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Année : 2018
Ambiance : Camtel, après la minute du décret
Le texte, signé le 14 décembre 2018 par Paul Biya, a débarqué David Nkoto Emane du poste de directeur général de cette entreprise d’État. En interne, le procès a d’ores et déjà commencé.
Siège de Camtel à Yaoundé Des histoires de fin de carrière difficile, il en existe des dizaines, voire des centaines. Celle de David Nkoto Emane, le désormais ancien directeur général de la Cameroon Telecommunications (Camtel), est bien plus singulière. Depuis 2016 en effet, il est dans le viseur de la justice, avec en bonus, une interdiction de sortie du territoire camerounais, sur instruction de Paul Biya. Après la lecture du décret le limogeant, un certain clan à la Camtel a eu le regard baissé, face à une imminente descente aux enfers. Quels que soient leur parcours, leur profil ou leur situation, pour eux tous, un même cauchemar commence. En effet, il y a bientôt deux ans, le Contrôle supérieur de l’État (Consupe) et la commission anticorruption avaient enquêté et acheminé des dossiers sulfureux (irrégularités dans la gestion des fonds, perceptions de primes non justifiées, fraudes aux frais de missions…) à la présidence de la République.
Dans les causeries, on s’abstient d’insister sur le «cap» qu’il faudrait garder et le programme à mettre en œuvre, tant le limogeage du «boss» dit à lui seul la gravité de la situation. Dans la cour, l’on précise que David Nkoto Emane avait, lui-même, alerté sur la dangereuse issue des enquêtes du Consupe. Il appelait, dit-on, à lutter contre la spéculation financière et à créer des mécanismes de recomposition de la Camtel. «Le 10 décembre, raconte un cadre, au cours d’une réunion, on lui a dit notre exaspération de voir tout tomber de haut». Pendant une heure et demie, apprend-on encore, Nkoto Emane a écouté, sans dire un mot, le long catalogue des fautes dénoncées par quelques délégués du personnel.
Défense ?
À côté, d’aucuns se souviennent du temps de la splendeur de l’ex-DG et s’interrogent. «Comment la haine a-t-elle pu déborder des fenêtres de l’entreprise, quand on sait que Camtel a signé un accord avec les opérateurs MTN, Viettel et Orange ? Cet accord portait sur l’utilisation de la fibre noire, et devait générer un revenu de 15 milliards de francs CFA par an pendant dix ans», relève un cadre de l’agence commerciale et marketing de l’entreprise. S’attardant sur le parcours de David Nkoto Emane, d’autres disent que l’infortuné «est la boîte noire de la Camtel». Ceux-là allèguent que l’ancien patron paye le prix de la crise anglophone. «Sitôt qu’il est remplacé par Judith Yasonde épouse Achidi, on comprend», appuie un homme.Jean-René Meva’a Amougou
Nominations à la tête des structures publiques
• Mission de développement du Nord-Ouest (Mideno)
DG : Matoya Cletus Anye• École Nationale d’Administration et de Magistrature (Enam)
DG : Soumbou Angoula Bertrand Pierre
DGA : Harouna (Mle 689 032-R)• Société Cameroon Telecommunications (Camtel)
PCA: Mohamadou Saoudi
DG : Judith Yasonday, épouse Achidi
DGA : Olle Daniel Désiré• Société Camerounaise des Dépôts Pétroliers (SCDP)
DGA : Moampea Mbio née Manzoua VéroniqueLe droit en Afrique : rapports de force et champs d’opportunités
«Le droit est le souverain du monde», disait Mirabeau. Régissant, codifiant, normalisant l’ensemble des interactions entre les individus, le droit apparaît de plus en plus comme un champ à dominer.
conomiquement, ses subtilités permettent de structurer, protéger et maîtriser un marché concurrentiel. Utilisé comme un vecteur d’influence à des fins économiques, le droit fait l’objet d’un rapport de force entre deux visions qui s’opposent ou se complémentent, le droit de tradition civiliste francophone et la «Common Law» anglo-saxonne.
Le développement de l’Afrique a pour originalité de mettre en exergue les velléités propres à un marché, ainsi que les différents moyens de le maîtriser. Le droit en fait partie.
Prise de conscience et homogénéisation des modèles de gouvernance
L’attrait des investisseurs pour le Continent a toujours été important. Néanmoins, celui-ci a, pendant longtemps, été freiné par leurs réticences, induites par les problèmes de stabilité politique et économique de certains pays, ralentissant ainsi le développement inclusif de l’Afrique. Le continent africain est depuis quelques années en complète mutation. Celle-ci s’amorce à plusieurs niveaux : politique et sociétal, mais de manière plus importante sur le plan économique. Une prise de conscience s’est effectuée au fil des années, concernant la place de l’Afrique et ses possibilités en matière de gestion des ressources, de développement économique et de modernisation. Les carences en infrastructures stratégiques se sont fait ressentir et ont ainsi accentué la nécessité de modifier les modèles de gouvernance à long terme.L’une des réflexions importantes de cette prise de conscience fut la nécessité de se prémunir d’un socle juridique stable et homogène. Elle s’est formalisée par la création de la zone OHADA. En optant pour une harmonisation des pratiques, ses dix-sept membres ont augmenté leurs champs des possibilités, créant de fait une zone d’échange de 9,1 millions de km², offrant une stabilité juridique propice aux investissements.
Ainsi, les projets d’infrastructures, notamment dans les énergies renouvelables, se sont multipliés, résultants de la convergence entre ambition de développement et intérêts des investisseurs. Dans le cas présent, la régionalisation semble être une solution appropriée, afin d’entamer des mutations favorables au développement du Continent.Le droit, outil d’influence et de maîtrise du marché
Le droit se révèle comme un composant de premier plan dans le mécanisme de concrétisation d’investissements locaux et étrangers. Le marché se structure autour de règles et de normes édictées par le droit appliqué. Ainsi, avoir la possibilité de structurer les règles juridiques, ou a minima les influencer, fait du droit un outil de maîtrise de la concurrence, octroyant par conséquent un avantage compétitif à certaines entreprises. Cette structuration passe par nombre d’éléments, tels que la gestion de la propriété intellectuelle par la réglementation des brevets ou la gestion des normes, qu’elles soient financières, réglementaires ou bien techniques.Placés en amont du marché, ces dispositifs juridiques peuvent être utilisés comme leviers afin de concurrencer d’autres entreprises, s’emparer de parts de marché ou bien le maîtriser dans son ensemble. Ce phénomène permet, par ailleurs, d’obtenir un éclairage sur l’implication des cabinets internationaux en Afrique et d’obtenir une nouvelle grille de lecture sur leur rôle et leur importance dans ce processus.
Bien que leurs actions sur le Continent soient disséquées avec attention — comme ce fut le cas lors de la participation du barreau de Paris à la création d’un organe équivalent au sein de l’OHADA — ils agissent comme de véritables influenceurs. En augmentant la convergence entre standards internationaux et droit local, ils agissent ainsi sur les possibilités de structuration, modification et orientation des systèmes juridiques.
Karim Bounoi, consultant en intelligence économique
et analyste en circuits financiers
Source Tribune AfriqueCorruption, restriction des libertés et du droit de vote… Dynamique Citoyenne met le doigt dans le brasier camerounais
L’organisation non gouvernementale propose une palette d’idées capables, selon elle, d’éradiquer ces fléaux.
Pour une conférence de presse donnée en son siège, sis au quartier Anguissa (Yaoundé IV), Dynamique Citoyenne (DC) choisit, ce 9 décembre 2018, de parler sur fond d’anniversaire. «C’est en effet le 9 décembre 2005 que nous naissions avec pour ambition de traiter de certaines questions sous l’angle des attentes des Camerounais de bon sens», introduit d’emblée Jean-Marc Bikoko. Ce jour, le président cite, en version abrégée, la raison d’être de l’ONG qu’il dirige: «le combat contre les travers de la démocratie».
Aux journalistes, l’intitulé de la conférence de presse est présenté de façon dramatique : «le brasier de la corruption, de la restriction des libertés publiques et de droit de vote». Selon DC, la situation actuelle demande une réflexion profonde et partagée. «À l’allure où vont les choses, s’alarme Jean-Marc Bikoko, cela impose un débat sans précédent au Cameroun». Ce 9 décembre encore, son organisation se pose en lanceur d’alerte sur «des thématiques inquiétantes».
Parmi celles-ci, il y a la corruption. «Dans notre pays, elle a vocation à éroder sans fin les revenus du travail et à détruire tous les outils redistributifs, en particulier les services publics, sous prétexte d’ouverture à la concurrence d’une part, de maîtrise des dépenses publiques et de résorption de la dette d’autre part», estime DC. L’ONG dit ne pas comprendre la non-application de l’article 66 de la Constitution adoptée depuis 1996, d’où l’appel lancé vers Paul Biya, «pour qu’il daigne enfin signer le décret d’application de ce texte dans les brefs délais».
Concernant la restriction des libertés publiques, DC se sert du pouls vivant de l’actualité nationale. «Arrestations, interdictions de manifester et brutalisations des citoyens sont le lot quotidien», énumère Jean-Marc Bikoko. À l’en croire, chaque jour, DC est sidérée que les Camerounais ne savourent pas les beautés de la démocratie. «Depuis 1992, dit-il, le droit de vote est confisqué à l’aide des pratiques que l’on croyait exterminées depuis». Tout en martelant que «la démocratie est un état fragile, instable, toujours confronté à des défis», le président de DC pense que pour les scrutins de 2019 au Cameroun, le pays doit s’arrimer à l’évolution technologique et en finir avec les pesanteurs géopolitiques (Code électoral au service des gouvernants, non-respect du vote des citoyens et arrestations arbitraires).
Jean-René Meva’a Amougou
Téléphonie mobile : Le gros œil de Paul Biya sur MTN, Orange et Nexttel
Le président camerounais veut voir clair sur les concessions des trois opérateurs privés du pays.
Paul Biya n’est pas convaincu… Dans les prochains jours, MTN, Orange et Nexttel verront défiler du beau monde dans leurs installations techniques et administratives. Chacun des trois opérateurs privés de téléphonie mobile du Cameroun devra en effet se soumettre à un audit de sa concession, selon les «hautes directives» du chef de l’État camerounais. Dans une lettre signée le 10 décembre 2018, Ferdinand Ngoh Ngoh répercute les instructions présidentielles au ministre délégué à la présidence de la République en charge du Contrôle supérieur de l’État (Consupe).
ans sa correspondance à Rose Mbah Acha, le secrétaire général de la présidence de la République indique la composition de l’équipe qui devrait conduire cet audit. Il s’agit des représentants de plusieurs administrations (Finances, Défense, Postes et Télécommunications, Justice, Délégation générale à la Sureté nationale, secrétariat d’État à la Gendarmerie nationale et Agence de régulations des télécommunications). Selon nos informations, Paul Biya souhaiterait que cette équipe mixte lui rende sa copie au plus tard en fin février 2019.
Soupçons de corruption
Si la correspondance de Ferdinand Ngoh Ngoh reste muette sur les motivations de cet audit des concessions de MTN, Orange et Nextell, des sources proches du dossier s’attardent sur son déroulé. Il s’agit, prévoit-on, de vérifier le taux de couverture, afin d’apporter des détails sur les capacités réelles desdits opérateurs (accueil d’appels, possibilité d’en passer, accès au haut débit…). Paul Biya, dit-on, serait très remonté. La preuve, il n’a toujours pas signé les décrets d’approbation des contrats de concession de MTN et Orange, depuis leur signature en 2015, comme le prévoit la loi de décembre 2010, régissant les télécommunications électroniques au Cameroun.La signature de ces contrats avait été accompagnée de dénonciation indiquant que l’État avait été floué dans la transaction. Des soupçons de corruption entourent aussi la procédure qui a conduit à l’attribution de la licence à Viettel Cameroun en 2012. MTN et Orange ont payé, chacun, 75 milliards de francs CFA pour le renouvellement de leurs licences, ce qui les autorise à déployer les technologies 3G et 4 G. Viettel, évoluant sous le nom commercial « Nexttel », a pour sa part, déboursé 20 milliards de francs CFA pour obtenir la licence 3 G.
Selon nos sources, l’ire présidentielle proviendrait aussi des grommellements des consommateurs par rapport à l’offre des opérateurs. Vis-à-vis de ces derniers, l’insatisfaction est grandissante. Elle se concentre d’abord sur les factures. Au manque de transparence des politiques tarifaires (forfait mal défini dans les notices d’informations) s’ajoutent des communications surtaxées liées aux appels à l’étranger ou aux arnaques de certains opérateurs de services. L’absence d’information sur le verrouillage de l’internet mobile ou d’alerte en cas de dépassement constitue un facteur aggravant. Selon la Ligue nationale des consommateurs, le secteur détient, entre janvier et septembre 2018, la palme des réclamations (44 %), devant la grande consommation (22 %).
Jean-René Meva’a Amougou
289
Paul Biya a décidé, en fin de semaine dernière, l’arrêt des poursuites contre 289 personnes arrêtées pour divers délits commis dans le cadre de la crise sociopolitique dans les régions du Sud-ouest et du Nord-ouest. Le ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense (Mindef) renseigne sur le nombre et les lieux de détention des prévenus. Ceux-ci sont disséminés dans les prisons de Bafoussam, Yaoundé, Bamenda et Douala. Dans les pénitenciers desdites villes, les personnes détenues sont respectivement au nombre de 6, 120, 49 et 14. Selon Joseph Beti Assomo, les bénéficiaires sont les personnes sur lesquelles pèsent des charges d’«une gravité relative». Au-delà, poursuit-il, les auteurs d’assassinats, de crimes et de terrorisme auront toujours la justice à leurs trousses.
Vivian Loss Sanmartin et Khare Diouf
Une dame et un monsieur. Ils sont les nouveaux ambassadeurs, respectivement du Brésil et du Sénégal au Cameroun. Née le 12 mars 1965, la première est une diplomate de carrière, diplômée de l’Institut diplomatique de Rio Branco au Brésil. Elle est mariée et mère de deux enfants. À 46 ans révolus, le second était, avant sa nomination, ministre conseiller à l’ambassade de son pays à Bruxelles (Belgique). Il est diplômé de l’École nationale d’administration (ENA) de Dakar.
Kum’a Ndumbe III
Ce fils du canton Bèle Bèle (Douala IV) a fêté ses 50 ans d’écriture politique «sans compromission» vendredi dernier. Un parcours jalonné de points saillants. Exemple: le 14 septembre 1983 quand, dans un discours, le président Biya dit ce qu’il attend des intellectuels, ce professeur commet, en guise de réponse trois semaines après, l’ouvrage «L’Afrique relève le défi».
Ce livre sera très remarqué. Quand encore le président Biya demande: «Quel Cameroun voulons-nous pour nos enfants?», il réunit en janvier 1985, à titre de président de l’APEC, tous les écrivains au Palais des Congrès, et qui répondent par 21 propositions. D’autres ouvrages politiques ou de sciences politiques suivront. Seulement, ce Camerounais ayant obtenu l’habilitation en sciences politiques à Berlin en 1989 et qui a formé plusieurs générations d’étudiants en France et en Allemagne, n’a jamais pu dispenser son savoir au Cameroun.
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C’est le nombre de fauteuils roulants offerts aux enfants handicapés du centre de formation Promhandicam de Yaoundé. Pour remettre le don le 6 décembre dernier, S.E Ran Gidor, ambassadeur d’Israël au Cameroun, a fait le déplacement.
À l’en croire, « tout cela n’a pas un volet commercial, mais est le fruit du travail des ONG israéliennes Mashav et Wheel Chairs of Hope, qui fabriquent des chaises pour les enfants des pays en développement ou des milieux défavorisés, où la route n’est pas praticable ». Avant ce paquet, l’ambassade d’Israël était déjà au centre de formation Promhandicam le 1er août dernier, pour y apporter des équipements aux enfants handicapés visuels. Ces derniers avaient reçu un matériel informatique pour l’imprimerie Braille.
Lutte contre la corruption : Tradex et Guinness font figure d’exemples
Les deux multinationales disent avoir réduit ce fléau en interne.
Le panel face à la presse De concert avec la communauté internationale, le Cameroun a célébré, le 9 décembre dernier, la journée internationale de lutte contre la corruption. En prélude à l’événement, la Business Coalition pour la bonne gouvernance, Tradex et Guinness se sont présentées à la presse le 4 décembre 2018. L’objectif de ces mastodontes était d’expliquer les méthodes mises sur pied pour éradiquer la corruption au sein de chacune de ces entreprises. Toutes choses qui corroborent avec la volonté des Nations unies: «Nous ne pourrons atteindre les objectifs de développement durable d’ici 2030 que si toutes les nations disposent d’institutions fortes, transparentes et inclusives, basées sur la règle de droit et soutenues par le public», déclare Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU.
Jean Perrial Nyodog, président de Business Coalition for Good Governance (BCGG) et directeur général de Tradex, se rappelle qu’il y a quelques années, «notre pays a été indexé comme le pays le plus corrompu au monde, dans un classement international. Il fallait réagir. Depuis lors, beaucoup d’actions sont entreprises par les pouvoirs publics pour réduire le taux de corruption dans notre pays. Les hommes d’affaires ont pensé aussi à lutter à leur niveau contre ce fléau». Dans cette optique, la BCGG a établi un mode de conduite et un code éthique à respecter au sein des entreprises et des PME membres.
À Tradex, le directeur général précise la stratégie : «nous avons commencé en 2014 par définir un code de conduite, et nous avons mis en place une équipe chargée du contrôle de conformité et des pratiques d’éthique. En 2015, nous avons déployé des stratégies pour nous assurer que nos partenaires, le personnel, agissent en conformité avec tout ce que nous avons mis en place. Pour déployer ce programme, nous avons commencé par la formation et la sensibilisation de tous les collaborateurs.
Une équipe à était mise en place, chargée de recevoir toutes les informations des pratiques qui ne rentrent pas dans notre code. Nous avons également mis en place des outils pour détecter ce qu’il se passe, savoir qui respecte ou ne respecte pas le code. Au terme de cette étape, il y a une phase de sanction négative et positive pour ceux qui respectent la conformité.» Raison pour lui de se vanter de diriger une multinationale «où le niveau de corruption est à zéro» et d’annoncer sa détermination à continuer cette lutte. «Nous sommes déterminés à remporter cette guerre».
L’approche est différente à Guinness. De son directeur général, Kirore Kimani Mwaura, on apprend que l’entreprise met l’accent sur l’enquête de moralité des collaborateurs. «Nous n’encaissons pas de paiement cash, parce s’il n’y aura pas de traçabilité, et ça favorise la corruption. Nous ne payons jamais les gens dans les comptes inconnus. Nous refusons les pots-de-vin. Il y a un code de bonne conduite que chaque employé signe annuellement, y compris moi», expose Kirore Kimani Mwaura.
«En matière de bonne gouvernance, les gouvernements, le secteur privé, les organisations non gouvernementales, les médias et les citoyens du monde entier unissent leurs forces pour combattre ce fléau. Nous sommes convaincus que si nous réduisons aujourd’hui la corruption qui peut passer par les entreprises, nous aurons touché suffisamment d’acteurs qui sont liés à la corruption», assure Jean Perrial Nyodog, pour inviter les chefs d’entreprises à rejoindre la coalition, qui compte déjà 140 membres inscrits sur 400 sociétés répertoriées.
La vision de BCGG est de créer au Cameroun un environnement commercial dénué de corruption. Il a pour mission d’évaluer et de communiquer sur les avantages économiques et commerciaux d’un climat économique sans corruption, et changer progressivement l’état d’esprit le plus répandu de toutes les parties prenantes.
Alain Biyong
Cacao-café : Le Port autonome de Kribi s’ouvre aux acteurs du secteur
Afin de contribuer à la relance de la filière et créer un cadre d’action concertée avec les exportateurs, le top management de l’infrastructure a, du 29 au 30 novembre 2018, initié un forum d’opportunités dans la cité balnéaire.
Face à ses interlocuteurs, Patrice Melom a d’emblée voulu être clair : «Il ne s’agit pas que d’une simple offensive commerciale pour un port qui recherche des clients, mais d’une approche de fond qui consiste, pour le Port autonome de Kribi (PAK), à être partie prenante d’un effort d’ensemble et d’une dynamique globale de stimulation de la productivité générale du pays, ceci à travers l’inversion progressive de son déficit commercial». Plus prosaïquement: l’infrastructure portuaire veut servir de béquille à un secteur qui a du mal à décoller. L’offre que présente Patrice Melom s’inspire d’une situation critique, unanimement expliquée par les acteurs majeurs du secteur (Sodecao, Conseil Interprofessionnel du cacao et du café (CICC) et de l’Office national du cacao et du café (ONCC): «à la fin mai 2018, c’est-à-dire à deux mois de la fin de la campagne cacaoyère 2017-2018, seulement 23.413 tonnes de fèves de cacao ont été reçues au port de Douala. Comparativement à la campagne cacaoyère 2016-2017 durant laquelle 249.573 tonnes ont été exportées à partir du port de Douala, il y a une baisse de 10%».
Pistes
Pour le patron du PAK, il y a une grille de solutions à court, moyen et long termes. Lesdites solutions vont, selon lui, de la valorisation du potentiel de cette filière par une détermination de la taille du marché, à l’identification et le référencement de l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur du cacao-café, en passant par la segmentation des produits (fèves, poudre et beurre de cacao).D’autres horizons du PAK ont été également exposés. Patrice Melom a vanté son anticipation avec la construction de nouveaux terminaux, et l’accélération des finitions du premier lot de l’autoroute Kribi-Edea. En attendant la livraison de cette dernière, l’accent est mis sur un rendement optimal du réseau routier, qui dessert actuellement le site portuaire de Mboro, situé à une trentaine de kilomètres au sud de la cité balnéaire.
Damien Tonyé, à Kribi
Retrait de la Can 2019 au Cameroun : Les remugles des investissements à perte
Bon nombre de particuliers et leurs partenaires évaluent le coup et le coût de la non-organisation de la compétition au pays des Lions indomptables.
Une conférence de presse pour annoncer à l’opinion publique nationale et internationale la fermeture d’un restaurant sis au quartier Olembé (Yaoundé I). Des enseignes lumineuses parées aux couleurs de la Can 2019 se sont éteintes, en face du stade Omnisports Ahmadou Ahidjo où elles trônaient il y a quelques jours. L’ivresse commerciale qui s’était emparée de la capitale «quand le Cameroun tenait encore sa Can» retombe peu à peu. Au lendemain du retrait de l’organisation de la compétition au pays des Lions indomptables, déceptions, frustrations et regrets jalonnent le parcours émotionnel des investisseurs.
Revers
Si aucune étude n’évalue clairement l’impact de ce «coup de massue» sur les affaires dans lesquelles ces derniers se sont engagés, il n’en demeure pas moins que l’élan euphorique des uns et des autres n’est plus le même. «Après avoir énormément investi pour accueillir la Can, nous avions beaucoup misé sur l’effectivité de l’organisation de ce tournoi ici afin de booster nos affaires. Voilà, nous sommes repartis clairement à la baisse», peine à dire Olga, une Camerounaise de la diaspora. Son affaire : les paquets de cartes Can 2019. Sur la foi de ses propres évaluations, la trentenaire confie que dans les supermarchés de Yaoundé, entre juin et octobre 2018, son « produit » était le jouet le plus vendu avec 400.000 paquets écoulés, tous formats confondus. «L’effet Can était particulièrement perceptible sur les ventes. À ce jour, plus l’ombre d’un client alors que nos projections s’établissaient à +50 % à un ou deux mois du coup d’envoi», avance mollement la jeune femme d’affaires.Chez les vendeurs de maillots, on s’était déjà félicité de l’effet boule de neige de la Can féminine de 2016 au Cameroun. Fréderic Wamba, le président du Syndicat des vendeurs des articles de sport du marché central de Yaoundé (Syvasmy) avait, en compagnie des représentants d’un label international, mesuré une croissance de 80 % dans ce domaine lors de la Can masculine. «En une semaine, tout est tombé dans la sauce», feint-il d’ironiser. À la vérité, l’annonce du retrait de l’organisation de la compétition au Cameroun constitue un revers pour la stratégie commerciale des grandes firmes, avec lesquelles les locaux avaient noué de juteux partenariats. «Nos associés et nous-mêmes voyions en la Can une opportunité économique très forte au niveau national, compte tenu de la durée de la compétition et la très grande taille du marché», regrette Frédéric Wamba.
Derrière les mots, l’on peut deviner que le retour sur investissement est désormais plus nuancé. Quelques magnats qui avaient flairé le filon se sont refroidis. Pour Marie-Noëlle Voundi, «le coup et le coût sont énormes». La Camerounaise, qui avait mis du fric dans une application de réservation de taxis dans des villes désignées pour abriter des matches, est désabusée. Pour cela, elle dit s’être appuyée sur une élite composée de banquiers d’affaires, de gérants de fonds d’investissement, de capital-risqueurs et de start-uppers à succès. Par conviction, sans aucun doute, elle savait que la Can se jouerait dans son pays. «55 millions de francs CFA… en pure perte», lâche-t-elle difficilement.
Jean-René Meva’a Amougou
Luc Assamba
Jusqu’au soir du 16 novembre 2018, il officiait comme maire de la commune urbaine d’arrondissement de Yaoundé II. «Le baobab Tsinga», comme on l’appelait, a été foudroyé par une attaque cardiaque au Centre des urgences de Yaoundé (Cury) où il avait été interné quelques jours plus tôt. Grand bâtisseur, il aura concrétisé son projet de doter la mairie de Yaoundé II d’un siège moderne, après 25 ans de location. Il était aussi le président de l’Association des clubs de football d’élite de la région du Centre, et ancien président de la Ligue régionale de football du Centre. Il dirigeait le club Yaoundé II, relégué la saison dernière en Elite Two.
Cameroun-France : Une tradition des audiences postélectorales
Selon des analystes, les lendemains d’élections présidentielles signent toujours de longues entrevues entre le chef de l’État camerounais et les chefs de la diplomatie française accrédités à Yaoundé.
Au Palais de l’Unité, Paul Biya a accordé une audience à Gilles Thibault en début d’après-midi du 6 décembre dernier. La chronique retient que l’entretien entre le président camerounais et l’ambassadeur de France au Cameroun a duré près de trois heures. Pendant ce long moment, les deux hommes ont (officiellement) parlé de la situation sociopolitique dans leurs pays respectifs, ainsi que les lignes de la coopération que ces derniers entretiennent.
Regards
Reste que, pour les observateurs, cette actualité n’est pas inédite. Entre le chef de l’État camerounais et les plénipotentiaires français en poste à Yaoundé, disent-ils, c’est une tradition de longues audiences. Dans leurs analyses, ils ne dissocient pas «les après-élections» et ces entretiens-fleuves. De l’avis de Pierre Bell, «le bon viatique est d’admettre que comme en 1992, 1997, 2004 et 2011, les écailles d’un ordre ancien sont toujours présentes pour comprendre le timing de l’audience du 6 décembre 2018». Le spécialiste camerounais en relations internationales s’en explique : «Ce n’est pas une polémique subalterne lorsqu’on établit qu’au Cameroun s’est tenu un scrutin présidentiel au cours de chacune de ces années-là».De son côté, Martin Joël Kessack lit la durée de ce qu’il appelle «audiences post-présidentielles» sous le prisme du quant-à-soi privé des deux pays. «Par les trous de serrures du Palais de l’Unité fuitent souvent des scènes de grande lessive», assume le diplomate à la retraite. Sur le coup, il retient qu’en fin novembre 1992, Yvon Omnès (alors ambassadeur de France au Cameroun) avait été reçu par le locataire d’Etoudi, pendant deux heures trente. Martin Joël Kessack se remémore qu’en décembre 1997, Philippe Selz (ambassadeur de France au Cameroun entre octobre 1995 et avril 1998) s’était entretenu avec Paul Biya… pendant deux heures.
En fin novembre 2004, Jean-François Valette (un autre ambassadeur de France au Cameroun, 2003-2006) avait longuement échangé avec le président camerounais au Palais de l’Unité. En fin 2011, avec Bruno Gain (ambassadeur de France au Cameroun entre 2009 et 2013), Paul Biya discutait pendant deux heures. «À chaque fois, une logorrhée officielle avait été charriée sur fond de coopération bilatérale en lieu et place de la gestion de la place de la France durant le mandat qui s’ouvrait», croit savoir Martin Joël Kessack.
Jean-René Meva’a Amougou
Zone de libre-échange continentale : L’Union africaine table sur juillet 2019
UE-Afrique
Les sillons du nouveau partenariat
Négociations et concertations se poursuivent pour la détermination du nouveau format de coopération après l’expiration de l’accord de Cotonou en 2020.
Le couple Europe-Afrique file toujours le bon amour. Mais les lignes bougent. À l’occasion de la 36e session de l’Assemblée parlementaire paritaire Afrique-Caraïbe-Pacifique et Union européenne (ACP-UE) tenue à Cotonou (Bénin), le sujet de l’évolution du partenariat a réussi à se glisser dans l’ordre du jour réservé exclusivement au défi de changement climatique.
Insights
Dans sa tribune contenue dans le magazine jeune Afrique, Carlos Lopes, haut représentant de l’Union africaine pour les négociations UA-UE post Cotonou, présente le squelette du nouveau partenariat. Pour lui, les relations entre l’Afrique et l’Europe doivent évoluer pour prendre en compte les évolutions qui ont eu lieu en Afrique au cours des vingt dernières années, et permettre de construire un partenariat diversifié, au-delà d’une relation de dépendance fondée presque exclusivement sur l’aide au développement.
Les relations entre l’Afrique et l’Europe ne peuvent pas rester figées comme elles l’étaient à la fin du siècle dernier. La bonne nouvelle est que la situation actuelle — qui incite tant aux questionnements qu’aux réformes sur chacun des deux continents — nous permet d’amorcer un dialogue qui devrait nous guider vers un nouveau paradigme. Ce dernier devra prendre en compte les évolutions qui ont eu lieu en Afrique au cours des vingt dernières années sur les plans économique, social, politique et institutionnel, culturel et militaire.ZRM
Plusieurs indices probants concordent à faire du sommet de juillet 2019 à Niamey, celui de l’entrée en vigueur du marché unique du continent. Mais des inquiétudes demeurent.
L’Afrique est en passe de réaliser son marché unique Plus que 9 ratifications, et la Zone de libre-échange continentale (Zlec) sortira des tiroirs et rapports de la Commission de l’Union africaine (UA). Pas de quoi s’inquiéter pour Albert Muchanga, commissaire au commerce et à l’industrie de l’organisation continentale. En annonçant le dépôt de l’instrument de ratification de l’Ouganda et la ratification de la Namibie lundi dernier, le technicien de la Zlec fait valoir l’engagement du processus au niveau de plusieurs États africains.
Indicateurs
L’exploitation des programmes budgétaires de plusieurs États montre bien que les administrations se préparent à l’entrée en vigueur de la Zlec. C’est le cas au Cameroun dont le programme 1 portant sur la valorisation du potentiel de la coopération bilatérale compte comme activité phare «la participation au sommet de lancement de la zone de libre-échange continentale africaine à Niamey». Il en est de même pour les ministères des Affaires étrangères du Gabon, du Tchad, de Cote d’ivoire, du Niger, du Maroc et de l’Afrique du Sud.Aujourd’hui, sur les 22 dépôts d’instruments requis, la Commission de l’UA n’en a reçu que 9 (Kenya, Ouganda, Ghana, Rwanda, Niger, Sierra Leone, Eswatini, Tchad, Guinée). Mais c’est déjà 13 ratifications promulguées (Afrique du Sud, Namibie, Kenya, Ouganda, Ghana, Niger, Tchad, Mali, Cote d’Ivoire, Rwanda, Guinée, Sierra Leone, Eswatini) au total. Plusieurs États membres de l’organisation ont entamé le processus. C’est le cas du Cameroun et du Sénégal, dont les textes seront déposés au parlement en mars 2019 pour approbation de ratification. Le président Macky Sall l’a d’ailleurs affirmé lors du Conseil des ministres du 28 novembre dernier. Ce Conseil a vu l’adoption du projet de loi autorisant la ratification de l’accord de libre-échange continental (Alec). Dans le même sillage, l’Éthiopie, le Gabon, le Maroc et l’Algérie ont entamé le processus pour être de la grand-messe du commerce intra-africain de juillet 2019 à Niamey (Niger).
Inquiétudes
Si la dynamique est bien lancée vers la création d’un marché unique et l’intensification du commerce intra-africain, plusieurs inconnues et incertitudes demeurent. Souef Mohamed El-Amine, ministre des Affaires étrangères de l’archipel des Comores, demeure très sceptique quant à la capacité de capitalisation de ce projet intégrateur par son pays. «Si nous voulons importer du continent africain, l’important c’est la fluidité de ces échanges. Là se pose le problème des infrastructures, que nous avons déjà soulevé lors du sommet de janvier à Addis-Abeba. Lors des discussions, on a parlé de grands chantiers, de trains à grande vitesse. Mais dans le dictionnaire des petits États, cette notion n’existe pas. Il faut prendre en compte les spécificités de nos pays insulaires pour que cette zone de libre-échange puisse aussi nous profiter. Nous avons des produits à exporter, notamment le girofle, qui représente 45 % du volume de nos exportations, la vanille, et aussi la matière grise pour la parfumerie pour laquelle il y a un vrai marché en Afrique du Sud», indique-t-il.La conférence économique africaine a réuni, à Kigali (Rwanda), la société civile africaine, du 3 au 5 décembre dernier. À l’initiative du Programme des Nations unies pour le développement en Afrique (Pnud), de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) et la Banque africaine de développement (Bad), les participants ont eu pour crédo d’exhorter les États africains à investir dans sa jeunesse. Ceci permettrait de rentabiliser la Zlec à travers l’innovation, la compétitivité des entreprises, la création d’emplois et donc le bien-être.
Zacharie Roger Mbarga
La grande famille Mouotsoung, la famille Tabi à Nkongsamba, la famille Biyong à Douala remercient tous ceux qui ont pris part aux funérailles de leur père, mère, beau-père, belle-mère, frère et beau-frère Njié Fabien, Masseck Anne et Nkeng Sébatien à Balé le week-end dernier.
Que la terre de nos ancêtres leur soit légère.
Politique climatique : comprendre la Cop
La Cop, ou conférence des parties, dérive de l’acronyme anglais (conference of the parties). Elles sont nées en 1992, au cours de la rencontre de 178 pays, lors du sommet de la terre de Rio De Janeiro au Brésil.
Elle est encore appelée Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNCC), ayant pour objectif de reconnaitre que c’est l’homme qui est à l’origine de ce changement climatique. On établit alors, les droits et les devoirs de chaque pays en matière d’environnement lors de cette conférence. Mais il est dit que les pays développés doivent prendre la responsabilité de trouver une issue à ce problème, car ces pays sont les plus grands pollueurs de la planète. Ainsi, cette conférence s’est tenue pour la première fois à Berlin, dans la capitale allemande, en 1995. On y a fixé les objectifs chiffrés en matière d’émission des gaz à effet de serre pour chaque pays ou régions. Rendus à ce jour, nous sommes à la 24e Cop qui se tient actuellement à Katowice en Pologne.
De manière générale, l’objectif primordial de cette organisation onusienne est de réduire les émissions de gaz à effet de serre (ce sont des composants gazeux qui bloquent le rayonnement infrarouge émis par la surface terrestre et contribuent à l’augmentation de leurs concentrations dans l’atmosphère terrestre). Ces changements climatiques sont provoqués par l’utilisation des énergies fossiles (pétrole), les gaz naturels, la déforestation, l’élevage et l’agriculture intensive. Pour ce faire, les phénomènes naturels entrainent l’implication des actions humaines, qui conduisent au réchauffement climatique. Par conséquent, cela provoque des effets néfastes sur l’environnement, à savoir : le dérèglement des saisons, l’augmentation du niveau de la mer et l’avancée du désert, l’augmentation des températures. Tous ces dérèglements impactent sur les activités humaines à l’instar de l’Agriculture.
La Conférence des parties est une rencontre qui se tient une fois par an dans une ville choisie, sous l’égide des Nations unies. Son rôle est double: – permettre aux États de faire le point et de statuer sur la lutte contre le réchauffement climatique ; – maintenir les efforts internationaux au cours des ans, afin de faire face aux changements climatiques.
Pour y parvenir, la Cop évalue les résultats des mesures écologiques prises par chaque pays, ainsi que l’avancée globale vers les objectifs fixés. C’est pendant la tenue d’un sommet que le lieu et la date de la prochaine conférence sont choisis, avec un agenda bien déterminé.
Parmi les acteurs impliqués dans la Cop, on retrouve tous les pays du monde, les collectivités territoriales, les organisations non gouvernementales et une communauté scientifique (le GIEC) qui est un groupe international d’experts sur l’évolution du climat. Ces derniers jouent un rôle important dans l’implémentation des résolutions de ces problèmes dans le monde ou dans des régions géographiques spécifiques telles que les îles, les montagnes, les écosystèmes marins.
André Balla
Crise anglophone : La déflagration
La méthode Biya face à la crise dans les régions anglophones agace une partie du corps diplomatique accrédité à Yaoundé. Lors d’échanges informels, certains diplomates disent leur incompréhension face à ce qu’ils considèrent comme du laxisme devant une situation qui va en vrille. Même le Comité national de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (CNDDR), la dernière carte sortie le 30 novembre dernier du chapeau par le président camerounais, n’a de grâce à leurs yeux. Coordonné par l’ancien gouverneur Francis Fai Yengo, le Comité est considéré par beaucoup d’experts comme une charrue mise avant les bœufs. Pour eux, Paul Biya, qui refuse tout dialogue sur la forme de l’État (une partie des anglophones souhaitent un retour au fédéralisme et ce serait faute d’une oreille attentive que les rangs des combattants séparatistes s’allongeraient), continue dans sa fuite en avant, en jouant la carte de l’usure. Sur le terrain, le conflit armé se généralise, entrainant une crise humanitaire sans précédent.
L’entrée en scène des unités d’élites est loin d’avoir ramené la quiétude Selon une note interne du système des Nations unies, produite le 25 novembre 2018, le conflit armé se généralise dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Conséquence, le nombre de déplacés a explosé, passant de 40.000 à 440.000.
« La situation est sous contrôle. Mais ces gens veulent nous créer des élongations. Je crois qu’il faut monter en puissance…», évalue une source autorisée au ministère camerounais de la Défense. Nous sommes le 30 novembre 2018, soit un peu plus d’un an après la transformation en conflit armé, sous fond de revendications séparatistes de la crise sociopolitique débutée en fin d’année 2016 dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Une crise née du fait que des ressortissants de ce territoire, placé sous tutelle britannique de 1922 jusqu’à son union avec la partie du pays sous domination française le 1er octobre 1961, se plaignent de la disparition progressive de l’identité héritée du colon britannique au profit de l’héritage français.
En langage militaire, une élongation est un étirement de la ligne de front, synonyme d’une propagation du conflit vers d’autres localités. C’est ce qui ressort d’ailleurs d’une note interne du système des Nations unies, produite le 25 novembre 2018, dont nous avons obtenu copie. Selon le document, depuis juin 2018, les groupes armés qui affrontent les forces gouvernementales ont étendu leurs activités notamment autour de Kumba, Buea et Mamfe, dans la région du Sud-ouest. «Les attaques étaient auparavant limitées aux régions isolées, limitrophes du Nigeria et autour de Bamenda, la capitale de la région Nord-ouest», précise la note. Pour l’Organisation des Nations unies (Onu), cette généralisation du conflit est le fruit du renforcement des capacités militaires de certains groupes armés. À cela, il faut associer le fait que les forces de sécurité gouvernementales seraient «débordées» par la situation et la naissance des groupes criminels opportunistes qui ont également intensifié leurs activités.
Crise humanitaire
La situation est telle que le nombre de déplacés aurait été multiplié par onze. Selon, la note de l’Onu, «alors que seulement 40.000 personnes déplacées avaient été signalées en mars 2018, leur nombre actuel est d’environ 440.000, dont 80.000 dans les régions de l’Ouest et du Littoral (Régions francophones voisines), la majorité restant dans les régions de Nord-Ouest et Sud-Ouest».De source diplomatique, la gravité de la situation aurait poussé le gouvernement à infléchir sa position sur l’accès des travailleurs humanitaires aux deux régions anglophones. Le Programme alimentaire mondial (PAM) qui était jusqu’ici interdit d’accès à la zone, officiellement pour des raisons sécuritaires, vient de recevoir le feu vert de Yaoundé pour y mener des activités. Le PAM annonce en effet, dans les prochains jours, la distribution de 1620 tonnes de nourritures à 50.000 déplacés internes installés dans les localités de Mamfe et de Kumba dans le Sud-ouest.
Cette dotation constitue une ration alimentaire pour deux mois seulement. Il faut donc se préparer à y refaire un autre tour. Il faut aussi repenser aux déplacés situés dans les régions du Littoral et de l’Ouest, à qui l’agence onusienne a distribué le mois dernier un peu plus de mille tonnes de vivres, ce qui demande des moyens colossaux. Pour s’occuper des déplacés internes de la crise anglophone, le PAM estime ses besoins de financement à 50 millions de dollars américains (près de 29 milliards de francs CFA à la valeur du dollar au 4 décembre). Pour l’instant, seuls 2,1 millions sont disponibles, soit à peine 4 % du montant total.
Aboudi Ottou
Comité DDR
La charrue avant les bœufs
La mise en place de cette instance défie toutes les règles en matière de règlement de conflit. C’est ce que relèvent des analystes qui dénoncent une démarche prématurée et un nouveau passage en force.
Joseph Léa Ngoula, analyste politique et expert sécurité, est pour le moins dubitatif : «[ … ] On a le sentiment, au regard de l’évolution inquiétante de la situation dans les régions anglophones, que le moment n’est pas propice à la mise en œuvre d’une campagne de DDR (désarmement, démobilisation, réintégration, NDLR) car les conditions opérationnelles et politiques ne sont pas réunies». Selon ce spécialiste des questions de sécurité, il est «[ … ] urgent de créer un climat propice au rapprochement des deux parties, afin d’engager les discussions sur les conditions d’un cessez-le-feu ou d’un arrêt définitif des hostilités, préalables à la réussite du DDR».
Cet expert livre ainsi son analyse sur la création, par décret présidentiel, d’un Comité national de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (CNDDR), le 30 novembre dernier. Placé sous l’autorité du Premier ministre, et ayant à sa tête un coordonnateur national, ledit comité a pour mission «d’organiser, d’encadrer, et de gérer le désarmement, la démobilisation et la réintégration des ex-combattants du Boko Haram et des groupes armés des régions du Nord-ouest et Sud-ouest, désireux de répondre favorablement à l’offre de paix du chef de l’État, en déposant les armes».
«L’impuissance de la puissance»
Une démarche qui interloque les spécialistes qui questionnent l’opérationnalité d’un DDR dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Joseph Léa Ngoula pointe au moins deux freins à la mise en place du DDR dans ces régions. Sur le plan opérationnel, «la surenchère meurtrière entrave tout effort de désescalade et situe le conflit anglophone sur la phase “ impasse ”… Un tel contexte de montée aux extrêmes ne favorise pas les politiques de réédition volontaire à plusieurs titres». Au plan politique, «on note un dialogue de sourds entre le gouvernement et les leaders du mouvement anglophone. Aucune initiative, même sécrète, n’est engagée entre l’État-major des ambazoniens et les autorités camerounaises». En clair «le succès d’un tel processus dépend du consentement des deux parties».Aussi conclut-il, «on doit trouver un moyen de les rapprocher, de négocier un cessez-le-feu, et même un accord de paix comme cela a été le cas dans des pays qui ont également connu des rébellions séparatistes. Cette condition fondamentale et d’autres ne sont pas réunies, ce qui laisse des doutes sur l’efficacité de cet acte».
«On doit sortir des DDR classiques, qui sont généralement adaptés aux conflits classiques, on doit mettre en place des mécanismes ingénieux», souligne pour sa part Raoul Sumo Tayo. Mais cet autre expert des questions de sécurité relève que dans le cas camerounais, cette autre mesure démontre qu’«on est clairement dans l’impuissance de la puissance». «Cela devrait s’inscrire dans un plan d’ensemble», préconise-t-il.
Les opérations de DDR ont en effet été conceptualisées au sein des missions de recherche et de maintien de la paix de l’Organisation des Nations unies (ONU). «Les activités de DDR constituent un volet capital aussi bien pour la stabilisation immédiate d’un pays que pour son développement à plus long terme», établit l’ONU. «Ces activités sont intégrées à l’ensemble du processus de réconciliation, depuis l’ouverture des négociations de paix jusqu’à la consolidation de cette dernière, une fois achevées les opérations de terrain».
Ifeli Amara
Propositions de sortie de crise
Yaoundé fait la sourde oreille
Etoudi ignore les multiples missions de bons offices, qu’elles viennent du gouvernement, des organisations internationales ou de la société civile.
Mission d’écoute de la Commission Musonge à Bamenda le 31 mai 2018 En janvier 2017, plus de quatre mois après les manifestations des avocats anglophones qui ont débouché sur des émeutes, le gouvernement donne un coup de barre à droite dans son approche de la crise. Tous les leaders du «Consortium», engagés dans des pourparlers avec des émissaires de Yaoundé sont arrêtés et jetés en prison. Le mouvement est déclaré illégal et l’accès à internet coupé dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Le durcissement de la position des autorités camerounaises entraine une radicalisation du mouvement coté anglophone, puis à un conflit ouvert entre l’armée et des séparatistes. Devant des positions qui deviennent aussi difficiles à rapprocher que les deux rives du Moungo, des initiatives se multiplient pour mettre fin au bain de sang.
La commission Musonge ignorée
La dernière en date est celle du Cardinal Christian Tumi. En juillet dernier, le prélat a annoncé son intention de créer, avec d’autres leaders religieux, un cadre de dialogue entre toutes les parties prenantes au conflit. Avec le pasteur Babila George Fochang, de l’Église presbytérienne du Cameroun (EPC), l’imam Tukur Mohammed Adamu, de la mosquée centrale de Bamenda, et le chef imam Alhadji Mohammed Aboubakar, de la mosquée centrale de Buea, il lance l’idée d’une conférence générale anglophone, une idée plébiscitée par de nombreux Camerounais. «Je crois que les politiciens n’ont pas pu résoudre le problème», soutient-il. Et d’ajouter : «Il est incompréhensible que le problème n’ait jamais été discuté même à l’Assemblée nationale, alors qu’en Angleterre, on est en train de discuter de cette affaire». Après des renvois, la conférence, qui devait se tenir à Buea (dans le Sud-ouest) les 21 et 22 novembre, n’a pas reçu l’autorisation du gouvernement. Avant cela, au cours de la session parlementaire du mois de novembre 2017, le pouvoir s’est appuyé sur sa majorité obèse pour empêcher l’opposition d’inscrire la crise anglophone à l’ordre du jour.Ces initiatives ne sont pas les seules tentatives. Même au sein du pouvoir, les autorités se mordent la queue. Ainsi en 2017, pas moins de deux missions, engagées par la présidence de la République et conduites par le Premier ministre, ont été déployées dans le Nord-ouest et le Sud-ouest. Les résolutions qui sortiront des échanges avec les populations de ces deux régions vont être adressées au président de la République, sans qu’elles soient suivies d’effet. Le même sort a été réservé aux conclusions de la «mission d’écoute» de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme, créée comme réponse à la crise anglophone. En juin dernier, après avoir recueilli les propositions des populations anglophones, la Commission, dirigée par l’ancien Premier ministre Peter Mafany Musonge, les a adressées au chef de l’État. Aucune des recommandations retenues n’a été mise en œuvre à ce jour.
Les diplomates priés de circuler
Fin de non-recevoir également pour des propositions de la communauté internationale. Au cours d’une de ses nombreuses missions au Cameroun en 2017, dans le cadre de cette crise, François Louncèny Fall, envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour l’Afrique centrale, se montre optimiste et déclare que «des échanges fructueux et pleins d’espoirs» ont eu lieu avec les autorités camerounaises. Il appelle le gouvernement à trouver des solutions pour mettre fin au conflit. Mais du côté camerounais, on s’attèle surtout à montrer que les torts viennent d’en face et que l’État ne fait que se défendre. C’est dans la même logique que le gouvernement reste sourd aux recommandations du Commonwealth, dont la secrétaire générale a effectué une visite de travail en décembre 2017. Patricia Scotland a demandé à Yaoundé d’ouvrir un «dialogue sans condition».Les appels incessants des partenaires traditionnels du Cameroun, à l’instar de l’Union européenne, de la France, des États-Unis, ou encore de l’Allemagne, n’auront pas plus de succès. Ces derniers ont, à plusieurs reprises, pressé le gouvernement de trouver une solution politique à la crise. Mais Yaoundé ne prête l’oreille qu’aux voix qui confortent les autorités dans l’option militaire. Toute autre approche est rejetée dans cette crise et est dès lors perçue comme une tentative d’ingérence. Pour l’heure, rien n’indique un infléchissement de cette position et les opérations militaires se poursuivent ;
le décompte macabre aussi.Ifeli Amara
Etoudi dans la logique du «œil pour deuil»
Alors que des morts se comptent à la pelle, aucune action d’envergure pour un retour à une situation de paix durable dans la zone en crise n’a été mise sur pied. Des citoyens crient au laisser-faire volontairement entretenu.
Le palais présidentiel: coeur du pouvoir au Cameroun Dans leur tentative de dire ce qui caractérise Paul Biya, il y a un point central sur lequel d’aucuns s’épanchent : le président de la République reste le mieux placé pour juger de l’opportunité d’engager toute action au bénéfice du Cameroun. «S’il y a une bonne part de vérité dans ce postulat, il n’en demeure pas moins que face aux urgences du moment, cela mérite un beau débat», postule Rémy Massoma Ma Mbea. L’argumentaire de cet internationaliste pointe «la méthode Biya, consistant à ignorer souvent la résonnance des élans du peuple».
Et dans cette posture, la passerelle avec «la gestion présidentielle de la question anglophone» est vite trouvée. Depuis fin 2016, les événements s’accélèrent de façon diabolique, dans un enchevêtrement foisonnant. Assassinats, kidnappings, menaces de tous genres sont le lot quotidien des populations des régions du Sud-ouest et du Nord-ouest. «Jusqu’ici, aucun changement d’ampleur n’a vu le jour, rien n’a été appliqué dans la durée, avec le soin nécessaire», se désole Louis Yapseu, chercheur au Cercle d’études sécuritaires du Cameroun (CESCA).
À la vérité, l’universitaire stigmatise «l’immobilisme incompréhensible du président», dénonce «une cacophonie assourdissante au sein du gouvernement, pendant que des hommes, mus par une idéologie séparatiste ou fédéraliste, forcent les lignes au bulldozer et la kalach». Dans cet élan, il conclut: «C’est l’illustration de la méthode Biya, qui se veut habile, mais finit par tourner à vide à cause de l’enracinement d’un malaise social sans perspective». Le descriptif de cette méthode propose un visage présidentiel balafré d’un sens de l’esquive qui ne s’est, depuis, pas démenti. On se souvient qu’au début de la crise, Paul Biya, pour tenter de calmer les citoyens de la partie anglophone, avait tiré son écritoire et sorti sa plume. Il avait alors nommé, çà et là, des fils et des filles de cette zone à des postes de responsabilités. Deux de ses décrets consacraient la création de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme (CNPBM) et la mise sur pied d’un Plan humanitaire d’urgence.
Portant son regard sur ce «nouveau gadget», Jean-Marc Bikoko, le président exécutif de Dynamique citoyenne, s’en était pris à la «méthode Biya». «Ce type de dispositif, disait-il alors, a surtout pour but d’essayer d’éteindre un incendie, mais ne traite jamais le problème à la racine. C’est juste des saupoudrages successifs au lieu de réformes profondes et utiles pour le long terme».
Dans la même veine, Josué Ngounang, président de l’ONG «Cameroon First», soufflait que la pression de la crise dans la partie anglophone du pays oblige le président de la République à jouer son va-tout, en espérant obtenir des résultats immédiats. De son point de vue, le Plan d’urgence humanitaire et les nominations d’anglophones aux fonctions stratégiques se révèlent hors d’atteinte, faute d’avoir établi une stratégie de longue haleine.
Jean-René Meva’a Amougou
Sanction : Des multinationales interdites d’activités douanières
Perenco Rio Del Rey, Sogea Satom, Egis Cameroun, Sosucam et une cinquantaine d’autres entreprises sont accusées d’insolvabilité.
Sogea Satom, la firme francaise du BTP parmi les entreprises suspendues Le 5 décembre dernier, le directeur général des douanes a signé deux décisions. Elles suspendent «de toutes les activités en douane», 59 entreprises. En clair, ces sociétés ne peuvent plus ni importer ni exporter des biens. Ce qui peut entrainer leur banqueroute, particulièrement pour les entreprises spécialisées dans l’import-export comme Africa Food Industry. Il est reproché à ces sociétés le «non-paiement des droits, taxes de douane et intérêts de retard dus au Trésor public», renseignent les deux notes de Fongod Edwin Nuvaga. Dans la liste, on retrouve des filiales des multinationales (Perenco Rio Del Rey, Sogea Satom, Egis Cameroun, Sosucam), des entreprises publiques (Sopecam, Imprimerie Nationale…) ou encore des grandes entreprises comme Buns.
Selon le rapport d’évaluation du système de gestion des finances publiques publié en 2017, les restes à recouvrer dus à la direction générale des douanes se sont chiffrés à 218,4 milliards de francs CFA en fin 2016. En principe, explique le rapport, «tous les droits sont payés avant enlèvement de marchandises ; les crédits d’enlèvement ont été suspendus depuis 1995, en raison des abus qui avaient été constatés». Mais des arriérés de recouvrement sont cependant enregistrés, en raison de «l’existence de cas où les enlèvements sans paiement préalable sont autorisés sous caution donnée par des opérateurs ou agents dûment identifiés».
Pour justifier leur insolvabilité vis-à-vis du fisc, les entreprises brandissent les arriérés de paiement accumulés par l’État ou encore le non-remboursement de crédits TVA. Beaucoup de sociétés ne comprennent donc pas cette décision jugée extrême du directeur général des douanes. Elles estiment par exemple qu’on aurait pu procéder par des opérations de compensation des dettes croisées. Sauf que ces opérations sont jugées non conformes aux normes en matière de gestion des finances publiques.Dans le cadre de son programme économique et financier avec le FMI, le gouvernement camerounais s’est d’ailleurs engagé à «inscrire toutes les recettes et dépenses dans le budget, en évitant les compensations directes, en particulier entre le gouvernement central et les entreprises publiques» et «en éliminant les annulations de dettes croisées entre l’État et les entreprises publiques». Objectif : améliorer la lisibilité et la transparence dans l’exécution du budget, et renforcer le contrôle des risques budgétaires.
Aboudi Ottou