Union africaine : 650 millions de dollars pour autonomiser la jeunesse
Ces promesses de financement ont été faites à l’occasion deuxième forum panafricain de la jeunesse. Elles visent à offrir des millions d’emplois aux jeunes du continent d’ici 2021.

Le deuxième forum panafricain de la jeunesse s’est tenu à Addis Abeba au siège de l’Union africaine du 24 au 27 avril 2019. Cette deuxième éditions de la grand-messe de la jeunesse africaine a vu le lancement du programme «1 million by 2021 Initiative» de la commission de l’Union africaine (UA). Ce programme vise d’offrir des opportunités à des millions de jeunes Africains d’ici 2021. Ceci à travers des investissements directs dans quatre domaines clés que sont l’emploi, l’entrepreneuriat, l’éducation et l’engagement. Les partenariats et les opportunités du secteur privé sont au cœur du programme. L’objectif ultime est d’autonomiser les jeunes et partant d’optimiser leur leadership sur le continent.
Financement
Au terme du forum, plusieurs partenaires ont assuré accompagner la commission de l’Union africaine et la jeunesse africaine dans la voie tracée. C’est le cas du Fonds des Nations unies pour la population (FNUP), qui s’engage à hauteur de 500 millions de dollars d’ici 2021. Julitta Onabanjo, directeur régional pour l’Afrique orientale et australe de l’institution onusienne, a déclaré que cet investissement devrait permettre d’accompagner directement plus de 6 millions de jeunes africains.
L’Allemagne, représentée par son ambassade en Éthiopie, annonce une contribution supplémentaire de 15 millions d’euros pour l’Initiative en faveur des compétences en Afrique, déjà implémentée par le Nepad. Soit un total de 50 millions de dollars.
Le média international de musique et de culture, Trace Urban, promet 50 millions de dollars pour l’enseignement et la formation techniques et professionnelles. La fondation Open Society du milliardaire américain George Soros s’engage à verser 1 million de dollar.
Appui immatériel et technique
Plusieurs autres partenaires ont pris l’engagement de soutenir l’initiative de la commission de l’Union africaine à travers le renforcement des capacités techniques. Facebook va former 40 000 jeunes Africains aux compétences numériques.
AfriLabs, réseau panafricain du numérique s’engage à équiper 10.000 jeunes Africains dans les domaines de la science, des données, de l’intelligence artificielle et de l’entrepreneuriat numérique en 24 mois.
Le Fonds des Nations unies pour l’enfance va appuyer le déploiement de 200 jeunes africains dans le Programme de volontariat continental de la Commission de l’UA.
Pédagogie
Le Forum panafricain de la jeunesse s’est tenu sur le thème «l’Afrique unie pour la jeunesse: combler le fossé et atteindre la jeunesse africaine». Ce fut l’occasion pour le Conseil consultatif de la jeunesse africaine de se faire connaitre par les jeunes du continent et de lancer officiellement ses activités. Aya Chebbi, envoyée spéciale de la jeunesse du Président de la Commission de l’UA a déclaré à cet effet: «il est temps de considérer les jeunes comme des fournisseurs de solutions pour le continent. Nous devons restaurer l’espoir d’une jeunesse africaine. En tant que jeunes africains, nous sommes venus chez nous, l’Union africaine, où nous aurons la possibilité de lancer un défi et de nous engager».
En autonomisant sa jeunesse, l’Afrique pourrait multiplier par trois sa production de richesses d’ici 2050, selon la Banque africaine de développement (Bad). La Bad prévient, si l’Afrique reste dans les anciens schémas d’insertion professionnelle, il lui faudra «créer chaque année environ 12 millions de nouveaux emplois pour contenir l’augmentation du chômage. En moyenne, 11 millions de jeunes entrent chaque année sur le marché du travail en Afrique, qui ne dispose pour eux que de 3 millions d’emplois, soit un écart d’environ 8 millions. Résultat: les jeunes représentent 37% de la population active, mais constituent environ 60% des personnes au chômage».
Zacharie Roger Mbarga
Conquête de l’espace
L’UA a son agence spatiale
Afin de coordonner la stratégie spatiale du continent, permettant à l’Afrique de réduire sa vulnérabilité à plusieurs chocs et entraves à son développement, l’Union africaine vient de se doter d’un outil de conquête de l’espace extra-atmosphérique.
L’Agence spatiale de l’Union africaine vient de voir le jour. Elle s’attèlera à la recherche spatiale et au développement de technologies afin de répondre aux défis communs de développement. Précisément, elle devra aider à anticiper les phénomènes tels que la météorologie, la gestion des risques et catastrophes naturelles, les changements climatiques, les télécommunications, la gestion des conflits. Les satellites sont utiles pour anticiper les épidémies, traquer les djihadistes ou aider les populations en cas de catastrophe naturelle.
L’Agence sera logée en Egypte, pays du président en exercice de l’Organisation continentale. Islam Abou El-Magd, conseiller auprès du ministre égyptien de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, explique : «l’agence va mettre un terme aux redondances qui caractérisent, jusqu’ici, une partie des programmes spatiaux nationaux. L’idée n’est pas de mettre un terme au travail des agences spatiales nationales, mais de coordonner le tout pour plus d’efficacité».
Nouvelle priorité
Les coûts de la conquête spatiale ont certes diminué, mais la plupart des pays africains, aux capacités financières limitées, estiment que le spatial n’est pas une priorité pour leur développement. C’est précisément pour cela que l’Agence spatiale africaine voit le jour. Le principe du partage des ressources est consacré dans la stratégie spatiale de L’UA, adoptée en février lors du sommet de l’UA à Addis Abeba.
L’ingénieur aéronautique, Sékou Ouédraogo, détaille la philosophie en ces termes : «le développement spatial nécessite une technologie avancée et des moyens financiers considérables. Même si l’on touche parfois au régalien, les grands pays, plus avancés, doivent coopérer avec les petits. Le modèle de l’Agence spatiale africaine, c’est l’Agence spatiale européenne». «Pour 1 euro dépensé dans le spatial, il y a 100 euros redistribués dans l’économie du pays. Le développement du continent passe par l’espace», conclue-t-il.
Zacharie Roger Mbarga
CAN U17
Ce que je retiens !
La compétition continentale de football de la catégorie des moins de 17 ans a livré son verdict en fin du mois d’avril 2019. 16 ans après son premier sacre, le Cameroun a remporté la compétition, organisée en Tanzanie. Le pays hôte de la compétition a été le reflet du football politique en vigueur sur le continent africain.
Réalisme contre talent
Contrairement aux compétitions de même niveau sur les autres continents, la Can des U17 était davantage centrée sur l’enjeu. Les jeunes talents étaient mus par le résultat que par le plaisir de rivaliser de talent avec leurs congénères d’Afrique. Le spectacle en a donc pris un coup.
Comme indicateur, le jeu des équipes était moins porté vers l’avant et davantage centré sur un bloc bas compact sécurisant les buts. Résultat, les demi- finales et la finale ont été décidées aux tirs aux buts.
Et pourtant, l’objectif de ces compétitions pour la Fifa, c’est l’éclosion des talents. L’essentiel des équipes ont sacrifié le jeu et le talent pour se concentrer sur le trophée.
Fairplay
L’atmosphère paranoïaque du trophée à tout prix et à tous les prix a vu renaître l’éternel problème de la tricherie des âges. La Caf a d’ailleurs recalé six joueurs dont trois camerounais, deux tanzaniens et un guinéen. Après des accusations de triche d’âge contre son équipe, le président de la Fecafoot a dû recadrer son homologue marocain.
Au final, la compétition révèle bien que le football africain demeure plus un enjeu qu’un jeu. Un enjeu au service d’une cause pour laquelle l’épanouissement des acteurs de terrain est trop souvent sacrifié. Rien n’est donc moins sûr que la compétition africaine, déjà gangrenée par ce glissement, résistera pour offrir au continent d’autres talents made in Africa.
Zacharie Roger Mbarga