LIBRE-PROPOSPANORAMA

Jean Marc Bikoko : Nord-ouest/Sud-ouest : «Tournons la page» soutient la conférence anglophone du cardinal Tumi

Pour sauver le Cameroun, la solution est de désavouer la majorité des gouvernants actuels

Le président de l’organisation de la société civile dénommée Dynamique Citoyenne est le coordinateur national de «Tournons la Page» au Cameroun. Ce mouvement transcontinental (regroupant des membres de la société civile en Afrique et en Europe) a notamment pour objectif de «mettre un terme à la confiscation du pouvoir et promouvoir le respect des règles et principes démocratiques en Afrique». Il a donné une conférence de presse le 6 septembre dernier pour exprimer ses craintes sur le contexte actuel au Cameroun. Nous proposons en intégralité son propos liminaire.

 

Le Cameroun est à la croisée des chemins. Jamais dans le passé, mis à part les périodes tristes (1) du coup d’Etat manqué (supposé ou réel) de 1984, (2) l’avènement du multipartisme et son corollaire de morts inutiles et regrettables, (3) les émeutes de février 2008 et leurs nombreuses victimes, le pays ne s’est jamais aussi mal porté. Il n’est pas exagéré d’affirmer que toutes les conditions sont réunies pour une implosion imminente.

Deux ans et demi déjà que dure la crise dite anglophone avec d’une part des centaines de morts en cascade tant du côté civil que militaire, plus d’une centaine de milliers de déplacés et des pertes matérielles sans précédents; et d’autre part une sérieuse menace de partition et/ou de scission du pays.

Celle-ci s’ajoute à la situation sécuritaire dans la partie septentrionale et le long des zones frontalières avec la République Centrafricaine (RCA) qui constituent toujours une préoccupation majeure dans la mesure où des assauts répétés à la fois des éléments des forces de défense et des différents groupes terroristes bien que sporadiques viennent régulièrement porter un coup sérieux à la quiétude des différentes populations déjà en proie à la misère et à la pauvreté ambiante.

Fort de cette instabilité palpable et de nombreux risques de troubles multiformes qui pourraient déborder et déboucher sur un embrasement du pays, il y a de bonnes raisons de s’inquiéter dans un tel contexte de la tenue dans la sérénité de la prochaine élection présidentielle prévue le 07 Octobre 2018. Surtout qu’au vu des manœuvres et atermoiements de l’organe en charge de la gestion de ladite élection, nul ne peut rassurer que le processus d’organisation du début à son terme se fera en toute équité, sincérité et transparence de sorte que la victoire ou l’échec soient acceptés par les différents candidats en lice.

Le plus grave dans tout cela c’est les tentatives de camouflage et/ou de déni de la récurrence des exactions humaines de la part des autorités étatiques, qui, non seulement viennent davantage porter l’estocade au sempiternel chantier du vivre-ensemble dont les gages existentiels ne sont pas clairement établis, mais aussi et surtout crédibilisent les allégations jusqu’à ce jour battues en brèche et qui font état de l’incapacité manifeste du pouvoir en place à assurer la sécurité des Camerounais.

A ces clichés aux relents morbides, s’ajoute une crise de la gouvernance nationale dont les récents éléments d’illustrations sont entre autres l’interdiction tous azimuts des réunions et manifestations publiques des divers groupes sociaux autres que ceux en faveur du pouvoir/régime en place, la désignation inique des responsables/mandataires de certaines formations politiques de l’opposition par le ministre en charge de l’administration Territoriale, une inflation galopante et une crise alimentaire latente observable dans les marchés, et effective dans les régions en crise sécuritaire.

Par ailleurs, on ne saurait occulter le déficit énergétique aux conséquences incommensurables qui plonge la nation dans une sorte de pénombre sans véritable espoir de solutions à court, moyen et long terme nonobstant les différents chantiers dédiés aux barrages hydroélectriques. Toutes choses qui, ajoutées à l’important déficit infrastructurel, ferait fortement peser sur le Cameroun, la menace du retrait de l’organisation de la prochaine CAN de football prévue pour l’année prochaine, malgré le satisfécit de la dernière mission technique de la CAF au Cameroun.

Sur la base, d’une part, de ce panorama non exhaustif du microcosme sociopolitique camerounais et, d’autre part, du diagnostic sans complaisance dressé plus haut, le Cameroun se présente aujourd’hui comme un grand malade à l’agonie, et dont seul un traitement de choc et immédiat pourrait prémunir d’une situation de non-retour. Pour sauver le Cameroun et le sortir de l’abîme, la solution qui constitue d’ailleurs un impératif catégorique est de désavouer la majorité des gouvernants actuels de notre pays totalement disqualifiés du fait de leur incompétence notoire et manifeste.

C’est la solution que préconise le mouvement transcontinental dénommé «Tournons La Page» déjà mise en œuvre dans un certain nombre de pays confrontés aux mêmes problèmes. Cette coalition qui est sortie des fonds baptismaux le 15 octobre 2014 regroupe des organisations de la société civile africaine et européenne au-delà des clivages politiques, ethniques et religieux en vue d’une part, de construire des synergies pour la défense des droits humains et la promotion de la démocratie sur le continent africain, et d’autre part de promouvoir le respect des règles et principes démocratiques.

Au Cameroun, la société civile s’est engagée dans un plaidoyer pour la réforme du système électoral camerounais. Une analyse du code électoral produite et un draft de code alternatif produit et soumis aux différents acteurs en charge de la gestion du processus électoral pour que ces recommandations soient prises en compte comme préalables avant toute élection. Ce code alternatif n’a jamais été domestiqué par les acteurs politiques.

C’est dans cette logique que la Coordination Nationale de Tournons La Page (TLP) Cameroun, coalition mise en place le 15 septembre 2015, grâce à la mutualisation des forces et au terme de multiples conclaves ponctués par des échanges houleux mais conviviaux, arrive à la conclusion de la nécessité absolue et sans délai d’une concertation ouverte, sous la forme d’un «Dialogue National inclusif»/ «Commission Vérité, Justice et Réconciliation» entre fils et filles du Cameroun, de l’intérieur et de la diaspora, sans distinction, sans marginalisation et sans clivages.

  • TOURNONS LA PAGE Cameroun, considérant la situation fort-préoccupante du pays et conscient des bienfaits du dialogue qui a fait ses preuves sous d’autres cieux, engage le pouvoir en place, les partis politiques, les groupes religieux et sociaux à :
  • Placer dorénavant et plus que jamais la concertation au centre de la marche de la vie de la Nation ;
  • S’impliquer à rendre possible et implémenter dans de brefs délais le cadre d’un dialogue national inclusif;
  • Créer des conditions idoines pour l’arrêt immédiat et sans conditions des hostilités dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, préalables à toute action efficace, y compris la mise en œuvre du plan d’assistance humanitaire d’urgence. Sans oublier les régions septentrionales et de l’Est du Cameroun où règne encore l’insécurité ;
    S’approprier, densifier et élargir les termes de référence contenus dans l’offre des Evêques du Cameroun pour la tenue d’une «Conférence Anglophone»;
  • Assumer d’éventuels risques et menaces potentiels issus des conséquences probables que comporte la tenue prochaine d’une élection présidentielle sans garantie aucune de sincérité, d’objectivité, de neutralité et de transparence ;
  • Exercer sur l’institution en charge de l’organisation du scrutin suffisamment de pression pour que celle-ci ne soit pas complice de violations des droits des électeurs ;
  • S’insurger et se mobiliser contre toute tentative de répression à l’encontre des organisations et acteurs de la société civile et autres groupes sociaux et politiques dans leur engagement militant dans la mise en place des institutions démocratiques ;
  • Impliquer fortement la société civile dans toutes les actions de recherche de solutions durables non seulement dans les régions aujourd’hui en proie à des crises sécuritaires, mais également dans toutes les initiatives nationales et internationales en vue de l’amélioration de la gouvernance et la résolution des problèmes auxquels le Cameroun est confronté ;
  • S’unir sans réserve dans le processus d’organisation et de mise sur pied de la «COMMISSION VERITE, JUSTICE ET RECONCILIATION».
    Rappelle que le jeu démocratique exige de tous les candidats aux élections, la présentation de leur programme politique en s’adressant personnellement aux potentiels électeurs

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *