Poulets, poissons et huiles végétales : L’offre s’amenuise, les prix grimpent
Le jeu de prévisions des économistes repose sur le risque de voir la tendance s’aggraver pendant et après les fêtes de fin d’année.
Au marché Mvog-Ada (Yaoundé 4e), c’est le cauchemar pour les consommateurs de poulets. «Ils sont intouchables! Pour le poisson, c’est le feu!», s’alarme une ménagère. Au marché d’Ekounou (toujours dans le 4e arrondissement de la capitale), certains détaillants de poissons n’ont pas osé afficher les prix, tellement ils donnent le vertige: 1700 FCFA le kilogramme de maquereau (variété «Oya Oya). Dans cet espace marchand, c’est le cauchemar des consommateurs achetant par petites quantités. «Moins de poissons, plus de légumes et beaucoup de créativité»: c’est avec ce mantra en tête que une ménagère fait son marché. «Je suis au rouge. J’ai juste les moyens d’acheter des arachides, que je mélange avec des légumes ou des pommes de terre», explique-t-elle. Entre temps, les devantures de poissonnerie ne sont plus que d’immenses files d’attente. En cette matinée du 3 décembre 2021, une clameur s’élève devant une enseigne. Des femmes se bousculent, espérant obtenir le kilogramme de sardine à 1500 FCFA. Au lieu-dit «Madagascar» (Yaoundé 2e), les prix des huiles végétales ont subi de fortes poussées. «Désormais, c’est 1300 FCFA le litre», renseigne un commerçant. «Du jamais vu !», grince un collectif de consommateurs sur les réseaux sociaux.
Perspectives
Pour les spécialistes, c’est de mauvais augure. «Habituellement, les prix augmentent d’environ 0,3 à 1% lors de la saison des fêtes de fin d’année, puis reviennent à des valeurs plus raisonnables après la première semaine de janvier. Mais là, on est parti pour une assez longue période à cause des soubresauts générés par la pandémie du Covid-19 à l’international», postule Abdoulaye Fumagalli, élève-ingénieur statisticien à l’Institut sous- régional de statistiques et d’économie appliquée de Yaoundé. Alarmiste lui aussi, Marc Toubou Kamga abonde dans le même sens. Pour cet enseignant de macroéconomie et membre de l’Observatoire camerounais des conjonctures économiques, «ces prix de folie observés sur les marchés des grandes métropoles laissent apparaître que l’inflation est plus violente en zones rurales et cette situation pourrait s’étaler sur au moins 4 mois à compter de décembre courant».
Jean René Meva’a Amougou