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Manaouda Malachie : assigné à résistance

by Intégration

Depuis qu’il officie comme ministre de la Santé publique (Minsanté), faits et méfaits quotidiens obligent l’homme à se tailler une identité particulière au sein de l’opinion publique nationale.

Le minsanté

Une nomination symbolique pour incarner la diversité camerounaise ? Ou bien une promotion destinée à faire des contrepoids à l’image trop décriée d’un gouvernement de vieillards ? L’on voudrait bien savoir. Et très vite, on cède à la tentation de dire qu’en le nommant le 4 janvier 2019, Paul Biya a vu en Manaouda Malachie (50 ans) le profil d’un ministre de la Santé publique (Minsanté) capable de rester de marbre face à la force des scandales. Peut-être aussi, Paul Biya dans ses grimoires politiques, a bien voulu se servir de Manaouda Malachie pour rendre spectaculairement manifeste à l’observateur, tout le grand désordre entretenu dans les centres de santé au Cameroun.

L’actu aidant, on dirait que Paul Biya n’a pas été raté sa cible. La preuve : le 10 mars 2023, quand on lui annonce qu’un nouveau-né est mort calciné dans une couveuse à l’hôpital régional de Nkongsamba, Manaouda Malachie a choisi le silence comme mode d’expression par rapport à cette affaire. Il n’est pas superflu de rappeler qu’après avoir pris connaissance du «thriller» survenu dans la nuit du 30 au 31 mars 2023 à la maternité de l’hôpital Laquintinie à Douala, Manaouda Malachie s’est personnellement rendu dans la capitale économique . Là-bas, personnellement, il est allé coacher quelques-uns des acteurs dans leur façon de débiter publiquement des contradictions.Dans son élan de communicateur de crise, le Minsanté propose même aux lanceurs d’alerte et à la presse de considérer qu’il n’y a pas eu vol de bébé. Et donc, prenez l’affaire comme un non-scandale. Face aux caméras et micros, Manaouda Malachie tient bon, en faisant montre d’une majesté et d’une prestance hors du commun, comme sur le plateau de Actualités Hebdo, le 16 avril sur l’antenne télé de la CRTV.

USC
Les mêmes traits, il les a affichés le 12 avril 2023 à Bertoua. Dans le chef-lieu de la région de l’Est, monsieur le Ministre est allé «lancer la phase I de la Couverture Santé universelle (CSU)». Sur le lieu de la cérémonie, le discours de Manaouda Malachie déclare : « le niveau d’enrôlement ce jour dans la région de l’Est, qui totalise plus de 7000 personnes enrôlées dans la plateforme dédiée à cet effet, alors même que nous ne lançons qu’aujourd’hui l’étape des enrôlements, témoigne du potentiel de la demande des soins et services ». Au vrai, monsieur le ministre campé sur deux versants. Le premier : faire de la longue attente de la CSU un sujet de propagande politique. Le deuxième ; montrer que l’Bref, le discours est plaisant aux oreilles de quelques militants politiques. Tout à côté, contre le même discours, de nombreux citoyens lancent une charge agressive. Ceux-là pensent qu’à la date de son lancement au Cameroun, la CSU est plus épuisée que jamais à force d’avoir été galvaudée, trahie er dévoyée par des scandales. Celui qui s’affiche vite à leur souvenir est la scène ubuesque du 21 mai 2021 à la maternité de l’Hôpital central de Yaoundé. Ce jour-là, Manaouda Malachie réalise qu’au Cameroun, où l’on a longtemps parlé de «Santé pour tous en l’an 2000», des femmes ayant accouché peinent encore à solder des ardoises allant de 43 000 FCFA à 150 000 FCFA. Pour enfumer l’opinion publique, le Minsanté va exploiter la puissance des symboles.Séance tenante, il demande la libération d’une dizaine de mères et de nourrissons « scellés » par la direction de l’Hôpital central de Yaoundé. Pr Fouda, directeur de cette formation sanitaire, renseigne même que,

Toujours au sujet de la CSU, ceux qui connaissent bien le dossier disent que le Minsanté a fait le choix de mettre en touche son partenaire technique coréen Sucam (Société santé universelle Cameroun). « C’est à travers les médias que cette société avec laquelle l’État du Cameroun a signé un contrat de Partenariat Public-Privé pour l’implémentation de ce projet sur 17 ans a appris le lancement prochain de ladite première phase. La crise est d’autant plus sérieuse que de nouveaux partenaires arpentent déjà les couloirs du Minsanté pour financer et implémenter la CSU», écrit le site d’informations lurgentiste.com. Et d’autres citoyens comme Dr Albert Ze d’interroge: «Monsieur le Minsanté, pourquoi vous évitez d’Et pourquoi avez-vous mis à l’écart l’entreprise Sucam que vous avez vantée lors de la signature du contrat ? » Là, Manaouda Malachie semble avoir distribué avec distribué les verges pour se faire battre. Mais, c’est sans compter avec son caractère de baroudeur. Dans une réponse à un journaliste à Bertoua le 12 avril 2023, il estime que les critiques d’une certaine classe intellectuelle procèdent d’une mauvaise foi. Et puis, sur le coup, monsieur le ministre ne manque pas de se demander si ces procureurs drapés dans le savoir ont seulement lu ce dont ils parlent avec tant d’aplomb… c’est sans compterle coup, monsieur le ministre ne manque pas de se demander si ces procureurs drapés dans le savoir ont seulement lu ce dont ils parlent avec tant d’aplomb… c’est sans compter avec son caractère de Ministre ne manque pas de se demander si  ces procureurs drapés dans le savoir ont seulement lu ce dont ils parlent avec tant d’aplomb…

COVID-19 [féminin
Au 5 avril 2023, l’on signalait déjà trois rapports d’audit des fonds Covid par la Chambre des Comptes. Une actualité tournée en dérision par un internaute : « j’ai finalement compris que le PR avait fait un don à ses enfants ministres avec notre argent en nous mentant que c’est pour nous sauver de Covid ». À ce sujet, tout un programme de recherche s’ouvre. Il consiste, en premier lieu, à analyser comment ce scandale s’est transformé en simple affaire. Comment, autrement dit, une accusation publique, faite par une institution publique de renom, semble mise sous le boisseau ?Seconde direction de recherche : Celle qui consiste à tenter de mieux comprendre comment, à l’inverse, le scandale des fonds Covid ne se transforme toujours pas en affaire ? Comment, dit autrement encore, le Minsanté, l’un des accusés ne se défend pas et n’est défendu publiquement par personne ? ou du moins, comment sa défense ne procède-t-elle qu’à l’aide de dénégations et jamais par contre-accusations ?

À force d’encaisser les « balles » salles de la Chambre des Comptes, Manaouda Malachie développe une stratégie : laisser prospérer le commerce et la rumeur à son sujet. Dans sa démarche, le Minsanté repère, de façon systématique, toute action destinée à rendre publiques certaines transgressions. Cela passe par une stratégie de conservation et de contrôle institutionnel. Lorsque nous lui demandons par exemple de nous éclairer sur le loyer mensuel de 12 millions FCFA versé au titre de la location des locaux du bâtiment dit Ancien Orca, Manaouda reste de marbre. Selon son entourage, cette façon lui permet de conserver son aura d’« arbitre » placé « hors des luttes contingentes à la gestion des fonds Covid ».

Jean-René Meva’a Amougou

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