les terroristes allument la mèche, les réseaux sociaux font exploser la bombe
Les experts sont d’avis que les services de renseignement d’Afrique centrale doivent disposer d’un dispositif automatisé de surveillance d’Internet avec un fort aspect prédictif.
Une vidéo en direct sur Facebook live, mise en ligne ensuite sur YouTube et Instagram. Des photos de miliciens ambazoniens postées sur Twitter. Un manifeste rempli de références stratégiques sur les positions des forces de défense et de sécurité sur un forum de discussions. Les réseaux sociaux ont fait partie intégrante de l’arsenal utilisé par les groupes armés présents dans la partie anglophone du Cameroun. Leur incroyable puissance, et toutes leurs failles de modération, ont été utilisées pour augmenter l’effet de sidération. Voilà qui inquiète de nombreux spécialistes, dont le jeune Serge Meye-Ba-Ntyam. Concepteur d’un antivirus « 100% camerounais », il propose à tous les services de renseignement d’Afrique centrale de disposer d’un dispositif automatisé de surveillance d’internet avec un fort aspect prédictif. «Il y a des algorithmes capables de suspecter quelqu’un de vouloir passer à l’acte terroriste sans qu’il ne l’ait fait », soutenez l’ingénieur informaticien. Lors de la Conférence 2022 à Yaoundé, Ahmat Yacoub Dabio a sienne cette idée. « Même si les contenus terroristes ne représentent qu’une très infime partie des échanges sur les réseaux sociaux, nous devons les prendre très au sérieux, en fermant les comptes de ceux qui se réjouissent d’un attentat et des terroristes identifiés même s’ils n’échangent pas de messages dangereux. Et ils sont incapables d’en créer de nouveaux. Les services de renseignements d’Afrique centrale doivent mettre en place des processus pour repérer et supprimer les contenus djihadistes avant même leur publication, comme cela se fait déjà ailleurs», exhorte le Tchadien. À l’écoute, il propose un regard sur l’inquiétante montée en puissance sur les réseaux sociaux de la galaxie terroriste en Afrique centrale. Il déplore que les services de renseignements sous régionaux soient confrontés à une certaine modestie des politiques plus strictes en matière de fake news de la part de ces réseaux sociaux et des sites de partage en ligne.
Comme Ahmat Yacoub Dabio, Antoine Pérouse de Montclos alerte les États sur l’utilisation d’Internet et des réseaux sociaux par les groupes terroristes pour « recruter, financer, propager, entraîner et inciter des internautes à commettre des actes terroristes et à dépasser les frontières sous régionales, amplifiant ainsi l’impact potentiel de leurs actions. À cet effet, l’université française encourage les services de renseignement d’Afrique centrale à ratifier les lois afin de prévenir le cyberterrorisme et à stimuler la collaboration transfrontalière entre les services répressifs ».
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Jean René Meva’a Amougou