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Catégorie : INTÉGRATION RÉGIONALE
Nouvelles formes de criminalité : les polices d’Afrique centrale au front
Hermann Immongault, ministre délégué gabonais chargé de l’intérieur et de la sécurité, Président en exercice du Forum des ministres en charge des questions de sécurité en Afrique centrale Le 23è Forum des ministres en charge des questions de sécurité en Afrique centrale, s’est tenu le 17 novembre 2023 par visio-conférence, sous la présidence de Hermann Immongault, ministre délégué à la présidence chargé de l’intérieur et de la sécurité de la République Gabonaise. Au-delà de la reconduction pour un an du mandat du président en exercice du Forum des ministres en charge des questions de sécurité en Afrique centrale, La rencontre à propos d’une dizaine de résolutions. En l’occurrence l’organisation par le secrétariat permanent du Comité des chefs de police d’Afrique centrale (CCPAC), en collaboration avec Afri-pole et Interpol, d’une réunion spécialisée sur les nouvelles formes d’escroquerie en ligne, celles-ci perpétuées à travers des structures de micro-finances et d’autres établissements fictifs afin de proposer des stratégies de lutte pour la sous-région ; l’exhortation des pays membres du CCPAC à entreprendre des démarches auprès des opérateurs de téléphonie mobile sur la nécessité de procéder à une identification systématique de leurs abonnés afin de faciliter les recherches dans les enquêtes; l’exhortation des pays membres du CCPAC à renforcer les capacités structurelles et opérationnelles des bureaux de liaison nationaux d’Afri-pol pour une meilleure coordination des actions de lutte contre la criminalité en Afrique ; l’invite de toutes les entités nationales chargées de la coopération policière à collaborer étroitement, afin de mutualiser leurs actions pour lutter efficacement contre la criminalité dans chaque pays et dans la région Afrique centrale ; l’invite des Bureaux centraux nationaux (BCN) à œuvrer au renforcement de la coopération policière en Afrique centrale, notamment par la poursuite des échanges d’informations, l’utilisation accumulée des outils de capacité policière d’Interpol et la transmission des statistiques criminelles ; l’invite des pays de la Cémac à prendre toutes les mesures nécessaires en vue d’appliquer intégralement tous les textes relatifs à la libre circulation, notamment le règlement sur la politique commune d’émigration, d’immigration et de protection des frontières adoptée par Acte numéro additionnel 5 / 19 du 1er avril 2019 par la Conférence des chefs d’Etat ; l’invite des directeurs de la police de l’air et des frontières à partager et à faire une large diffusion du règlement suscité auprès de leurs collaborateurs en service dans les postes frontières et de tous les autres acteurs nationaux impliqués dans le contrôle des documents de voyage. Cette concerne notamment le respect de l’article 3, qui énonce que tout citoyen communautaire a sensibilisation au droit de circuler librement ou de séjourner dans un Etat membre de la Cémac, pour une durée n’excédant pas trois mois, soit 90 jours, sous réserve de la détention de l’une des pièces suivantes : une carte nationale d’identité biométrique, une carte d’identité Cémac, un passeport biométrique ou un passeport Cémac homologué en cours de validité; la demande au secrétariat permanent de convoquer une réunion du sous-comité Législation et suivi pour procéder à la relecture des textes statutaires du CCPAC, conformément à la circulaire du président de la Commission de la Cémac, sous le numéro 0017 du 19 juillet 2023; la demande au secrétariat permanent du CCPAC d’organiser une réunion spécialisée sur les violences en milieux scolaires et les infractions sous-jacentes, en vue d’adopter une stratégie de lutte contre ce fléau qui sévit dans l’ensemble des pays membres, en y associé le personnel enseignant et les universitaires.
Les recommandations de cette réunion, quant à elles, tournent au tour des soutiens mutuels entre les différentes parties se traduisent dans les problématiques sécuritaires en Afrique centrale. Demander à Afri-pole de soutenir les efforts des États membres du CCPAC dans les domaines suivants : appui à la mise en place des bases de données criminelles ; renforcement des capacités opérationnelles des agents chargés de l’application de la loi en matière de lutte contre le terrorisme, la cybercriminalité, la criminalité transnationale organisée et l’analyse criminelle. Encourager les États membres à soutenir le CCPAC et le bureau régional Interpol dans la lutte contre le recrutement en ligne à des fins d’exploitation. Apporter au projet Cémac – Interpol toute l’assistance nécessaire en vue de sa finalisation à l’échéance convenue, au 31 juillet 2024. Encourager les bureaux centraux nationaux Interpol, le CCPAC et les bureaux de liaison nationaux à partager entre eux les informations sur les activités organisées par Interpol, le CCPAC et Afri-pole. Activation effective des Brigades mixtes Cémac.Le 23ème Forum des ministres en charge des questions de sécurité en Afrique centrale a été précédé de la troisième réunion sécuritaire du Conseil des chefs de police du CCPAC et de la 35ème réunion des sous-comités techniques du CCPAC.
Thierry Ndong Owona
Un portefeuille de 19 projets pour la sous-région
D’innovations en innovations
La fin prochaine de l’année 2023 ouvre le chantier de l’implémentation du programme budgétaire 2024-2027 de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Celui-ci est fixé à 103 millions d’euros (67 563 571 000 FCFA), en hausse de 21% par rapport au budget 2023. Il doit bénéficier à vingt projets pour l’Afrique, l’Amérique, l’Asie pacifique, les Caraïbes, l’Europe, le Moyen-Orient et l’Océan indien.
Une innovation ponctue la démarche de l’OIF dans le cadre de cette nouvelle programmation. Il s’agit des concertations menées auprès de ses États-membres. En témoignent des rencontres officielles comme celle tenue le 3 novembre au palais de l’Unité du Cameroun. Le président de la République du Cameroun y a reçu en audience Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’OIF. Les échanges ont porté sur des questions de recapitalisation de l’institution. Ce qui fonde l’organisation à décrire la programmation 2024-2027 comme la manifestation «d’une volonté de co-construction et de mobilisation collective». «Pour la première fois, l’OIF a bâti sa programmation après avoir mené de larges consultations auprès de ses États et gouvernements membres, à qui j’exprime notre gratitude pour leur engagement et leur soutien», peut-elle alors se réjouir à l’apogée de son deuxième mandat.
Pour la quatrième secrétaire générale de l’OIF, ce programme budgétaire se resserre autour des axes structurant de la Francophonie. Lesquels renforcent la présence du français et de la Francophonie dans les secteurs de l’éducation et de la culture, du développement économique, de la démocratie et la paix. «Le résultat se traduit donc par une programmation plus concentrée, resserrée autour de nos axes structurants et de quelques nouvelles thématiques porteuses comme le tourisme durable, les industries culturelles et la découvrabilité des contenus francophones», souligne-t-elle en avant-propos du document de programmation. Celle-ci est la première portée par Louise Mushikiwabo. Lire le zoom.
Louise Nsana
Les interventions de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dans la sous-région, dès le 1er janvier 2024, touchent l’éducation, la démocratie et la paix, ainsi que le développement économique.
La Francophonie poursuit sa vision à l’horizon 2030: devenir, un espace solidaire mieux gouverné, inclusif, numérique, innovant, durable et prospère, au profit du mieux-être des populations. Ce postulat fixe les grandes lignes du programme budgétaire de l’OIF adopté à Yaoundé courant novembre, pour la période 2024-2027. L’Afrique centrale y bénéficie de 19 projets sur les 20 qu’entend mener l’Organisation durant la période susmentionnée. Ces derniers se fondent sur trois grands piliers visant à renforcer l’influence de la langue française. Il n’est pas encore possible de donner le montant de l’enveloppe réservée à la sous-région. Elle était toutefois de 17 983 033 euros (environ 11 796 096 378 FCFA) pour la période 2019-2022.
1- La langue française au service des cultures et de l’éducation
La feuille de route de l’OIF en Afrique centrale consiste dans un premier temps à étendre et à valoriser l’usage de la langue française auprès des décideurs nationaux et internationaux, les acteurs de la création artistique et culturelle. Pour une enveloppe collective de 15,55 millions d’euros (10 200 131 350 FCFA). L’instance entend parvenir à une importante augmentation du nombre de décideurs certifiés à la pratique du français; ainsi que des contenus culturels et intellectuels produits dans la langue de Molière, entre autres. Elle procèdera, pour y parvenir, à la collecte et l’analyse de données sur les avancées enregistrées. Elle envisage par ailleurs de conduire des plaidoyers et de sensibiliser en faveur du multilinguisme à l’échelle internationale. Cela tout en apportant un soutien aux artistes et scientifiques.Les visées de l’OIF consistent, dans un second plan, à l’amélioration de la qualité de l’enseignement du français. Au travers de la mise au point d’approches pédagogiques adaptées aux contextes locaux. Les actions répertoriées pour la cause consistent en la mise à disposition d’une plateforme numérique de ressources pédagogiques et de formations en faveur des enseignants; le renforcement des compétences linguistiques et professionnelles des enseignants; le déploiement d’enseignants volontaires au sein de certains établissements scolaires; et le développement de plans d’actions nationaux pour renforcer la place du français dans les systèmes éducatifs. Ce plan d’action est consolidé par la poursuite de l’initiative francophone pour la formation à distance des maîtres (Ifadem). Celle-ci cible prioritairement les zones rurales au Cameroun, en Centrafrique, au Burundi, au Tchad et en RDC, pour ce qui est de l’Afrique centrale. L’Afrique de l’Ouest, l’Océan Indien, l’Asie-pacifique, les Caraïbes et le Moyen-Orient en bénéficient également.
Les langues nationales ne sont pas laissées en marge des actions de l’institution que dirige Louise Mushikiwabo au Cameroun, au Burundi et en RDC. La deuxième phase du projet dénommé «Ecoles et langues nationales (Elan)» est le garant du respect de la diversité culturelle en matière d’éducation. Grâce aux centres de lectures et d’animation culturelle (Clac).L’OIF dédie une marge de ses actions au développement des industries culturelles pour la période 2024-2027. Elle ambitionne par ailleurs d’étendre les compétences et l’autonomie des acteurs culturels par un soutien à la création, la production, la distribution et la découvrabilité des œuvres et des contenus culturels francophones. Il est également question de faciliter l’accès de ces acteurs aux marchés et réseaux internationaux; tout en accompagnant et en accélérant la diffusion d’innovations et de nouveaux modèles. Un montant de 8,6 millions d’euros (5 641 230 200 FCFA) est de ce fait alloué à l’ensemble de l’espace francophone. Priorité est cependant accordée aux pays d’Asie-Pacifique, d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique centrale, d’Afrique du Nord, de l’océan Indien, du Moyen-Orient et des Caraïbes.
Une place est accordée à la découverte des talents sportifs et culturels de la sous-région lors des Jeux de la Francophonie. La 10e édition est prévue en 2027 avec un montant de 2,65 millions d’euros (1 738 286 050 FCFA). Pendant ce temps, la jeunesse tchadienne profitera de l’opportunité de la Radio Sahel pour exprimer son point de vue sur la crise politique qui secoue ce pays.
2- la langue française au service de la démocratie et de la gouvernance
«Alors qu’au sein de l’espace francophone, le principe même de la démocratie est parfois remis en cause et que la recherche de la paix et de la stabilité se heurtent à des obstacles inédits, l’OIF entend utiliser au mieux le potentiel fédérateur de la langue française pour transcender les barrières culturelles et linguistiques et promouvoir, par une culture du dialogue, les valeurs qui la fondent: attachement à la démocratie, au pluralisme, à la bonne gouvernance», souligne l’institution internationale. Elle octroie à la cause un budget de 3,2 millions d’Euros (1 738 286 050 FCFA), dont bénéficiera partiellement l’Afrique centrale, pour l’implémentation du projet «Etat civil». Lequel devrait favoriser la modernisation des systèmes d’Etat civil et l’enregistrement systématique des naissances. Les moyens d’y parvenir portent essentiellement sur la formation, la sensibilisation, les plaidoyers, la production et la vulgarisation des bonnes pratiques. Des activités sont également projetées en vue de la tenue des campagnes d’enregistrement.L’Organisation internationale de la Francophonie est résolue à intervenir pour le maintien de l’État de droit, des droits de l’Homme et de la justice dans les pays frappés par des crises. En l’occurrence, le Tchad, la Centrafrique, le Cameroun, pour ce qui est de l’Afrique centrale. Un financement de 5,7 millions d’euros (3 738 954 900 FCFA) permettra de renforcer les institutions pour l’adoption des lois et mesures y afférentes. La programmation de l’instance internationale de la francophonie en faveur de la cohésion sociale est enrichie d’un chapitre dédié au «soutien à la paix et à la stabilité».
L’OIF part en lutte contre les «désordres de l’information» pour les quatre années à venir. Son action va s’étendre aussi à la prévention des conflits dans les territoires de son ressort. Ce projet, précise l’organisme, sera implémenté dans les pays en phase de transition politique, ceux faisant face à des crises sécuritaires et au terrorisme. Ce critère a sans aucun doute permis de qualifier la sous-région pour ce financement collectif de 5,35 millions d’euros (3 509 369 950 FCFA). À la condition cependant que le Cameroun, le Tchad et la Centrafrique, principalement concernés, en fassent la demande officielle auprès de l’OIF.3- La langue française, vecteur de développement durable
Le développement économique des 88 pays réunis au sein de l’OIF est une préoccupation. L’institution dénombre un certain nombre de pesanteurs qui en bloquent l’apogée. On y compte pêle-mêle les changements climatiques, la compétition pour l’accès aux ressources naturelles, la perte de la biodiversité, les inégalités économiques et sociales persistantes. Sept projets sont de ce fait arrêtés pour répondre à ces défis. La démarche dont bénéficie l’Afrique centrale consiste dans un premier temps en la réduction des inégalités et des disparités de genre. Il s’agit de booster l’autonomie économique et sociale des femmes en situation de vulnérabilité. Au travers du Fonds «la Francophonie avec elles», les organisations de la société civile (OSC) engagées pour leur cause reçoivent un soutien financier. Celui-ci devrait permettre de renforcer leurs actions de plaidoyer et d’accompagnement de la cible. Un montant de 4,4 millions d’euros (2 886 210 800 FCFA) est engagé subséquemment en faveur de l’Afrique centrale, de l’Ouest et du Nord, de l’Océan indien, de l’Asie pacifique, du Moyen Orient et du pacifique.L’accomplissement de l’objectif de développement durable numéro 17 (partenariats pour la réalisation des objectifs) vient dans les priorités de l’Organisation internationale pour le prochain cycle quadriennal. Le projet «Innovations et plaidoyers francophones» en fait son cheval de bataille. Il entend accroître l’influence des femmes, des jeunes et des organisations de la société civile lors de l’élaboration des politiques publiques. Budget établi: 4,2 millions d’euros (2 755 019 400 FCFA) en faveur de l’ensemble des États francophones.
4- Le numérique
Un autre volet du portefeuille de projets de l’OIF en Afrique est consacré au renforcement des compétences numériques des populations. Ainsi, le projet «D-CLIC» a pour but d’outiller les femmes et les jeunes pour leur permettre de mieux appréhender les mutations de l’économie. Pour un montant de 6,8 millions d’euros (4 460 507 600 FCFA), l’institution entend «améliorer l’employabilité des jeunes et des femmes dans le domaine du numérique, à travers le développement de formations aux métiers du numérique, ainsi que l’initiation et le renforcement des compétences numériques de base des populations», renseigne le document de programmation. Il est également question de «renforcer les politiques publiques sectorielles en termes de structuration et gouvernance du numérique mondial, ainsi que les dispositifs nationaux favorisant la transformation numérique et le développement de l’emploi dans les filières numériques».
L’Afrique centrale bénéficiera du projet dénommé «Promotion des échanges économiques et commerciaux francophones». Il est arrêté avec l’objectif d’accompagner le développement des entreprises francophones; renforcer l’influence des États et gouvernements francophones sur la scène internationale; contribuer à l’amélioration de l’environnement des affaires. L’enveloppe collective dédiée à cette rubrique est de 6,2 millions d’euros (4 066 933 400 FCFA).5- L’environnement
Les questions environnementales constituent une priorité pour l’OIF. Elle ambitionne d’outiller les acteurs étatiques dans le but d’optimiser la défense de leurs positions lors de négociations internationales. Le projet «Accompagnement des transformations structurelles en matière d’environnement et de climat» est de ce fait au programme. Il devrait aboutir à la mise en place des cadres de concertation francophones sur les enjeux des négociations; des actions de formations à la préparation des sessions de négociations pour les décideurs publics; des plaidoyers pour l’accès à la finance durable; et à la mise à jour des plans nationaux sur la biodiversité, entre autres.
En matière de préservation de l’environnement, le Bassin du Congo fait figure de priorité pour l’OIF. Elle implémentera de fait son projet de «Soutien aux initiatives environnementales dans le Bassin du Congo» au Cameroun, en Centrafricaine, RDC, République du Congo, Guinée Équatoriale et au Gabon. Pour un montant global de 4,775 millions d’euros (3 132 194 675). Ce dernier fonde des actions en faveur de la résilience des écosystèmes et des populations dans la zone concernée. Il est articulé autour de l’appui financier aux initiatives entrepreneuriales agricoles. Ledit projet vise aussi les formations pratiques en agriculture des jeunes et des femmes, le soutien à la mise en œuvre, au transfert et à la valorisation socio-économique d’éco-innovations intégrées, transformatrices, adaptées aux conditions régionales et accessibles aux populations vulnérables.Louise Nsana
CCPAC : la sécurité de la Cémac en évaluation
Les patrons de police de la sous-région se sont réunis par visioconférence pour tabler sur le sujet.
Le colonel Esaie Ovono Mezui, Secrétaire permanent du CCPAC, veille au grain La mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), implique plusieurs défis. Parmi ceux-ci, se trouvent ceux liés à la sécurité. C’est ce qui explique la tenue, du 14 au 16 novembre dernier de la troisième session sécuritaire du Conseil des chefs de police du CCPAC (Conseil des Chefs de Police de l’Afrique centrale).
La rencontre tenue en ligne avait un objectif bien défini. « Procéder à une évaluation de la situation sécuritaire de la région dans les segments pertinents des différentes commissions techniques et proposer des mesures opérationnelles qui permettront aux chefs de police et aux ministres en charge des questions de sécurité de prendre des décisions idoines pour lutter efficacement contre les phénomènes criminels émergents dans notre zone», détaille le général de division Hervé Ngoma. En sa qualité de président en exercice de cet organisme inter-États, le commandant des forces de police gabonaises était face à ses homologues des autres pays de la sous-région Afrique centrale.
Comités
Les patrons de la sécurité en zone Cémac n’ont pas dérogé au rituel habituel. Leurs moments d’échanges, d’analyses et de réflexions sur les défis sécuritaires de la sous-région, ont également permis aux membres des différentes sous-commissions de se réunir. Ce, en vue de faire point sur tous les domaines de la sécurité. Notamment, «la police judiciaire, la police de l’air et des frontières, la coopération policière, le trafic des stupéfiants et la criminalité pharmaceutique», fait savoir le colonel Esaie Ovono Mezui, Secrétaire permanent du CCPAC.
À l’en croire, ces échanges concourent à mettre en application tous les textes relatifs à la libre-circulation des personnes et des biens (conformément à la décision du 1er avril à la conférence des chefs d’états de la Cémac). D’où les préoccupations évoquées lors des débats. Les hommes en tenue ont passé en revue les missions circulaires organisées dans les pays de la sous-région; ce, en vue du contrôle des systèmes d’automatisation des documents de voyage. Sur la table des ponts de la police de la Cémac, il y avait également l’amplification de la lutte contre la criminalité pharmaceutique. Il était également question de rendre compte à qui de droit de sur «la mise en œuvre des recommandations formulées lors des précédents travaux et validées par les Chefs de Police et les Ministres», explique le Secrétaire permanent du CCPAC. ;Révision des textes
Les patrons de police ont également trouvé bon de revoir les différents textes qui encadrent leur exercice dans la sous-région. Ce, en vue de s’arrimer aux multiples changements qu’induit la montée en puissance de la criminalité dans la sous-région. En effet, certains points ont également fait l’objet des échanges au cours des travaux de la 35ème réunion des sous-comités techniques. Il s’agit du «compte rendu des actions menées par le Secrétariat permanent pendant la période considérée; la révision des textes statutaires du CCPAC; les activités programmées pour l’exercice 2023», entre autres sujets.Au sortir des échanges, plusieurs recommandations ont été faites. Lesquelles, vont permettre d’améliorer la coopération policière en Afrique-centrale et de garantir une libre circulation des personnes et des biens en toute sécurité.
Joseph Julien Ondoua Owona
Filière bananes : la CDC peu à peu loin des turbulences
Avec une hausse de 58% de ses exportations, l’agro-industriel public réalise sa deuxième meilleure performance depuis le début de l’année 2023.
Dans le détail des données de l’Association bananière du Cameroun (Assobacam), les exportations de bananes sont passées de 17 930 tonnes en octobre 2022 à 19.721 tonnes en octobre 2023. Soit une hausse de 1791 tonnes en valeur absolue. La filière réalise ainsi sa deuxième meilleure performance depuis le début de l’année 2023, après les 19734 tonnes exportées au mois de septembre 2023.
En gros, selon des données compilées de l’Assobacam, l’agro-industriel public Cameroon development corporation (CDC), 2ème employeur du pays, a exporté une cargaison de 2.586 tonnes de bananes au mois d’octobre 2023. En glissement annuel, ces exportations sont en hausse de 58% en comparaison avec les 1 636 tonnes exportées en octobre 2022. Ce qui confirme bien que l’activité de la Cameroon development corporation repart à la hausse depuis le début de l’année 2023, après les 2.592 tonnes de bananes expédiées vers le marché international en janvier 2023.
En effet, apprend-on officiellement, les exportations de bananes du pays ont progressé de 10% en octobre 2023 en glissement annuel. Un autre témoignage éloquent d’une sortie progressive de l’entreprise étatique de la zone de turbulences. La crise socio-politique a pendant près de deux ans entraîné l’arrêt des activités, mettant au chômage environ 20 000 personnes. L’importante progression des exportations de la CDC a surtout permis au Cameroun de doper ses expéditions de bananes vers le marché international au cours du mois sous revue, ainsi que ses recettes d’exportation.Cependant, en dépit de la bonne performance de la CDC, la société des Plantations du haut Penja (PHP) demeure le leader du marché. Cette filiale de la compagnie fruitière de Marseille a exporté 16 252 tonnes de bananes en octobre 2023. Contre 15 141 tonnes, un an plus tôt. Ce qui relève une augmentation des volumes de 1 111 tonnes, correspondant à une progression de 73% en valeur relative.
Chez Boh plantations Plc, le numéro 3 du marché national par contre, les exportations connaissent une baisse de 23,4% au mois d’octobre, soit 270 tonnes de valeur absolue. Dans le détail, les cargaisons de bananes expédiées à l’international par l’unique opérateur privé local de la filière banane au Cameroun ont culminé à 883 tonnes en octobre 2023 contre 1 153 tonnes au cours de la même période en 2022.
Diane Kenfack
Bili-bili: Boisson transnationale consommée à Yaoundé
Yaoundé, ville cosmopolite où il fait bon vivre. Le slogan trouve tout son sens pour plusieurs expatriés, notamment de l’Afrique centrale et de l’Ouest. Quartier Elig-Edzoa (Yaoundé 1er), au lieu-dit rails, derrière l’espace marchand du coin.
Le « bili-bili », une boisson locale qui fait bon ménage à Yaoundé Il se tient tous les week-ends une fête foraine spontanée. Ici, il se mélange par milliers, des ressortissants des pays de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale). Aux côtés des Camerounais généralement originaires du septentrion, Centrafricains, Congolais et Tchadiens ont fait de ce lieu un véritable repère. Ils s’y retrouvent le dimanche, comme des ouailles à l’église. «On vient ici chaque dimanche pour se mettre à l’aise», avance Osheyni. Assis avec quelques amis sur le chemin de fer qui passe par là, le tchadien se confie sur le rituel dominical. «C’est notre jour de la semaine où on vient faire un peu la fête. En semaine, chacun se bat de son côté et on vient se détendre», explique-t-il.
La taverne
D’apparence exiguë, ce coin d’Elig Edzoa s’avère être un grand cabaret au registre très particulier. Ici, des sonorités sahélo-sahéliennes retiennent et ravivent les convives. Emportés par la succulence de la mélodie de l’Afrique profonde, plusieurs « festivals » préfèrent la savourer en couple. La piste de danse ici n’est pas célèbre, mais fait quand même l’affaire.
Le lieu à d’ailleurs le mérite d’avoir formé des couples. «C’est ici que j’ai connu mon fiancé il ya trois ans de cela. Aujourd’hui, sur deux enfants. Il est resté à la maison, mais moi je ne pouvais pas manquer ce rendez-vous», argumente Asta, visiblement déjà sous l’emprise d’un verre de trop. Pas étonnant. Dans ces lieux, la bière coule à flot sur les deux petites tables présentes dans cette arène. Tout à côté, d’autres adeptes moins résistants, sont allongés sur les bancs et d’autres par terre.Bili-bili
Contrairement à ces derniers, il y en a qui préfère se régaler du très aimable «bili-bili», boisson originaire des peuples soudano-sahéliens. Sur les lieux, eaux et calebasses pleines de ce vin sont pris d’assaut et se laissent vider progressivement. Tel ce bon miel qui attire les abeilles, cette boisson locale est consommée ici sans modération. «Le bili-bili est notre vin préféré ici. Ce qui est particulier dans ce vin, c’est qu’il est naturel. Nous le consommons ici sans modération, surtout entre proches. Tu vas en Centrafrique, au Sénégal, au Burkina-Faso, en Mauritanie, au Tchad, ou encore au Nord-Cameroun, cette boisson est consommée partout et c’est bon», s’extasie le Centrafricain François Mouninga.Fait à base de céréales (mil rouge, maïs, sorgho), le bili-bili est pris pour son goût unique et n’a rien à envier aux «vins des blancs». La boisson africaine a fini par s’imposer comme boisson locale la plus consommée par les populations de divers pays, à en croire Hasanatou ressortissant nigérien.
Rapport qualité-prix
Le succès de ce vin réside aussi dans son prix. Vendu à 100 ou à 200 FCFA le verre, l’épaisseur de la bourse permet aux consommateurs de bien se délecter de cette bière locale. Le plein d’une demi-calebasse coûte 500 FCFA et 1000 FCFA le litre. Les vendeuses trouvent leur compte. «Ma recette ce jour s’élève à 8000 FCFA. Ce qui n’est pas très insignifiant par rapport au boulot qu’on fait», se confie Hawaila, vendeuse plus connue sous le nom de « dada bili-bili ». C’est que le breuvage, réputé pour sa saveur et son odeur exquises, est consommé par des hommes comme par des femmes.Les à côtés
En ce haut lieu de réjouissance, la foule s’étend à perte de vue. Certainement parce que les «festivaliers» viennent des quartiers environnants et même parfois de très loin. Originaire de la République du Congo, Laurent vit à Mbankomo, une banlieue située à quelques kilomètres de la capitale politique camerounaise. Avec son ami Djibril, originaire de l’Extrême-Nord du pays, le natif de Pointe-Noire se envoie chez lui. «On accorde beaucoup d’importance à cet endroit. Mon ami et moi on travaille dur pendant la semaine. On est toujours là chaque dimanche dès qu’on a notre argent de transport pour venir s’amuser avec des amis», assure-t-il.Foire
Dans ce bal d’un autre genre, les activités économiques foisonnent. Au gré des arrivées, l’endroit fini par se transformer en une «foire». Montres, chaussures, cigarettes, vêtements, viandes braisées, safous grillés et autres s’y exposent. Ici, on négocie, on marchande et on vend. Sous les hangars, dans les bars et même en plein air, le seul objectif est de s’amuser. «Je suis accompagné de ma femme et de mes enfants. C’est devenu une tradition pour nous. Ma femme fait frire les petits poissons qu’elle vient souvent vendre le dimanche», raconte Abakar. Au-delà du pur loisir, cet endroit est également le lieu où le Centrafricain retrouve ses cousins via lesquels il reçoit des informations du village. La communication dans ce « carnaval » se fait en fufuldé, la langue locale devenue universelle en ces lieux.Joseph Ndzié Effa (stagiaire)
Oignons: les pays de la Cemac et le Nigéria font grimper les prix au Cameroun
L’oignon fait larmoyer depuis plusieurs jours les ménages à Yaoundé au Cameroun. La situation est liée à sa rareté de plus en plus prononcée dans les marchés. Et lorsqu’on parvient à en trouver, il se négocie à prix d’or. Grossistes, détaillants et ménagères sont tous aux abois. «Actuellement, on vend le filet d’oignons blancs à 28.000 ou 30.000 FCFA et les rouges entre 18.000 et 20.000 FCFA», indique Adamou, revendeur au marché Mbankolo.
Ingrédient indispensable pour l’assaisonnement des repas, les oignons commencent à manquer dans les cuisines. «Vraiment, c’est cher. On ne sait même plus quoi faire, quand on se retrouve à acheter quatre oignons à 500 FCFA et même six parfois à 1000 FCFA. Je fais maintenant certaines sauces, sans oignon», confie Amandine, ménagère venue dans ce marché acheter des légumes.
Nous sommes au marché Mbankolo plus connu sous le nom de «marché huitième». C’est le principal marché d’approvisionnement des pays tels que le Gabon, le Congo et la RCA. Sur la dizaine de camions semi-remorques stationnés en ce 9 novembre 2023, un seul transporte les oignons. «Avant, on recevait par jour quinze à vingt camions remplis d’oignons. Maintenant, les camions arrivent parfois mélangés avec d’autres produits comme l’arachide. Quand on décharge, il n’y a pas des clients parce que c’est devenu tellement cher», renseigne Bachirou Hamadou, grossiste.Les prix sont de plus en plus inquiétants et impraticables, soumis à la loi de l’offre inférieure à la demande. Selon les commerçants rencontrés dans ce grand marché sous- régional, un sac d’oignons blancs de 120 Kg qui coûtait 40.000 FCFA oscille aujourd’hui entre 115.000 et 120.000 FCFA. Il en est de même pour le rouge passé de 50.000 FCFA à 90.000 ou 100.000 FCFA. Ce qui provoque une situation sans précédent. «Ça fait plus de quatre mois que le prix de l’oignon a commencé à grimper. Avant, c’est vrai que le prix devait augmenter à cette période, mais atteindre 140.000 FCFA, c’est la première fois que cela arrive», souligne Adamou.
Causes
Selon les mêmes sources, cette pénurie est consécutive aux aléas climatiques, mais aux aussi et davantage à la forte demande des pays voisins. À savoir: la Guinée Équatoriale, le Congo, la Centrafrique, le Nigeria et le Gabon. «Il y a quelques mois, le Nigeria par exemple achetait tout son oignon ici entre Douala et Yaoundé. La récolte vient juste d’être lancée. Maintenant, on achète le produit aux même prix que ces étrangers et pourtant on est chez nous ; on ne s’en sort pas», explique Hamadou, grossiste.Les fortes chaleurs observées également au niveau des deux grands bassins de production de ce légume, le Nord et l’Extrême-Nord, n’arrangent guère la situation. «Il se pose un problème de conservation de ce produit, pour pouvoir assurer la disponibilité entre deux récoltes. Ajouté à cela, la demande extérieure. Tout ceci exerce une pression et par conséquent l’offre à tendance à baisser par rapport à une demande qui est sans cesse croissante. Résultat, la hausse des prix», fait observer l’économiste Christian Lemenga.
L’on évoque aussi la réduction des espaces de cultures par certains cultivateurs. Selon Christian Lemenga, sur le plan économique, les apports de cette culture en termes de revenu collecté par les populations des bassins de production restent difficiles à évaluer. «Ceci fait l’objet des transactions de toutes sortes qui ne sont pas toujours très formalisées, notamment des données relatives aux exportations d’oignons qui ne sont pas très fiables du fait du caractère informel entre les producteurs et les consommateurs venus des pays voisins. On pourrait entrevoir des opportunités au niveau de l’organisation des producteurs d’oignons pour pouvoir entraîner une bonne gestion de leurs productions ; et à partir de là, on pourra mieux chiffrer la production, les exportations, et autres. Il est donc question pour l’État d’aider les opérateurs de la filière oignon au Cameroun à pouvoir mieux s’organiser afin de faire face à tous ces différents défis», conclut-il.
Joseph Ndzie Effa (stagiaire)
Carrefour Mvan : levier de la Zlecaf en zone Cemac
Carrefour «Mvan». L’entrée de la capitale politique camerounaise en venant de Douala tient sa renommée des bouchons interminables aux heures de pointe de la journée.
Bientôt des sanctions contre les opérateurs de téléphonie mobile Le carrefour Mvan, compris dans les corridors Douala – Bangui et Douala – Ndjamena, est incontournable pour rallier par route certains pays voisins du Cameroun. Cette intersection n’est pas suffisamment configurée pour abriter un trafic d’une telle ampleur. Selon le Bureau national du fret terrestre du Cameroun en 2021, 25% des difficultés d’accès ou de sortie au sud de Yaoundé sont dues aux embouteillages au niveau des carrefours Mvan et Awae escalier.
La situation, apprend-on, est sur le point de prendre fin. Des sources dignes de foi indiquent que l’État du Cameroun doit rétrocéder à la Communauté urbaine de Yaoundé une somme de 43,2 milliards FCFA pour matérialiser le programme «Yaoundé cœur de ville». Cette enveloppe est destinée à la reconstruction de certaines infrastructures de la ville dont le carrefour Mvan. Le financement rentre dans le cadre du troisième Contrat Désendettement – Développement (C2D) et mis en œuvre par le ministère de l’Habitat et du Développement urbain (Mindhu). Ce chantier devrait permettre de fluidifier la libre circulation sur les corridors Douala-Bangui et Douala-Ndjamena.
Joseph Julien Ondoua Owona
Commission de la Cemac : les 150 jours du gouvernement
Les mesures conservatoires vont concerner certains fonctionnaires en position active aujourd’hui à la Commission. Nous allons prendre ces mesures conservatoires, mais les autres mesures de poursuites ne relèvent pas de la responsabilité de la Commission.
Près de 150 jours après son accession à la tête de l’institution communautaire, le président de la Commission de la Cemac fait le bilan des actions menées jusqu’ici. Et se projette sur sa feuille de route des prochains mois. Économie de sa conférence de presse donnée à Bangui le 31 octobre 2023, au lendemain de la 40ème session ordinaire du Conseil des ministres de l’Union économique de l’Afrique centrale.
Baltasar Engonga Edjo’o À propos du retour de la Commission de la Cemac à Bangui
La décision prise par la Conférence des chefs d’État le 17 mars 2023 à Yaoundé pour le retour de la Commission à Bangui a été une décision de l’organe supérieure de la Communauté qui est la Conférence des chefs d’État. Cette décision mérite au préalable la prise des mesures d’accompagnement. La Communauté a créé un comité de pilotage pour le retour à Bangui. Ce comité de pilotage est composé des fonctionnaires de la Commission de la Cemac et des fonctionnaires de l’État-siège, la RCA. Pour travailler en synergie. Les actions prioritaires qu’il faut mettre à jour relèvent d’une responsabilité partagée entre la Commission. Celle-ci doit exécuter l’action et l’État-siège qui doit donner des facilités. Le comité de pilotage est en train de travailler dans cette dynamique et les processus sont en cours. Hier (Ndlr: le 30 octobre 2023) au Conseil des ministres, le rapport sur le retour de la Commission à Bangui a été présenté. Il y a des actions qui ne sont pas encore exécutées.Au niveau des membres du gouvernement de la Commission, les villas sont mises à disposition. L’embellissement de certaines d’entre-elles fait partie des travaux qui évoluent normalement. Ce qui bloque pour le moment, c’est d’abord le bâtiment (Ndlr: Palais de la Cemac à Bangui) dans lequel nous sommes. Il est dans un état déplorable. Il ne réunit pas les conditions pour héberger la Commission de la Cemac. Il y a des mesures qui sont prises. Des sociétés ont réalisé des études de réhabilitation. Nous attendons que les décisions soient prises dans les prochains jours. Ce ne sera pas facile. L’État centrafricain, dans le cadre de sa responsabilité, est en train d’accélérer ce retour à Bangui, en mettant à disposition les infrastructures nécessaires pour travailler. Nous allons amorcer les études de réhabilitation pour l’adéquation de ces infrastructures; afin de nous permettre de travailler selon l’accélération des travaux d’ici au 1er trimestre 2024.
L’information qui a été officialisée hier (Ndlr: 30 octobre 2023), c’est que la Beac avait déjà construit une nouvelle direction nationale et l’ancienne direction sera cédée à l’État centrafricain. À partir du moment où l’État centrafricain sera en possession de ce bâtiment, il va le céder provisoirement à la Commission de la Cemac. La Commission, selon ses règles, va choisir par désignation une société pour réaliser les structures d’adéquation de ce bâtiment en bureaux; afin que la Commission puisse s’installer définitivement à Bangui, avec des bureaux provisoires. Ceci, parce que le bâtiment qui appartient à la Commission est celui dans lequel nous sommes actuellement. Le comité de pilotage, de commun accord avec les autorités nationales, est en concertation avec le responsable de l’immobilier pour trouver des maisons pour le personnel. Pour l’équipe dirigeante de la Commission, le président, le vice-président et les commissaires, les villas sont plus ou moins disponibles. De petites retouches seront faites d’ici le mois de décembre.Les freins à l’intégration et les solutions plausibles
Pendant la réforme institutionnelle de la Cemac, qui avait eu lieu en 2010, on avait élaboré un Programme économique régional (PER) basé principalement sur la mise à disposition des infrastructures, des routes pour faciliter la circulation des marchandises et des individus. Ceci, parce que nous sommes une zone qui a des atouts, mais la situation d’enfermement freine beaucoup l’intégration régionale. Les hommes d’affaires, les voitures ne peuvent pas circuler normalement dans les espaces Cemac du fait de ces freins-là. Aussi, le PER prévoyait la construction des tronçons routiers. Les budgets présentés à l’époque étaient très élevés. On avait révisé ce PER pour amener les pays qui ont les frontières terrestres à prioriser la construction de certains tronçons routiers. C’est de la responsabilité des États. La plupart des tronçons ne sont pas en phase de construction, ni en phase de finalisation. Il y avait aussi autres conditionnalités pour accélérer la circulation des citoyens de la Communauté dans l’espace Cemac. C’était la mise en circulation des passeports biométriques Cemac. Tous les pays se trouvent en possession de cet instrument de voyage. Il y a également la construction des postes frontaliers, l’équipement et la formation de la police des frontières pour éviter certains comportements que nous reprochons. Soit au niveau de certaines barrières, soit au niveau de certains individus qui interprètent de façon négative les exigences qu’ils doivent imposer aux citoyens de la Communauté. Donc les postes de contrôle frontaliers ne sont pas encore à jour et la formation des policiers proposés à cet effet en 2008, pour passer par ces couloirs avant d’ouvrir les frontières, n’est pas encore opérationnelle.
Étant donné la volonté politique des chefs d’État et la priorité des institutions communautaires d’accélérer le processus de la libre circulation, il y a eu une flexibilité en 2016 pour demander aux États-membres de privilégier certaines actions. La conditionnalité de 2008 prévoyait de catégoriser les citoyens qui doivent dans un premier temps circuler librement pour amorcer l’accélération de ce processus d’intégration. Mais, comme cela a connu un retard, les États ont signé l’accord de la libre circulation des citoyens en possession des passeports biométriques Cemac et de certaines catégories, malgré l’absence des constructions de postes frontières et leur équipement.
Toutes ces actions ne sont pas faciles. Nous attendons le Pref-Cemac en concertation avec la Commission. Nous sommes en train de présenter prochainement à la table-ronde de Paris 13 projets intégrateurs. Parmi eux, l’éclosion des routes d’interconnexion entre deux pays voisins. Aussi, la construction de certains ponts, la construction des Ports secs pour faciliter la surcharge des marchandises de deux pays voisins. Bien que les infrastructures de bases mentionnées auparavant soient difficiles à réaliser en très peu de temps, nous cherchons d’autres facilités pour accélérer le processus d’intégration afin de permettre aux citoyens de la Communauté de se familiariser avec les échanges entre les pays de la même zone. Il y a plusieurs actions qui sont entreprises. La lenteur est au niveau de l’absence des infrastructures de base qui doivent faciliter la circulation des biens et des citoyens.Le bilan de 150 jours
Après la prise de fonction de la nouvelle équipe dirigeante de la Commission de la Cemac, nous avons décidé, au cours d’un collège des commissaires, de sélectionner les actions prioritaires avant d’amorcer un plan d’assainissement et de reconstruction de la Commission de la Cemac. On avait misé sur les audits pour avoir des éclairages sur la situation brève de la Commission, avant d’amorcer un plan de restitution. En dehors de cela, nous avons pris les mesures au préalable pour créer au sein de la Commission un comité de trésorerie pour établir le contrôle de certaines dépenses. Dans nos priorités, les résultats ne peuvent pas être donnés aujourd’hui. Tout cela est en cours. Ce n’est qu’hier (Ndlr: 30 octobre 2023) que le rapport de l’audit a été présenté au Conseil des ministres. L’une de nos priorités, la Commission de la Cemac veut créer au pays-siège une cité Cemac pour construire des logements pour tous les fonctionnaires de la Commission de la Cemac pour éviter l’installation des fonctionnaires dans tous les quartiers. Cela rend très difficile d’établir les contrôles de sécurité. Nous avons un programme, mais le rapport présenté au Conseil des ministres va faciliter l’implémentation de nos actions.Les grandes lignes de l’audit présenté au Conseil des ministres
Les grandes lignes du rapport d’audit qui ont été présentées au Conseil des ministres apparaissaient comme une mauvaise gouvernance. Des recommandations ont été formulées par un cabinet d’audit. D’autres observations fortes étaient la faiblesse de la collégialité, la faiblesse au niveau du personnel pour dynamiser les travaux de la Commission de la Cemac… C’est la raison pour laquelle les actions qui seront prises pour le budget 2024 seront effectivement le renforcement des capacités et le recrutement des personnels. Il faut avoir le personnel au niveau de tous les services, toutes les directions de la Cemac et un plan d’assainissement de la gestion des finances publiques. Nous allons élaborer les manuels de procédures pour le recrutement du personnel. Tout cela reflète les aspects fondamentaux que l’audit de la Commission a signalés.
Un autre aspect est celui de la situation générale constante dans laquelle se trouve la Commission: le siège provisoire. C’est cette situation qui constitue une des faiblesses de la Commission de la Cemac. Les dispositions seront prises, d’abord pour suivre la réforme au niveau de la reconstruction de la Commission et ensuite sur l’actualisation des textes. Nous devons régulariser ces textes. Les rapports d’audit ont été mis à jour hier et présentés publiquement. Toutes les recommandations formulées par le cabinet d’audit seront conduites par une décision signée du président du Conseil des ministres, pour application au niveau de la Commission. Et d’ici deux ou trois mois, la Commission de la Cemac va présenter la feuille de route au Conseil des ministres, ainsi que le projet de budget 2024. Parce que toutes les insuffisances constatées par le cabinet d’audit seront intégrées au projet de budget 2024.Libre circulation des biens et des personnes dans l’espace Cemac
La responsabilité de chaque pays est de veiller à la levée des barrières de tous les corridors à l’intérieur de son territoire. La responsabilité de la Commission de la Cemac est d’accélérer la construction des points des postes frontières qui relient deux pays. Nous voulons construire des postes de contrôle mixtes, former les policiers que nous allons sélectionner pour gérer ces frontières. Nous voulons équiper les postes-frontières avec les machines qui peuvent lire l’authenticité des instruments de voyage que les citoyens utilisent pour se déplacer d’un lieu à un autre. La responsabilité des tracasseries à l’intérieur des pays n’est pas imputable à la Commission. Mais, nous allons travailler avec les ministères sectoriels chargés de l’immigration, de la sécurité interne pour trouver une solution. Il faut aussi tenir compte de la situation d’insécurité qui freine le processus d’intégration. L’une des mesures visant à lutter contre l’insécurité est la création de certains postes de contrôle hors frontières. Parce que l’immigration de certains doit être contrôlée, la Cemac a besoin d’une libre circulation maîtrisée.L’École inter-États des douanes
Concernant la situation de l’École inter-États des douanes basée à Bangui, cette infrastructure est déplorable. Les dispositions sont prises. Des sociétés se sont déplacées pour réaliser des études de réhabilitation de cette infrastructure. Nous attendons le résultat. N’oubliez pas aussi qu’il y a les aspects de disponibilité financière. Nous savons que notre Communauté, tout comme le monde entier, vient de subir la crise de Covid-19. Nous avons aussi d’autres crises économiques liées au pétrole, l’un des produits importants au sein de notre Communauté. La crise du Covid a créé des dégâts. Les hôtels sont fermés et les transactions entre les pays avec lesquels nous coopérons étaient bloquées. Vous pouvez voir ça au niveau des statistiques des importations. Les activités économiques sont mortes et même au niveau de la production nationale que nous aimerions voir augmenter un jour pour instaurer la diversité économique. Pour ce qui est de la réflexion de l’École inter-États des douanes, nous attendons la réaction des études qui ont été réalisées. Mais, la volonté politique de l’État-siège est visible. La République Centrafricaine s’est engagée à construire les murs de cette École inter-États des douanes. Après la construction des murs, nous allons voir à quel niveau la RCA peut avancer pour d’autres réhabilitations. S’il n’y a pas de financement, s’il n’y a pas la disponibilité, la vitesse à laquelle nous aimerions aller sera difficile à atteindre. La volonté est là, mais la vitesse que la population ou les médias souhaitent voir dans l’exécution des projets n’est pas faisable.À propos du budget retoqué de la Commission
Le budget sera adopté soit en décembre, soit en janvier. Parce que les recommandations du rapport d’audit seront intégrées dans ce budget. C’est plutôt un bon départ, parce qu’elles sont faites sur la base de l’audit. Depuis 2006, la Commission de la Cemac n’a pas connu d’audits. Celui qui a été réalisé en 2006 a abouti à un processus de transformation et des réformes de la Communauté. Ce projet d’audit va continuer dans toutes les institutions spécialisées de la Communauté. C’est un départ avec les pieds de fer.À propos de la mal gouvernance de l’équipe actuelle
Les informations doivent partir des sources officielles. Le directeur de la Communication doit maintenir les relations avec tous les médias de tous les États. Si nous regardons les réseaux sociaux, nous irons dans une voie qui n’est pas la bonne. J’ai vu l’article qui est passé dans les réseaux sociaux et je m’interroge. Les frais de fonctionnement de la Commission de la Cemac peuvent atteindre, voire aller au-delà de 3 à 4 milliards de FCFA par mois. Quand les réseaux parlent de 100 millions, je commence à rire. Ça ne couvre même pas dix fonctionnaires de grandes catégories. C’est une information qui veut dévier l’attention de la population et des médias. Or, il y a de vraies choses qui se passent ailleurs. J’insiste pour la source d’informations officielles. Un rapport d’audit a été présenté au Conseil des ministres avec le constat des situations graves de détournements. Les preuves et les pièces comptables à l’appui. Mais, à partir du moment où vous prenez les informations dans les réseaux, cela peut faire douter des accréditations des médias qui s’accrochent à ça pour ostraciser les actions de la Commission. Après la présentation de l’audit au Conseil des ministres, le Conseil, sur proposition de la Commission de la Cemac, a décidé de la régularisation des audits externes. C’est-à-dire après trois ou quatre mois, les audits doivent passer et lancer les informations dans tous les médias, pas les rumeurs des réseaux. Les audits qui seront réalisés au cours de mon mandat peuvent être publiés en janvier ou en février. Selon la réalisation des audits que les ministres avaient décidés, vous serez en possession d’un rapport d’audit qui va signaler ce que les autres ont dit. Et à partir de ce moment-là, je serai en position de donner une réponse.
Le but de la Commission est de réaliser les audits pour avoir une situation claire, afin de pouvoir amorcer un plan d’assainissement et d’adéquation. Le cabinet d’audit a souligné quelques faiblesses au niveau des fonctionnements. Des faiblesses qui facilitent la déviation des fonds. Toutes ces mesures seront prises après concertation entre la Commission et le cabinet d’audit, selon les recommandations formulées au Conseil des ministres. Quant aux fonctionnaires… qu’est-ce que la Commission peut faire? Elle n’a pas compétence pour poursuivre les gens qui ont détourné les fonds. Il y a d’autres institutions qui vont le faire. Et les dossiers de cet audit seront remis à ces institutions pour prendre cette responsabilité. Notre but était de constater les faiblesses, les consigner dans un rapport, ainsi que les propositions faites pour corriger ces faiblesses. La Commission ne voudrait pas se mêler de ces dysfonctionnements internes. Sinon, ce travail pouvait être personnalisé par les équipes dirigeantes actuelles. Nous voulions passer par l’intermédiaire d’une structure officielle pour réaliser des audits et présenter les rapports à l’organe supérieur qui est le Conseil des ministres. Et le Conseil donne mandat à la Commission, ainsi que la conduite à tenir sur les résultats des audits. Les mesures conservatoires vont concerner certains fonctionnaires en position active aujourd’hui à la Commission. Nous allons prendre ces mesures conservatoires, mais les autres mesures de poursuites ne relèvent pas de la responsabilité de la Commission.La Taxe communautaire d’intégration (TCI)
Il y a une décision qui a été prise pour autonomiser la collecte de la TCI. Cette mesure n’a pas été suivie d’une mesure forte au niveau de la Commission. Le seul pays qui applique la collecte automatique de la TCI est la République du Gabon, malgré quelques faiblesses observées dans le processus. Le cabinet d’audit a soulevé un parallélisme des comptes de la TCI. Le cabinet d’audit vient également de signaler que la faiblesse de la collecte des informations est due à la faiblesse de la Commission qui n’assure pas le suivi de l’implémentation effective de la décision donnant l’automatisation de la collecte de la TCI. Nous allons, avec les services compétents, planifier la situation du Gabon sur les parallélismes signalés par les cabinets d’audits. En dehors des comptes officiels, il y a d’autres structures secondaires qui facilitent la déviation des fonds collectés de la TCI au niveau du Gabon. Pour ce qui est des autres États, la Commission les saisira tous.
Si dans certains pays on hésitait à débloquer totalement la TCI, c’est dû à la gestion de la Commission et des institutions communautaires qui ne respectent pas les principes de gestion que nous voulons installer. L’absence de l’audit régulier, pendant trois à quatre mois par la Cour des comptes, est l’une des causes de cette situation. Nous voulons recommencer à zéro pour renforcer les audits internes de toutes les institutions, renforcer avec les personnels qualifiés au niveau de la Cour des comptes, afin que chacun puisse jouer son rôle de contrôle de toutes les institutions, y compris de la Commission. La régularité des audits externes que nous avons proposés au Conseil des ministres a aussi été adoptée. Nous avons la volonté d’instaurer un plan d’assainissement. Nous demandons à l’organe supérieur (le Conseil des ministres) de nous contrôler au quotidien. Nous devons montrer notre disponibilité de citoyen de la Communauté pour travailler dans les meilleures conditions et respecter les idées pour lesquelles les chefs d’État avaient créé toutes ces institutions. Nous sommes venus pour encourager et instaurer une crédibilité au niveau des États et de nos partenaires.Coopération avec l’Union européenne
Concernant l’Union européenne, on a eu des échanges. Tout cela découle de la mauvaise gestion. Avec elle, nous allons revoir les accords pour instaurer une structure de contrôle et de suivi. Les dettes de l’UE dont nous entendons parler sont un laisser-aller de la part de celui qui est chargé de gérer les fonds de la Commission, pour ne pas suivre la régularité des dépenses. Nous allons aussi en parler avec l’UE qui n’a pas demandé la justification à temps. Avec l’équipe dirigeante actuelle, nous avons promis à l’ambassadeur notre disponibilité de continuer la coopération avec l’UE, en payant une partie de ces dettes avant de nous asseoir pour vérifier son origine.Synthèse menée par
Thierry Ndong Owona,
envoyé spécial à BanguiDéveloppement agricole en zone Cemac : la sonnette d’alarme de la Chambre d’Agriculture du Cameroun
La Chambre d’Agriculture, des Pêches, de l’Élevage et des Forêts (CAPEF) et le Minader forment les journalistes pour les outiller à la maîtrise des techniques agricoles. C’est au cours d’un séminaire organisé ce 31 octobre au siège de la CAPEF à Yaoundé.
Selon le rapport 2023 de la Banque africaine de Développement (BAD) basé sur la sécurité alimentaire, l’Afrique centrale doit impérativement et obligatoirement augmenter sa production agricole de 30% en 2024 afin d’éviter une crise alimentaire. Pour éviter cette catastrophe humanitaire pointant à l’horizon, le Cameroun, principale économie de la sous-région prend les devants. La chambre d’Agriculture, l’un des bras séculiers dans ce secteur est aux avant-postes. On assiste ainsi à l’organisation de la toute première formation des mass médias sur le processus d’acquisition et de gestion des intrants agricoles en Afrique centrale. Ce séminaire a pour but de doper l’agriculture sous-régionale. Le cas du Salon international des intrants agricoles qui organise une formation pour les hommes de médias, la véritable courroie de transmission entre les décideurs, les agriculteurs et les autres acteurs du secteur. «Vous êtes des hommes de médias, les scientifiques, des décideurs. On a besoin de vous pour véhiculer notre message. Les populations écoutent la radio, regardent la télévision, lisent la presse et prennent ce que vous dites pour vérité d’évangile. Vous êtes le véritable vecteur de l’information», déclare Henri Séverin Assembe, représentant du président Roger Melingui au cœur dudit séminaire.
Au cours du déroulement des travaux, les spécialistes et représentants des institutions vont dans le même sens que les organisateurs. Ils exhortent les hommes et femmes de médias à se rapprocher d’eux afin d’avoir les éléments pour communiquer. «Nous voulons avoir des points focaux auprès des médias et même des journalistes spécialisés dans l’agricoles. Sortez aussi du milieu politique, économique et du sport. Parlez aussi d’agriculture, d’élevage. Nous sommes prêts à vous accompagner», évoque monsieur Fouda, représentant du Minader dans le cadre du séminaire.
En termes de recherches de qualité dans l’agriculture, l’Afrique centrale en général et le Cameroun en particulier les possèdent. Il faut simplement vulgariser la production des chercheurs. Cela peut conduire les agriculteurs vers les centres de recherches et doper l’agriculture dans la sous-région. C’est pourquoi Laurence Ngata, enseignante et chercheuse en phytopathologie à l’Université de Yaoundé I, au cours de son intervention, prie les journalistes d’être le relais des travaux effectués dans le domaine de la phytopathologie. De manière prosaïque, elle est ce que le médecin est pour l’homme. La phytopathologie est la médecine des plantes. «Nous sommes prêts à répondre aux sollicitations des journalistes et présenter nos travaux de recherche que ce soit dans les médias audiovisuels ou dans la presse écrite», lance la chercheuse en guise d’exhortation aux hommes de médias. La chercheuse va au-delà des frontières pour insister sur la sous-région. Il est concrètement question de sortir la zone Cemac de la zone rouge. «La Cemac reste à votre écoute et compte sur les médias pour être autosuffisante sur le plan alimentaire».
André Gromyko Balla
Hausse du nombre de pièces en circulation dans la Cemac : parole tenue pour la Beac
Les populations de la sous-région sont en proie depuis plusieurs années à des difficultés dans leurs transactions commerciales quotidiennes. En grande partie du fait de la rareté des pièces de monnaie. Au point que l’augmentation du nombre de signes monétaires en circulation en zone Cemac a fini par constituer l’une de leurs attentes fortes en direction de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). Cette demande peut aujourd’hui être considérée comme satisfaite. Puisque s’agissant «des billets et pièces mis en circulation dans la zone, le montant global au 31 décembre 2022, s’est situé à 4 373,1 milliards (y compris les billets de type 2020, ‘‘nouvelle gamme, Ndlr’’) contre 4 098,6 milliards au 31 décembre 2021», laisse entendre la Banque centrale dans son rapport annuel 2022. Un montant qui correspond en valeur à plus de 274 milliards FCFA supplémentaires dans les caisses des établissements bancaires et les poches des citoyens de la Communauté. Sans toutefois que l’on puisse dire qu’elle est le véritable poids des pièces de monnaie dans l’enveloppe globale.
Le gouverneur de la Beac a bien annoncé lors d’une session du Comité de politique monétaire, une commande de pièces attendues pour la fin de l’année 2022. Abbas Mahamat Tolli entendait répondre ainsi à cette préoccupation pressante des populations. Cela s’est traduit «par pays par une augmentation des billets et pièces en circulation au Cameroun (+8,5%), en Centrafrique (+6,2%), en Guinée Équatoriale (+63,0%) et au Tchad (+46,0%)». La Banque centrale dit néanmoins avoir observé «une diminution au Gabon (-19,5%) et au Congo (-28,9%)». Et au final, «en ce qui concerne les pièces de monnaie, la BEAC a enregistré un versement en nombre de 36 885 pièces d’une valeur de 9 milliards FCFA venant des banques et comptables publics», peut-on lire.
TAA
Transition politique au Tchad: la CEEAC aux nouvelles
Quelles sont les prochaines phases de la transition politique en République du Tchad? Le président Félix Antoine Tshisékédi Tshilombo en a bien une idée. Ce qui intéresse toutefois le Facilitateur désigné de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) ce 24 octobre 2023, c’est la vision à ce sujet du président tchadien. Ses deux émissaires également mandatés par la Communauté se sont rendus à Ndjamena. Ils en ont discuté avec le général Mahamat Idriss Déby Itno.
Le président de la Commission de la CEEAC et le ministre (RD) congolais de l’Intégration régionale ont en effet échangé avec leur hôte sur «la feuille de route qui avait été déposée par le Facilitateur. Ils ont aussi scruté avec le chef de l’État tchadien les différentes étapes de la transition». Lesquelles étapes intègrent «trois axes stratégiques. À savoir le renforcement de la sécurité et de la défense; l’organisation du Dialogue national, consolidation de la paix et de l’unité nationale; et le renforcement de l’État de droit et de la bonne gouvernance», à en croire les rappels de Gilberto Da Piedade Verissimo et Didier Mazenga Mukanzu à Mahamat Idriss Déby Itno.
Il ressort par ailleurs du compte rendu d’audience récemment publié par la Commission de la CEEAC que les deux émissaires angolais et congolais étaient en plus «porteurs d’un message de Félix Antoine Tshisékédi Tshilombo. Notamment sur la nécessité de la poursuite des échanges entre toutes les parties». Est particulièrement concerné «l’accompagnement de la sous-région au Tchad», renseignent les deux responsables communautaires. Il s’est en effet passé un certain temps depuis le Dialogue national inclusif et souverain. Il s’est tenu du 20 août au 8 octobre 2022 dans la capitale tchadienne. Soit plus d’un an désormais. Le président Mahamat Idriss Déby Itno avait bénéficié à cette occasion d’une prolongation de deux ans du mandat du Conseil militaire de transition.
Théodore Ayissi Ayissi
Programme frontière de l’Union africaine: des barrières aux passerelles dans la sous-région
Le Programme frontière de l’Union africaine (PFUA) tient à décloisonner les barrières transfrontalières. C’est la quintessence des travaux tenus du 25 au 27 octobre dernier au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba en Éthiopie.
Photo de famille sur l’atelier de haut niveau sur la gouvernance des frontières de l’Union Africaine à Addis-Abeba La rencontre riche et fructueuse a connu la présence des organisations des différentes sous-régions. Parmi elles, se trouvent la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), les représentants de la Cedeao, Sappec, et de la Sadec, ainsi que les ambassadeurs de l’Union africaine (UA) en charge de la paix et de la sécurité Ils ont tous participé à l’évaluation de «la situation préoccupante de certaines zones frontalières en matière de coopération transfrontalière», fait savoir Danielle Nlate, vice-présidente de la coalition des organisations de la société civile d’Afrique centrale pour la prévention des conflits et la paix.
Le PFUA dans ses missions vise à développer les frontières puisque le slogan est de «faire des barrières des passerelles». Et pour y parvenir, le premier pilier repose sur la coopération transfrontalière. Il faut par-là susciter les échanges, rencontres, pour le renforcement des capacités et le partenariat entre les pays. Tout cela doit se faire en tenant compte des mouvements migratoires, de l’insécurité et des trafics illicites. Aussi, il est question «à travers cette rencontre de résoudre tous les problèmes qui entravent l’intégration régionale des peuples», souligne-t-elle. Le PFUAP est créé depuis 2007 au vu des problèmes de sécurité transfrontalière en Afrique centrale, de l’ouest et en Afrique du nord. Le programme était en berne. Les activités sont relancées. Il est question avec l’aide de tous les partenaires, «de le redynamiser et d’intégrer la société civile pour son opérationnalisation», indique encore Danielle Nlate.Olivier Mbessité
Indications géographiques : levier de la croissance économique africaine
’économie de demain
Un atelier régional sur la gestion des indications géographiques (IG) vient de se tenir à Yaoundé du 25 au 27 octobre 2023, avec pour thème: «Gestion des Indications géographiques dans la zone OAPI: Approches actuelles, leçons et perspectives». L’évènement est une initiative de trois organismes pionniers en matière de propriété intellectuelle. Il s’agit entre autres du projet de «Droit de propriété intellectuelle et innovation en Afrique» (AfrIPI) de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) et du Projet d’appui à la mise en place des indications géographiques dans les États membres de l’OAPI (PAMPIG2). L’atelier de la capitale camerounaise vise à transmettre les nouveaux mécanismes de gestion des IG aux participants venus des dix-sept pays membres de cet organisme africain. À retenir: les IG sont l’avenir économique de l’Afrique.
Lire notre zoom.
Experts de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) et partenaires européens sont unanimes sur les avantages qu’elles peuvent avoir sur le développement socio-économique du continent.
Les participants à l’Atelier régional sur la gestion des indications géographiques Chapeau de Saponé, Pagne Baoulé, poivre de Penja, miel d’Oku, pierre de Mbigou, etc. Ces quelques produits fabriqués dans les pays africains membres de l’OAPI font partie de ceux qui sont aujourd’hui écoulés à prix d’or au-delà de leurs frontières respectives. S’ils connaissent un tel succès, c’est parce que leurs producteurs ont entrepris les démarches nécessaires auprès des comités nationaux IG (CNIG). Lesquelles démarches se sont soldées par la labélisation desdits produits.
Désormais, la compétitivité internationale des biens et services de l’Afrique passe par la conformité IG. «Les objets et autres denrées alimentaires issues du continent noir ne seront compétitifs à l’international que s’ils sont conformes aux IG», fait savoir Jean-Marc Châtaignier. L’Ambassadeur/chef de la délégation de l’Union européenne (UE) au Cameroun estime que la labélisation des produits africains est un moyen pour le producteur de les écouler et d’en tirer le meilleur parti. Tandis que le consommateur peut se targuer d’avoir des produits dont il connaît la provenance et pour lesquels il n’hésiterait pas à dégainer sa bourse.
Le continent africain compte aujourd’hui une dizaine de produits labélisés. Depuis 2014, où l’on dénombrait seulement 3 IGP, les pays membres de l’OAPI se revendiquent aujourd’hui producteurs de 11 IGP. Ce qui, de l’avis des experts en la matière, constitue un énorme manque à gagner. D’où l’urgence d’accroître le nombre d’IG africaines, indique un économiste aguerri. Le sujet a d’ailleurs été longuement évoqué au cours de l’Atelier régional sur la gestion des indications géographiques tenu à Yaoundé du 25 au 27 octobre 2023.
Zlecaf
Pendant les débats, diverses positions ont clairement établi l’opportunité que représentent les IG pour le continent noir. Selon Aida Gallindo, «l’élan en Afrique sur les indications géographiques est marqué par l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine pour, à ce jour, 46 pays sur 55». Soit un marché comprenant environ 1,2 milliards de consommateurs. À en croire la cheffe du Projet AfrIPI, les IG vont fructifier les échanges intra-régionaux et dynamiser l’économie africaine.Si tout est mis en œuvre à la faveur d’un grand nombre d’IG africaines, l’économie se portera nettement mieux. Denis Lokou Bohoussou n’en dit pas moins. «Les indications géographiques constituent un puissant outil de développement et un catalyseur pour la croissance économique, notamment en milieu rural. Les indicateurs géographiques sont l’un des leviers sur lesquels l’OAPI s’appuie pour contribuer efficacement au développement économique de ses États membres», explique, le directeur général de l’OAPI. Pour en arriver là, le manager compte bien s’inspirer de l’expérience européenne, pour bâtir des IG à la dimension des produits du terroir.
De ce fait, les échanges de Yaoundé avaient pour objectifs de «promouvoir les bonnes pratiques internationales en matière de propriété intellectuelle pour faciliter, entre autres, le commerce intra-africain dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine».Pour cela, les pays membres de l’OAPI se doivent d’apprendre et surtout de mettre en pratique les «meilleures pratiques qui concernent indistinctement la valorisation des inventions africaines, protégées par les brevets, des œuvres protégées par des droits d’auteur, des signes distinctifs qui sont protégés tantôt par le droit de marques, tantôt par le droit des dessins et modèles, tantôt par le droit des indications géographiques», explique-t-elle. D’où l’urgence de chacun de ces pays de se doter d’un CNIG.
Joseph julien Ondoua Owona
Comités nationaux IG
Pour une meilleure valorisation des produits africains
Parmi les missions qui incombent aux institutions locales chargées des IG dans les pays membres de l’OAPI, il y a la lutte contre la fraude.
Préconisée par l’OAPI, l’arrimage des produits africains à l’IG s’inscrit dans le cadre du Plan stratégique de l’OAPI pour la période 2022-2027, marquée par la validation d’une nouvelle approche sur les indications géographiques. À la faveur de cette réorientation, l’organisme intergouvernemental a recentré ses missions sur la consolidation, la promotion et la pérennisation des Indications géographiques existantes et celles à venir.
Lutte contre la contrefaçon
Pour atteindre ces objectifs, chacun des dix-sept pays que compte l’OAPI doit se doter d’un comité national d’IG (CNIG). D’après le directeur général de l’institution africaine chargée de la propriété intellectuelle, il s’agit des organismes locaux chargés d’assurer le relais dans leurs pays respectifs. D’où les responsabilités qui sont les leurs. «Outre la mission de validation et d’homologation nationales des cahiers des charges des produits candidats à la reconnaissance en IGP, les comités nationaux IG assurent une mission de coordination et de suivi des indications géographiques protégées et des groupements qui les portent», précise-t-il. En plus, explique Denis Bohoussou, «ces comités locaux sont garants d’un système d’étiquetage et de traçabilité des produits labélisés. En cela, ils sont garants de la conformité des produits candidats aux IG au sein de leurs États respectifs. Et puisque l’IG mène également une bataille contre la contrefaçon, les CNIG doivent également «empêcher la tromperie du consommateur et protéger les producteurs honnêtes contre toute concurrence déloyale». Un challenge tout à fait possible.À ce jour, l’on compte onze organismes locaux IG, sur les dix-sept États que compte l’instance africaine de la protection de la propriété intellectuelle. L’OAPI encourage les autres pays à s’arrimer au CNIG. L’atelier tenu au siège de l’organisme du 25 au 27 octobre dernier à Yaoundé a ainsi permis d’outiller les comités nationaux en charge des indications géographiques sur les méthodes et les outils issus de la capitalisation des acquis dans l’identification, la reconnaissance, le contrôle et la défense des produits sous indication géographique protégée (IGP). L’objectif ultime étant d’améliorer la pertinence de l’enregistrement des IG, à l’effet d’obtenir de meilleures performances sur les plans économique, social et environnemental des pays membres de l’OAPI. Des échanges et résolutions dont la mise en application aura un impact sur l’économie africaine toute entière.
JJOO
Ils ont dit
Ayda Gali, Chef du projet «Droit de propriété intellectuelle et innovation en Afrique» (AfrIPI)
«Nous sommes convaincus de la valeur des indications géographiques pour le développement rural»
AfrIPI est un projet financé par l’Union européenne et par l’office de l’Union européenne de la propriété intellectuelle, avec 17,4 millions d’euros. Et on a une approche panafricaine de regrouper les 55 pays de l’Afrique. Mais nous travaillons en étroite collaboration avec l’OAPI et nous avons le composant 4 du projet qui traite spécifiquement des indications géographiques. Nous travaillons avec l’OAPI depuis 2020 sur plusieurs initiatives. C’est dans ce cadre que nous avons soutenu le poivre de Penja pour qu’il soit enregistré à l’Union européenne. Et comme monsieur l’ambassadeur l’a indiqué ici, cela a boosté les prix des produits. Nous avons également soutenu les études prospectives au Gabon, en Mauritanie, au Comores, avec trois produits pilotes. Actuellement nous sommes en train de faire pareil pour le Tchad pour une étude en vue d’aboutir à une IG pilote. Nous apportons également notre soutien aux comités nationaux comme le directeur général de l’OAPI l’a dit. Vous vous demandez pourquoi un tel déploiement… Nous faisons tout cela parce que nous sommes convaincus de la valeur des indications géographiques pour le développement rural, économique et vraiment pour donner de l’importance aux producteurs, aux consommateurs, sur l’importance de l’IG. L’objectif est la valorisation des produits à l’effet d’installer un climat de confiance entre les consommateurs et les producteurs. Dans ce sens, il est question que les consommateurs sachent que les producteurs travaillent au quotidien pour améliorer la qualité des produits qui sont mis sur le marché. C’est d’ailleurs pour cela que pour que chacun de ces produits dispose de l’IG, il doit avoir un logo et la description dudit produit.
Denis Lokou Bohoussou, directeur général de l’OAPI«Nous encourageons les États qui ont déjà les comités à les faire fonctionner effectivement et ceux qui n’en ont pas à mettre en place ces comités»
L’atelier de ce jour porte essentiellement sur le renforcement des capacités des comités nationaux des indications géographiques. C’est quelque chose de très important puisque, l’OAPI est en réalité au bout de la chaîne du processus. Par conséquent, nous avons besoin des acteurs nationaux pour identifier des produits, faire tout le dossier nécessaire avant qu’il n’arrive à l’OAPI. Plus on a des comités nationaux qui fonctionnent et qui sont forts, plus l’OAPI reçoit des dossiers d’indication géographique de qualité. C’est la raison pour laquelle nous encourageons les États qui ont déjà les comités à les faire fonctionner effectivement et ceux qui n’en ont pas à mettre en place ces comités, parce que ce sont ces comités qui sont la première étape pour qu’un État puisse disposer d’une indication géographique.
Jean-Marc Châtaignier, Ambassadeur et chef de délégation de l’Union européenne (UE) au Cameroun
«Cela apporte de la valeur ajoutée aux producteurs»
Les indications géographiques c’est l’objet de ce séminaire. C’est un objet de débat extrêmement important parce que c’est ce qui peut profiter aux producteurs parce que cela apporte de la valeur ajoutée aux producteurs. Ce sont des produits qui sont valorisables. Le poivre de Penja par exemple se vend beaucoup plus cher maintenant parce qu’il a ses indications géographiques. C’est également quelque chose qui bénéficie aux consommateurs, parce que le consommateur sait ce qu’il achète, il sait d’où ça vient. Et comme je l’ai dit tout à l’heure, il s’agit d’une solution gagnant-gagnant, à la fois pour les producteurs qui peuvent valoriser davantage leurs produits et pour les consommateurs qui sont sûrs d’avoir des produits de bonne qualité sur leurs tables.
Dr Ngnofam Nanbou, point focal IG au ministère de l’Agriculture du Togo
«Les IG vont permettre de protéger les producteurs des pays africains contre les fraudes»
Disons que les IG c’est une opportunité pour avoir de la valeur ajoutée à nos produits locaux mais également d’en apporter un peu plus. Et je pense que les IG auront une plus-value sur la Zone de libre-échange continentale africaine. Parce que cela va favoriser les échanges entre nos pays et produire de bons résultats sur le plan économique. Par ailleurs, les IG vont permettre de protéger les producteurs des pays africains contre les fraudes, mais également d’apporter un plus à ces produits qui seront valorisés par ce système de protection adopté par l’OAPI. Parlant de mon pays le Togo, le premier produit qui est en train d’être protégé actuellement c’est un riz qui est très apprécié. Malheureusement, je dois le dire, c’est un produit qui fait l’objet de contrefaçon. Il y a des gens qui vont acheter du riz tout-venant qu’ils amènent dans la zone de protection, puis ils vont, de façon très malicieuse, l’écouler sur le marché, en se servant du nom de la zone de provenance du produit. Pour tout dire, je pense que la mise en place du système IG en Afrique va permettre d’éliminer toute action de fraude qui profite depuis longtemps à des réseaux de trafics. Ceci va permettre de valoriser à juste titre le merveilleux travail des agriculteurs qui sont quotidiennement au four et au moulin pour nourrir les populations.
Propos recueillis par Joseph Julien Ondoua Owona
Coopération allemande-CBLT: 3 milliards FCFA pour sauver le Lac Tchad
La Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) et les institutions pourvoyeuses de données ont organisé du 24 au 27 octobre 2023 à Douala, un atelier régional de concertation dans le cadre de la mise à jour du projet de coopération technique. Objectif: venir en aide aux populations de cette partie de l’Afrique grâce aux fonds de la coopération allemande.
Le Bassin du Lac Tchad fait vivre plus de 50 millions de personnes. Il est confronté depuis plus de quatre décennies aux effets néfastes du changement climatique, avec ses conséquences sur l’avancée du désert, la perte de la biodiversité, la baisse de rendement agricole et le rétrécissement progressif de la superficie du Lac Tchad. Sa superficie est passée de 25.000 Km2 dans les années 1960 à 2500 Km2 aujourd’hui. Les populations vivant dans cet écosystème se trouvent confrontées à de nombreux défis socio-économiques tels que «la pauvreté, la misère et des conflits liés à l’exploitation des maigres ressources disponibles. En cela s’ajoute la situation d’insécurité causée par les groupes terroristes entraînant les pertes des moyens de subsistances, la destruction des habitations, les déplacements forcés des populations en interne», s’indigne Hycinth Banseka, directeur technique de la CBLT, représentant de son secrétaire exécutif. Par conséquent, ces multiples crises aggravent la vulnérabilité des populations, particulièrement des jeunes et des femmes, augmentent le taux de chômage et livre les jeunes à la consommation abusive de l’alcool et la drogue.
D’où l’atelier régional de concertation entre la CBLT et les institutions pourvoyeuses de données, organisé pendant quatre jours à Douala. Le projet financé à hauteur de 5 millions d’euros par le ministère allemand de la coopération économique et du développement permettra de répondre au mieux aux préoccupations des populations du Bassin du Lac Tchad. Ceci dans «la recherche de solutions tendant à inverser la situation de vulnérabilité des femmes et des jeunes et à maîtriser l’insécurité alimentaire qui sévit», précise le directeur technique de la CBLT. Pour un avenir meilleur dans le Bassin du Lac Tchad et des nombreuses personnes qui en vivent.
Le ministre allemand de la coopération économique et de développement et la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) développent la deuxième phase du programme de gestion durable des ressources hydrauliques dans le Bassin du Lac Tchad, grâce un financement de la république d’Allemagne. Ce programme a pour objectif de contribuer à «la création et au renforcement des capacités organisationnelles et des compétences techniques de la CBLT pour qu’elle soit à même de bien conseiller ses pays membres sur une gestion des ressources en eau transfrontalière qui est respectueuse de l’environnement, adaptée aux changements climatiques, sensibles à la dimension du genre et qui réduit des conflits liés aux ressources naturelles», ajoute le directeur technique de CBLT. Le programme est constitué de deux projets mis en œuvre par la GIZ et l’Institut fédéral des géosciences et des matières premières.
Cet atelier régional fait suite à celui sur la planification opérationnelle et le lancement des activités du projet de gestion appliquée des ressources en eau du Bassin du Lac Tchad phase II, organisé en avril 2023 en Ndjamena au Tchad. L’objectif principal est de promouvoir la coopération entre la CBLT et les institutions pourvoyeuses de données, en vue d’assurer l’alimentation de la base de données régionale prévue par la charte de l’eau du Bassin du Lac Tchad. «Nous souhaitons renforcer la collaboration entre la CBLT et les acteurs clés responsables de la collecte des données dans le Bassin du Lac Tchad afin de développer des synergies pour garantir une alimentation continue et opérationnalisation durable de la base des données régionales prévues par la charte de l’eau», affirme le directeur technique de la CBLT.
Diane Kenfack
Normes prudentielles de la Cobac: 24 banques de la Cemac encore hors-la-loi
La Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a de quoi nourrir des inquiétudes au sujet de l’évolution du nombre de banques encore en infraction avec les normes prudentielles en vigueur en zone Cemac. Ils sont au total 24 établissements bancaires sur 53 en observation dans la sous-région. Ils ont foulé au pied au moins une disposition du règlement de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac). C’est certes un de moins que l’année précédente, mais c’est également quatre plus qu’en 2020. «Les ratios prudentiels les moins respectés ont été respectivement la limite individuelle des risques, le ratio de fonds propres de base, l’adéquation des fonds propres nets (FPN) et le capital minimum», résume la Banque centrale dans son rapport annuel 2022 récemment rendu public. Étant entendu que la situation prudentielle des banques et des établissements financiers est en effet abordée à travers «l’analyse de l’évolution du niveau des fonds propres, le respect des normes prudentielles et la détermination du niveau des exigences en fonds propres», est-il indiqué.
Aucun nom n’est donné. Il apparaît cependant clairement que «24 banques commerciales ne sont pas conformes à l’exigence du respect du plafond individuel des risques; 17 établissements bancaires ont échoué à se conformer au ratio de fonds propres de base; et 16 structures bancaires de la Cemac n’ont pas une représentation adéquate du capital minimum». Bien plus, «sur les 53 banques de la Cemac figurant dans le champ de l’analyse, 14 ont extériorisé des fonds propres en-dessous du niveau minimum exigé pour assurer leur conformité à l’égard du ratio de couverture des risques de crédit qui s’est établi à 10,5%». Et à en croire le rapport annuel, «le montant de l’exigence en fonds propres pour ces 14 banques s’est élevé à 481,1 milliards FCFA au 31 décembre 2022». Enfin, seulement 16 banques présentent une adéquation des FPN.
Théodore Ayissi Ayissi
Retour de la paix en RCA: l’Unoca comptable des bons points du processus politique
Progrès et satisfaction. C’est ce qui ressort de la revue stratégique du processus de mutualisation de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en Centrafrique (APPR-RCA) et de la Feuille de route de Luanda. Le chef du Bureau sous-régional des Nations unies pour l’Afrique centrale (Unoca) était partie prenante de l’évaluation faite le 23 octobre dernier à Bangui. Abdou Abarry a ainsi pu faire avec la Minusca et le président centrafricain, Faustin Archange Touadéra, le point des avancées du processus. Il est notamment relevé «l’auto-dissolution de neuf groupes armés sur les quatorze signataires de l’APPR-RCA comme partie des éléments clés du bilan, tout comme l’élaboration du projet de stratégie d’engagement des leaders des groupes armés qui permettra leur réengagement dans le processus de paix et de retour à la stabilité».
D’autres progrès sont également enregistrés dans la mise en œuvre du «Programme DDRR et de la restauration de l’Autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire». L’Unoca, la Minusca et les autorités centrafricaines se félicitent par ailleurs des «réformes administratives menées par la Fonction publique, ainsi que celles entreprises dans les domaines de la justice et de la décentralisation. Tout en saluant aussi les efforts qui ont été faits en vue de la définition de la politique de sécurisation des frontières».
Des avancées en somme encourageantes et de nature à rassurer les partenaires de la Centrafrique sur la pertinence de leur soutien. «Celui de l’Unoca reste intact», dira le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu. Au même titre que celui de la Minusca.
Théodore Ayissi Ayissi
Cameroun-Chine: booster le «gagnant–gagnant»
La délégation chinoise autour du Minepat Donner plus d’élan à la coopération entre les deux pays. Voilà l’objectif des séances de travail tenues à Yaoundé du 26 au 29 octobre 2023 entre la délégation chinoise de la China Eximbank (CEXIM) et les autorités camerounaises. Conduite par LI Zhongyu, Vice-président chargé de la gestion des risques, la délégation chinoise de la China Eximbank inscrit sa visite dans le cadre de la relance des opérations de mobilisation des financements auprès de CEXIM et de la redynamisation de la coopération entre le Cameroun et la China Eximbank d’une part, et le partage de la nouvelle vision de la banque pour le financement du développement et l’évaluation des risques de l’institut financier d’autre part. De manière spécifique, la rencontre entre l’institution financière et les autorités camerounaises vise à dresser un état des lieux de ce partenariat, de s’approprier les nouvelles orientations stratégiques de la banque en matière de financement des projets, de partager l’expérience en matière de gestion de la dette avec d’autres partenaires au développement et d’apprécier le risque-pays.
Acquis
Cette donne aura été au menu de l’audience accordée par le ministre de l’Économie de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), Alamine Ousmane Mey a à la mission chinoise le 27 octobre 2023. Les ministres des Finances et des Travaux publics, les directeurs généraux de Camtel, de la Camwater et de la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA) ont également reçu la délégation chinoise.CEXIM est un partenaire stratégique du Cameroun. Il est le premier partenaire financier avec un volume d’engagement évalué à près de 3000 milliard FCFA et un encours de la dette estimé à 1280 milliards de FCFA. Son intervention au Cameroun a permis la réalisation de nombreux projets. Il s’agit précisément des barrages de Memve’ele et Mekin, des autoroutes Yaoundé-Douala et Kribi-Lolabe, du développement du Backbone et de la fibre optique. La mission conduite par le vice-président chargé de la Gestion du risque s’est achevée par des descentes sur les sites de quelques projets. Il s’agit notamment du projet d’alimentation en eau potable de la ville de Yaoundé et ses environs à partir du fleuve Sanaga (PAEPYS), de la national Broadband network phase II et de l’autoroute Yaoundé-Douala.
Olivier Mbessité
Salon Africain Sports Convention : les enjeux en quelques repères
En intégralité la note de synthèse du Comité d’organisation.
- Elément de contexte :
- Les grands événements internationaux comme la Coupe d’Afrique des Nations de football permettent aux pays africains de se doter d’infrastructures sportives et de production audiovisuelle qui constituent des atouts majeurs dans le développement de l’industrie du sport.
- Les grandes villes Africaines présentent des atouts sur les plans des infrastructures et équipements sportifs, de la population, de l’activité économique et de la culture, à partir desquels on peut construire une réputation mondiale de « capitales sportives ».
- La modélisation d’un écosystème africain induit une approche collaborative et participative avec les autres acteurs agissant à une échelle plus globale.
- Le sport et les grands événements sportifs en Afrique, au regard de la mobilisation médiatique et de l’impact dans les opinions, sont devenus des leviers indispensables dans la promotion des territoires ou des marques, et dans la construction des narratifs capables de captiver l’attention d’un échantillon de cibles plus large.
- African Sports Convention est une rencontre internationale entre les Politiques Publiques en matière de sport et des Industries connectées au sport :
Son objectif est de s’établir comme une plateforme de partage et de communication sur l’action publique à destination des masses et, un outil pédagogique et didactique au bénéfice des acteurs de l’écosystème sportif.
L’impact sur la compréhension, l’appréhension des politiques publiques et sur l’éclosion d’un écosystème prospère respectueux de l’environnement et l’approche genre est son but ultime.
Le cadre d’intervention des pouvoirs publics
African Sports Convention sur deux (02) axes, met face à face les Pouvoirs Publics et les opérateurs privés pour un partage d’expérience et de vision en vue d’une approche consensuelle du développement du sport africain :
- Conférence publique /Exposé Ministériel : permettre aux autorités publiques (Ministères, organismes nos-ministériels, villes et territoires) de présenter les dispositions ou les politiques mises en place en faveur du développement du sport.
- Exposition : espace d’animation des activités d’information et de communication grand public, d’activités socio-éducatives organisées au bénéfice des enfants défavorisés et en promotion de l’approche genre.
1)- Les thèmes à présenter lors des conférences publiques
Politiques sportives (Ministères Des Sports).
- Exposé sur la politique globale des gouvernements en matière d’encadrement et de promotion du sport.
- Communication sur le cadre général de l’organisation et de l’exploitation des mégas infrastructures sportives à destination des organisations sportives et prestataires internationaux.
Communication politique gouvernementale (Ministères de la Communication)
- Le sport et les grands évènements internationaux, outils au service de la Communication politique des Gouvernements.
Promotion des territoires (Ministères / offices du Tourisme)
- Le Sport, un levier de développement et de promotion de Territoires comme destinations touristiques
- Le Sport et les grands événements sportifs internationaux au service des stratégies d’attractivité des Territoires
Regroupements d’intérêts de la Communication et de la presse sportive
- Le rôle des médias et des organismes de communication dans le développement et la promotion du sport comme fait social et des territoires comme pôle d’attractivité économique.
2)- Conférences d’intérêt public :
- Le sport, une mission du service public ;
- Le sport au service de la reconnaissance internationale et du rayonnement diplomatique des territoires en Afrique ;
- Les grands évènements sportifs internationaux : quel apport pour la stratégie de communication d’influence des Gouvernements et de promotion des États ? ;
- Le sport, prévention des conflits et maintien de la cohésion des peuples ;
- Le sport et les Objectifs de Développement Durable ;
- Le sport féminin, données et enjeux ;
- Le eSport, un sujet géopolitique dans un monde « connecté »
3)- Les masters class et conférences professionnelles :
· Thèmes · Master class et conférences professionnelles Sponsoring 1. Le sport africain post Covid19, logiques financières et réalités économiques 2. Le sponsoring à l’ère du numérique
3. Le digital, puissant moyen de développement
Événements Internationaux 4. Major event, réalité et opportunité médiatique Technologies et Industrie événementielle 5. Les technologies et les effets spéciaux dans la construction du spectacle 6. Réalité augmentée, réalité visuelle et intelligence artificielle des outils qui vont révolutionner l’offre événementielle
Infrastructures et mangement 7. Les infrastructures sportives à l’ère du tout connecté 8. Les arènes sportives, modèles économiques régimes d’exploitation
9. Les stade et l’offre du haut lieu
Contenus et activation 10. Le contenu sportif et l’ambition commerciale des marques 11. L’apports des plateformes de partages des contenus dans la promotion du sport
Digital et innovation technologique 12. Le digital et la relation fan/marque eSport 13. Le eSport est-il compatible avec toutes les entreprises ? 14. Comment le eSport peut-il transformer l’économie et la perception d’un pays au niveau mondial ?
Sportwear 15. Les équipementiers sportifs à l’épreuve du développement du sport africain 16. La contrefaçon en Afrique, entre menace et opportunités
17. Les cultures africaines, une richesse au service des stratégies de pénétration des marques
Paris sportifs 18. Le pari sportif et la fan engagement 19. Le pari sportif et la protection de l’aléa sportif
Gouvernance et finance 20. La finance et le développement du sport 21. La bonne gouvernance et l’éthique au service la construction du capital symbolique
22. L’influence de la cryptomonnaie dans le développement économique des clubs et du sport en Afrique
Sport business orientation 23. La formation dans les métiers du sport professionnel et les enjeux de modernisation et le développement du sport en Afrique Droit & fiscalité 24. Le Système fiscal et performance financière des organisations sportive - Bénéfice et impact des organismes de soutien au salon
Dans ce contexte où le sport occupe une place importante dans la culture africaine de façon globale, soutenir une action allant dans le sens de construire un environnement sportif professionnel et prospère assure un positionnement de choix dans la conscience collective africaine et un import crédit image.
Le bénéfice Image auprès de l’opinion africaine :
- Traduire en acte une vision politique, celle d’aider au développement intégral du sport et du sportif est synonyme de cohérence et, permet d’établir une atmosphère de communion entre les politiques sportives au plan institutionnel et les populations (cibles) africaines.
L’impact politique :
- Soutenir les Politiques Publiques par l’accompagnement des initiatives qui recherchent le développement du mouvement sportif contribue à renforcer les liens entre les Pouvoirs Publics et le monde du sport.
L’impact diplomatique :
- S’associer à une initiative visant le développement et le rayonnement international du sport africain en général et camerounais en particulier, en positionnant l’expertise ou l’accompagnent de l’institution et en actionnant les leviers politiques permet à l’Afrique en tant que « Terre de sport » de se repositionner comme une alternative crédible dans le domaine de l’Intelligence Sportive, dans un contexte géopolitique particulier.
- Les pays qui ont accueilli ou qui souhaitent accueillir de Coupe d’Afrique des Nations, par devers le souci de se positionner comme alternatives crédibles dans l’offre d’accueil de grands événements sportifs mondiaux devraient résolument se mettre en mouvement partout en Afrique et ailleurs pour communiquer sur leurs politiques sportives et promouvoir leurs offres d’installations sportives.
Les avantages marketing du Salon sur le pays hôte :
- Le retour en termes de visibilité et d’impact sur le Cameroun et de son sport est tel d’en faire un des pôles d’influence sur la géo diplomatie sportive africaine.
Le contenu du Salon et la qualité de ses intervenants sont de nature à transformer structurellement le fonctionnement de l’écosystème du sport local et modifier sa perception de l’extérieure pour faire du Cameroun, une référence africaine en matière d’accueil et d’organisation des plateformes d’échange et de foisonnement d’idées : UN HUB AFRICAIN DU SPORT.
Théodore Ayissi Ayissi
Sommet des trois Bassins: la Banque mondiale et la CEA en symbiose à Brazzaville
Le dénominateur commun des deux institutions est déjà sur place la valorisation du capital naturel du Bassin du Congo.
Proposer des solutions innovantes et réalistes pour convertir les ressources naturelles du Bassin du Congo en source de richesse. Telle est la principale motivation de la Banque mondiale et du Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique centrale, au moment d’accepter l’invitation à prendre part au Sommet des trois Bassins forestiers à Brazzaville. L’événement se déroule du 26 au 28 octobre 2023 au Congo. Son premier mérite, avoir réussi à mobiliser la sous-région et ses deux institutions en particulier, autour d’un double enjeu. Celui de la protection de l’environnement et de la valorisation du capital naturel.
La CEA et le consortium
La participation de la CEA aux travaux de Brazzaville est placée sous le signe de la sensibilisation « des experts, du secteur privé et de la société civile sur les enjeux et opportunités du consortium pour la mobilisation du capital naturel comme véhicule d’accélération de l’ industrialisation et de la diversification économique en Afrique centrale» .
Que faut-il donc comprendre et en attendre ? À en croire le BSR/CEA-AC, « le Consortium sur le capital naturel envisagé par les pays de l’Afrique centrale est un espace de coopération régionale qui permet d’opérer des réflexions stratégiques sur la transformation de l’ensemble du patrimoine naturel en richesse réelle, au-delà du marché carbone». D’où précisément la nécessité d’« une évaluation et d’une valorisation de ce patrimoine commun pour mobiliser des financements nécessaires aux projets industriels. Étant entendu qu’il a également pour mais de favoriser l’unicité de la sous-région dans les négociations internationales sur le climat : l’Afrique centrale devrait parler d’une seule voie», explique l’institution dirigée dans la sous-région . par Jean-Luc Mastaki. La dernière dimension de compréhension du « Consortium sur le capital naturel étant qu’elle représente une opportunité de mener une réflexion approfondie sur la fixation des prix du marché carbone afin de déterminer les prix justes des autres richesses naturelles ».
Deux considérations majeures rentrent de fait en ligne de compte. D’une part, « des possibilités de financement existantes. Si le prix du carbone est fixé à 50 dollars américains par tonne, près de 30 milliards de dollars américains peuvent être collectés par an. Avec une évaluation de 120 dollars américains la tonne, le continent engrangerait 82 milliards de dollars sur la base de la seule valorisation et juste évaluation du carbone. En termes d’emplois potentiels, 5 millions pourraient être créés. Cette croissance verte car les émissions de carbone diminueraient de 9,7 millions de tonnes», apprend-on.
D’autre part, « avec ses 530 millions d’hectares de superficie totale et 227 millions d’hectares de forêt, le Bassin du Congo constitue un atout majeur pour la région d’Afrique centrale. C’est un levier névralgique pour la création d’un marché carbone dans la sous-région» , explique l’économiste Adama Ekberg Coulibaly.
Banque Mondiale
La position de la Banque mondiale à ces assises de Brazzaville est résumée par le directeur des opérations pour les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Cheick Fantamady Kanté a rencontré en avant « trois priorités pour transformer le capital naturel en source de richesse pour les habitants du Bassin du Congo » . Il s’agit pour la première de « la valorisation des forêts (menacées) pour mettre fin à la pauvreté sur une planète vivable » . Les Rapports nationaux sur le climat et le développement (CCDR) de la Banque mondiale pour le Cameroun et le Congo font notamment état de ce que « la richesse des écosystèmes de ces pays ne s’était pas traduite en richesse économique et qu’elle se trouve menacée par le changement climatique et des pratiques non durables».
Pour preuve au Cameroun par exemple, « les changements de températures, de prélèvement et de sécheresses impliquent les forêts et exposent la population à une plus grande pauvreté. Or, ce taux pourrait être divisé par cinq d’ici 2050 et passer ainsi de 15% à 3%, si des réformes solides et des investissements climatiques plus importants étaient engagés», indique-t- il . De même au Congo, « la forêt rapporte 260 millions de dollars en exportation de bois et stock plus de 44 milliards de tonnes en équivalent-dioxyde de carbone. Et de fait dans les zones rurales, la pauvreté pourrait être réduite de 40% d’ici 2050, grâce à la mise en œuvre de réformes plus ambitieuses pour promouvoir la diversification économique et la résilience climatique», explique le fonctionnaire international .
La deuxième priorité de la Banque mondiale tient à la nécessité de lancer un appel « pour mettre à profit la comptabilisation du capital naturel » . Autrement dit, l’institution de Bretton Woods précise qu’il est « désormais nécessaire de mieux refléter l’apport du capital naturel des forêts et des services écosystémiques dans les systèmes de comptabilité nationale. Il s’agit de la première étape pour améliorer la gestion, la protection et la conservation des forêts par le biais d’un financement climatique fondé sur les résultats, avant de réformer le secteur forestier et se préparer à entrer sur les marchés du carbone» .
La Banque mondiale assure déjà collaborer dans ce sens « avec ses partenaires, dont l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (CAFI), les Fonds d’investissement climatiques (CIF), ainsi que les partenaires régionaux dont le Partenariat pour les forêts du Bassin du Congo entre autres, pour établir une plateforme et valoriser les actifs naturels des pays tout en mettant à profit un financement climatique durable permettant aux communautés locales de générer des revenus et de contribuer à l’économie forestière», peut-on lire .
Quant à la troisième priorité, il s’agit pour Cheick Fantamady Kanté de « mettre les populations au centre de l’action climatique et de l’adaptation pour neutraliser les pires impacts des chocs climatiques, et leur donner les moyens d’engager le changement vers une transition verte, résiliente et inclusive» . Un message surtout destiné « aux dirigeants de l’Afrique centrale et à leurs partenaires » , insiste le directeur des opérations de la Banque mondiale pour la zone Cemac.
Théodore Ayissi Ayissi
«Un engagement collectif sur le chantier de la transformation numérique au Cameroun»
Dans le même ordre d’idée il faut reconnaître que le Cameroun doit relever plusieurs défis pour favoriser le développement des technologies disruptives de manière générale et de l’IA et de la robotique en particulier. Il s’agit notamment de l’accès à une infrastructure de télécommunications de qualité, du besoin de renforcer l’éducation en sciences et en technologies, de la réglementation appropriée, de la cybersécurité et de la disponibilité de financement pour la recherche et le développement.
La ministre camerounaise des Postes et Télécommunications fait le bilan de la première édition de la Cameroon Digital Week tenue la semaine dernière à Yaoundé.
Madame Minette Libom Li Likeng La Cameroon Digital Week a connu une grosse mobilisation des pouvoirs publics et du secteur privé. Quelle est l’évaluation que vous faites de l’organisation générale de ce grand rendez-vous du numérique, en terre camerounaise?
Avant toute chose, je voudrais dire ma déférente gratitude au président de la République, S E Paul BIYA, qui a bien voulu accorder son Très Haut patronage à cet événement. Je voudrais également dire merci au Premier ministre – chef du Gouvernement qui a présidé la cérémonie officielle d’ouverture. Je n’oublie pas la Commonwealth Telecommunication Organization, pour le choix porté sur le Cameroun d’accueillir cet événement, ainsi que sa mobilisation sous la houlette de son SG, Mme Bernadette LewisCela dit, la première édition de la Semaine du Numérique au Cameroun a été une étape importante dans nos efforts pour promouvoir la transformation numérique et l’innovation dans notre pays. L’organisation de l’événement nous a fourni des enseignements précieux pour l’avenir.
L’événement a connu une participation importante en tout point de vue, de divers acteurs, y compris des représentants du gouvernement, des entreprises du secteur privé, des institutions éducatives et de la société civile. Songez que cet événement a mobilisé plus de 1485 participants ! Ce qui démontre un engagement collectif sur le chantier de la transformation numérique au Cameroun.
Ce rendez-vous du donner et du recevoir à l’échelle du Commonwealth a favorisé des discussions riches en contenu, avec des experts croisant leurs points de vue sur les technologies émergentes, les meilleures pratiques et l’importance des compétences numériques. L’événement a également présenté une vitrine de l’innovation, « Cameroon Future Scape, » qui a mis en avant le potentiel de la transformation numérique d’une nation.
L’organisation de l’événement nous a permis d’identifier certaines des principales difficultés de notre écosystème numérique, notamment les problèmes liés à l’infrastructure, à l’accès à Internet et à la fracture numérique. Ces défis seront adressés dans le cadre de notre stratégie à long terme.
La Semaine du Numérique a mis en évidence la nécessité d’un développement continu des compétences et de la formation. Dans l’ensemble, la première édition de la Semaine du Numérique au Cameroun a connu un franc succès en termes d’engagement et de partage de connaissances. Elle a également mis en lumière les domaines sur lesquels nous devons concentrer nos efforts pour l’avenir. Nous saurons en tirer les enseignements pour favoriser un écosystème numérique plus robuste et plus inclusif au Cameroun.
Permettez-moi de saisir cette occasion pour féliciter chaleureusement tous ceux qui ont contribué à ce succès, dont la CRTV.Le Cameroun et la Commonwealth Telecommunications Organisation sont plus que jamais main dans la main pour la transformation numérique dans notre société. Qu’est-ce que le pays peut escompter comme retombées à moyen et à long terme de la Cameroon Digital Week?
C’est depuis 2002 que le Cameroun est membre de cette instance. À ce titre, notre pays en matière a continuellement bénéficié de retombées dans le domaine des TIC et de télécommunications, ceci dans plusieurs domaines. On peut citer parmi ces avantages L’Accès à l’expertise internationale à travers une vaste base de connaissances, d’expertise et de meilleures pratiques en matière de TIC et de télécommunications.
La mise en place de partenariats internationaux dans le domaine de la formation et du développement technologique avec d’autres pays membres du Commonwealth à l’instar du royaume Unis ou encore le Nigéria pour ne citer que ceux là.
Un accompagnement dans la mise en place des stratégies dans les domaines de la régulation, de l’accès au broadband, de la cybersécurité
Nous bénéficions également d’un appui dans le domaine de la formation avec l’octroi de bourses d’études auxquels plusieurs fonctionnaires du MINPOSTEL ont eu accès, dans le cadre du programme ministériel de formation des cadres.
Comme vous le voyez, notre pays peut se réjouir d’importantes retombées en sa qualité de membre du CTO. Mais il est essentiel de noter que notre adhésion au CTO est un investissement à long terme que les plus hautes autorités consentent pour le développement des TIC au Cameroun.
Pour ce qui est spécifiquement de la Digital week, elle avait pour objectifs de
– Favoriser la compréhension des nouveaux enjeux que pose l’essor du numérique;– Sensibiliser les responsables gouvernementaux sur l’impératif de la transformation numérique;
– Présenter les stratégies et programmes à mettre en oeuvre, pour bâtir le Cameroun numérique de demain;
– Engager les jeunes à promouvoir une utilisation productive et bénéfique des TIC;
– Présenter les innovations des camerounais dans le domaine du numérique
Et pour ce cahier de charge, nous pouvons nous satisfaire de ce que les visées ont été atteintes. Il y’a qu’à voir l’engouement manifestée par les nombreux participants qui se sont enregistrés (au total plus de 1350) pour prendre part aux différentes activités qui ont meublé la Digital Week.
La grande attraction de cette messe du digital, c’était la Cameroon Future Scape. La projection ambitieuse d’un Cameroun qui surfe totalement sur les vagues du développement et de la modernité. Quel retour avez – vous de cette projection?
Le retour que nous avons reçu de cette projection a été globalement positif. De nombreux participants ont exprimé leur enthousiasme quant à la vision d’un Cameroun prospère et technologiquement avancé tel que matérialisé par le Cameroon Futurescape.
La Cameroon Future Scape a permis de mettre en avant les opportunités et les défis de la transformation numérique, tout en montrant comment le Cameroun peut exploiter son potentiel pour devenir un acteur clé de l’économie numérique en Afrique. Cela a également encouragé la discussion sur les mesures nécessaires pour réaliser cette vision. Cependant, il est important de noter que la mise en œuvre d’une telle vision ambitieuse nécessitera un effort continu et la collaboration de l’ensemble de la société (le gouvernement, le secteur privé, les acteurs de la société civile et la population). Le Gouvernement est déterminé à poursuivre ses efforts pour concrétiser cette vision qui fera du Cameroun un acteur majeur dans l’ère numérique.Quels sont les préalables pour que cette vision devienne réalité?
Déjà tout part de la mise en œuvre d’une stratégie sectorielle qui définit les grandes lignes du développement et de la matérialisation de cette vision. Nous avons le plan stratégique de développement de l’économie numérique et la SND30. Mais il ne suffit pas d’avoir des plans aussi pertinents soient-ils, il faut également faire suivre le financement ainsi que l’engagement des parties prenantes clés. Il est essentiel de mobiliser des ressources financières adéquates pour soutenir la mise en œuvre de cette stratégie et veiller à ce que les acteurs impliqués, qu’il s’agisse du gouvernement, du secteur privé ou de la société civile, soient alignés sur les objectifs de la vision. De plus, il est crucial de développer les infrastructures nécessaires, de renforcer les compétences et les capacités, et de promouvoir l’innovation pour favoriser la croissance du secteur numérique et la réalisation de la vision.On parle de plus en plus de développement de l’intelligence artificielle et de la robotique comme solutions innovantes, et comme niches d’emplois. Où en est le Cameroun dans le développement de ces opportunités?
Le développement de l’intelligence artificielle (IA) et de la robotique représente en effet des opportunités majeures à l’échelle mondiale, tant en termes d’innovation technologique que de création d’emplois. Le Gouvernement est en pleinement conscient. On peut aussi noter que des universités et des écoles supérieures commencent à proposer des programmes et des cours liés à ces domaines, mais il faudra du temps pour former une main-d’œuvre spécialisée.
Par ailleurs, certaines startups au Cameroun commencent à explorer l’IA et la robotique, en développant des applications pour des secteurs tels que la santé, l’agriculture, la finance et l’éducation. Cependant, l’écosystème entrepreneurial dans ces domaines est encore en développement.Il faut dire que le gouvernement camerounais a montré un intérêt croissant pour la technologie et l’innovation. C’est pourquoi des initiatives telles que la Cameroon Digital Week et d’autres programmes de développement technologique sont organisées pour promouvoir la transformation numérique et encourager l’adoption de l’IA dans divers secteurs.
Dans le même ordre d’idée il faut reconnaître que le Cameroun doit relever plusieurs défis pour favoriser le développement des technologies disruptives de manière générale et de l’IA et de la robotique en particulier. Il s’agit notamment de l’accès à une infrastructure de télécommunications de qualité, du besoin de renforcer l’éducation en sciences et en technologies, de la réglementation appropriée, de la cybersécurité et de la disponibilité de financement pour la recherche et le développement.Source: CRTV Radio (Dimanche Midi du 22 octobre 2023)
Qualité exécrable du service, tarification arbitraire, coût d’internet au Cameroun : une affaire en avance sur le diable
Questions de journaliste adressée à des praticiens, experts et universitaires: «Comment voyez-vous la transformation digitale en cours au Cameroun?» «Comment faire pour mieux mobiliser le digital dans les couches sociales du pays?» «Comment accompagner la révolution digitale au bénéfice de l’économie nationale?» La diversité et la richesse des regards croisés rassemblés lors de la Cameroon Digital Week (CDW) ouvrent de nombreuses pistes de réflexions. De façon globale, elles portent sur les effets de cette transformation digitale et les intentions stratégiques du gouvernement, dans le sens de l’articulation entre enjeux macro et micro-économiques.
Placée sous le thème «Towards a digital future (vers un avenir numérique)», la CDW (organisée à Yaoundé du 16 au 20 octobre 2023, par l’Etat du Cameroun et la Commonwealth Telecommunications Organisation, CTO) est donc venue opérer une sorte de couplage entre logique technique et logique managériale, en organisant des discussions collectives autour de la valeur ajoutée du numérique au Cameroun. Mieux, la CDW est venue rappeler que si la digitalisation est un état d’esprit, elle s’articule surtout autour d’actions de terrain, et de la conviction qu’il faut partir des activités et des initiatives existantes pour développer les usages et légitimer les transformations.
Dans les discours entendus à cette occasion, trois registres se sont entremêlés et se sont renforcés et se sont même parfois opposés. D’où, en bonne place, le grand et large débat sur la qualité exécrable du service, la tarification arbitraire et le coût d’internet au Cameroun.
À Yaoundé, la semaine dernière, lors de la Cameroon Digital Week (CDW), les opérateurs de téléphonie mobile locaux ont encore été interpelés par des consommateurs.
Le public lors de la CDW, toute ouïe lors des explications des opérateurs de téléphonie mobile Les compagnies de téléphonie mobile qui occupent l’espace camerounais prennent-elles au sérieux la colère de leurs clients? Oui, mais non. Oui, en regard du flot de promesses faites avant le CDW, désormais clos depuis le 20 octobre dernier à Yaoundé. Mais non, à en juger par leur incapacité à répondre utilement aux griefs populaires. Alors que l’on attendait d’eux une réponse à l’immense exaspération des millions de consommateurs des services de communications électroniques, les opérateurs de téléphonie mobile ont vite appréhendé le risque de rendre irrémédiable la rupture entre leurs clients et eux. A Yaoundé, lors du CDW tenu du 16 au 20 octobre 2023, ces opérateurs n’ont pas cherché à dépasser les caricatures déployées par des parlementaires et des membres de la société civile, étourdis par la qualité exécrable du service et une tarification arbitraire.
Séquences
Un peu à l’image des gens qui n’ont rien à gagner et tout à perdre à ne pas se taire, Camtel, MTN Cameroon et Orange Cameroun se sont plus occupés de leur réputation. L’exemple le plus flagrant est tiré des échanges occasionnés par le forum sur «People and technology», le 17 octobre 2023. Ce jour-là, la présidente de l’Association des bayam-sellam (Asby) du Cameroun a remis au goût du jour, l’image du fiasco depuis longtemps dénoncé. A sa manière, Marie Mbala Biloa a notamment décrié la qualité de service (lenteur du réseau, indisponibilité, couts exorbitants des appels et de la connexion internet..) ainsi que la couverture du réseau à l’échelle nationale surtout dans les zones rurales. Et pour accompagner ce constat, Lilian Koulou Engoulou (coordonnateur de l’Observatoire du développement sociétal, une organisation de la société civile camerounaise spécialisée dans la protection des consommateurs) parle de la «lie du peuple». Le regard est perçant, précis, presque clinique; le débit rapide, articulé, quasi-mitrailleur, il ajoute: «On pourrait penser que la fonction sociétale de ces opérateurs de téléphonie est en réalité d’inculquer et de protéger les objectifs économiques à l’aide des méthodes tirées du fond des âges pour endormir les consommateurs. En bonnes communicantes se sachant dans l’œil du cyclone, ces opérateurs se sont attachés à acheter des espaces dans la presse pour assouvir leurs désirs de puissance ou d’influence, au détriment du droit de savoir des citoyens. Vraiment, c’est une affaire en avance sur le diable !».Défense
En prenant la parole, les opérateurs de téléphonie mobile estiment qu’ils méritent mieux que ces infamies qu’ils reçoivent. Premier sur la scène, le Directeur général d’Orange Cameroun. «Quand on parle de qualité du service, c’est souvent un problème collectif qu’il faut régler. En réalité, on a nos réseaux qui sont interconnectés. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, pour peu qu’il y ait un de nos réseaux qui a les problèmes, les autres aussi sont entrainés dans les problèmes de qualité de service», déclare Patrick Benon. Soucieux de ne pas envenimer l’ambiance, le Français postule qu’il est très enrichissant de découvrir d’autres réalités. «Au-delà des opérateurs (parce que nous avons aussi beaucoup à faire), il faut aussi avoir en tête qu’il y a des éléments qui ne dépendent pas que des opérateurs. Et je pense qu’il faut qu’il y ait une collaboration un peu plus large avec les autorités (c’est déjà le cas)…nous avons des problèmes d’interférence. A Yaoundé en particulier, beaucoup de points qui viennent interférencer nos fréquences et qui font que, quel que soit ce qu’on mettra comme équipements, on ne peut pas fournir la bonne qualité de service parce qu’il y a d’autres émetteurs qui émettent sur ces fréquences-là. Est-ce que les opérateurs peuvent les démanteler? Non ! Parce que les opérateurs sont des entreprises privées qui n’ont pas de droit d’intervenir sur certaines choses. Donc, nous avons également besoin d’aide des autorités pour qu’on puisse régler un certain nombre de choses», expose Patrick Benon.Amadou Saïd, responsable technique à Camtel, on dispose d’un autre élément de réponse à cette question générale dans les actes d’incivisme. «Nous avons un câble sous-marin qui arrive à Kribi. Nous devions normalement sécuriser Kribi par au moins, deux fois passant par Edéa, par Ebolowa. Mais les entreprises forestières et autres entreprises de travaux routiers, ont détruit le chemin pendant des années. Et quand bien même les opérateurs auront réglé le problème d’énergie à leur niveau, si le client dans son domicile, n’a pas d’électricité, la solution c’est quoi? Je crois que c’est revenir auprès du gouvernement», explique le cadre de Camtel.
En plus d’appuyer cette argumentation, Mitwa Nga’mbi parie sur la vétusté des téléphones utilisés par les consommateurs. Selon le directeur général de MTN Cameroon évoque notamment des téléphones qui ne répondent plus aux exigences actuelles et qui méritent, à cet effet, d’être démolis ou renouvelés. Comme explication au «siphonage de data», Mitwa Nga’mbi alerte: «Votre data s’épuise lorsque vous utilisez vos applications. Mais elle s’épuise plus rapidement lorsque d’autres applications travaillent en arrière-plan, consommant ainsi encore plus de data».
Jean-René Meva’a Amougou
Avec ou sans lien?
Hasard de calendrier? Peut-être. En tout cas, il se trouve simplement que la cérémonie d’inauguration de l’immeuble siège de l’Agence de régulation des télécommunications (ART) a servi de prétexte pour préparer les compagnies de téléphonie mobile à ce qui les attend.
Bien qu’inscrite dans un registre plus festif, ladite cérémonie (à laquelle a pris personnellement part le Premier ministre, chief Joseph Dion Ngute) apparaît comme ramassée en elle-même. Et il est sans doute significatif que, lorsque l’on écoute la ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel), son discours prononcé le 20 octobre dernier à Yaoundé peut également s’interpréter par référence aux griefs formulés (contre les pouvoirs publics) par les opérateurs de téléphonie mobile, trois jours plus tôt. Et parce que le sens du discours de Mme Minette Libom Li Likeng jaillit par petits ou grands éclats, les mots semblent possédés du désir de dire à l’ART de sévir.
«S’agissant spécifiquement de la qualité de services, le régulateur, doit se mettre à l’écoute des usagers dont les 10 plaintes sont récurrentes, et y apporter des solutions pertinentes et durables», recommande la Minpostel. Et si le travail de l’ART paraît essoufflant et fébrile, Mme Minette Libom Li Likeng rappelle que «la mission est de garantir que ce secteur fonctionne de manière efficace, équitable; et cela, conformément aux lois et règlements régissant l’activité des communications électroniques, tout en stimulant l’investissement et la concurrence».Bien plus, la Minpostel brosse un portrait diversifié du «gendarme des télécoms». D’après elle, «un régulateur efficace assure une meilleure qualité de service possible pour l’utilisateur final, tout en veillant à sa protection par une application rigoureuse de la réglementation en vigueur, sans compromis, ni encore moins, de compromissions; un régulateur de qualité qui se positionne en tant qu’acteur robuste, garantissant l’équité et l’égalité de traitement envers tous les opérateurs de réseaux, tout en préservant les droits des utilisateurs finaux, qui souvent sont le segment le plus vulnérable de la chaîne. Un régulateur compétent, agissant en tant que gardien du secteur, ce qui est essentiel pour créer un environnement propice à l’innovation, à l’investissement et à la croissance économique».
Jean René Meva’a Amougou
Tirer le meilleur parti des minerais verts stratégiques de l’Afrique
ADDIS-ABEBA – Tandis que s’opère la transition mondiale en direction de technologies plus écologiques, l’Afrique dispose des ressources naturelles pour faire la course en tête. Le continent est en effet producteur majeur d’un certain nombre de matière premières qui alimenteront la révolution verte – dont 70 % du cobalt mondial, élément essentiel aux batteries des véhicules électriques. D’après l’Institut d’études géologiques des États-Unis, l’Afrique possède également certaines des plus grandes réserves de minerais non exploitées de la planète. À condition d’être mises à profit de manière durable et stratégique, ces ressources pourraient favoriser l’industrialisation écologique, et accroître l’électrification, tout en permettant de bâtir un avenir meilleur pour tous les Africains.
Les pays africains sont pour l’heure principalement engagés dans l’exploration et l’extraction minières, et les quelques-uns d’entre eux qui possèdent des installations génèrent le plus souvent des produits à faible valeur. Dans le même temps, les États extérieurs à l’Afrique s’efforcent d’élaborer leurs propres stratégies concernant les minerais cruciaux. Dans un objectif de sécurisation des ressources nécessaires à une croissance économique durable ainsi qu’à leur défense nationale, ces États s’intéressent à l’approvisionnement en terres rares du continent.
Pour veiller à ce que les pays africains tirent un maximum de rendement de leurs industries extractives, et à ce que les intérêts stratégiques du continent ne soient pas malmenés, l’Union africaine a créé le Centre africain de développement minier (AMDC). Outre la nécessité de faire en sorte que la ruée mondiale vers les minerais dits « critiques » se traduise par un avenir prospère, la limitation des dégâts environnementaux figure au plus haut de l’agenda, d’autant plus qu’environ un quart du PIB de l’Afrique dépend directement de la nature. Le continent est par ailleurs particulièrement vulnérable face au changement climatique.
Dans le sillage du Sommet africain sur le climat, qui a mis en lumière l’importance des minerais verts, il est nécessaire que les États membres de l’UA ratifient les statuts de l’AMDC. Un retard à cet égard pourrait en effet se révéler coûteux pour la gestion des richesses minérales du continent.
La prochaine stratégie AGMS (African Green Minerals Strategy) de l’AMDC peut faire office de guide pour les pays africains dans leur réflexion sur la manière d’exploiter leurs matières premières – essentielles à la transition énergétique mondiale – de manière stratégique et durable. Dans le contexte africain, les minerais « stratégiques » ou « verts » sont les minerais utilisés dans les technologies d’énergie propres et les industries vertes, ainsi que ceux qui constituent des intrants dans la chaîne d’approvisionnement minière, conformément aux deux principaux critères de l’AGMS. Reposant sur quatre piliers – faire progresser le développement minier, investir dans le capital humain et les capacités technologiques, bâtir des chaînes de valeur, et promouvoir une bonne gestion des ressources – l’AGMS fournit un cadre permettant de soutenir l’industrie verte, et d’établir une présence plus importante sur les chaînes d’approvisionnement des technologies écologiques.
Constat encourageant, un certain nombre d’industries vertes naissantes – notamment plusieurs usines d’assemblage de véhicules électriques – commencent à se développer dans les pays africains. Ceci démontre que les capacités techniques et manufacturières du continent peuvent être renforcées au moyen de politiques de soutien, de programmes de développement des compétences, de la construction d’infrastructures, ainsi que d’un climat d’investissement favorable. Les bienfaits associés au développement d’une industrie locale ainsi qu’à l’orientation de la production vers des éléments à valeur ajoutée sont nombreux : création d’emplois, amélioration des capacités technologiques, et recours moindre aux importations, autant d’aspects susceptibles de renforcer la souveraineté économique de l’Afrique.
Le premier objectif de l’AGMS consiste à accélérer la fabrication locale d’intrants liés à l’extraction et au traitement des minerais verts stratégiques. Investir dans les capacités locales permettrait de créer une économie plus inclusive : les industries nationales s’épanouissant, les communautés bénéficieraient directement d’opportunités d’emploi ainsi que du développement de leurs compétences, ce qui contribuerait en fin de compte à une prospérité partagée.
Le deuxième objectif consiste à bâtir de plus nombreuses installations de traitement sur le continent, ce qui permettrait aux pays africains de capter une plus grande part de la chaîne de valeur, de diversifier leur économie, et de réduire leur dépendance aux exportations de matières premières. Sans cette transition vers une production à plus haute valeur ajoutée, le continent atteindra difficilement la résilience économique sur un marché mondial en constante évolution.
Enfin, l’AGMS vise à développer l’expertise technique de l’Afrique, ainsi que ses ressources nécessaires à la recherche, au développement et à l’innovation. Cette évolution favoriserait la croissance de technologies vertes de pointe, et ferait de l’Afrique un pôle du progrès, attirant les talents et investissements en provenance du monde entier.
L’accomplissement de ces objectifs nécessite bien entendu une approche coordonnée, notamment la mise en place de droits de douane extérieurs communs sur les intrants d’extraction, les minerais traités et les produits manufacturés. Ceci faciliterait le commerce et la collaboration entre pays africains, tout en incitant à des pratiques environnementalement responsables.
La demande explose aujourd’hui autour des batteries, des véhicules électriques ainsi que des énergies renouvelables, et l’Afrique est en position de saisir une plus grande part de l’opportunité liée aux technologies vertes. Contribuer à ces chaînes de valeur devrait par ailleurs améliorer l’accès des pays africains à une énergie abordable et fiable, ainsi que les possibilités de mobilité sur le continent. Le cadre de l’AGMS peut par conséquent répondre à un certain nombre de problèmes spécifiques à l’Afrique, parmi lesquels son déficit énergétique et ses difficultés sur le plan des transports, tout en soutenant plus largement les efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique.
Traduit de l’anglais par Martin Morel
Marit Kita est directrice intérimaire du Centre africain de développement minier.
Copyright: Project Syndicate, 2023.
www.project-syndicate.orgAprès les maladies infantiles: la CEEAC face aux crises de la quarantaine
Ce 18 octobre 2023 était jour de célébration de la quatrième édition de la Journée de l’intégration régionale.
Le président équato-Guinéen Une formidable occasion pour la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) de célébrer également jusqu’au 25 novembre prochain, le 40ème anniversaire de la création de l’institution sous-régionale. Sur le thème évocateur: «La CEEAC, 40 ans de construction d’une communauté de destin vers une Afrique unie, pacifiée et développée». Et le discours de circonstance du président en exercice de la Communauté a constitué le point d’orgue des festivités au siège provisoire de la Commission à Malabo, ainsi que dans les onze États membres. Sans nécessairement réussir à rassurer quant à l’avenir de la sous-région. Tant les écueils énumérés par Teodoro Obiang Nguema Mbasogo sont nombreux.
«Le quarantième anniversaire de la CEEAC est perturbé par de fortes tensions géopolitiques internationales qui se manifestent clairement par des guerres aux quatre coins du monde et des enjeux de pouvoir moins évidents. Et en Afrique centrale, ces tensions prennent des formes diverses». Le président équato-Guinéen mentionne, entre autres, «la situation sécuritaire au Sahel qui reste incontrôlable, et l’extrémisme violent… qui ont tous deux des répercussions sur les pays voisins de notre sous-région». Le cas de «la crise au Soudan et de ses graves conséquences au Tchad et en Centrafrique; ou encore de la poursuite de la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC», relève le discours.
Toujours au chapitre des maladies chroniques dont souffre la sous-région, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo évoque «les cycles de menaces asymétriques ou non traditionnelles telles que la piraterie maritime, l’immigration clandestine, la pêche illégale, l’exploitation illégale des ressources naturelles et les trafics en tous genres». De même, «le communautarisme, la résurgence des changements anticonstitutionnels, l’instabilité sociale, les effets persistants de la pandémie de Covid-19 sur nos économies», ont trouvé une place de choix dans le check-up du président en exercice de la CEEAC. Et le président équato-guinéen de lancer en guise d’avertissement: «si nous n’y prenons garde, ces contraintes pourraient finir par avoir un impact plus négatif sur le développement économique et social de notre Communauté».
Des raisons d’espérer existent cependant. Elles reposent notamment sur «l’intensification du plaidoyer pour la mise en œuvre du Plan stratégique indicatif à moyen terme 2021-2025 de la CEEAC adopté par les chefs d’État et de gouvernement et visant à renforcer l’intégration sous-régionale, ainsi que d’améliorer la visibilité des réalisations de la Communauté», insiste Gilberto Da Piedade Verissimo, président de la Commission. De manière à «renforcer notre volonté à évoluer ensemble dans les domaines identifiés par le Traité révisé de la CEEAC. À savoir politique, sécuritaire, économique, monétaire, social, culturel, environnemental et scientifique», rappelle pour sa part Teodoro Obiang Nguema Mbasogo.
Théodore Ayissi Ayissi
Lac Tchad: environ 3 milliards de FCFA pour sauver le Bassin
La Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) et les institutions pourvoyeuses de données organisent du 24 au 27 octobre 2023 à Douala, un atelier régional de concertation dans le cadre de la mise à jour du projet de coopération technique. Objectif: venir en aide aux populations de cette partie de l’Afrique grâce aux fonds de la coopération allemande.
Le Bassin du Lac Tchad qui fait vivre plus de 50 millions de personnes est confronté depuis plus de 4 décennies aux effets néfastes du changement climatique avec ses conséquences sur l’avancée du désert, la perte de la biodiversité, la baisse de rendement agricole, le rétrécissement progressif de la superficie du Lac Tchad. Sa superficie est passée de 25 000 Km2 dans les années 1960 à 2500 Km2 aujourd’hui. Ainsi, les populations vivant dans cet écosystème se trouvent confrontées à de nombreux défis socio-économiques tels que «la pauvreté, la misère et des conflits liés à l’exploitation des maigres ressources disponibles. En cela s’ajoute la situation d’insécurité causée par les groupes terroristes entraînant les pertes des moyens de subsistances, la destruction des habitations, les déplacements forcés des populations en interne», s’indigne Hycinth Banseka, directeur technique de la CBLT, représentant de son secrétaire exécutif. Par conséquent ces multiples crises aggravent la vulgarité des populations particulièrement des jeunes et des femmes et augmentent le taux de chômage et livre les jeunes à la consommation abusive de l’alcool et la drogue.
C’est dans le but de guérir ces maux qu’un atelier régional de concertation entre la CBLT et les institutions pourvoyeuses de données est organisé pendant 4 jours à Douala. Le projet financé à hauteur de 5 millions d’euros par le ministère allemand de la coopération économique et du développement permettra de répondre au mieux aux préoccupations des populations du Bassin du Lac Tchad. Ceci dans «la recherche de solution tendant à inverser la situation de vulnérabilité des femmes et des jeunes et à maîtriser l’insécurité alimentaire qui sévit», précise le directeur technique de la CBLT. Pour un avenir meilleur dans le Bassin du Lac Tchad et de celui des nombreuses personnes qui y tirent leur subsistance des ressources naturelles.
Ceci est la raison d’être de la continuité de cette collaboration engagée depuis une décennie entre le ministre allemand de la coopération économique et de développement et la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT). Les deux institutions ont développé la 2ème phase du programme de gestion durable des ressources hydrauliques dans le Bassin du Lac Tchad financé par la République d’Allemagne. Ce programme a pour objectif de contribuer à «la création et au renforcement des capacités organisationnelles et des compétences techniques de la CBLT pour qu’elle soit à même de bien conseiller ses pays membres sur une gestion des ressources en eau transfrontalière qui est respectueuse de l’environnement, adaptée aux changements climatiques, sensibles à la dimension du genre et qui réduit des conflits liés aux ressources naturelles», ajoute le directeur technique de CBLT. Le programme est constitué de deux projets mis en œuvre par la GIZ et l’Institut fédéral des géosciences et des matières premières.
Cet atelier régional fait suite à celui sur la planification opérationnelle et le lancement des activités du projet de gestion appliquée des ressources en eau du Bassin du Lac Tchad phase II organisé en avril 2023 en Ndjamena au Tchad. L’objectif principal est de promouvoir la coopération entre la CBLT et les institutions pourvoyeuses de données en vue d’assurer l’alimentation de la base de données régionale prévue par la charte de l’eau du Bassin du Lac Tchad. «Nous souhaitons renforcer la collaboration entre la CBLT et les acteurs clés responsables de la collecte des données dans le Bassin du Lac Tchad afin de développer des synergies pour garantir une alimentation continue et opérationnalisation durable de la base des données régionales prévues par la charte de l’eau», affirme le directeur technique de la CBLT.
La région du Lac Tchad est depuis des millénaires un centre de développement, de commerce et d’échanges culturels entre les populations du nord et celles du sud du Sahara. Sa population est aujourd’hui estimée à plus de 45 millions d’habitants. Les principales activités économiques dans la région sont la pêche, l’élevage, l’agriculture et le commerce. Il est entouré par des bassins transfrontaliers tels que le Bassin du Nil à l’est, le Bassin du Congo au sud, le Bassin du Niger à l’ouest et le Bassin de Nubie au nord. Son réseau hydrographique est constitué par le système Chari-Logone-El Beid (90% des apports d’eau au lac) et l’ensemble de système Komadougou-Yopé.
Diane Kenfack
Perspectives économiques de la Beac : l’optimisme contagieux des entreprises de la Cemac
Le quatrième trimestre 2023 s’annonce sous de bons auspices pour la Cemac. «Les défis liés à la flambée des prix, aux circuits d’approvisionnement domestiques, aux conditions climatiques difficiles et aux problèmes infrastructurels et réglementaires demeurent certes toujours des préoccupations majeures des chefs d’entreprise de la Cemac», rend compte la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). Les entrepreneurs de la sous-région anticipent pourtant aussi «que l’activité économique au cours des trois derniers mois devrait s’orienter favorablement». Les résultats de l’enquête de conjoncture publiés ce 16 octobre 2023 par la Banque centrale mettent en lumière les ressorts de cet optimisme. Ils évoquent pour l’essentiel des perspectives «soutenues par la poursuite des investissements publics, le raffermissement de la demande intérieure et la hausse du cours du baril, dans le sillage des opérations de redynamisation des champs matures dans les secteurs pétrolier et gazier».
À en croire ces mêmes données, il faudra également compter avec «une forte progression des cultures de rente et des services résilients». Une preuve que tous les secteurs d’activité sont concernés par l’embellie anticipée. En guise d’illustration, «les opérateurs du secteur primaire projettent en effet une bonne campagne agricole aussi bien pour le vivrier que pour les cultures de rente; le secteur secondaire afficherait des performances favorables, avec une hausse attendue dans l’industrie brassicole et sucrière, ainsi que dans la production d’eau et d’électricité», apprend la Beac.
L’heure est aussi à l’optimisme pour les chefs d’entreprise du tertiaire. Ils disent pour leur part miser sur «les activités financières, de télécommunications et du transport aérien en lien avec les fêtes de fin d’année. Les attentes sont par ailleurs encourageantes dans le commerce des biens de consommation courante et d’équipement par l’augmentation de la demande résiliente».
Théodore Ayissi Ayissi
Fonctionnement de la Cemac : montée en grade des représentations-pays
Des représentations de la Cemac plus actives et mieux impliquées dans la consolidation du processus d’intégration dans la sous-région.
Siège de la Cemac Ainsi pourrait se résumer la nouvelle vision du gouvernement de la Commission Cemac au sujet du rôle de ses entités déconcentrées dans les six pays de la Communauté. Une nouvelle posture au cœur de la série d’audiences accordées les 5 et 6 octobre dernier à Brazzaville au nouveau représentant de l’institution sous-régionale au Congo. «Désormais, celles-ci (les représentations Cemac, Ndlr) doivent être, au-delà des considérations protocolaires, de véritables entités administratives, contribuant à la construction de l’œuvre communautaire», a notamment expliqué le Dr Steve Akera Itoua à Ingrid Olga Ghislaine Ebouka-Babackas.
Avec la ministre congolaise du Plan, de la Statistique et de l’Intégration régionale, il a dès lors été question de donner du concret à cette ambition. Mention est par exemple faite «de la nécessité de procéder à la vulgarisation des instruments juridiques communautaires dans les grandes villes du Congo, notamment Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Owando et Ouesso», plaide le représentant-résident de la Commission de la Cemac. Une option est également prise en faveur «d’une fluidification des relations entre les représentations Cemac et les ministères de tutelle, ainsi que de l’entretien de la visibilité de la Commission de la Cemac au Congo, en vue d’une meilleure conduite des affaires de la Communauté en république du Congo», insiste le membre du gouvernement.
Plus d’espace
La sollicitude de la ministre congolaise à l’égard du représentant de Baltazar Engonga Edjo’o a aussi concerné les bâtiments de l’institution communautaire. Ingrid Olga Ghislaine Ebouka-Babackas a ainsi suggéré au Dr Steve Akera Itoua, «la saisine par la Commission de la Cemac, du président de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) pour solliciter l’extension de l’espace qui avait été affecté à la représentation-pays». De façon à positionner cette entité au niveau des ambitions du gouvernement communautaire et des aspirations des populations.Conseil des ministres
Ces ambitions et aspirations sont justement aussi évoquées avec le ministre congolais de l’Économie et des Finances. Jean Baptiste Ondaye et sa collègue ont été briefés de façon exhaustive sur «l’évolution et le niveau d’exécution des travaux relatifs aux projets intégrateurs, et sur les préparatifs et la participation du Congo aux prochaines assises statutaires de la Communauté prévues à Bangui, du 26 au 30 octobre prochain». À en croire la Commission de la Cemac, les deux ministres de tutelle ont «donné leur accord de principe pour leur participation à la 40ème session ordinaire du Conseil des ministres de l’UEAC qui se tiendra le 30 octobre 2023 à Bangui en République Centrafricaine». Une victoire non négligeable pour cette représentation-pays de la Cemac par ailleurs assurée de leur «disponibilité et de leur accompagnement».Cameroun et Fotrac
Au même titre que les responsables des autres entités déconcentrées de la Commission, le nouveau représentant-résident de la Cemac au Cameroun fait face aux nombreux défis qui interpellent la Communauté. Guillaume Boum Bissai a pris la succession le 7 septembre dernier à Yaoundé de Malaïka Ndoumbe Ngollo épse Ntsama Étoundi. Les consignes du Pr Apollinaire Selizelo, directeur des Ressources humaines de la Commission de la Cemac, au nouveau promu: «contribuer davantage à la lisibilité et l’efficacité des actions de la représentation-pays Cameroun, tant sur le plan diplomatique que sur le plan administratif». Et ce faisant, concrétiser la «volonté du chef du gouvernement de la Communauté, d’insuffler un souffle nouveau aux différents services de la Cemac».L’audience accordée le 17 octobre dernier à la promotrice de la Foire transfrontalière annuelle de l’Afrique centrale (Fotrac) est à classer dans ce registre. Aux dires de Danielle Nlate, «l’idée des Fotrac aux frontières» semble en effet susciter «beaucoup d’intérêt de la part du nouveau représentant».
Théodore Ayissi Ayissi
Sembene Ousmane : du blanc sur fond d’Écrans noirs
La délégation sénégalaise se félicite de l’honneur et des témoignages rendus à l’illustre cinéaste le 18 octobre dernier au Musée national de Yaoundé.
Les Écrans noirs acte 27 rendent hommage à Sembene Ousmane, l’homme à plusieurs: casquettes cinéaste et écrivain. En présence d’une forte délégation sénégalaise, venue partager et feuilleter l’immense oeuvre laissée à la postérité. Dans le cinéma, où il a excellé, l’on retient de lui un véritable panafricaniste au regard des thématiques abordées. Il a développé les sujets sur: la femme en tant que héroïne, l’émancipation, la décolonisation de l’Afrique, le changement les mentalités africaines,, le retour à nos valeurs culturelles ou la valorisation de nos langues, pour aller à l’assaut du monde. Mansour Sora Wade, directeur des festivals au Sénégal, exprime sa satisfaction. «Je suis toujours invité aux éditions des Ecrans noirs.
A mon avis, ce festival du cinéma grandit de plus en plus et que je le trouve important pour l’Afrique centrale et l’Afrique en général», fait-il savoir. Et de poursuivre: «Aujourd’hui, organiser une journée sénégalaise, c’est un grand honneur, pour toute la délégation sénégalaise et les cinéastes sénégalais présents; en plus rendre un hommage à notre doyen et mentor, Sembene Ousmane, est un plaisir; en plus le faire est une reconnaissance pour le cinéma africain». Alioune Diop, journaliste sénégalais, entérine les propos de son devancier: «l’honneur fait à Sembene Ousmane est une fierté, car il s’agit d’une démarche panafricaine, il est question de montrer qu’il ne faut jamais oublier ceux qui nous ont quittés, nous ont rendus service». Jean Gustave Dak Sorgo se dit ennobli pour cet hommage. «Puisque c’est cet icone du cinéma qui m’a boosté et amené pleinement dans le cinéma, c’est juste qu’on lui rende hommage où il a reçu les clés de citoyen de la ville de Yaoundé. Ma chance, c’est d’avoir été coopté par ce dernier», se réjouit l’artiste-comédien.
Afrique centrale
Pour le décollage effectif du cinéma en Afrique centrale, le Cameroun et le Sénégal «doivent travailler ensemble, et partager les expériences; pour ce faire, les cinéastes camerounais doivent se rendre à Dakar pour s’imprégner du modèle sénégalais, de l’école sénégalaise, et inversement les cinéastes sénégalais doivent se rendre au Cameroun», propose Alioune Diop journaliste. Selon Jean Gustave Dak Sorgo, pour porter haut le cinéma en Afrique centrale, les cinéastes doivent aller faire les recherches sur les œuvres de Sembene Ousmane, toujours d’actualité. Les jeunes ont de nombreuses opportunités avec le numérique.Olivier Mbessité
Esstic : les noces d’or de l’intégration sous-régionale dans la formation journalistique
Des délégations de pays voisins sont venues rehausser l’éclat du cinquantenaire de l’Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (Esstic).
Lancement des festivités marquant le cinquantenaire de l’Esstic Faste et solennité au rendez-vous ce 20 octobre 2023 au palais des Congrès de Yaoundé, à l’occasion de l’apothéose des festivités du Cinquantenaire de l’Esstic. En présence des ministres de la Communication du Tchad, de la République Centrafricaine (RCA) et du Cameroun. Le Secrétaire général du ministère de la Communication de la République du Gabon est également de la fête. Ils sont tous signataires de la convention internationale de création de l’auguste institution en 1970. Le ministre de la Communication (Mincom) du Cameroun, Réné Emmanuel Sadi, représentant du chef de l’Etat du Cameroun, Paul Biya, se réjouit de l’accompagnement des pays frères aux festivités. «Votre présence ici tout le long des trois jours qu’auront duré les festivités de cette célébration aura rehaussé d’un éclat particulier cet évènement placé sous le très haut parrainage du chef de l’Etat du Cameroun».
Responsabilités
Au-delà de l’aspect jouissif et festif du cinquantenaire de l’Esstic, le Mincom rappelle les lourdes responsabilités de l’école en tant que «pôle de référence» dans la formation aux métiers de la Communication, en ce qui concerne la qualité des prestations offertes par l’ensemble des professionnels de ce secteur. «Je réitère ici cette responsabilité», souligne le Mincom. La responsabilité de l’Esstic intervient dans un contexte exigeant, notamment dans la pratique du journalisme au Cameroun, le respect de l’éthique et de la déontologie, la publication d’information fallacieuse, la diffamation, l’injure, les appels à la sédition, la recrudescence des discours de haine, l’apologie des irrédentismes et l’hostilité à la patrie. «Cet ensemble de pratiques nocives a fait naitre une presse à gage dont l’action s’avère nuisible à l’image de la profession et partant à celle du Cameroun à l’intérieur comme à l’extérieur», fait savoir Réné Emmanuel Sadi. Cela s’amplifie avec l’irruption et la généralisation des nouveaux médias dans la sphère sociale, engendrant l’émergence d’une catégorie de producteurs d’information peu «soucieux de l’impératif d’informer de manière saine et objective», déclare le Mincom. Selon Réné Emmanuel Sadi, pour endiguer ces fléaux et restituer ses lettres de noblesse au journalisme camerounais, l’Esstic doit inlassablement former, recycler et renforcer les capacités des professionnels de l’information. Cet établissement né voici 53 ans par la volonté des cinq pays de la sous-région Afrique centrale, à savoir le Gabon, Tchad, République centrafricaine, Cameroun et le Rwanda, «poursuit victorieusement sa marche en avant vers la compétitivité et l’excellence».Olivier Mbessité
Excellence académique : honneur à 1318 lauréats
Les cinq dernières promotions de l’Esstic ont reçu leurs parchemins le 20 octobre dernier à Yaoundé.
La grande articulation du cinquantenaire de l’Esstic est la remise des diplômes. Un moment très important, car l’école n’a pas organisé une cérémonie de diplômes aux étudiants depuis une dizaine d’années. Les étudiants des cinq dernières promotions issus des filières de journalisme, de la Communication des organisations, Edition, Information-Documentaire, Art graphique et Publicité sont à l’honneur.
D’emblée, le recteur de l’Université de Yaoundé II-Soa, Pr Adolphe Minkoa She, profite de l’occasion pour remercier les pays de la sous-région. «Je salue l’excellente coopération entre l’Etat du Cameroun et les pays frères qui continuent de former leurs ressortissants dans notre prestigieuse école depuis la création de l’Esijy, Essti, Esstic ; notre pays participe activement tant au niveau sous- régional que continental aux dynamiques de l’évolution des métiers de la communication qui se traduit par la mise en place des programmes de formation adaptés à vocation internationale afin de mieux préparer l’insertion des diplômés », précise le recteur de l’Université de Yaoundé II-Soa. Les diplômes sont remplis de symboles parmi lesquels des insignes vestimentaires qui marquent l’appartenance à la « même communauté universitaire, ces symboles ne sont pas anodins, ils signifient que loin d’être rompu avec l’université, l’obtention du diplôme vous introduit, nouveau diplômé, dans la communauté des membres à vie de l’Esstic, vous devriez donc être toujours fiers, et continuer à vous identifier comme des dignes ambassadeurs partout où vous serez», instruit le recteur de l’Université de Yaoundé II-Soa.
Sentiments des récipiendaires
Les étudiants des cinq dernières promotions reçoivent leurs parchemins des mains de quelques autorités sous régionales. Les majors, quant eux, reçoivent leurs diplômes des mains du ministre de la Communication du Cameroun, René Emmanuel Sadi. On peut observer l’euphorie générale sur le visage des récipiendaires. Théodore Ayissi Ayissi, major de la 48ème promotion de journalisme de l’Esstic, exprime son satisfecit pour l’évènement. « Nous venons de recevoir nos diplômes et autant le dire nous sommes au comble de la joie et fiers de nous-mêmes d’avoir réussi à achever une formation de pointe et de qualité, reçue à l’Esstic ; et surtout grande est cette fierté est de l’avoir achevé de la plus brillante manière. Nous sommes fiers d’entrer dans l’histoire de l’Esstic, une institution quinquagénaire. Nous sommes fiers de faire partie des dignes ambassadeurs de cette institution. Tous mes remerciements au corps enseignant de l’Esstic et les différents responsables de tutelle qui se sont succédé à la tête de cette institution, à l’instar du Pr Laurent Charles Boyomo Assala, Pr Alice Nga Minkala, et aujourd’hui le Pr François-Marc Modzom ». Dans la même veine Christian Abanda, professionnel de la communication depuis 2020, spécialiste des Arts graphiques. « Aujourd’hui je reçois mon diplôme, je suis heureux d’être parmi les cinq premiers de ma promotion, la joie n’est pas quantifiable, j’attends des encadreurs de l’Esstic plus d’accompagnement dans le cadre de l’entrepreneuriat, tout un grand merci au président de la République Paul Biya ». « Cela fait des années que les étudiants de l’Esstic attendent vivre des moments pareils, recevoir son diplôme procure un sentiment de joie ; c’est un jour historique pour notre école ; nous sommes honorés vu que nous sommes la première promotion au regard du découpage 2017-2018, nous attendons des pouvoirs publics pour créer des facilités pour que les étudiants puissent s’insérer dans le milieu socio-professionnel », exhorte Ndong Mebenga, filière Information-documentaire, 22ème promotion.
Olivier Mbessité
Inondations : 2400 Tchadiens accueillis au Cameroun
Les autorités administratives et les partenaires sont mobilisés pour leur fournir une assistance humanitaire.
Deux mille quatre cent personnes fuyant les inondations au Tchad ont trouvé refuge dans la localité de Mourla à l’Extrême-Nord au Cameroun entre le 11 et le 13 août 2023. Ces dernières proviennent des villages tchadiens de Makaroua, Mouskon, Mirviding et Mala, dans le département de Lemié, renseigne le Bureau de coordination des affaires humanitaires (Ocha) dans son rapport de situation du 5 octobre dernier. Les localités concernées se sont trouvées inondées à la suite de la rupture d’une digue quelques jours plus tôt.
Dès leur arrivée dans la région de l’Extrême-Nord, ces personnes sinistrées ont reçu l’encadrement des autorités administratives, traditionnelles et religieuses. Une assistance en savons, vivres et soins de santé leur a été offerte dans la foulée. Celle-ci s’est trouvée renforcée à la suite de la mobilisation de partenaires à l’action humanitaire. Ce qui a permis de couvrir des besoins urgents en santé, nutrition, assistance alimentaire, abris et articles ménagers essentiels et en eau, hygiène et assainissement.
Les dons fournis sont constitués de produits médicaux, des pulvérisateurs, des seaux, des réservoirs d’eau, des savons, des aquatabs, des pots de défécations pour enfants, des kits de construction des latrines, la réparation des points d’eau, des articles ménagers, des kits abris et des tentes; ainsi que des transferts monétaires.
La prise en charge de 115 cas d’infections respiratoires aigües, 146 cas de paludisme, 113 cas de diarrhées, 36 cas de conjonctivite, et le référencement de 82 femmes pour des consultations prénatales, de 51 femmes pour des consultations postnatales et de 98 enfants pour la vaccination, ont également eu lieu.Colère des eaux à l’Extrême-Nord
Une montée des eaux est par ailleurs observée dans la région de l’Extrême-Nord depuis le mois de juillet. Les arrondissements de Yagoua, Vélé et Kaï-Kaï (département du Mayo-Danay), Blangoua, Zina et Logone Birni (département du Logone-et-Chari) ont principalement été touchés. Au chapitre des dégâts enregistrés, l’on compte la destruction de 90 habitations environ, 1677 Hectares de plantations ravagés; ainsi que la détérioration des voies routières dans plusieurs localités du Mayo-Danay et du Logone-et-Chari. «Les prévisions météorologiques laissent craindre la montée continue des différents cours d’eau du fait des précipitations abondantes dans la région de l’Extrême-Nord et du Nord, avec un risque élevé d’inondation dans plusieurs localités des départements de Mayo-Danay et Logone-et-Chari», souligne l’Ocha. Le Groupe de Travail Inondations (GTI) est d’ores et déjà à pied d’œuvre pour renforcer la coordination des opérations de préparation et de réponses à des catastrophes de ce genre dans cette partie du pays.Louise Nsana