INTÉGRATION RÉGIONALEMAIN COURANTE

Prolongement de la transition : la colère des étudiants tchadiens de Yaoundé

Les cops de l’Université catholique d’Afrique centrale (UCAC), de l’Institut universitaire Siantou, des universités de Yaoundé I et II souhaitaient voir un civil diriger cette phase. Ils craignent que les années de transition ne se transforment en pouvoir perpétuel.

 

L’intelligentsia tchadienne de Yaoundé a le sentiment d’être roulée dans la farine par Mahamat Idriss Déby Itno, l’actuel président ayant succédé à son feu père. Selon les étudiants de plusieurs universités rencontrés ce 6 octobre 2022, la convocation du grand du Grand dialogue national était simplement une occasion pour le clan au pouvoir de gagner en temps. Pour ces derniers, le point nodal de tout le dialogue était basé sur la tête de l’exécutif. Et les deux ans accordés au fils Déby consacrent en réalité le coup de force qu’il perpètre depuis le décès de son père. «Il nous a bien eu ce type en organisant le grand dialogue. C’est un leurre parce qu’il recherchait l’assentiment du peuple. Pour couper court, qui pourra l’enlever du pouvoir alors qu’il a des grands soutiens comme la France», déclare Etienne Ndjomdji, étudiant en master en système d’information à (l’UCAC).

 

Réactions

Ce jeudi 6 octobre 2022 est jour de rentrée solennelle à l’UCAC. Un groupe de Tchadiens rencontrés n’a pas la tête à la fête. Parmi eux et majoritairement, ils sortent fraîchement du pays. Ils sont affligés par la nouvelle du prolongement de deux ans de la transition. L’on lit sur les visages, de la tristesse. Gaspards refuse de décliner son identité. Il fait toutefois savoir qu’«il avait fondé beaucoup d’espoir dans le Dialogue national inclusif en vue du retour d’une paix définitive. Mais tel que les choses se passent, l’avenir est encore sombre», évoque le nouvel étudiant de la Faculté des sciences de gestion à l’UCAC. Son frère tout à côté ajoute que «mon père était septique dès le début. Surtout lorsque les vrais opposants civiles ont boycotté le dialogue». Il parle en fait du virulent opposant civil Succès Masra. Indride Loubah, étudiante à l’Institut Siantou ne cache pas non plus son mécontentement. La jeune dame voit une résurgence d’autres groupes rebelles dans les mois à venir. Parce que «le seul moyen pour être considéré dans notre pays est d’avoir les armes», martèle-t-elle.

Mais certains de ses compatriotes, à l’instar d’Olivier de Djoukougnoum, ancien étudiant en science économique à Soa, ou encore de Yéranga étudiant en master en droit de l’homme, ne sont pas surpris. Assis tout près d’un kiosque de transfert d’argent, ils sirotent leurs boissons. Et ils lancent des piques aux nouveaux. «Vous êtes des bleus dans les études et vous êtes aussi des bleus dans la vie politique. Cherchez votre vie c’est tout», disent-ils. Faris avait également espoir, surtout avec le discours prononcé par Moussa Faki Mahamat. Le président de la Commission de l’Union africaine dont le but était «de voir les civils au pouvoir». Mais fulmine le comptable, les militaires «ont tenu à confisquer le pouvoir».

 

Pro-Déby

Tous ne sont pas déçus des conclusions du débat. Les partisans de Déby comme Hassan et Aziz de l’Institut Siantou saluent la tenue de ce dialogue. Il a permis aux enfants du Tchad de se parler.

 

André Gromyko Balla

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