Ambassadeurs accrédités au Cameroun : Visa conforme

Alors qu’une certaine opinion locale estime que la réception des lettres de créance des chefs de missions diplomatiques par le président de la République est une exigence promue par la Constitution, quelques lignes de la Convention de Vienne font valoir le contraire.

Lejeune Mbella Mbella et Thierry Marchand

Thierry Marchand était l’hôte de Lejeune Mbella Mbella le mardi 11 octobre 2022 à Yaoundé. En sa qualité d’ambassadeur de France nouvellement accrédité au Cameroun, le militaire est allé présenter les copies figurées de ses lettres de créances au ministre camerounais des Relations extérieures (Minrex). Dans la mouvance de cette actualité, il revient immédiatement à l’esprit que Christophe Guilhou (le prédécesseur de Thierry Marchand) avait présenté ses lettres de créances à Paul Biya lui-même le 24 septembre 2019 à Yaoundé. La chronique diplomatique locale signale par ailleurs que ce jour marque la dernière apparition du chef de l’État recevant des lettres de créance d’ambassadeurs. À ce jour plus d’une vingtaine sont attentes de remplir cette formalité, du moins ce rituel diplomatique.

Dans leur épaisseur interprétative, quelques analystes voient en l’attitude de Paul Biya un «mépris des conventions diplomatiques internationales». Selon ces analystes qui mettent un point d’honneur sur l’article 8 alinéa 4 de la Constitution camerounaise du 18 janvier 1996, «parce que accrédités auprès de lui, c’est au président de la République que les chefs de mission diplomatique devraient présenter leurs lettres de créance; à défaut lesdits ambassadeurs exercent dans l’illégalité».

Que non !, rétorque la cellule de communication du Minrex, en s’inspirant de l’article 13 de la Convention de Vienne du 18 avril 1961 sur les relations diplomatiques. Dans don alinéa 1, ledit article dispose en effet que «Le chef de la mission est réputé avoir assumé ses fonctions dans l’État accréditaire dès qu’il a présenté ses lettres de créance ou dès qu’il a notifié son arrivée et qu’une copie figurée de ses lettres de créance a été présentée au Ministère des affaires étrangères de l’État accréditaire, ou à tel autre ministère dont il aura été convenu, selon la pratique en vigueur dans l’État accréditaire, qui doit être appliquée d’une manière uniforme».

«Paul Biya n’est donc pas en train de ruser avec la Convention de Vienne», commente Florence Dikoume. Selon l’internationaliste, «Il n’y a pratiquement pas de refus des lettres de créance, car les gouvernements du Cameroun et ceux dont les ambassadeurs sont accrédités au Cameroun se sont mis d’accord avant l’envoi de leurs ambassadeurs». Bien plus, énonce Florence Dikoume, «uniquement sur la base de la seule présentation des copies figurées des lettres de créance en tant que document diplomatique qui officialise l’entrée en fonction d’un ambassadeur, ce dernier peut demander une audience au chef de l’État ou du gouvernement, aux présidents des assemblées. Il peut également donner des interviews».

Ongoung Zong Bella

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