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Le jubilé du cinquantenaire de l’Unité nationale au Cameroun 1972-2022

Le thème retenu par le président de la République, Chef de l’État, S.E. Paul Biya pour la célébration du jubilé du cinquantenaire de l’Unité nationale cette année est parlant, très évocateur et interpelle chacun d’entre nous dans son rapport à l’État et comme citoyen.

Je voudrais d’abord poser le postulat que l’Unité nationale du Cameroun est un acquis politique, culturel, social et géographique obtenu de haute lutte qu’il faut absolument préserver. À ce propos, le thème retenu par le président de la République, Chef de l’État, S.E. Paul Biya pour la célébration du jubilé du cinquantenaire de l’Unité nationale cette année est parlant, très évocateur et interpelle chacun d’entre nous dans son rapport à l’État et comme citoyen à savoir: «20 Mai 1972 – 20 Mai 2022: Cinquantenaire de l’État Unitaire “Forces de défense et de sécurité au service du peuple, pour la préservation de la paix sociale et de la cohésion nationale“».

En clair, il est question pour notre armée de préserver à tout prix l’intégrité du territoire national, la paix, la sécurité des personnes et des biens, afin de garantir une intégration nationale harmonieuse et assurer le vivre ensemble paisible et pacifique au sein d’une communauté nationale complexe mais unie dans toute sa diversité culturelle, religieuse, politique, économique, sociologique, ethnique, linguistique, artistique et géographique. Tout cela est une grande richesse et une bénédiction énorme pour notre cher et beau pays le Cameroun. Le challenge politique principal pour tous les Camerounais depuis toujours est donc l’unité dans la diversité. L’État unitaire décentralisé du Cameroun formant un pays un et indivisible, est une entité et une institution en cours de construction, voire de consolidation qu’il faut absolument protéger et défendre par tous les moyens.

Il faut savoir que cette unité s’est complètement construite contre la volonté manifeste des puissances coloniales qui, au lendemain de la première guerre mondiale en 1919 et au gré de leurs intérêts purement égoïstes, ont délibérément décidé de diviser notre pays sans le consentement préalable du peuple camerounais qui avait déjà pleinement conscience à l’époque de son existence en tant qu’entité politique unique vivant sur un même territoire et ayant une communauté de destin depuis l’organisation juridique et politique du pays au temps de l’administration coloniale allemande qui assurait son protectorat et son imperium sur toute l’étendue de terre qu’on a nommé Cameroun de 1884 à 1916.

Mais au-delà de tout cela, il faut croire que l’unité du pays s’est forgée depuis des temps immémoriaux, c’est-à-dire avant même la pénétration coloniale occidentale, notamment grâce à la proximité géographique des populations composant ce territoire, grâce aussi à l’interpénétration sociologique, de la mixité matrimoniale, des échanges commerciaux et des affinités idéologiques ou culturelles.

Il s’agit donc d’une construction étatique volontaire savamment élaborée et orchestrée par les pères fondateurs de notre pays depuis la naissance de l’État du Cameroun le 10 mai 1957 sous l’autorité et la conduite du Premier Ministre André-Marie Mbida, Chef du gouvernement et Chef de l’Etat en passant par ses successeurs les présidents Ahmadou Ahidjo en son temps et Paul Biya aujourd’hui. C’est pourquoi à mon avis la fête de l’Unité nationale doit être célébrée avec faste par tous les Camerounais parce que c’est d’abord et avant tout une affaire purement et uniquement camerounaise sans interférence étrangère. En effet, la décision d’unir le pays était mue par le désir ardent de l’immense majorité des camerounais, ayant une conscience nationale aigue, était de construire le pays tous ensemble en retenant librement le 20 mai comme nouvelle date de célébration de la fête nationale. Puisque jusque là les précédentes journées de célébration nationale étaient véritablement le résultat des négociations avec les autorités coloniales et l’institution de tutelle qu’était alors les Nations Unies.

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Le Cameroun a donc renoué en 1972 avec la forme juridique d’Etat Unitaire déjà inscrite dans la constitution du 5 Mars 1960. Assurément, l’apothéose ou l’achèvement de la construction de l’État unitaire, que je salue d’ailleurs comme une nécessité absolue tant sur le plan ontologique que politique, est atteinte sous le régime du président Paul Biya, avec le changement de la dénomination de l’Etat qu’il opère, suite à une révision constitutionnelle adoptée par l’Assemblée nationale, le 04 février 1984 avec le passage à la République du Cameroun que nous connaissons aujourd’hui. Depuis l’adoption de la constitution du 18 janvier 1996, le Cameroun tenant dûment compte de sa diversité culturelle, linguistique, ethnique, sociologique, politique, juridique, économique, artistique et géographique est devenu un État unitaire décentralisé, désormais matérialisé, concrétisé et opérationnalisé par la loi n⁰ 2019/024 du 24 décembre 2019 portant Code Général des Collectivités territoriales décentralisées.

C’est le lieu pour moi de rappeler et de me réjouir de ce que l’État unitaire décentralisé qui est la forme juridique actuelle de notre pays est celle-là même que André-Marie Mbida, d’heureuse mémoire dans sa grande sagesse et sa vision grandiose du Cameroun, avait déjà proposé aux Camerounais dans son programme politique et projet de société lors des élections législatives du 10 avril 1960, qu’il remporta d’ailleurs haut la main avec son parti le PDC (Parti des Démocrates Camerounais). Pour moi c’est la forme juridique la plus aboutie, voire la plus adaptée à notre pays qui consacre résolument la volonté déterminée et le caractère unitaire puis indivisible de l’État du Cameroun dans sa grande diversité et sa complexité ethnique, culturelle, linguistique, sociologique et politique. Comme quoi après quelques décennies d’errements, soit pendant presque 40 ans comme le peuple d’Israël dans le désert, les autorités camerounaises en 1996 ont finalement entendu raison en faisant inscrire avec détermination dans la constitution, comme pour définitivement graver la chose dans le marbre, cette forme très adaptée de l’État pour un Cameroun béni de Dieu, fort, debout, conquérant, paisible, pacifique, prospère, assurant la sécurité de tous, jaloux de sa liberté et fier de sa diversité.

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Il faut le dire, la décentralisation protège effectivement la République. En ce sens que si la définition des droits et des dispositifs sociaux qui doivent être identiques sur l’ensemble du territoire national, est indiscutablement l’affaire de l’Etat, la construction des liens et des repères sociaux est prioritairement et d’abord l’affaire du local. Elle représente un atout pour l’intégration nationale et le vivre-ensemble. Toutefois, le principe intangible et non négociable d’indivisibilité de la République marque les frontières de l’autonomie locale desdites Collectivités Territoriales Décentralisées.

Le concept de l’unité nationale est, pour les hommes politiques camerounais de tout bord, le socle sur lequel est bâtie leur légitimité nationaliste et patriotique, avant et après l’indépendance. Je me rappelle que mon père l’ancien Premier ministre André-Marie Mbida avait été consulté par le président Ahidjo à l’époque, comme chaque fois qu’il avait une décision importante qui allait engager le pays tout entier, par rapport à cette évolution institutionnelle qu’il a approuvée et pour laquelle il vota pour le «oui» lors du referendum historique de 1972.

Au demeurant, cela permit aux Camerounais de profiter pleinement de leur pays sans plus avoir besoin de prendre un laissez-passer pour aller d’une zone à une autre comme c’était le cas avant le 20 mai 1972. Mon grand-père maternel Fabien Assiguena qui était un Eton du clan des Mbokani de Nkoledouma (Obala) avait une culture anglophone, car il avait travaillé longtemps dans les années 30 avec les anglais à Victoria qui est redevenue aujourd’hui Limbe, donc ma mère y allait souvent et il fallait un laissez-passer à chaque déplacement. C’était vraiment agaçant avec trop de tracasseries administratives. Par ailleurs, nous qui étions encore élèves à la maternelle ou à l’école primaire pour d’autres; il y avait un samedi sur deux chaque mois ce qu’on appelait le samedi anglais sans cours et le samedi français où il fallait aller à l’école. Tout ça a changé progressivement dans les années qui ont suivi pour harmoniser à la camerounaise les procédures.

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Le peuple camerounais a véritablement une âme unitaire qui s’affirme et s’améliore davantage d’années en années. C’est pourquoi, les thèses sécessionnistes et irrédentistes ne prospèreront jamais dans notre pays, car l’immense majorité de nos compatriotes, ayant l’amour du Cameroun uni, un et indivisible chevillé au corps, rejette complètement cette approche désuète pour ne pas dire anachronique, cette thèse abracadabrantesque et cette vison chimérique.

En définitive, à n’en pas douter, les mécanismes développés depuis toujours pour la construction de l’Etat camerounais et de la nation camerounaise depuis 1957 à nos jours relèvent tous de ce que j’appelle la mystique de l’unité nationale à savoir : le caractère unitaire et décentralisé de l’Etat, la doctrine de l’intégration nationale, la politique de l’équilibre régionale, la consécration des notions d’autochtones et de minorités, l’affirmation de l’égalité de valeur des deux langues officielles (le français et l’anglais), la laïcité de l’État, les symboles sacrés de la République (le drapeau, la devise, l’hymne, le sceau de la République).

Simon Pierre Omgba Mbida

Ministre plénipotentiaire

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