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Archives des INTÉGRATION CONTINENTALE - Page 5 sur 9 - Journal Intégration

Journal Intégration

Catégorie : INTÉGRATION CONTINENTALE

  • Cheikh Hamidou Kane : «L’Aventure ambiguë»

    Cheikh Hamidou Kane : «L’Aventure ambiguë»

    Plusieurs d’entre nous avons étudié et vécu chez les Blancs. Nous admirons leur planification, anticipation, rigueur, organisation, ponctualité, la propreté de leurs villes, leur capacité à démissionner de leur poste quand ils ne sont plus d’accord avec le chef ou bien quand ils ont perdu une élection. Ces choses qui nous plaisent, pourquoi sommes-nous incapables de les appliquer chez nous? Et pourquoi sommes-nous enclins à combattre les rares Africains qui veulent changer les mauvaises habitudes?

    Cheikh Hamidou Kane

    «L’Aventure ambiguë» est l’histoire de Samba Diallo. Ce petit Peul commence par suivre l’enseignement de Thierno. Même si le maître d’école coranique est exigeant et sévère, Samba Diallo apprécie la vie au foyer ardent, la mémorisation et la psalmodie de la Parole coranique, la sobriété, le détachement, la foi et le rapport de Thierno à la mort. Lorsqu’il atteint l’âge de fréquenter l’école occidentale, les Diallobé doivent se prononcer sur l’opportunité ou non d’envoyer leurs enfants à l’école occidentale.

    Tous ne sont pas sur la même longueur d’onde. Certains, comme le chef des Diallobé, sont opposés à l’école étrangère parce que les enfants diallobé pourraient y oublier leurs cultures tandis que la Grande Royale (la sœur du chef des Diallobé) y est favorable quoiqu’elle la déteste. Elle n’aime pas l’école nouvelle parce que, de son point de vue, elle “tuera en eux [nos enfants] ce qu’aujourd’hui nous aimons et conservons avec soin, à juste titre. Peut-être notre souvenir lui-même mourra-t-il en eux.

    Quand ils nous reviendront de l’école, il en est qui ne nous reconnaîtront pas.” Malgré tout, la Grande Royale souhaite que Samba Diallo et les autres enfants diallobé soient envoyés à l’école occidentale car, pour elle, il est non seulement important que les générations nouvelles acquièrent “toutes les façons de lier le bois au bois que nous ne savons pas” mais il est nécessaire qu’elles apprennent “à construire des demeures, à soigner les corps à l’intérieur de ces demeures comme savaient le faire les étrangers”. Quelques lignes plus loin, elle ajoute que, si les Diallobé n’embrassent pas l’école nouvelle, “leurs demeures tomberont en ruine, leurs enfants mourront ou seront réduits en esclavage, la misère s’installera chez eux et leurs cœurs seront pleins de ressentiments”.

    Le chevalier (le père de Samba Diallo) ne se montrera pas sourd au discours de la Grande Royale. S’adressant au Français Paul Lacroix, il déclare: “J’ai mis mon fils à l’école parce que l’extérieur que vous avez arrêté nous envahissait lentement et nous détruisait. Apprenez-lui à arrêter l’extérieur… L’Occident érige la science contre ce chaos envahissant, il l’érige comme une barricade. “ Samba Diallo ira donc étudier la “science qui arrête l’extérieur” dans une ville du Sénégal, d’abord; à Paris, ensuite. Dans la capitale française, il découvre un autre monde, un univers marqué par l’esprit cartésien, l’individualisme, l’obsession du profit, la course au rendement mais aussi un monde qui valorise la propreté, l’organisation et la précision. Il y fait la connaissance de Lucienne (une communiste française) et de Pierre-Louis (un avocat antillais militant). Avec eux, il échange fréquemment sur ce que l’Occident peut apporter à l’Afrique et vice-versa.

    À la demande de son père, il retournera en Afrique, quelques années plus tard. Au pays, sa route croise, un jour, celle d’un homme devenu fou après un séjour en Europe. Le fou propose à Samba Diallo de prendre la succession de Thierno, décédé depuis un bon moment. Samba Diallo décline la proposition car comment pouvait-il enseigner le Coran, lui qui avait abandonné la pratique religieuse pendant ses études de philosophie en France? Il est alors poignardé par le fou.

    Tout est intéressant dans ce roman écrit en 1952 et publié en 1961 par les éditions 10 X 18. C’est le cas, par exemple, du dialogue courtois mais sans concession entre Paul Lacroix et le chevalier, comme en témoigne cet extrait :” Votre science vous a révélé un monde rond et parfait… Elle l’a reconquis sur le chaos. Mais je crois que, ainsi, elle vous a ouvert au désespoir’ (Chevalier)/ Non pas, elle nous a libérés de craintes puériles et absurdes (Lacroix)/ Absurdes? L’absurde, c’est le monde qui ne finit pas. Quand saurait-on la vérité?… Pour nous, nous croyons encore à l’avènement de la vérité/ La vérité qu’ils n’ont pas maintenant, qu’ils sont incapables de conquérir, ils l’espèrent pour la fin. Ainsi, pour la justice aussi.

    Tout ce qu’ils veulent et qu’ils n’ont pas, au lieu de chercher à le conquérir, ils l’attendent à la fin. Quant à nous, chaque jour, nous conquérons un peu plus de vérité, grâce à la science. Nous n’attendons pas/ Je ne conteste pas la qualité de la vérité que révèle la science. Mais c’est une vérité partielle… Votre science est le triomphe de l’évidence, une prolifération de la surface. Elle fait de vous les maîtres de l’extérieur mais en même temps elle vous y exile, de plus en plus.”

    Une autre chose que j’ai aimée dans ce roman, c’est l’idée selon laquelle Dieu n’est pas un parent. C’est ce titre que Cheikh Hamidou Kane voulait donner au départ à son récit, d’après le préfacier Vincent Monteil. Ici, l’auteur veut mettre en garde contre la tentation de défendre Dieu chaque fois qu’Il est attaqué, bafoué ou insulté. Pour Kane, Dieu n’appartient à personne et la liberté de l’aimer ou de le haïr est l’ultime don qu’il nous a fait et que nul ne peut enlever à l’homme. Ceux qui se permettent de persécuter, d’humilier ou de condamner au silence les gens qui contestant tel dogme ou telle doctrine sur Dieu devraient comprendre avec Hamidou Kane que Dieu est assez grand pour laver tout seul son honneur et plaider lui-même sa cause. Pour le dire autrement, Dieu n’a pas besoin que des humains le défendent.

    La meilleure façon de Le défendre et de prouver qu’on L’aime, à mon avis, n’est pas de pendre haut et court, d’exécuter ou de brûler ceux qui le caricaturent ou ne Le reconnaissent pas, mais de prendre fait et cause pour les pauvres, faibles, exclus et persécutés de notre monde car c’est à tous ces petits-là qu’il s’est identifié dans le jugement dernier raconté par Jésus (Mtt 25, 31-46).

    Cheikh Hamidou Kane s’est inspiré de sa vie d’enfant au Sénégal et d’étudiant en France pour écrire ce roman philosophique. La grande question, à laquelle il était confronté hier, continue de hanter et de tarauder de nombreux Africains. On pourrait la formuler de la manière suivante : Faut-il choisir entre l’Afrique et l’Occident? Pour l’écrivain sénégalais, seule une synthèse des deux modes de pensée peut nous sauver de la folie. En d’autres termes, Hamidou Kane estime que nous devons chercher à concilier les valeurs africaines et celles de l’Occident, parce que nous sommes “devenus les deux”. Mais l’auteur est aussi conscient que l’Africain qui voudra s’ouvrir à l’Occident et apprendre “l’art de vaincre sans avoir raison” oubliera forcément certaines choses qui sont chères à l’Afrique car on ne peut apprendre ceci sans oublier cela. Kane prolonge la réflexion en se demandant si ce qu’on apprend vaut ce qu’on oublie.

    Plusieurs d’entre nous avons étudié et vécu chez les Blancs. Nous admirons leur planification, anticipation, rigueur, organisation, ponctualité, la propreté de leurs villes, leur capacité à démissionner de leur poste quand ils ne sont plus d’accord avec le chef ou bien quand ils ont perdu une élection. Ces choses qui nous plaisent, pourquoi sommes-nous incapables de les appliquer chez nous? Et pourquoi sommes-nous enclins à combattre les rares Africains qui veulent changer les mauvaises habitudes?

    Au total, on pourrait affirmer que le roman de Cheikh Hamidou Kane conseille la tolérance aux fanatiques ou fous de Dieu, demande aux Africains de ne pas négliger le spirituel ou la relation à Dieu car “l’homme n’a jamais été aussi malheureux qu’en ce moment où il accumule tant, aussi méprisé que là où se fait cette accumulation”.

    Jean-Claude Djereke

  • Transition politique et processus de paix au Mali : l’envoyé de l’ONU constate des progrès

    Transition politique et processus de paix au Mali : l’envoyé de l’ONU constate des progrès

    Le principal envoyé des Nations unies pour le Mali, El-Ghassim Wane, a déclaré mardi que des progrès avaient été accomplis dans le processus de paix et la transition politique au Mali, mais qu’il restait préoccupé par la situation sécuritaire dans le pays. 

     

    Le principal envoyé des Nations unies pour le Mali, El-Ghassim Wane, a déclaré mardi que des progrès avaient été accomplis dans le processus de paix et la transition politique au Mali, mais qu’il restait préoccupé par la situation sécuritaire dans le pays.

    A la suite de l’accord conclu début juillet entre le Mali et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest concernant le calendrier de la transition, des progrès notables ont été réalisés dans la préparation des élections, a-t-il indiqué au Conseil de sécurité de l’ONU lors d’un briefing.

    Après l’adoption de nouvelles lois électorales en juin, des mesures ont été prises pour créer une autorité de gestion électorale unique, a-t-il déclaré.

    Le mécanisme chargé de surveiller l’avancement des réformes politiques et électorales, qui réunit la partie malienne et les partenaires multilatéraux concernés, est désormais opérationnel tant au niveau technique que politique. Son comité de direction politique s’est à ce jour réuni quatre fois, a annoncé l’envoyé de l’ONU.

    « Bien que ces progrès soient louables, la mise en œuvre réussie du processus électoral dépendra d’une multitude de facteurs, dont notamment la disponibilité des ressources financières et logistiques nécessaires et l’évolution de la situation sécuritaire », a déclaré M. Wane, qui est à la fois représentant spécial du secrétaire général de l’ONU et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

    « Le renforcement de l’inclusivité sera également important », a-t-il ajouté.

     

    NEW YORK, 18 octobre (Xinhua)

  • Processus politique au Mali : la Chine appelle à des progrès

    Processus politique au Mali : la Chine appelle à des progrès

    Dai Bing, chargé d’affaires à la Mission permanente de la Chine auprès des Nations unies, a appelé mardi à des efforts dans ce sens.  

     

    La transition politique, le processus de paix et la lutte contre le terrorisme ont empêché le Mali grâce aux efforts conjoints des autorités maliennes, des organisations régionales et de la communauté internationale, at-il fait remarquer au Conseil de sécurité. Il est maintenant important de parvenir à la dynamique actuelle et de donner durablement de l’élan vers l’objectif ultime de parvenir à une paix et un développement durables, a poursuivi M. Dai.

    Les autorités maliennes ont élaboré une feuille de route pour la transition, mis en place des institutions électorales, commencé des travaux constitutionnels et mené des consultations politiques, ce qui constitue des progrès visibles, a émis le diplomate chinois. La Chine espère que les partis au Mali s’appuieront sur ces progrès et feront avancer la réforme politique pour créer des conditions favorables à la transition, at-il indiqué. Concernant la lutte contre le terrorisme, M. Dai a appelé la communauté internationale à apporter un soutien plus concret au gouvernement dans cette lutte et acceptant le droit du Mali à mener de manière indépendante sa coopération en matière de sécurité extérieure.

    La Chine attache une grande importance aux préoccupations légitimes du Mali en termes de souveraineté nationale, de sécurité et de développement, et soutient le peuple malien dans son choix indépendant d’une voie de développement adaptée à la situation de son pays, a souligné M. Daï. Avec la communauté internationale, la Chine est prête à apporter ses contributions aux efforts du Mali pour maintenir l’unité nationale et promouvoir la paix et le développement, at-il conclu.

    NEW YORK, 19 octobre (Xinhua)

  • Eau, assainissement et hygiène: l’Afrique sub-saharienne n’est plus dans le rythme pour réaliser les ODD

    Eau, assainissement et hygiène: l’Afrique sub-saharienne n’est plus dans le rythme pour réaliser les ODD

    Le constat est celui de Fiachra McAsey, le directeur national adjoint de l’UNICEF au Ghana.

     

     

    L’Afrique sub-saharienne n’est plus dans le rythme pour réaliser les Objectifs de développement durable (ODD) en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH), a indiqué mardi à Accra un responsable du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

    Fiachra McAsey, directeur national adjoint de l’UNICEF au Ghana, a tenu ces propos lors d’une conférence de presse avant un symposium international de trois jours visant à discuter de la progression de l’Afrique vers la réalisation des ODD.

    Intitulé « All Systems Go Africa 2022 » (Tous les systèmes vont en Afrique 2022), ce symposium s’est ouvert mercredi à Accra, capitale du Ghana, avec pour objectif de discuter de la situation des infrastructures, des réglementations, de l’expertise et des systèmes financiers qui jouent un rôle déterminant dans la fourniture de services d’eau, d’assainissement et d’hygiène sur le continent.

    Selon M. McAsey, seuls 65% de la population de la région ont accès à l’eau de base, tandis que 33% ont accès à des installations d’assainissement de base, et qu’une personne sur cinq n’a pas accès à aucune installation d’assainissement et doit déféquer en plein air.

    Ce responsable a attribué la lenteur de la progression vers la réalisation des objectifs WASH en Afrique à des contraintes de finances publiques, qui ont limité le montant des investissements du secteur public dans les systèmes WASH.

     

    ACCRA, 19 octobre (Xinhua)

  • «Enfant, ne pleure pas» de Ngugi Wa Thiong’o

    «Enfant, ne pleure pas» de Ngugi Wa Thiong’o

    Car les magouilles des Sarkozy, Cahuzac, Copé, Fillon et autres Jean-Yves Le Drian sont là pour témoigner que ces gens-là ne sont pas meilleurs que nous et qu’ils sont mal placés pour donner des leçons à qui que ce soit. Des gens qui réfléchissent et se comportent comme Jacobo sont légion en Afrique. On les rencontre en politique, mais également en religion (dans les congrégations religieuses et à la tête de certains diocèses). Ils sont nuisibles parce que ce sont eux qui retardent la libération du continent, parce que c’est avec leur complicité que furent liquidés les Kragbé Gnagbé, Victor Biaka Boda, Thomas Sankara, Sylvanus Olympio, Ruben Um Nyobè, Patrice Lumumba et autres nationalistes africains.

     

    Né au Kenya en 1938, Ngugi Wa Thiong’o est incontestablement un écrivain engagé et ce n’est pas la seule chose qui le rapproche de l’auteur de la fameuse phrase: “Le tigre ne proclame pas sa tigritude; il bondit sur sa proie et la dévore.” Comme Wole Soyinka, Ngugi est aussi universitaire. Enfin, les deux auteurs ont en commun d’avoir fait la prison et d’avoir touché à presque tous les genres littéraires: le théâtre (“The River between”, 1965; “The Black Hermit”, 1968; “Devil on the cross”, 1982), la nouvelle (“Secret lives”), l’essai (“Homecoming”, 1972 et “Detained”, 1982) et le roman (“Et le blé jaillira”, 1967; “Pétales de sang”, 1977 et “Enfant, ne pleure pas”).

    “Enfant, ne pleure pas” – “Weep not, child” en anglais – est le premier roman de Ngugi. Pourquoi ce roman écrit en 1964 (il sera traduit en français en 1983 chez Hatier) a-t-il connu plus de succès que tous les autres ouvrages de l’auteur? Parce qu’il revisite une époque douloureuse de l’histoire de l’Afrique anglophone, parce qu’il fait revivre la résistance des Kenyans sous la colonisation britannique. Plusieurs personnages tiennent une place importante dans ce roman. D’abord, Ngotho et Boro. Ils sont père et fils. L’un participa à la Première Guerre mondiale, l’autre à la Seconde. Deux guerres qui ne concernaient nullement les Africains mais que l’Afrique accepta de livrer par solidarité avec l’Europe envahie et malmenée par Hitler et dans lesquelles nombre de ses fils perdirent la vie. Que gagnèrent les Africains en retour? Rien en termes d’amélioration de leurs conditions de vie.

    Le pire, c’est que, lorsque certains comme les tirailleurs africains du camp de Thiaroye (Sénégal) tentèrent de revendiquer une augmentation de leur solde, ils furent purement et simplement fusillés par l’armée française. L’Afrique anglophone ne fut pas mieux traitée car la majorité des Kenyans ne retrouveront pas leurs terres après la guerre de 1945. C’est le cas de Ngotho dépossédé de la terre de ses ancêtres (pour nourrir sa famille, il est désormais obligé de travailler chez le colon Howlands) et de Boro qui est sans emploi. Ngotho croit cependant à la prophétie d’un certain Mugo selon laquelle le Blanc partira un jour et la terre sera restituée à ses vrais propriétaires. Boro, lui, refuse de croire aux prophéties qui endorment et démobilisent. La seule chose à laquelle il croit, c’est la lutte. Voilà pourquoi il ne tarde pas à rejoindre la résistance du peuple kikuyu appelée également rébellion Mau-Mau.

    Grève pacifique
    Comment les leaders de ce mouvement mènent-ils la lutte? Comment comptent-ils obliger les colons britanniques à revoir leur politique? En organisant une grève pacifique. Ngotho assiste au meeting qui marque le premier jour de la grève. De nombreux Kenyans n’ont pas voulu rater ce meeting. Ce jour-là, Ngotho aperçoit son fils parmi les orateurs. Kiarie, le premier intervenant, rappelle à la foule que cette terre leur a été donnée par Dieu comme l’Inde a été donnée aux Indiens et l’Europe aux Européens; il explique ensuite comment la Bible et l’épée se sont unies pour voler cette terre. On rappellera ici la fameuse boutade de Jomo Kenyatta: “Quand les Blancs sont venus en Afrique, nous avions les terres et ils avaient la Bible. Ils nous ont appris à prier, les yeux fermés. Lorsque nous les avons ouverts, les Blancs avaient la terre et nous, la Bible.”

    Jomo Kenyatta
    C’est justement à Jomo Kenyatta qu’est consacrée une grande partie du discours de Kiarie. Pour l’orateur, Kenyatta est le nouveau Moïse envoyé par Dieu pour demander au pharaon blanc de libérer le peuple kenyan. “Et c’est pour dire cela aux Britanniques que nous nous sommes réunis ici. Rendez-nous notre terre! Maintenant!” Mais, à peine Kiarie acheva-t-il sa phrase que la police encercla la foule. Ngotho vit alors un inspecteur blanc monter sur l’estrade avec un riche kenyan prénommé Jacobo. Ce dernier demanda aux grévistes de retourner à leur travail et de ne pas écouter les “agitateurs” venus de Nairobi. Ngotho comprit, à ce moment-là, que Jacobo travaillait contre les intérêts du peuple noir, qu’il n’était qu’un traître et que c’est par lui que les Blancs voulaient passer pour casser la grève. Quelques instants plus tard, le meeting est effectivement interrompu et la foule, dispersée par la police à coups de gaz lacrymogènes. Quant aux meneurs, ils sont arrêtés et conduits vers une destination inconnue. Difficile de ne pas penser ici à Jomo Kenyatta arrêté et embastillé en 1952 par les Britanniques. Mais, loin de le décourager, son arrestation pousse le mouvement Mau-Mau à intensifier la lutte. Le conflit fera plus de 13.000 morts. Face à la détermination des Kenyans, les Britanniques sont obligés de libérer Kenyatta. Et c’est lui, Jomo Kenyatta, l’ancien prisonnier, qui proclamera l’indépendance du Kenya, le 12 décembre 1964.

    Enseignement
    Le premier enseignement que l’on peut tirer de ce roman, c’est que ceux qui luttent pour la liberté et la justice ne luttent jamais en vain, leur cause aboutit ou triomphe un jour, quelles que soient les épreuves auxquelles ils sont confrontés dans cette lutte. Le second, c’est que les combattants de la liberté et de la justice doivent s’attendre à trouver, sur leur route, des Jacobo, c’est-à-dire des gens prêts à travailler avec l’oppresseur contre leur propre peuple. Et ces traîtres ne manquent jamais d’arguments pour justifier leur sale besogne. En voici quelques-uns: “Le Blanc est trop puissant; c’est lui qui fait et défait les présidents en Afrique; il faut donc coopérer avec lui.” En réalité, nous avons affaire à des gens médiocres, à des hommes et femmes qui n’ont ni honneur ni dignité. Pourquoi? Parce qu’ils ne voient pas plus loin que leur ventre, parce qu’ils nourrissent un inutile complexe d’infériorité à l’égard du Blanc, parce qu’ils sacralisent et divinisent le Blanc. Ils ont tort de penser que le Blanc est supérieur au Noir. Car les magouilles des Sarkozy, Cahuzac, Copé, Fillon et autres Jean-Yves Le Drian sont là pour témoigner que ces gens-là ne sont pas meilleurs que nous et qu’ils sont mal placés pour donner des leçons à qui que ce soit.

    Des gens qui réfléchissent et se comportent comme Jacobo sont légion en Afrique. On les rencontre en politique, mais également en religion (dans les congrégations religieuses et à la tête de certains diocèses). Ils sont nuisibles parce que ce sont eux qui retardent la libération du continent, parce que c’est avec leur complicité que furent liquidés les Kragbé Gnagbé, Victor Biaka Boda, Thomas Sankara, Sylvanus Olympio, Ruben Um Nyobè, Patrice Lumumba et autres nationalistes africains. Les Jacobo étaient déjà en Chine et dans la France occupée par l’Allemagne nazie mais nous savons quel traitement Mao Zedong et le général de Gaulle leur réservèrent. C’est le même traitement qu’ils doivent subir en Afrique. Nous devons être sans pitié pour ces traîtres et larbins. En tous les cas, l’un des messages que porte le roman de Ngugi est le suivant: là où il y aura des hommes et des femmes en lutte pour une vie meilleure, il y aura toujours des Jacobo. Il incombe toutefois aux combattants de la liberté d’être vigilants et de neutraliser ces vendus aussitôt qu’ils les ont démasqués. Dans la politique africaine actuelle, qui joue le même rôle que Jacobo dans le Kenya d’hier? Umaro Sissoco Embaló, Mohamed Bazoum, Macky Sall et Dramane Ouattara, le chef des traîtres et marionnettes de la France.

    “La littérature n’est efficace que si elle est engagée, c’est-à-dire si elle entraîne 1’homme vers l’amélioration de la condition des hommes et vers l’humanité”, disait Jean-Paul Sartre. Ngugi Wa Thiong’o en aura donné magistralement la preuve dans “Enfant, ne pleure pas”.

    Ngugi, qui écrit désormais en kikuyu, plaide depuis 1981 pour une décolonisation par la langue. 5 ans plus tard, il publia “Decolonising the Mind” où il développe sa position sur la question.

    Jean-Claude Djereke

  • “Entre les eaux. Dieu, un prêtre, la révolution” de Valentin-Yves Mudimbe

    “Entre les eaux. Dieu, un prêtre, la révolution” de Valentin-Yves Mudimbe

    Au moment où l’Afrique dite francophone se bat pour sortir des griffes de la France arrogante et esclavagiste, la nouvelle génération de prêtres et religieux africains semble regarder ailleurs. Muette sur les questions qui ont trait au franc CFA, à la présence des bases militaires françaises sur le continent, à l’immixtion intempestive de la France dans nos affaires internes, cette génération donne l’impression que seuls comptent pour elle le carriérisme, le pouvoir et l’enrichissement personnel dans les diocèses et congrégations.

    Valentin-Yves Mudimbe

    “Et dans le camion qui me ramenait au camp, je songeai à la nécessité de nettoyer le Temple. Les marchands y sont de nouveau… Ils prêchent la charité et la générosité à des hommes qui sont parmi les plus pauvres et, la conscience tranquille, ils volent ces pauvres. Pas tous les prêtres bien sûr mais tous les autres en jouissent. L’Église dans mon pays constitue une espèce d’internationale des voleurs travaillant sous le signe de Dieu…. Ces 500 hectares de la paroisse de Kanga que cultivent chaque jour des catéchumènes ! En retour, ces appelés du Seigneur n’ont droit qu’à un maigre repas quotidien et à deux heures d’instruction religieuse. Ils achètent ainsi leur baptême, dans la sueur, le sang et l’exploitation. L’œuvre de communion, le message de charité sont devenus des alibis couvrant des entreprises commerciales. La Foi comme la vie religieuse ne sont plus, hélas, que des moyens au service des intérêts purement humains. Non, la mauvaise foi et l’inconscience ont été poussées à l’extrême limite.”

    Essence
    Ce passage résume assez bien le roman publié par Mudimbe en 1973 chez Présence Africaine. Comme le Camerounais Fabien Eboussi, le penseur congolais se montre peu tendre avec les missionnaires occidentaux dont le comportement n’a rien à voir avec l’Évangile qui enseigne que tous les hommes sont frères parce qu’ enfants de Dieu, quelle que soit leur couleur de peau, et que personne n’a le droit d’user de la ruse ou de la force pour prendre le bien d’autrui. Pour lui, ces missionnaires ne demandent pas aux Africains de se convertir au message chrétien en tant que tel mais à la façon de voir et de faire de leur continent, à leur mode de vie qu’ils présentent abusivement comme quelque chose d’universel.

    C’est d’abord cette imposture et cet impérialisme religieux déguisé en évangélisation qui sont au cœur du roman “Entre les eaux”. Le héros, Pierre Landu, qui se définit lui-même comme quelqu’un qui n’est “n’est rien de plus, ni un Africain ni un Occidental, [ni] un serviteur de Dieu, de la foi et de ses frères noirs, mais d’un christianisme culturel faisant corps avec l’Occident capitaliste qui dominait son pays”, ne peut pas s’accommoder longtemps de cette mauvaise foi et de cette escroquerie intellectuelle. De plus, il ne comprend pas pourquoi le catholicisme serait meilleur et plus vrai que la religion de ses ancêtres.

    Il décide alors de quitter la prêtrise, ne veut plus appartenir à cette Église qui, tout en collaborant avec l’administration coloniale, fait croire comme Mgr Marcel Lefebvre, spiritain, ancien archevêque de Dakar et délégué apostolique pour l’Afrique française, que l’indépendance ne peut être que l’œuvre du diable. Convaincu que seule la lutte peut libérer son pays de la colonisation et soucieux de “participer à la création des conditions nouvelles pour que le Seigneur Jésus ne soit plus défiguré”, Landu s’engage dans un mouvement marxiste et prend le maquis. Comme Camilo Torres Restrepo, ce prêtre révolutionnaire colombien et militant de gauche qui, ne voyant pas les résultats politiques de son action en faveur des pauvres, rejoignit la guérilla de l’Ejército de Liberación Nacional et y perdit la vie en 1966 lors d’affrontements avec l’armée.

    Mais les choses ne se passent pas avec les révolutionnaires du Congo comme Landu aurait voulu. En effet, bien que chargé de former les militants et de “combattre l’influence réactionnaire et moyenâgeuse du clergé, des missions chrétiennes et autres éléments”, il est soupçonné par ses camarades guérilleros d’avoir gardé des liens avec la foi et l’Église considérées par eux comme des “injustices institutionnalisées”. Landu découvre surtout qu’il y a des contradictions entre l’idéologie marxiste et sa mise en pratique sur le plan socio-économique. À cause d’une lettre adressée clandestinement à l’évêque de Makiadi et dans laquelle il justifie son choix tout en réaffirmant sa fidélité à Jésus-Christ, il est condamné à mort. C’est une attaque du camp par l’armée gouvernementale qui le sauvera de justesse. Après cette attaque, Landu rompt avec la rébellion marxiste où il ne s’habitua jamais au rituel de la mort disciplinaire.

    Pour ne pas affronter seul la nouvelle vie qui l’attend, il épouse une jeune femme rejetée par la société traditionnelle mais son mariage ne lui apporte pas plus de bonheur que son engagement dans le mouvement marxiste. Il se retire alors dans un couvent cistercien où il portera un nouveau nom (Mathieu-Marie de l’Incarnation) mais débarrassé désormais de l’illusion qu’un messie arrivera pour sauver les Noirs.

    Parcours
    Valentin-Yves Mudimbe est né le 8 décembre 1941 à Likasi (autrefois Jadotville), dans la province du Katanga. Il vit aujourd’hui aux États-Unis après avoir enseigné dans plusieurs universités du Zaïre et après avoir passé deux ans (1960-1962) chez les moines bénédictins. Auteur, entre autres, de “L’écart”, de “Le bel immonde” et de “Shaba deux : les carnets de Mère Marie-Gertrude”(roman qui parle de la seconde guerre du Shaba et qui dénonce les brutalités de l’armée zaïroise), il a indiscutablement fait œuvre utile en écrivant “Entre les eaux” qui, mieux que d’autres essais, aborde la question qui travaille plusieurs chrétiens africains : Comment être un chrétien authentique sans renier l’Afrique ? L’intime conviction de Mudimbe est qu’il n’est pas facile de naviguer, avec bonheur et sans heurt, entre ces deux eaux.

    Une chose est sûre : que ce soit dans “Entre les eaux” ou ailleurs, Mudimbe n’a jamais souhaité que le christianisme en Afrique produise et reproduise “des êtres truqués dans un monde truqué”, c’est-à-dire des hommes et des femmes qui répètent machinalement des gestes et des mots qu’on leur a enseignés pour faire marcher une mécanique religieuse mais qui sont incapables de s’indigner et de frapper du poing sur la table quand leur continent est méprisé, agressé et exploité par des pays occidentaux sans morale ni loi au nez et à la barbe des nonces apostoliques (les ambassadeurs du Vatican).

    Lorsque la France bombarda et détruisit la résidence du chef de l’État ivoirien en avril 2011, tuant des centaines de jeunes entourant cette résidence à la suite d’un contentieux électoral dont la France n’avait pas à se mêler, seul le cardinal camerounais Christian Tumi éleva une vive protestation sur Radio France internationale. Pour l’ancien archevêque de Douala, les Ivoiriens pouvaient régler leur différend tout seuls et la France devrait cesser de s’immiscer dans les affaires de ses ex-colonies. La plupart des cardinaux, évêques, religieux et prêtres africains ne condamnèrent pas cette grave injustice, probablement parce qu’ils ne voulaient pas provoquer la colère de la France et du Vatican, deux États qui étaient bien représentés à l’investituture de l’imposteur-tueur. Or l’Évangile, que ces “hommes de Dieu” sont censés lire et annoncer, leur demandait tout simplement de prendre parti, non pour Laurent Gbagbo, mais pour la vérité et la justice.

    Hier, pour défendre la vérité et la justice, les Fabien Eboussi, Pierre Meinrad Hebga, Engelbert Mveng, Jean-Marc Ela (Cameroun), Joseph Malula (Zaïre), Bernard Yago (Côte d’Ivoire), Raymond-Marie Tchidimbo (Guinée), Robert Sastre, Isidore de Souza, Alphonse Quenum (Bénin) n’hésitaient pas à prendre la parole ou la plume. Jamais ils ne se montrèrent indifférents aux souffrances et problèmes du continent. Au moment où l’Afrique dite francophone se bat pour sortir des griffes de la France arrogante et esclavagiste, la nouvelle génération de prêtres et religieux africains semble regarder ailleurs. Muette sur les questions qui ont trait au franc CFA, à la présence des bases militaires françaises sur le continent, à l’immixtion intempestive de la France dans nos affaires internes, cette génération donne l’impression que seuls comptent pour elle le carriérisme, le pouvoir et l’enrichissement personnel dans les diocèses et congrégations.

    Jean-Claude Djereke

  • Avènement d’un nouveau monde : les lamentations des nègres de maison

    Avènement d’un nouveau monde : les lamentations des nègres de maison

    Sur une chaîne de télé proche de Dramane Ouattara, j’ai entendu des Ivoiriens, les mêmes pseudo-spécialistes des affaires ivoiriennes et internationales, railler et attaquer le grand discours d’Abdoulaye Maïga. Ils reprochent au Premier ministre par intérim du Mali d’avoir tenu des propos injurieux. Pour eux, un homme d’État ne parle pas comme ça.

     

     

    Ces gardiens des bonnes manières, où étaient-ils quand Jean-Yves Le Drian, Emmanuel Macron et Florence Parly parlaient mal des dirigeants maliens? Protestèrent-ils quand Ouattara, dans une conversation téléphonique avec Boubou Cissé, ancien Premier ministre malien, traitait d’idiots, de naïfs et d’ignorants Assimi Goïta et ses compagnons?

    Le Mali nous demande de nous tenir debout, de cesser de trembler devant le Blanc, de ne baisser ni la tête ni les yeux quand nous sommes en face de lui. Les Africains, qui déplorent le fait que le colonel Maïga se soit exprimé crûment, sont en réalité des complexes et des peureux qui ont toujours courbé l’échine devant l’ancien colonisateur. Ils font valoir que la France est puissante et qu’elle ne manque pas de laver l’affront. Ils devaient pourtant savoir que le pays de Macron a été humilié, occupé et vaincu par l’Allemagne hitlérienne et que, parmi les peuples qui volèrent à son secours, il y avait des Africains et des Soviétiques.

    Quand comprendront-ils que le vent est train de tourner et que le moment est venu de sortir de la peur ? Ne voient-ils pas les signes qui annoncent l’avènement d’un monde nouveau ?

    JCD

  • Tensions Mali-Côte d’Ivoire : la Cedéao en sapeur-pompier

    Tensions Mali-Côte d’Ivoire : la Cedéao en sapeur-pompier

    Les Maliens ont eu une oreille attentive sur le sommet extraordinaire organisé par l’institution communautaire de l’Afrique de l’ouest le 22 septembre 2022 à New York. En marge de l’Assemblée générale de l’Onu.

     

    Le climat est nuageux entre le Mali et la Côte d’Ivoire. La pomme de discorde est la question des 46 soldats ivoiriens détenus depuis le 10 juillet dernier au Mali. Le gouvernement ivoirien a entrepris des démarches et des négociations pour la libération de ses nationaux. Les tentatives se sont soldées par des échecs. Puisque le gouvernement malien qualifie ces soldats de «mercenaires». Pour décrisper l’atmosphère très délétère entre les deux pays frères, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) s’est saisie du dossier. Sous la houlette du président de la Guinée-Bissau et président en exercice de la Cédéao, Umaro Sissoco Embalo. Il a profité de la 77ème Assemblée générale de l’Onu pour discuter avec ses pairs sur les tensions ivoiro-maliennes. Une initiative louable et appréciée par les ressortissants maliens vivants à Yaoundé. D’ailleurs Touré, responsable des Maliens fait savoir que «nous les Maliens et les Ivoiriens vivent en parfaite harmonie ici au Cameroun. Nous menons toutes les activités ensemble. Les Maliens, Ivoiriens et Burkinabés se sont chargés comme un peuple de la Cédéao», explique-t-il.

    L’incident survenu entre l’Etat ivoirien et malien au sujet des soldats ivoiriens est pris comme «une brouille diplomatique». Une brouille dont l’issue favorable repose sur les pourparlers. « Les paires de la Cédéao vont plancher sur ce problème aujourd’hui. Puisqu’il y a deux sujets sur la table. La junte de la Guinée et du Mali. Je croise que les paires de la Communauté vont trouver des solutions à travers des négociations et des tractations pour sortir de l’impasse», espère Traoré du Mali. Et de poursuivre : « Même s’il y aura des désaccords sur certains points, tôt ou tard, les autorités de la Cédéao et les deux protagonistes vont trouver une voie de sortie de cette crise qui dure déjà depuis quelques mois. C’est notre souhait.

    Transparence et sincérité

    Selon les Maliens, les assises qui se tiennent à New York doivent se tenir dans la transparence et la sincérité. La Cédéao doit faire preuve d’impartialité et d’objectivité dans la gestion de cette crise. « Elle doit tout faire pour éviter toute escalade entre les deux États », souligne un Ouest-Africain. Et d’ajouter : « elle devra penser par elle-même et non par procuration pour contenter les intérêts de certaines puissances étrangères. Elle devra prendre des décisions qui arrangeront les deux partis pour la libération des soldats. Et éviter de se présenter comme une institution communautaire aux ordres, dont le rôle est d’infliger des sanctions ».

    Le responsable de la communauté malienne à Yaoundé souligne en outre que « les États africains doivent se battre pour raffermir leurs liens historiques, culturels, géographiques pour être plus forts face aux adversaires communs qui sont les terroristes et certaines puissances étrangères dont le mais est de diviser pour mieux régner ».

    Olivier Mbéssité

  • Célébration de l’indépendance du Mali : La communauté malienne voix et regards au ciel

    Célébration de l’indépendance du Mali : La communauté malienne voix et regards au ciel

    Elle partage et soutient la vision du Conseil national de transition (Cnt) qui défend la souveraineté politique et économique de ce pays.

     

     

    Le Mali a célébré les 62 ans de son indépendance le 22 septembre 2022. Une date historique en dépit de quelques spasmes et soubresauts socio-politiques qui secouent le pays. Toutefois cela n’ébranle pas le Conseil national de transition (Cnt) dirigé par le Colonel Assimi Goïta. Dans son allocution adressée à la nation à l’occasion de la commémoration des noces de diamant, il déclare: «notre pays est soucieux de ses relations avec  tous les autres pays et de participer activement à la vie internationale.

    Cependant il est important que les parties comprennent que les relations avec notre Etat doivent être désormais fondées sur les trois principes suivants: le  respect de la souveraineté du Mali,  le respect des choix stratégiques opérés par le Mali, la défense des intérêts du peuple malien dans la prise des décisions». «La question de la souveraineté qui nous est cher à tous ne doit pas être un vain mot, c’est-à-dire un simple slogan  destiné à mobiliser la population. Ainsi, fort des enseignements tirés de toutes les difficultés dont certaines nous ont été imposées à dessein, nous avons décidé de réduire la dépendance de notre pays vis-à-vis des facteurs exogènes et d’assurer notre autonomie.

    Aussi, le gouvernement envisage la relance des secteurs productifs, stratégiques pour la sécurité et l’indépendance économique du pays, il s’agit de la relance de la compagnie malienne de textile des chemins de fer (…)», a-t-il renchéri. Après écoute de ce discours, la communauté malienne basée à Yaoundé n’est pas restée insensible. «Elle félicite le gouvernement en place qui est resté fidèle à son agenda. Celui de la sécurité et de la souveraineté du Mali», se réjouit Touré, responsable de la communauté malienne. Pour lui, «les autorités en place ne peuvent pas implémenter toutes les  réalisations énumérées s’il n’y a pas de sécurité  et surtout la souveraineté. L’ingérence de certaines puissances dans les affaires intérieures du pays et les actes de terrorisme des djihadistes plombent non seulement la stabilité du pays mais aussi son développement. Ce qui n’est pas sans conséquence sur les conditions de vie du peuple malien», a-t-il ajouté.

    Les yeux rivés vers le ciel

    Les soixante-deux ans d’indépendance du Mali se célèbrent dans la joie certes. Mais aucune manifestation n’est prévue pour la circonstance. «La communauté malienne basée à Yaoundé n’a rien prévu. Notre indépendance se célèbre dans la tranquillité, mais beaucoup plus dans les prières», confie notre interlocuteur. «Vous savez que le peuple malien au Cameroun  est à 95%  musulman.

    Nous avons fait appel aux religieux. Ensemble, nous avons levé nos voix et regards vers le ciel à travers la lecture du coran pour que la paix et la réconciliation revienne au Mali définitivement, voilà nos intentions. Et nous avons également prié pour que les autorités en place poursuivent leur mission dans la sagesse et dans l’humilité». Les prières du peuple malien trouvent tout leur fondement dans le fait que depuis son indépendance en 1960, «le Mali a connu plusieurs coups d’état miliaire. Une situation entretenue par les puissances exogènes, notamment la France. Ce qui suscite des interrogations sur le point de savoir si on peut véritablement parler de l’indépendance du pays?», s’interroge Touré

    Olivier Mbessité

  • Alioune Diop, grand défenseur de la culture africaine

    Alioune Diop, grand défenseur de la culture africaine

    Pour déconstruire cess mensonge et réhabiliter le continent noir, Diop a eu la bonne idée et l’audace de créer un espace pour que ceux qui pensaient comme lui capables s’exprimer et raconter la vraie histoire des Noirs. S’il a fait un grand bien à l’Afrique, c’est avant tout celui-là. J’ai même envie de dire que c’est avec lui et par lui que tout a commencé. Comme le dit joliment Mongo Beti, il « restera celui qui a permis aux Noirs de s’exprimer ». Sans cet outil qu’il a forgé, nous serions demeurés ce que nous avons toujours été : des muets.

     

    Alioune Diop, grand défenseur de la culture africaine

    Alioune Diop n’était pas aussi célèbre qu’eux mais n’en fit pas moins qu’eux pour l’émancipation de l’homme noir car c’est grâce à lui que plusieurs générations d’Africains purent lire et aimer Hampaté Bâ ( Mali), Aimé Césaire (Martinique), Kwame Nkrumah (Ghana), Bernard Dadié (Côte d’Ivoire), Léon Gontran-Damas (Guyane), Alexis Kagame (Rwanda), Wole Soyinka (Nigeria), Sembène Ousmane (Sénégal), Eza Boto (Cameroun) et d’autres auteurs publiés par Présence Africaine, la maison d’édition qu’il créa en 1949. Diop était d’abord cela : un accoucheur d’idées, celui qui révèle les talents cachés. C’est à juste titre que son compatriote Léopold Sédar Senghor le compare à Socrate, le père de la maïeutique et que Césaire le présente comme « un des guides de notre époque ».

    Enfance
    Enfant, il fréquente l’école coranique mais, en 1944, il embrasse la foi catholique en recevant le baptême des mains d’un prêtre dominicain, Jean-Augustin Maydieu, et en prenant le nom de Jean. Guy Tirolien, poète antillais, explique que « c’est, avant tout, par soif d’une spiritualité neuve et par besoin d’élargir, non sans déchirement, sa quête passionnée de l’homme » (cf. « Hommage à Alioune Diop ‘, Paris, Présence Africaine, 1978).

    Ses études primaires et secondaires, il les fait à Dagana, puis à Saint-Louis où il décroche le baccalauréat classique (Latin-Grec) en 1931. Deux ans plus tard, il débarque à l’Université d’Alger pour étudier les Lettres classiques . Il y aura pour le condisciple Albert Camus. C’est en 1937 qu’il arrive à Paris pour poursuivre sa formation. En 1939, du fait de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé comme soldat. Démobilisé en 1940, il est tour à tour enseignant et professeur au Prytanée militaire de La Flèche, professeur au lycée Louis-le-Grand, chargé de cours à l’École nationale de la France d’outre-mer.

    Entre décembre 1946 et novembre 1948, il siège au Sénat de la IVe République sous les couleurs de la SFIO (Section Française de l’Internationale Socialiste). C’est Mamadou Dia du BDS (Bloc Démocratique Sénégalais) qui lui succèdera. Ayant vite compris que ce n’est pas en politique qu’il sera plus utile, Alioune Diop fonde en 1947 la revue littéraire « Présence Africaine ». Michel Leiris, Jean-Paul Sartre, Albert Camus, André Gide, Théodore Monod, Richard Wright, le Père Maydieu, Merleau-Ponty et Aimé Césaire font partie du comité de patronage de la revue.

    Le numéro attribué aux Antilles et à la Guyane est saisi en 1962 par le parquet de la Seine pour « atteinte à la sûreté de l’État ». Senghor écrit régulièrement dans la revue entre 1947 et 1960. En 1949, Alioune Diop lance les éditions Présence Africaine. En 1956, il organise à la Sorbonne le premier congrès des écrivains et artistes noirs. Des intellectuels, écrivains et artistes du monde entier militants pour la décolonisation participent à ce congrès. La même année, il crée la Société africaine de culture (SAC).

    Alioune Diop sera le secrétaire général et l’Haïtien Jean Price-Mars, le premier président. On doit à la SAC le deuxième congrès des écrivains et artistes noirs (Rome, 26 mars-1er avril 1959), le premier Festival mondial des arts nègres (Dakar, 1966), le Festival d’Alger (1969) et celui de Lagos ( 1977). Il contribue à la préparation du Concile Vatican II (1962-1965) en organisant le colloque de Rome (26-27 mai 1962). Il s’agissait pour les prêtres et laïcs africains de réfléchir sur la personnalité africaine et le catholicisme.

    En 1969 (31 juillet-2 août), pour la première fois, un papier catholique foule le sol africain. Lors de son voyage à Kampala (Ouganda), Paul VI déclare que les Africains peuvent et doivent avoir un christianisme africain. En réponse, la SAC confie à Alioune Diop et au Camerounais Georges Ngango la mission d’obtenir du papier l’autorisation d’organiser les états généraux du christianisme africain. La SAC réunia à Abidjan (12-17 septembre 1977) plusieurs penseurs africains autour du thème « Civilisation noire et Église catholique ». En 1968, Alioune Diop réussit à régler le différend opposant Senghor au Centre Louis-Joseph Lebret fondé et dirigé par les prêtres dominicains de Dakar.

    Le 26 juin 1968, en effet, le président sénégalais avait envoyé une lettre au nonce apostolique de Dakar. Cette lettre regrettait le fait que “les pères dominicains, qui ont la direction morale des étudiants catholiques, se laissent diriger par eux dans des entreprises de subversion, téléguidées de Pékin”. Senghor souhaitait donc que les frères prêcheurs quittent le Sénégal avant le 31 juillet 1968 pour ne pas avoir à les expulser. C’est la médiation de Diop, début 1969, qui permit aux Dominicains de continuer leur apostolat dans la capitale sénégalaise.

    Vie familiale
    Père de quatre enfants et marié en 1945 à la Camerounaise Christiane Yandé Diop, Alioune Diop s’éteint, le 2 mai 1980 à Paris. 15 ans après, un prix d’édition africaine est créé par l’Organisation internationale de la francophonie. Le prix est décerné tous les deux ans à la Foire internationale du livre et du matériel didactique de Dakar (FILDAK). Sa famille et ses amis célèbrent le centenaire de sa naissance en 2010. Une plaque est apposée sur la maison familiale à Saint-Louis le 10 janvier de la même année. Le 12 janvier, une conférence est organisée par l’Université Gaston Berger de Saint-Louis sur sa vie et son œuvre. Djibril Tamsir Niane, historien guinéen et auteur de ‘Soundjata ou l’épopée mandingue’, est présent à cette conférence. Un colloque, qui devait examiner l’œuvre d’Alioune Diop face aux défis contemporains, rassembla en mai 2010 de nombreuses personnalités parmi lesquelles le président sénégalais Abdoulaye Wade, Wole Soyinka, Cheikh Hamidou Kane, l’ancien directeur général de l’Unesco Amadou-Mahtar M’Bow, la veuve et les filles d’Alioune Diop.

    Le 17 août 2011, l’Université de Bambey est devenue Université Alioune Diop de Bambey. Cette reconnaissance est d’autant plus méritée que Diop a beaucoup fait pour la culture africaine et le respect de l’homme noir dans le monde. Ce panafricaniste dans l’âme était capable de mettre ensemble intellectuels européens, américains et africains, croyait à la force du dialogue. Si son influence était discrète, elle n’en était pas moins réelle sur les intellectuels africains nés dans les années 1930.

    C’est le cas de Jean-Marc Ela qui confesse que c’est en lisant Alioune Diop qu’il comprit que le fait d’opposer la tradition à la modernité est peu pertinent dans la mesure où il y a du rationnel et de l’irrationnel en tout être humain, dans toute société, qu’elle soit moderne ou traditionnelle. Ela ajoute que c’est de cette vision qu’il s’est inspiré pour écrire ‘L’Afrique à l’ère du savoir : science, société et pouvoir’ (Paris, L’Harmattan, 2006), ouvrage où il appelle les nouvelles générations de chercheurs africains à relever le défi de “réinventer la science pour participer à la construction des sociétés où l’être humain peut s’épanouir dans toutes les dimensions de son existence”.

    Présence africaine
    Grâce à l’ouverture d’esprit d’Alioune Diop, une qualité que lui reconnaissent ceux qui l’ont côtoyé, le premier numéro de la revue Présence africaine bénéficia de la contribution de Jean-Paul Sartre, Albert Camus, Georges Balandier, Théodore Monod…

    Au total, le fondateur de “Présence Africaine” (revue et maison d’édition) fut un grand défenseur de la culture africaine à une époque où, en Occident, des esprits racistes et intellectuellement limités soutenaient sans preuves que les Noirs n’avaient rien inventé, qu’ils n’avaient ni histoire, ni culture, ni philosophie. Pour déconstruire ces mensonges et réhabiliter le continent noir, Diop a eu la bonne idée et l’audace de créer un espace pour que ceux qui pensaient comme lui puissent s’exprimer et raconter la vraie histoire des Noirs.

    S’il a fait un grand bien à l’Afrique, c’est avant tout celui-là. J’ai même envie de dire que c’est avec lui et par lui que tout a commencé. Comme le dit joliment Mongo Beti, il « restera celui qui a permis aux Noirs de s’exprimer ». Sans cet outil qu’il a forgé, nous serions demeurés ce que nous avons toujours été : des muets ».

    Jean-Claude Djereke

  • Secrétariat exécutif de la CEA : Antonio Pedro pour succéder à la Camerounaise Vera Songwe

    Secrétariat exécutif de la CEA : Antonio Pedro pour succéder à la Camerounaise Vera Songwe

    L’information relative à  la démission de l’économiste camerounaise est rendue officielle par le bureau de l’Uneca ce 01er septembre.

    «La Secrétaire générale adjointe des Nations Unies et Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Vera Songwe, a démissionné, à compter du 1er septembre 2022, après cinq années de service dévoué à la CEA et ses États membres», indique un communiqué disponible sur le site de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies.

    L’information ainsi confirmée a abondamment été relayée par les médias depuis le mois d’août après que Vera Songwe a fait part de son départ au cours d’une réunion de travail. Les perspectives professionnelles de cette économiste de renom restent inconnues à ce jour. Elle sera provisoirement remplacée à ses fonctions par Antonio Pedro, jusqu’ici secrétaire exécutif adjoint de la CEA chargé de l’appui au programme.

    Nommée à ces fonctions le 13 avril 2017 en remplacement du Guinéen Carlos Lopez, Vera Songwe a à son actif la mise en place de la Zone de libre-échange continentale (Zlecaf). Elle a par ailleurs entrepris de nombreuses réformes au sein de l’Uneca qui ont conduit à l’amélioration du budget et des finances au sein de l’instance. Elle aura également plaidé pour des ressources adéquates pour la relance de l’Afrique face à la pandémie de Covid-19; favorisé les partenariats public-privé; et la promotion de la fabrication locale pour réduire la volatilité de la croissance en Afrique, entre autres. A cela s’ajoute la création du Centre numérique d’excellence, du Forum régional africain pour le développement durable et du Fonds d’appui au leadership de la femme africaine.
    «Au moment de partir, je suis tout à fait conscient que nous sommes encore loin de la croissance de 10 % nécessaire pour atteindre une Afrique prospère, une Afrique qui offre des emplois, des soins de santé et une bonne éducation pour tous. Les crises récentes et en cours sont aggravée par la volatilité de l’espace politique africain, la montée des tensions géopolitiques mondiales et une menace persistante de l’instabilité macroéconomique. Nous avons encore beaucoup de travail à faire», déclarait Vera Songwe dans le cadre des 18 éditions de la série «Questions-réponses avec la secrétaire exécutive» de l’Uneca.

    Louise Nsana

     

     

     

     

     

     

  • Série sur les héros africains : Mgr Albert Ndongmo, prophète ou traître ?

    Série sur les héros africains : Mgr Albert Ndongmo, prophète ou traître ?

    Mgr Albert Ndongmo a été accusé, entre autres choses, d’avoir voulu renverser Ahmadou Ahidjo, le premier président du Cameroun, ou d’avoir encouragé les femmes bamiléké à avoir beaucoup d’enfants afin que les Bamilékés puissent devenir les plus nombreux et porter un des leurs au pouvoir. Vraies ou fausses accusations? Comment Ndongmo fut-il nommé à la tête du diocèse de Nkongsamba? Que voulait-il pour ce diocèse? Quelle était sa vision?

    Selon les informations que nous avons obtenues de sources différentes, Ndongmo ne faisait pas partie des prêtres camerounais susceptibles de succéder à Mgr Paul Bouque. Les prêtres du Sacré-Cœur de Saint-Quentin, qui ont “évangélisé” le diocèse de Nkongsamba, ne le portaient guère dans leur cœur, parce qu’il était un homme brillant, libre et direct. Comme tout Blanc, les missionnaires français préféraient un successeur qui ferait leur volonté et dépendrait de leur générosité. Le Vatican ne les suivit pas puisqu’il choisit Albert Ndongmo qu’il avait découvert à une rencontre de la Jeunesse ouvrière catholique (JOC) au Nigeria.

    L’exposé de l’abbé Ndongmo sur la JOC au Cameroun avait séduit la délégation vaticane présente à cette rencontre. “C’était un intellectuel au sens le plus plein du terme, le symbole du courage de dire”, confirme André Norbert Ntonfo. Le 15 mars 1960, l’abbé Ndongmo lance le journal ‘L’Essor des jeunes’ pour permettre à la jeunesse catholique de Nkongsamba de débattre librement des problèmes du pays. Devenu évêque de Nkongsamba, le 16 juin 1964, il continue de soutenir le journal où sont publiés quelquefois des extraits de ses lettres pastorales. Le pouvoir ne tarde pas à exprimer des craintes pour ce journal qu’il juge subversif. Quant à Mgr Jean Zoa, il souhaite que le quotidien déménage de Nkongsamba à Yaoundé et devienne national.

    Ndongmo répond négativement à la requête de l’archevêque de Yaoundé. Est-ce à cause de cette réponse négative que Mgr Zoa refusa de soutenir Ndongmo quand ce dernier fut accusé de participation à une tentative de coup d’État contre Ahidjo? En tous les cas, les prêches de Mgr Ndongmo attiraient du monde, parce qu’ils critiquaient la corruption et la brutalité du régime, parce que Mgr Ndongmo n’avait de cesse d’indiquer que “l’Évangile doit être incarné dans les réalités camerounaises de l’heure” ou que “l’Église ne peut conduire les hommes au ciel comme si la terre n’existait pas”.

    Mongo Beti, qu’on ne peut soupçonner de caresser l’Église catholique dans le sens du poil, admirait Mgr Ndongmo au point de le décrire comme “la goutte d’humanité dans un océan de bureaucratie” et “la bête noire des soi-disant experts” (cf. ‘Main basse sur le Cameroun. Autopsie d’une décolonisation’, Paris, Éditions François Maspero, 1972). C’est sous sa plume que l’on apprend que “rien n’avait été négligé pour conditionner l’opinion camerounaise et internationale en accréditant la thèse de la culpabilité des accusés bien avant leur jugement”.

    Le romancier camerounais poursuit: “À la veille de l’arrestation de l’évêque, le bureau local de l’A.F.P. lança plusieurs fois une dépêche à l’évidence mensongère, selon laquelle des stocks d’armes avaient été découverts dans des locaux appartenant à l’évêché de Nkongsamba. Aucun journal honnête n’aurait dû reproduire une dépêche aussi peu conforme aux usages de la profession: elle fut cependant reproduite telle quelle dans Le Monde où officiait alors un certain Philippe Decraene, autre grand ami et conseiller occulte du dictateur camerounais Ahidjo. Toutes les tentatives effectuées par la suite par des Camerounais, y compris Mgr Albert Ndongmo, pour démentir l’information furent vaines.” (cf. la revue ‘Peuples noirs-Peuples africains’, n. 47, 1985)

    L’entrepreneur
    Mgr Ndongmo avait créé l’entreprise “Mungo-Plastique” pour la fabrication d’objets en matière plastique (imperméables en PVC, articles de maroquinerie, emballage en polyethylene,etc.), parce qu’il ne voulait pas que son diocèse soit perpétuellement assisté. Au bout de 3 mois (mars-juin 1970), l’entreprise enregistre un bénéfice de 9 millions de franc CFA. L’argent, que devait générer la Mungo Plastique, était destiné “à alimenter les caisses des écoles, des hôpitaux et la création d’une caisse retraite pour les prêtres âgés”. Mgr Ndongmo ne s’arrêta pas là.

    Le diocèse devint actionnaire dans plusieurs affaires (centre climatique et touristique de Dschang, les librairies catholiques de Nkongsamba et Douala, la boucherie de Nkongsamba, des hôtels, plusieurs plantations, etc.). Ndongmo comptait à long terme s’investir dans la production de cahiers scolaires et de chaussettes, dans la création d’une caisse mutuelle (maladie et retraite) pour tous les diocèses du Cameroun. Il confie à des expatriés la gestion de la Mungo-Plastique. En mars 1970, 70 personnes sont employées par la Mungo-Plastique. Ce dynamisme est cependant mal vu par le colonisateur français et ses pantins locaux. On a peur de ce prélat qui veut s’émanciper de la domination économique française.

    On le suspecte même de chercher l’argent nécessaire pour soutenir l’UPC et renverser le régime néocolonial installé en 1960 par Paris. En avril 1970, la sûreté nationale et le BMM (Brigade mobile mixte) passent à l’attaque contre la Mungo-Plastique. Le 17 avril 1970, Christophe Tcheuleu Tientcheu, cogestionnaire de l’entreprise, est arrêté. Le 27 Juin 1970, le Belge Yves Verbeek, recruté par Mgr Ndongmo, est prié de quitter le Cameroun sans motif. Le 3 juillet 1970, c’est au tour du technicien Krzeminski d’être expulsé. Privée de ses deux principaux cadres, la Mungo-Plastique est obligée d’arrêter ses activités. L’entreprise est mise en vente mais Jean Fochivé promet l’enfer à quiconque voudra la racheter.

    Fochivé avait emprunté 60 millions de franc CFA au diocèse de Nkongsamba. Pour ne pas rembourser sa dette, il va accuser Ndongmo d’avoir participé à un complot visant à assassiner Ahidjo. Au terme d’un faux procès, la peine capitale est prononcée contre Mgr Ndongmo à qui les autorités camerounaises avaient pourtant demandé de nouer des contacts avec Ernest Ouandié. Sa peine est ensuite commuée en détention à vie dans un camp de “rééducation civique” du Nord-Cameroun. Le 16 mai 1975, il est libéré sous la pression de la section canadienne d’Amnesty International. Il s’exile d’abord à Rome, puis au Canada où il s’éteint, le 29 mai 1992.

    Protestations
    Quand Ndongmo fut condamné à mort, il n’y avait personne pour protester, ce qui poussa Mongo Beti à poser la question suivante: “Pourquoi ce peuple, que Mgr Ndongmo défend tant au point de pouvoir donner sa vie pour lui, ne s’est-il pas mobilisé pour lui manifester sa solidarité, le soutenir?” (cf. ‘Main basse sur le Cameroun’). Même ses confrères ne levèrent pas le petit doigt. Mgr Zoa estimait qu’il ne fallait pas confondre Mgr Ndongmo avec l’Église catholique. Certains pensent que c’est ce manque de solidarité qui empêcha l’archevêque de Yaoundé d’être promu cardinal.

    À Bafou, avant l’enterrement de Ndongmo, l’abbé André Ségue n’y va pas de main morte dans son homélie quand il déclare: «Mgr Albert Ndongmo a été trahi par des hommes d’Église et de nombreux chrétiens qui, au moment où il en avait le plus grand besoin, n’ont pas appliqué l’Évangile à son égard en prenant le parti de l’opprimé». Pour sa part, Mgr Thomas Nkuissi, successeur de Ndongmo, admet qu’il «n’est pas aisé d’être évêque de Nkongsamba: un peuple des plus travailleurs, et qui, depuis l’indépendance, ne reçoit pas sa part du fruit de son labeur». Il ajoute: «Comment un Pasteur, aimant ce peuple, pourrait-il lui parler de l’espérance divine sans dire un mot sur l’espoir humain?… Résultat: rupture du ministère, l’expérience de la torture, la mort en exil…

    Nous sommes nombreux à avoir collaboré à la mort de Monseigneur Ndongmo, mais nous n’en avons pas conscience, nous refusons d’en prendre conscience.” Pendant le procès, l’Association interdiocésaine des prêtres indigènes avait interpellé les évêques du Cameroun en ces termes: «Voilà plus de trois mois que nous scrutons vainement l’horizon, attendant de vous une parole, un acte, un signe. Mais vous êtes restés étonnamment et obstinément discrets, muets, absents, et cela n’a fait qu’épaissir notre angoisse. Pourquoi, Excellences, depuis le début de l’affaire Ndongmo, avez-vous autant de prises de position aussi contradictoires? Est-il vrai, Excellences, que pendant la détention de Mgr Ndongmo à Yaoundé, vous ou certains parmi vous n’avez pas rendu ou tenté de rendre visite à votre confrère qui était en prison? Où étiez-vous, Excellences, pendant tous les deux procès? Est-il vrai que vous n’avez pas assisté votre confrère lors de son jugement, malgré la promesse que vous aviez faite le 11-11-70?»

    Plaidoirie
    Il nous reste à présenter la réponse de Ndongmo à l’accusation selon laquelle il aurait demandé aux Bamilékés de faire beaucoup d’enfants afin de prendre le pouvoir d’État. Cette réponse, intitulée «Je ne peux plus me taire», a été publiée dans la revue ‘Peuples Noirs-Peuples Africains de Mongo Beti (n. 55/56/57/58, année 1987, pp.107-110). Voici comment Ndongmo se défend: “On dit que, le samedi 28 mars 1987 à 8 heures du matin a eu lieu le baptême des enfants de M. Tekam Jean-Michel, baptême fait par moi à 92 Neuilly-sur-Seine, dans une petite église située à côté du domicile de M. Tekam. Or la vérité est bien différente: j’ai baptisé les 4 (quatre) enfants de M. et Mme René Youmbi à 95110 Sannois, petite ville de banlieue nord de Paris, à 16 heures, et non à 8 heures du matin; le 14 mars et non le 28…

    En dehors du Professeur Kapet et de Monsieur Tekam, je n’ai vu aucun de ceux qui sont mentionnés. Par contre, il y avait des Français, des Antillais, des Espagnols, des Camerounais de tribus autres que bamiléké. Pour ce qui a trait aux trois déclarations que j’aurais faites, à savoir: 1) les Bamilékés doivent conquérir le monopole dans l’Église catholique du Cameroun;2) «il faut encourager les naissances parmi les populations bamilékés; 3) il faut encourager les Bamilékés à être présents dans tous les milieux, je dois dire que ces déclarations sont inventées, voire créées de toutes pièces pour me discréditer et vilipender les Camerounais d’origine bamiléké. Où ces déclarations ont-elles été faites? À l’église? Lors de la réception chez Youmbi?… S’il y a un péché dont je me suis cru pur jusqu’ici, c’est bien du péché de tribalisme et de racisme. Et c’est bien de ce péché que je suis accusé, et par le «MÉMORANDUM» des prêtres autochtones de l’archidiocèse de Douala, et par la «NOTE DE -PARIS».

    Au baptême des enfants des Youmbi, je n’ai parlé que du baptême à partir d’un texte que j’avais envoyé des mois à l’avance à M. et Mme Youmbi pour les préparer au baptême de leurs enfants. Ce même texte a été remis à M. le Curé de Sannois. J’ai prêché publiquement, et rien des trois déclarations ci-dessus n’a été prêché ni à l’église, ni en dehors de l’église, puisqu’après le baptême, j’ai juste assisté à l’ouverture de la réception, et je me suis retiré pour aller dormir. Je déclare donc devant Dieu et ma conscience d’évêque que les trois assertions ci-dessus sont de pures créations ex nihilo ou de pures sécrétions du cerveau.

    De vilenie… En conséquence, je déclare, par le présent article, n’avoir jamais posé un acte qui, de près ou de loin, ait poussé les Camerounais ou des Camerounais à se diviser; je ne poserai jamais un tel acte; je demande que les autorités camerounaises fassent une enquête sur le baptême que j’ai conféré aux 4 enfants des Youmbi, afin de vérifier mes dires, voir les photos prises, les lieux, le document sur les baptêmes chez les Youmbi et chez M. le Curé de Sannois… Ainsi on verrait de quel côté viennent les affabulations, et justice me serait faite… Si, suite à cette enquête, il s’avérait que je porte tous les péchés d’Israël, je suis prêt à renoncer à ma citoyenneté camerounaise et à remettre mon passeport camerounais à qui de droit. Je n’aurais plus, dès lors, que la consolation théologique qui consiste à savoir qu’être camerounais n’est pas un article de foi nécessaire au salut… Je déclare que le pouvoir politique ne m’intéresse point ni au Cameroun, ni ailleurs. J’ai accepté librement ma vocation de Prêtre et d’Évêque catholique pour servir Dieu, l’homme et le monde dans une sphère qui n’est point politique, mais surnaturelle».

    Albert Ndongmo a été persécuté, diffamé et injustement condamné, abandonné par les siens lors de son procès, contraint à l’exil parce qu’il était en avance sur son temps, parce qu’il réfléchissait et agissait comme les prophètes de l’Ancien et du nouveau Testaments, parce qu’il était contre la médiocrité et la facilité, parce qu’il voulait un Évangile incarné et une Église africaine qui se prenne en charge, parce qu’il rêvait d’un Cameroun libre et souverain. Il fut combattu «parce qu’un Africain autonome, c’est un nègre potentiellement lucide, donc rebelle, vrai danger mortel pour le système». Et Mongo Beti ajoute: «Tout Africain susceptible d’exercer quelque influence, à moins qu’il ne soit déjà acquis à la cause, doit être d’abord assisté, puis retourné et enfin contrôlé. Telles sont les trois étapes qu’on a essayé de faire parcourir à Mgr Albert Ndongmo. En vain, rappelons-le».

    Jean-Claude Djereke

  • Marie Koré, une grande figure de la lutte anticoloniale en Côte d’Ivoire

    Marie Koré, une grande figure de la lutte anticoloniale en Côte d’Ivoire

    En mars 1950, les dignitaires du PDCI, incarcérés depuis février 1949, bénéficient d’une mise en liberté partielle. Marie Koré meurt, trois ans plus tard. Sa fille n’a que sept ans. A-t-elle succombé aux mauvais traitements subis pendant la lutte pour l’indépendance ou bien a-t-elle été tuée par l’éther qu’un médecin français lui aurait injecté en lieu et place de l’anesthésie avant de l’opérer d’un panaris à l’hôpital annexe de Treichville ? Difficile de dire ce qui s’est vraiment passé dans les derniers moments de sa vie.

    Marie Koré

    “Mes sœurs bhété, baoulé, dioula et de partout, n’ayez pas peur ! Chez nous aussi nous n’avons pas peur de l’eau, nous avons l’habitude de travailler dans l’eau. Ce n’est pas parce qu’on nous envoie un jet d’eau avec du sable que nous devons nous décourager car une personne qui veut aller au secours de son époux, de son frère, de son fils ne doit pas reculer devant si peu de choses.” Ainsi s’exprimait Marie Koré, le 22 décembre 1949. Elle s’adressait aux autres femmes qui avaient décidé de marcher d’Abidjan à Grand-Bassam où étaient détenus 8 dirigeants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), la section ivoirienne du Rassemblement démocratique africain (RDA). Il s’agit de Bernard Dadié, Mathieu Ekra, Jacob Wiliams, Jean Baptiste Mockey, Albert Paraiso, René Séry Koré, Lama Kamara, Phillipe Vieyra (cf. Henriette Diabaté, ‘La marche des femmes sur Grand-Bassam’, Abidjan, Nouvelles Éditions africaines, 1975 ).

    Lire aussi : Série sur les héros africains: Aline Sitoé Diatta, héroïne de la désobéissance civile

    On l’appelle Marie Koré, parce qu’elle épousa en secondes noces René Séry Koré, mais son vrai nom est Zogbo Galo Marie. Elle a vu le jour en 1910 ou en 1912 à Gossa, village situé dans la sous-préfecture de Gboguhé (Daloa). On ignore à quel moment elle débarque à Abidjan. Ce qu’on sait, en revanche, c’est qu’elle va y rencontrer et épouser un Français. Le mariage ne dura pas longtemps parce que le Français n’appréciait pas l’engagement politique de sa femme. Celle-ci militait dans le RDA que dirigeait Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire et qui luttait pour la fin de la colonisation. En dehors de la politique et avant la politique, Marie vendait de la banane plantain frite ou “aloco” à Treichville, une commune d’Abidjan. C’est là qu’elle fit la connaissance de René Séry Koré qui vivait déjà avec une autre femme appelée Meunde. Koré venait d’être licencié des P.T.T. par l’administration coloniale pour son appartenance au PDCI-RDA.

    En 1947, Marie Galo, devenue Marie Séry Koré, est élue présidente des femmes du PDCI. Deux ans plus tard, elle participe aux manifestations qui ont lieu devant le palais du gouverneur socialiste Laurent Péchoux. Arrivé à Abidjan courant 1948, Péchoux avait pour mission de supprimer le RDA qui, entre autres choses, n’acceptait pas l’injustice dont étaient victimes les agriculteurs ivoiriens (par exemple, le kilo de café était acheté 45 francs CFA au producteur et vendu officiellement en France à 420 francs métropolitains). Pour parvenir à ses fins, Péchoux créa le Parti progressiste dirigé par Étienne Djaument.

    Le 22 décembre 1949, Marie Koré et d’autres femmes bhété décident de rejoindre à pied Grand-Bassam qui fut la capitale du pays entre 1893 et 1900 et que 40 km séparent d’Abidjan. Certaines manifestantes devaient se retrouver au palais de justice, d’autres à la prison civile. Marie faisait partie du second groupe. Le 24 décembre 1949, très tôt, elle et les femmes de son groupe empruntent la rue principale. Les forces de l’ordre, qui avaient dressé un barrage sur le pont construit sur la lagune Ouladine, lancent des jets d’eau mélangée à de la vase et à des tessons de bouteilles. Mais les femmes ne reculent pas. Marie Koré monte sur le pont avec sa fille Denise sur le dos. Les femmes lui emboîtent le pas mais Marie glisse et tombe avec sa fille. Elle est battue avant d’être conduite au commissariat. Elle sera déférée au parquet avec quelques-unes de ses camarades et incarcérée en même temps que sa fille.

    À l’intérieur du pays (Agboville, Bouaflé, Dimbokro, Gohitafla, etc.), les manifestations sont violemment réprimées par la police coloniale. Que fera le parti pour sortir de l’impasse ? “Pour éviter un atroce massacre comme à Madagascar en 1947, le RDA décida de se désapparenter des groupes communistes et d’amener le pouvoir colonial à composer avec lui et à faire des réformes”, écrit l’historien Jean-Noël Loucou en avril 2016. Pour lui, Houphouët n’avait ni capitulé, ni trahi la lutte pour l’indépendance. Il ajoute que l’indépendance de la Côte d’Ivoire ne fut pas octroyée mais négociée

    (https://news.abidjan.net/articles/588788/le-pdci-rda-de-1946-a-2016-70-ans-au-service-du-vaillant-peuple-ivoirien-une-contribution-de-jean-noel-loucou). Peut-on souscrire à la thèse de l’indépendance négociée quand on sait que Houphouët était en position de faiblesse ? Pour négocier, il eût fallu que le PDCI disposât d’une force égale ou supérieure à celle de la France. Or, Francois Mitterrand, ministre de la France d’Outre-mer dans la IVe République, affirme avoir reçu Houphouët dans son bureau pour lui signifier qu’il “n’admettrait pas que les revendications humaines, sociales et économiques prennent un caractère politique” (https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_d%C3%A9mocratique_de_C%C3%B4te_d%27Ivoire-Rassemblement_d%C3%A9mocratique_africain).

    En mars 1950, les dignitaires du PDCI, incarcérés depuis février 1949, bénéficient d’une mise en liberté partielle. Marie Koré meurt, trois ans plus tard. Sa fille n’a que sept ans. A-t-elle succombé aux mauvais traitements subis pendant la lutte pour l’indépendance ou bien a-t-elle été tuée par l’éther qu’un médecin français lui aurait injecté en lieu et place de l’anesthésie avant de l’opérer d’un panaris à l’hôpital annexe de Treichville ? Difficile de dire ce qui s’est vraiment passé dans les derniers moments de sa vie.

    Ce qui est certain, c’est que la République n’a pas oublié le combat de Marie Koré. Elle lui a témoigné sa reconnaissance en créant un timbre postal à son effigie, en érigeant un monument qui représente trois femmes, en donnant son nom à une école primaire dans la commune d’Adjamé. Plusieurs associations féminines portent son nom. Le pont sur la lagune d’Ouladine, entre Grand-Bassam et Abidijan, a été baptisé “Pont de la Victoire” en souvenir de la résistance des femmes à l’administration coloniale qui avait injustement embastillé les militants du PDCI-RDA. La Banque centrale des États d’Afrique occidentale (BCEAO) a mis la photo de Marie Koré sur un billet de 1000 francs CFA.

    Les trois mots qui, à mon avis, résument mieux la trajectoire de Marie Koré sont : courage, autorité et patriotisme. Marie n’avait pas peur de se mettre devant, non pour se faire remarquer, mais pour affronter les épreuves qui jalonnent le chemin de la liberté (gaz lacrymogènes, jets d’eau, prison, etc.). Ses mots d’ordre étaient suivis et son autorité rarement contestée parce qu’elle était capable de donner l’exemple et de remonter le moral de ses camarades quand il le fallait. Pour elle, le pays était beaucoup plus important que l’ethnie et la religion et il n’était pas question qu’il soit dominé et exploité par un autre pays.

    Elle lança l’appel au rassemblement des femmes parce qu’elle avait compris que les militants du PDCI emprisonnés à Grand-Bassam menaient le bon combat. Cette femme, qui avait horreur de l’injustice et de l’oppression, est incontestablement l’une des grandes figures de la lutte pour l’indépendance en Côte d’Ivoire. Nul doute que son engagement, sa détermination et son ouverture d’esprit l’ont fait entrer dans l’Histoire.

    Jean-Claude Djereke

  • Afrique : La Standard Chartered bank ferme dans sept pays

    Afrique : La Standard Chartered bank ferme dans sept pays

    L’Angola, le Cameroun, la Gambie, la Jordanie, le Liban, la Sierre Léonne et le Zimbabwé sont concernés par l’arrêt des activités de la Banque.

    La standard Charteres bank Plc va désormais concentrer ses activités dans des zones africaines et du Moyen Orient à fort potentiel de rentabilité pour elle, notamment l’Egypte et l’Arabie Saoudite.

    Dans un communiqué rendu public jeudi, 14 avril 2022, la Banque britannique a annoncé qu’elle abandonnera ses activités de banque de détail, de banque privée et de banque d’affaires en Tanzanie et en Côte d’Ivoire pour se concentrer uniquement sur la banque d’affaires, la banque commerciale et la banque institutionnelle.

    L’Angola, le Cameroun, la Gambie, la Jordanie, le Liban, la Sierre Léonne et le Zimbabwé sont concernés par la fermeture des filiales de la Standard Chartered bank. Ce qui représente près d’1% de son revenu en 2021, fait-elle savoir. Pour l’heure, aucune information sur les modalités de cession ni sur l’identité des futurs acquéreurs n’est connue toujours est-il que l’approbation des autorités réglementaires de chacun de ces pays reste attendue.

    Cette opération n’est pas la première du genre à laquelle se livre la banque. En 2021, Elle a procédé à la réduction de son réseau, passant de près de 1200 agences dans le monde à quelques 400.

  • Résilience économique : l’Afrique appelée à renforcer la protection sociale

    Résilience économique : l’Afrique appelée à renforcer la protection sociale

    Cela permettrait au continent de résister au choc économique induit par la crise en Ukraine, selon la Banque mondiale.

    « La guerre en Ukraine est susceptible d’avoir un impact sur les économies de l’Afrique subsaharienne à travers une série de mécanismes directs et indirects, notamment les liens commerciaux directs, les prix des matières premières, l’augmentation de l’inflation des denrées alimentaires, du carburant et de l’inflation générale, le resserrement des conditions financières mondiales et la réduction des flux de financement étrangers dans la région », souligne le groupe de travail de la Banque mondiale dans son Africa’s pulse d’avril 2022, lequel est une analyse des enjeux façonnant l’avenir économique du continent noir.

    Toujours d’après ladite institution, les effets attendus de cette crise sont un accroissement de la pauvreté et un impact négatif sur la croissance ; sauf si l’Afrique concentre davantage d’efforts à l’implémentation de la protection sociale via « les filets sociaux ». Lesquels fournissent des transferts en espèces couplés à des mesures d’inclusion productive telles que des formations en micro-entrepreneuriat, l’apport d’un capital forfaitaire et la facilitation de l’épargne. « Grâce à leur caractère « adaptatif », c’est-à-dire leur capacité à renforcer les services destinés aux ménages touchés en réponse aux chocs, les flets sociaux apparaissent également comme une modalité de réponse rapide et efficace », soutient le Groupe de travail.

    D’autres mesures sociales sont par ailleurs à prendre en compte à l’instar des programmes d’assurance sociale et du marché du travail ; qui contribuent à la résilience économique en protégeant les travailleurs informels. Ce, au travers de programmes d’assurance sociale et d’épargne qui permettent entre autres des cotisations flexibles et des incitations fiscales équilibrées. « Dans de nombreux pays africains, les structures de flets sociaux sont encore émergentes. Pour les amener à leur plein potentiel, il faudra élargir les objectifs politiques, en dépassant l’accent traditionnellement mis par les programmes de protection sociale sur la pauvreté chronique pour lutter contre la vulnérabilité aux chocs et pour favoriser l’inclusion productive. Ce processus d’adaptation va requérir une amélioration des systèmes de prestation et financiers des flets sociaux », lit-on dans le rapport du bureau de l’économiste en chef de la région Afrique.

    Louise Nsana

     

  • Côte d’Ivoire : Vers la fin des années cauchemardesques?

    Côte d’Ivoire : Vers la fin des années cauchemardesques?

    La question prend tout son sens sous la plume de Jean-Claude Djéréké. Elle constitue pour le sociologue et écrivain ivoirien, la quintessence de son essai récemment paru à Paris, publié aux Éditions L’Harmattan et qui retrace depuis 1999, les crises successives traversées par ce pays.

    Est-on arrivé en «Côte d’ivoire: vers la fin des années cauchemardesques?» La question mérite au moins d’être posée et Jean-Claude Djéréké n’a pas manqué de le faire. Elle sert en effet de trame au dernier ouvrage commis par le sociologue et écrivain ivoirien. L’essai récemment paru à Paris est publié aux éditions L’Afrique qui se bat et L’Harmattan. Il part du constat que «la Côte d’Ivoire a perdu sa sérénité et sa stabilité depuis le 24 décembre 1999». Et que depuis lors, ce pays a connu une succession de coups d’État «dont les conséquences ont secrété des pratiques amorales et immorales qui se manifestent par la mauvaise gouvernance, les violences gratuites assorties d’arrestations et d’emprisonnements arbitraires», résume la quatrième de couverture.

    Tout au long de l’essai, l’auteur se pose donc avec obstination la question de savoir si «les Ivoiriens doivent s’attendre à affronter d’autres souffrances ou bien verront-ils bientôt le bout du tunnel». En lisant cependant entre les lignes, l’heure n’est pas à l’optimisme pour l’enseignant de littérature et des cultures africaines à Bryn Mawr College à Philadelphie aux États-Unis d’Amérique. Puisque «Côte d’ivoire: vers la fin des années cauchemardesques?» se veut être aussi un réquisitoire contre l’actuel régime ivoirien et ses soutiens, en Occident notamment. L’auteur de «L’Afrique francophone est-elle condamnée?», pense en effet savoir que «jamais l’image du pays n’a autant été ternie que sous Ouattara installé et soutenu par ‘‘La patrie des droits de l’Homme’’». Il se propose alors au fil des pages de recenser, «en les dénonçant», tous les faits dignes d’intérêt ayant conduit à la situation actuelle. L’écrivain et sociologue ivoirien est ainsi parvenu à les condenser dans son essai désormais disponible. Il peut s’acquérir en librairie au prix de 15,50 euros, soit 10 075 FCFA.

     

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Renforcement du commerce transfrontalier à l’ère de la Zlecaf : La Fotrac 2022 déjà dans les starting-blocks

    Renforcement du commerce transfrontalier à l’ère de la Zlecaf : La Fotrac 2022 déjà dans les starting-blocks

    L’événement va se tenir du 28 juillet au 6 août prochain dans la Zone des trois frontières et compte déjà de nombreux partenaires. Une première réunion préparatoire s’est tenue au ministère du Commerce en présence de la promotrice, Jeanne Danielle Nlaté.

    Les choses se mettent progressivement en place pour la Foire transfrontalière annuelle d’Afrique centrale (Fotrac). La 13ème édition va se tenir du 28 juillet au 6 août prochain à Kyé-Ossi au Cameroun, Bitam au Gabon et à Ébébiyin en Guinée Équatoriale. Et elle mobilise déjà toutes les énergies du Comité d’organisation, du Réseau des femmes actives d’Afrique centrale (Refac) et de sa présidente. Jeanne Danielle Nlaté a en effet pris part le 2 mars dernier au ministère du Commerce à Yaoundé, à la première réunion préparatoire de l’événement. On retient notamment de la promotrice que la Fotrac 2022 compte «de plus en plus de grands partenaires comme la GIZ pour son appui au Projet frontières, la CEEAC et les Nations unies pour l’Afrique centrale (Unoca, Ndlr)». En outre, la présidente du Refac sait déjà pouvoir compter sur «tous les pays d’Afrique centrale comme de coutume, et même de la Cedeao». Ceci en plus du haut patronage du gouvernement du Cameroun et du parrainage du ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana.

    Le Mincommerce et le Refac entendent ainsi proposer aux populations de la sous-région une série d’activités. Elles vont pour l’essentiel tourner autour des ateliers thématiques, des formations, de la sensibilisation, des expositions-ventes, et du tourisme et loisirs. À en croire Jeanne Daniel Nlaté, il est en plus prévu «l’élection de Miss intégration régionale».

    L’édition 2022 est en outre placée sous le signe de l’«Intégration régionale et la Zlecaf: résilience des acteurs du développement socio-économique en Afrique face aux crises sécuritaires et la pandémie de Covid-19». Ce thème a vocation à rendre compte de l’ambition du Comité d’organisation. Il justifie d’autant plus la participation de tous les représentants des administrations sectorielles et parties prenantes de cet événement, à la première réunion préparatoire. Les travaux ont connu deux temps forts. À savoir les préparatifs et conditions de participation à l’édition 2022, mais aussi le compte rendu de la dernière édition. Jeanne Danielle Nlaté confie justement sur ce dernier point que «la 12ème édition de la Fotrac était couronnée de succès. C’est l’avis du Mincommerce, parrain de l’événement. C’est également celui des femmes, même si toujours, nous voulons aller un peu plus loin».

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Mission de réconciliation : La crise sociale à l’OAPI dans le rétroviseur

    Mission de réconciliation : La crise sociale à l’OAPI dans le rétroviseur

    Les vertus du dialogue social ont prévalu au bout de trois jours d’échanges entre les membres du Conseil d’administration mandatés par leurs pairs, la direction générale de l’Organisation africaine de la Propriété intellectuelle et l’ensemble des parties prenantes.

    «Je peux le dire, la crise est finie, elle est terminée». Anacleto Olo Mibuy tient ces propos ce 11 mars 2022 en sa qualité de membre du Conseil d’administration de l’Organisation africaine de la Propriété intellectuelle (OAPI). Le président du Conseil de la Recherche scientifique et technologique en Guinée Équatoriale achevait à Yaoundé une mission de réconciliation dans le cadre d’un Comité ad hoc. L’instance a été mise en place en décembre dernier par le Conseil d’administration. Son mandat était «d’accompagner la direction générale de l’OAPI pour la recherche de solutions à la crise en cours au sein de l’institution», rappelle Gourouza Magagi, ministre nigérienne de l’Industrie et de l’Entrepreneuriat des jeunes. Et à en croire Anacleto Olo Mibuy, «les différentes parties» ont pris conscience au bout de trois jours d’échanges que «seule l’institution, seule l’OAPI doit compter et gagner, parce que tous les autres passent».

    Pas de crise majeure

    Les trois membres du Comité ad hoc étaient tous en d’accord à l’issue de leur mission pour dire que la situation vécue depuis plusieurs mois à l’OAPI, «n’est pas une crise majeure». «Il y a une situation de crise normale qu’il faut de temps en temps avoir pour essayer de redresser le fonctionnement de l’institution, parce que nous sommes des humains, et nous commettons tous des erreurs», a relevé d’emblée le chef de la mission de réconciliation.

    Anacleto Olo Mibuy pense dès lors qu’«on ne peut plus nier qu’il y a eu une crise, et c’était une crise au sommet de l’institution. Mais cette organisation a acquis depuis 60 ans la crédibilité, la transparence et la confiance de nos partenaires». Le membre du Conseil d’administration a alors appelé à «laver notre linge, à conserver nos acquis et à faire que l’Afrique au moins dans cette organisation, donne l’exemple de crédibilité internationale». Car selon lui, «on ne peut pas laisser tomber ces acquis pour les 17 États membres pour des questions de querelles intestines».

    C’est aussi pourquoi après la visite de courtoisie au ministre camerounais des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, Gabriel Dodo Ndoké, des échanges ont eu lieu avec toutes les parties prenantes. À savoir «la direction de l’OAPI, ce que l’on appelle communément le personnel hors-catégorie, composé du directeur général, Denis Loukou Bohoussou, de son adjoint et du contrôleur financier; les délégués du personnel; et le personnel», a fait savoir Gourouza Magagi. La ministre nigérienne observe par ailleurs que la crise sociale à l’OAPI «est peut-être un problème de positionnement». Elle relève à ce sujet que «c’est récurrent à chaque veille de renouvellement du personnel dirigeant». D’où le conseil au personnel «de ne pas envenimer la situation en prenant partie, mais de rester souder, de prôner le vivre ensemble et d’accompagner leurs responsables».

    Situation financière enviable

    L’autre grand enseignement de la mission de réconciliation est que la gestion financière de l’institution est saine. «Les comptes sont bien tenus. C’est une des institutions en Afrique qui depuis sa création, n’a pas connu beaucoup de problèmes en termes de management», ont convenu les membres du Comité ad hoc. Avant d’ajouter par la voix de la ministre nigérienne que «nous sommes allés en détail dans les comptes de l’OAPI pendant le dernier Conseil d’administration et il n’y a rien qui puisse nous inquiéter, bien au contraire. Les finances de l’OAPI se portent bien».

     

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Noix de cajou : les sillons de la valorisation de la filière en Afrique

    Noix de cajou : les sillons de la valorisation de la filière en Afrique

    Les experts des différents pays membres du Conseil international consultatif du cajou (CICC) ont accordé leurs violons le 20 décembre 2021 à Yaoundé pour l’expansion de cette culture.

     

    Le Cameroun s’est vu honorer d’abriter la 4ème session du Conseil international consultatif du Cajou (CICC). Cette institution regroupe en son sein une dizaine de pays à savoir le Benin, la Côte-D’ivoire, le Burkina Faso, la Guinée Bissau, le Nigéria, le Mali, le Sénégal, Ghana, la Guinée, Togo, et le Mozambique comme pays observateur. Et le siège se trouve en Côte-D’ivoire. Les experts venus de ces pays, ont conjugué leurs efforts pour le développement de la filière anacarde. Cette filière connait déjà un essor remarquable en Afrique du fait de la simplicité de sa culture d’une part et de la faiblesse des coûts de production qu’elle nécessite d’autre part.

     

    «Le développement de cette culture est une très bonne alternative à la diversification et à l’amélioration des revenus agricoles. L’anacarde contribue considérablement au développement économique des pays producteurs, et à la préservation de l’environnement», explique Gabriel Mbaïrobe, ministre camerounais  de l’Agriculture et Développement rural (Minader).  Et il poursuit : «corrélativement, l’entrée des devises liée à l’exportation de la noix de cajou pourrait également participer à la nette amélioration du solde de la balance desdits pays».

     

    Expansion

    L’anacarde fait son entrée au Cameroun, pour des raisons liées à l’environnement. Pour éviter l’avancée du désert dans la partie septentrionale du pays, l’anacardier a été introduit comme plan de reboisement en raison de ces bénéfices sur le plan environnemental. C’est ainsi que plusieurs hectares d’anacardiers ont été plantés au Cameroun dès 1975.

     

    50 années plus tard, le pays reste toujours un producteur modeste, et la filière encore embryonnaire. «Pourtant, cette dernière offre des perspectives de développement  important, de potentiel de production, et de nombre de marchés de  consommation  assez attractives. L’enthousiasme et l’engouement des producteurs sont perceptibles.  À travers ses produits phares que sont la noix de cajou exporté en priorité, la pomme de cajou consommée directement ou transformée à jour, confiture, liqueur, alcool, la filière cajou est une nouvelle niche de croissance, de création d’emplois et de lutte contre la pauvreté», fait savoir le Minader.

     

    Ainsi, la filière du cajou est une «niche de croissance qui permet de booster l’économie agricole, et d’apporter des revenus additionnels aux producteurs. Le gouvernement s’est doté en 2018 avec l’appui de ses partenaires techniques dont la GIZ, d’une stratégie nationale de développement de la chaîne de valeur de la filière anacarde d’une part, et d’autre part d’un projet de développement de la filière cajou en abrégé PADF-Cajou en février 2020.

    L’objectif de cette stratégie est que d’ici 2023, le Cameroun soit visible sur le marché international du cajou, avec une production annuelle de 8000 tonnes de cajou de bonne qualité. Pour atteindre cet objectif un budget de 1 milliard FCFA par an est financé pour les plans anacardiers et alloué à l’Agence nationale d’Appui au développement forestier et à la Sodecoton qui encadrent les paysans», a  encore laissé entendre Gabriel Mbaïrobé.

     

    Olivier Mbessité

  • OAPI : le directeur général retrouve son poste

    OAPI : le directeur général retrouve son poste

    Suspendu par le Conseil d’administration le 14 octobre 2021 dernier, Denis L. Bohoussou a repris du service ce 13 décembre 2021 au siège de l’organisation panafricaine à Yaoundé au Cameroun.

     

    L’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) retrouve peu à peu sa sérénité. Le directeur général, Denis L Bohoussou, a repris du service ce 13 décembre 2021. Il est de retour de la 61ème session ordinaire de la réunion des ministres à laquelle il a pris part pour défendre auprès des administrateurs les dossiers de l’Organisation, notamment le budget de l’année 2022. Cette réunion était précédée le 10 décembre dernier à Cotonou au Benin, d’un Conseil d’administration extraordinaire.  À l’issue de celui-ci, les ministres en charge de l’Industrie des 17 États membres l’ont rétabli dans ses fonctions.

    Au vu des dispositions du règlement intérieur relatives à l’ordre du jour des sessions extraordinaires de l’instance dirigeante et considérant les échanges, les administrateurs ont en effet décidé de «la levée immédiate de la suspension du directeur général de l’Organisation africaine de la Propriété intellectuelle, et de la mise en place d’un comité ad hoc d’appui à la direction générale pour l’apaisement du climat social», peut-on lire dans le communiqué final.

    Au travail

    Dès son retour, le directeur général de l’OAPI s’est saisi des dossiers brûlants. Il a à cette occasion rappelé aux collaborateurs et au personnel «les défis imminents que doit relever l’OAPI afin de redonner confiance aux partenaires et de gérer efficacement le changement que va entrainer la nouvelle grille des taxes en vigueur dès janvier 2022».

    Ce 14 décembre 2021, soit au lendemain de sa réhabilitation, Denis L. Bohoussou a présidé un comité de direction. Il s’est entouré des directeurs de départements et de l’équipe des systèmes d’information. À deux semaines de la fin d’année, il était question «de passer en revue les différents dossiers en instance et de s’informer de l’état de fonctionnement des services», fait savoir un communiqué. Et ensuite, «d’inviter les uns et les autres à produire dans les meilleurs délais un état exhaustif des dossiers en instance dans leurs départements respectifs», a exhorté le directeur général.

    Au cours de ce comité de direction et après avoir écouté ses interlocuteurs, le dirigeant a demandé à ceux-ci «d’inviter leurs collaborateurs à s’investir dans leur travail pour permettre à l’OAPI d’être plus  à même de satisfaire ses usagers, surtout dans la perspective de l’entrée en vigueur dès janvier 2022 des annexes 3,4 et 5 du nouvel Accord de Bangui», peut-on également lire dans le communiqué parvenu à notre rédaction.

    Rappel

    Denis L. Bohoussou est réhabilité dans ses fonctions après la crise qui l’a opposé à Alimatou Shadiya Assoumam, présidente du Conseil d’administration (PCA). En effet, la ministre de l’Industrie et du Commerce du Benin l’avait suspendu de son poste  au motif de   «refus de faire exécuter la décision d’auditer la gestion de l’Organisation en vue de clarifier les soupçons de mal gouvernance et de malversations financières mettant en péril les intérêts de l’Organisation». Il avait été remplacé dans la foulée par son adjoint, Jean Baptiste Noel Wago. Celui-ci était chargé de «liquider les affaires courantes».

    Pour faire la lumière sur les faits qui accablaient le directeur général, le ministre camerounais des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt), Gabriel Dodo Ndoké, avait recommandé à la PCA «de convoquer en extrême urgence une session extraordinaire du Conseil d’administration au siège à Yaoundé de préférence, ou dans un État membre». La recommandation du ministre camerounais s’inscrivait dans la poursuite de «la recherche d’une solution privilégiant la paix, tout en étant conforme à nos textes, l’article 6 du règlement intérieur du Conseil d’administration», avait-il laissé entendre.

    Olivier Mbessité

  • OAPI : les contours de l’audit bientôt précisés

    OAPI : les contours de l’audit bientôt précisés

    Une séance extraordinaire du Conseil d’administration en marge de la session ordinaire prévue ce 10 décembre 2021 à Cotonou, va permettre de préciser les conditions de sa mise en œuvre.

    Pour définitivement ramener la sérénité au sein de l’Organisation africaine de la Propriété intellectuelle (OAPI), la tenue d’une session extraordinaire de son Conseil d’administration est sollicitée depuis le 18 octobre dernier par son directeur général, Denis Loukou Bohoussou. La présidente du Conseil d’administration de l’institution panafricaine vient seulement d’y donner suite. Alimatou Shadiya Assouman a informé ce 26 novembre 2021 les administrateurs de l’OAPI de la tenue «d’une séance extraordinaire en marge de la 61ème session ordinaire prévue à Cotonou le 10 décembre 2021».
    La ministre de l’Industrie et du Commerce du Benin souligne cependant dans sa correspondance adressée aux administrateurs que «l’ordre du jour va porter sur la mise en œuvre de la décision d’auditer la gestion de l’OAPI sur les trois dernières années». La PCA de l’Organisation continentale précise également avoir pris cette décision «à la suite des échanges eus avec ses homologues du Niger et du Togo». Aucune référence ou mention de l’avis des autres administrateurs n’est faite dans ladite correspondance.

    Configuration
    La séance extraordinaire du Conseil d’administration de l’Organisation africaine de la Propriété intellectuelle va se tenir en présence du principal mis en cause. Le directeur général actuellement sous le coup d’une suspension a ainsi l’occasion de faire valoir ses arguments selon le souhait des administrateurs de l’OAPI. L’élément nouveau pour Denis Loukou Bohoussou est que sa gestion a récemment fait l’objet d’un audit de la part du Cabinet d’expertise comptable Mazars. «Mazars est un leader international de l’audit, de la fiscalité et du conseil», peut-on lire sur le site Internet officiel de la structure.

    Raisons de l’audit
    La décision d’auditer l’OAPI est prise le 24 septembre dernier avec le lancement ce jour-là par la PCA d’un avis de recrutement d’un cabinet international d’audit. Cette décision débouche le 14 octobre dernier sur une deuxième décision. Celle portant suspension du directeur général de l’OAPI. Denis Loukou Bohoussou est alors accusé de «refus de faire exécuter la décision d’auditer la gestion de l’Organisation en vue de clarifier les soupçons de mal gouvernance et de malversations financières mettant directement en péril les intérêts de l’Organisation», indique la PCA. Une conclusion contestée par le mis en cause.

    Le directeur général précise en effet dans un courrier adressé le 5 octobre dernier à Alimatou Shadiya Assouman, «qu’il ne s’agit pas pour lui de soustraire à un audit, et encore moins de refuser d’exécuter une décision du PCA». À en croire Denis Loukou Bohoussou, il s’évertuait seulement à relever s’agissant de l’avis de recrutement du cabinet d’audit, que «certaines corrections de forme étaient nécessaires avant la publication des TDR, (Termes de référence, Ndlr)».

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Zone de libre-échange continentale : La quête d’une Aide à la décision pour la sous-région

    Zone de libre-échange continentale : La quête d’une Aide à la décision pour la sous-région

    Les experts gouvernementaux, académiques et de la CEA ont planché sur son processus d’élaboration au cours d’un séminaire organisé du 9 au 10 novembre dernier à Douala.

    «Les échanges entre les économies de la sous-région Afrique centrale représentent seulement 2 à 3% du commerce intracommunautaire. Ce qui n’est pas bon». En relevant d’entrée de jeu cette réalité, Ekberg Coulibaly Adama, expert de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), entend insister sur l’urgence d’agir pour renverser la tendance. Et c’est entre autres pour faire écho à ce plaidoyer que les experts gouvernementaux (Bureau national de statistiques, ministères de l’Industrie, du Commerce et de la Planification), académiques et de la CEA ont éclairé le processus d’élaboration de la Decision support model (DSM, en français Aide à la décision, Ndlr) pour l’Afrique centrale.
    Le séminaire y relatif s’est tenu du 9 au 10 novembre 2021 à Douala, avec l’ambition de faciliter l’édification et la mise en œuvre de cet outil d’aide à la décision, afin d’ouvrir la voie à l’industrialisation du continent. De fait, cet outil permettra par exemple de savoir avec «précision, quels sont les marchés à cibler», à en croire Ekberg Coulibaly Adama, expert CEA.

    Le séminaire sur le modèle DSM comme outil d’alignement des politiques industrielles et commerciales pour le marché de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) a permis d’étudier comment restaurer, capaciter et bien orienter ces politiques. «Nous sommes à un stade où il faut que les experts de certaines administrations publiques, notamment du commerce et du développement industriel, prennent la mesure du défi. Parce qu’il s’agit de faire le lien entre le programme de stratégie de développement industriel de chaque pays et le commerce. D’autant plus que nous allons tous vers le marché commun qui est la Zlecaf», explique Dev-Ray Nkounkou, expert économique.

    Méthodologie
    Le modèle DSM est indispensable, car pour réussir un marché intracommunautaire, il faut d’abord former des experts. En effet, «cet outil d’aide à la décision peut faire en sorte qu’on puisse désormais mettre à la disposition un réseau d’experts locaux afin de former une masse critique d’experts en Afrique centrale qui soient capables d’utiliser non seulement les outils, les données, mais aussi de formuler des hypothèses et de pouvoir mettre à disposition des informations fiables qui peuvent aider à la prise de décision» précise Dr Adama Coulibaly Ekberg.

    Le Cameroun, un modèle

    Avec l’avènement de la Zone de libre-échange continentale africaine, plusieurs pays africains, notamment ceux d’Afrique centrale, ont adopté des stratégies nationales Zlecaf avec le soutien de la CEA et de ses partenaires. «En 2020, le Cameroun a été le premier pays de la sous-région à finaliser sa stratégie avec le concours de la CEA, mais aussi à revoir son Plan directeur d’industrialisation (PDI, 2015)», a-t-on appris. Par ailleurs, l’effort d’alignement des deux documents stratégiques s’est produit par l’identification du potentiel commercial des produits camerounais ciblés dans le PDI, ainsi que dans la stratégie Zlecaf sur le marché continental africain. Pour les experts, les résultats de l’approche DSM appliquée au Cameroun ont permis d’identifier les marchés nationaux africains où le Cameroun peut vendre des produits identifiés dans sa stratégie industrielle (PDI) et commerciale Zlecaf, et de faire des estimations du potentiel commercial.

    Ils ont dit

    Ekberg Coulibaly Adama, Cameroun

    «Le DSM permet de prospecter et d’optimiser les ressources»

    À travers cet atelier, le DSM est une opportunité de mettre à la disposition de la sous-région un outil qui permettra d’optimiser la démarche et de rechercher des débouchés pour les économies. Dans un contexte d’incertitude comme c’est le cas actuellement au niveau de l’environnement mondial, nos économies sont des économies dans un monde post Covid-19. Elles démarrent dans cette nouvelle ère commerciale des marchés, et il s’agit de générer plus de devises étrangères. Nos économies sont déjà handicapées au décollage par le fait que nous avons moins de moyens financiers et des ressources limitées pour accompagner nos industriels dans la recherche des débouchés. D’où l’intérêt d’avoir un outil qui permette d’aller prospecter, d’examiner comment on peut optimiser les ressources, mutualiser les moyens qui sont habituellement pris pour faire des études de prospection des marchés. Le DSM va donc permettre dans cet espace de plus d’une cinquantaine de pays, de rechercher et de mieux cibler les marchés. C’est un outil analytique dont nous avons besoin comme arme pour pouvoir véritablement donner à chaque industriel et exportateur de l’Afrique centrale, la possibilité d’être un peu plus armé pour aller compétir. Il y a donc urgence.


    Arsène Lukusa, RDC
    «Mener une politique d’industrialisation et trouver des marchés»

    Le système DSM permet de mieux aligner les politiques commerciales et industrielles. Et donc, une telle approche intégrée des deux politiques permet d’une part de mener la politique d’industrialisation en identifiant de manière précise les produits pour lesquels on présente un avantage comparatif. Mais d’autre part, cette approche permet de trouver des marchés potentiels qui puissent faire l’objet de l’écoulement des produits qui ont été identifiés en amont.


    Mallaye Douzounet, Tchad
    «Analyser ce que la CEEAC peut offrir aux autres CERs»

    Ce séminaire a deux avantages. Le premier c’est celui d’un partage d’expérience entre les pays de la CEEAC en termes de politique, d’industrialisation et de diversification économique. Pour s’inscrire dans la Zone de la libre échange continentale Africaine, il fallait un modèle qui allie réellement les politiques d’industrialisation économique. Ce modèle est le décision support model (DSM) qui permet réellement de tenir compte de la demande et de l’offre des produits au niveau de chaque État. Mais comme nous sommes dans l’espace de la CEEAC et qu’à l’avenir nous serons dans l’espace de la Zlecaf, il est important de pouvoir analyser ce que les pays de la CEEAC peuvent offrir aux autres Communautés économiques régionales pour que réellement nous ne soyons pas à la traîne. Le modèle DSM permettra à nos pays respectifs de pouvoir les implémenter.

    Dev-Ray Nkounkou, Congo Brazzaville
    «L’outil DSM est pertinent, mais il faut se l’approprier»

    Il faudrait que nous ayons des outils pertinents qui vont nous permettre d’intégrer des opportunités d’exportation. À la base il faut renforcer d’abord la diversification économique dans chacun des pays pour que nous ayons la capacité d’avoir une production de qualité et des produits qui peuvent être compétitifs sur le marché Africain. En cela, l’outil DSM est pertinent, mais il faut se l’approprier. Nous lançons un appel à l’expertise de la CEA pour organiser si possible un atelier d’appropriation pratique ou la méthodologie DSM sera déroulée en bonne et due forme. C’est-à-dire l’identification des indicateurs jusqu’à la formalisation d’un certain nombre d’équations pour voir comment est-ce qu’on peut rassembler tous ces indicateurs aussi bien quantitatifs que qualitatifs.

    Léopold Kouandongui, RCA
    «La RCA est en retard par rapport au dossier Zlecaf»
    Je suis présent à cet atelier pour voir comment ça se passe, puisque la RCA est en retard par rapport au dossier Zlecaf. On va aller appliquer avec nos collaborateurs et partenaires des ministères du Commerce et de l’Industrie et aussi prendre ces acquis pour intégrer dans le cadre de l’analyse commune du pays que les nations Unis font dans différents pays.

    Propos recueillis par Diane Kenfack

  • Révolution technologique : La CEA parie sur les jeunes filles

    Révolution technologique : La CEA parie sur les jeunes filles

    8 500 jeunes femmes âgées de 12 à 25 ans et ressortissantes de toute l’Afrique ont achevé leur formation. Elles ont réalisé 83 projets innovants et orientés vers des solutions aux problèmes humains en animation, développement Web, robotique, intelligence artificielle et design de mode.

    Vera Songwé a donné un cachet particulier au Camp de codage des jeunes filles africaines connectées

    L’apothéose était grandiose à l’Hôtel Hilton de Yaoundé le 29 octobre 2021. Le salon de l’innovation qui s’y tenait servait de clôture officielle au camp de codage pour des filles africaines connectées qui s’est déroulé du 5 au 16 juillet à Yaoundé, Douala et Buea (Cameroun) avec une connectivité virtuelle à travers l’Afrique.

    Ces inventions produites pendant le Camp ont vocation à «offrir aux filles et aux jeunes femmes l’opportunité d’accéder à des connaissances de base, à des outils numériques et à des plateformes pour leur permettre de devenir des innovatrices, des entrepreneuses et des leaders de la technologie afin de résoudre des problèmes non seulement au Cameroun mais aussi sur tout le continent», a insisté Vera Songwe, secrétaire exécutive de la CEA.

    Théâtre d’opération
    Le choix de la jeune fille ou de la jeune femme se fonde sur des données statistiques qui démontrent que la fracture numérique selon le critère genre est un sérieux handicap pour le développement de l’Afrique. En Afrique, les femmes sont sous-représentées dans les domaines des Sciences, des Technologies, de l’Ingénierie, des Arts et des Mathématiques (STEAM). 27% seulement des femmes en Afrique ont accès à l’Internet et 15% seulement ont les moyens de l’utiliser. La région présente le plus grand écart numérique entre les sexes au monde; avec seulement 22,5% des femmes utilisant l’Internet, contre 33,8% des hommes.

    Parmi les autres obstacles qui affectent l’Afrique, figurent sa faible connectivité numérique, ses infrastructures limitées, le coût élevé de la bande passante, la cybersécurité, la culture numérique, etc. La tendance dans le monde se rapproche quelque peu de la situation en Afrique. Seuls 29% des chercheurs dans le monde sont des femmes. Les femmes ne représentent que 35% des étudiants dans les formations supérieures en STEAM au niveau mondial. Par exemple, dans le monde, seuls 3% des étudiantes de l’enseignement supérieur choisissent les technologies de l’information et de la communication (TIC).
    Ces données, Vera Songwe a tenu à les projeter afin que tout le monde puisse être saisi du gap. Car, l’Afrique a l’opportunité de réaliser un grand bond en avant avec le développement des TIC et l’intensification des compétences STEAM dans les économies.

    Engagement
    La ministre des Postes et Télécommunications du Cameroun, Minette Libom Li Likeng a révélé toute l’attention particulière qu’elle porte au rééquilibrage de l’accès à Internet (et aux compétences liées) entre les sexes au Cameroun. Il s’agit d’un «axe essentiel de la stratégie gouvernementale de développement de l’économie numérique» a-t-elle confié.

    Elle a poursuivi en déclinant cet engagement, «en acceptant donc d’accompagner cette initiative, le ministère des Postes et Télécommunications du Cameroun confirme sa détermination ainsi que celle du Gouvernement camerounais à soutenir les jeunes femmes et les filles à exploiter pleinement les opportunités qui leurs sont offertes par la technologie numérique et les TIC, notamment dans le domaine du développement et de la fourniture des services, de l’éducation et des compétences technologiques essentielles».

    La ministre a invité les lauréates à capitaliser cette expérience et à s’en passionner. Elle leur a notamment recommandé de «rêver et de rêver grand». «Allez au-delà de la simple maîtrise des codes d’un langage de programmation, cherchez à innover» leur a-t-elle conseillé.

    Remy Biniou

  • Ports africains : Rivés à la Zlecaf

    Ports africains : Rivés à la Zlecaf

    L’objectif a constitué l’une des problématiques centrales de la 3ème session du Forum dédié aux plateformes portuaires et tenue du 21 au 22 octobre 2021 à Douala.

    Pendant deux jours, les acteurs portuaires ont mis sur la table les problèmes que rencontrent les ports africains. Ainsi, la 3ème édition du Forum des ports africains était une occasion idoine pour les experts d’échanger sur les tendances et innovations qui impactent le secteur portuaire. Elle constitue également un outil de coopération Sud-Sud et par ricochet, une plateforme d’échange.

    Cette édition 2021 était placée sous le thème «L’Afrique portuaire à l’aune de la zone de libre échange continental Zelcaf». L’échange a eu en outre pour objectif d’approfondir l’intégration économique du continent pour une zone Afrique intégrée, prospère et pacifique. «L’essor du commerce intracontinental aura un double avantage. Celui d’attirer les investisseurs étrangers et de créer les débouchés qui favoriseront l’industrialisation de l’Afrique», souligne Jean Ernest Masséna Ngalle Bibehe, ministre camerounais des Transports.

    Il s’agissait à travers les débats prospectifs d’entrevoir le rôle des Africains dans la mise en œuvre de la concrétisation du libre-échange continental dont l’index économique incertain est notamment troublé par une crise sanitaire. «Au niveau du Port de Douala, la digitalisation est un processus qui est en cours puisqu’aujourd’hui, l’essentiel des opérations portuaires se fait à distance. Nous réduisons de plus en plus le contact entre les personnes et ces agents portuaires. Aujourd’hui nous sommes dans une phase où nous sommes en train de réfléchir avec l’interconnexion des infrastructures, et d’abord, avant d’envisager, d’entreprendre et faire en sorte que les procédures qui doivent se faire entre les citoyens de la ville et le Port soient digitalisés. C’est un processus qui est encore en réflexion et en construction», rassure Cyrus Ngo’o, directeur général du Port autonome de Douala (PAD).

    Aussi, «nous avons construit un complexe et il est prévu dans le cadre de développement de ce complexe la création d’une ville nouvelle. Cette ville, nous en avons achevé l’étude d’aménagement. Les préoccupations exprimées devront trouver des solutions dans le cadre de cette ville», indique pour sa part Patrice Melom, directeur général du Port autonome de Kribi (PAK). C’est dont un challenge que les ports doivent relever et «le Port autonome de Kribi se donne les moyens d’être compétitif en accroissant et en améliorant ses capacités opérationnelles et ses performances», laisse entendre le directeur général du PAK.

    En tout état de cause, l’autorité portuaire est incontestablement l’épine dorsale du nouveau modèle portuaire. Renforcer son rôle et la doter de mécanismes institutionnels et d’une gouvernance adéquate lui permettront de mener à bien ses missions et atteindre ses objectifs.

    Diane Kenfack

    Patrice Melom, directeur général du Pak

    «Le Pak se donne les moyens d’être compétitif»

    Le Pak se donne les moyens d’être compétitif en accroissant et en améliorant ses capacités opérationnelles et ses performances. Parlant de logistique économique et de libre-échange, tout ce que nous faisons pour améliorer l’attractivité de notre zone industrielle est logistique. C’est ce projet qui nous permet d’approvisionner l’ensemble du site en eau et en énergie. Le Pak se donne les moyens d’être présent dans cette zone de libre-échange.

    Kristof Van Den Branden, directeur commercial et marketing du Port autonome de Cotonou

    «Les ports doivent être capables d’accueillir des flux de marchandises régionales»

    La nouvelle zone de Douane est une zone d’énorme potentiel pour le continent. Dans le passé, les ports étaient trop souvent une source de revenus pour un pays. De plus en plus, les ports doivent devenir une source qui fait entrer les marchandises pour les industries dans chaque pays. L’Afrique est un continent énorme, qui a un potentiel énorme. Tous les Ports dans les régions doivent se préparer pour ce flux de marchandises qui par rapport au passé, ne vont plus venir forcément de l’Asie et de l’Europe. Mais il s’agit aussi d’accueillir des flux de marchandises régionales. Les ports doivent dorénavant être capables d’accueillir ces flux de marchandises régionales. C’est dans cette perspective que tout le monde doit se préparer.

    Rémy Torozonbo Boylamba, PCA du Conseil centrafricain des chargeurs

    «Faciliter le transit rapide aux transporteurs centrafricains»

    Nous avons notre bras dans ce forum parce que nous travaillons avec les deux Ports: Douala et Kribi. Nous attendons d’eux de faciliter le transit rapide aux transporteurs centrafricains. Car ces derniers souffrent tout au long du corridor entre Douala-Bangui et Kribi-Bello. Il y a trop de barrière qui empêchent le bon déploiement des transporteurs. Nous devons défendre les intérêts de ces acteurs. C’est dans des forums comme ceux-ci que nous relayons toutes les difficultés des transporteurs centrafricains.

    Propos recueillis par Diane Kenfack

  • Manœuvres pré – électorales : Grabuge et dialogue de sourds à l’OAPI

    Manœuvres pré – électorales : Grabuge et dialogue de sourds à l’OAPI

    L’Organisation africaine de la propriété intellectuelle est secouée par une crise intestine inattendue. Une session de son Conseil d’administration est sollicitée par le directeur général suspendu.

    Le siège de l’OAPI à Yaoundé

    «Il est (…) évident de constater que notre Organisation se trouve désormais en péril». Pour comprendre cette appréhension du ministre camerounais des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt) au sujet de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI), il faut partir d’une décision en date du 14 octobre 2021. Telle que rapportée par Gabriel Dodo Ndoké dans une de ses correspondances, elle porte suspension du directeur général de l’institution panafricaine, Denis L. Bohoussou, par la présidente du Conseil d’administration (PCA). La ministre de l’Industrie et du Commerce du Benin, Alimatou Shadiya Assouman, prend pour cela prétexte d’une «initiative concertée du directeur général adjoint et du contrôleur financier formulée dans une note cosignée par ces deux collaborateurs».

    À en croire pourtant le Minmidt, il s’agit-là d’une décision potentiellement explosive «laissant craindre une implosion généralisée au sein du personnel et pouvant avoir des répercussions sur l’ordre public interne de l’État du siège». Fort de ce constat, Gabriel Dodo Ndoké recommande à la PCA «de convoquer en extrême urgence dans la huitaine, une session extraordinaire du Conseil d’administration au siège à Yaoundé de préférence, ou dans un État membre».

    La recommandation du ministre camerounais s’inscrit du reste dans la poursuite de «la recherche d’une solution privilégiant la paix, tout en étant conforme à nos textes notamment, l’article 6 du règlement intérieur du Conseil d’administration», laisse-t-il entendre.
    Cette proposition est par ailleurs en accord avec celle formulée dans une correspondance en date de ce 18 octobre 2021 par Denis L. Bohoussou. Le directeur général de l’OAPI dit également avoir «demandé, la tenue d’un Conseil d’administration extraordinaire».

    Genèse
    Depuis quelques mois, un conflit ouvert oppose au siège de l’OAPI à Yaoundé, le directeur général à son adjoint, ainsi qu’au contrôleur financier. La pomme de discorde porte selon la décision de suspension sur «des soupçons de mal gouvernance et de malversations financières». L’affaire est en tout cas portée à la connaissance de la présidente du Conseil d’administration. La ministre de l’Industrie et du Commerce du Benin, Alimatou Shadiya Assouman, prend alors deux décisions.

    Le 14 septembre 2021, la PCA saisit le Minmidt au sujet d’un «mandat des collègues, membres du Conseil d’administration, résultat d’une concertation du 2 septembre 2021». Ces derniers confient à Gabriel Dodo Ndoké la mission «d’assurer la médiation (…) aux fins d’obtenir un climat apaisé au sein du personnel hors catégorie de l’Organisation», rappelle le ministre camerounais dans un courrier. Et «alors que j’étais encore dans l’esprit de la poursuite de cette mission de bons offices, nous apprenons que la question est finalement tranchée par vos soins», constate le Minmidt.

    Le 24 septembre 2021 également, une nouvelle incompréhension est venue en rajouter au climat déjà délétère qui prévaut au sein de l’institution panafricaine. Ce jour-là, Alimatou Shadiya Assouman lance un avis de recrutement d’un Cabinet international d’audit. Seulement, certaines «corrections de forme sont nécessaires avant la publication des TDR (termes de référence, Ndlr)». Le directeur général de l’OAPI en réfère sans succès à la PCA. Dans un courrier adressé le 5 octobre dernier à cette dernière, Denis L. Bohoussou tient pourtant à préciser qu’il ne s’agit pas «de se soustraire à un audit, encore moins de refuser d’exécuter une instruction du PCA». Rien n’y fait.

    Motifs
    En fin de compte, le directeur général de l’OAPI est suspendu «pour refus de faire exécuter la décision d’auditer la gestion de l’Organisation en vue de clarifier les soupçons de mal gouvernance et de malversations financières mettant directement en péril les intérêts de l’Organisation». Denis L. Bohoussou est dans la foulée remplacé par son adjoint, Jean-Baptiste Noël Wago. Celui-ci est chargé depuis lors de «liquider les affaires courantes».

    De fait, la session extraordinaire du Conseil d’administration encore à convoquer cristallise toute l’attention. Elle doit permettre «aux administrateurs de se prononcer en toute légitimité», sur cette question. Selon le vœu formé par le Minmidt, Gabriel Dodo Ndoké, dans une correspondance adressée à la PCA de l’OAPI.

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Cameroun-Banque mondiale : le portefeuille actif désormais à 1234 milliards FCFA

    Cameroun-Banque mondiale : le portefeuille actif désormais à 1234 milliards FCFA

    L’augmentation de 23,7% résulte de la signature ce 12 octobre 2021 à Yaoundé, de trois nouveaux accords de crédit d’un montant total d’environ 236,54 milliards FCFA.

    «Je voudrais une fois encore relever l’excellente qualité de la coopération entre le Cameroun et le Groupe de la Banque mondiale». Lorsqu’il tient ces propos ce 12 octobre 2021, le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat) vient de procéder à Yaoundé à la signature de trois accords avec le directeur des opérations de l’institution de Bretton Woods.

    Ces nouveaux accords paraphés par Alamine Ousmane Mey et Abdoulaye Seck sont relatifs à des prêts d’un montant global de 360,6 millions d’euros, soit environ 236,54 milliards FCFA. Ils portent ainsi à environ 1234 milliards FCFA le portefeuille actif du Groupe de la Banque mondiale au Cameroun.

    «Le nombre de projets en cours de mise en œuvre passe dès lors de 15 à 18 et induit un accroissement du volume de notre portefeuille de 23,7%», relève Alamine Ousmane Mey. Le Minepat précise en plus que jusqu’à ce 12 octobre 2021, «l’ensemble des engagements s’élevait à environ 1813,65 millions de dollars américains, soit environ 997 milliards FCFA».

    Des données confirmées par Abdoulaye Seck. Le directeur des opérations de la Banque mondiale s’est en effet réjoui de l’évolution de la coopération entre le Cameroun et son institution. «Nous avons eu l’occasion de lancer la signature de trois accords de financement majeurs de programmes du Cameroun que la Banque mondiale est très contente de pouvoir soutenir», a-t-il alors indiqué.

    Décrets présidentiels
    Les nouveaux engagements entre le Cameroun et la Banque mondiale interviennent au lendemain de la visite de son vice-président pour l’Afrique de l’ouest et centrale, Ousmane Diagana. Ils sont par ailleurs contractés moins d’un mois après l’intervention des décrets du président de la République. Paul Biya a en effet habilité le 16 septembre dernier le Minepat à signer avec l’Association internationale de développement (IDA) des accords de prêts.

    Le premier d’un «montant de 112,400 millions d’euros, soit environ 73,734 milliards FCFA, porte sur le financement du Projet d’appui au développement de l’Enseignement secondaire et des compétences pour la croissance et l’Emploi (PADESCE)». Le deuxième «d’un montant de 179,7 millions d’euros, soit 117,8 milliards FCFA est relatif au financement du Projet d’amélioration et de valorisation des investissements de la Vallée de la Benoué (Viva-Benoué)». Toujours selon les décrets présidentiels, le dernier accord de prêt est d’un «montant de 68,5 millions d’euros, soit environ 44,9 milliards FCFA et est destiné au financement du Projet régional sur l’autonomisation de la femme et le dividende démographique, volet Cameroun (SWEDD 2)».

    Selon d’autres précisions du Minepat, Alamine Ousmane Mey, les engagements du Cameroun auprès de la Banque mondiale sont majoritairement des prêts concessionnels. «Car il s’agit de financement mobilisés à hauteur de 70% auprès du guichet IDA contre seulement 28% auprès du guichet BIRD, le reste (2%) étant constitué de dons».

    Contours
    Sur les contours et les objectifs des différents projets, le directeur des opérations de la Banque mondiale s’est voulu précis. «S’agissant du projet SWEDD 2 sur l’autonomisation des jeunes fille et des femmes au Cameroun, celles-ci représentent la moitié de la population dans ce pays, il est donc important qu’elles contribuent au maximum de leur potentiel qui est incroyable». Ainsi, précise Abdoulaye Seck, «c’est l’occasion de faire en sorte que les jeunes filles restent à l’école, qu’elles aient une formation de qualité et puissent demain avoir des emplois productifs».

    La jeunesse est également au cœur des préoccupations du Cameroun et de l’institution de Bretton Woods. Le PADESCE a précisément vocation à répondre à certaines attentes. «Il concerne leur éducation et leur formation adaptées aux besoins du marché du travail. 10 000 jeunes stagiaires pourront dès lors être soutenus dans l’accès à un Fonds de développement des compétences», a précisé le responsable international.

    Quant au projet Viva-Benoué, «il y a un potentiel de 17 000 hectares dont seulement 1000 sont pour l’instant mis en valeur. Il sera donc possible de soutenir l’exploitation de 14 000 hectares». Abdoulaye Seck pense alors savoir que «la production agricole qui en découlera sera extrêmement importante. Surtout si on ajoute à cela tout ce que ce programme fera en matière d’amélioration de la productivité. Ce qui peut faire augmenter la production d’un facteur de un à peut-être un facteur de 20».

    Au bout du compte, ces trois projets sont aussi la preuve pour le directeur des opérations de la Banque mondiale «que la coopération entre le Cameroun et la Banque mondiale est au beau fixe et qu’elle va continuer ainsi». Puisqu’à l’en croire, «il y a encore beaucoup d’autres projets qui se profilent à l’horizon». Ce que le Minepat, Alamine Ousmane Mey, a également annoncé.

    Le projet d’interconnexion des réseaux électriques du Cameroun et du Tchad (RISRIN) étant en effet dans le pipe. Il est notamment en attente d’un décret d’habilitation du président de la République du Cameroun, Paul Biya.
    Plusieurs membres du gouvernement ont pris part à la cérémonie de signature. Parmi ceux-ci figurent le ministre des Enseignements secondaires, Pauline Nalova Lyonga, le ministre de l’Éducation de base, Laurent Serge Étoundi Ngoa, et le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Gabriel Baïrobe.

    Théodore Ayissi Ayissi

    Afrique centrale/ Main courante 1

  • OAPI : la Commission supérieure de recours pleinement opérationnelle

    OAPI : la Commission supérieure de recours pleinement opérationnelle

    Avec l’installation de ses nouveaux membres ce 1er septembre 2021 au siège de l’institution à Yaoundé, l’innovation, la créativité et les investissements bénéficient de nouveau de la meilleure protection juridique dans les pays membres.


    «Messieurs les membres de la nouvelle équipe de la Commission supérieure de recours (CSR) de l’OAPI, je vous déclare installés dans vos fonctions respectives de membres titulaires et suppléants, et vous renvoie à l’exercice de vos fonctions». Ils sont au total six magistrats originaires de six pays membres de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle à être concernés par cette phrase rituelle. Elle a été prononcée ce 1er septembre 2021 par Fuh Calistus Gentry.

    Le secrétaire d’État auprès du ministre camerounais des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt) présidait au siège de l’institution à Yaoundé la cérémonie de leur installation. Et c’est en présence de Denis L. Bohoussou, directeur général de l’OAPI, et des membres du corps diplomatique et ambassadeurs des pays membres que ces six promus ont officiellement pris fonction. Ils débutent ainsi au sein de la seconde plus haute instance de l’institution après le Conseil d’administration, un «mandat de deux ans renouvelable une seule fois», d’après les indications du membre du gouvernement.

    Composition
    De fait, la Commission supérieure de recours de l’OAPI comprend désormais comme membres titulaires Bertrand Quentin Koudrous, président du Tribunal de grande instance de Batangafo en République Centrafricaine (RCA); Camille Aristide Fade, procureur de la République près le Tribunal de première instance de deuxième classe d’Aphahoué au Bénin; et Noël Kolomou, juge d’instruction au Tribunal de première instance de Pita en Guinée. Quant aux membres suppléants de cet organe de régulation, ils ont pour noms Bah El Bar M’Beirick, président de la Chambre commerciale près la Cour d’appel de Nouakchott en Mauritanie; Ahmat Mahamat Agrey, conseiller du Garde des sceaux, ministre de la Justice au Tchad; et Hasse Diabagate, sous-directeur du Contentieux à l’Agence judicaire du Trésor au ministère de l’Économique et des Finances en Côte d’Ivoire.

    C’est donc à des hommes ayant le profil de l’emploi et rompu à la tâche qu’il revient pour les deux prochaines années «de sanctionner les décisions du directeur général», a résumé Bertrand Quentin Koudrous. Le magistrat a toutefois précisé dans la foulée «qu’il ne s’agit de ce fait pas d’une mince affaire. Mais avec la chaleur fraternelle que nous avons, nous allons commencer dans les prochains jours notre première session et jouer notre rôle jusqu’au bout».

    S’exprimant à son tour sur le rôle de la Commission supérieure de recours, le directeur général de l’OAPI a confirmé cette lecture et indiqué qu’il s’agit d’une «instance de recours que les usagers qui se sentent frustrés, peuvent saisir pour contester ou confirmer une décision du directeur général». Denis L. Bohoussou a par ailleurs laissé entendre que «c’est cette instance qui garantit aux usagers la transparence de ce que fait l’OAPI dans son activité au quotidien».

    Sélection
    Les six nouveaux membres de la CSR ont été désignés sur la base d’un processus transparent «lancé depuis février 2020». Au total, «neuf candidatures ont été reçues à l’OAPI. Toutes ont été jugées recevables et ont fait l’objet d’un tirage au sort. Ce qui a permis de désigner les présents membres de la Commission supérieure de recours», à en croire le secrétaire d’État auprès du Minmidt.

    En tout état de cause, les nouveaux membres viennent remplacer une équipe sortante dont le deuxième mandat s’est achevé en décembre 2020. La cérémonie d’installation a alors offert à Fuh Calistus Gentry l’occasion d’adresser à ces membres sortants des remerciements pour les services rendus à l’Organisation. «Ils ont certes achevé leur mandat, mais ils demeurent une bibliothèque vivante de l’OAPI. J’ose croire qu’ils resteront disposés à apporter leur contribution pour le rayonnement et le développement de notre organisation commune», a également signifié à leur intention le membre du gouvernement camerounais.

    Théodore Ayissi Ayissi

  • OAPI : une cour pour garantir la sécurité des investissements

    OAPI : une cour pour garantir la sécurité des investissements

    Les juges de la Commission supérieure de recours sont installés ce mercredi 1er septembre 2021 à Yaoundé par le ministre camerounais des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique.


    La Commission supérieure de recours (CSR) apparaît comme un maillon essentiel du système OAPI en raison de la garantie qu’elle constitue en termes de sécurité pour les détenteurs de droits de propriété intellectuelle.

    L’installation ce mercredi 1er septembre 2021 des juges qui composent la collégialité de cette cour supranationale est donc un fait digne d’intérêt. Le ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique du Cameroun, Gabriel Dodo Ndoke en présidant la cérémonie d’installation de ces hauts magistrats ressortissants de six pays, témoigne une fois de plus du soutien que le Cameroun apporte à l’Organisation.

    Parlant précisément de la sécurité juridique, il faut relever que celle-ci concerne tout aussi la qualité des décisions prises par la direction générale de l’OAPI pour ce qui concerne l’enregistrement des marques et autres signes ou la délivrance des brevets au profit des tiers. Il peut arriver que ces décisions pour une raison ou une autre mettent indûment en mal les intérêts d’une entreprise, en la privant notamment d’un droit de propriété sur une marque ou un brevet.

    Pour éviter une telle déconvenue aux usagers de son système, il a été institué au sein de l’Organisation, un organe de régulation, la Commission supérieure de recours (CSR). Elle a cette compétence particulière pour connaître des recours formés contre les décisions de rejet de demandes de protection prises par le directeur général en matière d’attribution et de maintien en vigueur des titres; contre les décisions de radiation des mandataires; contre les décisions sur les oppositions, les demandes de restauration des droits afférents aux marques ou aux brevets, etc.

    À l’aune de la mise en place de la zone de libre-échange continentale et des enjeux qu’elle charrie, la CSR peut véritablement s’inscrire comme un adjuvant à la compétitivité des marques des pays OAPI (17) dans ce vaste marché qui s’ouvre à elles.
    En effet, pour son succès commercial, l’entreprise a besoin de sécurité. La sécurité pour une entreprise commence entre autres, par la protection des signes qui la distinguent, elle et ses produits ou services de ceux de la concurrence. Au nombre de ces signes, il y a la marque de produits ou de service.

    La crise de la Covid-19 a donné lieu à un contexte à priori défavorable aux entreprises dans leur capacité à développer leurs actifs de propriété industrielle. Fort heureusement, dans ce contexte, on a plutôt enregistré à l’OAPI, une progression des demandes de titres particulièrement dans le domaine des marques et des dessins ou modèles industriels.

    Cette prouesse n’a été possible que grâce à un cadre juridique et à des outils techniques mis en place pour permettre l’adaptation au télétravail et la facilitation du dépôt virtuel des demandes de titres auprès de l’OAPI. Tout cela a permis aux entreprises de continuer de créer et surtout à protéger leurs actifs de propriété intellectuelle, avec en toile de fond, cet impératif de sécurité juridique gage de la qualité du climat des affaires dans un espace économique donné.

    Source OAPI

  • OEACP, IDA, la mesure de la coopération internationale

    OEACP, IDA, la mesure de la coopération internationale

    Une audience à Libreville et une participation active à une réunion de haut niveau à Abidjan ont permis au Pr Daniel Ona Ondo de rappeler les vertus d’une telle coopération.

    Séance de travail au siège à Malabo

    À l’intérieur de l’espace communautaire ou en dehors de celui-ci, le président de la Commission de la Cemac a brillé par une diplomatie active au cours des 30 derniers jours. Le 12 juillet dernier à Malabo en Guinée Équatoriale, par exemple, le Pr Daniel Ona Ondo a reçu à son Cabinet de travail, le directeur, chef du Bureau du Centre d’information de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP), Patrice Niyongabo. Entre autres retombées de l’audience, le dirigeant communautaire a reçu une invitation de son hôte. C’est pour «prendre part au symposium sur la coopération sud-sud et triangulaire qui se tiendra le 3 septembre 2021», renseigne un communiqué de la Cemac.

    Telle qu’elle a été calibrée, la rencontre du 12 juillet dernier à Malabo a également permis aux deux personnalités de faire le point, d’évoquer et de revisiter «la coopération entre le Centre d’information des ACP et les organisations régionales de l’Afrique centrale que sont la Cemac et la CEEAC». Le large tour d’’horizon auquel cela a donné, a offert au Pr Daniel Ona Ondo d’être aussi informé de l’état des négociations Post-Cotonou. Patrice Niyongabo a alors indiqué à son intention qu’«après deux ans de tractations, un accord politique a été trouvé. Il ne reste plus que la finalisation des derniers détails pour que l’accord soit signé, ce qui interviendra probablement en fin de cette année», a-t-on appris.

    IDA
    Le Pr Daniel Ona Ondo a également eu l’occasion au cours des derniers jours de représenter la Communauté au-delà de nos frontières. Il s’est par exemple rendu en Côte d’Ivoire le mois dernier. Il s’agissait pour le président de Commission de répondre à une invitation du président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara, et de prendre part le 15 juillet dernier à Abidjan à une réunion de haut niveau. Selon les indications fournies à ce sujet par l’institution communautaire, ladite réunion portait «sur la 20e Reconstitution des ressources de l’Association Internationale de Développement (IDA-20)».

    Il est à noter que la reconstitution de l’IDA-20 vise à soutenir une relance forte suite à la crise engendrée par la pandémie de la Covid-19 et à aider le continent africain à poursuivre sa transformation économique. Dans sa conception d’ailleurs, l’IDA est une institution du Groupe de la Banque mondiale et elle constitue d’après le président de la Commission de la Cemac «l’une des plus importantes sources de financement pour lutter contre l’extrême pauvreté dans les pays aux revenus les plus faibles du monde. Elle accorde ainsi des prêts et des subventions à taux zéro ou faible à ces pays». Toutes choses qui sont de nature à intéresser les pays membres de la Cemac.

    Face à ces enjeux majeurs pour la sous-région, le président de l’institution communautaire ne pouvait rester indifférent. En décidant alors de répondre présent à cette réunion de haut niveau, le Pr Daniel Ona Ondo portait certes la voix de son institution. Mais il défendait aussi les intérêts de l’ensemble de la sous-région. Pour ce faire, il a notamment endossé les conclusions et résolutions de la «Déclaration d’Abidjan».

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Projets intégrateurs : Daniel Ona Ondo, le ténor

    Projets intégrateurs : Daniel Ona Ondo, le ténor

    Après avoir été au cœur de la conception et de la stratégie de financement des projets intégrateurs, le président de la Commission de la Cemac joue aujourd’hui un rôle central dans leur mise en œuvre.

    La symphonie institutionnelle sous-régionale autour des projets intégrateurs.

    Les projets intégrateurs de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) charrient beaucoup d’espoirs. Pour les populations comme pour les dirigeants, il est mis en avant l’effet multiplicateur qu’ils auront sur les recettes de la Communauté, mais également sur le développement, le cadre et les conditions de vie au sein de l’espace communautaire. Conscient de cette réalité, le président de la République du Cameroun, président en exercice de la Conférence des chefs d’État de la Cemac, a décerné le 20 juillet dernier des médailles à différents responsables sous-régionaux parmi lesquels ceux de la Commission de la Cemac.

    Par ce geste, Paul Biya saluait le travail de ces personnalités et reconnaissait dans le même temps l’implication des différentes institutions communautaires dans le succès mémorable de la table ronde de Paris. En effet, celle-ci s’est tenue les 16 et 17 novembre dernier dans la capitale française et a regroupé tous les investisseurs intéressés par le financement des 12 projets intégrateurs identifiés par la Commission Cemac et le Pref-Cemac. Cette plateforme a ainsi permis à la délégation dans laquelle se trouvait le président de la Commission de la Cemac, le Pr Daniel Ona Ondo, de mobiliser un montant record de 3,8 milliards d’euros sur les 3,3 milliards d’euros sollicités.

    Mandat
    Ainsi que le relève le Pr Michel-Cyr Djiena Wembou, «c’est au cours du Sommet extraordinaire de la Conférence des chefs d’État de la Cemac, tenu à Yaoundé le 22 novembre 2019, sous la présidence de Son Excellence Monsieur Paul Biya, que les chefs d’État et de gouvernement ont adopté 12 projets intégrateurs qui avaient été sélectionnés par le Copil Pref-Cemac». À la suite de cela, poursuit le secrétaire permanent du Pref-Cemac, les chefs d’État «ont donné mandat au président du Copil Pref-Cemac et au président de la Commission de la Cemac, de mobiliser les financements requis et d’assurer le suivi de leur mise en œuvre effective». Et dans son rôle de ténor, le président de la Commission de la Cemac s’évertue depuis le début de cette opération salvatrice pour la sous-région, à ne pas trahir la confiance placée en lui par les chefs d’État.

    Deux projets déjà sur les rails
    «Sur les douze projets prioritaires présentés à Paris, deux sont déjà en phase de démarrage, soit moins d’une année après la tenue de la table ronde», avait confié au journal Intégration le 5 juillet dernier le secrétaire permanent du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac). Avec des responsables de la Commission de la Cemac, de la Bad, de la Beac et de la BDEAC, le Pr Michel-Cyr Djiena Wembou faisait ainsi le point des avancées et des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre desdits projets. C’était à la faveur de la tenue à Douala du 25 au 28 mai dernier, de la troisième session du Comité technique de suivi de la mobilisation des ressources et de la mise en œuvre des projets intégrateurs de la Cemac.

    Plusieurs institutions parmi lesquelles la Commission de la Cemac ont pu dès lors exprimer leur satisfaction pour les progrès réalisés. Notamment en ce qui concerne, «le projet d’interconnexion des réseaux électriques Cameroun-Tchad et celui de construction de l’Université inter-Etats Congo-Cameroun, projets dont la réunion de lancement s’est tenue le 5 avril dernier par visioconférence», rapporte un communiqué de la Commission de la Cemac en date du 28 mai dernier.

    Horizon 2022
    Que ce soit dans les colonnes d’Intégration le 5 juillet dernier, ou sur la page officielle Facebook de la Commission de la Cemac, des informations font état de ce que plusieurs autres projets intégrateurs sont déjà dans le pipe «et pourront démarrer au premier semestre 2022».

    Dans le détail, il s’agit «du projet de construction d’un pont sur le fleuve Ntem, ainsi que les raccordements routiers; et du projet de construction de la voie expresse Lolabé-Campo, entre le Cameroun et la Guinée Équatoriale». De même, «trois autres projets seront restructurés en PPP (partenariat public-privé), en vue de leur construction-exploitation en mode BOT (Built, Operate and Transfer) au plus tard en 2024. Il s’agit du projet d’aménagement hydroélectrique de Chollet et des lignes électriques associées (Cameroun, Congo, Gabon, RCA); du projet de construction du port sec de Béloko, sur le corridor Douala-Bangui et du projet de construction du port sec de Dolisie au Congo, sur le corridor Gabon-Congo», à en croire le Pr Michel-Cyr Djiena Wembou.

    Théodore Ayissi Ayissi