Journée internationale de la femme : la sensibilisation dans l’ombre de la fête
Cette articulation des festivités reste ignorée de l’opinion publique. De nombreuses activités s’y ont sont pourtant menées. Idem pour cette édition 2024.
La 49 édition de la Journée internationale de la femme se célèbre le 8 mars prochain sous le thème national «investir en faveur des femmes: accélérer le rythme». La kyrielle d’activités liées à cette commémoration prend progressivement corps. De la participation au défilé aux activités connexes, tout se met en place. Et les partenaires sociaux et bilatéraux du ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (Minproff) sont déjà à pied d’œuvre. «Nous allons mener une sensibilisation sur l’accès des femmes aux services de base. Elles n’ont pas suffisamment accès aux services d’hygiène dans les hôpitaux, les services publics. Les femmes sont souvent obligées de chercher quelques endroits en brousse pour se soulager, avec tout ce que cela comporte comme risque pour la santé», énonce dans une liste non exhaustive Yvonne Belema représentante de l’Ong Acahijec (L’Association Camerounaise d’Aide à l’Hygiène et à l’Insertion des Jeunes dans les Collectivités).
Autonomisation de la femme, Parité, violences conjugales, violences basées sur le genre, accompagnement social et psychologique des femmes vulnérables, formation à l’entrepreneuriat et établissement des actes de naissances, sont au cœur des actions de sensibilisation présentées le 16 février 2024 à la ministre Marie Thérèse Abena Ondoa. Objectif, répondre aux besoins pluriels de la femme camerounaise, en vue de réduire les inégalités entre la gente masculine et celle féminine. Et dans la foulée, une part belle des actions est dirigée vers les hommes. «Il y a une transition qui a lieu entre la famille traditionnelle et la nouvelle famille qui veut que la femme soit plus autonome financièrement et sur tous les plans. Sauf que l’homme n’est pas toujours préparé à cela. Ce qui engendre bien souvent des violences conjugales du fait simplement que l’homme, éduqué pour être chef de la famille, le seul qui est représenté dans la société, ne sait pas toujours comment se positionner face à une femme qui a plus de revenus, qui est indépendante ou qui a une position sociale élevée», indique Victoria Ngako, sociologue et chercheure sur les questions de vulnérabilités au sein des couples.
Ces activités ont tout pour plaire à la Minproff. Marie Thèrese Abena Ondoa a de ce fait recommandé «de ne pas se limiter à la seule journée du 8 mars et avant. Mais d’étendre ces activités au-delà». Mais toutes ces actions semblent pourtant être ignorées par l’opinion publique camerounaise. Faisant des débats populaires autour du 8 mars, Journée internationale de la femme une source de clivage entre les hommes et les femmes. Les uns n’y voient qu’une occasion de dérives pour le sexe opposé. Et pour appuyer leur raisonnement, exemple est vite tiré des histoires d’impudicité et de dépravation des mœurs qui défraient quelques fois la chronique. «Tout se limite aux réjouissances. Ce qui importe pour les femmes c’est la couture du tissu, la coiffure, les réjouissances. Elles rattrapent beaucoup de choses en un seul jour. Alors qu’à l’occasion d’autres journées spéciales, il y a des conférences qui sont menées, des activités sportives, médicales et d’autres activités intéressantes. Mais le 8 mars, on ne voit rien», répond Bonaventure Bissoé à une sollicitation d’Intégration. À côté de lui, Jean Marie Ntamack, habitant du quartier Emombo dans le 4e arrondissement de Yaoundé, se satisfait de la solution adoptée. «Chez moi, on ne parle pas de la fête du 8 mars», lance-t-il tout de go.
Le défilé ne fait pas courir
À quelques jours de la journée dédiée aux droits de la femme, les enregistrements pour la grande parade du Boulevard du 20 mai restent timides. Celle-ci doit pourtant se tenir sur une durée de deux heures, déplore le comité d’organisation. Le rapport présenté vendredi au membre du gouvernement fait état de 45 administrations et 46 associations enregistrées à ce jour. En dehors du défilé présidé par la Première dame Chantal Biya, d’autres activités font l’objet d’une préparation. Il s’agit de marches sportives, d’une foire-exposition au Musée national, entre autres.
Louise Nsana