La nécessite de la fusion CEEAC-Cemac
Par Ibrahima Halilou, Ph/D en Droit public, chef du Département adjoint de la libre circulation au sein de l’OBSIC-AC.

Conscients des enjeux de la mondialisation et de la nécessité de consolider une identité de la sous-région Afrique centrale au sein de la Communauté internationale, les chefs d’États et de gouvernement de cet espace ont entrepris un processus de transformation de leurs Communautés économiques régionales. Ils se sont résolus à donner une impulsion nouvelle et décisive au processus d’intégration en Afrique centrale à travers la mise en place en 2015 du Comité de Pilotage de la rationalisation des Communautés économiques régionales en Afrique centrale (COPIL/CER-AC), chargé de conduire le processus de création d’une nouvelle Communauté dans notre sous-région. La finalité de cette action serait celle de la satisfaction des aspirations des peuples de cet espace.
Composé des experts des onze États de l’Afrique centrale, des institutions et agences d’exécution de la Cemac et de la CEEAC, le COPIL/CER-AC a inscrit ses travaux dans le cadre global du processus de renforcement de l’intégration économique régionale adopté par l’Union africaine, en prélude à la création d’un marché commun africain. Face aux options pour la fusion, notamment la «fusion-constitution» et la «fusion-absorption», les experts ont penché pour la première. Ils justifient ce choix par la nécessité de partir sur la base des acquis des deux CERs pour bâtir la nouvelle Communauté.
Toute chose qui conduira probablement à l’addition de la Cemac qui compte six États membres avec la CEEAC qui en comptent onze. C’est le lieu de préciser que tous les États membres de la Cemac sont également membres de la CEEAC. Ainsi, la rationalisation des Communautés économiques régionales consisterait donc pour le moment à endiguer le phénomène de pluralité institutionnelle en Afrique centrale, en instituant une seule Communauté mieux structurée et plus efficiente, qui harmoniserait des programmes et instruments d’intégration entre les États.
Au-delà, la fusion CEEAC-Cemac s’affiche comme un atout majeur pour l’élimination de la majorité des obstacles à l’intégration régionale. Car, une fois actée, l’on aboutira à l’élargissement de l’espace communautaire; l’élargissement du marché commun qui reste un atout pour les échanges intracommunautaires et le développement de l’économie des États membres; la création des Institutions communautaires auxquelles seraient conférés des pouvoirs conséquents; l’harmonisation, la transparence et la linéarité des objectifs communautaire et la maturation de l’esprit communautaire au sein des peuples de cet espace.
Légitimement, l’on garde espoir que la nouvelle Communauté éliminera les rivalités politiques qui plombent l’intégration en Afrique centrale et que les acteurs s’engageront véritablement à créer des conditions favorables à la réalisation des objectifs de la Communauté. En particulier, ils prendront toutes mesures requises pour harmoniser leurs stratégies et politiques et s’abstiendront davantage d’entreprendre toute action susceptible d’en compromettre la réalisation. L’institution d’une nouvelle approche de l’intégration en Afrique centrale qui prendrait en compte les véritables aspirations de la population communautaire, ainsi que l’implication sincère de la société civile communautaire outillée et actrice de terrain permettraient à la nouvelle Communauté de naître, de remplir son cahier de charges. Bref, une intégration conjuguée du haut et du bas reste l’espoir placé en la nouvelle Communauté économique régionale.