colonies? Et si chacun restait un peu chez lui? Peut-être verrait-on alors qui aide qui ou bien qui dépend de qui. En tous les cas, le Mali, le Burkina et le Niger ont commencé à faire ce que doit faire un garçon quand il n’est pas d’accord avec la manière dont il est regardé et traité par celui qui prétend être son ami. Et cela me remplit d’une grande joie.
    Jean-Claude Djéréké
  • Paludisme chez l’enfant de moins de 5 ans : 8 606 FCFA de dépenses moyennes pour des soins

    Paludisme chez l’enfant de moins de 5 ans : 8 606 FCFA de dépenses moyennes pour des soins

    Le coût du traitement peut par ailleurs varier selon que le patient réside en milieu urbain ou rural.

    Prise en charge de paludisme chez l’enfant
    de moins de 5 ans

    Les populations dépensent en moyenne 8606 FCFA pour des soins de paludisme chez des enfants de moins de 6 à 59 mois au Cameroun. Ce constat est révélé à l’issue de l’Enquête sur les indicateurs du paludisme mené par l’Institut national de la statistique (INS) courant 2022, et dont les résultats ont été publiés le 1er novembre 2023. L’on y apprend par ailleurs que les sommes à débourser ne sont plus importantes dans les villes que dans les villages. Ils sont de l’ordre de 10202 francs CFA pour les milieux urbains, avec 12622 francs CFA à Yaoundé et Douala. Ils sont estimés à 7052 francs CFA pour le milieu rural. «L’achat des médicaments représente la rubrique de dépense la plus importante avec, en moyenne 5837 francs CFA pour l’ensemble des enfants, suivie des frais de tests de diagnostic de la maladie pour laquelle la dépense moyenne de l’ensemble est de 1 487 francs CFA», révèle l’Institut.

    Le taux de prévalence du paludisme chez les enfants de moins de cinq ans est de 26%. Aux côtés des femmes enceintes, ils représentent les cibles principales des actions gouvernementales en matière de lutte contre la maladie à malaria. Dans ce chapitre, l’on note la gratuité de la prise en charge en leur faveur. Elle est prônée dans le pays depuis 2011 en ce qui concerne le paludisme simple et depuis 2014 pour ce qui est du paludisme grave. Pourtant, révèle l’Institut national de la statistique, bon nombre de malades sont encore obligés de recourir à des circuits de santé parallèles. «Au cours de l’enquête, on a demandé pour quelle raison on ne s’était pas rendu dans une formation sanitaire pour rechercher des conseils ou un traitement pour la fièvre de l’enfant. Les résultats montrent que l’absence de recherche de soins est due en majorité à deux raisons principales: le manque d’argent (47 %) et l’appréciation de l’état de santé de l’enfant qui n’a pas été considéré comme grave (44 %). La distance pour atteindre la formation sanitaire a été évoquée pour 4 % d’enfants pour lesquels aucun conseil ou traitement n’a été recherché auprès d’une formation sanitaire». Et pour illustrer avec des chiffres, le rapport souligne que: «Près de deux enfants sur trois (65 %) ayant de la fièvre ont reçu un traitement ou un médicament sans que l’on ait au préalable consulté un professionnel de santé. Pour 42 % des enfants à qui un médicament ou traitement a été donné sans avoir consulté un professionnel de santé, le médicament ou traitement avait été obtenu dans une pharmacie ou un établissement de santé; pour 25 % des enfants, le médicament ou traitement avait été obtenu dans une boutique ou sur un marché et pour 12 % des enfants, on a utilisé un médicament disponible à la maison; enfin, dans 10 % des cas, les enfants ont été traités avec un médicament obtenu auprès d’un vendeur itinérant de médicaments». Cette situation est davantage vécue dans les villages que dans les villes, avec des pourcentages respectifs de 50 et de 42 %.

    Louise Nsana

  • Banque mondiale / Cameroun : les enjeux de la visite d’Ousmane Diagana

    Banque mondiale / Cameroun : les enjeux de la visite d’Ousmane Diagana

    Le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre entame ce lundi une visite de travail centrée sur l’énergie et le nouveau modèle stratégique de développement de l’institution.

    Ousmane Diagana, vice-Président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre

    Le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Ousmane Diagana, est en terre camerounaise. Il entame ce 20 novembre 2023 une visite de travail, deuxième du genre au Cameroun, pour discuter des engagements de la Banque mondiale à contribuer à l’amélioration de l’accès à l’énergie au Cameroun et en RCA. En République Centrafricaine, il a procédé au courant de la semaine à l’inauguration du nouveau parc solaire de Danzi.

    La mission se poursuit se poursuit au Cameroun, où Ousmane Diagana rencontre des représentants de haut niveau du gouvernement et les partenaires du secteur de l’énergie. L’orientation des échanges sera guidée par la vision et la mission actualisées de la Banque mondiale, ainsi par que la feuille de route pour y parvenir. La dynamique d’innovations de l’institution a été dévoilée le 13 octobre dernier à l’occasion des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international à Marrakech. Elle engage l’institution de Bretton Wood à réinventer ses partenariats; à mobiliser davantage de ressources financières tout en maximisant leur impact dans le développement des pays; et à simplifier ses procédures.

    Le domaine de l’énergie bénéficiera des changements adoptés par la Banque mondiale. Les perspectives en la matière sont contenues dans l’allocution du président de la Banque mondiale, Ajay Banga, du 13 octobre 2023. «Nous étudions la possibilité de réduire les taux d’intérêt pour inciter les pays à sortir du charbon dans le cadre de transitions énergétiques. Et dans les pays qui ont recours à la fois à l’IDA et à la BIRD, nous cherchons des moyens d’encourager le passage à des énergies de source renouvelable en augmentant la part des financements concessionnels dans le bouquet», a-t-il annoncé à Marrakech.

    Projets énergétiques
    Le programme de travail d’Ousmane Diagana prévoit une visite du projet hydroélectrique de Natchigal, sur le fleuve Sanaga. Celui-ci est mené avec pour objectif d’améliorer l’accès des populations à l’énergie électrique tout en réduisant pour elles le coût de la prestation de service. Le barrage attendu augmentera les capacités installées du pays de 30 % et renforcera l’offre d’énergie verte. Il permettra également au pays de faire des économies de coût production de l’ordre de 100 millions de dollars, selon des données de la Banque mondiale. Le secteur productif national s’en tirera aussi à bon compte du fait de l’importance de cette ressource sur le fonctionnement des entreprises.

    Le portefeuille de projets de la Banque mondiale pour le Cameroun ne se limite cependant pas là. L’organisme a financé plusieurs opérations en relation avec la fourniture de l’énergie dans le pays. Notamment le Projet de développement du secteur de l’énergie (2008), le projet hydroélectrique de Lom Pangar (2012), le projet de réforme du transport électrique (2016), le projet d’assistance technique pour le développement de l’hydroélectricité dans le bassin du fleuve Sanaga (2017).

    Louise Nsana