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Étiquette : infrastructurel
Comité de Compétitivité : L’urgence d’une onde de choc !
Pour réaliser le choc de compétitivité dont l’économie camerounaise a besoin, l’outil d’intelligence économique du gouvernement doit sortir de son hibernation.
Les indicateurs de compétitivité du Cameroun sont peu flatteurs. L’édition 2019 du rapport de compétitivité du forum économique mondial classe l’économie camerounaise 123ème sur 141 avec un score annuel moyen de 46,0/100. Sur les 4 catégories de l’indice d’évaluation, le Cameroun obtient 46/100 pour la catégorie environnement des affaires (institutions, les infrastructures, le niveau de digitalisation, la stabilité macroéconomique) ; 46,5 pour la catégorie capital humain (santé et niveau de compétences des populations) ; 48,25 pour la catégorie structure économique (niveau de production, marché du travail, système financier et taille du marché) ; et 41,5 pour la catégorie dynamisme des entreprises et leur capacité d’innovation (voir figure 1).
Une observation minutieuse des différents indicateurs fait ressortir que l’économie camerounaise ne réalise que trois bonnes performances (75/100 pour la stabilité macroéconomique, 52/100 pour le marché du travail et 52/100 pour le dynamisme des entreprises). En Afrique, le Cameroun est classé au 23ème rang.
Dans l’édition 2020 du rapport Doing Business de la banque mondiale, le Cameroun est classé 167ème sur 190 avec une note de 46,1/100. Le Cameroun perd une place par rapport au classement 2019 et se retrouve derrière le Burundi. En réalité, le rapport suggère aux opérateurs économiques qu’il est mieux d’investir au Burundi qu’au Cameroun.Au niveau local, le secteur privé camerounais souligne le niveau insatisfaisant de l’implémentation qualitative des recommandations du Cameroon Business Forum (CBF) : la plus grande instance nationale du partenariat public-privé.
Chemin de croix
Pour adresser ces difficultés, le gouvernement a créé un comité de compétitivité logé au ministère de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat). Le patron de ce département ministériel en assure la présidence. Au-delà de son positionnement administratif de cadre permanent de concertation de haut niveau entre les secteurs publics et privé, mais aussi d’interface entre les pouvoirs publics et les acteurs de l’économie productive en vue de rechercher des solutions aux problèmes de compétitivité de l’économie et des entreprises, le comité de compétitivité est un outil d’intelligence économique.Mais la structure tente de se relever d’une longue hibernation de plusieurs années. L’organisation en février 2020 du secrétariat technique a permis à la structure d’afficher de nouvelles ambitions. Elle envisage désormais de publier annuellement un rapport national de la compétitivité. En février et octobre 2019, la structure a été dotée de nouvelles ressources humaines pour sa redynamisation. Il faudrait ensuite que les ressources financières suivent. Au sein du comité, on indique que 25 milliards fcfa minimum sur 5 années sont nécessaires pour créer l’onde de choc. On brandit l’expérience chinoise.
Sur un budget initial de plus 500 millions de Fcfa pour l’année 2020, 300 millions ont finalement été validés par le secrétariat technique présidé par Protais Ayangma, leader d’une organisation patronale Ecam. Dans cette enveloppe retenue, seul 100 millions Fcfa sont disponibles et 200 millions sont à rechercher.
Remy Biniou
Intelligence économique
Un potentiel inexploité
Créé par décret présidentiel N°1997/235 du 31 décembre 1997 et réorganisé par décret 2014/053 du président de la République du 07février 2014, le comité de compétitivité est le dépositaire des mutations qualitatives de l’économie du Cameroun. L’article 2 de ce second décret charge le comité de proposer au ministre de l’économie, et par extension au gouvernement, les solutions les plus pertinentes aux défis de compétitivité. Voilà pourquoi il est une plateforme composée du secteur public, du secteur privé et de la société civile afin d’adopter les solutions les plus concertées.
Bien plus, le décret n°2015/1377 du 10 juin 2015 du premier ministre portant organisation du secrétariat technique et du secrétariat permanent démontre le périmètre d’intelligence économique du comité. Il est organisé autour de trois pôles stratégiques : modernisation, compétitivité de l’appareil productif et appui au secteur privé ; amélioration de l’environnement des investissements, climat des affaires et abaissement des coûts des facteurs et de transactions ; et veille stratégique, observatoire de la compétitivité.
De fait, l’unique observatoire de la compétitivité est logé au Comité et piloter par un expert. Il est en outre en charge de la veille stratégique. A la vérité, c’est le référent des baromètres internationaux qui établissent des ranking annuels de la compétitivité dans le monde et en Afrique.
C’est en vertu de ce rôle stratégique du comité de compétitivité qu’il joue un rôle déterminant dans l’implémentation de l’accord de partenariat économique. Notamment en concourant à la compétitivité des produits camerounais sur le marché européen. Avec l’avènement de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), le comité de compétitivité a été très impliqué dans l’élaboration de la stratégie nationale de mise en œuvre. En cohérence avec la stratégie des exportations, il faudra très bien tirer profit des marchés propices aux fruits de l’économie camerounaise.
RB
Climat des affaires
Dépression nerveuse des opérateurs économiques
Au Cameroun, trois indicateurs permettent de mesurer la rudesse de l’environnement des affaires : l’espérance de vie d’une PME, le poids de l’administration et le stress infrastructurel.
Selon l’économiste camerounais Jean-Pierre Evou (Durée de vie et chances de survie des pme au Cameroun), l’âge moyen d’une PME camerounaise est de 18 ans 8 mois. Plus précisément encore, 10 ans après leur création, tout juste moins de 4 entreprises sur 10 sont encore en activité. 5 ans plus tard (à 15 ans de vie), c’est près d’une entreprise sur 4 qui reste en activité. Cette situation est dû à plusieurs facteurs : outre le profil du créateur de la PME, les autres facteurs sont liés à l’environnement des affaires. Il s’agit le régime d’imposition (pression fiscale), corruption (versements des dessous de table) et les lourdeurs administratives.
En matière de poids de l’administration, l’environnement des affaires est plombé par la taille, le délai et la complexité des procédures.
Enfin, pour ce qui est du stress infrastructurel, il faut voir la fourniture, la régularité, la qualité et le coût de l’eau, de l’électricité et d’internet.
Parmi les messages clés de l’édition 2020 du doing business de la banque mondiale, on retient qu’en matière de bonnes pratiques, les 20 premières économies du classement sont toutes dotées de systèmes en ligne pour la création d’une société, la déclaration des revenus et les procédures liées aux transferts de propriété. De même, il revient avec insistance que simplifier les règles et d’accélérer les procédures pour faciliter les affaires, libérer l’esprit d’entreprise et permettre à l’activité économique d’atteindre son plein potentiel.
27ème destination africaine et 133ème en matière d’environnement des affaires, le Cameroun stagne dans le classement 2019 du magazine américain forbes. Pour la banque mondiale, ce classement est plutôt élogieux. Son rapport doing business classe le Cameroun 167ème au niveau mondial et 36ème au niveau africain.Rémy Biniou
Connectivité de l’Afrique centrale : Mention médiocre
En matière de production, de mobilité intra-régionale et d’infrastructure d’interconnexion, la sous-région semble quasiment en désintégration depuis 3 ans.
Le processus d’intégration dans la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) est en immersion. Les principaux indicateurs de performance d’interconnexion sont au rouge. C’est ce que nous révèle la deuxième édition de l’Indice d’intégration régionale africaine (IIRA 2019) de la Commission économique des nations unies pour l’Afrique (CEA). Rendu public le 22 mai dernier au cours d’une visioconférence continentale incluant la CEA, la Commission de l’Union africaine (UA), la Banque africaine de développement (BAD) et les experts des 8 communautés économiques régionales de l’UA, l’IIRA démontre que la CEEAC est une Cer en faible interaction.
Comme le démontre la figure 1 ci-contre, la sous-région regorge encore d’innombrables barrières aux échanges de biens (les mesures non tarifaires, sanitaires et phytosanitaires, les variations dans les lois sur l’étiquetage et les règles d’origine). Ce qui conduit la plupart des pays à ne pas importer chez leurs voisins de la sous-région, car c’est plus cher, délicat et risqué. Il en est de même de la mobilité des personnes. Plusieurs formalités sont encore nécessaires (dont la plus importante le visa) pour être autorisées à se rendre dans un autre pays de la sous-région. Enfin, la production: il est quasi impossible de trouver des chaines de production complémentaire entre 2 ou plusieurs pays. Cette absence de chaine de valeur régionale et de complémentarité se justifie (vice versa) par le niveau d’importation extracommunautaire.
Contre performance
Pire, la CEEAC obtient un score moyen plus faible qu’il y a trois ans, lors de la première édition. La sous-région part d’une performance de 0,453/1 en 2016 à 0,442/1 en 2019. Par dimension, on constate qu’en 2016, l’Afrique centrale a obtenu 0,526 en intégration commerciale, et 0,451 en infrastructures régionales. En 2019, c’est respectivement 0,357 et 0,373. Toutefois, sur les dimensions libre circulation des personnes et intégration productive, les résultats obtenus ces 3 dernières années par les 6 États de la Cemac ont contribué à l’amélioration de la performance de la CEEAC: de 0,293 à 0,323 pour l’intégration productive et de 0,400 à 0,469 pour la libre circulation des personnes.
Pour sortir de cette situation de marasme de connectivité, la CEA recommande aux pays d’accélérer la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale (Zlecaf). Ceci passe par l’instauration d’une complémentarité entre les capacités de chaque pays et l’amélioration des cadres régionaux de chaines de valeur dans différents secteurs. Les pays doivent renforcer les capacités des travailleurs pour les adapter aux exigences de création et d’adaptation aux chaines de valeur régionales.
Pour ce qu’il est des infrastructures, un réseau infrastructurel performant améliore la qualité du service. Ces services sont le socle du bien être social, de normes de santé et de sécurité acceptables et d’un environnement décent. L’obstacle du financement pourrait être levé par le recours à des variantes de partenariats public-privé innovantes pouvant attirer des capitaux et expertises additionnels.
Pour réaliser tout cela, l’Afrique centrale a besoin d’amplifier la mobilité de l’expertise et des capitaux, en adoptant le passeport africain, comme prévu par le Protocole (de Kigali) sur la libre circulation des personnes de l’Union africaine. Cette ouverture vers l’interdépendance favorisera une meilleure résilience face aux chocs exogènes (pétrole, crise sanitaire) et donc affinera l’intégration macroéconomique.
Zacharie Roger Mbarga
Intégration macroéconomique
La relative bonne performance
En l’absence d’une convergence économique régionale en application, la sous-région tire profit du système de surveillance multilatérale de la Cemac et de la discipline budgétaire et financière de certains pays membres.
La meilleure performance dans l’indice d’intégration 2019 de la CEA est réalisée dans la dimension intégration macroéconomique, avec une note de 0,689/1. C’est d’ailleurs la meilleure performance qu’enregistre une sous-région à l’échelle du continent.
Le secret de la sous-région réside sur 3 points: le taux d’inflation bas, la facilité à effectuer des transactions en monnaie locale et le niveau encourageant des investissements directs étrangers régionaux. En observant de manière plus approfondie, on constate que le système de surveillance multilatérale des pays de la Cemac, qui oblige les pays à maintenir leur niveau d’inflation à 3% maximum, a largement contribué à cette bonne performance.
Bien plus, le fait que ces 6 Etats aient une monnaie commune unique est définitivement bénéfique pour les transactions à l’échelle communautaire, même s’il est obligatoire d’effectuer préalablement le change en dollars pour obtenir une monnaie autre que le FCFA dans cette région. Le troisième indicateur lié aux investissements étrangers directs régionaux fait également la part belle aux placements financiers intracommunautaires Cemac. Les opérateurs économiques (commerçants, banquiers, assureurs, producteurs agricoles, prestation de services, emprunts obligataires…) des pays de la Cemac ont profité de l’existence de la convention de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac).
ZRM
Indice d’intégration régionale africaine
Une évolution conjoncturelle de la méthodologie
Ayant subi quelques toilettages, cette seconde édition de l’IIRA est davantage orientée vers la mise en œuvre de la Zlecaf.
La dernière édition de l’indice de l’Intégration Régionale Africaine (IIRA 2019) ouvre clairement la voie au panafricanisme. De prime abord, la nouvelle approche classe les pays africains non seulement au sein de leur communauté économique régionale, mais aussi au sein de l’Afrique. Plus loin, l’approche prend en compte des variables continentales telles que le rythme de ratification des instruments portant la création de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) par les pays. Pour ce qu’il est de la libre circulation, le référentiel est le protocole de l’UA sur la libre circulation, le droit d’établissement et le droit de résidence.
Montage technique
Bien que le nombre de dimensions et d’indicateurs demeure le même (5 et 16, respectivement), certains des indicateurs utilisés en 2016 ont été supprimés, et d’autres ont été ajoutés. Pour ce qu’il est des ajouts, dans la dimension commerce, l’indicateur Zlecaf a été ajouté. Dans la dimension intégration macroéconomique, l’indicateur du nombre de traités bilatéraux d’investissement en vigueur a été ajouté.
Pour ce qu’il est des suppressions, l’importation nette d’électricité (qui a été recalculée en tant que commerce net d’électricité) a été supprimée. L’indice de développement des infrastructures de la BAD va couvrir un spectre plus large. Du fait d’un manque de fiabilité et d’exhaustivité des données, l’indicateur du coût moyen d’itinérance a également été supprimé dans la même dimension infrastructure.
Visée
L’Indice de l’intégration régionale en Afrique (IIRA) 2019 évalue l’état de l’intégration régionale et les efforts déployés par les pays qui sont membres des huit communautés économiques régionales (CER) reconnues par l’Union africaine. Il compare chaque pays aux autres pays de la communauté économique régionale concernée, puis à l’ensemble des pays africains.
En mesurant l’intégration dans chaque pays et chaque communauté économique régionale au travers de cinq dimensions, l’IIRA met en exergue les domaines dans lesquels les politiques du pays ou de la communauté concernée fonctionnent le plus efficacement. Il identifie également les domaines dans lesquels des améliorations s’imposent. Les décideurs et autres acteurs peuvent se fonder sur ces informations cruciales pour améliorer l’affection des ressources et l’application des décisions.
ZRM
Kits de dépistages rapides
L’urgence de faire le bon choix
Avec plus de 4800 cas positifs, dont 528 pour la seule journée du 21 mai 2020, le Cameroun est plus que jamais rentré dans la phase de contagion communautaire du Covid-19. Le gouvernement a, dans sa stratégie de riposte, choisi l’option de dépistage massif et rapide, devenue essentielle dans la lutte engagée contre cette pandémie. Bien que nécessaire, la question est au centre d’une controverse dans certains pays, au sujet de l’efficacité de certains kits proposés sur le marché mondial.
Séance de remise de dons dans le Nord-Ouest Un des enjeux majeurs de la riposte mondiale contre le nouveau coronavirus est aujourd’hui lié à la maîtrise des dépistages rapides des personnes infectées. La propagation vertigineuse de la pandémie au Cameroun impose aux autorités de faire le choix qualitatif pour éviter de réduire à néant les actions jusqu’ici menées dans la lutte contre le fléau.
Au Cameroun comme dans de nombreux pays, la demande se fait pressante et l’offre en matière de kits de dépistage rapide est loin d’être suffisante. L’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie sont, pour l’instant, les principaux continents qui alimentent ce marché, avec des offres variées dont la fiabilité fait, après analyse, l’objet de controverse.
Côté Cameroun, nous apprenons de bonne source que les autorités sanitaires explorent actuellement deux autres options (chinoise et allemande). Elles feront suite au don de 5000 kits offerts par le chef de l’État, le 7 mai dernier. Ces outils sont d’origine coréenne, à l’efficacité mondiale reconnue, mais dont la disponibilité fait défaut au regard de la très grande sollicitation des grandes puissances comme les États-Unis.
Avec la fulgurante progression de la pandémie dans le pays, le ministre de la Santé publique doit visiblement, dans l’urgence, faire un choix porté sur l’efficacité, la rapidité, la disponibilité et le cout des offres sur sa table.
On peut se féliciter de l’intention officiellement manifestée d’aller dans ce sens. Toutefois, on ne doit pas perdre de vue les récents scandales révélés par la presse internationale sur la fiabilité relative de certains kits produits en Chine. Les plus soupçonnés sont Bioeasy, AllTest ou Wondfo, qui ont affiché, après analyse, une efficacité limitée à 30%.
Il est incontestable que les couts et la disponibilité de certains de ces kits made in China paraissent attractifs, mais il n’en demeure pas moins que le risque pourrait s’avérer catastrophique pour le dépistage, le traitement et le suivi des cas infectés.
Sans rejeter en bloc toute l’offre de l’Empire du Milieu, les scandales révélés sur bons nombres de ces kits nous parlent. Il y a donc urgence à se doter de kits à l’efficacité avérée. Dans ce registre, les offres coréenne, allemande et même canadienne restent jusqu’ici réputées dans le monde entier. Pour leur niveau d’efficacité situé, selon la Foods and Drugs Administration, au-delà de 95%, certaines solutions sont actuellement très sollicitées dans le monde. Il s’agit notamment de Spartan Bioscience au Canada, de Bosch Healthcare Solution ou de Pharm Act en Allemagne. Les délais sont de 5 à 20 minutes pour les résultats post test et sur site.
L’autre centre d’intérêt qui s’impose dans cette course vers les kits de dépistage rapide réside dans le transfert de technologie. S’il est vrai que l’urgence oriente vers l’importation, notre pays devrait impérativement s’ouvrir aux offres qui incluent un transfert progressif de technologie pour envisager une production locale ou un partenariat avec des laboratoires localement implantés. Une telle option serait non seulement localement contrôlable, porteuse d’emplois, mais entraînera également la réduction des coûts de production pour un meilleur rapport qualité prix.
Remy Biniou
Jean Marc Bikoko : Nord-ouest/Sud-ouest : «Tournons la page» soutient la conférence anglophone du cardinal Tumi
Pour sauver le Cameroun, la solution est de désavouer la majorité des gouvernants actuels
Le président de l’organisation de la société civile dénommée Dynamique Citoyenne est le coordinateur national de «Tournons la Page» au Cameroun. Ce mouvement transcontinental (regroupant des membres de la société civile en Afrique et en Europe) a notamment pour objectif de «mettre un terme à la confiscation du pouvoir et promouvoir le respect des règles et principes démocratiques en Afrique». Il a donné une conférence de presse le 6 septembre dernier pour exprimer ses craintes sur le contexte actuel au Cameroun. Nous proposons en intégralité son propos liminaire.
Le Cameroun est à la croisée des chemins. Jamais dans le passé, mis à part les périodes tristes (1) du coup d’Etat manqué (supposé ou réel) de 1984, (2) l’avènement du multipartisme et son corollaire de morts inutiles et regrettables, (3) les émeutes de février 2008 et leurs nombreuses victimes, le pays ne s’est jamais aussi mal porté. Il n’est pas exagéré d’affirmer que toutes les conditions sont réunies pour une implosion imminente.
Deux ans et demi déjà que dure la crise dite anglophone avec d’une part des centaines de morts en cascade tant du côté civil que militaire, plus d’une centaine de milliers de déplacés et des pertes matérielles sans précédents; et d’autre part une sérieuse menace de partition et/ou de scission du pays.
Celle-ci s’ajoute à la situation sécuritaire dans la partie septentrionale et le long des zones frontalières avec la République Centrafricaine (RCA) qui constituent toujours une préoccupation majeure dans la mesure où des assauts répétés à la fois des éléments des forces de défense et des différents groupes terroristes bien que sporadiques viennent régulièrement porter un coup sérieux à la quiétude des différentes populations déjà en proie à la misère et à la pauvreté ambiante.
Fort de cette instabilité palpable et de nombreux risques de troubles multiformes qui pourraient déborder et déboucher sur un embrasement du pays, il y a de bonnes raisons de s’inquiéter dans un tel contexte de la tenue dans la sérénité de la prochaine élection présidentielle prévue le 07 Octobre 2018. Surtout qu’au vu des manœuvres et atermoiements de l’organe en charge de la gestion de ladite élection, nul ne peut rassurer que le processus d’organisation du début à son terme se fera en toute équité, sincérité et transparence de sorte que la victoire ou l’échec soient acceptés par les différents candidats en lice.
Le plus grave dans tout cela c’est les tentatives de camouflage et/ou de déni de la récurrence des exactions humaines de la part des autorités étatiques, qui, non seulement viennent davantage porter l’estocade au sempiternel chantier du vivre-ensemble dont les gages existentiels ne sont pas clairement établis, mais aussi et surtout crédibilisent les allégations jusqu’à ce jour battues en brèche et qui font état de l’incapacité manifeste du pouvoir en place à assurer la sécurité des Camerounais.
A ces clichés aux relents morbides, s’ajoute une crise de la gouvernance nationale dont les récents éléments d’illustrations sont entre autres l’interdiction tous azimuts des réunions et manifestations publiques des divers groupes sociaux autres que ceux en faveur du pouvoir/régime en place, la désignation inique des responsables/mandataires de certaines formations politiques de l’opposition par le ministre en charge de l’administration Territoriale, une inflation galopante et une crise alimentaire latente observable dans les marchés, et effective dans les régions en crise sécuritaire.
Par ailleurs, on ne saurait occulter le déficit énergétique aux conséquences incommensurables qui plonge la nation dans une sorte de pénombre sans véritable espoir de solutions à court, moyen et long terme nonobstant les différents chantiers dédiés aux barrages hydroélectriques. Toutes choses qui, ajoutées à l’important déficit infrastructurel, ferait fortement peser sur le Cameroun, la menace du retrait de l’organisation de la prochaine CAN de football prévue pour l’année prochaine, malgré le satisfécit de la dernière mission technique de la CAF au Cameroun.
Sur la base, d’une part, de ce panorama non exhaustif du microcosme sociopolitique camerounais et, d’autre part, du diagnostic sans complaisance dressé plus haut, le Cameroun se présente aujourd’hui comme un grand malade à l’agonie, et dont seul un traitement de choc et immédiat pourrait prémunir d’une situation de non-retour. Pour sauver le Cameroun et le sortir de l’abîme, la solution qui constitue d’ailleurs un impératif catégorique est de désavouer la majorité des gouvernants actuels de notre pays totalement disqualifiés du fait de leur incompétence notoire et manifeste.
C’est la solution que préconise le mouvement transcontinental dénommé «Tournons La Page» déjà mise en œuvre dans un certain nombre de pays confrontés aux mêmes problèmes. Cette coalition qui est sortie des fonds baptismaux le 15 octobre 2014 regroupe des organisations de la société civile africaine et européenne au-delà des clivages politiques, ethniques et religieux en vue d’une part, de construire des synergies pour la défense des droits humains et la promotion de la démocratie sur le continent africain, et d’autre part de promouvoir le respect des règles et principes démocratiques.
Au Cameroun, la société civile s’est engagée dans un plaidoyer pour la réforme du système électoral camerounais. Une analyse du code électoral produite et un draft de code alternatif produit et soumis aux différents acteurs en charge de la gestion du processus électoral pour que ces recommandations soient prises en compte comme préalables avant toute élection. Ce code alternatif n’a jamais été domestiqué par les acteurs politiques.
C’est dans cette logique que la Coordination Nationale de Tournons La Page (TLP) Cameroun, coalition mise en place le 15 septembre 2015, grâce à la mutualisation des forces et au terme de multiples conclaves ponctués par des échanges houleux mais conviviaux, arrive à la conclusion de la nécessité absolue et sans délai d’une concertation ouverte, sous la forme d’un «Dialogue National inclusif»/ «Commission Vérité, Justice et Réconciliation» entre fils et filles du Cameroun, de l’intérieur et de la diaspora, sans distinction, sans marginalisation et sans clivages.
- TOURNONS LA PAGE Cameroun, considérant la situation fort-préoccupante du pays et conscient des bienfaits du dialogue qui a fait ses preuves sous d’autres cieux, engage le pouvoir en place, les partis politiques, les groupes religieux et sociaux à :
- Placer dorénavant et plus que jamais la concertation au centre de la marche de la vie de la Nation ;
- S’impliquer à rendre possible et implémenter dans de brefs délais le cadre d’un dialogue national inclusif;
- Créer des conditions idoines pour l’arrêt immédiat et sans conditions des hostilités dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, préalables à toute action efficace, y compris la mise en œuvre du plan d’assistance humanitaire d’urgence. Sans oublier les régions septentrionales et de l’Est du Cameroun où règne encore l’insécurité ;
S’approprier, densifier et élargir les termes de référence contenus dans l’offre des Evêques du Cameroun pour la tenue d’une «Conférence Anglophone»; - Assumer d’éventuels risques et menaces potentiels issus des conséquences probables que comporte la tenue prochaine d’une élection présidentielle sans garantie aucune de sincérité, d’objectivité, de neutralité et de transparence ;
- Exercer sur l’institution en charge de l’organisation du scrutin suffisamment de pression pour que celle-ci ne soit pas complice de violations des droits des électeurs ;
- S’insurger et se mobiliser contre toute tentative de répression à l’encontre des organisations et acteurs de la société civile et autres groupes sociaux et politiques dans leur engagement militant dans la mise en place des institutions démocratiques ;
- Impliquer fortement la société civile dans toutes les actions de recherche de solutions durables non seulement dans les régions aujourd’hui en proie à des crises sécuritaires, mais également dans toutes les initiatives nationales et internationales en vue de l’amélioration de la gouvernance et la résolution des problèmes auxquels le Cameroun est confronté ;
- S’unir sans réserve dans le processus d’organisation et de mise sur pied de la «COMMISSION VERITE, JUSTICE ET RECONCILIATION».
Rappelle que le jeu démocratique exige de tous les candidats aux élections, la présentation de leur programme politique en s’adressant personnellement aux potentiels électeurs