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Année : 2018
Gestion des finances publiques : Le Cameroun poussé vers un big bang
Pour bénéficier des appuis budgétaires dans le cadre de son programme avec le Fonds monétaire international, le pays doit réaliser un certain nombre de réformes. Celles-ci vont modifier le processus d’élaboration, de contrôle et d’exécution du budget.
Travaux de la 4ème session de la plateforme de dialogue sur les finances publiques. Aboudi Ottou
Monument: Mgr Ndongmo divise la Menoua
‘’Le pétrole en Afrique centrale, entre malédiction et opportunité’’
Bertrand Abegoumegne Le thème de cette année trouve sa pertinence dans la nécessité d’intégrer nos économies dans la perspective du marché unique sous-régional. Le secteur des hydrocarbures représente un enjeu décisif dans ce processus et pourrait à lui tout seul constituer un atout de développement et un instrument d’affirmation politique de notre sous-région
Ce qu’il faut retenir de la troisième édition du « Central Africa Oil and Gas » tenu à Yaoundé les 7 et 9 juin dernier sur le thème : «Défis et opportunités de l’intégration sous-régionale dans le secteur aval pétrolier en Afrique centrale».
Le concept « Central Africa Oil and Gas » est encore mal connu dans la sous–région Afrique centrale. A quoi renvoie–t-il ?
Le Forum «Central Africa Oil and Gas» est une initiative de l’Agence Rhema Services dont j’ai la charge de présider aux destinées. C’est un cabinet de communication qui a choisi de se spécialiser dans le secteur des industries extractives et de l’énergie. Dans cette optique, nous réalisons et diffusons depuis quelques années déjà, et sur une base mensuelle, une revue professionnelle spécialisée «Oil & Gas magazine». Il est mis à disposition gracieusement dans le réseau camerounais et international du secteur pétrolier et des activités connexes.L’autre produit de communication phare que nous mettons à disposition est «le Dîner – Débat Oil & Gas». C’est un espace de réseautage dédié au secteur amont pétrolier et gazier dont la première édition s’est tenue avec succès au mois d’octobre de l’année dernière à Douala. Le Forum «Central Africa Oil & Gas», vous le voyez, n’est pas un produit inconnu ou même peu connu dans le secteur des hydrocarbures, aussi bien au Cameroun qu’à l’international. Il est en réalité une excroissance du «Cameroun Oil & Gas» dont la première édition s’est tenue à Douala en 2015.
L’activité pétrolière étant une activité essentiellement tournée vers l’international, et au regard de l’engagement résolu des chefs d’Etat de la sous-région de donner un coup d’accélérateur au processus d’intégration entre nos Etats dans le zone CEMAC, nous avons pensé qu’il était de bon ton que nous agissions en pionniers pour adresser les préoccupations, explorer les démarches porteuses, penser, formuler et proposer des voies pour une industrie pétrolière réellement intégrée, utile au développement des pays de la sous région et moteur de l’intégration entre les Etats membres de la Cémac.
La plupart des pays de la sous-région sont producteurs de pétrole. Quels enjeux ce concept porte pour eux?
L’économie pétrolière et gazière occupe une place importante dans l’ensemble des pays de la sous-région Afrique centrale, pris individuellement ou dans le cadre de la Communauté qui les rassemble, en l’occurrence la Cémac. Vous remarquerez que depuis le début de cette année, et après la chute des prix du baril de pétrole depuis 2015, le cours du Brent est reparti à la hausse, atteignant les 62,20 dollars US. C’est une bonne nouvelle pour les pays producteurs.C’est dire qu’avec un prix du baril autour de 60 dollars US, largement au-dessus des 40 dollars projetés par la plupart des Etats, la hausse actuelle, si elle devait s’inscrire dans la durée, est une bonne nouvelle pour l’économie de l’ensemble de la sous-région Cémac. Les principales conséquences sur le plan de la politique monétaire se trouvent dans le rééquilibrage des deux agrégats macro-économiques que sont la balance commerciale et balance des paiements.
Sur le plan de la politique économique, et si l’on considère que les exportations en général, et celles de pétrole en particulier, constituent une source essentielle de devises étrangères pour la Cémac, la tendance actuelle devrait induire un rééquilibrage, avec un retour à un stock de devises étrangères suffisant pour couvrir leurs importations. Cette nouvelle est donc un signal positif pour la santé économique et financière de l’ensemble de la zone Cémac.
En matière de programmation économique, et sous réserve que cette tendance soit durable, la hausse actuelle devrait également permettre d’envisager de meilleures projections de croissance pour 2019 voire une correction du taux envisagé pour l’année en cours. Toutefois, il faut rester prudent, cette hausse ne trouvant effectivement son intérêt que dans la durée, c’est-à-dire jusqu’en 2020 dans l’idéal.
«Central Africa Oil & Gas Forum» en est à sa troisième édition. Comment se sont déroulées les deux précédentes éditions ?
La troisième édition du forum Africain de Pétrole et du Gaz qui vient de s’achever à Yaoundé avait pour thème: «Défis et opportunités de l’intégration sous-régionale dans le secteur aval pétrolier en Afrique centrale». Il faut dire qu’il s’agit d’une rencontre qui se veut annuelle, les deux premières éditions s’étant tenues en 2014 et 2016 avec pour thèmes respectifs : « La libéralisation du secteur pétrolier aval quinze ans après : bilan et perspectives » ; et « Les investissements dans le secteur du raffinage, du stockage et de la distribution des produits pétroliers en Afrique centrale : enjeux et défis ».Ces deux premières éditions se sont déroulées avec un égal succès, grâce au soutien institutionnel du gouvernement de la République à travers notamment le parrainage du Ministère de l’Eau et de l’Energie. Il faut également souligner ici que l’accompagnement technique, les conseils avisés de M. Perrial Jean Nyodog – Président en exercice du Groupement des professionnels de pétrole (GPP) du Cameroun ne nous ont jamais fait défaut.
Les participants, aussi bien camerounais qu’étrangers, viennent d’horizons divers : professionnels aguerris, investisseurs, décideurs publics et privés, ressources diverses, enseignants, chercheurs et étudiants, professions connexes, etc. A en juger par les réactions des uns et des autres, nous pouvons dire que ces précédentes rencontres ont connu un franc succès. Mais nous ne saurions partager entièrement ce satisfecit.
Nous restons insatisfaits de la participation des instances publiques à ce forum. Etant donné la masse d’informations qui y est échangée, la profondeur et la pertinence des réflexions qui y sont menées, l’acuité des solutions préconisées en rapport avec diverses préoccupations partagées dans ce secteur, nous pensons que les pouvoirs publics gagneraient énormément à prendre une part plus significative au forum. Ceci est d’autant plus impératif que les questions revêtent dans nos pays un enjeu qui va au-delà de la sphère économique, pour englober les aspects sociaux, environnementaux, stratégiques…
Du côté du secteur privé, je voudrais relever que la participation des marketers reste mitigée, en dehors de quelques inconditionnels qui ont dès le départ perçu la pertinence de notre démarche. La machine est lancée et nous pensons qu’étant donné qu’elle monte inexorablement en puissance, les uns et les autres vont suivre rapidement.
…Etant donné la masse d’informations qui y est échangée, la profondeur et la pertinence des réflexions qui y sont menées, l’acuité des solutions préconisées en rapport avec diverses préoccupations partagées dans ce secteur, nous pensons que les pouvoirs publics gagneraient énormément à prendre une part plus significative au forum…
La troisième édition de votre événement a porté sur les «Défis et opportunités de l’intégration sous–régionale dans le secteur aval pétrolier en Afrique centrale». Pourquoi ce thème ? Quels en ont été les problématiques débattues ?
Il faut dire que sur la vingtaine de communications prévues, une quinzaine ont effectivement été délivrées. Quelques empêchements de dernière minute nous ayant privé de la présence de certains experts qui avaient pourtant confirmé leur présence. C’est le cas notamment de M. Mohaman Laouan Gaya – Secrétaire exécutif de l’Organisation africaine des producteurs de pétrole (OPPA), retenu à Abuja par un conseil des ministres de l’organisation. Ceci dit, le thème de cette année trouve sa pertinence, nous l’avons dit par ailleurs, dans la nécessité d’intégrer nos économies dans la perspective du marché unique sous-régional.Le secteur des hydrocarbures représente un enjeu décisif dans ce processus et pourrait à lui tout seul constituer un atout de développement et un instrument d’affirmation politique de notre sous-région. C’est pourquoi les communications au menu ont porté sur des problématiques aussi diverses et pointues : « L’impact des APE entre le Cameroun et l’UE sur le commerce des hydrocarbures » ; « L’optimisation de la qualité des produits par la qualité des investissements dans les raffineries » ; « L’expertise locale à l’épreuve du secteur pétrolier en Afrique centrale » ; « La formation professionnelle, développement et transfert des compétences dans le secteur pétrolier aval en Afrique centrale » ; « Le contrôle de qualité et spécifications des produits pétroliers des différents pays en zone CEMAC », pour ne citer que quelques uns.
L’un des enjeux de cette troisième édition était de jeter un regard prospectif sur le secteur aval pétrolier, avec l’ambition de façonner son avenir. L’objectif a-t-il été atteint ? Que faut-il en retenir ?
Façonner l’avenir du secteur aval pétrolier africain, tel est en effet l’objectif exprimé par le slogan de cette année. C’est une vision qu’a, volontiers, partagé avec un égal engagement l’ensemble des participants à cette troisième édition du Forum africain de pétrole et de gaz. Nous ne saurions nous auto-glorifier à l’issue des deux jours de travaux intenses. Mais au regard de l’engouement suscité, de l’engagement des participants et surtout de la pertinence des interventions, nous pouvons affirmer que notre objectif a été atteint, du moins dans son volet sensibilisation.Il reste le volet de l’implémentation qui échappe manifestement à notre emprise et est du ressort des politiques. A eux de prendre le relai. Une chose est sûre, chaque fois qu’ils prendront la décision politique d’avancer dans ce sens, l’expertise sera disponible. Le Forum Central Africa Oil & Gas l’a prouvé, les principaux concernés en ont pris l’engagement solennel.
…Nous avons pensé qu’il était de bon ton que nous agissions en pionniers pour adresser les préoccupations, explorer les démarches porteuses, penser, formuler et proposer des voies pour une industrie pétrolière réellement intégrée, utile au développement des pays de la sous région et moteur de l’intégration entre les Etats membres de la Cémac…
Malgré tous les obstacles, des acteurs de ce secteur d’activité vous font confiance. Comment comprendre cela ?
Vous savez, il ya des personnes qui comprennent rapidement le sens des choses. Ces personnes perçoivent rapidement les opportunités. A d’autres, il faut prendre le temps d’expliquer, il faut les persuader. Cela peut prendre du temps. Au regard de la qualité des spécialistes et autres experts qui accompagnent ce forum depuis sa première édition en 2015, nous pensons que nous sommes sur la bonne trajectoire. Chaque chose venant en son temps, nous restons optimistes. Etant entendu que des initiatives comme celle que vous venez de prendre en nous ouvrant vos colonnes contribueront à sensibiliser davantage nos partenaires actuels et potentiels.Quelles sont les recommandations pour que la sous-région soit à la hauteur des défis et opportunités qu’offre le secteur aval pétrolier en Afrique centrale ?
Je voudrai reprendre à mon compte les termes du message de Monsieur le Ministre de l’Eau et de l’Energie au forum, quand il affirme que : « l’intégration, pour avancer, suppose une stratégie de partenariat gagnant-gagnant dans laquelle chaque Etat a la conviction profonde que le bénéfice est bien plus grand dans le cadre d’une intégration que d’une approche individuelle ».Au demeurant, le Forum Central Africa Oil & Gas 2018 a bien montré les gains qu’il y aurait à harmoniser le secteur aval pétrolier sous – régional, et notamment dans les domaines de la spécification des produits et le contrôle qualité, les infrastructures de stockage et de transport, la péréquation et la fixation des prix…
Votre mot de fin.Que le forum Central Africa Oil & Gas, plateforme de réseautage, de rencontre et d’échange serve au développement d’un secteur pétrolier et gazier fort au service d’une économie nationale émergente. Que ces rencontres génèrent des pistes et balisent des voies vers une intégration sous – régionale de notre secteur énergétique. Le salut de nos Etats et de nos économies réside dans l’intégration.
Propos recueillis par
Rémy Biniou
Présidentielle 2018: Grandes manœuvres de Biya pour Biya
A quelques mois de l’échéance et partout dans le pays, des citoyens dépeignent l’actuel président de la République du Cameroun sous les traits d’un sauveur, seul capable de guérir le pays de toutes les écrouelles.
24 mai 2018 à Eséka, dans le département du Nyong-et-Kelle, région du Centre. Daniel Ruben Um Nyobè est face à la presse au domicile du député Robert Bapooh Lipot, à un jet de pierre du poste de péage de Boumnyébel. L’exercice est délicat, l’émotion particulièrement vive. Surtout qu’elle se trame dans un contexte de batailles entre caïds de l’Union des populations du Cameroun (UPC).
Auréolé d’une dimension de porte-parole d’une faction de cette formation politique, le fils du nationaliste assassiné en 1958 lance deux phrases. «Paul Biya est un homme disponible qui a l’expérience, la sagesse nécessaire et une stature incontestée d’homme d’État. Un homme qui a la capacité d’écouter les Camerounais et de les asseoir autour d’une table afin de trouver les solutions du moment et de demain pour le Cameroun», dit d’entrée de jeu le fils du Mpondol.
La suite, débitée par «Mpondol Junior» au cours de ce moment particulier de trois minutes puise dans l’émotionnel: «Paul Biya est le choix de notre mémoire, le choix d’un Cameroun indivisible, uni dans sa diversité et véritablement tourné vers la quête de sa prospérité».
Courte, la déclaration est riche de sens et de symboles. «Elle dessine le portrait de Paul Biya et peint par touches et phrases simples les éléments clés du profil d’un homme qui, aux yeux d’une faction de l’UPC, est le meilleur candidat à l’élection présidentielle 2018 au Cameroun», décrypte le sémiologue André Michel Manga Ambassa.
En clair, «la déclaration de l’UPC» est portée par un triptyque aux allures de talisman électoral au service de Paul Biya. «Le président attentif, le politique de conviction, le bon candidat dans ce présent désormais historique dans le pays», selon le rejeton de Ruben Um Nyobè. Par sa sortie, cette UPC-là signe une étape fondamentale dans la construction et l’effort de légitimation de la candidature de l’actuel locataire du palais de l’Unité au scrutin présidentiel prévu en octobre prochain.
Récemment, des autorités traditionnelles dans les régions du Nord-ouest, du Sud-ouest, de l’Ouest, de tout le septentrion et du Littoral ont officiellement donné leur position par rapport à cette échéance politique. Elles vont voter pour Paul Biya à qui elles demandent de se déclarer candidat à cette élection. Pour l’instant, le destinataire ces appels reste muet.
Vielle recette
On peut s’emparer de cette actualité, moins pour la lire simplement que pour y puiser des éléments capables de comprendre une dynamique. «Celle qui accompagne la candidature de Paul Biya à sa propre succession cette année est la même que celle de 1992», situe Adamou Koupit. Le communicateur de l’Union démocratique du Cameroun (Udc) estime même que l’intuition populaire qui a inauguré le quinquennat de l’actuel chef de l’Etat est la même qui teinte le contexte actuel.
A promener le regard sur le balancier sociopolitique, cette année, l’activité est reprise, avec les mêmes forces mobilisatrices. Dans la presse à capitaux publics notamment, on trouve des noms des personnalités déjà blanchies sous le harnais des responsabilités, ceux des acteurs beaucoup plus jeunes, ceux des représentants de ce qui se pense comme la nouvelle société civile et ceux des politiques chevronnés et épaulés par d’innombrables réseaux. «Ici et là, ils se décrivent ouvertement et avec empressement comme défricheurs et de financeurs de la campagne de Biya», ironise Sylvanus Taboh, un militant du Social democratic Front (Sdf) dans le Mfoundi.
Au comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), le parti de Paul Biya, l’on n’y voit pas seulement des clichés qui flattent l’égo du «candidat naturel». «Il y a, dans ces soutiens venus de l’opposition que de certaines catégories socioprofessionnelles, une aide réelle en termes de consolidation de notre candidat», croit savoir Jacques Fame Ndongo.
Le secrétaire national à la communication de cet appareil politique refuse d’assimiler les appels à candidature en faveur de Paul Biya à un programme insidieusement conçu pour maximiser les chances de rentes et favoriser les mobilités sociales. Il y voit plutôt l’expression d’une société camerounaise «transmutée par une nouvelle appréhension de la politique». Vous avez dit grandes manœuvres !
Jean-René Meva’a Amougou
160 000
C’est le nombre de personnes déplacées internes (PDI) dans le Nord-ouest et le Sud-ouest du Cameroun.
Telle est la ligne de force du rapport du bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) datant de mai 2018. La même institution indique que ces personnes auront besoin d’une assistance humanitaire d’urgence au cours des trois prochains mois. « Tous les départements du Sud-ouest sont affectés, cependant les départements de la Manyu, du Ndian et de la Mémé sont ceux où la crise a eu le plus d’impact sur les populations.
De nombreux villages ont subi d’importants dégâts matériels dans les arrondissements de Mbongue et Konye (département de la Mémé). De même dans les arrondissements de l’Eyumodjok et d’Akwaya (département de la Manyu), de nombreuses familles ont abandonné leurs villages pour trouver refuge dans les forêts ou dans les villages et villes voisins.
Des dizaines de villages des arrondissements de Mbongue et Konye dans le Sud-ouest ont été vidés de leur population. La situation est similaire au Nord-ouest, notamment dans le département de Boyo », y lit-on. Le document précise par ailleurs que plus de 20000 réfugiés camerounais ont également fui au Nigéria depuis le début de la crise.
L’Onu préoccupée par les activités terroristes en Afrique centrale
Conseil de guerre contre le terrorisme sous la férule de l’Unoca. L’Afrique centrale «continue de faire face au fléau du terrorisme et de l’extrémisme violent, en particulier les activités de Boko Haram», observe le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies et chef du Bureau de l’Unoca, François Louncény Fall, lors de la cérémonie officielle du segment ministériel de la 46e réunion du Comité consultatif permanent des Nations unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (Unsac), le 1er juin 2018 à Brazzaville.
Pour y faire face, les ministres et chefs de délégations des Etats membres recommandent à la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) d’accélérer le processus de mise en œuvre de la stratégie régionale de lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes légères et de petit calibre adoptée lors de la 41e réunion de l’Unsac en novembre 2015 à Libreville.
La réunion des experts, tenue du 29 au 31 mai, a longuement débattu de cette question et a pris conscience des enjeux. «Le prochain sommet conjoint de la CEEAC et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) sur les questions de terrorisme et de l’extrémisme violent, prévu en juillet 2018, sera une occasion importante pour renforcer la coopération interrégionale dans ce domaine», souligne le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique centrale, qui se dit toujours préoccupé par l’impact des activités de l’Armée de résistance du seigneur (LRA) sur les populations civiles et le développement de certains pays de la région.
Par ailleurs, le Représentant spécial du patron des Nations unies insiste sur le climat politique et la situation sécuritaire dans quelques pays couverts par l’Unoca. Au Burundi et en République démocratique du Congo (RDC), il invite les uns et les autres à «placer l’intérêt général au-dessus de toute autre considération et à faire le choix d’un dialogue inclusif et de bonne foi pour résoudre leurs différends et tracer une voie pacifique pour leurs nations respectives». Au Congo, il note que «le processus de paix et le retour à la sécurité dans la région du Pool […] est un développement encourageant» dont l’Onu espère «un aboutissement heureux dans les meilleurs délais».
Quant au Cameroun, il regrette la persistance des tensions et des violences dans les régions anglophones du Nord-ouest et Sud-ouest. «Les Nations unies exhortent tous les acteurs à s’abstenir de tout acte susceptible de contribuer à une nouvelle détérioration de la situation, y compris l’incitation à la violence sur les réseaux sociaux», indique M. Fall, rappelant que «le dialogue constitue la meilleure voie pour identifier une solution durable à la crise».
Bobo Ousmanou
Crise anglophone: Yaoundé réduit la marge de manœuvre des diplomates
Au groupe des ambassadeurs africains accrédités au Cameroun, les autorités locales ont, le 30 mai dernier, dévoilé la « bonne » approche vis-à-vis de certains sujets d’actualité.
S.E Beti Marace, doyen du corps diplomatique africain. La maxime est bien connue : «En diplomatie, parfois les mises en garde sont habillées comme des moments de convivialité». On l’a expérimenté le 30 mai 2018 au ministère des Relations extérieures (Minrex) à Yaoundé. Où ce jour-là, Adoum Gargoum, ministre délégué auprès du ministre des Relations extérieures, chargé de la coopération avec le monde islamique, préside une rencontre avec le groupe des ambassadeurs africains accrédités au Cameroun.
Le prétexte de la clôture des activités relatives à la 55e Journée de l’Afrique permet aux deux parties de faire, à huis clos, le point sur trois sujets d’actualité. A l’ordre du jour : la politique du gouvernement camerounais en matière de lutte contre la corruption, la situation sécuritaire dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest et l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations en 2019.
Selon nos informations, le rapport de ladite réunion est produit, mais n’est pas toujours rendu public. Une source ayant pris part aux discussions explique que «dans ce type de huis clos, les autorités imposent deux choses : une terminologie et le profil des participants». Sous anonymat, la même source souffle qu’au départ, l’ordre du jour évoqué plus haut ne contenait qu’un seul point décliné en «marge diplomatique de la gestion de la situation sécuritaire dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest».
Ce libellé résonnait, insiste-t-on, en écho «aux dérives langagières» de Peter Henry Barlerin, ambassadeur des États-Unis au Cameroun, sur le sujet. Suffisant pour expliquer la présence à cette rencontre de Galax Yves Landry Etoga, le secrétaire d’Etat à la Défense chargé de la gendarmerie nationale.
Com’ verticale
Suffisant également pour comprendre la verticalité de la communication de la partie camerounaise. «Cette occasion était un mélange de libéralisme teinté d’un brin de dirigisme sur fond de foi absolue dans le credo de l’option gouvernementale», théorise notre source. Et comme stratégie d’évitement, le groupe des ambassadeurs africains accrédités au Cameroun a eu l’intelligence de s’éjecter subrepticement sans grande déclaration.
On le ressent d’ailleurs dans la posture de leur doyen, Martial Beti Marce. Au terme de la réunion, l’ambassadeur de la République centrafricaine (RCA) a clairement dit que, s’agissant de la situation sécuritaire dans le Nord-ouest et le Sud-ouest du Cameroun, «il est important de tenir compte exclusivement des communications officielles qui donnent des éléments objectifs ainsi que la position du gouvernement que les ambassadeurs relaient par la suite à leurs gouvernements».
Jean René Meva’a Amougou
S.E. Jean Pierre Biyiti Bi Essam
A la faveur d’un décret présidentiel signé le 31 mai 2018, ce natif de Mvoula (région du Sud) a été désigné ambassadeur du Cameroun en Israël.
Depuis le 22 novembre 2017, la fonction de chef de mission diplomatique dans cette ambassade avait été vacante, après le rappel d’Ernest Claude Nfonguen Ewonkem, chargé d’affaires, pour son admission à la retraite. Certains voient dans cette promotion une «résurrection» de l’ancien ministre (Communication, puis Postes et Télécommunications) éjecté du gouvernement depuis 2015.
D’autres, analysant la posture de l’intéressé juste après le décret, indiquent que cette nomination lui permet de subvertir l’idée même du «dégagisme» pour la retourner à son profit et l’incarner. Une sorte de pronunciamento communicant qui renverse la table, eu égard aux démêlés réels ou supposés avec l’Opération Epervier.
Reboisement: L’urgence d’un changement de paradigme dans le septentrion
Selon les experts réunis à Yaoundé le 06 juin 2018, l’échec des anciens programmes de plantation d’arbres dans la zone sahélienne du Cameroun appelle une autre vision calquée sur les besoins des populations locales.
Sahel vert, Pafra (Projet d’appui à la foresterie rurale et l’agroforesterie), PNR (Programme national de reboisement), Projet de promotion des plantations forestières communales, communautaires et privées au Cameroun (3PF2CP)… Des programmes et des époques lointaines. Ils portent en eux l’espoir de redonner à l’Extrême-nord, au Nord et à l’Adamaoua leur verdure. Malheureusement, du fait des circonstances de leur création ainsi que des incohérences au niveau managérial et de la vision, ces programmes sont tous des échecs, engloutissant inutilement des fonds.
Ces expériences calamiteuses montrent également, à la faveur de l’éclatement en 2005 de l’ancien Minef en Minfof et Minepded, toute la difficulté pour le gouvernement à coordonner l’ensemble des actions menées en faveur du reboisement, dans le cadre de la mise en œuvre du Programme sectoriel forêt environnement (PSFE). A cela, viennent se greffer des insuffisances opérationnelles et techniques ou la faible appropriation des enjeux et acquis du reboisement par certaines populations.
«Résolument, tout doit être repensé», suggère Jules Doret Ndongo, le ministre des Forêts et de la Faune à l’ouverture de l’atelier national de présentation du manuel sur les itinéraires de reboisement en zone de savanes sèches au Cameroun. Pour lui emboîter le pas, les experts invités par la coopération allemande au Cameroun proposent la «sylviculture de seconde génération».
Selon Josephine Makueti du Programme d’Appui à la mise en œuvre de la stratégie de développement du secteur rural-volets forêt et environnement de la GIZ (ProPFE), «ce concept peut être perçu comme support de cette mutation. Il jette les bases d’une nouvelle approche en matière de renouvellement des ressources forestières, et apporte un éclairage par rapport au paradigme de la vision qui se veut une approche filière structurante, basée sur une chaine de valeurs, dans laquelle l’ensemble des opérations et bénéfices doit être considéré».
Pour y parvenir, propose Michaela Braun, directrice du ProPFE), la démarche utilisée essaie de s’articuler autour d’idées novatrices, susceptibles de traduire soit une rupture, soit une mutation ou une évolution d’une vision de reboisement à une autre. Une nouvelle vision à partir de laquelle se bâtit un concept et qui explique tout son intérêt pour la science. Une nouvelle vision qui n’est pas propre au seul domaine de la foresterie.
Une vision expérimentée (et parfois) avec succès dans de nombreux domaines tels que l’art, l’agriculture, la technologie, la musique, la psychologie, l’informatique, le génie-civil. Dans ce cadre, chaque acteur détient un rôle à jouer dans la mise en œuvre de la stratégie d’adaptation. Cette partie souligne le rôle de chaque partie prenante l’état central et les services déconcentrés, les collectivités territoriales décentralisées, le secteur privé, la société civile, les chefs traditionnels et religieux ainsi que les médias, les centres nationaux de recherche et les institutions académiques, les individus et les familles, les partenaires techniques et financiers internationaux.
Jean-René Meva’a Amougou
Crise anglophone : Dynamique mondiale des jeunes (DMJ) écrit à Paul Biya
Monsieur le Président, il faut redonner confiance aux anglophones
Dupleix Kuenzob Secrétaire Exécutif DMJ Excellence Monsieur le Président de la République du Cameroun,
Nous avons formulé, au cours des mois passés et par voie de correspondances, des propositions adressées aussi bien à votre haute autorité qu’à la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme (CNPBM), afin d’apporter notre modeste contribution à la résolution de la crise socio politique qui secoue notre cher et beau pays le Cameroun, qui pourtant se trouve en situation cruciale de veille électorale si l’on s’en tient aux échéances que vous avez bien voulu rappeler et réitérer dans vos derniers discours à la nation. Sans présager de l’issue réservée à ces précédentes suggestions, nous nous empressons de vous faire connaitre toute nouvelle idée qui nous semble pertinente et utile pour éviter au Cameroun tout enlisement.
La situation dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest préoccupe désormais au premier chef tou(te)s les camerounais(es) que nous sommes, fiers de notre unité dans la diversité, mais aujourd’hui en mal avec la perception suspicieuse de la cohabitation entre les pratiquants des deux langues officielles. En effet, depuis presque deux ans, un ensemble de revendications ont été soulevées dans ces Régions, rendant notre fierté spécieuse. Celles-ci ont dégénéré en érection d’exo groupes armés perpétrant enlèvements et tueries, véhiculant la peur.
Du moment où cette situation qui s’ajoute à celle des Régions septentrionales dure et prend des proportions de plus en plus inquiétantes malgré les réponses gouvernementales et les efforts consentis par les forces armées déployées sur le terrain, il devient urgent pour Dynamique mondiale des jeunes (DMJ), organisation de la société civile camerounaise jalouse des valeurs citoyennes et de paix, d’attirer votre attention sur la nécessité d’impulser une action forte de non-violence et de cesser le feu, pour guérir le malaise social et recréer dans ces régions comme dans les autres parties du territoire national, la confiance en l’Etat, aux institutions de la République et aux personnes qui les incarnent, avant que les échéances électorales de masse ne soient convoquées.
Aussi, sur la base de nos observations et analyses, faisons-nous des propositions dont la prise en compte contribuera à mieux ancrer la cohabitation et le vivre ensemble ainsi que de meilleurs rapports entre populations et gouvernants dans cette partie du pays et ailleurs.
- Pourquoi les démarches jusqu’ici entreprises sembleraient-elles infructueuses ?
Le problème dit anglophone est presque aussi vieux que notre indépendance. Des réclamations ont toujours eu cours, de manière tacite ou clairement exprimée. Si durant toutes ces décennies beaucoup de gens ont estimé ne pas être satisfaits de l’écoute accordée à leurs préoccupations et aspirations, l’on peut logiquement parvenir à l’idée que :
- les problèmes formulés n’ont jamais été considérés comme tels (négation des problèmes) ;
- les parties impliquées dans la résolution n’y abordaient pas en profondeur les esquisses de solutions envisagées.
Ces hypothèses peuvent expliquer qu’il y ait eu tant d’émissaires, tant d’initiatives de dialogue, mais que les revendications soient demeurées continues, avec la même fermeté.
Proposition 1 : Il est reconnu au Cameroun que tous les responsables, à quelque titre que ce soit, doivent leur position à la seule personne du chef de l’Etat. Qu’ils soient élus ou nommés. Raison pour laquelle tous les remerciements s’adressent au chef de l’Etat en personne, que ce soit après des nominations ou pour l’appréciation des améliorations apportées dans la gouvernance ou le développement d’une localité, traduisant la conviction profonde que le chef de l’Etat est au centre de toutes les bonnes œuvres, et par conséquent serait la seule autorité dont les décisions sont définitives.
Cette conception de la gestion du pays fait comprendre que la présence du chef de l’Etat en personne comme interlocuteur dans la recherche des solutions convaincrait définitivement de la bonne foi du gouvernement à vouloir résoudre le problème dit « anglophone ». D’où, au lieu de lancer seulement des appels à sa candidature à la prochaine élection présidentielle, il est aussi pertinent selon nous de vous appeler à une rencontre directe avec les principales forces vives différenciées de ces régions. Ce que nous avons qualifié de dialogue structuré dans nos précédentes propositions.
- Comment sortir les populations des Régions dites anglophones de leur situation ?
A l’état actuel des choses, les destructions de biens, les flux des déplacés et même des exilés (réfugiés) est de nature frustrante du fait des misères que les populations endurent. L’insécurité dans nombre de localités a atteint le niveau de l’horreur. Des enlèvements et des menaces de la part de ceux qui se réclament de « l’Ambazonie », territoire virtuel qui ne figure sur aucune carte géographique du Cameroun, troublent profondément les esprits dès lors que les réseaux sociaux attribuent indifféremment de tels actes aussi bien aux forces de défense qu’à des agresseurs, des ravisseurs et bandes armées non identifiables.
Ces conditions sont de nature à semer définitivement le doute au sein des populations quant à l’assurance de leur sécurité et leur protection, surtout qu’elles ont observé que lors de l’élection des Sénateurs, des Conseillers Municipaux ont été déportés par vol militaire de leurs circonscriptions pour aller voter dans des lieux à la sécurité garantie.
Si les grandes villes de ces régions baignent dans un calme relatif, les populations de l’arrière-pays (l’hinterland) ploient sous le coup des menaces diffuses et centrifuges.
Proposition 2 : Si on s’imagine que les populations doivent aspirer à mieux vivre, et que d’autres élections auront lieu sous peu au cours de cette année 2018, il est nécessaire pour le chef de l’Etat de prendre des mesures fortes et urgentes pour que les fils de la Nation Cameroun sortent des forêts, déposent les armes et que l’armée retourne dans les casernes. La déclaration d’un cesser le feu formellement prononcée par le Président de la République est par conséquent souhaitée.
- Comment mettre à contribution l’éducation dans la résolution de la crise ?
En dehors des faits historiques qui ont consacré l’unification et la réunification, le Cameroun vit un système ambivalent de gouvernance. Ce n’est que récemment qu’un code de procédure pénale harmonise les règles de procédures sur l’ensemble du territoire, même si les pratiques judiciaires nous paraissent différentes. Des efforts sur le plan éducatif sont palpables, si on considère que dès la maternelle tout enfant peut côtoyer à la fois le français et l’anglais. Seulement, les systèmes éducatifs et académiques sont foncièrement différents, ce qui sur le plan des méthodes de travail dans l’administration induit certaines procédures différentes, que ne maîtrisent pas forcément ceux qui ne sont pas du sous-système appliqué dans la localité concernée.
La non maîtrise par beaucoup de francophones travaillant dans les zones anglophones, de la langue, des concepts spécifiques au sous-système anglophone et des procédures propres au Common Law en application dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, ont régulièrement fait croire que l’administration planifie de rendre dominant le sous-système francophone.
Proposition 3 : En complément des réponses antérieurement apportées au problème anglophone, le Président de la République devrait mettre en place avant la prochaine rentrée scolaire et académique, un dispositif ou mécanisme qui montre que le Cameroun est en train de penser à un système éducatif unique hybride, intégrant entièrement les deux sous-systèmes.
- Quelle politique de développement adopter à court terme ?
Il est de notoriété publique que la bonne route accélère le développement. Les limites infrastructurelles font penser à une volonté d’enclavement de certaines localités parmi lesquelles les Régions anglophones. La Nationale reliant l’Ouest au Nord-ouest est impraticable à partir de plusieurs kilomètres avant Santa, première localité pour entrer dans le Nord-ouest. Aussi, une connexion routière directe entre le Nord-ouest et le Sud-ouest fait-elle cruellement défaut.
En outre, le processus en cours de la décentralisation n’a pas encore donné une autonomie suffisante aux Collectivités territoriales décentralisées pour qu’elles soient effectivement garantes du développement local. Avec l’absence des conseils régionaux, le système central demeure très prégnant. Dans cette logique, quels que soient les efforts de développement pour ces deux régions, ces deux situations font soupçonner non pas des choix difficiles conditionnés par les ressources disponibles pour le développement, mais la manifestation d’une volonté politique expresse de marginalisation.
Proposition 4 : Accélérer la mise en place des conseils régionaux en cette année 2018 avant toute autre élection, lancer officiellement des opérations civilo-militaires dans les villages détruits afin que les voies et infrastructures de communication soient établies et que l’éclairage public urbain et rural soit effectif, enfin, faciliter la communication par route entre les Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest et entre ces deux régions et celles environnantes.
Excellence Monsieur le Président de la République, la situation des populations du Nord-ouest et du Sud-ouest vous suggère de prouver qu’elles ne sont pas marginalisées ni dans le quotidien des peuples ni dans les sphères de gouvernance. Du moment où sur tant d’années le mal persiste et s’est même traduit en revendications très fortes et maintenues, sans que les autorités que vous avez commises à y trouver des solutions n’aient pu véritablement convaincre les mécontents, il vous revient de répondre aux désirs des peuples, d’agir en personne en bon père de famille, en décidant des actions pratiques et opérationnelles qui répondent directement à leurs préoccupations.
C’est à ce prix, croyons-nous, que la confiance peut être restaurée au sein de ces populations et entre ces endo-groupes et les institutions de la République. Il est par ailleurs évident que le coût global de mise en veille (alerte) de notre armée pour assurer la sécurité des populations dans les deux régions anglophones sera à jamais supérieur aux moyens qui auraient été engagés pour répondre aux aspirations de leurs populations.
Dynamique mondiale des jeunes, en tant qu’organisation qui prépare les jeunes à la compréhension et au portage des responsabilités publiques dans l’optique de la gouvernance et de la décentralisation, reste toujours disposée à apporter sa modeste contribution pour la construction nationale. Son action vise à mobiliser les jeunes pour la pleine réalisation de leur potentiel au plan local, la promotion de l’intégrité et le développement du sentiment national axé sur les valeurs citoyennes et le droit.
Veuillez croire, Excellence Monsieur le Président de la République du Cameroun, l’assurance de notre participation constante dans la recherche commune des solutions aux problèmes qui minent notre pays.
Dupleix Kuenzob
Secrétaire Exécutif DMJ
Tél.: (+237) 677 68 55 12
664 79 32 32
Affaire MIDA: 12 milliards de CFA volatilisés
L’intégralité du propos liminaire de la conférence de presse donnée le 11 Juin 2018 à Yaoundé par le porte-parole du Gouvernement Camerounais.
Issa-Tchiroma, ministre de la Communication Mesdames, Messieurs les Journalistes,
Je vous souhaite une chaleureuse bienvenue à cette rencontre à laquelle je vous ai conviés, pour faire le point sur l’évolution de l’affaire dite de la « MIDA » entendu comme « Mission d’Intégration et de Développement pour l’Afrique ». Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, je voudrais saluer la présence à mes côtés de Monsieur le Gouverneur de la Région du Centre et de Monsieur le Secrétaire Général de la Délégation Générale à la Sûreté Nationale.
Monsieur le Gouverneur, Monsieur le Secrétaire Général, soyez donc les bienvenues ici au Ministère de la Communication.
Permettez-moi à présent de retracer la genèse de l’affaire dite de la « MIDA ».
D’abord, s’agissant de l’organisation dénommée MIDA, elle est présentée par ses promoteurs sous plusieurs appellations usurpées, entre autres, la Commanderie d’Afrique de l’Ordre Militaire et Hospitalier de Saint Jean, Missions d’Intégration et de Développement pour l’Afrique – Ordre Apostolique de Saint Jean.
Sous le prétexte d’une formation en secourisme et à l’éducation civique et citoyenne, les promoteurs avaient en réalité mis en place un mécanisme de collecte de fonds à hauteur de 12 500 francs CFA, avec la promesse de lui rétrocéder en un temps très réduit de moins d’un mois, une somme alléchante de 65 000 francs CFA.
Pour acquérir le statut d’adhérent, chaque postulant devait préalablement s’acquitter d’un paiement de frais divers de l’ordre de 40 000 francs CFA. Ce subterfuge a permis aux promoteurs de l’organisation « MIDA », de rassembler pour leurs propres comptes, d’importantes ressources financières qui ont été estimées à plusieurs milliards de francs CFA.
Mais au fil du temps, le montage opéré par cette organisation s’est avérée être une entreprise d’escroquerie à grande échelle dans laquelle de nombreux adhérents ayant souscrit des sommes dont les montants ne cessaient d’augmenter au fur et à mesure du cycle de réinvestissement et d’enrôlement de nouveaux souscripteurs, se sont en fin de compte retrouvés sans aucun paiement en retour de leurs mises respectives.
C’est alors que le Gouvernement, compte tenu de l’ampleur que prenait cette situation, a, dans son devoir régalien de protection des populations, entrepris de mener des investigations à travers une enquête administrative prescrite par le Chef de l’État.
À l’issue de ces investigations menées conjointement par la DGSN, la DGRE et le SED, neuf suspects ont été interpellés, puis présentés ce jour au Parquet du Tribunal de Grande Instance du Mfoundi. Il s’agit des nommés :
- FOE AMOUGOU Albert Cédric, Administrateur Général de la MIDA ;
- ESSA’ALA NTSAMA Patrick alias PEN, Coordonnateur de la MIDA ;
- NTSAMA AMOUGOU Marie Blanche qui s’est présentée sous l’étiquette d’une religieuse à l’initiative d’une fondation basée à Mbalmayo ;
- FOE Louis Marie, se présentant lui aussi comme un ministre du culte ;
- NZOKE Félicia Esmeralda Nicaise, agent de communication de la MIDA ;
- APONTEU GANMO Christelle, secrétaire et trésorière de la MIDA ;
- ZOE NDO Samuel, garde du corps du coordonnateur de la MIDA ;
- BAYIHA II Eric Arsène, garde du corps de la Trésorière de la MIDA ;
- MBA LAH Henri, vigile de la MIDA.
- Cinq autres suspects sont toujours recherchés. Il s’agit des nommés :
- AYENG ZILI Varène ;
- NGUILENG NTSOLI AYANGMA ;
- FOE NKOU Philomène Estelle ;
- FOE AWA Anicet ;
- Un certain prénommé Modeste, qui n’a pas encore été identifié. Trois milliards 850 millions 442 mille 275 francs CFA ont été saisis, ce qui fixe le déficit par rapport à la somme collectée à 14 milliards 956 millions 982 mille 725 francs. L’action du Gouvernement dans ce dossier, je le rappelle aussi, s’est inscrite en droite ligne de son devoir régalien de protection des citoyens et de leurs biens.
- Je vous remercie de votre aimable attention.
- L’enquête administrative étant achevée, le Gouvernement qui, je le rappelle, n’est ni de près ni de loin responsable de cette situation, a saisi la Justice afin qu’elle établisse les responsabilités des uns et des autres et qu’elle définisse les modalités de rétablissement des personnes concernées dans leurs droits respectifs.
- Au total, au titre de la 7ème et de la 8ème vague de souscription, il a été recensé une somme de 18 milliards 807 millions 425 mille francs CFA collectée et correspondant à 17 301 souscripteurs pour 1 million 504 mille 594 parts souscrites.
Christian Yoka
On peut d’ores et déjà le dire, il est l’ex-directeur de l’Agence française de développement (AFD) pour le Cameroun.
En attendant août prochain, mois au cours duquel Benoît Lebeurre, son successeur à ce poste, entrera en fonction. Lors de son séjour dans le pays, Christian Yoka a construit une image de l’AFD conciliant rentabilité et impact sociétal… Les actions réalisées pendant son magistère avoisinent aujourd’hui 1 milliard 700 millions d’euros, soit plus de 1000 milliards de francs CFA, faisant du Cameroun l’un des principaux pays bénéficiaires des interventions de l’AFD à travers le monde. D’où certainement sa promotion à un poste plus élevé, à la faveur de la récente réorganisation du réseau de l’AFD. L’intéressé préfère ne pas en parler pour le moment.
Performance: La CNPS à pleins pots
Pour l’exercice 2017, l’entreprise a réalisé un bénéfice de 54,3 milliards de francs CFA. Dans la foulée, le chef de l’Etat vient de décréter la réorganisation de la Caisse nationale de prévoyance sociale, à coup sûr dans l’objectif de la pérennisation des acquis.
Jean-René Meva’a Amougou
‘’Le pétrole en Afrique centrale, entre malédiction et opportunité’’
Ce qu’il faut retenir de la troisième édition du « Central Africa Oil and Gas » tenu à Yaoundé les 7 et 9 juin dernier sur le thème : «Défis et opportunités de l’intégration sous-régionale dans le secteur aval pétrolier en Afrique centrale».
Propos recueillis par Rémy Biniou
Réformes fiscales: Le match Modeste Mopa / Célestin Tawamba
Le directeur général des impôts est pressé par le FMI d’augmenter la pression fiscale chaque année de 1%. Mais ses mesures sont critiquées par le patronat qui l’accuse d’accroître la charge fiscale d’une seule catégorie de contribuables.
Modeste Mopa Propos recueillis par Rémy Biniou
Présidentielle 2018 au Cameroun: le temps des batailles géostratégiques
Etats-Unis, France, Chine, Russie… chaque puissance va de sa stratégie pour s’assurer que le prochain président camerounais préservera ses intérêts dans ce pays pivot du golfe de Guinée.
Comme avant les élections présidentielles de 2011, Paul Biya s’est encore rendu en Chine cette année. Il y a un aspect de la déclaration polémique de l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun qui bénéficie, jusqu’ici, de peu d’attention. Il s’agit pourtant de la première «question d’intérêt commun» dont Peter Henry Barlerin dit avoir discuté avec Paul Biya lors de cette fameuse audience au palais de l’Unité de 90 minutes le 17 mai 2018. «Premièrement, le président a convenu avec moi de l’importance d’accueillir les entreprises américaines au Cameroun et de les traiter équitablement», lit-on en début du communiqué publié par le diplomate américain au lendemain de cette rencontre.
«Zone d’intérêt vital»
A Kalak FM, une radio urbaine de Yaoundé, où Peter Henry Barlerin est invité le même jour, l’ancien directeur du bureau des affaires économiques et régionales couvrant l’Afrique subsaharienne se montre même plus directif: «J’ai dit à monsieur le président que nous nous attendons à ce que les sociétés américaines soient traitées d’un pied d’égalité avec les sociétés camerounaises et des autres pays tiers tels la Chine, la France…» Déduction logique : les Etats-Unis d’Amérique estiment que les entreprises des pays cités bénéficient d’un traitement de faveur de la part de Yaoundé.
Ce d’autant que, assure l’ambassadeur, «les entreprises américaines ont beaucoup mieux à offrir en termes de formation et de développement de la main-d’œuvre, de technologie et de respect des droits de l’homme et de l’environnement». A l’en croire, la criminalisation des pratiques de corruption des entreprises américaines à l’étranger est aussi un atout. Car elle garantirait que le coût de l’investissement ne soit renchéri par la corruption.
Dans le sérail, on s’appuie sur ce plaidoyer pour rappeler cette évidence: «Les Etats-Unis ne sont nullement mus par l’intérêt du peuple camerounais mais par les leurs». Ici, on soutient que si Washington ne souhaite plus que Paul Biya soit au pouvoir après octobre 2018, comme suggéré par Peter Henry Barlerin, c’est parce que l’actuel locataire d’Etoudi ne garantirait plus ses intérêts. Pour mieux comprendre les enjeux, il faut savoir que le Cameroun est considéré comme le pays pivot du golfe de Guinée.
Cette zone aux contours flous a été déclarée depuis plusieurs années déjà «zone d’intérêt vital» par les autorités américaines. Pourtant, «les Etats-Unis se sont rendus comptent que la France et l’Otan qui assuraient son influence dans la région n’ont plus les moyens de le faire. D’où sa démarche actuelle» analysent certains géostratèges proches du ministère camerounais de la Défense. On peut d’ailleurs voir dans le message de félicitations de Macron à Paul Biya, message envoyé à l’occasion de la célébration de la 46ème édition de la fête nationale du Cameroun, une certaine forme de résignation.
Désir d’éternité
Cette perte d’influence s’est faite notamment au profit de la Chine. Tout bascule au milieu des années 2000. Paul Biya décide de rester au pouvoir au-delà de 2011, contrairement à ce que prévoit la constitution de l’époque. Le président camerounais réoriente sa stratégie diplomatique et donne plus d’allant à la coopération sud-sud qui «met en avant les principes de non-ingérence et de neutralité et développe un discours dépourvu d’injonctions, de menaces et de sanctions», explique l’internationaliste Christian Pout (voir interview page 11). Selon le président du Think Tank Ceides, cette option se manifeste notamment par la récurrence des visites de Paul Biya dans les pays émergents: Brésil (août 2010), Turquie (mars 2013) et Chine (septembre 2003, novembre 2006, juillet 2011 et mars 2018).
L’Empire du Milieu est depuis devenu le premier bailleur de fonds du Cameroun avec un volume de créances en fin 2017 de plus de 1 375,9 milliards francs CFA, soit 67,7% de la dette bilatérale et 34,4% de la dette extérieure. Selon le décompte fait au 31 juillet 2016 par la Caisse autonome d’amortissent, le gestionnaire de la dette du pays, la dette due à la Chine représentait plus du double de celle due à la France (478,2 milliards de francs CFA), le deuxième bailleur bilatéral, et dépassait de plus de 120 milliards la dette due aux bailleurs multilatéraux (BAD : 170 millions; BADEA : 21, 665 milliards ; BDEAC: 5,57 milliards ; BID : 75,202 milliards ; FAD : 274,072 milliards; FIDA :33,42 milliards ; FMI : 52,235 milliards ; FS OPEP : 23,185 milliards ; IDA : 518, 025 milliards ; UE : 39, 56 milliards).
L’ogre russe
Nombre de grands projets d’infrastructures en cours ou récemment réalisés dans le pays, dans les secteurs aussi variés que l’énergie (construction des barrages), les transports (construction des ports et des autoroutes) et les télécommunications (pose de la fibre optique) sont conduits par les entreprises chinoises. Ces dix dernières années, Pékin a injecté plus de 3000 milliards de francs CFA au Cameroun.
La Chine, c’est aussi le premier fournisseur du Cameroun (avec 18%) et deuxième acheteur (avec 14.7%), derrière l’Espagne (16,7%) et devant les Pays-Bas (10,4%). «Et la visite de Paul Biya à la veille de l’élection présidentielle de 2018 a montré que si Paul Biya est réélu, cela ne risque pas de changer», commente un observateur averti.
La rage des Américains est d’autant plus grande que la Russie monte en puissance dans la région. Moscou et Yaoundé ont désormais une coopération militaire décomplexée. Les entreprises russes commencent même à gagner des marchés juteux. Gazprom Marketing & Trading Singapore Pte Ltd s’est, par exemple, adjugé en 2015 et pour une période de huit ans, toute la production de gaz liquéfié du Cameroun.
Cette production qui a débuté en avril dernier devrait atteindre 1,2 million de tonnes par an. «Au regard des enjeux, les Etats-Unis sont prêts allés jusqu’au bout», craint-on au ministère camerounais des Relations extérieures. En cas d’alternance en 2018, le nouveau président ne devrait pas perdre cela de vue.
Aboudi Ottou
Christian Pout: «La coopération Chine-Cameroun met en avant les principes de non-ingérence»
L’internationaliste, maître de conférences associé à l’Institut théologique de la compagnie de Jésus d’Abidjan et à l’Institut Catholique de Paris, est à la tête du Think Tank baptisé Centre africain d’études internationales, diplomatiques, économiques et stratégiques (Ceides). Il analyse les ressorts de la coopération entre Yaoundé et Pékin.
Christian Pout A la fin de chacun de ses deux derniers mandats, Paul Biya s’est rendu en visite officielle en Chine. Est-ce une simple coïncidence ?
Aucun indicateur sérieux ne nous permet de dire qu’il ne s’agit pas d’une simple coïncidence. Vous savez, l’organisation d’une visite d’Etat dépend largement de nombreux paramètres officiels et non officiels intrinsèques à chacune des parties en présence. Ce qu’il faut retenir, à mon avis, c’est que les visites officielles du président Paul Biya en Chine témoignent du caractère très étroit de la relation entre les deux pays. En effet, la Chine et le Cameroun se considèrent comme «des pays frères et amis».Sur le plan du timing, de manière symbolique, la visite du président Biya en Chine, du 22 au 24 mars 2018, est intervenue non seulement au début du nouvel an Chinois (l’année du Chien), mais également quelques jours après les sessions paritaires de l’Assemblée populaire nationale (APN) et de la Conférence consultative politique du peuple Chinois (CCPPC) qui ont signé la reconduction du président Xi Jinping à la tête de la République populaire de Chine pour un second mandat. Cette visite intervient également dans le cadre de la préparation du 3e Forum sur la coopération Chine-Afrique (FOCAC) prévu à Pékin en septembre 2018.
La coopération entre le Cameroun et la Chine a commencé à connaitre une densification particulière après la modification de la constitution de 2008 qui a permis à Paul Biya de se maintenir au pouvoir. Pourrait-il avoir un lien entre les deux évènements ?
Le Cameroun et la Chine entretiennent une relation que l’on pourrait qualifier de «privilégiée» depuis bientôt cinquante ans. Cette relation s’est particulièrement densifiée ces dernières années à la faveur de l’importance grandissante accordée à l’Afrique (et donc au Cameroun) dans l’agenda diplomatique chinois, mais aussi de la volonté plus assumée du Cameroun de s’ouvrir à de nouvelles formes de partenariat.Contrairement aux partenaires occidentaux, la Chine a la réputation de fermer les yeux sur les questions de gouvernances politiques. N’est-ce pas pourquoi le président camerounais s’est retourné vers l’Empire du Milieu à ce moment précis?
De manière constante, le cadre de la coopération Sud/Sud qui est celui dans lequel s’inscrit la coopération Chine-Cameroun, met en avant les principes de non-ingérence et de neutralité et développe un discours dépourvu d’injonctions, de menaces et de sanctions. Si cette forme de coopération séduit de plus en plus les décideurs camerounais – comme en témoigne la récurrence des visites du président Paul Biya dans les pays émergents : Brésil (août 2010), Turquie (mars 2013) et Chine (septembre 2003, novembre 2006, juillet 2011 et mars 2018) – c’est parce qu’elle accorde une place de choix au respect de la souveraineté des Etats. Le renforcement de la coopération bilatérale entre le Cameroun et la Chine remonte au début des années 2000. L’intérêt du Cameroun pour la Chine peut se comprendre. C’est un partenariat qui porte des fruits dans de nombreux domaines mais qui n’est pas exempt de tout reproche, loin de là.Selon les chiffres de la direction générale de la coopération et de l’intégration régionale au ministère camerounais de l’Economie, la Chine a injecté plus de 3000 milliards de francs CFA au Cameroun ces dix dernières années. Au-delà, des intérêts que génèrent ces prêts, quelle est la contrepartie d’un tel investissement ?
La Chine cherche à susciter et entretenir chez la partie camerounaise une attitude favorable à poursuite des intérêts chinois sur le long terme. Lesquels intérêts renvoient bien évidemment aux enjeux énergétiques de la Chine. Car, en Afrique et donc au Cameroun, Pékin voudrait mettre en place des coalitions pour garantir ses approvisionnements en matières premières. La quête des débouchés pour les entreprises chinoises se greffe à cet enjeu énergétique.C’est dans cette perspective que le président camerounais, mais aussi les présidents namibien et zimbabwéen qui ont, eux aussi, effectué des visites en Chine (mars et avril 2018) ont été invités par leur homologue chinois à rejoindre la Belt and Road Initiative qui vise, entre autres, à promouvoir la coopération entre les pays et à renforcer la position de la Chine sur le plan mondial, par exemple en préservant la connexion de la Chine avec le reste du monde.
A votre avis qui est le grand bénéficiaire de cette coopération?
Précisons d’entrée de jeu que la coopération entre la Chine et le Cameroun est régie par le principe du «partenariat gagnant-gagnant». Ceci se traduit dans la pratique par la mise en œuvre de prestations qui maximisent les «gains absolus», c’est-à-dire, les gains qui vont profiter aux deux joueurs. Toutefois il faut souligner que «partenariat gagnant-gagnant» ne signifie pas toujours «partenariat fifty-fifty». C’est actuellement le cas dans le volet économique des relations d’échanges entre la Chine et le Cameroun, où la Chine est le plus grand bénéficiaire, non pas à cause d’une prétendue volonté hégémonique de sa part, mais parce que la nature des produits échangés par le Cameroun favorise cet état de choses.Les exportations camerounaises en direction de la Chine sont constituées de matières premières et produits non ou peu transformés (bois et ses dérivés, coton, comestibles minéraux, ressources minérales, aluminium, caoutchouc, fontes, fer, acier). Tandis que les exportations de la Chine vers le Cameroun sont des produits manufacturiers. Or, le prix des produits transformés est généralement plus élevé (deux, trois, dix et même vingt fois) que celui de la matière première. En négligeant cette donnée, le Cameroun fait le choix de se spécialiser dans la production de biens à faible valeur ajoutée. Il revient aux dirigeants camerounais de (re)définir les contours de cette coopération en toute responsabilité et en rapport avec la trajectoire de notre pays vers son émergence d’ici 2035.
Interview réalisée par Aboudi Ottou
Ndangueng dans la Mefou-et-Afamba: Quand la Sanaga se creuse dans le Nyong
Une variété de sable, très prisée dans le secteur du bâtiment et travaux publics, fait le bonheur des jeunes entrepreneurs de cette bourgade de Mfou.
Du sable Sanaga au bord du Nyong à Ndangueng. C’est désormais leur nouvelle vie: chaque jour, des «creuseurs» quittent les maisons et descendent dans les carrières. Des enfants et des adolescents, pieds nus, pataugent dans l’eau noire, des bêches et des outils miniers d’amateurs à la main, sur leur lieu de travail informel, situé en contrebas de vastes portiques de forêt entourant le fleuve Nyong à Ndangueng (département de la Mefou-et-Afamba).
La fièvre saisit tout le monde. «C’est hallucinant! Les jeunes abandonnent l’agriculture pour creuser frénétiquement le sol avec de simples pelles», s’exclame Paul Zang Foé, patriarche du groupement Mvog-Amoug II. Ici, on fait avec les moyens de bord, en utilisant la méthode artisanale. Les creuseurs plongent avec des paniers dans la lagune et ramènent du sable qu’ils remplissent dans les barques. Le contenu des barques est ensuite entassé au rivage, pour être vendu aux camionneurs venus de Yaoundé.
Transporté par camions depuis les rives du fleuve Nyong, le sable arrive dans la capitale du pays située à une soixantaine de kilomètres. Ce produit miracle s’appelle «Sanaga», très apprécié par les entrepreneurs exerçant dans le bâtiment et les travaux publics.
«Manne fluviale»
Oubliés, dès lors, les champs cèdent la place au sable. Pour les jeunes creuseurs de Ndangueng, le boom de l’immobilier dans la capitale et ses environs a constitué une «divine surprise». Une solution inespérée à la misère récente d’une région pourtant fertile. Il y a quelques années, le village avait en effet la réputation d’être le grenier du département de Mefou-et-Afamba, fournissant tubercules et légumes jusqu’à Douala, la capitale économique du pays.
Mais, l’état calamiteux des routes a coupé Ndangueng de Yaoundé. Privés de débouchés, les jeunes voient leurs revenus fondre rapidement. La situation était donc catastrophique, lorsque survint le «miracle» du sable «Sanaga». D’ailleurs, on raconte que les cours s’emballent. «Le camion dix roues est passé de 80 à 120 mille francs Cfa dans les différents espaces de livraison de Yaoundé», raconte joyeusement Mimboé, un jeune natif du coin.
«En réalité, c’est un sable qui a de la valeur», explique Ndi Anyou. La trentaine alerte, accroché au téléphone portable qui le relie à des camionneurs en ville, c’est un jeune prospère qui affiche aussi des ambitions sociales. «J’ai acheté une moto et un salon. Je compte d’ailleurs faire plus… me marier par exemple», explique-t-il. Et même si à côté, il minore subtilement la palette des risques, le tout revient à «on n’a pas de choix»
Bobo Ousmanou
Coupe du monde 2018: Yaoundé parie…
Dans la capitale camerounaise, les sociétés de jeux d’argent sur les matches du mondial russe voient d’un bon œil l’arrivée de la compétition.
Maison de paris à Mvog Mbi. Yaoundé s’éloigne du cliché de la capitale de l’un des pays «grands absents» de la coupe du monde de football, dont le kick off est prévu le 14 juin prochain à Moscou. A mesure que la date approche, la capitale camerounaise s’invente un nouvel art de vivre toutes les émotions de la plus grande compétition sportive du monde. Les lieux de paris sur les matches de la coupe du monde l’ont bien compris. «Ils fleurissent et du coup, surfent sur cette tendance pour être à la hauteur de l’événement», souffle Joe, proprio de casino à Mvog-Mbi (Yaoundé IV).
Sur le terrain, des innovations sont proposées. A Mokolo, dans le deuxième arrondissement de Yaoundé, une maison de paris exalte «le méga» comme nouvelle formule de mise. Le principe, selon Martine, attachée commerciale: «plusieurs parieurs se retrouvent et se mettent ensemble pour se donner la possibilité de rafler un gain énorme, pour une mise de départ toujours aussi faible sur l’un des matches des équipes africaines engagées dans le tournoi».
Ailleurs, à Essos (Yaoundé V), une société de paris a récemment relooké son jeu à gratter «Cash», qui offre une chance sur quatre de gagner jusqu’à un demi-million de francs CFA. Sur le front du marketing, le ticket, en grand format sur font rose, renvoie l’image d’un billet de banque pour mieux séduire les joueurs.
Mais avant tout, il faut garder en tête que le principal dans un événement planétaire, c’est de voir les gens heureux. Chargé de la programmation dans une structure de jeux à Mvog-Mbi, Matthieu voit en cette compétition l’opportunité de rassembler les foules. «Les attentes seront surtout festives: on souhaite voir des embrassades, des scènes de joie. Que les gens boivent de la bière ou du champagne, c’est un détail. Avant tout, il faut de la convivialité»De plus, «aux yeux de nombreux joueurs modestes, les jeux d’argent s’apparentent un peu à la Bourse», analyse Jean-Pierre Bisseck. Le psychologue – enseignant à l’Université catholique d’Afrique centrale de Yaoundé écume cette industrie depuis longtemps. Pour lui, il y a certes le foot et la fibre africaine. «Mais, ajoute-t-il, le facteur crise et les campagnes de communication expliquent tout». En tentant de nuancer, il conclut que depuis peu, l’imminence d’un grand moment de football induit une certaine effervescence dans le pays. «Yaoundé et ses lieux de paris sportifs ne sont que l’expression de cette donnée», théorise Jean-Pierre Bisseck.
En cette veille de coupe du monde de football 2018, les parieurs sont plus dépensiers. «Rien que pour les matches du premier tour que livreront les équipes africaines, nous avons 80% de notre chiffre d’affaires», explique un casinotier à Nkomkana (Yaoundé II). Bien plus, il confesse avoir changé les habitudes de jeu en facilitant et en accentuant la part de divertissement. «Ce divertissement, dit-il, consiste à proposer sur écran géant, par exemple les meilleures actions de Samuel Eto’o ou Didier Drogba… J’espère qu’ils iront loin, ce serait bon pour le business. On a prévu des fanions, des sifflets, des coloriages pour les matches des Africains… Des trucs un peu sympas pour vibrer avec nos équipes africaines».
Jean-René Meva’a Amougou
Elecam: Péril sur l’organisation matérielle des prochains scrutins
Comprendre les tenants et les aboutissants du limogeage de Babale Abdoulaye
On dira «Babalegate» si on s’inscrit dans l’univers de référence culturel américain. Il a suffi que les faits soient choquants, la défense inexistante et l’image de l’institution passablement écornée, pour que Paul Biya se décide de frapper du point sur la table. De bonnes sources, ce ne serait plus qu’une question de temps.
L’enjeu est évident: il s’agit pour le président de la République de ne pas hypothéquer la tenue, dans les délais, des différents scrutins restant en cette année électorale: municipales, législatives et présidentielle. «C’est, indiquent nos sources, le seul acte souverain capable de clore la polémique et éteindre l’incendie au sein de la classe politique».
Glissement de confiance évident
Et si les faits sont à peu près clairs pour tout le monde et que l’indice de tolérance vis-à-vis de Abdoulaye Babale s’est affaissé aujourd’hui, c’est que la présidence de la République a longtemps opté pour le principe de précaution. A en croire certaines informations, les frasques managériales de l’ancien ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat (dont l’épouse est par ailleurs chargée de mission au secrétariat général de la présidence de la République) ont été portées à la connaissance de Ferdinand Ngoh Ngoh en début de cette année.
L’on apprend par exemple que les modalités d’achat (sur ordre de Abdoulaye Babale) du matériel électoral pour environ 03 milliards de francs CFA en Chine sont floues. Au cours d’une réunion à la présidence de la République, autour de Ferdinand Ngoh Ngoh, avec pour participants René Emmanuel Sadi (alors ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation) et Enow Abrahams Egbe, le directeur général de Elecam annonce que l’acquisition du futur matériel électoral a été faite «sur fonds privés».
Au sortir de cette réunion avec le secrétaire général de la présidence de la République, il avait été demandé à Abdoulaye Babale de régulariser les cotisations des employés de Elecam à la CNPS (Caisse nationale de prévoyance sociale) et de liquider les primes de ces derniers pour le compte des sénatoriales du 25 mars 2018. Autre sommation: l’urgence de la sécurisation du fichier électoral.
Nos sources soulignent que l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique aurait refusé de s’exécuter, minorant même les instructions présidentielles. On se souvient que dans un courrier adressé le 18 mai au chef de l’Etat, un collectif d’employés d’Elecam avait accusé M. Babale d’avoir détourné 2,76 milliards de francs CFA de l’organe électoral.
Ras-le-bol
Selon une note interne obtenue par Intégration, le conseil électoral de Elecam a désavoué son directeur pour «gestion opaque et calamiteuse des ressources humaines, matérielles et financières de la structure et «d’absences répétées». «Le Conseil électoral a pris une résolution constatant la faute lourde de M. Abdoulaye Babale, directeur général des élections», indique la note datée du même jour. Selon ladite note interne, le Conseil électoral pointe «une situation très peu satisfaisante d’Elecam au regard du climat délétère marqué par la démotivation généralisée des personnels à la veille des échéances électorales imminentes».
Jean-René Meva’a Amougou
Diplomatie: les non-dits des attentions de Yaoundé à Abuja
Au regard de la carte «crisogène» actuelle du Cameroun, le président Biya est convaincu que la sécurité du pays dépend en grande partie de la qualité de la coopération militaire avec le Nigeria.
C’est devenu presqu’une coutume. Depuis quelques années, le Cameroun invite l’armée d’un «pays amis» à prendre part à la parade militaire organisée à l’occasion de sa fête nationale. Mais il y a eu quelque chose d’inhabituelle cette année. Les autorités camerounaises ont pris des mesures pour donner davantage de visibilité à la participation de l’armée nigériane aux festivités de la 46ème édition de la fête de l’Unité.
Le 15 mai, le ministère camerounais de la Défense (Mindef) organise un voyage de presse à destination d’Abuja. Un avion, le MA 60 de l’armée camerounaise, est affrété en aller-retour pour une vingtaine de professionnels de médias entre les capitales des deux pays. Selon le colonel Didier Badjeck, chef de la division de la communication au Mindef, l’objectif de cette initiative est de permettre aux journalistes de «toucher du doigt l’excellence de la coopération militaire entre le Cameroun et le Nigeria».
Les portes de la Lungi Barracks, caserne militaire où se préparent les 180 éléments de la Guard Brigade appelés à défiler dimanche au boulevard du 20 mai sont ouvertes à la presse. Afin de montrer l’enthousiasme des soldats de cette unité d’élite de l’armée nigériane, en charge de la protection du président de la République fédérale, des résidences présidentielles et de hautes personnalités étrangères. Ladite unité s’occupe par ailleurs de l’animation des grandes cérémonies officielles au Nigeria). «C’est un honneur et un signe de grande estime pour mes hommes et moi de venir prendre part à la fête nationale du Cameroun, ce pays, bon et grand voisin du Nigeria» confirme devant les caméras, le lieutenant-colonel Mukhtar Sani Daroda, commandant du contingent constitué pour répondre à l’invitation de Yaoundé.
Enjeux
En fait, depuis quelques années déjà, les dirigeants camerounais ne ménagent aucun effort pour afficher une parfaite entente avec le Nigeria. Au mois de mai 2016, Paul Biya, qui goûte peu aux voyages sur le continent, effectue, en l’espace d’une dizaine de jours, deux visites officielles à Abuja. D’abord les 3 et 4 pour une visite d’Etat, et puis le 14 pour participer au deuxième sommet régional sur la sécurité au Nigeria et dans les pays voisins. «Ça ne s’est jamais passé dans les annales des visites officielles dans le monde», commente le Haut-commissaire du Cameroun à Abuja. Selon Salaheddine Abbas Ibrahima, rencontré dans son bureau au Lobito Crescent Wuse II, c’est d’ailleurs à l’investissement personnel des deux chefs d’Etat que l’on doit le raffermissement des relations entre les deux parties observé depuis la visite de Muhammadu Buhari au Cameroun en fin juillet 2015.
La raison de cet engagement, indique-t-on au Mindef, est le fait que «seule une politique de sécurité collective sincère donnera des résultats probants contre les menaces pluri-formes qui sont devenues les marqueurs géostratégiques dominants de la région». Cette réalité «impose une coopération plus resserrée entre le Cameroun et le Nigeria», précise-t-on ici. En effet, les deux pays partagent plus de 1800 kilomètres de frontières maritime et terrestre. Les populations frontalières privilégient les liens tribaux au détriment du découpage géographique hérité de la colonisation. En plus, la zone est riche en ressources naturelles et suscite des convoitises. Tout ceci complexifie la sécurisation de la région. Les principaux points «crisogènes» du Cameroun sont d’ailleurs situés le long de sa frontière avec le Nigeria. Il s’agit notamment de la frontière maritime où la menace des pirates impose toujours une certaine vigilance, de la frontière terrestre à l’Extrême-Nord ou sévit encore Boko Haram, et des régions du Nord-Ouest et le Sud-Ouest où se développent des groupes armées d’inspiration séparatiste.
Crise anglophone
«La riposte globale». Le concept, cher au président camerounais, a commencé en fait à se rendre nécessaire dans la lutte contre la piraterie maritime, inspirant le sommet de Yaoundé sur la sureté et la sécurité dans le golfe de Guinée en 2013, avant de devenir indispensable dans la lutte contre le terrorisme dans le bassin du lac Tchad. Les autorités camerounaises en deviennent convaincues entre juin 2014 et janvier 2015, lorsque Boko Haram, fort des positions conquises dans le nord-est du Nigeria, lance «des opérations de grande envergure» contre la région de l’Extrême-nord du pays.
«Nous étions limités parce qu’on ne pouvait poursuivre l’ennemie au-delà de nos frontières et on avait très peu d’informations sur ce que faisait l’armée nigériane de l’autre côté de la frontière», confient plusieurs officiers camerounais lors d’un reportage sur la ligne de front, en fin septembre 2015. «Avant que la Force multilatérale mixte (FMM) ne se mette en place, les deux armées étaient sur le terrain, mais je peux vous dire qu’il y avait que des contacts informels entre les officiers formés au Cameroun et vice-versa, qui, du fait de leurs relations personnelles acquises lors de la formation, pouvaient collaborer sur le terrain», confirme le colonel Roger Kuitcheu, l’attaché de défense auprès du Haut-commissariat du Cameroun à Abuja.
Forces multinationales
L’entrée en scène de la FMM courant 2015 a justement tout changé. «La Force multinationale mixte comporte un secteur qui est géré par l’armée camerounaise et les échanges entre le secteur camerounais et les autres secteurs et surtout le secteur nigérian se passent très bien. On se soutient sur tous les aspects : échanges de renseignements, soutiens logistiques…» explique le colonel Kuitcheu. Pour cet officier supérieur, fort d’une expérience acquise sur plusieurs théâtres d’opération (Bakassi, Darfour, RCA, Boko Haram), les résultats sur le front de la lutte contre Boko Haram sont le fait de cette «bonne coopération entre les deux armées».
Même s’ils abstiennent de le dire publiquement, les dirigeants camerounais, hantés par le soupçon que nombre de combattants qui peuplent les milices dans le Nord-ouest et le Sud-ouest du pays viennent de l’autre côté de la frontière, rêvent d’une collaboration similaire sur le front ouest. Depuis que la crise anglophone a viré à une «quasi guerre civile», les autorités nigérianes ont promis qu’elles ne permettraient pas que «le territoire Nigeria serve de base arrière pour déstabiliser le Cameroun». Joignant la parole à l’acte, Abuja facilite l’arrestation et l’extradition, au mois de janvier 2018, de plusieurs leaders sécessionnistes dont Sisiku Julius Ayuk Tabe, président autoproclamé de la «République fédérale d’Ambazonie». Yaoundé, qui veut visiblement plus, doit travailler à améliorer la coopération sécuritaire bilatérale avec son grand voisin. En dehors du cadre multinational (Force multinationale mixte), le droit de poursuite reste par exemple à obtenir.
Aboudi Ottou envoyé spécial à Abuja
Salaheddine Abbas Ibrahima
«Il y a encore beaucoup à faire»
En plus des questions sécuritaires, la démarcation de la frontière entre les deux pays et le développement des échanges commerciaux sont autant de défis à relever. Le Haut-commissaire du Cameroun au Nigeria fait le point sur ces dossiers.
Ces derniers mois, on a beaucoup vanté l’excellente coopération militaire entre le Cameroun et le Nigeria. Qu’en est-il de l’application des dispositions de l’accord de Green tree?
Pour l’accord de Green tree, il n’y a aucun problème. La meilleure illustration est que sur les 2000 kilomètres que nous avons à démarquer, il ne reste qu’une soixantaine de kilomètres à parcourir. N’eussent-été les réserves émises par le personnel des Nations unies quant aux questions de sécurité aux frontières, ce travail aurait déjà été terminé. Le Représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, Dr Ibn Chambas, a rencontré les deux parties et nous sommes désormais en passe de terminer l’opération. Ce n’est plus qu’une question de temps.Pour renforcer la coopération entre le Cameroun et le Nigeria, nombre de projets communs étaient envisagés où en êtes-vous?
En effet, il y a beaucoup de projets communs, à l’exemple des postes communs de douanes et de contrôle de la répression de la contrebande. Nous avons une série de «mesures de confiance» que nous sommes en train de mettre en œuvre. Il s’agit de la construction de la route Enugu-Bamenda, qui va réduire à quatre ou à cinq heures le voyage entre ces villes nigériane et camerounaise. En 2008, quand je suis arrivé, il fallait entre 24 et 30 heures pour faire le même trajet. Le projet doit être inauguré incessamment. Il y a aussi le projet de construction du pont sur le Mayo-Tiel, entre Demsa au Cameroun et Belel au Nigeria, avec une série de travaux connexes sur l’axe Djabi-Lamba-Garoua. Nous avons déjà paraphé le mémorandum d’entente, et nous sommes en train de nous atteler à la recherche de financements. Nous avons également entamé les études pour le projet de pont sur Elbeid entre Gamboru (Nigeria) et Fotokol (Cameroun).Quelle est la structure actuelle des échanges commerciaux entre les deux pays ?
Sur le plan des relations économiques, il y a trois ou quatre ans, le Nigeria a été classé comme notre premier partenaire d’importation. Malheureusement, compte tenu de l’insécurité le long de la frontière, les mouvements des personnes et des biens ont été freinés. Mais le Nigeria reste quand même parmi les cinq premiers partenaires directs du Cameroun en matière d’importations. Pour ce qui est des exportations, il y a encore beaucoup à faire. Le marché nigérian reste à conquérir.On a parlé à un moment de l’organisation d’un forum d’affaires Nigeria-Cameroun à Abuja. Est-ce toujours à l’ordre du jour ?
Si. Nos derniers échanges ont porté sur l’organisation pratique du forum. Mais là, nous entrons dans une période électorale au Nigeria et au Cameroun. Ces deux évènements concomitants ont un peu freiné les choses. Qu’à cela ne tienne, le projet est toujours à l’ordre du jour.Propos recueillis à Abuja par AO