Yaoundé : L’empereur japonais embarrasse Paul Biya

Le souverain nippon a fêté, le mardi 11 décembre, ses 85ans. Le dernier en tant que monarque. Au Cameroun, cette célébration a été très peu courue. 

Coupure du gâteau

Très peu de membres du gouvernement camerounais ont fait le déplacement de l’hôtel Hilton en début de soirée du 11 décembre dernier. Dans l’une des salles était organisée la réception en l’honneur du «85eanniversaire de Sa Majesté l’empereur du Japon», avec comme hôte, l’ambassadeur de l’empire à Yaoundé. Seuls quelques ministres étaient présents ; à l’instar de Felix Mbayu, ministre délégué auprès du ministre des Relations extérieures, chargé des relations avec le Commonwealth -représentant le gouvernement-, de Mama Fouda, ministre de la Santé publique, ou encore Grégoire Owona, ministre du Travail et de la Sécurité sociale.

Il faut dire que pour les officiels de l’ambassade du Japon, l’organisation de cette réception n’a pas du tout été aisée, et ce jusqu’à la dernière minute. Les diplomates craignaient en effet qu’un remaniement ministériel post-élection présidentielle vienne redessiner la carte des invités à cet anniversaire, les invitations ayant été envoyées des semaines plutôt. L’objet de l’anniversaire explique également ce faible déploiement des membres du gouvernement.

Tabou
D’après OsawaTsutomu, le plénipotentiaire nippon à Yaoundé, «la réception en l’honneur de l’anniversaire de Sa Majesté Akihito de cette année est plus particulière que les précédentes. En effet, Sa Majesté l’empereur, qui a accédé au trône en janvier 1989 abdiquera en avril 2019. Après son abdication, son altesse impériale le prince héritier va accéder au trône impérial en mai 2019».

Au Cameroun, le président Paul Biya est âgé de 85 ans. En poste depuis 1982, l’homme brigue actuellement un énième mandat présidentiel qui devrait le maintenir à la tête de l’État jusqu’en 2025. Au sein du sérail, évoquer la succession du chef de l’État est un impair qui peut, au mieux, vous écarter de la gestion des affaires, au pire vous valoir d’être embastillé sous de nombreux prétextes.

C’est le cas de Marafa Hamidou Yaya, ancien secrétaire général de la présidence de la République (SGPR) et ancien ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Il purge une peine de 25 ans de prison pour «complicité intellectuelle de détournement», après avoir ambitionné de remplacer le chef de l’Etat.

Quant à Jean Marie Atangana Mebara, lui aussi ancien SGPR tout aussi prisonnier, révélait sans ses mémoires : «quelques semaines après ce congrès extraordinaire (juillet 2006, NDLR), je me trouvais à l’aéroport, attendant l’arrivée du président qui devait voyager. Le secrétaire général du Rdpc, monsieur Joseph Charles Ndoumba, de son pas lent, se dirige vers moi. ‘Monsieur le ministre d’État, comment allez-vous ?’ Je lui réponds que je vais bien. Puis, de manière tout à fait surprenante, il me dit ‘monsieur le ministre d’État, je voulais vous dire de ne pas commettre l’erreur de penser comme certains que la succession est ouverte ; la succession n’est pas ouverte ! Puis il termine, ‘vous qui avez fait vos classiques vous savez qu’il ne faut pas trop se rapprocher du soleil, il finit, comme dans le cas d’Icare, par vous brûler les ailes… Vous voyez ce que je veux dire».

Bobo Ousmanou

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *