Festival Nja’nja M’djzang : Le balafon africain entonne l’hymne de la reconnaissance

L’instrument acoustique a réuni Camerounais, Ivoiriens et Maliens au Musée national de Yaoundé. Tous ont repris en chœur le refrain de la valorisation de ses spécificités.

Le Musée national de Yaoundé a réuni les enfants d’Afrique le 13 avril dernier. C’était à l’occasion de la première édition du festival Nja’Nja M’dzang. La conversation sur le balafon chromatique en a constitué la grande attraction. La cérémonie était
rehaussée par la présence de l’instrumentiste camerounais Ba Banga Nyeck. Le Malien Aly Keita et l’Ivoirien Neko Bala étaient également de la fête. Socle de cette rencontre : l’unicité de la culture africaine. « L’Afrique est une et cette unicité repose sur un même substrat culturel. Nous parlons bien du balafon. Il faut qu’on retienne que la musique en civilisation nègre est une communication à part entière.C’est une communication transcendantale c’est-à-dire qu’on s’adresse aux ancêtres, aux génies, aux esprits et divinités», explique le Dr François Bingono Bingono. Selon le modérateur du festival, l’Africain est essentiellement musical « parce que c’est le langage sacré qu’il utilise pour s’adresser aux divinités ».

Le balafon est un instrument qu’on retrouve dans toute l’Afrique. Un festival comme celui-ci permet de découvrir les modèles du balafon d’ici et d’ailleurs. La plateforme d’échanges a en effet donné l’occasion aux ressortissants de l’Afrique de l’Ouest de venir avec leurs spécimens. Donc, « l’unicité est culturelle, et cela démontre que ce qui est biologique et la distance géographique, l’Afrique reste une », précise encore le Dr François Bingono Bingono.

Ravalé au second plan

Le balafon est peu valorisé en Afrique. Il n’est joué que lors des cérémonies rituelles ou dans les cabarets. Les joueurs de balafons sont relégués au second plan. À travers ce festival Nja’Nja M’djzang, « nous voulons permettre aux balafongistes de se considérer comme des musiciens. Nous pensons également qu’il faut que les balafongistes aient des moments festifs pour aller au devant de la scène pour mieux s’exprimer, puisqu’ils ont soif de reconnaissance», confie Hilaire Pankui. D’après le promoteur culturel, « les balafongistes sont marginalisés dans les événements. Lorsqu’il y a des concerts, ils sont des accompagnateurs et à la fin sont moins rétribués parce qu’ils sont interprètes comme des petits musiciens.Nous voulons traverser cette initiative, que les balafongistes se consomment en charge, mais aussi promouvoir une industrie culturelle autour du balafon. Nous devons avoir les universités avec option balafon et surtout le balafon chromatique. C’est le cas en Côte d’Ivoire où le balafon chromatique est étudié en troisième année Licence et en Master, pourquoi pas au Cameroun ?», se demande le promoteur du festival. Ceci témoigne à suffisance du rejet et une forme de déracinement des Africains de leur culture. Raison pour laquelle le Dr François Bingono Bingono invite ces derniers à s’approprier cet instrument acoustique. « Il est urgent d’aller vers l’émergence à partir de notre base patrimoniale.Si nous tournons le dos à nos instruments de musique, nos supports acoustiques de la communication, nous serions des étrangers. Il est très heureux que nous préservions nos supports acoustiques, que nous les constructions,

Olivier Mbessité 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *