Une orbite vertueuse d’expansion économique susceptible d’éradiquer la misère et la pauvreté encore présentes dans nos sociétés
«Un effort soutenu de déploiement d’infrastructures nouvelles permettra la revitalisation de nos régions et favorisera le rapprochement de nos marchandises vers les consommateurs au moment où la libre circulation des personnes des biens et des services est devenue une réalité incontournable»
Le message du Président en exercice de la conférence des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale à l’occasion de la Journée Cemac 2024 et du lancement des activités des 30 ans de la Cemac.

Peuple du Cameroun, de Centrafrique, du Congo, du Gabon, de la Guinée Équatoriale, du Tchad. Concitoyennes et concitoyens de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale, le 16 mars 1994, il y a exactement 30 ans, notre sous-région avait décidé d’opérer un choix à la fois responsable et stratégique en procédant à la transmutation de l’Union Douanière et Économique de l’Afrique Centrale (UDEAC) en une Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Depuis 2008, cette date historique consacrée «Journée de la Cemac» nous offre l’opportunité de toujours sublimer et pérenniser la clairvoyance des pères fondateurs. La 15e édition de cette journée qui coïncide fort remarquablement avec les 30 ans d’existence de cette Communauté Cemac au moment où j’assure la présidence de la destinée de cette Communauté donne un cachet particulier à cet évènement communautaire. Peuples de la Cemac faut-il le rappeler, le 16 mars 1994 à Ndjamena, nos États que sont le Cameroun, le Congo, la Centrafrique, le Gabon, la Guinée Équatoriale et le Tchad avaient signé le traité instituant la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale notre creuset de solidarité et de fraternité transfrontalière afin de bâtir ensemble un avenir radieux. La longue marche depuis l’UDEAC a marqué d’innombrables empruntes notre aspiration à une réelle intégration, mais celle-ci avait tant besoin d’être renforcée. Un regard introspectif sur le parcours de la Cemac depuis sa création en 1994 nous conforte sur la pertinence du choix opéré par les pères fondateurs mais également sur l’impérieuse nécessité d’évaluer ensemble pour bâtir ce destin commun justifié par l’interconnexion de nos peuples et de nos cultures ancestrales et par la complémentarité de nos économies. C’est dans cet esprit qu’a été retenu le thème de cette célébration qui est: «30 ans de la Cemac au service de l’intégration régionale, bilan et perspectives».
Peuples de la Cemac, en cette date historique, la nécessité de nous arrêter un moment nous interpelle pour nous souvenir du chemin parcouru et des obstacles surmontés. Ce moment est idoine pour nous remémorer les motifs qui nous ont emmenés à nous mettre ensemble, à revisiter les réalisations chèrement acquises. Notre détermination à prioriser et à valoriser le sens de la solidarité sur la somme des efforts individuels nous a permis d’amoindrir les barrières qui freinaient les échanges entre les peuples et nos États et qui constituaient de véritables goulot d’étranglements pour la circulation des personnes et des biens. Cette dynamique est irréversible même si elle reste en deçà de nos attentes. C’est en effet le passage obligé pour constituer un marché attractif pour les investisseurs et créer les conditions pour un développement harmonieux de notre Communauté. Peuple de la Cemac, face aux multiples crises, notre espace communautaire a toujours su faire preuve de résilience contre vents et marées. La construction d’un destin commun pour nos peuples et nos États est toujours restée l’unique objectif viable des chefs d’État de la Communauté pour un développement harmonieux car seul on reste faible et vulnérable, mais ensemble on est plus forts et résistants.
Nos États ensemble ont consenti des efforts considérables pour poser des jalons durables servant de leviers d’intégration et conférant ainsi à la Cemac le mérite de la confiance des populations et des partenaires au développement. La mise en œuvre de plusieurs projets intégrateurs dans le cadre du Programme économique régional (PER) et du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac) témoignent de l’engagement constant des chefs d’États en faveur de l’intégration sous régionale. C’est la preuve de notre volonté de conjuguer nos efforts en vue d’accroitre l’efficacité dans la lutte pour le développement économique et social de notre Communauté. Grâce à cette solidarité nous avons fait des progrès remarquables dans l’harmonisation et la coordination des politiques économiques dans le cadre d’un marché ouvert et d’un environnement juridique acceptable conformément aux dispositions de notre traité. Dans la poursuite et la démultiplication de cette synergie intégrative, des infrastructures de transport ont été créées permettant déjà de relier la plupart de nos capitales. Un effort soutenu de déploiement d’infrastructures nouvelles permettra la revitalisation de nos régions et favorisera le rapprochement de nos marchandises vers les consommateurs au moment où la libre circulation des personnes, des biens et des services est devenue une réalité incontournable. C’est une très grande avancée dans la construction de notre Communauté de destin et un message d’espérance aussi bien pour notre genèse que pour les femmes qui constituent les couches les plus importantes de notre Communauté.
«Cela passe par le financement indispensable au bon fonctionnement de nos institutions qui aujourd’hui ont de plus en plus du mal à mettre en œuvre ces nombreux et importants chantiers intégrateurs sans le recours au financement des partenaires extérieurs que nous saluons d’ailleurs»
Peuple de la Cemac, alors que notre Communauté célèbre en 2024 ses 30 ans d’existence, il est important qu’au cours de l’année, notre regard se focalise un instant sur ces deux types de notre population, les jeunes et les femmes pour examiner le chemin non sans difficultés ainsi que les défis que chacun d’eux est appelé à relever en toute dignité car ces populations fragilisées sous nos yeux par différentes conjonctures socioéconomiques et politiques sont le plus grand fondement de l’espoir de notre Communauté de demain. Et pour réussir l’édification de cette communauté de destin que nous voulons, il importe d’avoir la maitrise des leviers de sa construction. Cela passe par le financement indispensable au bon fonctionnement de nos institutions qui aujourd’hui ont de plus en plus du mal à mettre en œuvre ces nombreux et importants chantiers intégrateurs sans le recours au financement des partenaires extérieurs que nous saluons d’ailleurs. C’est donc le moment de dire que cette situation ne doit pas s’inscrire dans la durée. Notre Communauté regorge de nombreuses ressources et par des mécanismes innovants peut mieux s’organiser et avoir la maitrise des financements internes de son développement que nul n’ignore la portée de ces enjeux. L’ampleur des défis avec leurs innombrables inconnus nous interpelle. Pour les réponses, il importe que nous fassions preuve d’imagination, de détermination sans faille et d’une volonté politique encore plus affirmée. En ce jour d’anniversaire de la création de la Cemac, nous pouvons valablement affirmer que l’espoir est plus que permis. Toutefois, il nous faudra transformer cet espoir en un immense succès afin de placer définitivement notre espace sur une orbite vertueuse d’expansion économique susceptible d’éradiquer la misère et la pauvreté encore présentes dans nos sociétés.
J’engage donc au nom des chefs d’État de la Cemac, les structures appropriées de notre Communauté à faire preuve de plus de dynamisme dans les actions pour des solutions à la hauteur des attentes légitimes de nos populations.
Chers concitoyennes et concitoyens de la Cemac, la commémoration de cet anniversaire qui va se poursuivre tout au long de l’année est une heureuse opportunité pour l’introspection de notre marche pour l’évaluation des défis qui s’imposent à nous afin de mieux nous préparer à entrer véritablement dans l’émergence socioéconomique gage d’une sécurité sociale certaine. Vive la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale.
Je vous remercie.