Entrepreneuriat féminin : 60 Camerounaises en joint-venture avec la BAD
Le Centre d’innovation et d’entrepreneuriat (JFN) en partenariat avec E4Impact a procédé le 31 janvier dernier au lancement officiel de Wonder Program. L’ambition est l’amélioration de l’accès au financement pour ces 60 entrepreneures.
Les femmes constituent le principal pilier de l’économie africaine. Elles investissent 90% de leurs revenus dans l’entrepreneuriat, contre 40% pour les hommes. Il faut donc mettre tous les moyens, surtout financiers, à leur disposition afin qu’elles soient des capitaines d’industries et puissent tirer la croissance économique du continent et du Cameroun en particulier vers le haut. Les institutions financières internationales expliquent ce changement de paradigme par le fait que les secteurs qui tirent l’économie, notamment l’agriculture, le commerce et l’environnement, sont tenus majoritairement par les femmes. Il faut à tous prix exploiter cette niche de développement pour le Cameroun.
Et selon Antoine Nkolo, directeur général de JIF et organisateur de l’évènement, c’est un choix stratégique. Parce que «le Cameroun est majoritairement constitué de femmes et les femmes investissent 90% de leurs revenus dans les petites entreprises», déclare-t-il lors de son allocution. Il faut donc mettre les moyens en jeu afin de les accompagner et faire émerger le Cameroun.
BAD
C’est via le programme ambitieux de la Banque africaine de développement (BAD) baptisé AFAWA que l’institution bancaire continentale veut briser la barrière qui empêche les femmes d’avoir accès aux crédits afin de doper leurs entreprises. Il faut aussi les assister techniquement à travers un accompagnement des experts sur le fonctionnement des entreprises. Le dernier aspect est d’améliorer l’environnement des affaires à travers l’accès au foncier. Ce qui fait dire à Tidiani Ouédraogo, le chargé principal Régional du Genre du Bureau Afrique centrale que «le programme est en conformité avec les enjeux majeurs dans le monde».
De manière concrète, 60 entrepreneures ont été sélectionnées. Parmi celles-ci, Marion Obam. Cette dernière est la directrice générale de Wesdon SA qui évolue dans l’agro-industrie. Cette initiative est la bienvenue parce qu’elle connaît de nombreuses difficultés en matière de financement. «Le financement n’est pas aisé dans les banques. On vous demande un niveau de garantie que vous ne pouvez pas donner. Pour traverser un cap, il y a un besoin de formation, de coaching, mais également un appui financier. Donc, l’initiative de Wonder nous donne la possibilité de passer un autre cap dans l’entrepreneuriat», assure la femme d’affaires.
Jacqueline Tsintcheu d’AFATEC International évolue dans le même sens. Pour elle, le programme Wonder vient corriger une injustice, parce que «le système nous a longtemps empêchées d’être des milliardaires», ajoute la bénéficiaire.
Choix et attentes
Deux pays sont choisis pour le lancement de ce programme, notamment le Cameroun et le Kenya. Le Cameroun est d’ailleurs l’un des premiers à avoir candidaté pour avoir l’appui de la BAD. L’institution financière est allée plus loin en le choisissant comme le centre pilote pour les pays francophones et d’Afrique centrale et de l’Ouest.
Le gouvernement représenté par Joseph Tchana, secrétaire général du ministère des Petites et Moyennes entreprises, de l’Économie sociale et de l’Artisanat (Minpmeesa), insiste sur l’inclusion et la transformation structurelle de l’économie camerounaise. Elles doivent donc jouer un rôle majeur pour l’atteinte des objectifs de la SND30. Selon lui, «il faut tourner le dos aux actions conjoncturelles et privilégier la capacité de transformation», a-t-il insisté. La prescription a trouvé un écho favorable auprès d’une des bénéficiaires. «Nous voulons être ces femmes qui impactent, qui apportent un plus dans l’évolution du continent et de notre pays», a rassuré Marion Obam.
André Gromyko Balla