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Étiquette : Beac
Loi sur la cryptomonnaie en RCA: la Beac et le FMI se saisissent du dossier
Pendant que le gouverneur de la Banque centrale a décidé de la mise sur pied d’un Groupe de travail, une mission de l’institution de Bretton Woods séjourne depuis ce 3 mai jusqu’au 8 mai prochain à Libreville.
Quel sera le sort réservé par la Banque centrale de la Cemac à la loi de la République Centrafricaine (RCA) sur la cryptomonnaie? La réponse est attendue ce 2 mai 2022 au plus tard. Elle sera alors contenue dans une note produite par un Groupe de travail pluridisciplinaire créé par la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). Le gouverneur de l’institution bancaire sous-régionale a en effet pris ce 29 avril 2022 une décision dans ce sens. Elle porte précisément «mise en place d’un groupe de travail sur les implications de la loi régissant la cryptomonnaie en RCA (adoptée le 22 avril dernier) sur l’architecture réglementaire de la Communauté en matière monétaire et financière», a précisé en guise d’explication Abbas Mahamat Tolli.
La décision du gouverneur de la Beac portait donc constitution du Groupe de travail appelé à plancher sur cette question d’importance. Celui-ci est présidé par Mme Caroline Idrissou. Il comprend en outre sept membres parmi lesquels Lionel Beninga, un cadre de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac). La note de ces experts sera faite «à l’attention aussi bien du Conseil d’administration de la Beac que du Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac)», a également indiqué Abbas Mahamat Tolli.
En adoptant le 22 avril dernier la loi sur la cryptomonnaie, la Centrafrique est devenue le deuxième pays au monde à faire du Bitcoin une monnaie officielle. L’option est cependant prise en violation des textes communautaires en vigueur et des nombreuses mises en garde de la Banque centrale et du FMI. L’institution de Bretton Woods s’inquiétait notamment du risque que cela faisait courir «à la stabilité financière, l’intégrité financière, et la protection des consommateurs», rapporte le site SiecleDigital. Seul le Salvador avait déjà franchi le pas en 2021.
Par la voix de son directeur des Affaires juridiques et de la réglementation, la Cosumaf vient de faire connaître son intention «non pas d’interdire, mais d’encadrer les cryptomonnaies». À en croire une publication de RFI en date de ce 2 mai 2022, Didier Loukakou explique qu’«il y a actuellement une démarche concertée pour aboutir à ce qui devrait être une supervision conjointe ou concertée au niveau de la zone». Il reste donc à savoir si la Beac sera dans les mêmes dispositions.
Théodore Ayissi Ayissi
Valeurs du Trésor: taux d’endettement record sur la plateforme de la Beac
Le taux d’endettement est 8%, selon des données publiées le 13 avril dernier par la Banque centrale. Il passe de 0,1% en 2011 à 8% au 31 mars 2022.
Le taux d’endettement de la Cemac sur le marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a atteint un niveau jamais égalé jusque-là. Si l’on s’en tient aux données publiées le 13 avril dernier par l’institution bancaire sous-régionale, il est de 8%. Il est censé constitué le rapport exprimé en pourcentage entre l’encours global des valeurs du Trésor de la Cemac (5 082,11 milliards FCFA) et le PIB de la Communauté (63 236 milliards FCFA). Ce taux se veut en même temps un indicateur du succès de la plateforme de la Banque centrale auprès des investisseurs, mais surtout auprès des États de la sous-région. Il est passé de 0,1% en 2011 à 8% au 31 mars 2022.
Le taux d’endettement des pays de la sous-région a atteint un premier pic en 2020 à la faveur de la survenue de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19. Il s’est situé à 6,3% cette année-là après avoir été de seulement 3,8% un an plus tôt. Cette tendance s’est ensuite confirmée en 2021. La Beac a enregistré un taux également historique de 7,1%.
Cette bonne dynamique du marché des valeurs du Trésor est portée au 31 mars 2022 par l’ensemble des pays de la Cemac. On note toutefois un certain leadership du Cameroun avec un encours des titres publics établi à 1300,054 milliards FCFA; du Gabon dont l’encours est de 1288,253 milliards FCFA; et du Congo avec un encours des valeurs du Trésor de l’ordre de 1250,100 milliards FCFA. La République Centrafricaine se révèle quant à elle être sur la période sous revue, le pays contribuant le moins à l’animation de la plateforme. L’encours de ses titres publics est seulement de 55,083 milliards FCFA.
Théodore Ayissi Ayissi
Le Camerounais Dieudonné Evou Mekou prend les rênes de la BDEAC
L’acte additionnel ne serait pas encore signé mais les instances dirigeantes de la BDEAC ont déjà validé.
Il aura fallu attendre un mois supplémentaire pour savoir sur qui se porterait le choix des chefs d’Etats de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac). Ils ont désigné le Camerounais Dieudonné Evou Mekou pour présider à la destinée de la Banque de développement des Etats d’Afrique centrale (BDEAC) pour les cinq prochaines années. Dieudonné Evou Mekou a été désigné sur proposition de l’Assemblée Générale, après avis conforme du Conseil d’Administration, statuant à la majorité des voix. Il ne manquerait plus que la formalisation par signature de l’acte additionnel par le Chef de l’Etat.
Cette nomination survient alors que nouveau promu est en fonction à la Banque des Etats de l’Afrique centrale où il officie en qualité de vice-gouverneur depuis juillet 2017. Mais, il demeure que l’acte de nomination n’est pas signé.
Agé de 61 ans, Dieudonné Evou Mekou qui fut directeur à la Caisse autonome d’amortissement entre 2005 et 2016 était bien pressenti pour ce poste du fait de sa longue expérience dans les sphères décisionnelles des institutions. Après des formations en administration civile à l’École nationale d’administration et de magistrature (1987) et de management des risques bancaires au Centre d’études financières économiques et bancaires de l’Agence française développement à Marseille, il travaille de 1991 à 2000, au secrétariat général des services du Premier ministre, au sein de la division des affaires économiques, techniques et financières comme attaché, puis comme chargé de mission, au sein de la division des affaires économiques et financières du suivi des activités du ministère du Tourisme, du ministère du Développement industriel, ainsi que du ministère de l’Economie et des Finances. Dieudonné Evou Mekou est par la suite nommé administrateur directeur général adjoint du Crédit Lyonnais Cameroun.
Beac: les prévisions de croissance dopées par les cours du pétrole
3,1%. C’est le taux de croissance du PIB projeté en 2022 par la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). L’information a été rendue publique le 29 mars dernier à l’issue de la première session de l’année du Comité de politique monétaire (CPM) tenue la veille par visioconférence. À en croire l’organe sous-régional présidé par le gouverneur de la Banque centrale, Abbas Mahamat Tolli, ce taux est plus de deux fois plus important que celui de l’année dernière. Puisqu’il passerait de 1,4% en 2021 à 3,1% pour l’exercice en cours. La principale raison convoquée étant la bonne tenue des cours du pétrole à l’international. La Beac précise en effet que «le taux de croissance du PIB réel serait principalement porté par un rebond de la croissance pétrolière».
L’optimisme du CPM ne se limite cependant pas à la seule année 2022. La Banque centrale prévoit par exemple qu’«à moyen terme, la reprise économique amorcée en 2021, se poursuive sur la période 2022-2025, malgré la forte hausse de l’incertitude au niveau mondial». L’organe sous-régional met toutefois aussi ces bonnes perspectives sur le compte des «effets vertueux des réformes structurelles engagées dans le cadre des programmes économiques et financiers des pays». Il admet en même temps que ces prévisions et celles du FMI puissent être corrigées. Compte tenu notamment «des tensions géopolitiques en Europe et de leur impact sur les prix de certaines matières premières, en particulier l’énergie, les produits alimentaires et les intrants agricoles».
Cette réalité implique déjà pourtant en zone Cemac, «une remontée des pressions inflationnistes à 3,6% en 2022, contre 1,6% un an plus tôt». La Beac se satisfait par contre «d’un redressement des soldes extérieur et budgétaire qui deviendraient alors excédentaires respectivement à 1,1% du PIB et 0,6% du PIB en 2022». L’institution bancaire sous-régionale se réjouit en outre du niveau des réserves de change. «Elles progresseraient à 3,66 mois d’importation de biens et services à fin décembre 2022, contre 3,59 mois un an plus tôt».
Pour toutes ces raisons, le CPM a décidé «de relever le TIAO de 3,5% à 4%, et le taux de la facilité de prêt marginal de 5,25% à 5,75%». Mais l’organe communautaire maintien en même temps inchangés les autres taux directeurs, à l’instar du Taux de la facilité de dépôt (0,00%).
Théodore Ayissi Ayissi
Titres publics: la Beac satisfaite de la concertation entre les Trésors publics
La première session du Cadre permanent de concertation des Trésors publics de la Cemac (CPC-TP Cemac) tenue les 10 et 11 mars 2022 à Douala.
Le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a présidé le 30 mars dernier par visioconférence, la première session ordinaire de l’année du Conseil de surveillance de la Cellule de règlement et de conservation des titres (CRCT). Abbas Mahamat Tolli et les membres statutaires du Conseil ont, à cette occasion, «pris connaissance des recommandations issues de la première session du Cadre permanent de concertation des Trésors publics de la Cemac (CPC-TP Cemac) tenue les 10 et 11 mars 2022 à Douala». Et au vu de l’impact qu’une telle dynamique peut avoir sur la conduite d’un processus enclenché au niveau du marché des titres publics, ils ont «encouragé chaque Trésor public à s’approprier lesdites recommandations». Le président et les membres du Conseil relèvent en effet que celles-ci «s’inscrivent dans le processus en cours de rationalisation des interventions des émetteurs souverains de la Cemac sur le marché», rapporte un communiqué de l’institution bancaire sous-régionale en date du 4 avril 2022.
Au moins quatre raisons objectives justifient l’attitude du Conseil de surveillance de la Cellule de règlement et de conservation des titres vis-à-vis du démarrage des activités du CPC-TP Cemac. La première tient de ce que «cette instance technique est une tribune formelle d’échanges entre les six États de la Cemac pour le partage d’expérience». Le communiqué signé du gouverneur de la Banque centrale insiste également sur «la promotion de bonnes pratiques relatives aux activités de marché et sur la consolidation de la viabilité des dettes publiques». Le dernier aspect mentionné par Abbas Mahamat Tolli et les membres du Conseil a quant à lui trait à «l’accompagnement du développement du marché secondaire des valeurs du Trésor».
TAA
Beac : après un faux-pas, les souscriptions aux appels d’offres repartent à la hausse
735,567 milliards FCFA. Voilà le montant que les banques secondaires de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) ont pu capter depuis le début du mois d’août 2021.
C’est dans le cadre des opérations de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) visant à chaque appel d’offres, à procéder à une injection de 250 milliards FCFA dans le circuit économique. Or, là où le compteur aurait dû marquer à l’issue des trois dernières opérations de la Banque centrale 750 milliards FCFA, on observe un gap d’une quinzaine de milliards.
Pour l’essentiel, cela tient au fait que le 3 août dernier, la Beac a enregistré une légère baisse d’appétit des établissements bancaires opérant en Afrique centrale. Car sur les «250 milliards FCFA mis en adjudication, le montant total des offres exprimées s’est situé à 235,567 milliards FCFA, pour un taux de souscription s’établissant alors à seulement 94,23%». Entre autres explications, on a pensé à une saturation des capacités d’absorption des banques commerciales. Mais les résultats des deux appels d’offres lancés ensuite par la Banque centrale sont venus démontrer le contraire.
En effet, ce 17 août 2021, «le montant total des offres exprimées s’est élevé à 343,172 milliards FCFA. Ce qui correspond à un taux de souscription de 137,27%», rapporte un communiqué du gouverneur de la Beac, Abbas Mahamat Tolli.
Cela dit, le regain d’appétit de la part des banques secondaires n’a pas attendu cette dernière opération pour se manifester. Le 11 aout dernier, la Beac informait déjà l’ensemble de la Communauté du succès de l’appel d’offres du 10 août 2021. Puisque le taux de souscription s’était situé à 108,59% pour un montant total des offres exprimées égal à 271,473 milliards FCFA.
Théodore Ayissi Ayissi
Progression de 9,6% du niveau des réserves de change en zone Cemac
On en sait désormais un peu plus sur le niveau réel des réserves de change de la Cemac au cours du dernier trimestre de l’année écoulée.
C’est à la faveur de la publication le 1er février dernier par la Beac, du Bulletin économique et statistique de décembre 2020. A travers ce document, l’institution bancaire sous-régionale apporte un certain nombre de réponses aux questions que l’on se pose sur le taux y relatif et fait notamment savoir que «les réserves de change de la Beac se sont établies à 4 451 milliards FCFA (6,79 milliards d’euros) au 31 octobre 2020, contre 4 062 milliards FCFA (6,19 milliards euros) au 31 octobre 2019, soit une progression de 9,59%», peut-on lire dans le document.
Sur la foi des données mises en évidence dans le Bulletin économique et statistique de décembre 2020, on sait que deux options essentiellement ont permis au cours de la période indiquée de parvenir à ce résultat. Puisque du côté de la Beac, on estime que «cette hausse s’explique principalement par la variation positive des avoirs extérieurs à vue et de la valorisation du stock d’or». Pour ce qui est dans un premier temps des avoirs extérieurs à vue constitués, à titre indicatif, de billets étrangers, de correspondants hors zone d’émission et des avoirs au Trésor français, ils représentent clairement le gros des réserves. «Ils ressortent à 3 917 milliards FCFA à fin octobre 2020, contre 3 510 milliards FCFA un an plus tôt, soit une augmentation de 11,58 %», relève pour s’en satisfaire la Banque centrale.
La même satisfaction s’observe, dans un second temps, du côté du stock d’or. Le Bulletin de la Beac renseigne à ce sujet qu’il «affiche une valeur de marché de 214 milliards FCFA au 31 octobre 2020, correspondant à une progression de 19,20% par rapport à l’année précédente». Toute chose, en somme, de nature à inciter la Banque centrale à persévérer dans la voie de l’application stricte de la nouvelle réglementation de change.
Théodore Ayissi Ayissi
Produits d’exportation de la Cemac : vers une hausse des cours en 2021
La Beac vient de rendre publique la note sur l’évolution des cours des principaux produits de base exportés par les pays de la Cemac au 4e trimestre 2020.
indicateur, produit d’exportation de la cemac, vers une hausse des cours en 2021 En plus d’être utile à la compréhension de la progression des prix des principaux biens que l’Afrique centrale met sur le marché international, le document disponible depuis le 1er février dernier permet aussi de faire des projections sur le comportement des différents marchés en 2021. De ce qu’il ressort alors de la lecture de la note susmentionnée, on retient notamment que pour l’exercice en cours, les prix vont globalement connaître une progression. Et que dans le détail, «les prix des produits agricoles devraient augmenter légèrement au cours de l’année 2021, que les prix des métaux devraient afficher une remontée modeste, à la faveur de la reprise en cours de l’économie mondiale et de la poursuite des politiques de relance en Chine, et que les cours du pétrole devraient s’établir en moyenne à 44 dollars le baril, en hausse par rapport aux estimations pour 2020 à 41 dollars», fait savoir l’institution bancaire sous-régionale.
L’évolution positive en 2021 des cours de ces principaux produits prend, pour l’essentiel, racine dans le bon comportement des prix observés sur les différents marchés au dernier trimestre de l’exercice écoulé. Au 4e trimestre de l’année 2020, en effet, la Beac a relevé avec satisfaction que «l’indice global s’est accru de 3,5 %, contre une progression de 19,6 % au T3/2020, porté principalement par la croissance des cours des produits pétroliers». Ainsi, et s’agissant par exemple des produits énergétiques, ils ont été marqués «par une croissance de leurs cours de l’ordre de 5,7 %, bien en deçà de la croissance observée au T3/2020, laquelle se situait à 38,3 %. Toutefois, cette évolution résulte de la hausse des cours du pétrole, principal produit d’exportation de la Cemac, lequel est passé de 42,7 $/baril au T3/2020 à 43,6 $/baril au T4/2020, après 30,3 $/baril au T2/2020», renseigne encore l’institution bancaire sous-régionale.
Pour le reste, la Banque centrale relève également que «concernant les cours des produits non énergétiques, leur dynamique s’explique par ceux des produits forestiers (2,0 % au T4/2020 contre 4,2 % au T3/2020) et ceux des produits agricoles (1,6 % au T4/2020 contre 2,2 % au T3/2020)». Cependant, les indications de la Beac permettent aussi de constater que «les cours des métaux et minéraux ont stagné, après une baisse de 1,5 % au T3/2020; et que les cours des produits de la pêche ont connu une baisse de 1,5 %, après une hausse de l’ordre de 5,2 % au trimestre passé», peut-on lire dans la note.
Théodore Ayissi Ayissi
L’appel d’offres de la Beac partiellement boudé par les investisseurs
La Beac a connu un léger revers sur son marché des titres publics la semaine dernière. Pour atténuer les effets de la pandémie de Covid-19 et favoriser la relance économique dans la sous-région au cours de l’exercice 2021, l’institution bancaire avait décidé d’injecter pas moins de 250 milliards FCFA dans le circuit économique.
Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Beac Seulement, l’offre de la Banque centrale a été partiellement suivie sur la plateforme monétaire, ainsi que le démontre d’ailleurs à suffire le communiqué du gouverneur de l’institution en date du 27 janvier et portant sur les résultats de l’appel d’offres lancé par la Beac un jour plus tôt.
«Pour le montant de 250 milliards FCFA mis en adjudication à un Taux d’intérêt des appels d’offres (TIAO) à 3,25%, le montant total servi, et qui correspond exactement au montant total des offres exprimées, s’est élevé à 193 095 000 000 FCFA», a commencé par indiquer Abbas Mahamat Tolli. Mais poursuivant dans sa lancée, le gouverneur de l’institut d’émission de la monnaie en Afrique centrale a ensuite fait savoir qu’avec 11 participants et un nombre total d’offres exprimées se situant à seulement 13 propositions, cela représente en termes de pourcentage, «un taux de participation de 23,91% et un taux de souscription tournant autour de 77,24%».
Bien qu’en deçà des attentes, on sait sur la base des résultats publiés par l’institution bancaire sous-régionale au cours d’une précédente opération principale d’injection de liquidités, également d’un montant de 250 milliards FCFA, que le taux de souscription est cependant en hausse. Le 16 décembre 2020, par exemple, ce taux s’était situé à seulement «38,30% pour un taux de participation s’élevant à tout juste 15,21%», avait fait savoir en son temps, Hamadou Abdoulaye, le directeur général des Etudes, Finances et Relation internationales à la Beac. Autrement dit, la Banque centrale dispose tout de même d’une belle marge de manœuvre.
Théodore Ayissi Ayissi
Soutien à l’économie : la BEAC injecte 250 milliards FCFA
La Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) vient de donner le ton de l’année 2021 en s’engageant, une fois de plus, à venir en soutien à l’économie de la sous-région.
Comme pour les précédentes fois, l’intervention de l’institution bancaire va surtout consister en l’injection sur le marché des titres publics de la Cemac, d’un supplément de liquidités d’un montant global de 250 milliards FCFA. L’information est contenue, pour exploitation, dans un avis d’appel d’offres lancé le 19 janvier dernier par le gouverneur de la Banque centrale. Dans l’annonce qu’il signe et dont nous avons obtenu copie, Abbas Mahamat Tolli donne un ensemble d’indications concernant notamment les dates de valeur et d’échéance, le type de soumission, le taux minimum (TIAO, taux d’intérêt des appels d’offres, ndlr), la date et l’heure limite de soumission…
Pour l’essentiel, on retient alors des conditions de soumission que «l’appel d’offres, qui est à taux variables (offres fermes), court du 21 au 28 janvier 2021, avec une date et une heure limite de soumission fixées au mercredi 20 janvier 2021 à 10h00», renseigne l’avis. Cela dit, il est également utile de savoir, s’agissant de cette opération principale d’injection de liquidités et surtout du montant de 250 milliards FCFA sollicité, que la Beac envisage de le rémunérer à un TIAO de 3,25%, le nombre d’offres maximum par soumissionnaire étant, par ailleurs, fixé à cinq.
Le 4 juin 2020 et le 10 septembre de la même année, la Banque des États de l’Afrique centrale avait déjà procédé pour les mêmes raisons et pour le même montant à chaque fois, à l’injection de liquidités sur son marché monétaire. Selon les indications données à ces occasions par les autorités de la Banque centrale, il était question d’atténuer les effets néfastes de la pandémie de Covid-19 et de venir au secours des agents économiques à la recherche de financements.
Théodore Ayissi Ayissi
Longue file d’attente sur la plateforme monétaire de la Beac
Le marché des titres publics de la Beac va faire l’objet de plusieurs sollicitations d’ici la fin du mois de janvier 2021.
De façon globale, il sera question pour l’ensemble des pays de la Cemac qui ont déjà manifesté leur intention de se tourner vers les investisseurs actifs sur ce marché, de mobiliser une enveloppe de 75 milliards FCFA. Mais depuis le 13 janvier dernier, le Cameroun, le Gabon et le Tchad ont déjà procédé, pour leur part, «à l’émission, par voie d’adjudication, des Bons du Trésor assimilables (BTA)». C’était dans l’optique de lever un montant global de 47 milliards FCFA.
S’agissant dans un premier temps du Cameroun, l’enveloppe sollicitée, la plus grosse des trois, s’éleve à 20 milliards FCFA. D’après les indications données à ce sujet par les autorités camerounaises, il a été proposé aux investisseurs des BTA «d’une maturité de 26 semaines avec une échéance fixée au 16 juillet 2021». C’est en sa qualité de directeur général du Trésor, de la Coopération financière et monétaire, que Sylvester Moh Tangongho l’a précisé dans un communiqué signé le 8 janvier dernier.
De leur côté, le Tchad et le Gabon ont également annoncé leur intention de solliciter sur la plateforme de la Beac, respectivement 12,045 milliards et 15 milliards FCFA. Mais en le faisant savoir le 7 et le 11 janvier dernier, ces deux pays ont à la suite du Cameroun, aussi fait prévaloir leur option de présenter aux investisseurs des BTA «d’une maturité de 26 semaines et une échéance fixée au 16 juillet 2021».
Quant à la Guinée Équatoriale et au Congo Brazzaville, le calendrier d’émission des titres publics mis à la disposition de la Banque centrale fixe les rendez-vous avec les investisseurs au 20 et au 27 janvier prochain. Ce sera alors pour lever un montant de 27 milliards FCFA.
TAA
Maintien des taux d’intérêt de la Beac en septembre 2020
La Beac a rendu public ce 5 janvier 2021 le Bulletin mensuel du marché monétaire pour le compte du mois de septembre 2020.
Dans cette nouvelle publication, l’institution bancaire s’attache à mettre en exergue un ensemble d’indicateurs concernant l’activité sur sa plateforme monétaire. Il s’agit notamment des activités du compartiment interbancaire, de l’évolution du marché des titres publics et de l’évolution de ses propres interventions. S’agissant de ce dernier point, il est à noter qu’«à fin septembre 2020, les activités de ce compartiment du marché ont été caractérisées par la réduction de son encours et le maintien de l’ensemble des taux d’intérêt».
De ce qui précède, on retient que la Beac a été particulièrement accommodante l’année dernière. Et cela s’est répercuté sur ses principaux taux que sont les taux débiteurs, le taux d’intérêt sur les placements des banques et les taux de rémunération des dépôts publics. Le mois de septembre 2020 affiche alors dans le détail «un Taux d’intérêt des appels d’offres (TIAO) à 3,25 %; un Taux de facilité de prêt marginal (TFPM) à 5,00 %; un taux de la facilité de dépôt à 0,00 %; mais également un Taux d’intérêt sur placements publics (TISPPı) à 0,05 %; et un Taux d’intérêt sur placements publics au titre des dépôts spéciaux (TISPP₂) à 0,00%», pour ne citer que ces exemples.
D’un autre côté, la Beac s’est également voulue exhaustive sur la nature de ses interventions. On apprend à ce sujet qu’«en septembre 2020, les interventions de la Banque Centrale ont été constituées à 14,4 % des opérations principales d’injection de liquidité, 29,8% des opérations à plus longue maturité, 55,5 % pour la facilité de prêt marginal et 9,7% pour le guichet spécial de refinancement».
Théodore Ayissi Ayissi
Cours des produits de base exportés par la Cemac : Progression de 19,6% de l’indice global
Dans son rapport sur la politique monétaire publié le 24 décembre dernier, la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) présente une claire amélioration de la situation par rapport au 2ème trimestre 2020.
Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Beac «Globalement, les prix enregistrés sur le marché des produits de base ont connu un rebond, après avoir reculé au cours du deuxième trimestre 2020, à cause des inquiétudes liées aux contrecoups de la crise sanitaire de la Covid-19». C’est l’une des principales informations que la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) a mis à la disposition du public depuis le 24 septembre dernier. Dans le dernier rapport sur la politique monétaire dans lequel des précisions sont données, la Banque centrale fait justement savoir qu’«au troisième trimestre 2020 (T3/2020), l’indice global des cours des produits de base exportés par la Cemac a progressé de 19,6 %, après avoir régressé de 28,9 % au T2/2020».
La progression dont l’Institut d’émission de la monnaie en Afrique centrale se satisfait, repose cependant sur un certain nombre de données également communiquées. On apprend notamment que cela n’a été rendu possible que «grâce à la croissance de la majorité des cours des principaux produits d’exportation de la Cemac, à l’exception de ceux observés sur le marché des métaux et minerais», a indiqué le rapport. De façon encore plus précise, le document souligne qu’«au cours du T3/2020, les produits énergétiques ont enregistré une croissance de leurs cours, de l’ordre de 38,3 %, contre une régression de 36,6 % au trimestre précédent. En effet, entre les deux trimestres, l’indice des cours des produits énergétiques est passé de 29,04 à 40,12».
Au cours de la période indiquée, la Beac a en effet observé avec satisfaction, que pour le principal produit d’exportation de la Cemac qu’est le pétrole, le cours moyen a connu une hausse appréciable. Sur la foi des informations contenues dans le rapport sur la politique monétaire, le cours s’est situé «à 42,7 $/baril au T3/2020, après 30,3 $/baril au T2/2020».
Toutefois, la sous-région a également pu compter sur les produits non énergétiques. Selon les indication que donne à ce sujet la Banque centrale, «leur évolution a été portée par les produits de la pêche (5,2 %), les produits forestiers (4,2 %) et les produits agricoles (2,2 %)». Selon la même source par contre, les cours des métaux et minerais ont, pour leur part, connu une baisse de l’ordre de 1,5 %.
Théodore Ayissi Ayissi (stagiaire)
Libre circulation en zone Cemac : Six mois pour lever les derniers obstacles
C’est l’une des nombreuses recommandations de la 12ème session ordinaire du Comité de pilotage du Pref-Cemac tenue le 18 décembre dernier à Brazzaville.
L’intégration au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) va connaître un coup d’accélérateur en 2021. Pour tout dire, la Commission de la Cemac a jusqu’au premier semestre de la nouvelle année, pour travailler à la levée des derniers obstacles et donner une impulsion nouvelle à la libre circulation des personnes et des biens au sein de l’espace communautaire. C’est au cours de la 12ème session ordinaire du Comité de pilotage du Programme des réformes économiques et financières (Copil Pref-Cemac), que ce nouvel horizon a été arrêté. Selon un communiqué rendu public le 22 décembre dernier, les travaux du 18 décembre 2020 étaient présidés par visioconférence et en présentiel à Brazzaville par Gilbert Ondongo, ministre congolais de l’Economie, de l’Industrie et du Portefeuille public, président dudit Comité.
Dans le communiqué ayant sanctionné la fin des travaux, il est clairement indiqué que «le Copil a demandé à la Commission de la Cemac et à l’équipe du Pref-Cemac, de veiller à la mise en œuvre effective et rapide des mesures restantes, en particulier : la libre circulation des biens et des personnes, au plus tard au premier semestre 2021, sur l’ensemble de l’espace de la Cemac». Toutefois, des étapes intermédiaires ont été prévues pour être certain d’être au rendez-vous de l’histoire et des attentes légitimes de la Communauté. C’est dans cette optique que les deux institutions sous-régionales déjà citées doivent également, sur instruction du Copil Pref-Cemac, veiller à «la suppression des frais d’itinérance, au plus tard au premier trimestre 2021», précise le communiqué final.
Projets intégrateurs et le rendez-vous de Douala
La 12ème session ordinaire du Copil Pref-Cemac a également été l’occasion d’aborder plusieurs autres problématiques sous-régionales d’importance. Ainsi en est-il du processus d’identification, de sélection et de priorisation de nouveaux projets intégrateurs de la deuxième phase du PER, ou encore de l’évaluation de la mise en œuvre des onze premiers projets. A ce propos d’ailleurs, Douala abrite depuis ce 28 décembre et pendant trois jours, «la réunion du Comité de suivi des conclusions de la table ronde sur le financement des projets intégrateurs organisée à Paris les 16 et 17 novembre 2020», peut-on lire dans le communiqué publié à cet effet le 22 décembre dernier.
Autres chantiers
Il a aussi été question le 18 décembre dernier de s’appesantir sur la mise en œuvre de la nouvelle réglementation de change et le rapatriement des recettes d’exportation. Sur ces deux aspects, le Copil s’est dit satisfait «des démarches engagées, notamment le démarrage des discussions avec les entreprises pétrolières et l’extension du moratoire accordé à ces entreprises jusqu’au 31 décembre 2021, assorti d’exigences particulières en matière de transmission d’informations à la Banque centrale», renseigne le communiqué également publié sur le site Internet officiel de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac).
Sur la question de l’opérationnalisation des structures du marché financier unifié, le Copil s’est également prononcé. Le communiqué de l’institution fait notamment savoir que l’organe sous-régionale «a pris acte des avancées déjà réalisées et a recommandé aux Etats d’organiser une large campagne de sensibilisation auprès des entreprises publiques et privées afin de les encourager à se positionner sur le marché financier de la zone; et de transmettre à la Beac, dans les meilleurs délais, la liste des entreprises susceptibles d’être cotées en bourse».
Pour le reste, le Pref a obtenu le satisfecit du Copil au sujet des avancées observées sur le terrain de la mise en œuvre des actions de la matrice du Programme par les Etats membres et les institutions sous-régionales. Il a alors été demandé aux différents acteurs de ne ménager aucun effort dans la réalisation de toutes ces actions pour qu’au final, le Pref tiennent sur ses cinq piliers.
Théodore Ayissi Ayissi (stagiaire)
Fin d’année prometteuse sur la plateforme de la Beac
Le marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) connaît une activité intense qui rend compte de la place que celui-ci occupe désormais dans le dispositif de financement du développement de la sous-région. Il n’y a par exemple qu’à tenir compte du fait que depuis le début du mois de décembre 2020, au moins trois pays de la Cemac ont déjà annoncé, voire procédé à une levée de fonds sur cette plateforme monétaire. En signant justement le 2 décembre dernier un communiqué, la direction générale camerounaise du Trésor, de la coopération financière et monétaire a, pour ainsi dire, fait connaître l’intention du Cameroun de se tourner, une fois de plus, vers les investisseurs actifs sur ce marché pour obtenir une enveloppe de 30 milliards FCFA. «Le Trésor public de la République du Cameroun procèdera Ie mercredi 09 décembre 2020, à l’émission, par voie d’adjudication, des Obligations du Trésor assimilables (OTA) dont l’échéance est fixée au 11 décembre 2025», a précisé Sylvester Moh Tangongho.
Le Tchad et le Gabon ont déjà aussi eu recours, depuis le début du mois, à la plateforme monétaire de la Beac pour les mêmes objectifs. Mais de façon plus spécifique, «la République gabonaise a procédé le 2 décembre 2020 à l’émission, par voie d’adjudication de Bons du Trésor assimilables (BTA) à 13 semaines de maturité et d’une valeur de 10 milliards FCFA», indique un communiqué de la direction générale de la Comptabilité publique et du Trésor. En ce qui concerne le Tchad, ce pays a quant à lui sollicité des investisseurs une enveloppe 22,780 milliards FCFA. Et d’après un communiqué des autorités tchadiennes en date du 2 décembre dernier, un montant de 18,335 milliards FCFA a ainsi pu être levé.
TAA3,4% de Rebond de la croissance du PIB de la Cemac en 2021
Le Rapport de politique monétaire publié depuis le 25 novembre dernier par la Beac évalue la situation macroéconomique de la sous-région et permet, dans le même temps, de faire des projections au-delà de 2020.
S’agissant précisément des perspectives au sein de la Cemac, l’institution bancaire sous-régionale ne cache pas son optimisme et envisage par exemple qu’«à moyen terme, le taux de croissance du PIB réel progresserait à 3,4% en 2021, avant de se stabiliser à 2,6% respectivement en 2022 et 2023, après une contraction de 3,1% en 2020, grâce aux performances dans tous les secteurs», indique à ce propos le rapport.
Mais dans leur objet, les projections de la Beac ne limitent pas seulement au taux croissance du PIB, puisque le rapport de politique monétaire s’intéresse aussi aux différents déficits auxquels la Communauté pourrait faire face au cours des prochains mois. Pour être complet cependant, le rapport de la Banque centrale s’attache aussi à mettre en lumière le niveau des réserves de change, un indicateur qui contribue à rendre compte de l’état de santé de la Communauté.
Et pour être davantage précis, on apprend alors à la lecture dudit rapport que «le déficit budgétaire, base engagement hors dons et extérieurs, devrait se résorber progressivement de 2,6% du PIB en 2021 à 1,3% du PIB en 2022 et à 1,0% du PIB en 2023, alors que le déficit du compte courant hors dons devrait se stabiliser à 5,1% en moyenne annuelle sur la période. Les réserves de change en mois d’importations des biens et services devraient se consolider au cours de cette période pour s’élever à 5,34 en 2023, contre 4,52 en 2021 et 4,78 en 2022».
Toutefois, «ces perspectives économiques sont tributaires de l’évolution de la pandémie de Covid-19, de ses effets sur l’offre et la demande globale au niveau mondial et de la Sous-région», prévient l’institution bancaire sous-régionale qui entend, pour sa part, actionner trois leviers. Il s’agit de «l’orientation des politiques macroéconomiques qui sera déterminante pour l’évolution de la situation économique dans la Cemac ; de l’assouplissement de la politique monétaire, mais surtout de la stimulation budgétaire. Ce sont ainsi des vecteurs de relance économique importants, dans un contexte d’incertitude et de morosité de l’activité économique», conclut alors la Beac.
Théodore Ayissi Ayissi
Baisse du volume des crédits bancaires au premier semestre 2020
«Le volume des nouveaux crédits accordés par les établissements de crédit a baissé de 11,2% en glissement annuel».
En présentant ce bilan le 26 novembre dernier dans le «Bulletin des statistiques sur les coûts et les conditions du crédit dans la Cemac», la Beac ne s’est pas simplement contentée de généralités ou d’un constat global. Bien au contraire. La banque centrale s’est voulue précise et a d’ailleurs donné comme indication complémentaire que «ce volume s’est fixé à 3066,3 milliards FCFA au 30 juin 2020 contre 3471 milliards FCFA pour la même période en 2018», précise alors le document en question.
Même si l’institution bancaire sous-régionale a observé «une légère hausse du flux mensuel du crédit au mois de juin 2020, soit 451,9 milliards FCFA», il reste tout de même que «le premier semestre de l’année 2020 s’est globalement inscrit sous le signe d’une récession de l’activité économique du fait des effets de la crise sanitaire», déplore la Beac. Et dans le Bulletin des statistiques sur les coûts et les conditions du crédit qu’elle vient de rendre public, la banque centrale fait alors savoir que «pour l’ensemble des six pays, l’essentiel de l’offre de crédits demeure le fait des banques commerciales (98,65% de l’encours total); l’activité des établissements financiers étant marginale».
Pour le constat fait, en outre, au cours de la période sous revue, la Banque des Etats de l’Afrique centrale donne également comme indications que le volume des crédits en zone Cemac comprend plusieurs composantes. Pour l’essentiel, on peut retenir qu’il «se décompose en crédit par caisse (2 422,5 milliards FCFA) et d’engagements par signature (643,8 milliards FCFA)», a alors résumé l’institution bancaire sous-régionale.
Théodore Ayissi Ayissi
Détérioration de la compétitivité-prix des économies de la Cemac
«La compétitivité-prix des économies de la Cemac, appréciée à partir du taux de change effectif réel (TCER) global 1, s’est détériorée au cours du T3/2020, comme au T2/2020».
C’est la principale information qui transparait de la «note sur le taux de change effectif réel (TCER) au troisième trimestre 2020» publiée sur le site Internet le 16 novembre dernier, de la Banque des États de l’Afrique centrale.
Et pour être encore plus précise, la banque sous-régionale indique qu’«au T3/2020, les économies de la Cemac ont enregistré des pertes de positions concurrentielles sur les marchés internationaux. Puisque la compétitivité s’est dégradée sur le front des importations (+0,3%), dont les effets ont été atténués par une amélioration de la compétitivité sur le front des exportations (-0,2%)».
De façon plus détaillée, on apprend de la note de la Beac qu’au cours du 3e trimestre de l’année en cours, «l’évolution du TCER des exportations montre une dépréciation de l’ordre de seulement 0,2%. Cette situation est notamment due à l’effet combiné de la dépréciation du taux de change effectif nominal (TCEN) des exportations (-1,9%) et du faible niveau d’inflation des pays de la Cemac par rapport aux principaux concurrents». Mais dans le même temps, «le TCER des importations s’est accru de 0,3 % entre le T2/2020 et le T3/2020». Et pour la Beac, «La variation de la position concurrentielle concernant les importations s’explique par l’appréciation du franc CFA par rapport aux monnaies des principaux fournisseurs dont les effets ont été atténués par le différentiel d’inflation favorable aux pays de la Cemac par rapport à ses plus grands fournisseurs, notamment les États-Unis et l’Inde», révèle l’institut d’émission de la monnaie en Afrique centrale.
S’agissant précisément du franc CFA et de ses effets sur la compétitivité-prix des pays de la Cemac, l’institution bancaire sous-régionale se fait aussi fort de souligner qu’en raison de la dépréciation, en terme nominal, de la monnaie sous-régionale par rapport aux monnaies de la majorité de ses principaux partenaires commerciaux , «le TCEN s’est inscrit en hausse de 1,8% au T3/2020, contre 2,3% au T2/2020». D’après la note de la Beac en effet, le FCFA «s’est apprécié vis-à-vis du dollar américain (+6,9%), du yuan (+3,9%), de la livre sterling (+2,6%), et de l’euro (+1,3%)».
Théodore Ayissi Ayissi
Décote des produits de base de la Cemac sur le marché international
«Les cours enregistrés sur les marchés des produits de base ont affiché un repli dans l’ensemble, en raison d’une baisse générale des cours aussi bien des produits énergétiques que des produits non énergétiques».
Voilà un cliché saisissant du marché international tel qu’il a été perçu par la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) en 2019. De façon globale, ce constat, qui tient d’une conjoncture économique mondiale défavorable, permet de se fixer sur la valeur des principaux produits exportés par la Cemac au cours dudit exercice. Dans le rapport annuel 2019 publié ce 12 novembre 2020 par la banque centrale, on apprend notamment qu’«en moyenne annuelle, l’indice des cours des produits de base exportés par la Cemac a reculé de 10,0%, du fait principalement d’une baisse des cours des produits énergétiques (-12,3%), des produits forestiers (-5,1%) et des produits de la pêche (-4,2%)».
S’agissant précisément de la contribution des différents produits à l’indice composite des cours des produits de base, la banque centrale note, pour s’en satisfaire, «une hausse des cours des produits agricoles (+1,1%) et une stabilité des prix des produits de pêche, des métaux et des minéraux (0,0%)», révèle le rapport. Cela dit, ces cours ont été influencés par un certain nombre de facteurs que la Beac a pris le soin d’identifier. Au rang de ceux-ci, l’institution bancaire sous-régionale fait figurer «l’escalade des tensions commerciales entre les USA et la Chine; la faiblesse de la demande en Europe et en Asie; les sanctions américaines contre l’Iran et le Venezuela; la hausse de la production américaine; mais aussi la demande croissante pour certains produits tels que la viande bovine et l’huile de palme».
Théodore Ayissi Ayissi
Orange Cameroun : Frédéric Debord, le patron activiste
Le directeur général d’Orange Cameroun vu d’ici et d’ailleurs. À la lumière de ses récentes prises de position sur la taxation des téléphones portables et tablettes au Cameroun.
Il y a quelques jours, le patron d’Orange Cameroun a fait entendre sa parole dans l’embrasure de l’actualité relative à la taxe sur les téléphones portables au Cameroun. Dans une interview publiée par le site digitalafrica.com, le directeur général d’Orange Cameroun se veut brutal, survolté et ouvertement politique. «S’agissant de l’implémentation de la collecte des droits et taxes de douane prévue par l’article 7 de la Loi des finances 2019, sa mise en œuvre opérationnelle ne pourra être effective qu’une fois les obstacles juridiques, techniques et opérationnels levés», dit-il. Le Français s’applique ainsi avec zèle à rester parmi les premiers de la classe dans la contestation des lois de la République et des décisions gouvernementales. Il existe pourtant des instances de dialogue consacrées, en l’occurrence le Cercle permanent de Consultation public/privé pour le secteur des Postes et télécommunications, où tous les problèmes dudit secteur sont débattus.
Pour Frédéric Debord, le contournement des instances de dialogue instituées se prolonge d’un activisme judiciaire remarquable. Illustrations : il n’a pas cru devoir respecter la décision n°00000248/ MPT/ CAB/ IGT/ CT2 du 26 novembre 2019 déterminant les conditions et les règles d’exploitation de la ressource Ussd pour l’accès à la plateforme nationale d’agrégation des communications électroniques. Il a saisi la Tribunal administratif du Littoral d’une requête aux fins de sursis à exécution de cette Décision en date du 15 janvier 2020. Il se trouve que par ordonnance du 28 juillet 2020, la Tribunal a déclaré que ladite requête «n’est pas justifiée et est en conséquence rejetée».
Autre illustration : le même, tout en donnant des gages de «la connectivité entre Orange Cameroun et Campost, travaux qui ont effectivement démarré depuis le mois de mars 2020», a saisi le Tribunal Administratif de Douala pour ce qu’il considère comme un «différend d’interconnexion» qui oppose son entreprise à Campost, pour obtenir un «sursis à exécution de la décision n°00000071 /ART /DG /DAJPC/CRCCEA1/PA du 24 mars 2020 rendue par l’ART, infligeant une pénalité de 300.000.000 FCFA à Orange Cameroun au titre de sanction pour refus d’interconnexion à Campost».
Curriculum Vitae
Sur les limbes de Google, son CV tente de se reconstituer et se raconter. Ce qu’un œil attrape vite c’est qu’il est passé chez le marocain Inwi et d’autres opérateurs tels que Ooredoo Koweït ou encore Altice et Orange Slovaquie. Ce que, furtivement, un autre œil attrape c’est ce qu’écrivait en septembre 2015 le site La Tribune Économie et Finance. Selon le média marocain, «le Conseil d’administration de l’opérateur télécom Inwi, réuni vendredi 18 septembre dans l’après-midi, a annoncé sa décision de remercier son directeur général Frédéric Debord, après des résultats jugés insuffisants. Cette décision était attendue par la majorité des observateurs, notamment après la nomination de Nadia Fassi-Fihri comme PDG en juin dernier, décision pressentie comme l’annonce d’une future mise à l’écart de M. Debord, aujourd’hui effective. Mme Fassi-Fihri, et le prochain DG, dont la nomination ne devrait pas tarder, auront donc pour tâche d’insuffler une nouvelle dynamique à l’opérateur, longtemps renfloué par ses actionnaires».Juste un pas! Frédéric Debord prêta sa langue au micro de lavieco.com où, emphatique, il déclara: «Inwi se porte bien. Nous sommes dans une phase ascendante et nous avons réussi à nous imposer comme le challengeur alternatif. Nous sommes le deuxième opérateur en termes de chiffre d’affaires et notre parc clients a atteint la taille critique nécessaire qui nous permet de nous projeter dans l’avenir avec une plus grande confiance. La décision a été prise lors du dernier conseil d’administration et pour la première fois dans l’histoire de la société, de verser des dividendes aux actionnaires (300 millions de dirhams) au titre de l’exercice 2014. Le versement de dividendes est l’aboutissement d’un long processus de consolidation de notre modèle économique qui a mis Inwi dans des conditions de bonne santé financière. Maintenant nous nous projetons dans le futur, comme en atteste le montant des investissements que nous ferons dans les cinq prochaines années. Inwi sera donc un acteur incontournable dans l’accession du Royaume aux hauts débits».
Mêmes mots
Après cette bataille médiatique, il quitta quand même le Royaume chérifien. Là-bas, il montra son sens de la manip. Un jour, dans economie-entreprises.com, il fit valoir: «nous allons axer notre stratégie sur l’expérience client et non sur la technologie ou le prix. Ce qui compte pour nous est que le client Inwi puisse surfer confortablement sur Internet via son smartphone, en ayant une accessibilité plus importante et plus fluide en datas. Aujourd’hui, les téléphones sont devenus de réels supports audiovisuels. Il est très important pour nous que notre client puisse visionner sa vidéo avec la bonne vitesse et sans interruption».Au Cameroun, il est engoncé dans sa veste de président de l’AOTMC (Association des opérateurs de téléphonie mobiles du Cameroun). Une association créée de toutes pièces pour mieux habiller son caractère frondeur. Sous cette casquette, il parle plus fort que les autres opérateurs, et appelle à briser le monopole reconnu par la Loi à Camtel, pour l’exploitation de la fibre optique. Alors que les autres opérateurs se font plus discrets sur le sujet. Pourquoi ? Certainement parce qu’il sait tirer partie des ressorts de la «diplomatie économique», en s’appuyant sur l’ambassadeur de France au Cameroun. Celui-ci, «habitué» du Palais de l’Unité, va jusqu’à obtenir que le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, reçoive le DG d’Orange Cameroun.
Surenchère
Quelques esprits ont été démesurément surpris, en découvrant un jour de 2018, une petite annonce rédigée de la sorte: manager accompli qui a passé l’essentiel de sa vie dans le monde des télécoms. C’est que, en prenant le fauteuil de Elisabeth Medou Badang à la tête de la filiale camerounaise du Groupe Orange, il n’était pas très connu, du moins son caractère. Devant lui, certains passent leur chemin, consternés. D’autres battent les mains devant un style managérial survolté aux tendances psychotiques et des épisodes nerveux. Ceux qui l’ont côtoyé disent que, régulièrement, il se fait marrer lui-même pour mieux faire marrer les autres. Encore fraiches dans les mémoires, ses rixes avec l’ART. Face au régulateur camerounais du secteur des télécoms, il s’était convaincu qu’il avait, lui seul, le bon réseau.La préférence pour des démarches de couloir/coulisses. Soit en pariant sur des relations tissées dans les lieux de pouvoir (Secrétariat général des services du PM). Chez certains observateurs avertis, on voyait là un exercice de style de la part d’un homme qui a pour bagage professionnel le commandement façon coloniale. Là-bas, on tirait du coup la conclusion que ses humanités en Sciences Po ne lui ont jamais été d’une grande aide.
Néanmoins, à son actif, il a réussi à convaincre en haut-lieu. Ses entrées au secrétariat général de la présidence de la République ou des services du premier ministre aidant. «Nous sommes convaincus qu’il est possible d’optimiser le recouvrement des droits et taxes de douane sur les terminaux mobiles, sans pour autant fragiliser nos entreprises. Nos technologies sont aujourd’hui utilisées pour faciliter la collecte de droits et taxes divers pour plusieurs administrations publiques. C’est le cas pour la collecte de la taxe foncière ou pour le paiement de frais scolaires et des frais universitaires par Mobile Money. Nous pouvons capitaliser sur ces expériences couronnées de succès pour développer une solution alternative de collecte de taxes et droits de douane sur les terminaux mobiles, sans pour autant handicaper les entreprises de téléphonie mobile», peut-on lire dans le mémorandum qu’il a signé. Last but not the least, il réussit à faire passer sa recette: «une plus grande protection des consommateurs, un mécanisme de paiement contrôlé par le client, et une communication intense sur le dispositif convenu».
Affaire
Et là, Frédéric Debord se fait planter par une autre expertise: «La compréhension des opérateurs de téléphonie mobile au Cameroun soutenant que l’État a différé la collecte des droits et taxes de douane sur les terminaux mobiles qui ne seraient plus payés au moment de l’importation, mais plutôt lors de l’utilisation de l’appareil; acquittés non pas par l’importateur, mais plutôt par l’utilisateur final; collectés non pas par l’administration des douanes, mais plutôt par les sociétés de téléphonie mobile, est erronée et ne trouve pas son fondement dans la règlementation en vigueur», laisse entendre cette expertise. Selon celle-ci, «le gouvernement de la République, à travers la législation en vigueur n’exclut pas le paiement des droits et taxes de douanes au moment de l’importation (cela étant d’ailleurs la règle), mais donne également la possibilité de le faire lors de l’utilisation de l’appareil (ce qui constitue une exception); donne la possibilité tant à l’importateur qu’à l’utilisateur final de s’acquitter des droits et taxes de douanes; confie la mission de recouvrement des droits et taxes de douanes aux opérateurs de téléphonie mobile, conformément à l’article 9 alinéa 2 de la loi n° 2010/013 du 21 décembre 2010 régissant les communications électroniques, modifiée.Cette loi est complétée par la loi n° 2015/006 du 20 avril 2015 disposant que “la concession est octroyée à toute personne morale qui s’engage à respecter les dispositions de la présente loi, les clauses du cahier des charges, ainsi que les dispositions générales portant sur les modalités de contribution aux missions générales de l’État…”. L’État reste ainsi dans son rôle régalien de collecteur de l’impôt et peut fixer des modalités de contribution des opérateurs de téléphonie mobile à cet exercice». Et la BEAC comme refuge commode du DG de Orange Cameroun ne saurait justifier le non- respect des clauses de la Convention de concession liant les opérateurs de la téléphonie mobile à l’Etat du Cameroun, à savoir : «le concessionnaire est soumis au respect des lois et règlements en vigueur au Cameroun, aux décisions et directives de l’Agence pendant la durée de la concession, sans préjudice des sanctions prévues par la loi». Fréderic Debord le sait mieux que tout le monde.
Rémy Biniou
Crise sanitaire : regain d’optimisme pour la Cemac et la Beac
Le président de la Commission de la Cemac et le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) ont entamé depuis quelques jours une tournée dans la sous-région.
Pr Daniel Ona Ondo Tels des missionnaires répandant l’espérance sur leur passage, Daniel Ona Ondo et Abbas Mahamat Tolli sont allés prêcher à Bangui et Malabo le 21 octobre dernier, et à Ndjamena et Libreville le 16 octobre dernier, la bonne nouvelle de l’impact relatif de la pandémie du Covid-19 en Afrique centrale. Dans les quatre capitales où les hauts responsables communautaires ont déjà fait escale, ils ont présenté, chiffres et arguments à l’appui, les nouvelles perspectives économiques sous-régionales aux chefs d’État.
Pour l’essentiel, on retient alors que «la catastrophe annoncée du fait de l’impact de la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 sur les économies de la sous-région ne devrait finalement plus avoir lieu», ont indiqué les deux responsables.
Selon la compréhension qu’il se fait de l’évolution positive de la situation, le président de la Commission de la Cemac fait notamment valoir que ce sont «les décisions prises au niveau national, combinées avec celles prises au niveau de la Communauté pour faire face aux crises économique et sanitaire, qui commencent à porter leurs fruits. Elles ont en effet permis d’en juguler les effets», se félicite le dirigeant communautaire.De son côté, Abbas Mahamat Tolli s’inscrit également dans la logique d’un optimisme retrouvé et met pour sa part en avant les perspectives réjouissantes qui sont désormais celles de la sous-région. «Nous continuons à avoir un bon niveau de réserves. Soit 70% de couverture. En outre, nous observons également un assainissement des finances publiques. Aujourd’hui, de l’avis de tous les oracles, la récession ne devrait être que de courte durée.
D’ailleurs, tout le monde table d’ores et déjà sur une reprise à partir de cette année», a indiqué le gouverneur de la Beac. C’était à l’attention de chacun des chefs d’État les ayant reçus en audience au cours de leurs séjours dans les différentes capitales sous-régionales. Le cap est désormais mis sur Brazzaville et surtout sur Yaoundé, la capitale camerounaise, où devrait également les recevoir le président camerounais, Paul Biya, le président en exercice de la Cemac.
TAA
Les banques réticentes aux conditions d’intervention de la BEAC
La Beac a procédé, le 12 octobre dernier, à une nouvelle injection de liquidités dans la sous-région.
Comme pour les deux premières opérations, l’institution communautaire a recouru à un appel d’offres en vue d’introduire, à nouveau, dans le circuit économique de la Communauté, un montant de 50 milliards FCFA. Seulement, et dès la deuxième opération, on a bien senti que l’enthousiasme et l’engouement des banques avaient été douchés, puisque «seules trois banques avaient participé et n’avaient réussi à capter que 26 milliards FCFA sur le 50 milliards proposés par la banque centrale», indique une source proche de l’institution bancaire.
En cause, une exigence de la Beac jugée trop contraignante par les acteurs du secteur bancaire opérant dans l’espace communautaire. Pour ainsi dire, les banques reprochent à l’institut d’émission de la monnaie en Afrique centrale une décision en date du 22 juillet dernier de son Comité de politique monétaire (CPM). Ce jour-là, l’organe sous-régional avait fait en sorte que «l’accès à ces refinancements ne soit réservé qu’aux banques qui s’engagent à ne pas réduire leur portefeuille de crédit à l’économie». Or, en raison du contexte de crise sanitaire et des risques encourus, on avait déjà observé une baisse d’au moins 20% du financement de l’économie en août dernier.
Dans l’entendement de la banque centrale, pourtant, «les injections de liquidités à long terme visent principalement à offrir aux établissements de crédit les ressources stables dont ils ont besoin pour compenser la perte des dépôts de la clientèle induite par la crise et couvrir leurs emplois à moyen terme, notamment en ce qui concerne l’offre de crédit à la clientèle», avait fait valoir en son temps, Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Beac.
Théodore Ayissi Ayissi
L’Umac et la Beac s’inquiètent pour les économies de la sous-région
Les perspectives économiques de la sous-région ne rassurent pas encore tout le monde. Sans être totalement pessimistes, l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac) et la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) se disent toutes les deux encore inquiètes au sujet de la conjoncture sous-régionale et mondiale.
Tahir Hamid Nguilin, président statutaire du Comité ministériel de l’Umac et du Conseil d’administration de la Beac Dans deux communiqués de presse distincts signés le 17 et le 18 septembre dernier, les deux institutions livrent leur sentiment sur la question et tiennent au final le même langage. «Examinant la conjoncture économique et financière récente des États membres de la Cemac et les perspectives à court et moyen termes, le contexte économique sous-régional et mondial demeure empreint d’incertitudes», ont laissé entendre les deux institutions sous-régionales.
Mais L’Umac et la banque centrale ne sont pas seulement d’accord sur le contexte et les perspectives, les deux institutions le sont également sur les causes. Elles sont notamment sur la même longueur d’onde pour imputer cet état des choses à la crise sanitaire actuelle. L’une et l’autre font par exemple prévaloir qu’il demeure toujours difficile de mesurer et d’évaluer «les impacts prévisibles de la pandémie de Covid-19 sur la croissance», toutes choses qui rendent la situation volatile.
Pour toutes ces raisons, les deux institutions communautaires appellent alors à «une grande vigilance dans le suivi infra-annuel de l’évolution des différents agrégats macroéconomiques». Elles l’ont fait savoir par la main de Tahir Hamid Nguilin, ministre tchadien des Finances et du Budget, et président statutaire du Comité ministériel de l’Umac et du Conseil d’administration de la Beac. Les deux instances ont tenu leurs sessions par visioconférence, respectivement le 17 et le 18 septembre dernier.
TAA
Baisse de 15% des cours des produits de base exportés par la Cemac
Les recettes, et partant les devises liées à l’exportation ont connu une baisse dans la sous-région au cours du premier trimestre de l’exercice budgétaire en cours.
Dans un document publié récemment par la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) et qui porte sur l’évolution des cours des principaux produits de base exportés par la Communauté au cours de la période indiquée, on apprend que cette baisse est de l’ordre de 14,9%. À ce propos, la banque centrale fait savoir que «l’indice global des produits de base exportés par les pays de la Cemac a régressé après une hausse de 2,1% au trimestre précédent». L’institution bancaire sous-régionale se fait d’ailleurs fort de préciser à ce sujet que cette situation prévaut surtout en raison «d’une chute généralisée des cours des produits énergétiques et non énergétiques, due principalement aux incertitudes liées aux effets de la crise de la Covid-19».
S’agissant, dans un premier temps, des produits énergétiques, la banque sous-régionale pointe un doigt accusateur sur les cours à l’international du pétrole brut. L’institution bancaire fait justement observer sur ce point que, «le prix du baril de pétrole brut est revenu de 60,3 dollars au 4e trimestre de l’exercice précédent, à 49,1 dollars au 1er trimestre 2020, tirant l’indice vers le bas». La baisse s’est alors située à 19,3%. Pour les produits non énergétiques, ils ont connu, selon les observations de la Beac, une légère hausse de 0,5%. D’après les analyses de la banque centrale, cette hausse repose globalement sur «le marché des métaux et minéraux (+2,8%), et des produits de la pêche (+1,2%). Par contre, les produits forestiers et agricoles se sont contractés de respectivement 0,5% et 0,1%» renseigne le document.
Théodore Ayissi Ayissi
250 milliards FCFA de la Beac au profit de la sous-région
La Beac veut à nouveau venir en aide aux agents économiques en activité dans l’espace communautaire.
Dans un avis d’appel d’offres rendu public le 8 septembre dernier, l’institution bancaire a porté à l’attention des investisseurs actifs sur sa plateforme financière son intention de passer par une opération d’envergure. Par la main de son vice-gouverneur, la banque centrale a alors indiqué vouloir procéder «au lancement d’une opération principale d’injection de liquidités sur le marché monétaire d’un montant de 250 milliards FCFA», a précisé à ce sujet Evou Mekou.
À en croire le vice-gouverneur, l’intervention de la Beac sur le marché des titres publics va durer jusqu’au 17 septembre prochain et a d’ailleurs déjà donné lieu à une première opération. Un communiqué de l’institution sous-régionale du 9 septembre dernier, et portant sur les résultats de l’appel d’offres lancé un jour plus tôt, renseigne sur les contours de cette première sollicitation. Et ainsi que le fait savoir le vice-gouverneur, Evou Mekou, «cinq participants ont déjà permis de lever un montant total de 42 337 milliards FCFA, pour un taux de participation s’élevant à 10,41% et un taux de souscription se situant à 16,93%».
Au moment de communiquer le 8 septembre dernier, quoi qu’il en soit, la Beac a pris le soin d’indiquer les conditions de participation des soumissionnaires à l’appel d’offres. Pour l’essentiel, on retient que «le taux minimum (TIAO) est de 3,25%, pour des appels d’offres dont le type est à taux variables (offres fermes). Par ailleurs, le nombre d’offres maximum par soumissionnaire est de cinq», a détaillé le vice-gouverneur, en faisant savoir dans la foulée que la date limite de soumission pour la première opération était fixée au 9 septembre dernier.
TAA
Évaluation des réformes de la Cemac : La fin de la complaisance budgétaire!
D’une Cemac des hydrocarbures et des ajustements constants à une Cemac dynamique et créatrice d’emplois, de richesses et de croissance! On pourrait s’amuser à paraphraser en ces termes la mission du Programme de réformes économiques et financières de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Pref-Cemac).
Rendue à sa troisième année, la structure dont les actions, depuis le triple choc de 2014, doivent concourir, à la stabilisation du cadre macroéconomique et la réalisation d’une transformation structurelle des économies, vient de livrer son rapport annuel 2019.
L’action du programme a connu une montée en puissance certaine, traduite par l’amélioration nette des scores sur toutes les cibles. Trois années après sa mise en eau, 1 an après le sommet extraordinaire de la Cemac de Yaoundé en 2016, la montée en puissance du Pref-Cemac et son année 2019 symbolisent surtout la santé relative retrouvée.
Le Pref-Cemac est aussi le visage d’une Cemac qui s’accroche viscéralement à protéger la viabilité de sa monnaie et peine à faire exploser son exceptionnel potentiel économique et humain pour créer plus de richesses, d’emplois et donc d’opportunités. La diversification économique et l’optimisation des structures économiques sont des visées admises et validées. Mais la production pétrolière demeure un élément majeur de bonne performance économique. Le rapport annuel 2019 traduit cette image!
Le dossier proposé par le journal Intégration tire avantage de la présentation du rapport annuel 2019 pour dresser la situation des réformes économiques et financières de la Cemac et leur appropriation par les États.Au cours de l’année 2019, les six États de la Cemac ont globalement amélioré la mise en application des mesures visant la réduction des déficits publics.
Les résultats obtenus au terme de l’année 2019 par le programme de réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac) traduisent une certaine assiduité dans le respect de la discipline économique et financière par les 6 États de la Cemac. De manière schématique, 6 réformes sur 10 (au moins) ont été complètement mises en œuvre par les États selon le rapport annuel 2019.
Dans la maitrise d’actions du Pref-Cemac, les piliers où on observe une bonne performance des États sont ceux qui ont trait à la bonne santé des comptes publics. Il s’agit des piliers 1, 2 et 5. Il s’agit des actions de réforme des politiques budgétaires (pilier 1), politique monétaire et système financier (pilier 2) et coopération internationale (pilier 5).
Structure
Le pilier des politiques budgétaires connait une performance de 90,3%. Ce score est acquis grâce aux mesures visant la réduction des subventions aux entreprises mises en œuvre par 3 pays sur 6. La maitrise de la masse salariale concourt également à cette bonne performance: 4 pays sur 6 ont initié des actions en ce sens. En outre, les pays ont agi pour sécuriser les recettes fiscales et douanières. Le tableau ci-contre précise les scores par objectifs de ce premier pilier.Le pilier 2 sur la politique monétaire et le système financier réalise une note globale de 74,7%. La reconstitution des réserves de change en est le fait majeur: elles sont passées de 3 776,7 milliards FCFA en 2018 à 4 371,5 milliards FCFA en 2019, soit une hausse de 16% entre 2018 et 2019. Avec le renforcement de l’autonomie de la banque centrale par l’adoption des statuts qui consacrent l’interdiction des financements directs de la banque centrale aux États, la politique monétaire a été améliorée. Pour ce qui est du système financier, on peut évoquer la redynamisation des marchés financiers à travers la restructuration et l’optimisation des structures du marché financier unifié (régulateur, bourse et dépositaire central unique). On a également la réforme de la Banque de développement de l’Afrique centrale (BDEAC) qui repart avec des résultats nets bénéficiaires depuis bientôt 3 ans.
Le pilier 5 renvoie à la coopération internationale et porte non seulement sur la négociation et la conclusion des partenariats avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, mais aussi sur la tenue de toutes les revues. Sa note globale annuelle est de 100%.
Optimisation
Un autre indicateur qualitatif vient magnifier la bonne année 2019 du Pref-Cemac. Depuis son entrée en opérationnalisation, il s’agit des meilleures performances que les États aient pu réaliser. L’évaluation à fin 2019 des actions mises en œuvre dans le cadre du Pref-Cemac indique une note globale de 63,3 points, en augmentation de 17,5 points par rapport au résultat de 2018 (45,8 points) sur l’ensemble des piliers du programme avec des performances plus ou moins importantes, d’un pilier à l’autre. Par rapport à l’ensemble des cibles du Pref-Cemac à l’horizon 2021, le taux de réalisation obtenu en 2019 est de 61,4%. En fin 2018, ce taux de réalisation était de 44,5%. À la conférence de presse de présentation du rapport annuel 2019 du Pref-Cemac, le 3 septembre 2020, le secrétaire permanent de ladite structure explique que ces résultats mettent en lumière «une accélération de la mise en œuvre du programme en 2019».Transformation structurelle
Mention médiocre
Avec 44,6% d’implémentation de mutations des structures économiques, les États de la Cemac demeurent toujours englués dans le cercle vicieux.
Le défi structurel urgent des pays de la Cemac est bien celui de la diversification économique et partant de l’industrialisation. Cette conviction, partagée par l’ensemble des partenaires et les États eux-mêmes, est constante depuis au moins 2014, lorsque les prix des matières (notamment le pétrole) ont chuté sur le marché international.
Pourtant, depuis 2018, date du début d’évaluation des réformes économiques dur Pref, les réformes structurelles sont en timide implémentation. Au terme de l’année 2019, elles n’ont connu que 44,6% de mise en œuvre. C’est le pilier le moins performant!
Mobiles
Plusieurs facteurs pourraient justifier cette situation: l’orientation d’ajustement budgétaire des programmes de première génération avec le FMI; l’absence de ressources financières suffisantes pour induire une industrialisation conséquente; l’omniprésence du secteur public; l’étroitesse du cadre macroéconomique pouvant aménager un environnement accommodant de compétitivité…Toutefois, on constate que les réformes d’amélioration du climat des affaires piétinent; l’orientation partenariat public privé se met timidement en place; un consensus national et sous régional sur la compétitivité (filières de production et de croissance, chaine de valeurs, spécialisation et complémentarités, priorisation) reste inexistant.
Pr Michel-Cyr Djiena Wembou a expliqué la performance de ce pilier au cœur des réformes de la Cemac à la conférence de presse du 3 septembre 2020. Il indique que «les États n’ont pas toujours mis en place, de manière vigoureuse, les réformes qui concourent à l’amélioration du climat des affaires, à la diversification des économies et au renforcement du capital humain, facteur important pour l’amélioration de la productivité. En effet, seulement 37,9% des actions à mener jusqu’en 2021 ont été accomplies pour ce pilier».
La situation est inquiétante et le rapport va plus loin dans la démonstration de cette conclusion. Sur des cibles primordiales telles que la diversification, le développement du secteur privé ou encore le financement alternatif des économies, toutes les notes par objectif sont inférieures à la note globale. La diversification économique et le développement du secteur privé enregistrent 42,2%. En matière de développement des formes alternatives de financement des économies, les États enregistrent une note globale de 33,9%.
Seule la performance sous régionale de l’amélioration du climat des affaires connait une performance au-dessus de la note globale sous régionale et au-dessus de la moyenne: 54,6%.
Pour le secrétaire permanent du Pref Cemac, beaucoup restent à faire sur ce pilier qui est central dans la transformation des économies de la Cemac». Michel-Cyr Djiena Wembou suggère d’ailleurs que, en plus des mesures prévues dans le Pref-Cemac, il serait de bon ton que l’obligation de transformation locale de plus de 85% des grumes de bois, qui est appliquée par presque tous les pays de la zone, soit étendue à toutes les matières premières exploitées dans l’espace Cemac».
BO
Le Pref permet à la Cemac de disposer d’une instance appropriée pour la prise de décisions rapides et concertées
Les efforts ont davantage été portés sur les ajustements budgétaires et financiers afin de satisfaire les conditionnalités nécessaires au décaissement des ressources financières, et non sur les politiques et réformes structurelles
Professeur titulaire des facultés françaises de droit et de sciences politiques, muni d’une riche carrière de fonctionnaire international au service du développement de l’Afrique, Michel-Cyr Djiena Wembou, est depuis 2017, secrétaire permanent du Programme de réformes économiques et financières de la communauté économique des États de l’Afrique centrale (Pref-Cemac). Dans un entretien dense, lucide et exclusif au journal Intégration, il dresse le bilan des réformes menées au cours de l’année 2019 et souligne les insuffisances remarquées.
Pr Michel-Cyr Djiena Wembou Monsieur le secrétaire permanent, le rapport annuel sur la mise en œuvre du Pref-Cemac indique que l’année 2019 était la plus prolifique. La performance d’exécution sous régionale est de 63,3 points, par rapport à la note globale et 90,1 points pour les cibles du programme. En pourcentage, les résultats de l’ensemble des piliers par objectif se situent à 70,2%. Qu’est-ce qui explique l’amélioration des résultats par rapport à 2018?
La mise en œuvre du Pref-Cemac, comme la mise en œuvre des programmes en général, a connu sa phase de montée en puissance en 2017 et 2018, avant de prendre sa vitesse de croisière en 2019 avec la réalisation de plusieurs activités. Les résultats de 2019 sont soutenus par des faits marquants.Depuis sa mise en place, le Pref a bénéficié d’un accompagnement important des plus hautes autorités de la Cemac. Cet accompagnement s’est matérialisé par la tenue régulière des sessions du Comité de pilotage avec, à chaque fois, la mobilisation effective de tous les ministres des Finances, de l’Économie et de l’Intégration des pays de la Cemac. La tenue régulière de ces sessions, sous la présidence de monsieur Gilbert Ondongo, ministre d’État, ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Portefeuille public de la République du Congo, a permis un suivi régulier et méticuleux des différents dossiers. Des échanges francs avec toutes les parties prenantes, et notamment avec les partenaires techniques et financiers, les représentants du patronat d’Afrique centrale et des sociétés multinationales opérant dans la zone Cemac, ont aussi permis le bon dénouement des situations parfois épineuses. Le Pref permet ainsi à la Cemac de disposer d’une instance appropriée pour la prise de décisions rapides et concertées sur l’accélération des réformes structurelles et le renforcement de l’intégration physique et commerciale.
Les principales réalisations faites dans le cadre du Pref-Cemac à ce jour sont assez concrètes et visibles, et leurs impacts sur la situation économique de nos pays sont manifestes.De nombreuses avancées ont été réalisées. Sans être exhaustif, nous pouvons mentionner: la reconstitution des réserves de change de la Cemac; l’ouverture du dialogue avec les sociétés exploitant les ressources naturelles dans la zone Cemac en vue du rapatriement des recettes d’exportation; la priorisation des projets intégrateurs et la mobilisation des bailleurs en vue de leur financement; la fusion effective des deux marchés financiers de la sous-région, l’achèvement de la réforme de la Bdeac; la mise en œuvre effective de la libre circulation des personnes et des biens; la conclusion et l’application par tous les États membres des programmes économiques et financiers soutenus par le FMI; ainsi que l’adoption par les États membres d’une série de mesures visant à réduire l’ampleur importante de leur déficit budgétaire observée au début de la crise qui a secoué la sous-région.
L’entrée en programme avec le FMI du Congo et de la Guinée Équatoriale peut-elle également être considérée comme une contribution significative à part entière?
Les chefs d’État avaient prescrit en décembre 2016, lors de leur Sommet extraordinaire de Yaoundé, la conclusion à brève échéance des programmes financiers avec le FMI. La mise en œuvre de cette recommandation a connu quelques difficultés dans certains pays du fait des conditions et des préalables à remplir avant la signature des programmes financiers. La persévérance et la détermination de tous les États ont permis qu’en 2019 tous les pays de la Cemac soient sous programme avec le FMI. L’entrée sous programme avec le FMI du Congo et de la Guinée Équatoriale a contribué à la réalisation de 100% de l’objectif du pilier 5 du Pref-Cemac, qui porte sur la coopération internationale. Une chose est d’entrer en programme avec le FMI et une autre est d’évaluer ces programmes pour savoir si les objectifs ont été atteints. Dans cette perspective, les ministres membres du Comité de pilotage (Copil) du Pref-Cemac ont prescrit l’élaboration d’un nouveau cadre stratégique pour les accords de seconde génération avec les partenaires techniques et financiers, qui devraient désormais être orientés vers la croissance et la lutte contre la pauvreté, afin de renforcer la résilience de nos économies et de contribuer à l’amélioration véritable des conditions de vie des populations.Le rapport 2019 fait observer que les piliers 5, 1 et 2 enregistrent les meilleures performances du Pref avec respectivement 100%, 90,3% et 74,7%. On pourrait y conclure que les États de la Cemac sont studieux dans la mise en œuvre des mesures d’ajustement et de stabilisation budgétaires au cours de la période sous revue. Pourtant, on remarque que les États ont de la peine à respecter les critères de convergence de la surveillance multilatérale. Bien plus, les 4 États qui achèvent les programmes économiques avec le FMI n’ont pas retrouvé la viabilité budgétaire, si l’on s’en tient aux importants déficits budgétaires identifiés dans leur loi de finances. A-t-on caché la situation réelle des pays de la Cemac?
Non, absolument pas. La situation réelle de la Cemac ne peut être cachée. Nos partenaires techniques et financiers ont des moyens de vérifier notre situation macroéconomique. Ces partenaires participent aux réunions du Copil et si la situation que l’on présente n’était pas la réalité, ils trouveraient les moyens de marquer leur désapprobation.
Pour revenir à votre question, il faut se pencher sur la mission du Pref ainsi que sur les objectifs que la mise en œuvre des actions poursuit. Les actions et initiatives prévues dans la matrice du Pref devaient permettre un redressement rapide de notre situation macroéconomique. Cette situation est aujourd’hui en partie redressée; la croissance est de retour; les réserves de change ont un niveau acceptable. Les autres actions du Pref devraient permettre de consolider cette embellie retrouvée. Il devrait s’en suivre une situation budgétaire beaucoup plus viable, et le respect des critères de convergence devrait donc s’améliorer pour les pays. Je pense que cette dynamique a été enclenchée et est en cours de se consolider. Les différents rapports de surveillance multilatérale vont dans ce sens. En 2016 avant la mise en œuvre du Pref, aucun pays de la Cemac ne respectait tous les critères de convergence. Aujourd’hui, la situation est beaucoup plus reluisante. Sur chaque critère, deux ou trois États les respectent. Le meilleur reste donc à venir, il faut continuer à travailler.
Pouvez-vous nous faire le point sur les réformes structurelles qui ont enregistré de faibles performances dans l’évaluation du Pref-Cemac pour l’année 2019?
À fin 2019, ce pilier est celui sur lequel des efforts restent à faire en termes de réalisations. Les États n’ont pas toujours mis en place, de manière vigoureuse, les réformes qui concourent à l’amélioration du climat des affaires, à la diversification des économies et au renforcement du capital humain, facteur important pour l’amélioration de la productivité. En effet, seulement 37,9% des actions à mener jusqu’en 2021 ont été accomplies pour ce pilier. En ce qui concerne en particulier l’objectif général 9 qui porte sur le renforcement de la diversification économique et le développement du secteur privé, seulement 36,9% des actions prévues jusqu’en 2021 ont été réalisées.Pour l’objectif général 10, en rapport avec l’amélioration du climat des affaires, 41% des mesures prévues par rapport à la cible 2021 ont été réalisées. Enfin, en ce qui concerne l’objectif général 11, relatif au développement des formes alternatives de financement des économies, 33,9% des actions prévues ont été réalisées. Il reste beaucoup à faire sur ce pilier qui est central dans la transformation des économies de la Cemac. Toutes les actions restantes sont mentionnées dans la matrice du Pref et dans le présent rapport annuel. En plus des mesures prévues dans le Pref-Cemac, il serait de bon ton que l’obligation de transformation locale de plus de 85% des grumes de bois, qui est appliquée par presque tous les pays de la zone, soit étendue à toutes les matières premières exploitées dans l’espace Cemac.
La note globale du pilier 1 sur les politiques budgétaires est passée de 12,5 points en 2018 à 16,7 points en 2019, en augmentation de 4,3 points. Qu’est-ce qui explique cette performance et que reste-t-il à faire pour accélérer la réforme des politiques budgétaires dans la zone Cemac?
Cette augmentation est portée par l’amélioration de la coordination des politiques budgétaires (+3,3 points), le renforcement de la politique fiscale (+0,8 point) et la rationalisation et amélioration de la qualité de la dépense publique (+0,1 point). Un retard de 1,8 point est actuellement observé par rapport aux objectifs du programme à fin 2019 (18,5 points).Dans le cadre de l’harmonisation des règles budgétaires, les États ont procédé à l’application des règles de la surveillance multilatérale ainsi qu’à la transposition et à la mise en œuvre des nouvelles directives des finances publiques adoptées par le Conseil des ministres de l’UEAC en 2011. S’agissant de l’amélioration de la coordination des politiques budgétaires, il convient de relever, entre autres, les projets de filets sociaux qui ont été mis en œuvre au Cameroun, en RCA, au Congo et au Tchad; deux pays ont procédé à la réorientation des dépenses en capital vers des projets prioritaires ayant un impact sur la santé, l’éducation et l’eau.
Par contre, des lenteurs et des difficultés ont été enregistrées dans l’élargissement de l’assiette fiscale, l’adoption des lois/décrets portant suppression des exonérations exceptionnelles et des facilités douanières non pertinentes, souvent accordées en violation des principes d’efficacité et d’équité. Peu d’actions ont été menées pour promouvoir et développer la fiscalité foncière. Un seul pays a pris un décret portant suppression des agences, fonds, et entreprises publiques non opérationnelles, inefficaces et budgétivores. Voilà les domaines sur lesquels les efforts devront être déployés pour les deux prochaines années.
Monsieur le secrétaire permanent, avec 61,1%, l’intégration régionale, pilier 4, signe un taux de réalisation annuelle honorable. Mais sur le terrain la mobilité des personnes et des biens par voie terrestre est demeurée un calvaire tout au long de l’année. Certains ont développé une phobie pour les corridors sous-régionaux. Comment le Pref-Cemac perçoit-il l’effectivité du marché commun?
Le processus de construction de l’intégration est long et fastidieux. Il vous souvient que c’est en 2013 que les chefs d’État, lors de leur Sommet de Libreville, avaient pris l’Acte additionnel n° 01/13 — CEMAC —° 70-U-CCE-SE portant suppression du visa pour tous les ressortissants de la Cemac circulant dans l’espace communautaire. C’est en 2017 que les décisions d’application effectives ont été prises par tous les États. C’est dire que certaines décisions prennent du temps à se matérialiser. Principalement sur cette question de la libre circulation, il y a en arrière-plan des questions de sécurité importante qu’il faut intégrer compte tenu du contexte actuel de la persistance des poches d’insécurité. Aujourd’hui, la libre circulation est effective au niveau des frontières aériennes, et il faudrait s’en féliciter. Au niveau des frontières terrestres, il y a encore du travail, notamment la construction des postes-frontière communs, la mise en place des brigades mixtes de contrôles sur les corridors, la formation des agents de police et de douane en service sur les corridors régionaux et bien d’autres.Pour la libre circulation des biens et la promotion de l’intégration commerciale, la Cemac avait pris, depuis 2008, un règlement communautaire sur la création des Comités nationaux de l’origine. Ces Comités ont pour mission d’identifier, selon les critères bien établis, les produits devant avoir le label «origine Cemac» afin de circuler librement. Seul le Cameroun avait créé son Comité national de l’origine en 2011. C’est en 2019 que les autres pays ont créé leur comité national de l’origine. Vous comprenez bien qu’il y a certaines pesanteurs qui freinent ou ralentissent l’accélération de l’intégration. Mais le Copil du Pref-Cemac a adopté une série de décisions et recommandations pour lever progressivement les différents obstacles qui freinent la construction du marché commun. Celles-ci font l’objet d’un suivi régulier à chacune des réunions ministérielles et les choses avancent. Même si le processus est plutôt lent et fastidieux.
Les programmes économiques de deuxième génération avec le FMI et la Banque mondiale pointent à l’horizon et les orientations stratégiques ont été données par le Comité de pilotage. Il y a du travail Monsieur le secrétaire permanent. Car il y a la relance post-Covid19 à assurer pour retrouver la croissance et la stabilité. Mais encore, il faudra de la projection pour accroitre par exemple le niveau de revenu global. En termes de compréhension des orientations stratégiques (recours à la dette pour financer), d’appui financier, d’appui-conseil… Les principaux partenaires sollicités ont-ils les disponibilités nécessaires pour accompagner cette ambition?
La directrice générale du FMI a déclaré, lors du Sommet du G20 en mars 2020, que le FMI détenait plus de 1 000 milliards de dollars US de capacité de prêt et pouvait déployer l’entièreté de cette somme si le besoin se présentait. Le plan de relance post-Covid 19 de la Cemac, en cours de finalisation, ne devrait pas trop s’éloigner de celui des unions économiques comme la nôtre, qui est d’environ 10 milliards de dollars. Si on prend en plus les projets intégrateurs de près de 4 milliards de dollars, on se situe à moins de 20 milliards de dollars, bien loin de ce que le FMI seul peut prêter à la planète entière. Et ce n’est que le FMI que nous avons pris dans notre réponse. Il y a encore la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, et bien d’autres institutions financières et techniques qui peuvent être sollicitées, à l’instar de la Banque Islamique de développement, des partenaires bilatéraux et surtout des investisseurs privés qui souhaitent de plus en plus faire des affaires avec nos pays. Notre ambition ne souffre d’aucune contrainte dans ce sens. Nous nous focalisons sur les effets induits de nos programmes et projets et travaillons à ce que tout soit prêt dans les délais les plus brefs.Dans ce sillage, les 11 projets intégrateurs prioritaires arrivent en consolidation pour mettre en réseau le marché communautaire en termes d’infrastructures de transport pour la liaison, du marché sous-régional de l’électricité, du capital humain. Vous préparez la table ronde de Bruxelles pour tenter de mobiliser plus 2000 milliards FCFA destinés au financement de la réalisation de ces projets. Comment se déroule le processus?
Il convient de rappeler que le Sommet extraordinaire des chefs d’État, qui s’est déroulé à Yaoundé le 22 novembre 2019, a approuvé les douze projets intégrateurs prioritaires sélectionnés par le Comité de pilotage du Pref-Cemac, compte tenu de leur état de maturité, et prescrit une mission de mobilisation de ressources financières auprès des bailleurs et des partenaires techniques et financiers en vue de la réalisation effective de ces projets dans les meilleurs délais possible. Le Copil du Pref-Cemac a été chargé de prendre les dispositions nécessaires en vue de la tenue de la table ronde des bailleurs dans les meilleurs délais possibles, pour le financement des onze projets intégrateurs.J’ai l’insigne honneur et le plaisir de vous annoncer que tous les documents de travail ainsi que les dossiers techniques et les fiches de projets sont finalisés et disponibles pour la Table ronde sur les 11 projets intégrateurs de la Cemac qui se tiendra à Bruxelles les 16 et 17 novembre 2020. L’objectif principal de cette table ronde est la mobilisation de près de 2563,4 milliards FCFA pour la réalisation desdits projets.
Nous avons déjà enregistré un intérêt croissant des partenaires techniques financiers et des principaux bailleurs de fonds pour leur participation à cet évènement important. Et l’espoir est donc permis. Un cabinet spécialisé dans la communication sur les tables rondes a été recruté par les soins de la BAD et accompagne son organisation. Toutes les dispositions ont été prises par la Commission de la Cemac pour que celle-ci se déroule parfaitement. Nous tenons des réunions régulières sur le sujet et dans ce sens-là, une délégation de la Cemac va participer du 5 au 9 octobre à Paris, à la conférence Infraweek organisée par le ministère français de l’Économie et des Finances sur le financement des projets d’infrastructures dans le monde. Le but sera de mettre en avant la Cemac et son attractivité d’une part, et d’autre part de mobiliser les bailleurs en vue de leur participation effective et constructive à la table ronde de Bruxelles.
À la fin de la présentation des avancées du Pref-Cemac en 2019, pouvez-vous nous donner quelques indications sur les perspectives, compte tenu notamment des effets néfastes de la pandémie de la Covid-19 sur les économies des pays membres de la Cemac?
La mise en œuvre du Pref-Cemac a été globalement satisfaisante au cours de l’année 2019. Mais il convient de préciser que les actions engagées doivent être poursuivies, pour consolider les acquis obtenus après trois années d’ajustement structurel. Des mesures importantes, dont certaines sont pourtant inscrites dans le Pref-Cemac avec un calendrier précis de réalisation, n’ont pas été mises en œuvre par les États ou les institutions communautaires concernées, ou ont fait l’objet d’une exécution lente et insuffisante au regard des objectifs fixés.Ces mesures portent sur les points suivants: la priorité à accorder à l’amélioration des recettes budgétaires non pétrolières, plutôt qu’à la diminution des dépenses publiques; la poursuite de l’amélioration de la qualité de la dépense publique; le renforcement de la bonne gouvernance et de la redevabilité; la priorité à accorder au financement du secteur privé et en particulier au remboursement de la dette intérieure et au paiement des arriérés dus aux PME et aux PMI; la transformation locale des ressources naturelles et le développement des chaines de valeur; l’accélération de l’intégration physique et commerciale; le renforcement de la transparence et de la rigueur dans les procédures relatives à la programmation des investissements publics, ainsi qu’à la sélection et à l’exécution des projets.
Les actions restantes du Pref, à réaliser en 2020 et 2021, représentent 38,6% de l’ensemble du programme, soit en moyenne des efforts de 19,3% à fournir au cours de chacune de ces années (soit plus que les progrès enregistrés en 2018). Il en résulte que pour garantir la réalisation des objectifs du Pref à l’horizon 2022, les parties prenantes devraient redoubler d’efforts pour finaliser les actions déjà engagées, voire accélérer la mise en œuvre de celles qui ne l’ont pas encore été.
Il convient néanmoins de relever qu’en dépit de signes prometteurs, la transformation structurelle des économies tarde à prendre corps, malgré la mise en œuvre effective des programmes conclus avec ces divers partenaires. Les efforts ont davantage été portés sur les ajustements budgétaires et financiers, afin de satisfaire les conditionnalités nécessaires au décaissement des ressources financières, et non sur les politiques et réformes structurelles.
Cette nécessité de prendre en compte des aspects liés à la croissance, au développement et à la transformation structurelle des économies de la Cemac a été également réaffirmée par les ministres membres du Comité de pilotage (Copil) du Pref-Cemac lors de la 3e session extraordinaire du 28 mars 2020. À cet effet, les ministres ont chargé la Commission de la Cemac, la BEAC, la BDEAC et le Pref-Cemac «de définir les principes généraux relatifs aux nouveaux accords à conclure avec ces partenaires qui devront dépasser les objectifs de stabilisation financière, pour mettre l’accent sur la croissance et le développement».
Interview réalisée par
Bobo OusmanouLe Congo inquiète ses créanciers de la Cemac
Le Congo est en train de traverser une grave crise de la dette. Alors que plusieurs indicateurs semblent promettre des lendemains meilleurs pour des pays de la sous-région comme le Cameroun, Brazzaville, pour sa part, inquiète encore les partenaires au développement et les agences de notation.
Le siège de la Cemac à Bangui La dernière institution à s’être manifestée à ce propos est Standard and Poors Global ratings (S&P). Le 4 septembre dernier, l’agence américaine a «dégradé la note souveraine de la République du Congo sur sa dette à court et à long terme», provoquant par le fait même l’inquiétude des bailleurs de fonds internationaux et des créanciers de la sous-région. Ainsi qu’ont tenu à le préciser les experts de S&P, la note souveraine du Congo est passée «de B — et B avec des perspectives négatives à CCC+ et C qui est une caractéristique d’une dette à risques élevés de non-remboursement».
Sur la foi des détails donnés par l’institution américaine, on sait désormais qu’«après une forte contraction cette année, le pays restera en récession en 2021, alors que les dommages causés par la crise actuelle sur le secteur non pétrolier persistent et ne sont pas entièrement compensés par une légère augmentation de la production et des prix du pétrole» a fait prévaloir Standard and Poors. La situation est désormais d’autant plus préoccupante qu’en juin dernier, Moody’s avait également exprimé des inquiétudes au sujet du niveau de la dette du Congo. L’agence de notation avait alors dégradé la note du pays pour la faire passer à «ultra spéculative».
La crainte à ce stade pour Brazzaville est que cette dégradation de sa note souveraine ait un impact sur les négociations en cours avec les institutions de Bretton Woods. On se souvient qu’en décembre 2019, le FMI avait déjà suspendu les discussions avec les autorités congolaises et avait proposé à la place, le recours à un programme de réformes économiques. Si l’éventualité de la suspension des négociations devait se confirmer, cela aura forcément des répercussions graves sur les créanciers de la sous-région. Tout de même, ceux-ci pourront compter sur la Beac qui a lancé, depuis le 22 juillet dernier, une opération de rachat de la dette des États. Cette option n’est toutefois pas une panacée.
TAA
Déjà de bons points pour la nouvelle réglementation de change
La Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) peut se frotter les mains. L’institution bancaire sous-régionale est tout simplement en passe d’atteindre l’objectif à la base de l’adoption de la nouvelle réglementation de change en zone Cemac.
Avec désormais 6201 milliards FCFA rétrocédés au 31 décembre 2019 par les banques secondaires, la Beac note qu’il y a «une hausse d’environ 89% par rapport à 2018. L’année dernière, les banques en activité dans l’espace Cemac n’avaient rétrocédé à la banque centrale que 3277 milliards FCFA».
Mais le principal motif de satisfaction de la banque centrale est que cette tendance haussière des rétrocessions à son profit s’est confirmée en s’accroissant au premier semestre de l’exercice en cours. «À fin juin 2020, les rétrocessions des banques se chiffrent à 4182 milliards FCFA, soit près du double du montant perçu au cours de la même période l’année dernière», s’est félicitée la Beac. L’institution bancaire a d’autant plus de raisons de le faire que, selon les indications qu’elle a faites, «ce niveau représente 127% du total des montants rétrocédés en 2017 et près de 67 % du total de 2019».
L’autre bonne nouvelle que la sous-région peut également mettre sur le compte de la nouvelle réglementation est l’impact positif que cela a sur les réserves de change de la Communauté. À en croire la Beac, celles-ci sont à date, «établies à 4348 milliards FCFA, contre 3277 milliards FCFA un an plus tôt». Mais pour la banque centrale, tous ces bons résultats ne sont pas le fait du hasard. «Ils sont imputables aux activités de contrôle sur pièce et sur place menées par la Beac depuis le début de l’année 2020, et des sanctions appliquées aux contrevenants», a indiqué en guise de mise en garde, l’institution sous-régionale.
TAA
100 FCFA : La pièce qui fait problème à Yaoundé
Depuis près de 4 ans, le Cameroun fait face à une pénurie de pièces de monnaie. Avoir 100 FCFA et emprunter un taxi devient de plus en plus difficile pour les populations de la capitale.
« Poste 100 FCFA… tu as les pièces ? ». C’est à cela que se résume les échanges entre les taximen et les Yaoundéens, lorsqu’on se place dans les arrêts-taxis. Un refrain qui vient décrire la situation que rencontrent les usagers de la route avec la pénurie de petites monnaies dans la ville de Yaoundé.
Pour emprunter désormais un taxi, il faut avoir de la petite monnaie sur soi, au cas contraire marcher à pied. «J’ai été obligé de marcher un jour de la Poste centrale jusqu’à mon quartier, Nsimeyong pour défaut de 250 FCFA. Or, je tenais un billet de 500 FCFA», affirme Abdou Haman. Si pour cet usager la faute revient au chauffeur de taxi qui, probablement a des pièces de monnaie, la même réaction est observée du côté des chauffeurs. «Certains ont même de la petite monnaie, mais trouve toujours bon de brandir d’abord leur gros billet pour un trajet qui ne coûte même pas le tiers de la somme à payer. Nous vivons tous cette situation et chacun fait de son mieux pour vaquer à ses activités», s’exprime Kouéga Barthélémy, chauffeur de taxi.
Pour plusieurs usagers, «Ce qui fait problème c’est surtout la pièce de 100 fcfa. Car, elle est la plus utilisée». Prendre un taxi à 300 FCFA veut dire en avoir plusieurs de 100 FCFA. Il est facile de faire de la monnaie de 50 FCFA lorsqu’on tient en main 200 fcfa. Pourquoi depuis plus de 3 ans ce problème ne trouve pas de solution, malgré les cris des populations.
Rappelons qu’en novembre 2019, la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) annonçait un allègement de cette situation en mettant en circulation un surplus de pièces de monnaie. «Nous avons annoncé la mise en circulation de ces unités de monnaies au courant de ce mois de novembre et se sera fait», a rassuré Abbas Mahamat Tolli , le 8 novembre 2019, lors de la session du Comité de politique monétaire de la Banque centrale. Une mise en circulation qui jusqu’ici ne résout pas le problème des usagers de la route. Surtout dans une ville comme Yaoundé, où aller en taxi est l’un des moyens primordiaux pour faire ses courses. Les conséquences de cette pénurie sont entre autres, le retard dans les lieux de service, les embouteillages dans les arrêts-taxis et le manque de rendement pour les chauffeurs de taxi.
Joël Godjé Mana (stagiaire)
La Cemac, entre baisse des crédits et hausse des taux débiteurs en 2019
L’offre de crédit n’a pas été abondante au sein de la Cemac au cours de l’exercice 2019. Dans un rapport publié sur son site internet le 20 août dernier, la Beac fait à ce sujet un double constat.
Dans un premier temps, l’institution bancaire observe qu’au cours du second semestre de l’exercice considéré, «l’enveloppe globale des nouveaux crédits consentis à l’économie par les établissements de crédit dans la sous-région a connu une baisse. Le montant total des nouveaux prêts mis en place au cours de la période concernée s’élevant à 3 668,95 milliards FCFA, en baisse de 3,32% par rapport au niveau enregistré au semestre précédent où ce montant s’élevait à 3 798,58 milliards FCFA», explique le rapport.
Dans le même temps, la banque centrale relève que les taux débiteurs moyens pratiqués par les structures bancaires de la sous-région sont, pour leur part, en hausse. «Ils s’élèvent à 8,92%, contre 8,19% en moyenne au semestre précédent», précise la Beac. Mais à en croire l’institution communautaire, ces taux correspondent à une réalité et à une dynamique saisonnière. En d’autres termes, ceux pratiqués depuis déjà plusieurs exercices connaissent habituellement une augmentation dans la seconde moitié de l’année. Et sur la foi des détails fournis dans le rapport, cet état des choses est surtout dû, en 2019, «aux banques dont le taux moyen est passé de 8,14% à 8,84%, mais aussi à la forte demande et à l’offre de crédit généralement relevée au cours de ces périodes de l’année», a également fait prévaloir la banque sous-régionale.
De façon globale toutefois, cette double tendance s’explique par un contexte macroéconomique marqué par une politique monétaire restrictive et une croissance encore fragile. Dans le compartiment de l’offre de crédit par exemple, la Beac note que «l’essentiel des nouveaux crédits est accordé par les banques, qui concentrent près de 99,29% de part de marché, représentant un montant de 3 637,71 milliards FCFA». Quant aux établissements financiers, leur activité demeure moins significative. Ils représentent seulement 0,71% de part de marché, soit un total de 26,04 milliards de nouveaux prêts accordés principalement aux grandes entreprises et aux PME. Et ce sont précisément les prêts aux PME, ainsi qu’aux particuliers, qui demeurent les plus onéreux, soit respectivement 11,29% et 18,31% pour la Cemac.
TAA