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Journal Intégration

Catégorie : PORTRAIT DÉCOUVERTE

  • Olivier Toussaint Lognoné (1750-1823), le plaisir de vivre la maritimisation

    Olivier Toussaint Lognoné (1750-1823), le plaisir de vivre la maritimisation

    « Qui n’a pas vécu dans les années voisines de 1780 n’a pas connu le plaisir de vivre » confiait Talleyrand (1754-1838) à François Guizot. Olivier Toussaint Lognoné est un propriétaire terrien originaire de la baie du Mont-Saint-Michel, né le 2 novembre 1750 à Baguer-Pican et décédé le 27 janvier 1823 à Roz-sur-Couesnon. Il forme une union avec Jeanne Lavocat. Et mène une activité intermittente de corsaire (du latin cursus, course), entre terre et mer. A cette époque, la course traduit une authentique et profonde reconversion du négoce malouin et son arrière-pays agricole.
    Entre progrès et soubresauts, sa génération est marquée par l’émergence de propriétaires forestiers et portuaires, négociants en bois et fournisseurs de bois de construction pour la marine royale, comme par exemple Louis-Marie Marion-Brillantais, associé en affaires avec le baron Claude Baudard de Saint-James, trésorier général de la Marine.
    Quelques observations sur l’approvisionnement des bois propres aux constructions navales
    Louis-Marie Marion-Brillantais et quelques grandes figures de Saint-Malo et de la baie du Mont-Saint-Michel observent dans les années 1770 les grands changements à devenir constructeur naval, armateur et fournisseur en bois destiné à la construction navale. Au début de 1782, alors qu’il exploite les forêts de Paray-le-Monial, Louis-Marie Marion rachète pour six ans le droit d’exploiter des forêts en Auvergne pour approvisionner la Marine.
    Durant la guerre d’indépendance des États-Unis, il arme en 1781 la Duchesse-de-Polignac, l’un des plus gros navires corsaires français avec 450 tonneaux. Avec le capitaine Jean-François Landolphe, il fonde la société coloniale philanthropique d’Ouère en Afrique à laquelle Louis XVI accorde le privilège exclusif du commerce sur les fleuves Forcados et Bénin, en leur offrant le Pérou, vaisseau de 400 tonneaux, et deux corvettes, L’Afrique et la Jeune Charlotte, destinées à remonter les rivières pour commercer avec les peuples de l’intérieur des terres.
    Dans l’Allier, où il possède des forêts pour la Marine, il récupère lors de la vente des biens nationaux un monastère, à la charge pour lui d’y établir une manufacture d’armes, ce qui permet de devenir « entrepreneur de la manufacture d’armes de Moulins ».
    Olivier Toussaint Lognoné (1750-1823), un corsaire de la terre
    Avec la Révolution, les trois quarts des officiers de l’ancienne marine, soit de leur plein gré, soit sous l’effet des menaces et des vexations, abandonnent leurs postes . Leur replacement par des Etats-Majors de fortune (Décret du 18 Mars 1793 et du 28 Juillet 1793) n’améliore pas les choses.
    Une large communauté de pêcheurs, d’agriculteurs et de propriétaires terriens participe à la guerre de course et accompagne une dynamique reconversion.
    Le Consulat prit un certain nombre de dispositions administratives favorables au relèvement de la guerre de course : attribution de primes à la construction navale et institution du Conseil des Prises ( 6 Germinal VIII) eurent les plus heureux effets.
    Mais ce qui permettra fondamentalement de sauvegarder et faire perdurer ces nouvelles entreprises de maritimisation repose en grande partie sur le dynamisme circulaire d’un arrière-pays agricole. Les corsaires alternent une vie circulaire de marin et de terrien capable de mener une activité intermittente avec les semis et les moissons de blé. Dans la France de l’Ancien Régime, le semis représente la première étape circulaire de la culture. L’enjeu, à cette phase, est de maximiser le rendement et l’adapter à chaque sol. La course en mer s’organisait donc au rythme du calendrier des activités agricoles.
    Aussi adaptable que la cité roscovite et sa ceinture dorée autour de Roscoff, la course à Saint-Malo confortée par la ceinture dorée de Cancale va connaître un développement si considérable qu’elle va définitivement marquer de son empreinte l’histoire maritime de la ville et de l’ensemble de la baie du Mont-Saint-Michel jusqu’à Granville.
    Sur un plan du portage politique, ce mouvement circulaire de ressources humaines a été encouragé en France par Vauban pour combattre sur les mers les Anglais et les Hollandais. Ce dernier déclara au roi Louis XIV : « II faut donc se résoudre à faire la course comme un moyen le plus aisé, le moins cher, le moins hasardeux et le moins à charge de l’État, d’autant même que les pertes n’en retomberont pas sur le roi qui ne hasardera rien ; à quoi il faut ajouter qu’elle enrichira le royaume, fera quantité de bons officiers au roi et réduira dans peu de temps ses ennemis à faire la paix » !

    Kevin LOGNONÉ

  • L’horlogerie : nouvelle branche de l’arbre généalogique des corsaires

    L’horlogerie : nouvelle branche de l’arbre généalogique des corsaires

    A l’origine, le métier d’orloger (sans H) a d’abord été destiné au réglage des canons. L’horlogerie occupe une place particulière dans l’histoire maritime de la côte d’Émeraude et la baie du Mont-Saint-Michel. Plusieurs familles du monde des affaires en innovation (industrie, recherche et développement, créations) en sont issues. Et possèdent un patronyme d’origine corsaire.

     

    Peu de cercles généalogiques font le lien entre corsaires et horlogerie
    Pourtant, les avancées horlogères et la marine sont liées. L’apparition des premières horloges maritimes, qui conservaient la mesure du temps même sur un navire en mouvement fut une révolution. Elles permirent aux marins de se positionner en mer avec une très grande précision.

    Roscoff, Saint-Malo, Pornic, Dunkerque, Granville, Concarneau, Saint-Barth…
    Nombreuses sont les cités portuaires de la Manche et de l’Arc Atlantique jusqu’au Maroc (corsaires Salétins ou d’Essaouira) qui entretiennent encore aujourd’hui les traces d’un passé corsaire prestigieux qui rayonne y compris aux Antilles, dans la Grande Caraïbe et même jusqu’en baie de Rio de Janeiro avec les exploits de Duguay-Trouin.
    On retrouve parmi les celtes du Nouveau monde des personnalités historiques qui furent de grands aventuriers des mers : Thomas Lynch, gouverneur irlandais de la Jamaïque, le corsaire Aury ayant soutenu aux côtés de Lafitte, le révolutionnaire Simon Bolivar dans son combat pour libérer les colonies espagnoles, sans oublier les péripéties du clan écossais Mac Gregor au Venezuela, ou encore le flibustier gallois Henry Morgan et bien d’autres aventuriers ayant choisi la Mer des Caraïbes comme terre d’exil après la révolution de Cromwell et d’autres crises européennes.
    Les corsaires et la contrebande horlogère

    Au cours des années 1784-1786, plusieurs tentatives anglaises visaient à organiser un commerce de contrebande sur les côtes françaises, encouragé en sous-main par des fermiers généraux que cette pratique favorisait. Sous la conduite du ministre William Eden qui, en avril 1786, s’installe à Paris avec des dossiers nourris d’informations précises qui lui ont été fournies par une enquête préalable auprès des manufacturiers, et des consignes du premier ministre britannique, William Pitt le Jeune, fortement marqué par les idées d’Adam Smith, un traité franco-britannique fut signé.

    Le traité Eden-Rayneval est un traité de commerce et de navigation signé entre la France et la Grande-Bretagne (Du Pont de Nemours) qui ouvre la France aux marchandises britanniques. Son entrée en vigueur en 1787 aura un impact profond sur les transferts d’innovation. Les chaînes de valeur manufacturières seront profondément impactées, à commencer par celles du textile qui traverseront de nombreuses crises pour se réinventer.

    Bourse horlogère de Mer
    Aux portes de la Suisse, se déroule chaque année une Bourse horlogère dans le cadre des « 24 heures
    du temps » sous les arcades du Palais Granvelle qui abrite le Musée du Temps de Besançon. L’association organisatrice (AFAHA : association française des amateurs d’horlogerie ancienne) est aussi à l’initiative d’une Bourse horlogère à la Halle aux grains de Mer.

    Aujourd’hui, la marque d’horlogerie française « Awake » propose des montres faites avec des filets de pêche recyclés.

    Kevin LOGNONÉ

  • Coopération : entre amis de Côte d’Ivoire et du Cameroun

    Coopération : entre amis de Côte d’Ivoire et du Cameroun

    L’association créée depuis 2016 par Gounougo Moussa vient de relancer ses activités et entend marquer de sa présence la prochaine Coupe d’Afrique des nations de football en janvier à Abidjan. 

    Des ouvriers de la relation d’amitié Cameroun- Côte d’Ivoire

    Jeudi 10 août, SE Narcisse Ahounou Manlan, ambassadeur de la République de Côte d’Ivoire au Cameroun, a reçu une forte délégation du Cercle de l’amitié Côte d’Ivoire-Cameroun (Cercoca). Celle-ci était conduite par Martin Maxwell Ndecham Chefon, le nouveau président exécutif de ce regroupement fondé en 2016 à l’initiative de Gounougo «Ben» Moussa, un ressortissant ivoirien installé depuis des décennies au Cameroun. Le Cercoca vise à magnifier le vivre-ensemble entre ressortissants de ces deux pays «frères jumeaux», pour reprendre l’expression du chef de la diplomatie ivoirienne au Cameroun. M. Ndecham, par ailleurs directeur général de la compagnie d’assurances Zenithe Insurance, a été porté à la tête du Cercoca au cours d’une assemblée générale extraordinaire tenue le 12 juillet dernier à Yaoundé. Camille Mouté à Bidias,

    Présenter le nouveau bureau exécutif était l’une des raisons de la présence de la délégation du Cercoca à la chancellerie de l’ambassade de Côte d’Ivoire. L’autre motif était la présentation solennelle des condoléances du Cercoca à l’ambassadeur, suite au décès le 1er août 2023 de l’ancien chef d’État ivoirien Henri Konan Bédié. Le livre de condoléances ouvert en cette circonstance dans les nouveaux locaux de l’ambassade de Côte d’Ivoire au quartier Golf à Yaoundé a été signé au nom de toute l’association par le président Maxwell Ndecham et le vice-président et inspirateur du mouvement , Gounougo Moussa. Faisaient également partie de la délégation du Cercoca, le secrétaire général Gustave Samnick, le conseiller spécial Côme Mboudou Mbala, le chargé de la communication Joseph-Marie Eloundou et les membres Goura Dang, Pierre Titti et Fabrice Eyong.

    Le rendez-vous de 2024
    L’ambassadeur Narcisse Ahounou, assisté de la nouvelle conseillère de l’ambassade, Mme Kouadjio, s’est dit ravi de cette visite du Cercoca et heureux de voir que ladite association, qu’il avait adoubée en son temps, veut repartir de l’avant après une longue période de léthargie. « Merci de partager ce grand deuil avec nous. Nous sommes par ailleurs très touchés par le message de condoléances du président Paul Biya à l’adresse de son homologue Alassane Ouattara», a poursuivi le diplomate. Il a promis d’accompagner le Cercoca dans toutes ses activités, pour autant que la chancellerie en soit informée.

    Au nom du Cercoca, le président Maxwell Ndecham Chefon a remercié Monsieur l’ambassadeur pour sa disponibilité. Pour la petite histoire, il a raconté comment plusieurs moments de l’histoire contemporaine de la Côte d’Ivoire ont coïncidé avec sa présence à Abidjan: la prestation de serment du président Bédié, le jour du coup d’État du général Robert Guéï, et même la transition mouvementée entre les présidents Gbagbo et Ouattara alors que lui aussi se trouvait coincé à l’hôtel du Golf… Et de conclure : « J’ai toujours été entouré des Ivoiriens. Et c’est pour moi comme un appel du destin qui de diriger le Cercoca aujourd’hui. Il n’y a rien de plus merveilleux que d’œuvrer à unir deux peuples frères».

    En janvier prochain, à l’occasion de la Coupe d’Afrique des nations de football que va organiser la Côte d’Ivoire, le Cercoca entend marquer l’événement d’une empreinte spéciale : la tenue à Abidjan des « 1ères Journées de l’Ivoire ». «amitié Côte d’Ivoire-Cameroun». Ce rendez-vous crucial de la relance des activités de l’association comprendra notamment une conférence publique, une exposition-vente des produits fabriqués dans les deux pays, une excursion touristique, des échanges culturels, des rencontres sportives et diverses attractions. Nous y reviendrons !

    Hervé Charles Malkal (Correspondance particulière)

  • Équipes Notre Dame du Cameroun : Sauver le mariage, la famille et la société

    Équipes Notre Dame du Cameroun : Sauver le mariage, la famille et la société

    Les couples chrétiens du pays s’engagent à poursuivre inlassablement le témoignage de vie qu’un monde d’amour est possible avec Dieu au centre de tout.

    Photo de famille des couples chrétiens

     

    Le Rassemblement national des équipiers du Cameroun s’est achevé le 26 août dernier sur une note d’espoir. Rien n’est perdu ou l’avenir appelle à l’optimisme pour le mariage, la famille et la société. Les Équipes Notre Dame (END), région Cameroun-Tchad, se proposent de contribuer efficacement à l’avènement de ce monde d’amour tous azimuts.
    De fait, la société mondiale est en panne de repère, avec à la clé une institutionnalisation de nouvelles unions libres appelées concubinage. Une situation déplorable qui est aux antipodes des recommandations divines. Il est désormais normal d’entendre: «c’est le père de mon enfant, c’est la mère de mon enfant».

    Déconstruction
    À l’encontre de ces contre valeurs, les couples chrétiens déconstruisent ces pensées. «Par rapport à tous les soucis, tous les débats et enjeux que les familles rencontrent, nous pensons qu’il faut revenir à la source, et la source, c’est Jésus Christ. Parce qu’il faut construire sur du roc, et ce roc c’est Jésus Christ qui nous montre le chemin. Il est la vérité et la vie», souligne le couple Marie et Cyrille Dominique Tsendzie, des Équipes Notre Dame. En dépit des écueils déjà soulevés «nous avons foi en notre Seigneur et puisque nous sommes mariés, nous devons servir d’exemple, de modèle, pour que les jeunes qui font face à certains obstacles pensent que tout est encore possible, malgré les difficultés», poursuit-il. «28 ans de mariage, cela n’a pas été facile pour notre couple. C’est pourquoi à l’Église, nous devons de temps en temps nous retrouver pour faire le bilan du chemin parcouru, et pour faire comprendre cela à notre entourage. Le meilleur discours aujourd’hui c’est le témoignage. Et le témoignage est que lorsque les uns et autres nous observent, qu’ils aient appui et envie, qu’ils ne se découragent pas. Étant donné que pour reprendre le Pape, nous n’avons plus besoin d’enseignants, mais plutôt des témoins vivants. Donc nous devons donner la possibilité à travers notre exemple de vie à ceux qui sont près de la vague, de reprendre les forces et de continuer la route».

    Mariage source de grâces
    C’est le même son de cloche pour le couple Régine et Sosthène Zela de Doumé 1. Il fait savoir que depuis le début de leur mariage «nous vivons en paix, nous savons dominer nos différends, on s’est marié il y a de cela dix ans aujourd’hui et en cas d’incompréhension, nous savons les surmonter, ce qui fait de nous le couple responsable dans notre secteur», fait-il savoir. Et d’interpeller les jeunes à l’union sacrée qu’est le mariage. «La jeunesse ne doit en aucun cas avoir peur de se marier, quand on se marie, Dieu fait le reste pour vivre pleinement épanoui dans son couple, Dieu vous tient par la main, vous conduit et il y a les grâces du mariage. Comme témoignage pour la jeunesse, le mariage apporte beaucoup de grâces, c’est notre cas. Après mon mariage religieux, j’ai eu la promotion dans mon service. Comme nos pères spirituels nous le disaient, dès que l’on se marie Dieu vous montre ses grâces et les bénédictions», souligne Sosthène Zela. Pour le couple Elumpeh Placide et Rachel secteur A Bafoussam 1, leur présence à ce grand rassemblement c’est pour se ressourcer. Vu que la vie de couple est parsemée d’embuches et que le chemin vers la Sainteté n’est pas facile. Car c’est dans le mariage que Dieu s’associe au couple, pour continuer son œuvre de la création. Nous sommes le sel et la lumière du monde. Notre exemple et notre modèle de vie devront pousser certaines personnes à suivre notre exemple et cheminer vers la Sainteté», conclut-il.

    Olivier Mbessite

     

    Contourner les obstacles

    En ce 24 août 2023, les échanges du Rassemblent des Équipiers du Cameroun portent sur «le concubinage, la dot, le chômage: les obstacles à la célébration du mariage chrétien». À la manœuvre, l’abbé Innocent Pambé pour regretter la mise en retrait de «nos cultures au détriment des cultures occidentales, celles-ci étant tributaires du système scolaire mis en place, d’une situation socio-économique d’emprunt omniprésente et très séduisante et distillée dans une culture de mass média très agressive».

    En dépit de l’effet puissant des médias poussant les uns et autres à abandonner leurs cultures, l’Abbe Innocent Pambe reste optimiste. «Tout n’est pas perdu, une prise de conscience s’impose, il est urgent de créer une culture qui nous permet de nous adapter à cet environnement et nos valeurs pourront redécouvrir leur noblesse, l’harmonie, la cohérence. Car si dans notre vie il n’y a pas de cohérence, l’on ne saurait vivre pleinement la vie de couple», précise-t-il. Et de poursuivre: «il est par ailleurs question de faire connaitre et transmettre nos valeurs pour que notre milieu ne perde pas définitivement ce qui constitue véritablement son identité». En outre, l’on doit purifier la conscience parce qu’on forme une conscience au lieu de s’inscrire dans une résignation servile. Le Pape Jean Paul II disait à cet effet: «n’ayons pas peur de prononcer les choses par leur nom».

    OM

  • Acquisition des chambres estudiantines à Yaoundé : le gré à gré validé par les ressortissants de la Cemac

    Acquisition des chambres estudiantines à Yaoundé : le gré à gré validé par les ressortissants de la Cemac

    Le cas dans le 4e arrondissement de la capitale camerounaise où la bataille des chambres fait rage. Les étudiants de la Cemac adoptent des pratiques mafieuses pour passer les chambres à leurs compatriotes.

     

    Certains scientifiques, notamment les géographes, pensent que l’environnement façonne l’homme. Cette pensée est vérifiable et partagée par les propriétaires, concierges et riverains des quartiers latins de l’Université catholique d’Afrique centrale et de l’Institut universitaire Siantou dans le 4e arrondissement de la ville de Yaoundé. Ils se plaignent de voir les étudiants de la sous-région adopter des pratiques anormales dans le processus de libération des chambres. Comme leurs camarades camerounais, ces derniers procèdent subrepticement au gré à gré pour donner les chambres à leurs compatriotes basés dans la capitale camerounaise.

    Guinée Équatoriale, l’appel du sang
    À 50 mètres de l’ancienne Cami Toyota et venant des campus de l’UCAC et Siantou, se trouve une mini-cité de 20 chambres. Cette dernière sans nom est en réalité une auberge transformée dans la perspective de la rentrée académique. Comme nous l’apprend Angeline, gérante du bar qui jouxte cette cité estudiantine. Cette dernière est baptisée par les riverains «GuinéeTown». La raison, «depuis plus de 5 ans, aucun Camerounais ne réussit à habiter dans cette bâtisse», nous informe Kirikou. Aux dire du vendeur de viande à la braise du coin, le propriétaire vit en France et il est en contact avec le président des étudiants équato-guinéens. Il perçoit directement son loyer depuis l’Hexagone. «Une fois que le propriétaire reçoit son argent, il ne cherche plus à connaître l’identité des occupants», confie Raymond Edu, président des étudiants de cette communauté et concierge de faite.

    Le passage de témoin pour cette rentrée académique est justement un sujet de conversation ce 23 août 2023. «Vous avez déjà de nouvelles personnes alors que les Camerounais cherchent des chambres», titille Geremi, propriétaire d’un secrétariat en bureautique. «On copie ça chez-vous!», rétorque Ernesto, un étudiant équato-guinéen. Du propre avis des protagonistes du jour, des joutes verbales comme celles-là sont régulières ces derniers temps dans ce quartier.

    Tchad, manière douce ou forte
    Pour passer les chambres à leurs compatriotes, la communauté estudiantine tchadienne a deux approches. La première conflictuelle consiste à mettre les bailleurs et concierge devant un fait accompli. Ceux-ci se rendent simplement compte de la présence de nouvelles personnes dans les chambres. Pire encore, ils apprennent souvent que les anciens occupants se trouvent déjà au Tchad. Faris, un des leaders, explique que «trouver des chambres dans un quartier comme Ayéné n’est pas une tâche facile». Pour ce dernier, les Tchadiens sont contraints de pratiquer le gré à gré pour éviter les abus. Ce qui n’est pas du goût de bailleurs. Adim’s, concierge de la mini-cité Essama à Ayéné ne sait pas quoi faire, surtout que certaines chambres ont déjà des réservations. «Ils partent en laissant leurs frères sans même m’avoir parlé au préalable. Ils m’ont eu parce que je ne voulais plus avoir affaires à certains parmi eux. Ces chambres devaient passer de 35 000 à 40 000 FCFA», explique le concierge.

    L’autre méthode adoptée par les Tchadiens est l’anticipation. La tactique ici est de vivre pendant un certain temps avec les nouveaux étudiants. L’opération ainsi menée est plus conciliante, parce que les anciens ont le temps de mieux échanger avec les responsables des mini-cités, afin qu’ils acceptent leurs compatriotes. «Nous faisons venir les nouveaux bacheliers un mois avant, afin d’anticiper sur la recherche des chambres», révèle Oumar Goroma, président des étudiants tchadiens de l’Institut universitaire Siantou. Pour son compatriote Olivier Djoukounoun, «il faut avoir un bon comportement. Si tu n’es pas en harmonie avec le concierge, tu réussis à imposer ton compatriote difficilement».

    Congo-Gabon, avec le temps
    Moins coutumiers de cette pratique, les étudiants congolais et gabonais apprennent cette pratique de gré à gré auprès des Équato-Guinéens et des Tchadiens. Mahimbi, originaire de pointe noire se casse la tête depuis deux semaines pour trouver une chambre à un de ses compatriotes. «Moi je suis finissant et je cherchais la chambre pour mon cousin. Mon ami Kader du Tchad me demande de ne pas me gêner. Il me conseille de proposer à mon frère une cohabitation temporaire, puisque que je soutiens mon master en Novembre», confie-t-il.

    André Gromyko Balla

     

    Une rentrée scolaire en rangs dispersés

     

    Les rentrées scolaire et académique arrivent à grands pas dans les pays de la zone Cemac. Chaque État membre élabore son calendrier, et des stratégies pour assurer la bonne reprise des classes. Parmi les six pays de cette sous-région, le Cameroun, du Gabon et du Tchad présentent déjà leur top départ de la rentrée.

    Un point d’honneur est mis sur lutte contre la corruption au Cameroun, à travers le déploiement sur le terrain des agents de la Commission nationale anticorruption (Conac). Le Gabon par la voie de son président annonce la gratuité des manuels scolaires et la réduction de 25% des frais de scolarité. «Dès l’année prochaine, les manuels scolaires seront totalement gratuits», a-t-il indiqué lors de son adresse à la nation le 16 août dernier, à la veille de la célébration de la fête de l’indépendance. À en croire le président Ali Bongo Ondimba, la rentrée scolaire s’inscrit dans un cadre où tous les écoliers gabonais doivent avoir la même chance.

    Au Tchad, Moussa Kadam, le ministre de l’Éducation nationale, signe un arrêté fixant la rentrée pour les classes d’examen, 3èmes et Terminales, le 21 septembre et les classes intermédiaires le 2 octobre. On apprend toujours d’un autre arrêté que les frais de scolarité connaîtront une augmentation de 15 000 FCFA. Cette situation est une source d’inquiétude puisqu’il y a déjà une augmentation 2 500 FCFA. Cela fait globalement une augmentation de 175 000 FCFA.

    André Gromyko Balla

  • Communauté gabonaise de Yaoundé : des raisons de croire  en Ali Bongo Ondimba

    Communauté gabonaise de Yaoundé : des raisons de croire en Ali Bongo Ondimba

    Dans l’optique de briguer le troisième mandat aux élections présidentielles, législatives, locales, le président sortant a fixé le cap sur les œuvres sociales, et surtout sur la jeunesse pour porter le flambeau du Parti Démocratique Gabonais (PDG).

     

    Le 26 août 2023 au Gabon, le peuple Gabonais va se rendre aux urnes pour élire celui qui va présider aux destinées du pays pour les prochaines années. Il prendra ainsi part aux élections présidentielles, législatives et locales. Il faut préciser que le Président de la République du Gabon Ali Bongo Ondimba président sortant est candidat aux différents scrutins. Il a placé le prochain mandat sur « les actions qui tiennent en compte des besoins immédiats des populations », précise Roy Atiret Biye.Selon le nouveau secrétaire permanent de la fédération du Parti Démocratique Gabonais, il s’agit pour être plus précis de la prise en charge de l’assurance maladie, la prise en charge sanitaire, la gratuité du transport public, il y a également le plan d’accélération de la transformation qui a sans doute a connu une étape fulgurante. Dans ce sens, l’on note la construction de plusieurs édifices scolaires, des infrastructures sanitaires et la rénovation de plusieurs axes routiers. Le chef de l’Etat a mis un accent particulier sur l’employabilité des jeunes. Malgré ses moments difficiles, il se sent fort « il demande aux Gabonais de lui accorder la plus grande confiance, de lui accorder tous les suffrages, la majorité des suffrages, donc majoritairement nous voulons gagner, parce que nous savons que son nouveau projet est intitulé le pacte social et républicain », rappelle le Secrétaire permanent du Parti Démocratique Gabonais. Et de poursuivre : « Ce pacte a trois secteurs, le secteur de la solidarité, il a mis en place une politique inclusive celle qui tient en compte les difficultés des Gabonais, il a contribué au rayonnement diplomatique du Gabon en ceci que le pays soutient l’insécurité, nous soutenons les politiques visant à réduire la destruction des habitats naturels, à travers il cherche à préserver la nature, l’être humain, il s’agit là pour nous résumer du soutien indéfectible contre les changements climatiques, il faut ajouter à cela l’entrée du Gabon dans le Commonwealth , c’est une décision courageuse qui lui permet ainsi de diversifier les partenaires économiques », précise Roy Atiret Biye.

    Confiance à la jeunesse
    Il faut signaler que le Chef de l’Etat a fait de l’insertion de la jeunesse son cheval de bataille, lorsqu’il arrive en 2009. Le Chef de l’Etat fait confiance aux jeunes c’est pourquoi « il nomme les jeunes à des très hautes fonctions, pour preuve il nomme le 30 juillet dernier un jeune à la Fédération du Parti Démocratique Gabonais que je suis, et il fait confiance à la jeunesse Gabonaise au Cameroun en particulier et en général, il faut dire à travers cet acte que le Chef de l’Etat met la jeunesse devant ses responsabilités parce qu’il dit aux jeunes d’être une part active , d’être contributive dans le processus de développement de notre pays, d’aller aux prises des secteurs d’activités méconnus des Gabonais notamment l’entrepreneuriat , il faut oser , avoir une autre mentalité, le Gabonais à l’esprit bureaucratique , cet ère est révolue. Il faut souligner que la jeunesse est le fer de lance de la nation, désormais le flambeau est placé en la jeunesse, nous sommes dans l’ère de la revitalisation et de la régénération du parti», conclut Roy Atiret Biye.

    Olivier Mbessité

  • Blanchisseries artisanales à Yaoundé  : les bonnes affaires des Maliens et Nigériens

    Blanchisseries artisanales à Yaoundé : les bonnes affaires des Maliens et Nigériens

    Dans les quartiers latins du 4e arrondissement de Yaoundé, ces blanchisseurs sont sollicités à la fois par les étudiants et les habitants.

     

    Le manque de temps lié aux activités qui mènent de nombreuses personnes laissent prospérer une activité à Yaoundé, surtout dans les milieux estudiantins. Ajouter à cela le manque de moyens pour faire laver les vêtements dans les pressages : on parle de blanchisseurs qui font du porte à porte. Ce métier de blanchisseur consiste à laver, repasser et déposer les habitudes là où le propriétaire le décide. Les Maliens et Nigériens sont les pionniers de cette façon de faire. «Depuis 15 ans, je fais laver mes habitudes par les ressortissants de l’Afrique de l’ouest. Ils sont très souvent sénégalais et nigériens. Bref, mes habitudes du quotidien sont lavés par eux», explique Jacques Mani, technicien en bâtiment et résident au quartier deux chevaux à Yaoundé 4e.

    Bilali, Malien de 35 ans et habitant Ayéné a fait du lavage manuel de vêtements son gagne-pain. À en croire ses dires, il fait un choix stratégique en venant rester dans un quartier latin. La proximité avec les universités lui donne beaucoup de clients. Même si son talent et sa réputation d’excellent laveur de vêtements comptent aussi beaucoup. Bilali est particulièrement sollicité par les étudiants de l’Université catholique d’Afrique centrale et de l’Institut Siantou de coron. «Je lave au moins 200 vêtements par jour. Je commence dès le matin et j’arrête vers 14 heures. J’ai deux heures pour le repassage», explique t-il. Le reste du temps, il le consacre « à la distribution dans les mini-cités ».
    Son ami Malik est un Nigérien. Tous les deux habitent le même quartier. Le jeudi 24 août est jour de réfection de sa buanderie artisanale qui est déjà selon lui en piteuse état. Concrètement, il remplace les trois troncs de bois déjà inutilisables par des troncs qu’il a achetés à l’Institut universitaire Siantou en pleine construction. Il veut que cet endroit de travail soit fin prêt parce que la rentrée académique approche à grand pas. «Les étudiants ont commencé à me contacter. Donc, je dois être prêt pour laver les vêtements dès septembre», espère-t-il.
    Côté revenus, les deux blanchisseurs nous disent simplement que «c’est un métier qui nourrit son homme, puisque je fais des économies et j’envoie aussi à ma famille», avoue Malik. Mais ceux-là qui sollicitent leurs services disent payer 200 FCFA le vêtement. Il n’y a pas de distinction entre chemises, t-shirt, pantalon ou robe. «Bilali lave tout à 200 FCFA. Toutes les deux semaines, je lui donne 4 000 FCFA pour moi et ma femme», renseigne Amougou Manga, un abonné auprès d’eux. C’est le même discours que tient Hervé étudiant à l’UCAC. La différence est que «les habitudes de marques sont lavés au pressage».

    Avantages
    Contrairement aux pressings où il faut aller chercher soi-même ses vêtements ou alors donner les coordonnées à une personne pour les prendre à votre place, les blanchisseurs des quartiers, surtout étrangers, font le service après-vente. C’est-à-dire la livraison auprès du propriétaire. Pour Yannick Edang, ingénieur automobile à Continental, «avec eux, le client est roi parce qu’il peut apprécier et donner les orientations sur comment les vêtements doivent être traités».

    Risques
    Parriche, les étudiants tchadien à l’Université catholique d’Afrique centrale au campus d’Ayéné perdent ses vêtements. Il explique qu’Oumarou, blanchisseur malien, s’est évaporé avec ses habitudes. «J’avais 11 chemises de marque et deux vestes complètes. Je voyage pour le stage à N’Djamena. Je reviens et j’apprends qu’il n’habite plus le quartier». Ce manque de stabilité est un vrai handicap pour eux. Certaines personnes hésitent ou refusent même de leur confier les vêtements. «Je ne peux pas donner mes habitudes aux Ouest-Africains, ils sont très instables. Aujourd’hui celui-là te dit qu’il habite dans le quartier. Demain tu apprends qu’il a déplacé et un autre se présente déjà. Je ne peux pas faire confiance à des personnes pareilles», ajoute Pedro, étudiant équato-guinéen résident à l’ancienne Cami Toyota. C’est le même reproche émis par papa Emma,

    André Gromyko Balla

  • Les Quirouard, corsaires du pays de Retz, de Pornic à la côte de Jade

    Les Quirouard, corsaires du pays de Retz, de Pornic à la côte de Jade

    Dans les pays traditionnels de la Bretagne d’Ancien Régime, figure le pays de Retz qui a connu plusieurs capitales : Rezé aux portes de Nantes, Pornic sur la côte de Jade, et enfin Machecoul, ancienne cité romaine et mérovingienne. Déjà, les moines du monastère de Micy près d’Orléans, appelé Saint-Mesmin-de-Micy (fondé par le Clovis au VIe siècle) étaient attirés par le commerce du sel de cette région prospère, et y construisirent une église et un prieuré au VIIIe siècle.

    Le sel produit dans les marais salants de la baie de Bourgneuf et dans le marais breton était transporté sur le Tenu, reliant le golfe de Machecoul à la Loire pour ravitailler, en amont, les monastères prospères de Touraine et d’Orléanais. Au XVIIIème siècle, les corsaires ont eux aussi mené des alliances dans les terres. La plus étonnante est celle des Quirouard qui formèrent un pacte avec Félix Cossin dont les descendants se sont établis à Carquefou, commune située au nord de Nantes.

    Léonard Julien Quirouard est né le 6 septembre 1756 à Pornic et décédé le 21 mai 1834 à Pornic, à l’âge de 77 ans. Il fut capitaine de navire et corsaire du Roi pour l’armateur nantais Félix Cossin. Son patronyme ligérien mérite qu’on s’attarde sur ses relations avec les corsaires de l’Arc Atlantique, dont la Loire Atlantique a été un repaire important au même titre que Dunkerque et Saint-Malo, cités respectives de Jean Bart et de Surcouf.

    Félix Cossin (1762-1816), seigneur de Chources, a été un négociant nantais et armateur de corsaires nantais, aidé de son frère et propriétaire de bateaux. Il pouvait proposer ces derniers à des marchands, des négriers mais aussi à des capitaines spécialisés dans la course autorisée pendant les guerres contre l’Angleterre ou les Provinces unies ou bien simplement contre les compagnies commerciales comme celle des Indes (des Pays-Bas ou de l’Angleterre).
    Son bureau était situé au 42 quai de la Fosse à Nantes. Lui-même a pris en charge des courses au début de ses activités contre des bateaux anglais ou hollandais. Normalement le coursier ou corsaire saisit un butin et parfois un navire entier ; au retour dans le port de départ le butin est vendu et le montant permet de rémunérer l’équipage, le capitaine et bien sûr l’armateur (avec des parts négociés).

    La réalité pouvait être plus complexe : par exemple si grâce à un abordage un groupe de prisonniers était transféré sur le bateau vainqueur, il fallait négocier la remise de ces prisonniers soit avec l’ennemi sous la forme d’une rançon, soit avec les autorités françaises. Souvent, on essayait de régler cela avant le retour dans le port d’origine.
    Si le bateau entier pouvait être remorqué, il serait vendu dans un port connu par exemple Saint Louis dans l’Isle de France (Maurice). Donc des armateurs ont encaissé des sommes par la traite négrière avec le retour des marchandises (tabac, coton, sucre, épices, poivre, bois précieux etc.) mais aussi grâce à l’action de certains corsaires.
    A la fin de sa vie, Félix Cossin représente l’une des plus importantes fortunes de Nantes : à Carquefou il possède le château de Maubreuil lequel comprend six métairies. Certains lui attribuent le bâtiment de Bois Briand à Doulon (ancienne commune annexée à Nantes).

    Le fils de Félix Cossin devint maire de Carquefou et fut député. Parmi les petits enfants du grand-père, un garçon épousa une princesse de la famille Murat et la fille Clémentine Cossin de Chources donna naissance au futur inventeur de la voiture De Dion Bouton puisqu’elle était l’épouse d’Albert Guillaume de Dion Wandonne.

    Kevin LOGNONÉ

  • De la Briantais au Pérou

    De la Briantais au Pérou

    C’est le Pérou ! Une expression malouine un peu oubliée… Entre 1840 et 1879, le guano du Pérou engendra d’énormes richesses, car le pays et le Chili voisin détenaient le monopole mondial de ce fertilisant. Cet engrais très efficace, composé d’amas d’excréments d’oiseaux marins ou de chauves-souris, a fait la fortune d’armateurs, négociants et industriels Malouins.

     

    Parmi les pionniers, on compte le grand-père de Guy La Chambre : Charles Émile (1816-1907) dont les comptoirs en Amérique du Sud ont prospéré avec l’importation du guano par le Cap Horn. Et lui ont permis d’acquérir le château de la Briantais.

    En 1856, le Congrès des États-Unis adopta le Guano Islands Act, toujours en vigueur au XXIe siècle, qui autorise tout citoyen américain à réclamer, au nom des États-Unis, toute île inhabitée et non revendiquée susceptible de contenir du guano.

    Redécouvrir la richesse de ces échanges représente une opportunité pour la cité corsaire de Saint-Malo et son arrière-pays agricole moyennant d’en puiser de nouvelles idées dans la nutrition, le recyclage, l’utilisation d’algues, ou même les innovations en matière de design.

    Dans ces domaines, le pavillon Pérou à l’exposition universelle de Dubaï entendait jouer un rôle de boussole créative, avec de la gastronomie expérimentale à base de super aliments, un défilé de kimonos japonais tricotés en laine de lama ou encore la fabrication en temps réel d’un pont Inca tissé chaque année à Cuzco.

    Pour façonner le devenir d’une nouvelle génération d’oiseaux migrateurs de l’énergie opérationnelle, il faut s’appuyer sur une forte émulation locale pour décloisonner l’innovation. La valorisation de nouvelles ressources liées à la mer a longtemps rythmé l’économie locale des cités corsaires de Granville et Saint-Malo. Tant de pépites régionales mériteraient d’être étudiées comme par exemple les industries Probiomer, ou encore les industries Calcialiment sans oublier Via Nova Nutrition.

    Il existe un vrai laboratoire historique d’économie circulaire nourri par des familles françaises du monde des affaires (industrie, recherche et développement, créations) et du sport de course à la voile (régate).
    Pour comprendre le parcours de ces familles, il faut faire un détour par l’histoire des grandes familles de Saint-Malo et de la baie du Mont-Saint-Michel, marquée à la fois par le commerce international, l’engagement social et les responsabilités administratives locales.

    Elle partagent à bien des égards des chemins proches lorsqu’on observe par exemple le fonctionnement des usines Dior dans le négoce puis la fabrication d’engrais naturels. Pionnière de l’importation des guanos du Pérou et de la fabrication du guano dissous, la maison Dior a été aussi la première à vulgariser en France l’emploi des scories de déphosphoration qui sont mélangées à l’acide sulfurique . En 1860, celle-ci avait obtenu le marché de la récolte des boues domestiques de Granville, qu’elle revendait aux agriculteurs une fois transformées et fermentées.

    Le Pérou cultive aujourd’hui de nombreux points forts : son adhésion à l’Alliance du Pacifique, à la Communauté andine et à l’Accord global et progressif de partenariat transpacifique ; ses ressources minérales, énergétiques, agricoles et halieutiques (notamment cuivre, or, zinc, combustibles minéraux, poisson, café, thé et épices) ; son faible niveau de la dette publique et enfin l’indépendance de sa banque centrale et ses fortes réserves de change. Il existe donc pour les européens de belles opportunités de partenariat à imaginer avec ce pays andin qui souhaite réduire sa dépendance aux matières premières et à la demande chinoise.

    Kevin LOGNONÉ

  • Tel Aviv de l’Afrique : comment construire une société cosmopolite ?

    Tel Aviv de l’Afrique : comment construire une société cosmopolite ?

    A l’origine, le nom Tel Aviv vient du livre d’Ezéchiel, où il désigne une localité babylonienne en Mésopotamie. Le mot ‘’Tel’’ signifie en hébreu une colline artificielle formée par un tas de ruines, tandis que le mot aviv signifie ‘’Printemps’’. Ce nom a ensuite été choisi par Nahum Sokolow pour être le titre hébreu de l’Altneuland par Theodor Herzl.

    Dans cette histoire, Friedrich Löwenberg, un jeune intellectuel juif viennois fatigué de sa vie en Europe, entame un voyage en Asie avec l’intention de se retirer sur une île de l’océan Pacifique. Il part avec un aristocrate prussien, Kingscourt. En chemin, ils s’arrêtent à Jaffa et y découvrent la Palestine à l’état d’abandon. Ils se sont ensuite retirés sur leur île pendant vingt ans. A leur retour, lorsqu’ils repassent par la Palestine, ils découvrent la région transformée, muée en une société cosmopolite florissante.

    Développer la compréhension et la collaboration : bienvenue dans l’Afrique de l’agenda 2063. Le message de plusieurs plateformes africaines (Bénin, Togo, Nigéria, Botswana, Afrique du sud, Ghana, Cameroun), développé à l’Exposition universelle de Dubaï, visait déjà à tendre la main au monde pour développer la compréhension et la collaboration.

    L’ agenda 2063 est le schéma et le plan directeur de l’Afrique visant à transformer l’Afrique en puissance mondiale de l’avenir. C’est le cadre stratégique du continent qui vise à atteindre son objectif de développement inclusif et durable. Il s’agit d’une manifestation concrète de la volonté panafricaine d’union, d’autodétermination, de liberté, de progrès et de prospérité collective poursuivie dans le cadre du panafricanisme et de la renaissance africaine.

    La genèse de l’Agenda 2063 a été la prise de conscience par les dirigeants africains de la nécessité de recentrer et de redéfinir les priorités du programme de l’Afrique en partant de la lutte contre l’apartheid et de la réalisation de l’indépendance politique du continent qui avait été au centre de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), le précurseur de l’Union africaine; et au lieu de donner la priorité au développement social et économique inclusif, à l’intégration continentale et régionale, à la gouvernance démocratique et à la paix et la sécurité, parmi d’autres questions visant à repositionner l’Afrique pour devenir un acteur dominant sur la scène mondiale.

    De réelles opportunités s’offrent aux entrepreneurs afro-futuristes dans les domaines de l’agroforesterie, de l’industrie pharmaceutique, des sciences de la vie, de la nutrition et des technologies de la santé. Il suffit d’observer la place que jouent les échanges transfrontaliers entre le Cameroun, le Nigéria et ses voisins, en matière de valorisation de produits forestiers non-ligneux.

    Les aspects cosmétiques, alimentaires et médicinaux de ces produits sont aujourd’hui valorisés par de nombreux acteurs Nigérians, à travers le champ de la “New Nature Economy”. Cela représente un incroyable pôle de sourcing végétal, basé sur les co-produits de la flore et des forêts du bassin du Congo, que la propriété intellectuelle africaine doit valoriser, en misant par exemple sur des chaînes de valeur nouvelles autour d’indications géographiques protégées (IGP). Ce travail d’inventaire est accessible à l’aide des outils déployés dans le cadre du projet européen EUAV Forests au Cameroun.

    Kevin LOGNONÉ 

  • Banques de la jeunesse : les Youth Banks fêtent leur 10eme anniversaire en 2023

    Banques de la jeunesse : les Youth Banks fêtent leur 10eme anniversaire en 2023

    YOUTH BANK, une structure de financement participatif dédiée aux jeunes parisiens porteurs de projets innovants. Telle est l’idée d’une expérimentation qui avait été proposée en 2013 en Conseil de Paris, à la suite d’un voeu présenté par le Conseil parisien de la jeunes. A l’écoute de ce plaidoyer, Bertrand Delanoë avait salué cette «intervention lucide et dynamique». Le maire de Paris avait «encouragé les jeunes à être créatifs» et souhaitait à l’époque «faire une expérimentation rapidement».

    Du Mont-de-Piété aux Youth Banks
    Le Crédit municipal de Paris est l’une des plus vieilles banques du monde dont l’origine remonte au XVIIeme siècle. Sous le ministère de Richelieu, en 1637, le médecin Théophraste Renaudot avait réussi à intéresser le cardinal à la fondation du premier modèle d’établissement de prêt sur gages (Mont-de- Piété). Ce rôle précurseur dans ce modèle de micro-crédit est venu d’Italie au XVe siècle et symbolisé par un griffon. Cet animal mythologique, doté d’un corps de lion, d’ailes et d’un bec d’aigle, qui gardait les mines d’or d’Apollon dans le désert de Scythie, était déjà l’emblème du premier Monte di Pietà créé en 1462 par le moine Barnabé de Terni.

    Son utilité sociale fut rapidement reconnue : apporter un financement rapide pour répondre à un besoin de trésorerie. L’institution prête de l’argent sur gage à des taux plus avantageux que ceux pratiqués chez les usuriers. C’est toujours le cas aujourd’hui avec l’institution modernisée que représente le Crédit municipal de Paris.
    Un chantier de renaissance entrepris par le Conseil parisien de la jeunesse

    Les archives de la mairie de Paris ont conservé l’enregistrement vidéo des interventions en présence du maire de Paris : http://event.paris.fr/Datas4/conseil/133090_528a22d4c1713/

    Deux membres du Conseil Parisien de la Jeunesse avaient présenté au maire de Paris mercredi 13 novembre 2013 une proposition d’expérimentation d’une banque participative pour les jeunes entrepreneurs parisiens. Les Youth Banks s’inscrivent dans le prolongement du financement participatif et le Conseil parisien de la jeunesse entendait en faire évoluer le concept pour encourager l’énergie d’entreprendre et la prise de risques sur le territoire parisien.
    Qu’est-ce qu’une Youth Bank ?

    L’idée naît en Grande Bretagne un peu avant les années 2000. Cinq organisations en charge de l’expression citoyenne des jeunes (le British Youth Concil, et la National Youth Agency notamment) s’unissent et collectent des fonds, à hauteur d’un million de livres pour financer des projets portés par des jeunes. Les Youth Bank sont nées et sept implantations locales sont fixées. Les aides qu’elles peuvent apporter vont de 250 à 25 000 livres selon l’intérêt et l’ampleur des projets. Les Youth Bank sont gérées essentiellement par des jeunes âgés entre 20 et 25 ans, mais des référents plus âgés peuvent cependant venir en appui.

    Le projet d’une Youth Bank parisienne

    S’inspirant de ce modèle, le Conseil parisien de la jeunesse propose de développer un concept de Youth Bank inédit.
    En effet, sans doublonner avec les autres dispositifs déjà existants, l’originalité de la Youth Bank parisienne reposerait sur deux impératifs :

    – Être une structure pour les jeunes, gérée par les jeunes, créée par les jeunes, qui pourraient se constituer en association ; les statuts prévoiraient une limite d’âge pour les membres du conseil d’administration.

    – Être surtout une porte ouverte à de nouveaux itinéraires de création de valeur pour les jeunes.
    Un laboratoire d’idées toujours d’actualité en 2023

    Un étude de faisabilité (menée conjointement avec le Crédit municipal de Paris) gagnerait à être déployée lors du prochain Salon de l’Education (porte de Versailles) au moyen d’Ipads sur le stand de la Mairie de Paris.
    Parallèlement à cela, un questionnaire sur les besoins et les attentes des jeunes en matière de financements innovants pourrait servir d’outil d’enquête réactualisé et mis en ligne en reprenant sa forme et diffusion initiales
    : https://teleservices2.paris.fr/actu/jsp/site/Portal.jsp?page=form&id_form=8

    Enfin, une Youth Bank parisienne pourrait dans sa prospective accompagner des jeunes créateurs à valoriser des actifs immatériels, par exemple en gageant des brevets d’invention. Alcatel Lucent avait choisi de gager ses brevets pour faire face à ses problèmes de trésorerie et obtenir des prêts auprès du Crédit Suisse et de Goldman Sachs d’un montant de 1,615 milliard d’euros.
    La moitié des habitants de notre planète ont 30 ans ou moins, et ce chiffre devrait atteindre 57 % à la fin de 2030. La Journée internationale de la jeunesse avait encouragé de nouvelles compétences pour des Youth Banks vertes et immatérielles.

    Kevin LOGNONÉ

  • Archéologie : des autels tauroboliques du Mont-Dol au Mithraeum de Londres

    Archéologie : des autels tauroboliques du Mont-Dol au Mithraeum de Londres

    Professeur de Chateaubriand, Marie François Rever (1753-1828) fut un archéologue et l’auteur d’un passionnant manuscrit relatif à l’existence d’autels tauroboliques au Mont-Dol (situé en baie du Mont-Saint-Michel) et dont les origines antiques restent encore à élucider.

    Le Musée de Bretagne a bien détenu un moulage d’un « autel taurobolique du Mont-Dol exécuté sur le modèle en plâtre appartenant à la ville de Dol », entré en collection en 1882 (n° inv 882.0020.1). Malheureusement, s’il figure sur les anciens inventaires, il n’a jamais été localisé ni récolé, et donc n’est pas considéré aujourd’hui comme présent dans les collections. Selon sa conservatrice du patrimoine, le Musée de Bretagne ne possède en outre aucun visuel.
    Le récolement n’est actuellement pas entièrement achevé au musée (plus de 800 000 items conservés) et nous devrions voir son aboutissement en 2025. L’occasion d’espérer que de nouvelles recherches permettent de le retrouver en Petite-Bretagne. Pour patienter, il convient de questionner les interprétations quant à l’héritage perse auquel il est associé en Grande-Bretagne.

    Londres a été fondée vers 48 après JC, quelques années après la conquête romaine en 43 après JC. Rapidement construite comme une ville commerçante transfrontalière, les romains et les britanniques profitent allègrement des nouvelles opportunités commerciales offertes par les passages de l’armée romaine. A l’époque antique, Londres s’appelait Londinium. La Tamise elle-même était beaucoup plus large, avec plus d’îles et de marais créés par les marées.

    Dans la culture romaine, il était courant pour les gens de pratiquer et de suivre la religion publique, mais aussi d’entretenir des croyances personnelles. Répandu dans tout l’Empire depuis sa source indo-iranienne via des militaires et des marchands, le mithraïsme était une croyance privée et elle est apparue à la même époque avec deux autres: Isis (une déesse égyptienne) et le premier christianisme romain. Ces trois religions ou cultes avaient donc des liens avec des croyances religieuses originaires de l’Empire romain oriental; de là elles se sont progressivement rendues en Grande-Bretagne.

    Un temple de Mithra a été découvert dans la city de Londres en 1954 lors de fouilles menées par le professeur W. F. Grimes et Audrey Williams. Le professeur Grimes et son équipe avaient entrepris des fouilles de «sauvetage» dans des zones de la ville qui avaient été détruites lors du Blitz de la Seconde Guerre mondiale (terme allemand signifiant « éclair »). Personne n’était au courant de l’existence d’un temple sur le site avant les fouilles – totalement découvert par accident. Aussi, lors des premières fouilles, les archéologues n’anticipaient pas beaucoup de réaction du public. Cependant, la découverte d’une sculpture de Mithra a été publiée dans le Sunday Times, et le lendemain, de nombreuses personnes sont venues voir les premières fouilles de ce temple mystérieux. L’intérêt grandissant du public a conduit à une extension des fouilles et au cours des trois semaines suivantes des milliers de personnes faisaient la queue chaque jour pour le voir.

    Le temple de Mithra était-il le seul temple de Londinium? Non, quelques autres ont été identifiés grâce à des découvertes archéologiques; l’un près de l’endroit où se trouve aujourd’hui Old Bailey et le temple Tabard près du tube Borough moderne à Southwark. Un temple romain a peut-être été situé sur le site de la cathédrale Saint-Paul. Mais nous ne savons pas à quels dieux ou déesses ces temples étaient dédiés. Le Temple de Mithra est le seul temple où le bâtiment et l’iconographie du dieu auquel il était dédié ont été retrouvés ensemble.

    Au coeur de la city, Bloomberg s’est porté acquéreur du terrain sur lequel la découverte originale avait été faite, pour construire son nouveau siège européen. Le nouveau bâtiment a été conçu dès le départ pour inclure une réinterprétation complète du temple de Mithra. Sa construction a également conduit à un énorme projet archéologique qui a mis au jour des milliers d’objets anciens de Londres, y compris des fragments de rares tablettes d’écriture romaines. Dès la conception du projet, la priorité était de permettre une reconstruction du temple qui reflétait mieux son emplacement d’origine, son apparence et son importance.

    Comme certaines parties du temple ont survécu à l’emplacement d’origine, il n’a pas été possible de le reconstruire exactement là où il avait été trouvé. Cependant, Bloomberg a travaillé en étroite collaboration avec le Museum of London Archaeology (MOLA) pour créer un nouveau London Mithraeum, situé à la profondeur d’origine de la découverte de 1954 et à seulement quelques mètres de l’emplacement d’origine.

    Le mithraïsme est généralement appelé «culte du mystère» car ses rituels et ses activités religieuses étaient tenus secrets. À partir de preuves archéologiques, nous avons appris que des cérémonies d’initiation impliquaient lumière, son, encens et même de la fumée.

    Le passage symbolique de la flamme olympique prévu en 2024 en baie du Mont-Saint-Michel pourrait être l’occasion de relancer des recherches archéologiques sur ce site dont l’héritage grec et perse font partie des recherches inédites qui figurent dans le fameux manuscrit de l’archéologue Marie François Rever (1753-1828) sur les autels tauroboliques du Mont-Dol : aux origines des observations archéologiques de Chateaubriand.

    Si la Galerie du temps dans l’enceinte du Louvre à Lens explore l’importance des traces de ce culte d’origine perse et ses autels tauroboliques, d’autres villes ont récemment entrepris des découvertes archéologiques sur ce sujet comme Angers et Strasbourg.

    Kevin LOGNONÉ

  • Kyé-Ossi, ville d’intégration des pratiques mystico-spirituelles

    Kyé-Ossi, ville d’intégration des pratiques mystico-spirituelles

    La localité accueille des hommes et des femmes de plusieurs nationalités, adeptes de la magie, du mysticisme et de la sorcellerie, qui proposent la réussite par des voies obscures.

    Rite d’initiation au Bwiti avec l’Iboga

    «Une influence satanique règne dans les airs de Kyé-Ossi…!» Tels sont les propos de Hervé N. Fonctionnaire d’État dans la ville du département de la Vallée-du-Ntem dans la région du Sud du Cameroun depuis 2015, Hervé N. connait tous les contours de la ville aux trois frontières. À l’écouter, la vie et les affaires de la majorité de la population sont gérées, voire influencées, par les pratiques de sorcellerie, de magie et de spiritualité. «Ici, c’est le sport favori des hommes et des femmes qui veulent émerger dans les affaires», souligne-t-il. Pour lui, cette ville d’échange de biens et des personnes est également «une ville d’intégration des pratiques mystico-spirituelles de divers horizons». Et de poursuivre: «Cela est simple à concevoir: parce que Kyé-Ossi est une ville cosmopolite essentiellement pour les affaires, donc, les hommes et les femmes, de différentes tribus du Cameroun, de différentes nationalités des pays de la sous-région, importent leurs culturelles traditionnelles et procèdent, sans retenue, aux pratiques de sorcellerie et de magie». La présence de Salif dans la ville frontalière au Gabon et à la Guinée Équatoriale justifie les propos de Hervé N. Originaire de l’Extrême-nord du Cameroun, Salif réagit avec fougue: «…Quoi?… Kyé-Ossi?… Kyé-Ossi?… Ça ne blague pas! Ma marchandise finissait dans ma boutique sans que je ne voie la recette avec mes yeux! J’ai compris qu’il fallait que j’utilise les herbes et les écorces de chez moi, voilà comment je suis resté en vie ici, voici dix ans déjà».

    Àfis de la République Centrafricaine n’est pas en reste. Il a aussi importé des pratiques magico-traditionnelles centrafricaines au Cameroun. «Je suis arrivé ici avec mes écorces, je les ai toujours avec moi, je les consomme tout le temps et mes affaires marchent», avoue-t-il. Quant à Boubé Kabako, «le docteur naturopathe», venu du Niger pour participer à la 14ème édition de la Foire transfrontalière annuelle d’Afrique centrale (Fotrac), tenue du 20 au 30 juillet 2023, «je suis venu promouvoir et vulgariser «la médecine traditionnelle nigérienne» à base d’argile, des racines, des écorces et des plantes». Il s’en vante d’ailleurs: «en matière de pharmacopée traditionnelle, nous sommes les meilleurs… Même les envoûtements et les sors lancés, je règle le problème… Les gens n’ont qu’à venir découvrir». Il dit s’engager, vu la circonstance, «à soigner gratuitement» pour démontrer les vertus de la culture traditionnelle nigérienne en particulier et africaine en général. «S’il y a des gens qu’ils veulent des chances, qu’ils viennent les prendre. J’ai tout: la chance pour les affaires, le mariage, la réussite dans la vie et dans les affaires…», confesse-t-il.

    Un gendarme en service dans la ville frontalière témoigne qu’«à la brigade, ils sont constamment confrontés à gérer des problèmes où les victimes disent avoir subi des tours de magie ou de sorcellerie… Et lorsque des enquêtes menées sur les faits que nous présentent les concernés nous conduisent aux crimes, la procédure est mise en place pour envoyer les coupables en prison». L’homme en tenue informe qu’«ils sont nombreux, de différentes tribus et nationalités, «ces sorciers», dans la prison d’Ambam», ville située à environ 30 kilomètres de Kyé-Ossi et chef-lieu du département de la Vallée-du-Ntem.

    Pratiques
    Arnold K., fonctionnaire, affecté dans cette ville frontalière depuis l’année 2019, raconte que ses premières nuits étaient agitées par des faits insolites. «Il y avait des bruits bizarres sur la toiture de ma maison… On entendait des voix qui résonnaient bruyamment et qui disparaissaient aussitôt qu’on les percevait», relate-t-il. Fervent chrétien catholique, le ressortissant de la ville balnéaire de Kribi dit avoir pu trouver des astuces «pour chasser «les sorciers» de son camp d’habitation». Première astuce: «j’ai demandé à abattre le grand palmier qui se trouvait dans ma cour, car c’était là leur aéroport». Mais, à maintes reprises, des abatteurs professionnels ont décliné l’offre, craignant pour leur vie. «Tout le monde me disait qu’il fallait avoir quatre yeux pour abattre ce palmier… et il fallait d’abord le faire mystiquement. Mais moi, «fils des eaux de Kribi», j’ai décidé de mener le combat à la manière de mes ancêtres…», relate-t-il. Les explications sur les actions entreprises pour «abattre mystiquement» ce palmier révèlent d’un véritable film nocturne dont les actions sont mystérieuses, épiques, accompagnées d’hyperboles surdimensionnées. «Puis, nous avons déraciné l’arbre… en plein jour… C’était du venez-voir…», narre-t-il.

    Deuxième astuce: «j’ai demandé qu’on extrait son nectar pour en faire le «matango»… et je l’ai consommé surtout avec les natifs d’ici». Certainement, cette consommation s’est faite mystiquement au préalable, dans tous les cas, «voici quatre ans, je suis là et en bonne santé… Contrairement à ce que les gens disaient qu’il m’arriverait malheur», souligne victorieusement «le tradi-praticien», non sans dire qu’il a «embrouillé les sorciers en semant la confusion parmi eux». Il argumente: «j’ai mis de la peinture dans mon camp pour qu’ils ne reconnaissent plus jamais leur aéroport mystique». C’était là la troisième astuce «qui a été le dernier coup de massue». Le Kribien ajoute que tout cela a eu des conséquences quelques jours et des mois plus tard: «des gens sont morts de causes mystérieuses… Un est allé se jeter dans la rivière Kyé, un autre est allé dans le fleuve Ntem… d’autres par des accidents rocambolesques». D’après son expérience, «la plupart des sorciers sont des jeunes, natifs de Kyé-Ossi. Ils ont tous la même taille, entre 1 mètre 50 et 1 mètre 60, ils ne font rien en longueur de journée, leur seul activité c’est la sorcellerie».

    Initiation
    Anne Medou, Bulu d’Ebolowa au Sud du Cameroun, 32 ans, ne cache pas ses exploits de pratiques magico-mystiques au Cameroun, au Gabon et en Guinée Équatoriale. Elle dit être initiée au rite Bwiti avec l’Iboga à Bitam au Gabon, il y a de cela trois ans à peine. «J’ai acquis le pouvoir de charme et de séduction pour contrôler les hommes», affirme-t-elle. La femme Bulu confirme qu’elle a déjà usé de «ses pouvoirs pour envoûter les hommes» afin d’avoir tout ce dont elle a besoin. Son expérience débute un mois après son initiation à Libreville au Gabon. «Un homme m’a dit être tombé amoureux de moi. Il m’a hébergé, nourrit et me donnait de l’argent sans compter… En même temps, j’ai rencontré d’autres… Et j’envoyais des millions de francs CFA à ma famille et à ma mère pour s’occuper de mes enfants». À en croire Hervé N, c’est ainsi la vie des filles de Kyé-Ossi qui pratiquent la magie. «Elles le font pour devenir de grandes prostituées et gagnent par la suite beaucoup d’argent qu’elles mettent dans des tontines. Elles cotisent des centaines de mille chaque semaine et ne vivent que de fêtes», confie-t-il. Il avoue par la suite que, «avant que la Guinée Équatoriale ne ferme ses frontières, il y avait des cohortes de prostituées déjà initiées à ce rite d’Iboga qui arrivaient chaque jour à Kyé-Ossi pour procéder aux pratiques magico-spirituelles».

    Voyage astral
    Après le Gabon, Anne Medou a d’autres projets et doit les réaliser: «les esprits de la forêt me montrent tout le temps que je suis en Europe». Elle séjourne donc au Cameroun pour mieux se préparer dans «cette aventure qu’elle voit tout le temps en esprit». Le rite Bwiti, d’après la dame, la connecte en tout temps avec les esprits de la forêt. Une fois qu’elle consomme une petite quantité de poudre de l’arbre Iboga, «la porte du monde des esprits m’est ouverte». Chaque nuit, elle va dans la forêt, consommant la poudre de l’Iboga, pour «causer avec les esprits de la forêt» afin de «mieux voir clair» sur son futur. Après avoir passé près de deux semaines de pratiques magico-spirituelles à Kyé-Ossi, la jeune dame Bulu a eu enfin «des réponses concernant son aventure». Elle a rencontré un monsieur qui lui a proposé de lui rendre visite à Malabo en passant par Bata en Guinée Équatoriale. «Il m’a demandé d’aller chercher un visa de sortie au commissariat de la frontière…», narre-t-elle, tout en soutenant qu’elle a dû faire au préalable des lavements avec des plantes et attacher la poudre de l’Iboga comme talisman autour de sa taille. «…Arrivée à la frontière, le policier camerounais ne m’a rien demandée et m’a signée un visa de sortie», avoue-t-elle.
    Étant confiante en «ses bains et prières» pour que la route lui soit fluide, elle s’en va traverser la frontière Cameroun-Guinée Équatoriale sans difficultés: «j’ai seulement regardé un policier équato-guinéen droit dans les yeux et je lui ai dit tout simplement que je veux passer de l’autre côté. Il m’a prise par la main, puis m’a emmenée jusqu’au carrefour où on prend le taxi pour l’agence Kassav d’Ebibeyin». Tel qu’on connait la Guinée Équatoriale, réputée difficile pour les étrangers de circuler librement à l’intérieur de son territoire, surtout sans papiers, la Camerounaise dit qu’elle n’a pas été inquiétée quand elle s’est faite identifiée par un policier, à qui elle a avoué qu’elle n’avait pas de papier. Partant d’Ebibeyin, elle parcourt près de 247 kilomètres, pour joindre Bata, sans être inquiété. «Dix-huit postes de contrôle. J’ai pris la peine de compter. J’ai passé une nuit à Bata et le lendemain, je suis montée dans un bateau pour Malabo. Et là, je ne sais pas comment le voyage a été géré financièrement. Je sais seulement que je suis arrivée à Malabo».

    À peine deux semaines passées dans la capitale de la Guinée Équatoriale, l’aventurière avoue qu’elle s’est retrouvée associée à d’autres réseaux magico-spirituels dont les pratiques l’ont amené à prendre un vol pour l’Europe, avec «son ami». Aux dernières nouvelles, Anne Medou serait actuellement à Hendaye, commune française du département des Pyrénées-Atlantiques, au Sud-ouest de la France ; c’est la dernière ville côtière avant l’Espagne. À l’en croire, ses exploits proviennent de son initiation au rite Bwiti «qui m’a permis d’aller dans le monde des morts pour rencontrer mes ancêtres qui m’ont donnée le pouvoir d’arranger ma vie», relate la Camerounaise.

    Patrick Landry AMOUGUY, envoyé spécial à Kyé-Ossi

  • En faveur de la jeune femme : l’ARREF se déploie à Ngoro

    En faveur de la jeune femme : l’ARREF se déploie à Ngoro

    Hygiène corporelle et formation aux activités génératrices de revenus, tels sont les modules dispensés au cours d’une session dédiée à près d’une centaine d’apprenants.

    Formation des jeunes aux activités génératrice de revenus

    Ce 12 août 2023, la commune de Ngoro (département du Mbam-et-Kim, région du Centre) reçoit l’Association pour la réhabilitation des réfugiés, des jeunes et des femmes (ARREF). Objectif : éduquer les femmes sur la santé reproductive et les autonomiser. Pour ce premier contact avec les populations de Ngoro, soixante-dix jeunes femmes âgées de 12 à 35 ans participent aux formations sur les activités génératrices de revenus (AGR). Elles reçoivent des enseignements pratiques dans la fabrication du savon liquide, la préparation du lait de soja, la fabrication de baume de massage, et la confection de la viande de touffu. Une expérience qui ne laisse pas les apprenantes indifférentes. «Je suis contente, j’ai beaucoup appris. À l’issue de cette formation, je vais moi-même fabriquer mes produits et les vendre pour subvenir à mes besoins», se réjouit Marie, participant. Les autorités traditionnelles et publiques magnifient la rencontre. «Cela relève de l’inédit. C’est la première fois qu’une telle formation se tient chez nous. Nous remercions les organisateurs pour l’initiative et nous souhaitons les revoir dans les prochains mois pour d’autres formations en faveur des jeunes femmes», fait savoir sa Majesté Nanga.

    Madame le maire, Marceline Anne Nango, quant à elle, prend l’engagement « de soutenir tous les jeunes qui, après formation, vont poursuivre la fabrication et la vente de leurs produits dans la localité de Ngoro ». Selon la présidente de l’ARREF, Marthe Oloumé, les activités menées dans la localité de Ngoro sont soutenues par sa Majesté Mveimani Sombo Amba, roi des Sanaga, Djanti, Baveuck et autres tribus affinitaires, qui souhaitent sonner le verre des comportements déviants des jeunes de cette commune.

    Olivier Mbessité

  • Éclat de Lumières : la rue Le Bastard doit-elle repenser son plafond de couleurs en relation avec les Indes ?

    Éclat de Lumières : la rue Le Bastard doit-elle repenser son plafond de couleurs en relation avec les Indes ?

    A Rennes, la rue Le Bastard porte le nom de l’ancien maire et sénateur, Edgar Le Bastard. Devenu un industriel important de la ville, Edgar Le Bastard (1836-1892) a été président de la Chambre de Commerce de Rennes. A cette même époque, l’industrie du cuir et des maîtres-tanneurs très prospères dans les Indes a connu un âge d’or à Rennes. Au cours de ses mandats, il a considérablement travaillé au développement de l’enseignement dans la ville, notamment l’université.

    Dès 1836, le premier client du cuir est : le cheval. Les équipements équestres se dessinent en collaboration avec une filière de cuir de pointe entre style affûté et matières techniques. Acquis à la filière équine, Edgar Le Bastard a été le maire bâtisseur de l’hippodrome de Rennes, devenu le parc des Gayeulles, offrant encore aujourd’hui un « spectacle magnifique » du règne animal avec ses paons, biches, cerfs et autres animaux sauvages.

    Le génie de l’artisanat du cuir est d’offrir confort et liberté de mouvement au cheval et son cavalier en toutes conditions. Lumières et innovations urbaines pourraient-elle de nouveau célébrer les talents d’innovation de cet Hermès rennais entre ville et nature ?

    Depuis 2021, une statue de cheval orne le parvis de la gare de Rennes. En référence à la mythologie bretonne, son créateur, Jean-Marie Appriou, artiste brestois, l’a appelé Morvarc’h, le nom du cheval du roi Gradlon. Reflet de la mobilité, d’une puissance fantastique et poétique, cette sculpture équestre monumentale est représentée avec deux têtes.

    Fruit d’une réflexion bicéphale, « Lumière, Lumières » était le thème du pavillon France à l’occasion de l’Exposition universelle de Dubaï, ancien protectorat britannique sur la route des Indes qui compte encore aujourd’hui une communauté indienne et pakistanaise qui très largement les 45% de la population expatriée dans les Emirats.

    En écho à cette double référence aux innovations techniques et philosophiques, le slogan du Pavillon France « L’inspiration à la vitesse de la lumière » reflétait son ambition et son programme : en un temps record, entraîner les visiteurs le long d’un parcours qui met en lumière des innovations et des créations françaises uniques et audacieuses. A cette occasion, l’exposition permanente du Pavillon France à Dubaï : redéfinir le progrès disposait d’une pièce maîtresse constituant l’un des projets les plus emblématiques du Siècle des Lumières, l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Ce livre phare représentait un effort de rassemblement et d’organisation des connaissances,

    Un espace artistique immersif dans la rue Le Bastard

    En Inde, le festival de Diwali célèbre la victoire de la lumière. Alors pourquoi la rue commerçante Le Bastard ne célébrerait pas un plafond de couleurs en harmonie avec les Indes et les nouvelles technologies, à l’image du pôle de réalité virtuelle de la technopole de Laval ou encore de la scène artistique et culturelle de Dubaï qui ne cesser de croître avec le lancement de l’Infinity des Lumières. Réparti sur un espace inédit, ce lieu immersif ramène les plus grandes œuvres contemporaines à la vie via des projecteurs, hauts-parleurs et images numériques HD. Aussi, cette expérience immersive transporte ses visiteurs dans un univers où ils peuvent pleinement profiter d’œuvres d’art en mouvement. L’une des dernières expositions en date, Raise Vibration, était un voyage immersif autour des œuvres de Gaudi,

    Rennes a bel et bien une histoire avec les Indes Occidentales et les Indes Orientales à redécouvrir. Tant de personnages légendaires sont passés aux oubliettes, à commencer par La Motte Picquet dont peu de rennais sont capables de situer son passé dans le centre historique. Il existe pourtant une station de métro : La Motte Picquet à Paris au pied de la tour Eiffel.

    A l’heure de la redécouverte du pavillon des Indes de Saint-Malo, la capitale bretonne gagnerait à redonner une nouvelle dimension à son plafond de couleurs, en célébrant doublement la capitale de créativité des Indes et la capitale de liberté associée au patrimoine et aux arts équestres. En somme, avec de nouveaux éclats de lumières, le plafond de couleurs rennais inviterait à prendre soin de chacun, dans tous les moments de fragilité de la vie ; à l’image du programme Empreintes sur le monde en soutien à l’institut Equiphoria qui s’appuie sur le mouvement du cheval pour soigner des personnes en situation de handicap. Alors, à quand Rennes se remet en selle ?

    Kevin LOGNONE

  • Gestion des droits d’auteurs et droits voisins : les artistes peinent à accorder leurs violons

    Gestion des droits d’auteurs et droits voisins : les artistes peinent à accorder leurs violons

    C’est la quintessence de l’Assemblée générale extraordinaire de la Société camerounaise des droits voisins (SCDV), tenue le 10 août dernier à la salle de convivialité du Musée national, avec l’objectif de toiletter les textes organiques de l’institution.

     

    C’est dans une ambiance électrique et tendue que s’est déroulée l’Assemblée générale extraordinaire de la Société camerounaise des droits voisins (SCDV). Au rendez-vous, des empoignades chaudes, des éclats de voix, des menaces et autres. En filigrane, la cacophonie et la dissonance désormais érigées en norme, en lieu et place de l’harmonie à la SCDV. Les artistes s’offusquent de «l’infantilisation dont ils sont victimes. Pour une Assemblée générale censée débuter à 10h, c’est à 16h30 que les choses vont démarrer», peut-on entendre dans la salle. D’autres artistes exigent «l’annulation de ladite Assemblée générale extraordinaire dont le président sortant du Conseil d’administration est Aladji Touré». Après plus d’une heure de tractations et de négociation, c’est vers 17h que les assises vont démarrer sous le regard inquisiteur de nombreuses icones de la musique camerounaise et du cinéma.

    Objet
    L’objet de l’Assemblée générale est de revoir les textes. «Nous sommes venus à cette assemblée générale de la SCDV pour les revoir, car il faut le dire, à la fondation, tout le monde n’a pas été imprégné», explique l’artiste de bikutsi Pasto. Et de poursuivre: «maintenant que nous connaissons la valeur des activités de cette société qui doit reverser de l’argent dans toutes les autres sociétés, nous sommes et entendons revoir les textes pour améliorer les conditions de vie des artistes. Nous sommes tout de même inquiets au sujet de l’organisation». L’instrumentiste et musicien à l’orchestre de la Crtv (Cameroon Radio Television), Jeka Ngoye, fait savoir qu’il est présent «parce qu’il y a un vide juridique, puisque cela fait cinq ans que le bilan de l’ancien bureau est attendu».

    À l’en croire, sa présence se justifie par ailleurs par le fait qu’ils «avaient fait de lui un membre d’une commission et jamais il n’avait été notifié. Pour être plus précis, je suis ici parce qu’on doit amender nos statuts, et je pense qu’il y a deux problèmes fondamentaux à l’ordre du jour: il y aura un scrutin à liste ou uninominal, et je souhaite enfin revoir la copie privée qui pourra nous faire vivre de notre art dans les droits voisins. Je ne sais pas pourquoi cela traine. J’espère aussi que cette fois-ci, je suis encore commissaire de la SCDV et que je serai notifié. Je pourrais apporter ma pierre à la construction de l’édifice», souligne-t-il.

    Olivier Mbessité

  • Yaoundé : le grand pavoisement des librairies

    Yaoundé : le grand pavoisement des librairies

    Les propriétaires affinent petit à petit leurs stratégies pour attirer les clients. Ils comptent monter en puissance après le 15 août.

    Les libraires encore sur leur faim

    À moins d’un mois de la rentrée scolaire, les libraires commencent à s’activer. S’agissant des manuels scolaires, le dénominateur commun à date est que les clients, c’est-à-dire les parents et les élèves, ne répondent pas encore à l’appel des librairies. L’heure est plutôt au grand nettoyage des boutiques et à l’installation des artéfacts scolaires. «Il n’y a pas encore de marché ici, les parents sont encore en vacances. Bref, le 15 août est encore dans les têtes des uns et des autres. Nous attendons la fin de cette fête pour voir les clients. En plus, les résultats des examens viennent à peine de sortir et d’autres sont encore attendus», explique Jean, chef d’agence d’une librairie au carrefour Mvog-Mbi.

    Mvog-Mbi
    Au carrefour Mvog-Mbi, dans le quatrième arrondissement de la ville de Yaoundé, l’on note une forte présence des librairies. Au marché Mokolo, dans le deuxième arrondissement, les librairies sont également fortement représentées. Toutes mettent les bouchées doubles pour attirer le plus de clients le moment venu. Elles rivalisent d’inventivité dans leur marketing. Campagne de séduction par la production des spots (musiques et discours), le renouvellement des plaques et banderoles dans les carrefours de la ville, l’affichage des manuels scolaires déjà disponibles…

    À l’entrée d’une boutique, un grand tableau vous accueille. On y découvre, les noms et les prix des manuels scolaires. Dans cette autre librairie, quatre jeunes dames sont briefées par la patronne des lieux sur comment attirer les clients. «Quand un client est là, la première des choses est de lui montrer le tableau des fournitures scolaires», enseigne-t-elle.

    Dans une librairie tout à côté, on met l’accent sur l’accueil. Ce mercredi 9 août, le chef commercial tient un séminaire avec ses huit employés. Au menu: comment aborder les clients en présentant les modes de paiement. On apprend auprès du patron que les établissements financiers sont aussi mis à contribution. «Un parent peut prendre des fournitures scolaires chez nous et on coupe son argent à la banque partenaire», renseigne le responsable.

    Montée Zoé
    À 300 mètres du carrefour Mvog-Mbi, précisément chez Laurent Blanc à la montée Zoé. Le propriétaire, la soixantaine, revient des ministères de l’Éducation de base et des Enseignements secondaires. C’est «pour savoir très exactement les livres que je vais vendre». Il dit ne pas vouloir être dans l’imbroglio. «Je me suis retrouvé avec plusieurs types de livres. Trois livres de maths pour une classe», explique le libraire.

    Mutation saisonnière
    Même les quincailleries mobiles s’apprêtent à faire la mutation saisonnière. Au marché Mokolo, Jean comme il se fait appeler, dit avoir un porte – tout dans lequel il vend le matériel de construction au carrefour Nkoabang dans l’arrondissement de Nkolafamba. Il vient récupérer sa commande de cahiers, stylos, crayons et bien d’autres avant que son fournisseur ne soit submergé. «Après le 15 août, les hostilités commencent et les constructions vont attendre. La priorité est d’envoyer les enfants à l’école. Je fais cela chaque année pour gagner plus», affirme l’homme.

    Parents
    Toujours au marché Mokolo, seuls les cahiers sont pour le moment achetés par quelques parents. Ils estiment eux aussi devoir d’abord s’assurer que les livres qu’ils achèteront sont ceux mis sur le marché par les ministères en charge de l’éducation et homologués par le ministère du Commerce. «Je suis venu acheter les cahiers pour mon fils qui a réussi au probatoire D. J’attends encore avant de me lancer dans l’achat des livres», s’explique M. Manga dont le fils fréquente le lycée de la Cité verte dans le 2e arrondissement.

    André Gromyko Balla

  • Listes officielles des manuels scolaires : les mêmes et on recommence!

    Listes officielles des manuels scolaires : les mêmes et on recommence!

    Selon le Conseil d’agrément des manuels scolaires et des matériels didactiques (Cnamsmd), les listes des fournitures scolaires sont celles homologuées l’année dernière par les ministres de l’Éducation de base et des Enseignements secondaires.

    Les assurances aux parents du Pr Vounda Etoa

    Le 4 septembre 2023 est retenu conjointement par les ministres de l’Éducation de base et des enseignements secondaires comme date de la rentrée scolaire au Cameroun. Une échéance importante pour la communauté éducative. Pour l’heure, les parents et enseignants sont dans les préparatifs. Il faut acheter les fournitures scolaires. Si l’indisponibilité des manuels scolaires a souvent révélé des débats houleux et fait couler beaucoup d’encres et de salive, sans exclure la présence dans le circuit des livres non reconnus par les autorités, il faut souligner que cette année, « les manuels scolaires sont disponibles. Il n’y a pas eu de changement de livres au programme», rassure Marcelin Vounda Etoa, secrétaire permanent du Conseil national d’agrément des manuels scolaires et des matériels didactiques. Et de poursuivre : « selon les textes, les manuels scolaires font trois ans dans les programmes. Autrement dit, les manuels sont donc disponibles chez les éditeurs qui savent déjà qu’il n’y aura pas de changement. Ils font des stocks et les vendent aux grossistes qui sont des distributeurs qui vont revendre à leur tour aux libraires qui sont des détaillants. Il y a 304 manuels scolaires au programme, et si un libraire manque de manuels, c’est faute de moyens».

    Par cycle
    Les listes officielles des manuels scolaires pour l’année 2023-2024 sont celles homologuées et déposées par le ministre de l’Éducation de base, Laurent Serge Etoundi Ngoa, le 25 mai 2023, et le ministre des Enseignements secondaires, Nalova Lyonga, en date du 1er juin 2023. Pour ce qui est de la maternelle, l’enfant a droit à trois livres dont le prix à l’unité est de 1000 FCFA. Au primaire, l’enfant à six à sept livres dont le prix à l’unité n’excèdent pas 2000 FCFA. Les manuels scolaires sont à la portée de toutes les couches sociales. Au secondaire, l’élève doit avoir sept à huit livres dont le prix à l’unité oscillant entre 1500 FCFA et 6500 FCFA. Il y a lieu de préciser que les manuels scolaires varient en fonction de la classe de l’élève et surtout des différentes séries A, B, C, D, E et TI de l’enseignement général.

    Mise en garde
    Avant la reprise des classes, pour ce qui est du manuel scolaire, les chefs d’établissement sont mis en garde et sensibilisés, pour éviter de mettre au programme les livres non reconnus par les pouvoirs publics. «Sur l’attention des responsables d’établissement et des libraires qui acceptent les livres des éditeurs qui ne sont pas retenus. On leur a fait savoir qu’il y a une nouvelle loi sur le livre qui interdit qu’on remplace des livres qui ne sont pas sur les listes officielles. Donc tout le monde est sensibilisé et à partir de la semaine prochaine, nous allons procéder aux descentes sur le terrain, pour voir les listes affichées dans les différents établissements scolaires publics et privés», prévient le secrétaire permanent du Conseil national d’agrément des manuels scolaires et des matériels didactiques.
    En outre, il invite les parents à veiller sur les livres à acheter pour leurs progénitures. Ils doivent de ce fait se rapprocher des établissements pour avoir les listes officielles des manuels scolaires. Car, à chaque discipline ou matière, correspond un livre exclusivement.

    Olivier Mbessité

  • Roger Le Faou, oiseau migrateur de l’énergie opérationnelle

    Roger Le Faou, oiseau migrateur de l’énergie opérationnelle

    Roger Le Faou est un ingénieur militaire de carrière originaire du pays de la cité du Ponant. Né le 7 juillet 1923, il fut lieutenant-colonel au Service des essences des armées. Il décède d’un cancer le 20 mars 1975, à l’âge de 51 ans.
    Lors d’une cérémonie militaire à Bordeaux le 11 mai 1972, il a été décoré chevalier de l’ordre national du mérite et a participé aux programmes d’appui aéronautique de l’armée au lancement du Concorde et autres réalisations de forte technicité (Mirage IV). Le service des essences des armées (SEA) était notamment chargé d’organiser le ravitaillement en carburant des aviateurs.

    Ses nombreux périples et affectations l’ont amené à vivre à Ploumoguer, Rabat, Casablanca, Marseille, Baden Baden, Fribourg, Renchen, Valenton, Gonesse, Malakoff, Bordeaux, Gradignan, Paris, Brest … Son épouse, Jeanne Le Faou
    née Pellé fut une fidèle adhérente ainsi qu’un membre actif de l’Association Nationale des Officiers de Carrière en Retraite, des Veuves, Veufs et Orphelins d’Officiers (ANOCR) reconnue d’utilité publique (Décret du 9 juillet 1993-JO du 17 juillet 1993) dont l’existence remonte depuis 1911. Elle y propose de nombreuses activités et fut responsable pendant des années d’un club de jeu de lettres au Cercle naval de Brest.
    Roger Le Faou fut le père de trois enfants : Michel, Marie-Laure et Marc; le grand-père de quatre petits-enfants.

    Un parcours d’oiseau migrateur dans l’énergie opérationnelle

    Il fut victime dans un premier temps en Indochine et en Afrique du nord. Au Maroc, il démarra à Casablanca puis rejoint la base aérienne de Rabat. Il poursuit ensuite sa carrière au laboratoire du SEA (Service des Essences des Armées) de Marseille. Le Centre d’expertise pétrolière interarmées (CEPIA) est situé aujourd’hui au laboratoire du SEA, 111 avenue de la Corse dans la Cité phocéenne.

    En pleine Forêt Noire, il participe à plusieurs programmes des Forces françaises en Allemagne.
    Le Mirage IV est un bombardier stratégique français dont les études ont débuté au milieu des années 1950. Entré en service en 1964, il fut le premier vecteur de la « triade » de la dissuasion nucléaire française. Sa carrière va durer plus de 40 ans (retrait du service en juin 2005), dont les dix dernières années seront uniquement consacrées à des missions de reconnaissance. À partir de 1960, le Mirage IV est l’un des quelques avions au monde (avec le English Electric Lightning et le Convair B-58 Hustler) capable de voler à Mach 2 soutenu pendant plus d’une demi-heure d’affilée. L’expérience du vol bi-sonique acquise servira ensuite au programme Concorde.

    Roger Le Faou s’installe ensuite avec sa famille à Bordeaux et Gradignan. En région Aquitaine, il participe à l’augmentation des capacités du dépôt essence-air (DEA) de Mérignac. À la base aérienne de Mont-de-Marsan, il reçoit la visite du député M.Dijoud, rapporteur de la commission des finances, de l’économie générale et du plan de l’Assemblée nationale.

    Enfin, à la fin de sa vie, il retourne à Brest dans la Cité du Ponant et ses terres océanes natales.

  • Abbé Lucien Pierre Betene : on savait, mais quoi?

    Abbé Lucien Pierre Betene : on savait, mais quoi?

    Le prêtre-chanteur raconté par ceux qui l’ont connu.

    L’abbé Lucien Pierre Betene de son vivant.

    «Nkukuma David». Le nom de cette chorale créée il y a 53 ans suggère spontanément l’idée d’un chant stylistiquement défini, immuable dans sa traversée du temps, identique dans la forme et dans la manière de le chanter. Puisant dans les traditions musicales du Cameroun, sa prospérité est due au dévouement d’un homme : Lucien Pierre Betene. «Cette chorale a sa manière propre de permettre aux mots de prendre chair dans le gosier du chanteur et le tympan de l’auditeur. Elle illustre le chemin spirituel accompli par ce prêtre», souligne Mgr Samuel Kleda. Le constat que fait l’archevêque métropolitain de Douala ce 1er août 2023 n’est pas nouveau. Il a été fait depuis des années, par le pape Jean-Paul II, lors de sa visite au Cameroun en août 1985. Fasciné par le mélisme, le rythme, le lien parole/musique et l’attitude vocale de «Nkukuma David», le souverain pontife dit avoir «découvert l’intelligence et la profondeur de la foi dans ce qu’elle a de plus délectable». «Et avec ça, s’exclama Jean-Paul II, le chant liturgique devient ce qu’il aurait toujours dû être : le lieu d’une expérience spirituelle, individuelle et collective».

    «Sacerdoce liturgique»
    En s’attardant sur sa profondeur, le propos papal dirige le regard vers Lucien Pierre Betene. Au compteur de ce dernier, plus de 50 ans au service de Dieu et de l’Église catholique romaine. «Il a su faire prendre conscience au peuple chrétien du Cameroun que le chant liturgique ne faisait pas de lui un peuple à part, mais un peuple qui prend part», glisse Monseigneur Philippe Ambassa Minfoumou. «L’abbé Lucien Pierre Betene a su allier le plaisir de textes savamment composés et celui de permettre aux mots de prendre chair dans le gosier du chanteur et le tympan de l’auditeur chrétien. Il avait compris l’immense richesse du chant bantou disponible pour le peuple chrétien en quête d’une nouvelle manière de dire sa foi», poursuit le chapelain du pape. Si le chant de Lucien Pierre Betene est donc de nature à susciter la foi, c’est qu’il s’inscrit dans la dynamique et dans les formes de la liturgie chrétienne dont l’homme avait une excellente connaissance. Non seulement parce qu’il était prêtre, mais surtout parce qu’il était artiste. «Il évoluait avec aisance dans la liturgie et dans les règles de ce qui est. Le goût des mots et le goût de la parole de Dieu mêlaient leurs saveurs dans la bouche de Lucien Pierre Betene. Il avait le goût des mots éwondo qu’il saisissait, manipulait, caressait amoureusement, mettait en valeur, aimait pour ce qu’ils sont, dans leur simplicité, ajustait dans leur acception propre et mettait en relation sémantique et sonore avec les autres. L’ensemble était souple et rythmé, avec des formulations compréhensibles à la seule audition», selon l’expression de son ami professeur Jean Paul Messina, laïc catholique et secrétaire général de l’Université catholique d’Afrique centrale (Ucac). «Grand lecteur et traducteur de la Bible, et particulièrement des Psaumes, il jouait son jeu devant Dieu comme David dansait devant l’arche. Se sachant un mot d’amour de Dieu, il utilisait dans ses compositions les mots mêmes de Dieu, qui sont ceux de David, d’Isaïe, de Jérémie, de Matthieu, de Paul, de Jean… Les Livres prophétiques, les Psaumes, les Évangiles et l’Apocalypse étaient ses principales ressources langagières. Il y puisait ses images et son lexique, n’hésitant pas à puiser dans le fonds traditionnel de la musique religieuse et populaire, en la conjuguant à la maestria de ses connaissances spirituelles et théologiques», s’épanche Monseigneur Philippe Ambassa Minfoumou.

    Maître
    Et lorsqu’on parle de «jeu», celui que menait Lucien Pierre Betene, ordonné prêtre le 6 mars 1971, était consacré essentiellement aux autres. «Il savait bien, en effet, qu’on n’est pas chrétien tout seul, et sa vocation de prêtre faisait de lui tout spécialement un compagnon, un frère», signale Michel Samuel Akamesse, adjoint au maire de la commune d’arrondissement de Yaoundé III. Et d’après le père Janvier Nama (ancien secrétaire à l’éducation de l’archidiocèse de Yaoundé), beaucoup de maîtres-choristes ont été ensemencés par les plus belles trouvailles de Lucien Pierre Betene. «C’était un si grand poète! On ne peut pas avoir travaillé dans son amitié sans être influencé par lui. Il se peut même que j’aie tenté l’une ou l’autre fois d’écrire comme lui, de l’imiter. Il m’influençait par sa juste intelligence du mystère chrétien, sa passion d’écrire, de rendre au chant religieux son rôle de véhicule de la foi, de réveiller les mots endormis de la langue chrétienne, par l’élégance de son écriture, la rigueur toujours cherchée dans la cohérence des images», confirme Jean-Laurent Mekong, président et chef de chœur à la chorale Saint Mathias de Ndangueng (Mefou-et-Afamba).

    Répertoire
    C’est un travail anonyme dont Lucien Pierre Betene n’aimait pas trop parler. Certains comme l’abbé Benjamin Florentin Ndzomo Mvogo (vicaire de la paroisse Sainte Croix de Minta, diocèse d’Obala), évoquent le souvenir d’ «un homme très discret, à l’heure où les médias inondent le marché de spectacles dont l’un des objectifs est de se mettre à la portée du plus grand nombre pour accroître l’audimat». En ce sens, c’est d’abord sur l’idée de «discrétion» qu’il faut s’arrêter pour faire le point. La chose est d’ailleurs assez facile à comprendre à partir du répertoire laissé par Lucien Pierre Betene. «C’est un catalogue qui ne fonctionne pas à l’économie : «O në mbëñ e, a Maria», «O nyëbëgë a dze a Maria», «Ovuma a Maria», «Mod a nyëbë a dzel! A bëgë mbëmbë foe», ou encore «kudu bi’ ngòl o, kudu bi’ ngòl a nti, engòngòl», entre autres titres disponibles sur la chaîne Youtube portant son nom. «À la dimension de ceux de Pie-Claude Ngumu ou de François-Xavier Amara, c’est un vaste répertoire qui donne envie de chanter à pleine voix la louange de Dieu! C’est un répertoire dans lequel les énergies divines sont au service de la foi, car il conjugue un mystère qui nous dépasse et une véritable connaissance des Écritures, la joie d’un moment de fête et un nécessaire moment de recueillement avec Dieu», résume Monseigneur Philippe Ambassa Minfoumou. «Ce répertoire gagnerait à être mis dans les mains de tous ceux qui veulent expérimenter le chant religieux catholique romain fait au Cameroun», suggère l’abbé Jean Pierre Éric Menounga, prêtre camerounais exerçant dans l’archidiocèse de Montréal (Canada). «Puisse ce répertoire contribuer au grand projet de renouveau pastoral et spirituel et être un compagnon bénéfique de vie chrétienne pour tous les fidèles du pays», appuie l’abbé Augustin Germain Messomo Ateba, curé de la paroisse d’Agen (France).

    Trajectoire
    Oui, tous parlent de Lucien Pierre Betene. Certes il n’était pas parfait, il n’était qu’humain. Catalogué parmi les plus vieux prêtres catholiques de l’archidiocèse de Yaoundé, «il y avait du Jean Baptiste en lui, le prophète qui enguirlandait le roi Hérode sans façons», souffle l’abbé Benjamin Florentin Ndzomo Mvogo. «Au service des plus pauvres d’entre nous, il n’avait peur de rien. Ni du cynisme des bien-pensants, ni de la couardise des égoïstes. Il fustigeait l’indifférence vis-à-vis de l’autre dont notre société est en train de crever», poursuit le vicaire de la paroisse Sainte Croix de Minta. En ce sens, le profil questions qui surgit aujourd’hui derrière la dépouille de Lucien Pierre Betene reste permanent et prend la couleur de son parcours. Tour à tour, vicaire de la Cathédrale Notre Dame des victoires de Yaoundé après son ordination, curé des paroisses Sacré-Cœur de Mokolo, Saint Pierre de Nkolmeyang, près de 20 ans à la tête de paroisse anglophone Saint Joseph de Mvog-Ada, aumônier militaire, principal du Collège Stoll d’Akono, responsable de service diocésain national et même panafricain, PhD en sciences de l’éducation à l’université de Montréal, le disparu a enregistré quelques acquis qui se révèlent aujourd’hui comme outils de témoignage. C’est le cas de son livre «La force du pardon». Paru en mars 2022, l’ouvrage est l’un des fruits de ses longues années de ministère pastoral dans lequel le défunt prélat se raconte. Morceau choisi : «Pardonnez-moi pour tous mes manquements». Décédé le 1er août 2023 des suites de maladie, l’abbé Pierre Lucien Betene sera inhumé le 23 août prochain.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Fille de résistant, Jeanne Le Faou souffle ses 93 ans

    Fille de résistant, Jeanne Le Faou souffle ses 93 ans

    Entourée de ses petits-enfants, Jeanne Le Faou née Pellé en 1930, a fêté son 93e anniversaire le vendredi 11 août 2023 lors d’un déjeuner sur la terrasse du restaurant Ronan Kervarrec – Le Saison, tenu par le chef étoilé éponyme.

     

    Fille du résistant Louis Marie Pellé, Jeanne Le Faou fut une fidèle adhérente ainsi qu’un membre actif de l’Association Nationale des Officiers de Carrière en Retraite, des Veuves, Veufs et Orphelins d’Officiers (ANOCR) reconnue d’utilité publique (Décret du 9 juillet 1993-JO du 17 juillet 1993) dont l’existence remonte depuis 1911. Elle y proposa de nombreuses activités et fut responsable pendant des années d’un club de jeu de lettres au Cercle naval de Brest.

    Elle fut l’épouse d’un ingénieur militaire Roger Le Faou, lieutenant-colonel au Service des essences des armées. Durant sa carrière, son époux a été décoré chevalier de l’ordre national du mérite et participé aux programmes d’appui aéronautique de l’armée au lancement du Concorde et autres réalisations de haute technicité (Mirage IV). Le Service des essences des armées (SEA) était notamment chargé d’organiser le ravitaillement en carburant des aviateurs.

    Après avoir élevé trois enfants, Jeanne Le Faou rejoint l’Association Générale de Prévoyance Militaire (AGPM) fondée en 1951, compagnie d’assurance qui fut créée par des militaires à l’attention des militaires et de leurs familles

    L’Association Générale de Prévoyance Militaire (AGPM) a été créée en octobre 1951, dans le contexte particulier de la Guerre d’Indochine, pour améliorer la couverture du risque opérationnel des soldats. Après avoir éduqué ses trois enfants : Michel, Marie-Laure et Marc, Jeanne Le Faou rejoint cette compagnie d’assurance. Á l’origine, l’AGPM proposait une garantie invalidité-décès pour les militaires et leur famille, mais rapidement la gamme s’est élargie avec des contrats d’épargne, d’accession à la propriété, d’assurances de biens…

    Son père, Louis Marie Pellé, commerçant et receveur des PTT, fut un résistant fusillé le 21 août 1944 pour ses liens de solidarités en particulier auprès de représentants de la communauté juive qui exerçaient les fonctions de receveur des PTT sur les communes de Ploumoguer, Gouesnou, Saint-Renan, ainsi qu’au nord de Brest. Le courrier et le secret des correspondances représentaient un enjeu pour les luttes idéologiques de la Seconde guerre mondiale.

    Une fondation alpha Louis Marie Pellé, récemment créée, entend proposer des activités et projets culturels et intellectuels sur la thématique de la frontière intelligente, de l’innovation, des arts, de la culture et des relations mémorielles. Alpha est une référence en grec à la notion de retour. Par exemple, si l’on décompose le mot alpha-bet : « alpha » pour le retour et « bet » pour pari.

    Comme héritage : Trouver l’espoir et chercher à construire un avenir meilleur.

  • Journée internationale de la jeunesse : de nouvelles compétences pour des Youth Banks vertes et immatérielles

    Journée internationale de la jeunesse : de nouvelles compétences pour des Youth Banks vertes et immatérielles

    Les Youth Banks représentent un incubateur de compétences qu’il convient de célébrer à l’heure où « l’humanité dépend de l’énergie sans pareille, de l’inventivité et des contributions de la jeunesse du monde entier. » comme le souligne António Guterres, secrétaire général de l’ONU, pour la journée internationale de la jeunesse célébrée le 12 août de chaque année par les Nations unies. La moitié des habitants de notre planète ont 30 ans ou moins, et ce chiffre devrait atteindre 57 % à la fin de 2030.
    D’inspiration civiliste, la confiance et la notion de contrat sont essentielles pour permettre à la jeunesse de se doter de nouveaux véhicules d’investissement comme des Youth Banks à la gouvernance innovante et participative.
    Aujourd’hui, le monde s’engage dans une transition verte. Le passage à un monde durable sur le plan environnemental et respectueux du climat est essentiel non seulement pour répondre à la crise climatique mondiale, mais aussi pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD). La réussite de la transition vers un monde plus vert dépendra du développement des compétences vertes au sein de la population. Pour les Nations unies, les compétences vertes désignent « les connaissances, les aptitudes, les valeurs et les comportements nécessaires pour vivre dans une société durable et économe en ressources, la développer et la soutenir ».
    En raison de leur nature interdisciplinaire, l’essence des compétences vertes est parfois exprimée, en partie ou en totalité, par d’autres termes associés tels que « compétences pour l’avenir » et « compétences pour les emplois verts ». Si les compétences vertes concernent les personnes de tous âges, elles revêtent une plus grande importance pour les jeunes, qui peuvent contribuer à la transition écologique sur une plus longue période.
    Cette pluridisciplinarité invite à penser de nouveaux modèles comme celui développé dans l’ouvrage : Financements innovants – vers l’expérimentation d’une Youth Bank. Cette traduction française de la pensée de Vernon Ringland, fondateur irlandais des Youth Banks suggère une innovation permanente sur le volet jeunesse, esprit d’entreprise et startups.
    Le décloisonnement des acteurs publics et privés représente un chemin à totalement repenser dans de nouvelles échelles de territoire. Par exemple, Monaco Crowdfunding a monté une plateforme des projets innovants et solidaires sur le territoire Azuréen, en s’appuyant sur la philosophie du « Livre Blanc Monaco 2029 » qui suggère une innovation permanente dans le secteur financier :
    « Sur l’exemple de la Silicon Valley, les autorités monégasques doivent promouvoir des moyens simples d’accessibilité aux capitaux disponibles pour les entrepreneurs. Cependant, Monaco ne disposant pas en quantité suffisante de preneurs de risques financiers (business angels, sociétés de financement, de capital-risque et de capital développement), il faudra susciter la mise en place d’un réseau ad hoc ».
    Le Pavillon Monaco à l’Exposition universelle d’Astana consacrée aux énergies du futur a partagé une vision audacieuse de l’économie bleue et ses nombreuses potentialités. Il reste aux Youth Banks de se doter de nouvelles ingénieries de projets audacieuses orientées vers la transition verte et les actifs immatériels. En effet, il reste encore trop d’étapes à franchir pour permettre à de jeunes inventeurs de gager facilement leur brevet d’invention lorsqu’ils sont en panne de financements.
    Des partenariats avec des gouvernements locaux pourraient faciliter ce chemin. Un travail de prospective a été conduit en ce sens par le Conseil parisien de la jeunesse qui préconisait un rapprochement pro-bono avec des experts du bureau de la propriété intellectuelle de la mairie de Paris ainsi des partenaires de l’expérience du prêt sur gage du Crédit municipal de Paris. Un tel mécénat de
    compétences pourrait consolider un incubateur de connaissance et de compétences vers des Youth Banks vertes et immatérielles.

    La valorisation d’actifs immatériels pourrait pallier le manque de moyens financiers comme principal handicap à la concrétisation d’un projet de création ou d’innovation, à l’instar d’Alcatel Lucent qui avait choisi de gager ses brevets pour faire face à ses problèmes de trésorerie et obtenir des prêts auprès du Crédit Suisse et de Goldman Sachs d’un montant de 1,615 milliard d’euros.

    Kevin LOGNONÉ

  • Phase urbaine de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen : au carrefour des problèmes et des solutions

    Phase urbaine de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen : au carrefour des problèmes et des solutions

    À côté des édifices et des lieux à détruire, des atermoiements se font jour sur ceux à conserver.

    Total Olezoa, plus haut Prestige hôtel

    Les travaux de la phase urbaine de l’autoroute Yaoundé- Nsimalen devraient démarrer bientôt. L’annonce est d’Emmanuel Mariel Djikdent. Selon le préfet du département du Mfoundi, le chantier annoncé va se déployer sur près de 10 kilomètres, conformément au schéma directeur du projet. Sensibilisant les populations installées le long de ce tracé le 26 juillet dernier, Emmanuel Mariel Djikdent indique qu’une bonne partie de la trame urbaine actuelle de Yaoundé sera effacée au profit d’une trame d’inspiration moderniste. Et pour cela, il faudra déménager certains édifices et autres hauts-lieux de la capitale. Sur ce point, des sources proches du dossier précisent (par exemple) que du carrefour Nsam au carrefour de la sous-préfecture de Tsinga, immeubles et lieux symboliques sont appelés à disparaitre. Sur ce tronçon, apprend-on, l’hôtel Prestige sera détruit. La chefferie de troisième degré et la paroisse catholique d’Olezoa, le Carrefour 3 statuts de Mvolyé et les parcs fleuris situés le long de la Nouvelle Route Bastos vont subir le même sort, disent des experts. Ceux-ci indiquent par ailleurs que le tracé initial partant de bois sainte Anastasie jusqu’à la sous-préfecture Tsinga en passant par l’École de police a été «déjoué». Les raisons évoquées sont, entre autres, le coût de dédommagement et la présence d’une institution stratégique: l’École de police.
    Des sources bien introduites au ministère de l’Habitat et du développement urbain (Mindhu) font état de réflexion en haut lieu de la République. Le but est de voir dans quelle mesure certains symboles de la République peuvent soit être gardés, ou alors être inclus dans le projet de construction de la voie rapide. «On a par exemple le carrefour «J’aime mon pays» qui a non seulement coûté une fortune, mais vient d’être inauguré. Les architectes élaborent les stratégies pour voir comment associer l’ouvrage à la route. Si la destruction du monument est inférieure au coût de l’évitement du monument, quelle est la décision? Donc il n’y a pas lieu d’avoir des polémiques. Nous sommes en train de finaliser les études», a déclaré le Mindhu, Célestine Ketcha Courtes, sur les ondes du Poste national de la CRTV le 29 juillet dernier.

    Autres lieux, objets de polémiques
    Il y a l’hôtel en pleine construction par la mutuelle du trésor. Situé non loin du mess des officiers, le 5 étoiles n’a même pas encore été inauguré qu’il est dans le viseur. Si le bâtiment lui-même peut rester, son entrée et sa cour se trouvent sur le tracé de l’autoroute. Un technicien de l’édifice apprend que «la livraison n’est pas pour maintenant ; il faut repenser au moins comment reconfigurer la devanture, mais aussi l’entrée de l’hôtel. Parce que l’accès sur l’autoroute n’est pas direct». Les avocats ont aussi des soucis à se faire. Ils vont devoir trouver une autre entrée pour accéder au siège du barreau du Cameroun, parce que leur devanture sera aussi fortement impactée.
    Alors qu’on attendait plus que l’accord de financement pour sortir le projet de l’impasse, le ministère de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu) révèle également que les études technico-financières ne sont pas achevées jusque-là. L’heure est encore aux études financières et techniques dont la finalisation est attendue d’ici la fin de l’année 2023. Toute chose qui ne présage pas du lancement du chantier dans un avenir proche. Invité du magazine «Actualités Hebdo» sur la Crtv le 30 juillet 2023, Armand Romuald Njiba Bami, inspecteur général chargé des questions techniques au Minhdu, a laissé entendre que «les questions d’argent sont encore en étude».

    André Gromyko Balla

  • Lumières sur l’Égalité : les Femmes et les Hommes du Spectacle

    Lumières sur l’Égalité : les Femmes et les Hommes du Spectacle

    L’agence Pôle emploi spectacle spécialisée dans l’accompagnement des artistes organise un événement majeur autour de l’égalité femmes-hommes dans les métiers du spectacle.

     

    Une soirée, prévue pour le 11 décembre 2023 dans les locaux prestigieux de la Comédie Française rassemblera des artistes talentueux, et des professionnels du secteur. Objectif : créer un espace d’échange, de réflexion et de célébration pour mettre en lumière l’importance de l’égalité des genres dans ce domaine créatif.

    Madame Agnès JAOUI, parmi d’autres a accepté d’être marraine de la journée. Les organisateurs souhaitent collaborer avec des partenaires dans le cadre de cet événement, pour créer un moment enrichissant, mettant en avant des artistes talentueux, tout en contribuant à sensibiliser le public aux enjeux de l’égalité dans le monde du spectacle.

    Lumières : une thématique universelle
    France, l’inspiration à la vitesse de la lumière était le thème retenu dans le cadre du pavillon Lumière, Lumières qui s’est tenu à l’occasion de la dernière Exposition universelle de Dubaï ; entraînant les visiteurs le long d’un parcours qui mettait en lumière des innovations et des créations françaises uniques et audacieuses, dans tous les domaines. Ce thème fédérateur était présent depuis la genèse du projet, tant dans l’architecture du pavillon que dans les thématiques de ses expositions ou de sa programmation événementielle. L’exposition permanente du Pavillon France à Dubaï : redéfinir le progrès disposait d’une pièce maîtresse constituant l’un des projets les plus emblématiques du Siècle des Lumières, l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers.

    Promouvoir des artistes femmes parmi les talents de demain
    Le secteur artistique représente 29,2 % des projets de recrutements saisonniers dans la région Île-de-France (1). Les métiers d’artistes et l’enseignement de ces métiers constituent à eux seuls 48,8 % de projets saisonniers. Ils occupent donc une place de choix dans les recrutements de saisonniers en Île-de-France.
    (1) Enquête BMO 2022 réalisée par Pôle emploi et le Credoc.

    Un parcours professionnel plus fragile
    Alors que près de 54% des diplômes d’écoles de cinéma sont remis à des femmes, celles-ci représentent:
    – 65,2 % en chargées de production,
    – 53,1 % assistantes réalisatrices,
    – 40 % cheffes-monteuses,
    – 36 % responsables déco,
    – 25 % cheffes-opératrices ou cadreuses…
    – 25 % de réalisatrices au cinéma
    – 20 % de réalisatrices en télévision
    – Les comédiennes sur les 10 dernières années ont un temps de parole de 32 %.

    Source : Étude CNC intitulée « L’emploi des femmes dans les sociétés de production audiovisuelle de fiction »
    Un évènement tremplin pour la mixité professionnelle des talents

    L’un des grands défis proposé par l’agence Pôle emploi spectacle est d’organiser un événement visant à accélérer le recrutement des femmes artistes le 11 décembre prochain à la Comédie Française. Des prix seront remis à des professionnels du spectacle qui auront contribué à promouvoir l’égalité homme-femme dans leur travail. Par ailleurs, des personnalités influentes du monde du spectacle prendront la parole pour parler des avancées et des défis de l’égalité homme-femme dans tous les métiers du spectacle.

    Espérons que cette dynamique trouvera un écho inspirant pour le prochain pavillon des femmes prévu à l’Exposition universelle d’Osaka au Japon.

    Kevin LOGNONÉ

  • Un livret des mobilités pour partager toutes les opportunités Erasmus y compris vers l’Asie

    Un livret des mobilités pour partager toutes les opportunités Erasmus y compris vers l’Asie

    La Maison de l’Europe en Mayenne prépare la création d’un livret des mobilités afin de présenter toutes les opportunités Erasmus + qui s’offrent au plus grand nombre. Parmi les témoignages de mobilité qui réinventent un rôle européen de bâtisseur de ponts, ce livret présentera un focus sur le dispositif d’Erasmus entrepreneurial déployé en coopération avec Taïwan, via le programme Erasmus for Young Entrepreneurs grâce au soutien de Laval Mayenne Technopole.

    A l’heure où les relations Chine Etats-Unis basculent dans une nouvelle guerre froide d’espionnage technologique et de lutte d’influence sur l’échiquier indo-pacifique, l’Australie a rouvert l’an dernier son ambassade à Berne et montré ainsi clairement sa volonté d’intensifier les échanges bilatéraux. les européens s’impliquent davantage de nouvelles stratégies de sécurité globale. Tandis que la France va ouvrir sa première ambassade de l’histoire dans les îles Samoa et soutenir la mise en oeuvre d’un Erasmus du Pacifique, la Suisse et Niue entendent nouer rapidement des relations diplomatiques.

    Niue est un pays insulaire de l’océan Pacifique sud, en Polynésie occidentale. En tant qu’État autonome, il dispose de sa propre politique étrangère. Il est reconnu comme État non-membre par l’Organisation des Nations unies (ONU). Niue est économiquement et logistiquement dépendante de la Nouvelle-Zélande. Le gouvernement de Niue consacre une attention considérable à la protection de l’environnement, et le pays dispose de plusieurs réserves naturelles. La plus grande d’entre elles, la zone de conservation de la forêt d’Huvalu, est située dans la partie orientale de l’île entre les villages de Liku et Hakupu et sa superficie de 54 km2 abrite environ 188 000 animaux. En 2020, Niue est la première nation au monde à devenir « sanctuaire international de ciel étoilé »
    La distance géographique entre ne doit pas nous empêcher d’unir nos forces et d’oeuvrer ensemble au développement de solutions globales viables.

    Taiwan, un pont idéal entre l’Europe et le Japon en prévision de la prochaine Exposition universelle d’Osaka
    A l’époque de l’inauguration de Laval Mayenne Technopole, une convention avec la technopole japonaise de Gifu avait été signée pour préparer l’aventure de la réalité virtuelle. Ce partenariat s’était par la suite enrichi grâce aux déplacements au Japon de François d’Aubert, ancien ministre de la recherche et premier magistrat de la ville de Laval.

    Aujourd’hui, Taïwan peut être perçue comme un tremplin vers le Japon et l’Extrême-Orient, à la confluence des cultures chinoise, japonaise, polynésienne et même européenne (avec les comptoirs historiques hollandais et espagnols ).

    L’aventure technologique de la réalité virtuelle souligne combien il est possible de développer d’autres coopération dans les technologies vertes avec des pôles d’excellence et d’innovations en Asie, abîme de science et de nouveaux horizons. La Cité des sciences et de l’industrie à la Villette dont François d’Aubert a assuré la présidence offre une vitrine de la diplomatie éducative et scientifique qu’il faut sauvegarder en s’appuyant de nouveaux ponts humains et créatifs.

    A bien des égards , le programme Erasmus for Young Entrepreneurs met les jeunes européens au défi de penser et d’agir également comme des bâtisseurs de ponts. Avec quelle prospective ? Reconnaître les signaux de notre époque, ses défis et ses opportunités afin de prendre les meilleures décisions possibles dans l’intérêt de l’humanité. Rabelais faisait donner par Gargantua à Pantagruel une éducation encyclopédique : «j’y veux un abîme de science», tandis que Montaigne préférait « une tête bien faite à une tête bien pleine ». Chacun peut apprécier combien les voyages et expériences de mobilité professionnelle à l’étranger forment avec les deux systèmes…
    Pour devenir plus respectueuse du vivant, l’île de Taiwan positionne son futur dans la production de semi-conducteurs pour les énergies renouvelables. Après le choc pétrolier de 1973 le ministre de l’économie de Taïwan, Sun Yun-suan, a décidé de développer cette industrie avec l’aide de la diaspora taïwanaise travaillant aux Etats- Unis, pour donner naissance à la plus importante fonderie de semi-conducteurs.

    Si la reconversion de l’ancienne Fonderie Mayennaise pourrait pleinement inspirer des passerelles scientifiques et techniques, d’autres aventures de coopération sont possibles en particulier sur les traces de René-Antoine Ferchault de Réaumur avec le développement de systèmes d’autoproduction d’énergie, de nourriture, ou permaculture, des initiatives low-tech qui apportent des solutions simples pour un quotidien durable en pariant sur les nouvelles technologies.

    Une période marquée par les idées et la prédominance occidentale semble toucher à sa fin. Le monde devient plus pluraliste. Nous sommes confrontés à une série de crises, allant de la guerre à l’insécurité énergétique et alimentaire, en passant par l’inflation, la dette et bien sûr le changement climatique. Et n’oublions pas la pandémie qui continue de se faire sentir.

    Cette image plutôt sombre du monde doit pleinement incarner un appel européen à l’action car aucune de ces tendances n’est irréversible !
    Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, ce sont des bâtisseurs de ponts.

     

    Kevin LOGNONÉ

  • Du Mont-Saint-Michel aux Pyrénées-Mont Perdu, pays de cirques et canyons

    Du Mont-Saint-Michel aux Pyrénées-Mont Perdu, pays de cirques et canyons

    Le cirque de Gavarnie est un amphithéâtre naturel monumental qui offre des paysages saisissants : avec son diamètre de 6 kilomètres et ses parois s’élevant à près de 1500 mètres, en trois étages successifs, ce site naturel fut l’un des premiers déplacements de Théophile et Marguerite Lognoné en voyage de noces.

    Au même titre que la baie du Mont-Saint-Michel dont était originaire ce couple d’orfèvres horlogers, le cirque de Gavarnie est classé par l’Unesco depuis 1997. Inscrit dans l’ensemble « Pyrénées – Mont Perdu », il est l’un des rares sites au monde à avoir la double classification (naturelle et culturelle).

    De nombreuses cascades dévalent ses montagnes, dont la célèbre Cascade de Gavarnie haute de 422 mètres ! Cette cascade qui tombe à pic dans ce décor minéral est la plus haute chute d’eau de France et l’une des plus impressionnantes d’Europe.

    Ce paysage de montagne exceptionnel, qui rayonne des deux côtés des frontières nationales actuelles de France et d’Espagne, est centré sur le pic du Mont-Perdu, massif calcaire qui culmine à 3 352 m. Le site, d’une superficie totale de 30 639 ha, comprend deux des canyons les plus grands et les plus profonds d’Europe sur le versant sud, du côté espagnol, et trois cirques importants sur le versant nord, plus abrupt, du côté français – formes géologiques terrestres classiques. Ce site est également un paysage pastoral qui reflète un mode de vie agricole autrefois répandu dans les régions montagneuses d’Europe. Il est resté inchangé au XXe siècle en ce seul endroit des Pyrénées, et présente des témoignages inestimables sur la société européenne d’autrefois à travers son paysage de villages, de fermes, de champs, de hauts pâturages et de routes de montagne.

    L’installation de l’homme dans cette région remonte au paléolithique supérieur (40 000 – 10 000 av. J.-C.), comme en témoignent les sites tels que les cavernes d´Añisclo et d’Escuain, les cercles de pierre de Gavarnie et le dolmen de Tella. Des documents du Moyen Âge ont fait entrer ces établissements sédentaires dans l’histoire. Ils étaient situés sur les versants du massif et des vallées avoisinantes, formés par le réseau hydrographique de rivières qui irriguaient les champs le long des vallées du nord, ainsi que les sentiers et routes, ponts, maisons et hospices (comme les espitau/hospices de Gavarnie, Boucharo, Aragnouet, Parzan, Héas et Pinet).

    Ces installations étaient au centre d’un système agro-pastoral basé sur le déplacement du bétail, des moutons, des vaches et des chevaux vers les pâturages d’altitude pendant les mois d’été, qui se distingue clairement de l’utilisation des terres dans les plaines environnantes. Les vallées du Mont-Perdu et leurs cols ont servi de liens entre les deux communautés, qui avaient davantage de points communs entre elles qu’avec leurs communautés respectives dans les plaines. En conséquence, le système juridique et politique spécifique de la région, établi de longue date, est depuis bien longtemps indépendant des gouvernements centraux.

    L’exploitation des hauts pâturages comme ceux de Gaulis ou d’Ossoue sont un témoignage inestimable de ce système de transhumance. C’est l’un des rares lieux en Europe où la transhumance s’est maintenue depuis des siècles. Par des accords ancestraux, les fermiers espagnols font aussi paître leurs troupeaux du côté français. Cette pratique renforce la nature transfrontalière de ce bien du patrimoine mondial.

    Kevin LOGNONÉ

  • Kyé-Ossi/Ebibeyin : dans les circuits formels et informels de circulation des marchandises

    Kyé-Ossi/Ebibeyin : dans les circuits formels et informels de circulation des marchandises

    Acteurs, produits, coûts, destinations et risques d’une activité licite et illicite. Voyage-découverte avec des collégiens et lycéens, reconvertis en passeurs le temps des vacances scolaires.

     

    À 6h précises du matin, Arouna est déjà en train d’empaqueter des colis au marché de Kyé-Ossi dans le département de la Vallée-du-Ntem, dans la région du Sud au Cameroun. Élève en classe de Première littéraire au lycée bilingue de la ville frontalière à la Guinée Équatoriale, il est un passeur «attitré et professionnel». En ce début de matinée, Arouna est un peu stressé. «J’ai quatre clientes à livrer… Et je dois le faire avant midi», avoue-t-il. Rapidité et précision sont au rendez-vous dans l’emballage des colis. Le jeune passeur tient lui-même à constituer «cinq colis en tout pour un seul voyage», sous le regard neutre de «sa cliente». Et selon le jeune lycéen, «la grosseur du colis est déterminante au niveau des contrôles. Plus le colis est gros, plus les contrôleurs vont demander beaucoup d’argent à la frontière».

    Le traintrain quotidien des passeurs à la frontière (à la chaîne)

    La «cliente» d’Arouna, Bill, veut faire entrer en Guinée Équatoriale de la tomate, du poivron, des condiments, de l’oignon, de l’ail et des prunes. Les colis sont prêts. L’Équato-Guinéenne et le passeur s’entretiennent sur le prix «des transports» des bagages. «Au niveau des contrôles, on ne connaît pas ma cliente. C’est moi qu’on connaît… et c’est moi qui dois négocier avec les contrôleurs à la frontière», dévoile Arouna. Il ajoute que «sa cliente» «passe à la frontière comme une simple citoyenne en présentant uniquement sa carte d’identité». Ayant reçu le montant nécessaire pour faire «traverser» les colis de Bill, Arouna rassemble «les éléments» de son équipe. Quelques recommandations passées à «ses gars», les passeurs se lancent à la frontière entre le Cameroun et la Guinée Équatoriale avec les bagages de l’Équato-Guinéenne.

    Élèves-passeurs
    L’équipe de passeurs d’Arouna est généralement constituée de «cinq à six gars honnêtes, actifs, vaillants et forts», souligne-t-il. Dans le répertoire de son téléphone, y sont enregistrés des «numéros de téléphones des camarades, des amis et des frères», tous des élèves. Ces jeunes passeurs sont élèves au lycée bilingue, au lycée technique, aux collèges Monseigneur Nkou, Darou Salam et El Shadaï de Kyé-Ossi. Le plus jeune a à peine 13 ans. Fidelis, élève au Lycée technique de Kyé-Ossi, est à ses débuts dans cette activité. C’est d’ailleurs la raison qui pousse les autres passeurs de l’équipe d’Arouna à vouloir le mettre de côté. «Il n’est pas rapide, il va nous ralentir… et le chemin que nous allons emprunter est un peu long», se plaignent-ils. Le jeune voisin du chef passeur s’oppose vaillamment en accaparant un ballot de poivron: «vous mentez! Je pars avec vous!… Je peux faire le voyage…». Une dispute éclate par la suite. Arouna demande à ses compères de ne pas « gêner son petit voisin»: «ce sont les vacances, la rentrée approche… On doit aussi l’aider!» «La préparation de la prochaine rentrée scolaire étant l’objectif de ce travail». Arouna, élève en classe de Première, se porte garant du colis de son jeune voisin. Des instructions sont dictées aux autres élèves-passeurs pour que le colis de Fidelis arrive à Elén-Assi (quartier d’Ebibeyin). Puis, Arouna élabore rapidement un plan avec Kennedy, un camarade de classe: «Mon petit! Fais des efforts pour qu’on arrive au contrôle des militaires camerounais… Là-bas, tu pourras te reposer. Tu vas encore te reposer au contrôle des militaires équato-guinéens. Une fois de l’autre côté, tu pourras te reposer au grand prunier et nous attendre. Nous autres, nous allons continuer. Kennedy et moi, on va s’arrêter au grand palmier où il va me décharger, et je vais retourner chercher le petit avec son bagage. Ensuite, on viendra retrouver Kennedy pour repartir tous ensemble…»
    Le même scénario va se répéter au niveau de trois autres endroits distincts: «au niveau du grand prunier, au niveau de la motte de terre et au niveau du goyavier» en terre équato-guinéenne. Kennedy et Arouna, à tour de rôle, vont aider «le petit frère qui aura son argent» intact à la fin du voyage.

    Transactions
    Les transactions des biens et des personnes empruntent plusieurs voies d’accès au niveau de la frontière: à «La chaîne», en brousse et au «Port». «La chaîne» est la frontière officielle où se passent les échanges quotidiens entre le Cameroun et la Guinée Équatoriale. «Il y a quelques mois, tout accès à «la chaîne» était interdit à cause des événements majeurs comme le Covid-19 et les élections en Guinée Équatoriale», raconte Bill. De nos jours, toutes les formes de complications ont été presque levées à «La chaîne». En semaine, ce sont les commerçants qui ont plus de chance de passer la frontière. L’Équato-Guinéenne en est d’ailleurs le témoignage, car elle est vient régulièrement au Cameroun. La commerçante vient au marché de Kyé-Ossi pour se ravitailler deux fois par semaine au moins en produits vivriers, pour aller les revendre en détail à Ebibeyin.

    Pour passer «La chaîne», «il faut laisser sa carte d’identité et avoir des preuves qu’on va au Cameroun juste pour faire des achats», dévoile la jeune dame. Elle avoue également que des Camerounais qui veulent aller faire des achats ou rendre visite à des proches à Ebibeyin procèdent de la même manière. Ils vont se ravitailler en vin, en whisky, en huile raffinée, en boîtes de conserve, en friandises… Le weekend, entre 6h et 18h, «tout le monde peut passer, mais en présentant une pièce d’identité», nous rassure une Camerounaise qui vit à Ebibeyin et qui travaille dans un supermarché de la place. Elle avoue que tous les deux samedis, après le travail, elle passe la frontière pour rendre visite à ses enfants en vacances à Yaoundé dans la capitale camerounaise.

    «Onu»
    Les passeurs comme Arouna s’arrêtent au niveau de l’«Onu». C’est une ligne d’environ deux mètres de largeur qui sert de zone tampon entre le Cameroun et la Guinée Équatoriale. «Ici, si un Équato-Guinéen me touche, ce n’est qu’à l’Onu [Organisation des Nations unies, ndlr] qu’on ira résoudre ce problème», ricane le passeur. C’est donc depuis l’«Onu» que le passeur se retrouve avec son confrère équato-guinéen pour l’échange des colis. Le jeune lycéen camerounais lui passe tous les bagages de Bill, la commerçante, et l’Équato-Guinéen à son tour se charge, avec ses amis, de transporter tous les bagages à plus d’une centaine de mètres de l’autre côté de la frontière. Bagages qui seront ensuite chargés dans une voiture pour le marché d’Ebibeyin.

    Les transactions à «La chaîne» sont plus rapides. Car, après la traversée de la barrière, les personnes et les biens sont embarqués directement par des véhicules. Par contre, en brousse, les passeurs peuvent pénétrer jusqu’à plus de deux kilomètres à l’intérieur de la Guinée Équatoriale. Ils peuvent emprunter plusieurs chemins, entre autres: Elén-Assi, Mbéka, Long métro, Dépôt de sable… Le chemin qu’Arouna emprunte fréquemment est Elén-Assi. «Non seulement, il n’est pas long, sans trop d’obstacles mais également, les militaires camerounais et équato-guinéens me connaissent, et aussi, ils sont constants et on ne les changent pas comme ceux de «La chaîne»». Les commerçants qui vont jusqu’à Malabo ou à Bata préfèrent les chemins Long métro et Dépôt de sable. D’après les dires d’Arouna, «c’est pour échapper facilement à «La policia» en terre guinéenne qui, lorsqu’elle tombe sur des colis, les confisque peu importe la nature». Également, il arrive parfois que des gens rejoignent «librement» les deux pays par la brousse. L’élève du Lycée bilingue de Kyé-Ossi dévoile également qu’«il est plus facile de le faire en se faisant passer pour un passeur…». Mais, une fois de l’autre côté en terre équato-guinéenne, il faut veiller à ne pas se faire arrêter par «La policia».

    Valeurs
    On ne saurait parler de la circulation des personnes et des biens sans évoquer «l’argent», qui rend possible les transactions. En effet, l’argent est au cœur de toutes les procédures d’échanges entre commerçants, passeurs et contrôleurs. Pour les passeurs, les prix varient en fonction du chemin emprunté. À Elén-Assi et à Mbéka, le sac d’oignon coûte 5000 FCFA, le sac de prune équivaut à 2500 FCFA, un sac de poivron vaut 3000 FCFA, le colis de tomate est estimé à 4500 FCFA… Par contre, sur les chemins de Long métro et Dépôt de sable, les prix connaissent une augmentation de 2000 à 3000 FCFA en comparaison avec les destinations d’Elén-Assi et de Mbéka. Pour passer par la brousse, il faut d’abord payer des frais de passage aux propriétaires terriens de Kyé-Ossi. «Parce qu’ils nous laissent passer derrière leurs maisons et dans leurs champs, nous devons débourser la somme de 500 FCFA par voyage», confie Arouna.

    Dans la brousse de Kyé-Ossi, après avoir traversé pentes, marécages, collines ou champs de manioc au petit trot, les bagages sur la tête sur une distance de près d’un kilomètre, les passeurs, tout en sueur et essoufflés, arrivent à un poste de contrôle de l’armée camerounaise. Un arrêt forcé ou du moins, un repos imposé aux élèves-passeurs est observé. Devant une tente en feuilles de palmier, deux militaires contrôlent chaque colis, puis fixent des prix. Ils varient entre 1000 à 3000 FCFA. Les compromis entre le chef passeur, Arouna, et les militaires effectués, les bagages peuvent continuer leur voyage sur le chemin d’Elén-Assi. À peine deux cents mètres, les passeurs sont en alerte… «Voici ce petit palmier qui sert de frontière… On n’est plus au Cameroun, nous voici déjà en Guinée Équatoriale», précise Arouna. Le constat est sans appel: la plupart des passeurs commencent à communiquer en espagnol désormais. Arouna, d’origine bamoun, s’exprime subitement dans la langue fang, la langue locale du peuple fang de Kyé-Ossi et d’Ebibeyin. «Avec les militaires équato-guinéens, on communique soit en langue fang, soit en espagnol… au cas contraire, ils estimeront que vous êtes étranger et vont vous chasser à coup de matraques et de rangers dans le derrière», rigole le lycéen-passeur.

    Arrivé au point de contrôle équato-guinéen, les bagages sont passés au peigne fin. Arouna croise les doigts, car à tout moment, les militaires équato-guinéens peuvent lui demander de défaire les colis, s’il y a un moindre doute. L’un des militaires, qui pointe du doigt chaque colis, opère un contrôle méticuleux… lent… et cher… Le chef passeur, lui, communique en espagnol: «tomatès…, pimento…, picanté…». Les prix des colis également fixés et payés, le transport des bagages peut reprendre en plein cœur de la forêt équatoriale pour la destination d’un petit village d’Ebibeyin, «Elén-Assi», où ils devront subir un autre contrôle de gendarmes, de douaniers et de policiers équato-guinéens. En un seul voyage, Arouna peut gagner 5000 FCFA. Ayant à son actif trois clientes, il peut travailler tous les trois jours. Au niveau de «La chaîne», toute personne qui y passe paie 2000 FCFA et les prix des bagages «sont constamment au rabais pour concurrencer la brousse et attirer plus de passeurs», confie Arouna. À chaque contrôle: gendarmerie, police, douane, phytosanitaire et mairie, chaque colis coûte 500 FCFA.

    Patrick Landry Amouguy, envoyé spécial à Kyé-Ossi

  • Développement des communes frontalières : les clés de la réussite «Made in Feicom»

    Développement des communes frontalières : les clés de la réussite «Made in Feicom»

    Le Programme d’appui au développement des communes frontalières (Pradef) et l’ouverture des communes aux échanges intra-africains par la Zlecaf en constituent les atouts majeurs.

    Déploiement remarquable du Feicom

    Les édiles de la région du Sud et des zones frontalières ont pris part le 27 juillet dernier aux travaux organisés dans la ville de Kyé-Ossi par le Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale (Feicom). Ceci à l’occasion de la 14ème édition de la Foire transfrontalière annuelle de l’Afrique centrale (Fotrac). En effet pour le Feicom, la rencontre a pour but de valoriser et de promouvoir le Programme d’appui au développement des communes frontalières (Pradef), et par ailleurs d’établir le lien entre la stratégie de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) et les opportunités qu’offre cette politique d’ouverture et de libéralisation du marché des biens et services aux territoires locaux en général et aux municipalités frontalières en particulier. En outre, pour cette édition de la Fotrac, le Feicom vient «s’appuyer sur les différents thèmes de l’événement, notamment dans le cadre d’une session spéciale sur les actions des communes, pour pouvoir faire un lien avec les structures publiques à l’instar des ministères sectoriels. Lesquels sont concernés par le développement local», explique Jean Aloise Biwole, directeur de la coopération au Feicom. De plus, il s’agit avec les instances de la Zlecaf, «de voir comment les communes camerounaises peuvent s’impliquer dans cette structure qu’est la Zlecaf, en valorisant leur production locale qui peut permettre des échanges avec les pays frontaliers», est-il aussi expliqué.

    Missions
    Pour ce qui est de la Fotrac, le thème retenu est: «Poursuivre le processus d’intégration socio-économique avec la Zlecaf et la résilience face aux violences dues aux crises sécuritaires, sanitaires, alimentaires, et les changements climatiques en Afrique». Selon le directeur de la coopération au Feicom, ce thème intéressant intervient au lendemain des Journées économiques internationales des communes (Jeicom), et «nous donne une fois de plus l’occasion de poursuivre la réflexion sur la commune de production». En effet, le Feicom entend à travers ces travaux «soutenir les collectivités territoriales décentralisées (CTD) de la région du Sud dans leurs efforts de faire de leur territoire des bassins de croissance à travers la création de richesse et de saisir des opportunités de la Zlecaf», rappelle-t-il. À titre illustratif, de 2020 à 2022, l’institution a financé au profit des CTD de cette région, 21 projets générateurs de revenus pour un montant de quatre milliards cinquante-huit millions cent quarante mille treize FCFA. André Balla, coordinateur du Programme intégré de la zone des trois frontières, salue l’initiative du Feicom, qui «vise à renforcer les capacités des acteurs, parce qu’il y a dans ce processus des chaines de valeurs. Tous les acteurs doivent se mettre ensemble pour la réussite de la Zlecaf, y compris les maires», fait-il savoir. «En dehors des magistrats municipaux, il y a les coopératives, et les maires doivent structurer tous ces acteurs pour que la Zlecaf puisse être un succès. Nous avons dans notre zone des opportunités en termes de production que nous devons développer et transformer pour vendre dans le marché africain. C’est une opportunité à saisir et le Programme d’appui au développement des communes frontalières devrait aussi entrer dans ce processus pour renforcer et structurer toutes ces organisations», conclut-il.

    OM, envoyé spécial à Kyé-Ossi

  • Au marché de Kyé-Ossi : la Guinée Équatoriale et le Gabon font les courses sans compter

    Au marché de Kyé-Ossi : la Guinée Équatoriale et le Gabon font les courses sans compter

    Les populations de la ville aux trois frontières peinent à se nourrir convenablement du fait de ces riches voisins.

    La présidente du Refac au coeur de la facilitation des échanges transfrontaliers

    Le coût de la vie à Kyé-Ossi (région du Sud Cameroun) est élevé. Tout est cher dans les espaces marchands de cette ville aux trois frontières. L’inflation des prix s’explique en grande partie par le pouvoir d’achat très élevé des Gabonais et des Équato-Guinéens. «Le jour du marché, notamment les mercredis, quand ils ouvrent les frontières, tout augmente», lâche Lydienne, commerçante. Le prix du tas de tomates que l’on vend à 500 FCFA double. Le panier de tomate de 5000 FCFA augmente à 10000 FCFA et plus, la tête de choux passe de 400 FCFA à 800 FCFA. «La présence des Gabonais et Équato-guinéens est une opportunité pour faire de bonnes affaires. Quand ils sont présents, toutes les commerçantes font de la surenchère», renchérit-elle. Dans le contexte de l’économie libérale qui est le nôtre, les vendeurs ne tiennent pas compte des couches vulnérables. «On ne tient pas compte des disparités entre Camerounais dont le pouvoir d’achat est faible, et les Équato-guinéens, puis les Gabonais. Les prix sont fixés pour tous les clients, d’ailleurs il n’est plus possible de faire ce distinguo», explique-t-elle.

    L’économie de la ville de Kyé-Ossi est donc tributaire de l’ouverture de la «chaîne» ou la frontière. En revanche, lorsque celle-ci est fermée, «la marchandise se détériore, tout est paralysé. Le marché de Kyé-Ossi dépend des Équato-Guinéens et des Gabonais», fulmine Lah Osseni. «Ce sont les frontières qui font la force du marché de Kyé-Ossi, quand elles sont ouvertes tout le monde pavoise, mais lorsqu’elles sont fermées, tout est à la traine, si tu n’as pas de partenaire étranger pour livrer la marchandise, ça devient difficile. Je vends du plantain aux Camerounais, le régime varie entre 1500 FCFA et 5000 FCFA. Cependant pour les régimes de 8000 FCFA, 12 000 FCFA et 17 000 FCFA, ce sont les étrangers qui sont en mesure de se les procurer», explique Gustave Lobogo, commerçant.

    Tracasseries routières
    Outre les étrangers qui régulent le marché, les autochtones ne s’adonnent pas aux travaux champêtres. Il n’y a pas de grands cultivateurs dans la ville de Kyé-Ossi. Conséquence immédiate, toutes les marchandises proviennent des autres villes du Cameroun, notamment de l’Ouest, d’Ebolowa, de Yaoundé, de Ntui ou de Boumnyebel. La marchandise est onéreuse, le transport aussi. Dans cette liste des difficultés, il faut ajouter «les tracasseries routières, plusieurs postes de contrôle en route, autant de raisons qui justifient la vie chère à Kyé-Ossi», s’indigne Lah Osseni.

    Regards vers l’État
    La vie chère à Kyé-Ossi suscite de nombreuses indignations et exaspérations. Les populations d’ici n’arrivent pas à comprendre que le Cameroun, mamelle nourricière de l’Afrique centrale, peine à satisfaire et à nourrir ses enfants. Néanmoins, en dépit de la précarité ambiante palpable dans la ville, les commerçants demandent au gouvernement de faire quelque chose pour rendre la ville de Kyé-Ossi attractive. «Nous ne devons pas vivre aux dépens du Gabon et de la Guinée Équatoriale. L’État doit créer des emplois et ouvrir des entreprises pour revitaliser la ville», exhorte Gustave Lobogo. Et d’ajouter: «notre économie est extravertie, c’est pourquoi les Guinéens nous matent et nous humilient. Au moindre énervement, ils ferment les frontières. On dirait que nous sommes sous tutelle de la Guinée Équatoriale», se lamente-il. Lah Osseni demande aux pouvoirs publics «de revoir les coûts de transport, et de transformer les vastes forêts de Kyé-Ossi en champs agricoles pour résorber le chômage des jeunes. Toute chose qui va permettre de pallier l’insuffisance alimentaire, et de sortir du cycle infernal de l’économie extravertie».

    Olivier Mbessité, envoyé spécial à Kyé-Ossi

  • Lumières réfléchies des arts verriers et du Carillon de Vitré

    Lumières réfléchies des arts verriers et du Carillon de Vitré

    De nouvelles Lumières dans le pays de Vitré se préparent au message universel de l’Exposition des Objectifs du développement durable prévue dans la baie d’Osaka en 2025.

     

    Pendant 40 ans environ, un couple de bijoutiers faisaient briller l’orfèvrerie créative dans ce pays des Marches de Bretagne, devenu un carrefour de marchands d’art en devenir. En rêvant de diamants alternatifs sans extraction forestière, un fil d’or pourrait en faire une petite Manchester de l’Occident prête à entrer en dialogue avec son homologue dans le Kansai japonais. De la Grande Exposition de Londres 1851 à celle d’Osaka : quel miroir industriel et territorial pour le pays de Vitré et des échanges créatifs réinventés depuis la Confrérie des marchands d’Outre-Mer?

    L’histoire et l’évolution des Expositions universelles méritent qu’on s’attache aux sources profondes. En sa qualité de président de la Society of Arts, le prince Albert a créé un comité pour organiser des expositions dans le but d’améliorer le design industriel britannique. Une exposition à Birmingham en 1849 a été suivie de la première exposition véritablement internationale, la Grande exposition des produits de l’industrie de toutes les nations, qui s’est tenue au «Crystal Palace» de Joseph Paxton à Hyde Park, Londres, à l’été 1851. La moitié de l’espace d’exposition était consacrée à la fabrication britannique, et l’autre moitié était offerte aux pays étrangers pour montrer leurs réalisations et leurs spécialités. Six millions de personnes ont visité l’exposition pour voir plus de 100 000 expositions du monde entier, réparties globalement en matières premières, machines, produits manufacturés et beaux-arts. La reine Victoria elle-même s’y est rendue pas moins de trente-quatre fois. Les bénéfices substantiels ont été utilisés pour établir le South Kensington Museum, rebaptisé Victoria and Albert Museum en 1899. La reine a écrit à son oncle Léopold, roi des Belges, que l’inauguration de la Grande Exposition était le « plus grand jour de notre histoire ».

    Le long de la rivière Cam qui coule vers Cambridgeshire, l’horloge Corpus Clock de la vénérable cité universitaire est alimentée par les jambes d’un échappement sauterelle, dispositif longtemps recherché pour résoudre le problème du calcul de la longitude en mer.

    L’emblème de l’antaxie voyageuse, une sauterelle venue de très loin, souligne l’impact culturel des voyages à travers diverses régions, état d’esprit historique des familles marchandes de Vitré (Pierre Olivier Malherbe, Pierre Landais…) et mais aussi de voyageurs en quête de pièces de haute joaillerie comme par exemple Jean Chardin, jeune joaillier protestant plein de fougue et d’ambition, parti en Perse en 1665.

    Le passé joaillier de Vitré a traversé les époques. Le secret de sa résilience ? Peut-être donner aux habitants le sentiment d’échapper aux incertitudes économiques et renforcer malgré les crises la valeur de l’art de vivre dans le luxe de leur vie.

    Le Carillon de Vitre et ses activités d’orfèvrerie créative rue Duguesclin se sont nourris des proximités philosophiques et des traditions créatives des Marches de Bretagne. Son nom est un cheminement au carillon breton dont Rabelais faisait référence dans Pantagruel en 1532.

    C’est aussi un chemin d’exploration de savoir-faire artisanaux et de voies d’innovation autour de matériaux comme le verre. Les arts verriers en Asie représentent un pont créatif que le pays de Vitré a revalorisé dans le cadre de Vitré Lumières et de la prochaine Exposition universelle d’Osaka au Japon où de nombreux temples et maisons individuelles sont dotés de carillons de verre.

    Le commerce de détail d’articles de joaillerie s’appuyait historiquement sur des activités d’assemblage de bracelets de montre. Par exemple, Les Ateliers de Vitré sont devenus un sous-traitant de référence pour les grands acteurs du luxe français. Riche de son bassin industriel, Vitré a développé des liens avec la « vallée du bijou » ardéchoise, où les ateliers Altesse fondés en 1905 employaient de véritables artisans passionnés. Sans oublier, les îles Anglo-Normandes dont le Musée du Diamant de Guernesey rappelle les échanges transmanche.

    Kevin LOGNONÉ