Crise anglophone : petites confessions et grandes confidences du Vatican
Face au gel de la médiation canadienne, le Saint-Siège expose à une autre échelle ce qu’il considérait déjà comme une réelle chance pour le retour de la paix dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest au Cameroun.
Il n’avait pas caché sa satisfaction lors de son Angelus du 21 janvier dernier. Depuis le Vatican, en effet, le pape François avait salué des «signes positifs qui laissent espérer des progrès vers la résolution du conflit dans les régions anglophones». Selon Vatican News (VN), le souverain pontife s’était taillé un rôle: faire la veille sur toutes les actualités de l’offre canadienne de médiation entre Yaoundé et les activistes séparatistes. L’écho de la signature d’un accord entre les deux parties était même parvenu au chef de l’Eglise catholique romaine. Il s’était alors employé à encourager tous les signataires dudit accord à persévérer sur la voie du dialogue. VN signale que l’espoir papal s’était d’autant plus conforté que toute la communauté religieuse du Sud-Ouest et du Nord-Ouest avait fait bloc derrière Mgr Andrew Nkea, le président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC). «Alors que Yaoundé a démenti avoir mandaté Ottawa pour une médiation dans le dialogue avec les séparatistes du nord-ouest et du sud-ouest camerounais, les leaders religieux des régions anglophones avaient salué l’annonce de cette initiative pour la résolution de la crise qui sévit dans le pays. Dans une déclaration publiée le 22 janvier, deux jours après l’annonce de Mélanie Joly, cheffe de la diplomatie canadienne, les responsables religieux ont voulu exprimer leur soutien à ce processus, censé mettre fin à des années d’un conflit dévastateur», rapporte VN.
Citant Mgr Andrew Nkea, le même média précise: «l’archevêque de Bamenda, l’un des signataires de la déclaration et des responsables religieux d’autres obédiences avaient apprécié cette annonce d’un accord des parties au conflit pour un dialogue avec la facilitation du Canada». Devant ce qui apparait comme un blocage, l’archevêque de Bamenda (repris par VN), souligne que ce qui importe aux Yeux du pape François et des leaders religieux du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, c’est la situation sur le terrain. «Nous regardons la souffrance de nos peuples», affirme-t-il. Tout en avouant ignorer les enjeux de la déclaration des autorités camerounaises, le président de la CENC estime que le gouvernement canadien ne peut faire une telle sortie sans base, et «le Saint-Père ne peut pas soutenir quelque chose qui n’existe pas».
Dans un tel contexte, l’Église ne peut que réitérer son appel au dialogue à toutes les parties, déclare Mgr Nkea au micro de VN. Il n’est pas l’heure de s’enliser dans des querelles politiciennes tandis que «la population souffre», exhorte-t-il. L’archevêque de Bamenda croit qu’il est important pour l’Église, non seulement de continuer à appeler à un dialogue inclusif, mais aussi de continuer à prier pour que la situation change. «Sans le dialogue, on ne peut jamais arriver à la paix», a tenu à souligner le prélat. La même idée, le cardinal Pietro Parolin l’avait exprimée à Bamenda le 31 mai 2021. Le Secrétaire d’État du Saint-Siège avait d’ailleurs fait part de la position de du pape François: «Le Souverain pontife s’associe au désir de paix et de réconciliation qui monte de cette terre aimée et merveilleuse vers Dieu».
Jean-René Meva’a Amougou