«De cette histoire parfois douloureuse, mais commune, l’Europe a tiré des leçons pour un projet d’avenir commun»
Fin 2021, nous avons mené une enquête d’opinion pour essayer de comprendre ce qui préoccupe les Camerounais, et en particulier les jeunes, et comment ils voient l’Europe. Deux préoccupations majeures ressortaient de cette enquête, loin avant toutes les autres, et ceci est vrai pour toutes les catégories d’âge, dans toutes les régions, hommes et femmes: l’emploi, la formation et l’employabilité, venaient en première place, suivi de près par la paix et la sécurité.
Excellence Monsieur le ministre des Relations extérieurs,
Mesdames, Messieurs les ministres, membres du Gouvernement,
Chers collègues, ambassadeurs et représentants des États membres de l’Union européenne, #TeamEurope,
Honorable parlementarians,
Dear representatives of the diplomatic corps, honorary consuls, members of the international institutions, and of the bilateral technical and financial partners,
Monsieur le Président du Conseil régional, Monsieur le Gouverneur, Mesdames, Messieurs les maires,
Mesdames, Messieurs les représentants des institutions de l’État, les hauts cadres de l’administration et des entreprises publiques,
Religious and traditional leaders,
Heads of enterprises,
Representatives of civil society, of the academic and scientific world, of the cultural sector, of the medias,
Chers jeunes,
Chers amis européens et camerounais, chers invités,
L’unité dans la diversité, unity in diversity, c’est la devise du Cameroun, c’est aussi la devise de l’Union européenne. Et ce soir encore, nous avons réussi à nous réunir dans la diversité. Diversité de taille…, de couleur, de genre, de langue, d’âge, de région, de croyances, de convictions politiques, que sais-je. Après la Seconde Guerre mondiale, des leaders européens clairvoyants et courageux ont osé faire ce pari fou, ce pari visionnaire, de reconstruire l’Europe ensemble, cette Europe meurtrie, dévastée par la guerre, la dernière, la plus horrible, la plus honteuse, d’une guerre civile européenne qui n’avait que trop durée, nourrie par le nationalisme, l’intolérance et le rejet de la diversité.
C’est ce que Robert Schuman, ministre français des affaires étrangères a proposé à l’Allemagne, ce 9 mai 1950, à peine cinq ans après la guerre…: tourner la page la plus sombre de notre histoire, et reconstruire l’Europe ensemble; et c’est ce jour que nous célébrons aujourd’hui.
Nous avons réussi notre reconstruction, malgré les épreuves et les tempêtes dans notre voisinage immédiat, nous avons redonné espoir à la jeunesse européenne, créé des emplois et la prospérité, en partageant une volonté démocratique et des valeurs communes, dans le respect de nos différences, de notre diversité.
Monsieur le Ministre, chers invités,
Le Cameroun est une Nation encore jeune, dans tous les sens du terme: jeune de par son histoire comme pays indépendant, jeune entre autres aussi par sa démographie. Chaque année 400 000 jeunes entrent sur le marché du travail, avec ce même espoir de réussir leur vie, de trouver un emploi décent, de contribuer à la construction et la prospérité de leur pays. Hélas, peu réussissent à assouvir leurs espoirs et à trouver cet emploi décent.
Fin 2021, nous avons mené une enquête d’opinion pour essayer de comprendre ce qui préoccupe les Camerounais, et en particulier les jeunes, et comment ils voient l’Europe. Deux préoccupations majeures ressortaient de cette enquête, loin avant toutes les autres, et ceci est vrai pour toutes les catégories d’âge, dans toutes les régions, hommes et femmes: l’emploi, la formation et l’employabilité, venaient en première place, suivi de près par la paix et la sécurité.
Cohérent, car sans paix, pas de prospérité.
La Team Europe, l’Union européenne et ses États membres présents au Cameroun, ne peuvent pas répondre à toutes ces attentes, et ce n’est pas notre rôle. Mais, ce que nous pouvons essayer de faire par contre, c’est d’encourager les différents acteurs de la société camerounaise, dans leur diversité et rôles respectifs, à créer les conditions nécessaires pour répondre à ces attentes, pour nourrir ces aspirations légitimes et donner de l’espoir. Ce que vous avez peut-être pu voir aujourd’hui dans ce magnifique hall d’entrée du Palais des Congrès, est un éventail très large et très riche de ce que la Team Europe essaie de faire, dans sa diversité, à travers des bourses et programmes d’échange, des partenariats dans différents domaines de la recherche, des appuis à l’éducation et à la formation professionnelle de tout genre, mais aussi des appuis à l’entreprenariat jeune et féminin, des opportunités de formation et d’emploi offertes par de nombreuses entreprises européennes ayant investis au Cameroun, …
Earlier on this evening, we discovered how Cameroonian kids saw, dreamed Europe.
Inversely, in fall 2022, we conducted a campaign in various African countries around «Africa we See».
For Cameroon, we choose for Chiarra TCHOUPE et Akwo ASHANGDOWAH to incarnate this new Africa we see, dynamic, creative, courageous, this entrepreneurial Africa we experience daily, beyond the clichés and prejudgements:
deux jeunes entrepreneurs, l’une travaillant dans la transformation agroalimentaire à Bertoua, the other a pure product of the Silicon Mountain of Buea.
Nous leur avions donné un coup de pouce à travers des programmes présentés ici aujourd’hui, pas grand-chose, mais de quoi leur donner l’élan nécessaire pour aller plus loin. Et ils ont saisi cette opportunité, développent leurs activités, créent des emplois décents. Et des jeunes comme cela, il y en a partout.
Il y a quelques mois, en visite à Maroua, en Team Europe, nous avons rencontré les finalistes de la business week organisée par le Conseil régional de l’Extrême-Nord, des jeunes (et parfois des moins jeunes), pleins d’idées, qui veulent réussir, et faire quelque chose pour leur pays.
Ils et elles ne se posent pas la question de leur appartenance ethnique, régionale, religieuse, politique, sociale…, ce qu’ils / elles se demandent, c’est comment avancer dans la vie.
Les déplacés internes et réfugiés rencontrés dans l’Extrême-Nord, eux aussi – au-delà de la reconnaissance pour l’aide humanitaire reçue dans l’urgence – ne demandaient pas de l’assistanat, mais demandaient la paix, et l’opportunité de travailler, de créer, de vivre.
Et vivre pour eux, cela signifie s’accepter mutuellement, dans ses différences, se réconcilier, bâtir quelque chose ensemble, dans la paix: s’unir dans la diversité.
Excellency, ladies and gentlemen
Today, 9 May, we wanted to make of Europe Day a feast for the youth, a celebration of diversity,
And when I see all of us united here tonight, in all our diversity, I feel festive, I feel … at home.
I feel at home, because Europe as well was built on the need for reconciliation and solidarity, and on the mutual respect this requires.
We too, in Europe, have a, sometimes painful, even very painful, common history. And believe me, as Belgian citizen, a region having been invaded, occupied, controlled at a certain moment of our history by each of the member States represented here tonight, I know what I’m speaking about.
Belgium too is born by forceps, and has artificial borders reflecting the hazards of history. Belgium too had to build itself, to forge its own identity, to grow and transform itself in a nation-state.
And God knows this has not always been easy,
how complicated it has been, and still is sometimes, to understand each other, to reconcile different interests, to find the right balance in this mosaic of diversities, a never-ending search in an ever changing world.
Au niveau européen aussi, nous avons un devoir de mémoire, pas pour nous complaire dans la victimisation ou pour anesthésier les plaies du passé, mais pour en tirer des leçons pour l’avenir.
De cette histoire parfois douloureuse, mais commune, nous avons tiré des leçons… pour un projet d’avenir commun. Un projet, fou et visionnaire, de reconstruction d’une Europe pluraliste, tolérante, démocratique, de paix et de prospérité, une Europe, unie dans ces valeurs partagées, mais respectant et s’enrichissant de la diversité dans leur expression.
Henri Brugman, premier recteur du Collèges d’Europe, premier institut postuniversitaires d’études européennes, fondées en 1949 dans ma ville natale de Bruges, dans l’introduction de son ouvrage sur «Les origines de la civilisation européenne», notait que, au-delà des luttes et antithèses qui marquent les histoires natio-centristes de l’Europe, je cite, «ce qui nous saute aux yeux à nous, c’est, malgré tout, la parenté entre les acteurs du drame», et en citant Emmanuel Berl, «l’Europe n’est pas une donnée géographique mais un produit de l’histoire», pas une entité fixe, mais un devenir.
Henri Kissinger, in his brilliant legacy book, «World Order», meditating about Europe’s destiny, concludes, I quote, that «Europe thus finds itself suspended between a past it seeks to overcome and a future it has not yet defined».
But we are defining this future, together, in #TeamEurope. And each new challenge,
Whether climate change, COVID-19, or the brutal and unjustifiable Russian invasion of Ukraine, …
each challenge is an opportunity to deepen our common destiny, because we know that, together, we are better prepared to face the challenges of today’s and tomorrow’s rapidly changing world.
Cela a demandé beaucoup de courage aux fondateurs de cette Europe nouvelle, beaucoup de ténacité, beaucoup de patience, beaucoup de foi et de conviction, beaucoup de force de conviction aussi envers les populations meurtries par la guerre. Beaucoup d’écoute aussi, beaucoup de dialogue, et, oui…, in fine, parfois des compromis, mais, jamais la compromission des principes sur lesquelles cette Europe nouvelle se construit, même si dans la pratique nous ne sommes pas toujours à la hauteur de nos idéaux.
Comme le déclara Denis de Rougemont, militant européen de la première heure, au Congrès des fédéralistes européens de La Haye en 1948, «la conquête de l’Europe s’appelle la dignité de l’homme, et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises, mais aussi pour en élargir le bénéfice à tous les hommes, que nous voulons l’union de notre continent.»
*
Monsieur le Ministre, chers invités,
Le Cameroun aussi est une entité en construction, une histoire commune à forger et à raconter au-delà des juxtapositions d’histoires particulières et particularistes, un avenir à définir.
And when we speak of the future, we speak about the youth of today.
Yes, the youth wants decent jobs, and, yes, to create decent and sustainable jobs, you need peace.
There are extremists on all sides, who try to enrich themselves on the back of a war economy they feed themselves,
or who try to exploit the conflicts for personal political gains, who, in this «age of unpeace» try to antagonise feelings to exist, including through social media networks.
But the overwhelming majority of people, on all sides, want peace,
and justice,
are ready to negotiate a compromise to get there, without compromising themselves,
the peace of the brave, the peace of the just.
History teaches us that conflicts cannot be solved by the arms only, that most conflicts end around a negotiation table, and that long-lasting peace can only be achieved by conquering the hearts and the minds.
#TeamEurope is ready to support the efforts by the brave and the just, from all sides, to create the conditions to pursue this dialogue and to achieve long-lasting peace, to reinforce social cohesion and to achieve reconciliation.
We acknowledge the crucial role various actors can play in this process, civil society, the youth, the women for peace, traditional and religious leaders, the decentralised authorities, the public conciliators…., and we are ready to support them, to the extent possible, in this endeavour.
*
J’ai grandi, je l’ai dit, à l’ombre du Collège d’Europe à Bruges, et j’ai eu cet immense privilège, dans ma jeunesse, de pouvoir côtoyer des pionniers de la construction européenne, des gens, qui ont fait la résistance pendant la seconde guerre mondiale, des réfugiés qui avaient dû fuir le régime des colonels en Grèce, le Franquisme en Espagne, l’emprise soviétique en Europe de l’Est,… Je ne peux qu’espérer que la jeunesse camerounaise puisse elle aussi avoir l’opportunité de rencontrer des bâtisseurs de paix, des résistants contre les promoteurs des antagonismes, de la «unpeace».
C’est dans cet esprit, que, dans le cadre du programme européen d’échange Erasmus+, des chaires et centres d’excellence Jean Monnet d’études européennes sont créées un peu partout dans le monde, en mémoire du grand commis de l’état et premier président de la Commission européenne qu’était Jean Monnet.
Des centres d’excellence pour réfléchir ensemble à l’expérience unique qu’a été, et reste toujours, cette construction de l’Europe: ce plus formidable projet de paix de tous les temps.
Je rêve de pouvoir créer un centre d’excellence Jean Monnet d’études européennes au Cameroun aussi. L’Europe n’a pas toujours été un modèle du vivre ensemble, et nous continuons à commettre des erreurs, mais nous avons l’ambition d’apprendre de nos erreurs, passées et présentes, de partager nos expériences, bonnes et mauvaises, pour construire ensemble un monde multilatéral meilleur, basé sur des règles et des valeurs partagées.
Dans l’esprit d’un vrai partenariat, nous avons le devoir d’être honnêtes avec nous-mêmes, le devoir de mémoire, collective, reconnaitre nos erreurs, et chercher à avancer, ensemble.
We already have a structured political dialogue between #TeamEurope and the Government, co-chaired by you, Excellency;
we already have a regular dialogue with the private sector, reinforced by the recently created EuroCham, the European Chamber of Commerce in Cameroon;
we have a roadmap for engagement with civil society;
and this afternoon we launched a call for candidatures for the creation of a Youth Sounding Board, a platform of exchange with the youth, to better understand their aspirations and to make sure our actions on the ground respond to their expectations.
And shortly we now also hope to create a space of exchange with the academic world through a Jean Monnet Centre of Excellence.
Yes, we want to build bridges [not only literally, on the Crossriver or the Logone, in the framework of our new “Global Gateway” strategy, but also metaphorically], we want to connect people beyond borders, we want to unite in diversity.
Monsieur le Ministre, chers invités,
Avant de conclure, permettez-moi de remercier tous ceux qui ont rendu cette journée et cette soirée possible, avant tout bien sûr mon équipe à la Délégation de l’Union européenne, qui a été formidable et s’est énormément investie pour que cette grande fête soit une réussite, mais aussi les collègues de la Team Europe, Chiarra et Akwo, nos héros d’«Africa we See», EducMedia qui nous a organisé le concours de dessins «L’Europe que nous voyons», les enfants qui ont participé au concours de dessins et leurs accompagnateurs, M. Mien Zok, PDG du Palais des congrès et ses équipes qui ont bien voulu nous accueillir ici aujourd’hui, la société Ascese qui nous a accompagné dans l’organisation de cette journée, la Banque européenne d’investissement, l’Office européen pour la protection civile et l’aide humanitaire, et Boissons du Cameroun pour leur généreux sponsoring, le groupe CEFOR Hôtellerie qui nous a préparé le concours de cuisine ce midi, la Mboa Youth Choir qui nous a émerveillé avec leur interprétation des hymnes; la troupe des Balafons; Kobe Williams, notre le caricaturiste du soir; Lagriffe, notre peintre «in residence», Essaga, notre DJ pour la soirée, et tous les artistes qui ont animé cette journée, toutes les nombreuses personnes qui ont occupé des stands de la Team Europe tout au long de la journée, notre maître de cérémonie du soir, les jeunes ici présents, et vous tous enfin qui nous avez fait l’honneur de partager cette fête avec nous…
Levons donc un verre, sur la Team Europe, sur le partenariat UE-Afrique, sur le partenariat UE-Cameroun.
Merci beaucoup.