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Archives des LIBRE-PROPOS - Page 4 sur 12 - Journal Intégration

Journal Intégration

Catégorie : LIBRE-PROPOS

  • Pêche durable : un Comité Madagascar Bretagne à l’Exposition universelle ?

    Pêche durable : un Comité Madagascar Bretagne à l’Exposition universelle ?

    En 1937, la Bretagne avait son propre pavillon à l’Exposition internationale des Arts et des Techniques appliqués à la Vie moderne, autrement dit l’Exposition universelle. Il s’agissait d’un thonier « moderne », fruit d’un savoir-faire en matière de haute technologie navale.

     

    L’ambassade de France au Japon a annoncé le lancement de l’appel à projet mené par la compagnie française des expositions (Cofrex) pour la conception et la réalisation du Pavillon de la France prévu à l’exposition universelle Osaka en 2025. Madagascar et la Bretagne pourraient-elles encourager la conception d’un nouveau thonier « moderne », fruit du savoir-faire croisée entre les deux territoires, et le présenter en baie d’Osaka dans un plaidoyer commun en faveur de la pêche durable. 86 ans en arrière, ce sont les chantiers Krebs de Concarneau qui s’occupèrent de la construction du navire conçu pour l’Exposition de 1937. Celui-ci fut baptisé Jean Charcot du nom du célèbre explorateur, chef d’une emblématique mission au pôle nord (1933), disparu en mer quelques mois plus tôt. Le thonier fut inauguré le 11 mai 1937 en présence du préfet du Finistère, de la veuve de Charcot et d’Octave-Louis Aubert, président du Comité de Bretagne. A 15h30, devant une foule nombreuse, le navire levait enfin l’ancre. Réinventer une relation étroite entre les îles de l’océan indien et la Bretagne n’est pas une nouveauté en soi.

    L’inscription des goélettes bretonnes de Madagascar à l’UNESCO comme patrimoine culturel
    immatériel en est l’illustration.
    Grâce à l’apport de charpentiers bretons, le savoir-faire du bois en matière de haute technologie
    navale s’est métissé avec les connaissances de charpentiers et compétences locales Malgaches. Cette alchimie fut le résultat d’un apprentissage transfrontalier permettant d’adapter les goélettes bretonnes au contexte insulaire indianocéanique. Aujourd’hui, Madagascar travaille à une inscription de ce savoir-faire transfrontalier et transocéanique à l’UNESCO, tant l’histoire insulaire est riche sur le sujet avec les communautés les plus diverses. La communauté des Zafimaniry est la dernière
    dépositaire d’une culture originale de travail du bois, autrefois très répandue dans toute l’île.
    Mais citons une histoire encore plus étonnante au sujet du pavillon des Indes de Saint-Malo. Sans doute inspiré du Royal Pavilion de Brighton, ce Taj Mahal balnéaire fut commandé par le prince de Galles, futur Edouard VII pour représenter les Indes britanniques à l’Exposition universelle de 1878. A la fin de l’exposition, les deux parties furent vendues séparément. La principale fut ainsi transférée
    vers la station balnéaire de Saint-Malo (Paramé) mais endommagée par un coup de vent puis détruite vers 1905 par une violente tempête. Il semblerait que des pièces du pavillon aient été cédées à la République d’Haïti, jusqu’à la chute du Président Salomon, puis enfin vendues au Royaume de Hawaï pour ériger son propre pavillon.
    La réserve de Papahānaumokuākea, dans les eaux d’Hawaï, compte parmi les plus vastes aires marines protégées du monde. Une étude démontre que les stocks de plusieurs espèces de thons se sont reconstitués autour de la zone. Reconstitués, remodelés, réinventés, les pavillons d’Expositions universelles représentent des malles légendaires offertes aux îles et aux régions pour naviguer dans le monde.


    Kevin LOGNONÉ

  • Déraillement du train de l’émergence et possibles mesures de sauvetage

    Déraillement du train de l’émergence et possibles mesures de sauvetage

    Ce choix de subventionner les carburants même pour un grand nombre de consommateurs professionnels, riches et capables de payer les prix du marché s’apparente à un gaspillage sans précédent et est rendu contestable aussi bien du point de vue du coût d’opportunité allocative des ressources publiques rares (ces ressources peuvent mieux servir dans l’investissement) que de celui d’une injustice redistributive (enrichir ceux qui sont déjà riches).

     

    C’est l’objet d’une lettre de réforme rédigée ce 11 janvier 2023 au président Paul Biya par Babissakana, ingénieur financier. Le Cameroun est désormais à seulement 12 ans de l’horizon de la vision présidentielle. Et dans sa correspondance, le Chairman et CEO de Prescriptor Ltd propose un plan de rattrapage en quatre points prioritaires. L’ordonnance ainsi prescrite est destinée à se prémunir contre les effets des options gouvernementales concernant en particulier la subvention à l’aveuglette des carburants et du gaz domestique, l’importation-substitution et la préférence indiquée pour les dépenses de fonctionnement. En intégralité l’analyse et les propositions réalisées au chef de l’État.

    Babissakana

    Monsieur le Président de la République,

    Dans votre message à la Nation le 31 décembre 2022, trois (3) aspects spécifiques nous ont fait perdre le sommeil et justifient la présente lettre dont la finalité est de favoriser de véritables réformes par des meilleures décisions et actions en vue du relèvement de la trajectoire de performance économique tant attendu par les citoyens camerounais.

    Primo, vous avez indiqué que : « Pour garantir l’approvisionnement régulier du marché domestique en produits pétroliers et en gaz domestique, il a fallu augmenter le volume des subventions publiques, au prix d’importants efforts budgétaires. C’est ainsi qu’au cours de l’année 2022, près de 700 milliards de Francs CFA ont été dépensés par le Trésor Public au titre des subventions pour les carburants et 75 milliards de Francs CFA pour le gaz domestique.»

    Secundo, vous avez précisé que : « Le Gouvernement a déterminé à accorder une attention particulière à la mise en œuvre coordonnée de la politique d’Import-Substitution, et à l’exploitation optimale des opportunités qu’offre la Zone de libre échange continentale africaine. »

    Tertio, vous avez annoncé que : « Dans la perspective de diversifier les sources de revenus de l’État, j’ai autorisé le démarrage de trois projets d’envergure qui visent à développer notre potentiel minier, à structurer notre économie et à créer des emplois. (…) L’année 2023 sera donc marquée par le démarrage des travaux relatifs à l’exploitation du minerai de fer de Kribi-Lobé.» (…) « Nous engagerons également l’exploitation du gisement de fer de Mbalam-Nabeba. » (…) «Le troisième projet a trait à l’exploitation du fer de Bipindi– Grand Zambi, …» (…) «Une étape décisive a déjà été franchie dans la réalisation de ces différents projets, avec la signature des conventions minières y afférentes et l’octroi de permis d’exploitation aux entreprises adjudicataires.»

    Dans les lignes qui suivent, nous portons à votre très haute attention le constat de ce que ces trois (3) aspects de votre discours traduisent des choix contestables et même détestables du Gouvernement camerounais d’une part, et que les conséquences prévisibles induisent un déraillement du train de l’émergence du Cameroun pourtant, l’émergence atteinte avec force et fermeté à l’horizon 2035 c’est-à-dire dans moins de (14) ans, d’autre part. Plus important, nous vous recommandons quelques mesures urgentes de sauvetage qui nous semblent possibles et souhaitables.

    1. Constat des choix contestables et détestables du Gouvernement camerounais
    La loi n° 2022/020 du 27 décembre 2022 portant loi de finances de la République du Cameroun pour l’exercice 2023 matérialise, confirme et amplifie les choix du Gouvernement camerounais qui nous semblent objectif contestables et surtout profondément détestables à cause de leur caractère inapproprié et de leurs impacts négatifs prévisibles.

    1.1. Le choix de subventionner à l’aveuglette les carburants et le gaz domestique.
    Vous avez indiqué qu’au cours de l’année 2022, près de 700 milliards de Francs CFA ont été dépensés par le Trésor Public pour subventionner les carburants et 75 milliards de Francs CFA pour le gaz domestique soit un total de 775 milliards de FCFA.
    Ce choix de subventionner les carburants même pour un grand nombre de consommateurs professionnels, riches et capables de payer les prix du marché s’apparente à un gaspillage sans précédent et est rendu contestable aussi bien du point de vue du coût d’opportunité allocative des ressources publiques rares (ces ressources peuvent mieux servir dans l’investissement) que de celui d’une injustice redistributive (enrichir ceux qui sont déjà riches).

    Ce choix du Gouvernement est surtout détestable parce qu’il est contraire au Plan Industrie de l’Energie de la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 (SND30) qui a pour objectif de produire l’énergie en quantité abondante pour améliorer le cadre de vie de la population, satisfaire l’industrialisation du Cameroun et devenir un pays exportateur d’énergie. S’agissant des carburants, ce plan comprend le Programme Gaz Naturel pour Véhicule (GNV) qui permettra au regard des ressources gazières importantes du pays de diviser la facture des carburants par huit (8) tout en suffisamment les importations de carburants et lubrifiants ( qui représentent jusqu’à 16% des importations soit en 2021 614 milliards de FCFA) tout en contribuant à réduire nos émissions de CO2 et à épargner les appareils.

    1.2. Le choix de la politique de l’import-substitution.
    Vous avez précisé que le Gouvernement consentira à accorder une attention particulière à la mise en œuvre coordonnée de la politique d’Import-Substitution. Le rapport de la Commission des Finances et du Budget de l’Assemblée Nationale de novembre 2022 indique ceci en page 12 «Abordant l’état de mise en œuvre de la politique d’importation-substitution, le Représentant du Gouvernement a fait savoir qu’ une enveloppe d’un montant de 136 milliards de FCFA a été prévue pour soutenir cette politique au cours de l’exercice 2023. Le Gouvernement agira également sur plusieurs leviers à l’instar des incitations fiscales-douanières, l’institution ou le relèvement du taux des droits d’accises de certains produits à l’effet de booster la production locale.

    Le choix de cette politique et la taille importante des ressources publiques qui y sont suggérées est très contestable non seulement du point de vue du coût d’opportunité (l’investissement étant largement préférable) mais aussi de celui de l’efficience allocative car cette politique d’import-substitution a déjà fait la preuve de son échec au Cameroun par le passé.
    En effet, la stratégie d’industrialisation par substitution d’importations (ISI) a été appliquée au Cameroun de 1960 à 1985 avec pour objectif de privilégier la production de plus en plus poussée des produits agricoles, forestiers, pastoraux et de la pêche avec des incitations offertes par les codes des Investissements modifiés et adaptés successivement avec l’appui d’un certain nombre d’organismes parapublics spécialisés. Face à l’échec de cette politique constatée au milieu des années 80, la stratégie d’industrialisation par «valorisation des ressources primaires pour la promotion des exportations» ou «substitution d’exportations» a été annulée en 1986 par le 6e Plan quinquennal de développement économique et social (1986-1991) soutenu par l’introduction du régime des Zones Franches Industrielles (ZFI) le 29 janvier 1990, avec l’ordonnance présidentielle n° 90/001. Avec le bouleversement appliqué par les plans d’ajustement provoqués et intervenus dès 1988, cette stratégie s’est également vendue par un échec, d’où la loi n°2002-004 du 19 avril 2002 portant charte des investissements en République du Cameroun, modifié par la loi n°2004-20 du 22 juillet 2004 et par l’ordonnance n°2009-001 du 13 mai 2009 et complétée par la loi n° 2013/004 du 18 avril 2013 fixant les incitations à l’investissement privé en République du Cameroun. Ce choix assez problématique du Gouvernement est surtout détestable parce qu’il est contraire à la première des orientations fondamentales de la SND30 intégrant le plan directeur d’industrialisation qui est le Mix entre import/substitution et promotion des exportations axé sur les neuf (9) sous-secteurs moteurs pour accélérer l’industrialisation du pays en installant en avant la promotion de l’industrie manufacturière et le rattrapage technologique. La vision du secteur industriel à l’horizon 2030 étant de faire du Cameroun le commutateur (fournisseur d’énergie électrique), le nourricier (fournisseur des produits agro-industriels) et l’équipementier (fournisseur des biens d’équipement notamment les meubles) de la CEEAC et du Nigéria.

    1.3. Le choix de la préférence caractérisé pour les dépenses de fonctionnement en comparaison à celles d’intérêt public.
    Vous avez annoncé votre autorisation pour le démarrage de trois (3) projets d’envergure qui visent à développer notre potentiel minier : le projet d’exploitation du minerai de fer de Kribi-Lobé ; le projet d’exploitation du gisement de fer de Mbalam-Nabeba et le projet d’exploitation du fer de Bipindi– Grand Zambi. Cette autorisation est fort opportune mais nous semble inopérante. Outre le fait que le «projet d’exploitation du fer de Bipindi–Grand Zambi» n’existe pas à proprement parler puisque son étude de déclinable bancable semble introuvable, tout comme sa convention minière et son permis d’exploitation, il est surtout regrettable qu’aucun crédit budgétaire spécifique ne soit ouvert dans la loi de finances 2023 pour déterminer les projets miniers au titre de la participation et de l’accompagnement de l’Etat. D’ailleurs,

    Comme le constate le tableau ci-après, le budget d’investissement public a dégringolé en partant de 28,4% du budget total en 2019 à seulement 18,4% en 2023 soit une chute 10% correspondant à 308 milliards de FCFA alors que le budget de l’Etat a augmenté en valeur absolue sur la même période de 1 133 milliards de FCFA et en valeur relative de 21,74%. Le choix de la préférence des dépenses courantes en comparaison aux dépenses d’investissement est contestable parce qu’il confirme l’option pour l’inefficience allocative, le statut quo des structures productives, l’économie de rente ou des privilèges sans contrepartie et le cercle vicieux d’une croissance appauvrissante c’est-à-dire pauvre en emplois et à peine supérieure à la croissance démographique. Ce choix du Gouvernement est surtout détestable parce qu’il prend à contrepieds la SND30 qui a pourtant opté pour la transformation structurelle de l’économie nationale et le développement inclusif de la société camerounaise. Avec ce choix très regrettable, le Gouvernement fait plutôt de la déformation structurelle de l’économie avec un impact négatif sur la dynamique de développement du pays.

    2. Conséquence prévisible : déraillement du train de l’émergence du Cameroun
    La combinaison des trois (3) choix gouvernementaux ci-dessus identifiés et constatés révèle clairement une déviation stratégique majeure reflétant de fait un statut très précaire, dévalué et sans réelle portée opérationnelle de la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 (SND30) pourtant préfacée par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Chief Dr. Joseph Dion Ngute, et postfacée par le Ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, Alamine Ousmane Mey. Parmi les objectifs stratégiques de la SND30, il a été arrêté comme objectif principal de porter le taux de croissance annuel du PIB de 4,5% à 8,1% en moyenne sur la période 2020-2030 soit onze (11) ans. Sur les trois (3) premières années 2020-2022, le taux de croissance moyen n’est que de 2,6% donc très loin de 8,1%. La projection à structure économique similaire situe la croissance du PIB à une moyenne de 4,9% à l’horizon 2027 c’est-à-dire à peine la moitié de la cible de croissance visée. La revue de la période 2020 à 2023 montre que le déraillement du train de l’émergence du Cameroun intervient exactement en 2022. Du fait des choix gouvernementaux sus-évoqués avec en particulier la préférence manifeste pour des dépenses courantes au lieu des dépenses d’investissement , le budget d’investissement public chute brutalement de 381,5 milliards de FCFA soit 7,7% du budget total de l’Etat en passant de 1 479 milliards de FCFA en 2021 soit 25,7% à 1097,5 milliards de FCFA en 2022 soit 18%. Sans efforts d’investissement public substantiel, la transformation structurelle de l’économie et l’accélération du rythme de croissance sont impossibles. Dès à présent,

    La question stratégique principale revient alors comme une préoccupation lancinante sur la table des pouvoirs publics camerounais et des autres parties concernées : à quoi sert réellement la planification stratégique au Cameroun ? Le plan stratégique actuel de l’Etat du Cameroun qui est appelé « SND30 » a finalement quel statut ou quel régime ? At-il été formellement approuvé par le Président de la République ? Est-il opposable et à qui ? Du point de vue des bonnes pratiques internationales de planification stratégique des États modernes, le plan stratégique d’un État, élaboré par l’exécutif comme un instrument majeur de gouvernance publique doit être approuvé par le parlement.

    3. Mesures de sauvetage possibles et souhaitables
    En se fondant sur les quatorze (14) ans restant (de 2023 à 2035) pour réussir le façonnage d’un Cameroun émergent, nous vous recommandons, Monsieur le Président de la République, quatre (4) mesures prioritaires de sauvetage du train de l ‘émergence pour envisager un rattrapage accéléré en vue de le remettre sur le sentier de la croissance définit en 2019. et 2022 avec seulement 2,6%. A titre de rappel, la dernière fois que le Cameroun a réalisé un taux de croissance du PIB supérieur ou égal à 6% c’est bien en 1985/1986 avec 6,79%. Cela fait aujourd’hui 36 ans. Le sauvetage du train de l’émergence ne pouvant se faire avec une approche ordinaire, il est donc impératif d’adopter résolument une démarche inappropriée,

    préférentiellement, nous vous recommandons en votre qualité de Président de la République, de définir en urgence absolue un régime intelligible, lisible et prévisible de planification stratégique de l’Etat du Cameroun (loi sur le régime de la planification et de la programmation stratégiques au Cameroun ). En cohérence avec les bonnes pratiques internationales généralement admises, il s’agit d’appliquer l’alinéa (e) de l’article 26 de la constitution du 18 janvier 1996 qui dispose : « La loi est votée par le Parlement. Sont du domaine de la loi: (e) La programmation des objectifs de l’action économique et sociale.» Ainsi, la SND30 aura un statut clair et opérationnel apportant ainsi plus de rationalité, de cohérence et d’efficience à la chaîne PPBS (planification-programmation-budgétisation-suivi-évaluation) du management public camerounais.

    Deuxièmement, nous vous recommandons d’opter à très court terme pour un subventionnement sélectif (uniquement pour les segments des opérateurs et agents économiques vulnérables) et proportionné des prix des carburants et du gaz qui permettraient de restaurer les ressources nécessaires à affecter pour l’investissement Publique. Aussi, plus élémentaires, en application des orientations de la SND30, autoriser le démarrage immédiat du Programme Gaz Naturel pour véhicule (GNV) en vue d’opérer une transition énergétique structurelle permettant la réduction drastique de la facture des carburants et la hausse des ressources publiques pouvant être affectés à l’investissement. De même, pour accroitre les ressources à affecter à l »’public,

    Troisièmement, nous recommandons l’application de l’une des orientations fondamentales de la SND30 qui prescrit la politique du Mix exportations et import-substitution axée sur les neuf (9) sous-secteurs moteurs pour accélérer l’industrialisation du pays en mettant en avant la promotion de l’industrie manufacturière et le rattrapage technologique en alignement stratégique avec l’exploitation optimale des avantages de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
    Quatrièmement, nous vous recommandons fortement de relancer le budget d’investissement public à un minimum de 40 % du budget total de l’État, en rationalisant les subventions des carburants, en autorisant le démarrage du programme GNV, en utilisant et en optimisant le train de vie de l’État. Ainsi, les projets miniers et industriels phares et prioritaires de la SND30 peuvent retrouver la place qu’ils satisfont dans l’optique de transformation structurelle de l’économie et de développement inclusif. Une loi de finance rectificative serait alors l’instrument approprié pour les mesures de sauvetage du train de l’émergence du Cameroun. Veuillez agréer, Excellence, Monsieur le Président de la République, l’assurance de notre très haute considération.

    Babissakana, PMP, PMO-CP, CSSp
    Ingénieur Financier, Président-directeur général, Prescriptor Ltd

  • Le Pape Benoît XVI tel que je l’ai perçu

    Le Pape Benoît XVI tel que je l’ai perçu

    Benoît XVI a été inhumé au Vatican, le 5 janvier 2023. Il était le dernier grand théologien catholique de sa génération après la mort, le 6 avril 2021, du Suisse Hans Küng. Celui-ci osa critiquer en 1968 l’encyclique Humanae Vitæde Paul VI qui condamne l’avortement. Küng reprochait à Paul VI de l’avoir écrit tout seul et mettait ainsi en cause l’infaillibilité du papier. La sanction ne tarda pas. En 1979, la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), l’ex-Saint Office, lui fit savoir qu’il ne pouvait plus enseigner dans les universités catholiques. C’est la même CDF qui sanctionna les jésuites Pierre Teilhard de Chardin, Henri de Lubac et le dominicain Yves-Marie Congar qui militaient pour un aggiornamento de l’Église et dont Küng se sentait proche. Ratzinger prendra la direction de cette Congrégation deux ans plus tard. Avant d’emménager à Rome, il était progressiste comme Küng. Au Concile Vatican II (1962-1965), il accompagnait le cardinal Joseph Frings (Cologne) qui était pour la réforme de la Curie romaine afin que l’Église soit plus démocratique alors que des cardinaux comme Alfredo Ottaviani, préfet de l’ex-Saint Office, y étaient farouchement opposés. Le cardinal Montini, archevêque de Milan et futur pape Paul VI, était, lui aussi, partisan de la réforme de la Curie.

    C’est après les manifestations étudiantes de mai 1968 en Europe que Ratzinger rejoint le camp des conservateurs. Préfet de la CDF depuis 1981, il ne pardonne pas à Leonardo Boff, qui fut un de ses étudiants à Tübingen, son analyse critique du fonctionnement ecclésiastique fondée sur le pouvoir au mépris du charisme évangélique dans Église, charisme et pouvoir (Paris, Lieu commun, 1985). Dans une note datée du 11 mars 1985, il précise que « certaines options du livre de L. Boff s’avèrent insoutenables : la structure de l’Église, la conception du dogme, l’exercice du pouvoir sacré, le prophétisme ». Plusieurs laïcs, prêtres et évêques sud-américains estiment, au contraire, que la théologie brésilienne ne va pas contre la doctrine catholique en affirmant que « la théologie de la libération ne doit pas simplement combattre l’aliénation et l’injustice dans la société civile mais également dans l’institution religieuse elle-même ». Des évêques et cardinaux brésiliens lui ont apporté leur soutien. Il s’agit, entre autres, de Hélder Câmara, de Pedro Casaldaliga, d’Aloisio Lorscheider et de Paulo Evaristo Arns. Ce soutien ne fait cependant pas reculer la CDF qui, en 1985, contrainte Boff au silence et à l’obéissance. Jugeant la sanction injuste et humiliante, le Franciscain brésilien abandonné, le 29 juin 1992, le sacerdoce tout en restant dans l’Église.

    La théologie de la libération était accusée d’épouser les thèses et méthodes marxistes (analyse marxiste, lutte des classes, recours à la violence, etc.). Rien n’est plus faux, répondirent ses partisans qui ne manquèrent pas de rappeler que cette théologie s’appuyait sur l’expérience du peuple juif que Dieu fit passer de l’esclavage en Égypte à la liberté sous la houlette de Moïse (Exode, chap.12 et suivants) et qu’elle visait à libérer les peuples d’inacceptables conditions de vie. Ils remarqueront que l’on peut utiliser l’instrument d’observation et d’analyse inspiré du marxisme sans adhérer nécessairement à l’idéologie marxiste, que tous les prêtres latino-américains ne s’étaient pas engagés dans les guérillas paysannes comme les Colombiens Camilo Torres Restrepo et Manuel Pérez Martínez et que,

    Quand on a lu Changer le capitalisme (Paris, Bayard, 2001) du jésuite français Jean-Yves Calvez, on se rend compte de la justesse et de la pertinence des critiques diffusées par Karl Marx aussi bien aux dérives du capitalisme qu’à l’accumulation des pouvoirs de décision entre les mains d’un petit nombre de personnes. Voilà pourquoi, à mon avis, la vraie raison de la haine que la CDF vouait à la théologie de la libération est à rechercher ailleurs. Trois jésuites sud-américains avec qui j’ai étudié à Rome en 1996-1998 m’avaient donné une double explication de l’hostilité de la CDF à la théologie de la libération dont les grandes figures sont Gustavo Gutiérrez (Pérou), Leonardo et Clodovis Boff (Brésil), Jon Sobrino et Ignacio Ellacuría (Salvador), Juan Luis Segundo (Uruguay) :

    Élu pape en 2005, Ratzinger essaya-t-il de couper les ponts avec l’eurocentrisme défini par Wikipédia comme « une forme d’ethnocentrisme qui consiste à attribuer une place centrale aux cultures et valeurs  européennes  aux dépens des autres cultures et qui considère comme  supérieures les cultures originaires d’Europe » ? Certains pensent que, s’il préfère être appelé Benoît en référence à Saint Benoît, patron de l’Europe, et à Benoît XV, pape pendant la Première Guerre mondiale, c’est parce que le successeur de Jean-Paul II voulait signifiant que l’Europe en voie de déchristianisation devenait sa priorité. De fait, 17 des 25 visites pastorales effectuées par Benoît XVI eurent lieu en Europe. Quant à l’Afrique, il ne s’y rend que deux fois : au Cameroun et en Angola (17-23 mars 2009), puis au Bénin (18-20 novembre 2011). Certes, on l’entend dire, le 2 mars 2006, que « l’Europe a exporté non seulement la foi en Jésus-Christ, mais aussi les vices du vieux continent, le sens de la corruption, la violence qui dévaste actuellement l ‘ Afrique » mais à qui s’adresse-t-il ? Au clergé diocésain de Rome plutôt qu’aux politiques et hommes d’affaires européens impliqués dans la vente d’armes et le pillage des matières premières du continent. Certes, il a reconnut en 2009 que « l’Afrique continue à être toujours l’objet d’abus de la part des grandes puissances et que de nombreux conflits n’auraient pas pris cette forme si les intérêts des grandes puissances ne se distinguent pas derrière » mais à quelle occasion tint-il ce discours ? Pendentif la messe d’ouverture du 2 aurait pas pris cette forme si les intérêts des grandes puissances ne se distinguaient pas derrière » mais à quelle occasion tint-il ce discours ? Pendentif la messe d’ouverture du 2 aurait pas pris cette forme si les intérêts des grandes puissances ne se distinguaient pas derrière » mais à quelle occasion tint-il ce discours ? Pendentif la messe d’ouverture du 2e synode africain (4-25 octobre 2009). On aurait aimé qu’il prononçât un tel discours aux Nations Unies ou bien devant le Parlement européen de Strasbourg. On aurait jubilé s’il avait dénoncé, dans les capitales occidentales mêmes, l’arrogance et les crimes des Occidentaux en Afrique, en Asie et en Amérique latine. On attendait qu’il fasse mentir Valentin-Yves Mudimbe qui écrit ceci : « Le catholicisme est une religion marquée par l’Occident jusque dans la compréhension du message. Porté, soutenu par des structures européennes, il n’est peut-être pas possible de l’aimer sans s’inscrire dans l’histoire d’un monde… La haine de la hiérarchie catholique pour tous les mouvements nationalistes relève partiellement d’une volonté nette de sauvegarder à tout prix des avantages injustifiés procurés de l’époque coloniale [1]. »

    Le silence de Benoît XVI sur la mise à mort de Mouammar Kadhafi le 20 octobre 2011 et sur la destruction de la Lybie par l’OTAN, la présence, le 21 mai 2011, de M gr Ambrose Madtha, nonce apostolique en Côte d’Ivoire et de M grGeorge Antonysamy, nonce apostolique au Liberia, à l’investiture de Dramane Ouattara dont les troupes avaient massacré 816 personnes à Duékoué les 29 et 30 mars 2011 au nez et à la barbe de l’ONUCI ne montrent-ils pas que, pour le pape allemand, les intérêts de l’Europe avant ceux passés de l’Afrique, voire avant la justice et la vérité de l’Évangile ? Ce silence et cette présence sont d’autant plus troublants que, face à des pèlerins français venus le saluer à Castel Gandolfo, Benoît XVI s’était insurgé contre l’expulsion de 200 Roms par le gouvernement français vers la Bulgarie et la Roumanie en août 2010. L’un ou l’autre prêtre africain l’a qualifié de « grand homme ». À moins de ne pas connaître le sens des mots ou, ce qui est pire encore, à moins d’être mentalement dérangé,

    Difficile de nier les qualités intellectuelles de Joseph Ratzinger quoique Johann-Baptist Metz, Carlo Maria Martini, Bernard Sesboüé et Joseph Moingt ne fussent pas moins brillants ; difficile de rester insensible aux paroles élogieuses qu’il prononce à l’endroit de Thomas More, « intellectuel et homme d’État anglais de grande envergure », dans son discours à la société civile et politique britannique, le 17 septembre 2010 ; difficile de ne pas reconnaître que c’est lui qui a commencé à purifier l’Église catholique en sanctionnant les clercs coupables de scandales financiers et d’abus sexuels [2] ; difficile de ne pas être d’accord avec lui quand il rappelle en juin 2007 aux évêques de Centrafrique que l’Église a le devoir « de défendre les faibles et de se faire la voix des sans voix » ; difficile de ne pas saluer sa démission le 11 février 2013, a choisi que l’on n’avait plus vue depuis Grégoire XII en 1415. Enfin, qui n’a pas été édifié par son débat courtois mais sans complaisance avec le philosophe allemand Jürgen Habermas en janvier 2004 ? Mais de là à le présenter comme un homme exceptionnel ou à demander sa canonisation tout de suite (« santo subito »), il ya un pas que je ne franchirais pas pour la simple raison qu’il n’a jamais invité les prêtres et religieux homosexuels qui conduisent, eux aussi, une double vie à abandonner le ministère sacerdotal ou la vie religieuse, parce que lui et Jean-Paul II ont ignoré pendant vingt ans Mgr Oscar Romero considéré comme martyr et saint au Salvador après avoir été assassiné en pleine messe le 24 mars 1980 par des soldats à qui il avait demandé la veille d’arrêter la répression [3] , parce qu’eurocentrisme et catholicisme ne sont pas compatibles . Le mot « catholique » signifie universel. Revendiquer cet universel, se réclamer d’une communauté qui proclame que tous les hommes sont enfants de Dieu, annoncer que « Jésus est venu rassembler les hommes de toute nation et de toute langue » tout en ayant une compassion et une colère sélectives me semble incohérent .

    Le 15 janvier 2020, la maison d’édition Fayard a annoncé la parution de l’ouvrage Des profondeurs de nos cœursen ces termes : « Benoît XVI et le cardinal Robert Sarah ont répondu à l’élan de leurs cœurs. Ce livre fera date. À bien des attendus, il est unique. Et, certainement, historique. » Le livre n’avait pas d’autre mais que de s’opposer à François qui devait se prononcer sur le célibat des prêtres à la suite du Synode des évêques sur l’Amazonie tenu à Rome du 6 au 27 octobre 2019. Ledit Synode avait proposé que l’on puisse appeler au sacerdoce des diacres mariés afin de pallier la pénurie de prêtres à laquelle est confrontée l’Église en Amazonie. C’est en 1139 que le second concile du Latran avait imposé l’interdiction, pour les hommes mariés, d’être ordonnés prêtres. Le cardinal guinéen et l’ancien pape allemand étaient favorables au maintien de cette interdiction.gr Georg Gänswein, qui affirme dans un entretien avec le journal allemand Die Tagespostque le pape émérite n’était pas coauteur du livre. Mais le secrétaire de Benoît XVI disait-il la vérité ? Non, si l’on se réfère au communiqué produit par le cardinal Sarah, le 14 janvier 2020. Le communiqué indique que Benoît XVI était informé de la parution du livre, qu’il avait donné son feu vert pour la couverture, une introduction et une conclusion communes et que ceux qui soutenaient que l’ancien papier n’étaient nullement au courant de la parution du livre ne visaient qu’à salir l’ancien président de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Pour moi, l’ex-pape a commis une double faute dans cette affaire :La Croix du 4 mars 2020).

    Il est possible que Benoît XVI ait mal vécu certaines décisions de François (déchéance du cardinal Tarcisio Bertone, son bras droit, réhabilitation de la théologie de la libération, canonisation de M gr Oscar Romero, accueil de M grJacques Gaillot au Vatican, de plus en plus de cardinaux non européens nommés à la Curie romaine, etc.) ; il est possible qu’il ait été choqué quand François a déclaré en mai 2014 que le célibat des prêtres n’était pas un dogme dans l’Église mais, quand on a démissionné sans y avoir été contraint, lorsqu’on se considère comme un serviteur inutile, on se garde de tout ce qui ressemble à des coups bas et à des actes de sabotage. Cet homme que certains réfléchissaient intelligent et humble aurait dû comprendre que, de même qu’il n’y a pas deux capitaines dans un bateau, de même n’a-t-on pas deux papes à la tête de l’Église catholique.

    Il me faut conclure et je voudrais le faire en me tournant à nouveau vers Hans Küng dont le Jésus me parle plus que celui de Ratzinger. Pourquoi ? Parce que, pour le théologien suisse, « Jésus n’est pas un prêtre, ni un théologien, ni l’homme de l’établissement ecclésiastique ou social, ni un membre ni un sympathisant du parti au pouvoir, conservateur ou libéral, ni un guérillero, ni un putschiste, ni une personne vivante à l’écart du monde ou propose une règle religieuse mais un défenseur de la cause de Dieu et de la cause de l’homme, quelqu’un qui n’appelle pas à rechercher la souffrance mais à la guerrière [4] ». Peu de gens savent que Hans Küng participe aux travaux du Concile Vatican II à la demande de Jean XXIII, qu’il revendiquait une « fidélité turbulente » à l’Église et que Jean-Paul II souhaitait en 1980 qu’il pourrait être appelé de nouveau théologien catholique (cf. « Le Monde » du 26 mai 1980). Bien que les deux théologiens aient joué dans deux camps opposés (Küng était avec la revue Concilium  tandis que Ratzinger était engagé dans Communio ), ils se rencontrèrent à Castel Gandolfo, le 24 septembre 2005. Sauf erreur de ma part, quand Küng rendit l’ âme, je ne pense pas que Benoît XVI lui ait rendu hommage. En revanche, M grGeorg Bätzing, président de la Conférence épiscopale allemande, a tenu les propositions suivantes : « Avec le décès du professeur Hans Küng, la science théologique perd un chercheur reconnu et controversé. Dans son travail de prêtre et de scientifique, Hans Küng s’est attaché à rendre compréhensible le message de l’Évangile et à lui donner une place dans la vie des fidèles. Hans Küng n’a jamais manqué de défendre ses convictions. Même s’il y a eu des tensions et des conflits à cet éventuel, je le remercie expressément en cette heure d’adieu pour ses nombreuses années d’engagement en tant que théologien catholique dans la communication de l’Évangile.»

    Une des choses que les « deux frères ennemis de la théologie » avaient en commun, c’est d’avoir affronté les problèmes de leur temps et de leur continent. On attend la même chose des théologiens et des penseurs africains : trouver des réponses aux difficultés et défis de l’Afrique au lieu de chercher à être les meilleurs interprètes ou répétiteurs des penseurs convaincus.

    Le 31 juillet 1969, lors de son voyage à Kampala (Ouganda), Paul VI lançait aux Africains le défi suivant : « L’expression, c’est-à-dire le langage, la façon de manifester l’unique foi, peut être multiple et par conséquent originale conforme à la langue, au style, au tempérament, au génie, à la culture de qui professe cette unique foi. Sous cet aspect, un pluralisme est légitime, même souhaitable. […] En ce sens, vous pouvez et vous devez avoir un christianisme africain. » Ce n’est ni en courant après les postes et les honneurs, ni en se gargarisant de titres stupides comme « recteur magnifique » que prêtres et théologiens africains relèveront ce défi car voir, par exemple, Jésus comme un Proto-Ancêtre ne veut rien dire si, dans le même temps, on écrase et humilie les gens, si on les force à se prosterner devant nous, si on ne promeut que les béni-oui-oui ou les membres de son groupe ethnique. Considérer comme un Proto-Ancêtre devrait plutôt signifier « que toute référence aux pratiques ancestrales de la tradition africaine ne peut plus se faire Jésus se référer en même temps au Christ qui est le critère sélectionné selon lequel on devra désormais juger les ancêtres traditionnels, qu’ ‘il ne sera plus permis de se comporter en despote puisque le Christ en tant que Proto-Ancêtre est celui qui n’oppresse pas mais donne la vie en plénitude, que, dans la vie matrimoniale, en cas de stérilité d’un des partenaires , la partie incapable d’enfanter ou d’engendrer n’est pas, à la lumière du Proto-Ancêtre, un bois mort qu’il sied de jeter au feu, mais chacune des deux parties est appelée à voir dans l’autre un bois vert,[5]  ».

    Jean-Claude DJEREKE

    (1) Cf. Entre les eaux, Paris, Présence Africaine, 1973, pp. 30 et 38.
    (2) Marcial Maciel Degollado, prêtre mexicain et fondateur des Légionnaires du Christ relevé de toute fonction en 2006, les évêques centrafricains Paulin Pomodimo et Xavier Yombaïndjé pousses à la démission en 2009.
    (3) Assassiné par un groupe d’extrême-droite parce qu’il dénonçait les exactions de la junte militaire, l’ancien archevêque de San Salvador a été reconnu comme martyr par le Pape François, le 3 février 2015. Il sera canonisé en octobre 2018. Pour Jean-Paul II et Benoît XVI, il n’était qu’un grand témoin de la foi.
    (4) Cf. Jésus, Paris, Seuil, 2014.
    (5) CF. Bénézet Bujo, « Le christianisme africain et sa théologie », Revue des sciences religieuses. N. 84/2/ 2010, p. 159-174.

  • Les grandes lignes du World Economic Forum de Davos

    Les grandes lignes du World Economic Forum de Davos

    A l’ occasion du World Economic Forum Davos , Kevin Lognoné propose un résumé des grandes lignes du discours du président de la Confédération suisse, Alain Berset, à l’occasion de l’ouverture du WEF de janvier 2023 à Davos .

     

    L’ordre d’après guerre traverse sa plus grande crise depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La Russie, en lançant une guerre d’agression contre l’Ukraine, s’est brutalement attaquée non seulement à un pays pacifique, mais également au droit international ainsi qu’au multilatéralisme. La guerre entraîne de nombreuses souffrances. Mais elle impacte aussi l’évolution de la démocratie. C’est pourquoi la solidarité des pays démocratiques à l’égard de l’Ukraine y compris envers les personnes qui ont fui le pays est essentielle. Cette agression est le fait d’un membre du Conseil de sécurité de l’ONU qui, 24 de la Charte des Nations Unies, assumant toutefois « la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationale ». Malgré cela ou plus précisément pour cette raison , la Suisse s’engage à renforcer le droit international et le multilatéralisme au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, où elle siège pour la première fois. Elle le fait déjà dans le cadre de la Genève internationale, l’une des principales plateformes multilatérales. De telles plateformes sont indispensables. Car les principaux défis actuels changement climatique, pandémies, guerres, migration, prolifération des armes atomiques sont des défis transnationaux.

    Un risque de basculement Les démocraties sont actuellement en fort recul dans le monde. Selon Freedom House, près de 50 %
    de la population mondiale a vécu il y a 10 ans dans un État démocratique. Aujourd’hui, cette proposition a chuté à 20%. Nous nous sommes trouvés à un point de bascule. Les institutions démocratiques sont affaiblies et l’État de droit est menacé dans plusieurs pays ; une érosion qui affecte l’entier du système international . Continuer ainsi n’est plus une option. Nous devons vivre défendre les fondements sans demander l’ensemble, en bonne intelligence, c’est impossible.
    Selon le Programme alimentaire mondial de l’ONU, la faim menace gravement quelque 350 millions de personnes dans 82 pays. C’est plus de 200 millions de plus qu’avant la pandémie et la guerre en Ukraine.

    Dans de grandes parties de l’Afrique, les conséquences sont dramatiques. Avant la guerre, 90 % de l’approvisionnement en céréales de l’Érythrée et de la Somalie fournies de Russie et d’Ukraine. La flambée des prix des engrais et du pétrole endommage les pays les plus pauvres du continent de manière disproportionnée et les affaiblit davantage. Le COVID 19 a lui aussi frappé de plein fouet ces pays fragiles, avec un impact direct sur les inégalités qui ont encore augmenté. Avant 2020, les pays africains ont pourtant fait partie de ceux dont la croissance était la plus rapide au monde. Aujourd’hui, nombre d’entre eux à l’étape d’autres parties du globe sont encore affaiblies par la guerre en Ukraine et voient leurs ambitions freinées. Cette situation nécessite une approche différente de notre part. Nous avons besoin d’un vrai partenariat ! Il doit permettre à l’énorme potentiel des pays africains de se développer, il doit permettre de permettre les droits de l’homme et la démocratie, et il doit tenir compte des besoins humains, tout en soutenant les opportunités économiques et l’innovation.

    Kévin LOGNONE

  • L’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI), un acteur stratégique pour les forêts

    L’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI), un acteur stratégique pour les forêts

    Le siège de l’OAPI (Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle) est situé à Yaoundé, capitale du Cameroun .

     

    L’emplacement à quelques pas de l’espace Volontariat et du siège national et Afrique centrale de France Volontaires est une opportunité pour développer de nouveaux échanges. Son directeur général est très actif sur les réseaux sociaux : Denis L. BOHOUSSOU https://twitter.com/denisbohoussou . Ce dernier a souligné le rôle de l’OAPI pour les générations futures. Dans ses publications, l’OAPI a donné un dossier : « Indications Géographiques : le label a fricain prend forme » (OAPI Magazine octobre 2019). L’OAPI a récemment formé une session d’auditeurs au régime juridique des Indications Géographiques Protégées (IGP) . Au titre du renforcement des capacités des communautés autochtones, agricoles et forestières , beaucoup de pistes de travaux d’avenir sont à envisager. Cependant, retenons deux priorités essentielles. Sur un plan juridique, il faut pouvoir mieux cibler et identifier des produits éligibles à une démarche d’indication géographique protégée (noi x de kola, alternatives non alcoolisées au vin de palme : thé, arômes; perles forestières) Prenons l’exemple de la Guinée Conakry, les produits forestiers suivants sont porteurs de chaînes de valeur  :

    Café du Fouta Djalon
    Café Ziama

    Miel du Fouta Djalon
    (lauréat du Prix Terre des Femmes de la Fondation Yves Rocher) Karkadé (ou oseille de Guinée)

    D’autres chaînes de valeur sont à explorer : noix de kola et ses circuits de distribution, alternatives non alcoolisées au vin de palme (thé, arômes…), hévéaculture et économie circulaire, perliculture agro écologique et ses techniques d’ ornementation des vêtements avec des perles et pierres précieuses des forêts.

    L’équipe du projet européen EUAV Forests a également souhaité relancer la demande d’inscription du beurre de Moabi par Tropical Forest & Rural Development (dossier en attente visite des experts sur le terrain suspendu). Par ailleurs, l’AFD gagnerait à mieux partager des retours d’expérience s ur le miel d’Oku et le poivre de Penja , indications géographiques protégées de grande renommée grâce à la qualité du terroir et notamment des terres volcaniques.. Sur un plan extra juridique, il faut examiner les voies d’innovation. Le rôle des « cliniques du droit ») bien connu aux Etats Unis doit s’expérimenter en Afrique avec le levier du volontariat, en mobilisant par exemple l’action Pro Bono des avocats et professions libérales, la politique RSE des grandes entreprises et des fondations au Cameroun. Des outils et cartographies dynamiques pourraient naître de ce travail collaboratif comme des  » réserves de résilience  » pour faire face aux aléas climatiques, ou d’autres outils prospectifs comme l’exemple de « certificat de naissance biosourcé » pour l’économie circulaire.

    L’exemple des Cliniques juridiques du GICAM est certainement à suivre pour mobilisateur des réseaux d’entrepreneurs. Les cabinets juridiques représentent un modèle exporté des États Unis qui fait ses preuves au Cameroun . Propriété Intellectuelle : ensemble d’écouteurs à des remèdes coutumiers. La médiation culturelle avec des fondations camerounaises représente aussi un puissant levier, l’instar de la fondation Jean Félicien Gacha, Vivendi Hope, l’UNESCO. A ce titre, un déplacement terrain a été entrepris dans l’ ouest bamiléké , berceau culturel du Cameroun. Un rapport complet de ce déplacement est disponible.

    Il faut aussi envisager une valorisation extra juridique de transformation de produits forestiers non ligneux. Le domaine de la parfumerie n’est pas considéré comme une œuvre de l’esprit. Pourtant, les forêts regorgent d’essences. Quid du mouchoir parfumé déposé à l’OAPI sous la forme d’une marque ? Quelles opportunités de valorisation avec des ateliers de sérigraphie ? Quid de l’ amidon de manioc pour produire des sacs biodégradables ? Produire de la vanilline à partir de déchets de bois serait extrêmement attrayant pour la communauté locale de traitement des déchets de bois. À l’heure actuelle, la vanilline est synthétisée à partir de matières premières pétrolières. La vanilline dérivée du bois sera identique à la vanilline conventionnelle, mais son « certificat de naissance biosourcé » sera beaucoup plus attrayant pour remplir notre mission durable et réduire les ressources fossiles.

    Enfin, dernier élément de rayonnement, il concerne la valorisation immatérielle des richesses des forêts d’Afrique centrale lors de grands événements. Plusieurs manifestations pourraient représenter des puissances d’intérêt pour inciter des messages artistiques et politiques :

    Le Pavillon Afriques au Festival de Cannes
    La Forêt de la Tranquillité à l’Exposition universelle d’Osaka en 2025 où l’agenda des ODD sera
    le thème phare

    L »Industrie Magnifique

    La Coupe d’Afrique de la musique

    Le bois a non seulement permis la construction de la plupart de nos instruments de musique, mais au delà il a façonné les arts musicaux. L’histoire de la musique nous invite à découvrir les différentes espèces d’arbres et les particularités de leur bois, ce lien intime entre forêt et musique, sans oublier les œuvres musicales inspirées par la sylve (forêt dense tropicale humide). La forêt, berceau de l’harmonie ? 


    Kévin LOGNONE

  • Lucie Randoin, un hommage philatélique ?

    Lucie Randoin, un hommage philatélique ?

    Lucie RANDOIN (1885 1960) fut la première femme biologiste à l’Académie de médecine à imaginer notre futur entre science et nature. Après le décès de Marie CURIE en 1934, aucune femme n’est entrée à l’Académie de médecine avant Lucie RANDOIN . Un siècle plus tard, la place des femmes dans les institutions médicales reste congrue. 

     

    Ses publications scientifiques ont permis de soutenir le rapprochement des filières entre terre et mer. Et en particulier encourager la valorisation des minéraux marins capables de renforcer le calcium des coquilles d’œufs. Ainsi, ses travaux en nutrition ont aidé les acteurs de la filière avicole, car les œufs étaient beaucoup plus résistants pour les transports et les ventes.
    Enfin, elle a soutenu les pêcheurs de grand fond en quête de sains et naturels ainsi que des compléments alimentaires naturels comme la farine de manioc de Madagascar . Son héritage scientifique a déterminé à établir l’importance primordiale d’une alimentation naturelle et équilibrée sur notre santé.
    La contribution que les travaux et les recherches, les enseignements de Madame Lucie RANDOIN ont apporté en termes d’innovations nutritionnelles, sanitaires et agricoles est exceptionnelle .

    Agrégée de sciences naturelles en 1911, Madame Lucie RANDOIN a publié près de 500 articles de 1910 à 1957 portant sur ses différents travaux au sein des revues scientifiques attachées aux sociétés et académies scientifiques françaises. Enseignante chercheuse, elle a également publié une quinzaine d’ouvrages dont les plus notoires sont : Les données et les inconnues du problème alimentaire (1927, 900 pages), Les vitamines (en collaboration avec H. Simonnet, 1932), Vues actuelles sur le problème de l’Alimentation (1937), L’alimentation et la vie (1941), Régimes, vitamines et équilibre alimentaire.

    Vers une thérapeutique nouvelle (1942), Les rations alimentaires équilibrées, Guide pratique de l’alimentation (1951).
    Membre titulaire de la société de Biologie le 21 mars 1931, elle en a été élue Présidente en 1945. Secrétaire générale de la Société scientifique de l’hygiène alimentaire en 1942, Madame Lucie RANDOIN est élue membre libre de l’académie de Médecine de Paris le 21 mai 1946.
    Considérée comme l’une des plus grandes spécialistes sur les questions de nutrition, ses travaux sont essentiellement portés sur les vitamines, en démontrant le rôle tenu par ces substances dans l’alimentation quotidienne. Chercheuse, elle s’est attachée à travailler avec les industries et l’État pour la mise en pratique de ses découvertes, en particulier lors des périodes de restriction (conflits armés).

    Madame RANDOIN a représenté la France, comme déléguée française, aux conférences internationales pour la standardisation des vitamines (juin 1931 juin 1934, Londres, Société des Nations). Elle a participé à des congrès scientifiques dans le monde entier : Boston en 1929, Rome en 1932, Madrid en 1934, Bruxelles en 1935, Constantza en 1936, Bâle, Berne et Lausanne en 1950, Lausanne et Rome en 1955, etc. Lucie RANDOIN fut élevée au rang de commandeur de la Légion d’honneur en juillet 1958, par décret du ministère de l’Éducation nationale, après avoir été promu officier le 15 décembre 1948 et nommé le 26 juillet 1933. Honoré du titre de chevalier puis d »du Mérite agricole (1930 puis 13 avril 1957), d »officier de l »ordre de la Santé publique ( 21 janvier 1956), de commandeur de l’ordre des Palmes académiques (19 février 1957), d’officier du Mérite sanitaire de Roumanie. Sa contribution en temps de guerres mondiales démontre sa dévotion au monde et aux sciences.

    Un appel en faveur de la conception d’un timbre à l’effigie de Lucie RANDOIN a été lancé sur la plateforme : https://chng.it/m9XbKMSX

    Kévin LOGNONE

  • Atalante à Libreville

    Atalante à Libreville

    Dans la mythologie grecque, Atalante (grec ancien : Ἀταλάντη / Atalántê) est une héroïne. Elle a été éduquée par Artémis après avoir été abandonnée par son père.

     

    Lors d’une chasse en forêt elle perça de ses flèches les deux centaures, Hyléos et Rhoécos, qui avaient tenté d’abuser d’elle. Elle participe aussi à la chasse du sanglier de Calydon dont le récit est narré dans le voyage des Argonautes. Cette héroïne expérimentée, en tant que chasseresse, lutteuse et coureuse pourrait-elle faire de Libreville le carrefour d’un nouvel incubateur de l’engagement début 2023 à l’occasion du One Forest Summit dont le Gabon est le grand pays organisateur ? Les travaux du prochain One Forest Summit pourraient jouer un rôle de passage de témoin entre l’héroïne Atalante et l’Afrique des forêts du futur pour développer la « féminisation des filières agro-forestières » dont un rapport très développé a été produit dans le cadre du projet EUAV Forêts.

    Nouvelle époque, nouveaux défis et nouvelles héroïnes : la construction d’une boîte à outils avec le support technique d’agences internationales de coopération dont certaines consacrent 40 % de leur budget au continent africain, permettent de capitaliser les bonnes pratiques existantes et ainsi transformer les savoirs en fertilisations croisées . La communauté des femmes, des coopératives féminines, des clusters féminins ont un rôle primordial de sensibilisation à cette stratégie de « spécialisation intelligente » pour valoriser les filières agro-forestières et les chaînes de valeur autour des produits forestiers non-ligneux.
    Les produits forestiers non ligneux (PFNL), sont des produits collectés en forêt sans qu’il soit nécessaire d’abattre des arbres. Nombreuses sont les infrastructures-projets multi-acteurs où le Gabon et les pays partenaires des forêts du bassin du Congo pourraient jouer un rôle de knowledge partner : perlage, pharmacopée à faible impact, diamants alternatifs sans extraction forestière, bioéconomie mondiale, alliance solaire, low -tech, industries créatives et culturelles, transmission des savoirs…

    Les aspects cosmétiques, alimentaires et médicinales des produits forestiers non ligneux sont aujourd’hui valorisés par de nombreux acteurs au Nigéria, à travers le champ de la « New Nature Economy ». Les données sont largement inexistantes sur les flux transfrontaliers qui existent entre le Gabon, le Nigéria, le Cameroun et les autres pays qui composent l’espace des forêts du
    bassin du Congo. La communauté des femmes, des coopératives féminines, des clusters féminins peut jouer un rôle important d’une meilleure évaluation quantitative, qualitative voire statistique de ce potentiel. Plusieurs voyages d’étude vers les Grassfields, terre transfrontalière des savanes au contact des forêts, ont démontré la grande richesse de la féminisation des filières agro-forestières pour l’Afrique centrale. « Favoriser l’éveil des vocations et développer les talents » : la conception de la Fondation Jean-Félicien Gacha hébergée sur les hauteurs de Bangoulap et Bangangté résume la tâche à accompagner dans cette nouvelle époque avec de nouveaux défis et de nouvelles héroïnes.

    A l’avenir, les Atalantes des forêts peuvent se fédérer autour de trois familles d’objectifs à considérer : HEAD, HAND et HEART pour reprendre le vocabulaire des nations anglophones du Common Wealth dont le Gabon fait partie. HEAD : Partager les savoirs

    – Promouvoir la culture et les savoirs traditionnels

    HAND : Encourager les savoir-faire
    -Encourager l’innovation, l’instruction et la formation

    – Inculquer aux jeunes l’esprit d’ouverture et de polyvalence

    Et enfin, HEART : Développer les savoir-être
    – Œuvrer pour le vivre ensemble, en menant des actions visant au rapprochement des
    innovations et créations interculturelles

    Kévin LOGNONE

  • Quelles opportunités pour les junior-entrepreneurs à l’Exposition universelle d’Osaka ?

    Quelles opportunités pour les junior-entrepreneurs à l’Exposition universelle d’Osaka ?

    L’ambassade de France au Japon a annoncé le lancement de l’appel à projet mené par la compagnie française des expositions (Cofrex) pour la conception et la réalisation du Pavillon de la France prévu à l’exposition universelle Osaka en 2025.

     

    Le retrait du dossier et le dépôt de candidature se font en ligne. La date limite de dépôt de candidature est fixée au mardi 24 janvier 2023 à 09 h 00 (heure de Paris).

    L’objectif de cette mission de conception-réalisation est de mettre en valeur le Pavillon France à travers l’adoption d’une signature architecturale forte. L’identité architecturale proposée sera nécessaire pour laisser une empreinte dans l’esprit des visiteurs. Le Pavillon France sera situé dans la zone thématique « Empowering Lives » de l’exposition universelle 2025, avec pour la France comme thème principal : « l’audace et le savoir-faire ». Ce thème sera développé par la suite. En réponse aux thématiques véhiculées par l’exposition universelle 2025, et à l’intérêt des Japonais sur les thématiques scientifiques et des nouvelles technologies, le candidat devra fournir un projet innovant, qui exprime la poursuite d’une architecture de pointe. Cela peut prendre la forme de façades uniques et sculpturales (ou même cinétiques et dynamiques),
    avec des géométries organiques et/ou avant-gardistes utilisant des éléments industriels identiques, originaux et des conceptions paramétriques et biomimétiques créatives. Comme le visiteur doit pouvoir identifier clairement à distance le Pavillon de la France, la visibilité sera donc importante, tout comme sa différenciation évidente par rapport aux autres pavillons. Alors que le Pavillon France sera amené à être pionnier de l’architecture du futur avec une forte identité formelle, le dossier candidat en particulier dans sa dimension portée design & architecture devra tenir compte de toutes les contraintes :

    • Contraintes techniques liées à la qualité du sol.

    • Restrictions sur l’approvisionnement en matériaux.

    • Limitations budgétaires liées aux conditions économiques générales.

    • Le calendrier exceptionnellement serré.

    Le Pavillon France sera réparti entre les fonctions suivantes :

    • Espaces d’exposition et commerciaux ouverts au grand public (environ 50%
    de la superficie).

    • Espaces réservés aux professionnels et institutionnels (environ 25% de la surface).

    • Espaces occupés par les équipes chargées du fonctionnement du Pavillon (environ 25%
    de la surface).

    Lors de la dernière exposition universelle, le Pavillon de la France a accueilli plus de 3 millions de visiteurs, avec des photos plus de 2 500 visiteurs par heure. La gestion optimale des différents flux de trafic est donc un point clé à considérer lors de la conception. Enfin, le Pavillon France portera un message environnemental fort, et le designer & constructeur sera donc tenu de livrer un bâtiment qui, dans la mesure du possible, est composé d’éléments réutilisables. Toutes les informations sont sur la plateforme dédiée : https://jp.ambafrance.org/Appel-a-projet-pour-le-pavillon-de-la-France-al-exposition-universelle-d-Osaka-2025

    Kevin LOGNONÉ
    Alumni de Sorbonne Junior Conseil

  • Nalova vient démontrer qu’elle copie la démarche pédagogique occidentale

    Nalova vient démontrer qu’elle copie la démarche pédagogique occidentale

    Madame la Ministre des Enseignements Secondaries, Nalova, sort une incongruité par ce texte du 16 Javier 2023, interdisant l’ usage du fouet en milieu scolaire au Cameroun, comme mode de punition. Pourquoi, Dieu Lui-même a-t-il dit, pour paraphraser, que si on néglige le fouet, on perd l’ enfant?

    Madame Nalova vient tout juste de démontrer, avec ce texte prohibitif, qu’ elle copie in- extenso, la démarche pédagogique occidentale dans les institutions scolaires. Connaît-elle la psychologie des enfants, et précisément de l’enfant Africain? Nous doutons fort bien. En tout cas, Elle a ouvert avec cette décision, le grand boulevard qui mène sans faillir, à une têtutesse soutenue, une délinquance calculée ou méditée, et à répétition. Tant pis pour les professeurs et surveillants. Elle se trouve au bureau, au Ministère. Advienne que pourra.

    Elle doit se repentir, et arriver à la restitution, qui ici est le retrait du texte querellé. Et bien parce qu’elle a péché, en sortant des mains de l’ enseignant, son dernier instrument de dissuasion, faisant don ainsi des cornes aux écoliers et élèves du Cameroun. Piètre décision Nalova.

    Théologien Maffira à Buéa

  • L’itinérance et l’opportunisme sans fin

    L’itinérance et l’opportunisme sans fin

    Il y a quelques jours, Imhotep Maât postait sur sa page Facebook la couverture de « Côte d’Ivoire : l’agonie du jardin. Du grand rêve au désastre » (Abidjan, CEDA/NEI, 2006), un essai de Tiburce Koffi (TK).

    Comme plusieurs internautes, je donnai mon avis sur ce post en posant la question suivante : « La récente adhésion de l’auteur au RHDP de l’usurpateur Dramane Ouattara qu’il ne manquait pas d’incendier pendant son exil parisien signifierait-elle qu’il était fatigué d’agoniser dans la misère ? » C’est le lendemain que TK réagit à mon commentaire à travers une lettre ouverte. Pour certaines personnes qui ont lu ladite lettre, c’est un « charabia sans tête ni queue » pendant que d’autres parlent du délire d’un homme que ma petite question aurait « pénétré jusqu’aux os ».

    Intellectuel
    TK s’est toujours présenté comme un intellectuel, ce que je lui conteste. Pourquoi ? Premièrement, parce qu’il a posé des actes qui progressivement l’ont discrédité et disqualifié, parce que le vrai intellectuel se dissocie des pratiques suivantes : incohérence, reniements ou retournements de veste, le retour à ses vomissures qui risque de le faire passer pour un éternel affamé qui a besoin de se prostituer pour exister. En effet, TK a abandonné tour à tour Laurent Gbagbo, le couple Alassane Ouattara/ Konan Bédié, Charles Konan Banny, puis Guillaume Soro après avoir bénéficié de leurs largesses. Un ami de Botro me confiait à ce propos qu’il avait plus de considération pour un chien que pour TK parce que le chien, au moins, demeure fidèle à celui qui l’a nourri.

    Ce n’est pas un intellectuel, secundo, parce qu’il s’est mis au service de la dictature d’Abidjan qu’il ose qualifier de « dictature productive ». TK a mis fin à son exil en France parce qu’il n’en pouvait plus de supporter la galère et la précarité, parce qu’il n’a jamais appris à souffrir pour ses convictions, parce qu’il avait envie de manger de nouveau dans la gamelle de Ouattara, parce que sa préoccupation a toujours été, non pas de contribuer à résoudre les problèmes des Ivoiriens, mais de « s’intégrer dans les circuits où se stockent et se redistribuent les biens rares, les honneurs et les plaisirs » (Fabien Eboussi, « Lignes de résistance », Yaoundé, Clé, 1999). C’est la course aux postes et au pain qui pousse TK à affirmer que, « quand on est en politique, on ne passe plus le temps dans les livres » et que « ce n’est pas avec la poésie et le jazz qu’on développe un pays». Lui appelle cela « être arrivé à la maturation de sa pensée ». Moi, j’y vois une preuve de déchéance et d’échec car l’écrivain doit « accepter les deux charges qui font la grandeur de son métier : le service de la vérité et celui de la liberté ». Albert Camus poursuit : « L’écrivain ne peut se mettre aujourd’hui au service de ceux qui font l’Histoire : il est au service de ceux qui la subissent… Dans un contexte de destruction et d’oppression, la tâche de l’écrivain est de se tenir au côté des opprimés, de donner une image de leur souffrance.» (cf. son discours de réception du Prix Nobel de littérature, décembre 1957). TK ignore-t-il ce grand discours de Camus ? Qui convaincra-t-il que les Ivoiriens vivent dans un État de droit et qu’il n’y a pas de prisonniers politiques dans notre pays ? Ne sait-il pas que 46 Ivoiriens titulaires du doctorat ont été embastillés ces jours-ci pour avoir demandé du travail à l’État pendant que les « Microbes » et les détourneurs de fonds publics ne sont guère inquiétés ? Est-il silencieux devant le sort de ces compatriotes qui ne souhaitent que servir leur pays parce qu’eux ont réussi là où lui, TK, a lamentablement échoué ? Trouve-t-il normal que les médias publics et la commission électorale soient contrôlés par un seul parti politique ?
    TK n’est pas un intellectuel mais un vrai mythomane car il a prétendu en 2015 qu’en acceptant le poste de directeur de l’INSAAC, il faisait un sacrifice pour son pays alors que, selon lui, il pouvait obtenir un poste d’enseignant aux USA. Avec quel diplôme allait-il enseigner dans ce pays ? Avec son Capes ? Dans quelle langue ?

    Homme blanc
    Longtemps, il fit croire qu’il maîtrisait la langue française plus que tout le monde. Or, en avril 2020, il écrivait ceci : “D’où nous vient cette peur et méfiance à l’encontre de l’homme blanc ?” (au lieu de “D’où nous viennent cette peur et cette méfiance…?”), puis “Arrêtons donc de se laisser distraire dans des haines et querelles inutiles” (au lieu de “Arrêtons de nous laisser distraire…”). Comment a-t-on pu laisser un tel homme enseigner dans nos collèges et lycées ?
    Nous étions en pleine crise du Covid-19 et deux chercheurs français, Camille Locht et Jean-Paul Mira, intervenant sur la chaîne d’informations LCI, le 1er avril 2020, proposaient que le test ait lieu en Afrique qui “manque de masques, de traitement, de réanimation”. Plusieurs Africains suggérèrent au contraire que le vaccin soit testé en premier lieu sur les Européens puisque c’est chez eux que la pandémie avait fait plus de victimes. Ces Africains furent immédiatement accusés par TK d’être “susceptibles à l’excès”, de haïr l’Occident, de promouvoir un “panafricanisme d’occasion”, de souffrir de “négrophilie exaltée” et de “peur atavique”. Bref, TK s’en prenait aux Africains qui refusaient de courber l’échine devant l’Occident et d’avaler tout ce qui vient de ce continent. Ce faisant, il se faisait complice de ceux qui sous prétexte de vaccination avaient l’intention de détruire des vies humaines en Afrique car même le Premier secrétaire du Parti socialiste français, Olivier Faure, fit cette mise en garde : “Ce n’est pas de la provocation, c’est tout simplement du racisme. L’Afrique n’est pas le laboratoire de l’Europe. Les Africains ne sont pas des rats.”

    ADO
    Ce n’est pas un intellectuel, tertio, car le vrai intellectuel ne dit pas une chose aujourd’hui et son contraire, le lendemain. TK ne dit que du bien de Dramane Ouattara depuis qu’il a été nommé au Burida alors que, le 9 juin 2015, il déclarait ceci : “Une immense peine m’envahit le cœur quand je vois les images de tous ces officiers qui comparaissent. Ce sont des criminels, il faut qu’ils comparaissent. Mais qui jugera les criminels financés par M. Ouattara ? Ceux qui ont tué les ivoiriens dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002 ? Les morts de Monokozohi, les morts de Guitrozon, Duékoué ; 800 morts en une seule journée. Et ce sont les troupes de Ouattara qui les ont tués. Toutes les preuves sont là.” En mai 2018, TK reviendra à la charge en ces termes : « Un sondage montrera aisément que les Ivoiriens, dans leur ensemble, vivent moins bien que sous le régime des Refondateurs… Le tableau social ivoirien navre en matière d’injustices : emprisonnements arbitraires, détention de citoyens, sans jugements, prisons bondées, centres de santé devenus des mouroirs, des milliers d’Ivoiriens en exil, maintes violations des droit élémentaires de l’Homme ; et tout ceci, avec la complicité du silence de l’élite corrompue, et la participation, tout aussi silencieuse, de l’Institution judiciaire à ces offenses aux libertés citoyennes. Justice aux ordres. Justice sourde aux cris de protestations de quelques voix courageuses de la société civile. Tel est l’état de la justice ivoirienne et toutes ces choses mauvaises qu’hier, dans l’opposition, les dirigeants actuels avaient dénoncées, sans appel et sans concession ! » (cf. « Ivoirebusiness.net » du 16 mai 2018)

    Un Ivoirien proche de lui a trouvé les mots justes pour le décrire. Pour lui, TK est un homme jaloux, vantard, en quête de reconnaissance, croyant mériter plus que d’autres et ayant une haine sournoise envers les gens de l’Ouest. Un de ses livres s’intitule « L’itinérant ». Instable, il pourrait changer encore de maître et de restaurant si les élections à venir se passaient mal pour Ouattara et le RHDP. Il a certes le droit de sécher ses habits là où brille le soleil mais un itinérant n’est pas un intellectuel.

     

    Jean-Claude DJEREKE

  • Affaire Olembé-Magil : stop à l’instrumentalisation et à la manipulation contre le MINSEP

    Affaire Olembé-Magil : stop à l’instrumentalisation et à la manipulation contre le MINSEP

    Le dossier MAGIL aura largement dominé l’actualité de ces derniers jours tant sur les réseaux sociaux que dans les médias traditionnels. On aura tout lu, tout vu et tout entendu sur ce sujet : des contre-vérités, des mensonges, des non-dits, etc. L’impression générale qui se dégage de la perception de certaines attitudes et propose tenus est celle d’une cabale insensée, irrationnelle, à la limite irréaliste, orchestrée contre le MINSEP.

     

    Le but étant clairement de manipuler et d’instrumentaliser l’opinion contre celui qui à porter à bout de bras la CAN, en tant que Président du COCAN, et s’est battu bec et ongle, nuit et jour, contre vents et marées pour que la CAN se joue à Olembé.

    Face à cet acharnement médiatique injustifié et malsain, à des fins inavouées, contre ce noble et infatigable serviteur de l’État, il est impératif d’opposer les paroles et écrits de ces détracteurs, manipulateurs, bonimenteurs, incrédules, personnes subitement amnésiques et de mauvaise foi, à la réalité des faits afin que la vérité sur les travaux d’achèvement du Complexe Sportif d’Olembe ne soit plus dévoyée. Dans tous les cas, la responsabilité du Pr. Narcisse MOUELLE KOMBI ne saurait être engagé sur ce dossier dont on sait tous qu’il n’a fait qu’hériter, quoiqu’ayant cependant fait tout ce qui est à son pouvoir pour que ce complexe soit achevé.

    1. Le contexte dans lequel le Ministre MOUELLE KOMBI arrive au Ministère des Sports en 2019
    Le Ministre MOUELLE KOMBI arrive au Ministère des Sports à la faveur du Gouvernement du 04 janvier 2019, quelques semaines seulement après l’obtention de la CAF d’un glissement de date en vue de l’organisation de la CAN au Cameroun. Comme nous le savons tous, ce concours dont nos pays avaient été attribués en 2014 devait initialement se tenir en juin 2019. Malheureusement, à cause principalement des retards considérables accusés dans la réhabilitation et la construction de la quasi-totalité des infrastructures sportives, elle n ‘a plus eu lieu à la date sus-indiquée.

    En effet, au moment où le Ministre MOUELLE KOMBI prend en charge ce département ministériel, tous les chantiers de la CAN sont dans l’impasse et connaissent des problèmes dans leur exécution. Celui d’Olembe par exemple est à l’arrêt, PICCINI l’ayant abandonné depuis des mois. C’est d’ailleurs en raison de cet abandon pendant plus d’un an et de la réclamation par PICCINI du paiement de 28 milliards de travaux supplémentaires, et face au risque d’un 2ème glissement de la CAN, que le Président de la République a demandé au MINSEP de résilier le contrat de PICCINI. Par la même occasion, le Ministre MOUELLE sera instruit par le MINETAT/SGPR de signer en urgence avec MAGIL un nouveau contrat en vue de la reprise dudit chantier.

    Le Ministre MOUELLE KOMBI arrive donc au MINSEP au moment où l’honneur et la renommée du Cameroun sont en jeu, au regard de la situation inconfortable vis-à-vis de la CAF. La mission du tout nouveau MINSEP est donc de rassurer non seulement la CAF mais aussi l’opinion publique nationale et internationale sur les capacités du Gouvernement à relever le pari de l’organisation, au jour dit, de cet évènement qui avait déjà connu un premier glissement de date. La tâche était d’autant plus difficile pour le Ministre MOUELLE KOMBI qu’il n’avait pas été coudée franches.En effet, il ne disposait d’aucun moyen de pression ni de coercition sur les entreprises adjudicataires desdits marchés qui recevaient directement les instructions et paiements de leurs décomptes de la « Task Force » logée à la Présidence de la République.

    2. Le rôle déterminant du Ministre MOUELLE KOMBI dans l’organisation de la CAN au Cameroun, notamment à Olembe et sur tous les autres sites
    Si le Cameroun a pu relever le défi de l’organisation de la 33ème édition de la CAN TOTAL ENERGIES Cameroun 2021, c’est sans aucun doute grâce au travail acharné et à l’intense activité menée sur le terrain par le Pr. Narcisse MOUELLE KOMBI depuis son arrivée à la tête de ce département ministériel, n’en déplaise à ses détracteurs.

    Une CAN dont l’éclatant a été couronné de succès à l’unanimité, et l’organisation considérée comme la plus réussie de toutes les éditions jamais organisées avec les magnifiques cérémonies d’ouverture et de clôture au stade d’Olembe. Pourtant quelques semaines avant la CAN, un certain vent de pessimisme soufflait encore et beaucoup étaient incrédules, à l’intérieur comme à l’extérieur, allant jusqu’à faire planner l’ombre d’un second glissement, ou à défaut l’indisponibilité d’Olembe. Le MINSEP est pourtant resté droit dans ses bottes, martelant à chacune de ses multiples descentes à Olembe, contre différents détracteurs et contradictoires que tout sera mis en œuvre pour que cette infrastructure soit prête pour la CAN. D’ailleurs,

    En effet, dès son arrivée au MINSEP, le Pr. Narcisse MOUELLE KOMBI s’est montré très actif et s’est toujours donné corps et âme pour cette noble cause. On l’a vu sur le terrain procéder à un nombre incalculable de visites sur le site d’Olembe comme sur tous les autres. Il est celui qui a eu la volonté et la transparence de montrer aux Camerounais, via ses comptes sur les réseaux sociaux, les images réelles de tous les stades en construction de la CAN, alors que celles-ci ne fuiraient peut-être avant son arrivée à ce poste. Il a mené de nombreuses réunions hebdomadaires de chantiers ouverts à la presse qui, au travers de ces descentes régulières, pourraient avoir l’info et l’image réelle de l’évolution de ces stades.

    On a également vu le MINSEP à pied d’œuvre, montant et descendant, matin et soir, nuit et jour, sous le soleil et la pluie, à Bafoussam et dans d’autres villes de l’Ouest, à Douala, à Buea- Limbe, à Garoua où précisément on se souvient des débats ou des articles journaux qui mettaient en évidence les graves problèmes que posaient ce site que la CAF menaçait de déclasser. Ici, une seule entreprise PRIME PROTOMAC, avait été attributaire en gré à gré de 06 marchés pour la réhabilitation de 04 stades d’entraînements, de l’hôtel la Benoué et de la construction de l’hôtel 100 chambres.

    Aujourd’hui, il suffit de faire un tour à Garoua pour se rendre compte que, même ayant reçu des milliards de la « Task Force », 02 stades d’entraînements sur les 04 sont inachevés, l’hôtel la Benoué ne présente toujours pas le meilleur visage qu’une structure rénovée devrait présenter, cependant que l’hôtel 100 chambres est purement abandonné. Aussi, est-il curieux que M. BEN MODO, responsable de cette entreprise défaillante puisse, sans aucune gêne ni honte, se bomber le torse sur un des plateaux de télévision, allant même jusqu’à invectiver de manière grossière et grotesque le Ministre MOUELLE KOMBI qui a pourtant tout fait, au nom de l’honneur du Cameroun, pour sauver le bateau du site de Garoua d’un naufrage qui aurait été une catastrophe géopolitique pour l’ensemble du septentrion.

    Le Pr. MOUELLE KOMBI, homme réservé, pondéré et ayant un grand sens de l’Etat a certainement beaucoup de choses dans le ventre qu’il ne saurait dévoiler, par pudeur et retenu, pour ne pas donner l’impression d’accuser X ou Y. Mais, la vérité sur le Complexe Sportif d’Olembe va au-delà de l’arrivée du Ministre MOUELLE au Ministère des Sports en 2019, lui qui a toujours fait de ce dossier l’une de ses priorités absolues.

    3. Les efforts inlassables du Ministre MOUELLE KOMBI en vue de l’achèvement du Complexe Sportif d’Olembe
    Depuis la reprise du chantier d’Olembe par MAGIL, le Ministre MOUELLE KOMBI n’a eu de cesse de veiller au peigne fin aux intérêts de l’Etat contre le gré de certains. Près d’une centaine de courriers ont été rédigés en 03 ans par le MINSEP en direction de la hiérarchie (le SGPR, la Task force, la Primature) pour faire état des manquements de MAGIL (surfacturations, siffonnage du budget, non achèvement des travaux de la 1ère phase du projet, notamment les toilettes, la plomberie, bref les 32 réserves émises par la commission de réception technique).Dans son engagement contre le faux, il est allé même jusqu’à demander le gel des paiements des décomptes de MAGIL pour irrégularités notoires des factures.

    Malgré cet effort patriote qui devait être apprécié à sa juste valeur, qu’est-ce que l’on n’entend pas dire ici et là à la suite du courrier du MINSEP au SGPM ? Courrier normal où le Ministre MOUELLE informe comme d’habitude sa hiérarchie en même temps qu’il décrie une fois de plus et de trop les manigances de cette entreprise véreuse acquise à la solde des ennemis de la République.

    Comme nous le savons tous, l’exécution d’un contrat peut rencontrer un problème pendant la période de son exécution et le rôle du Ministre MOUELLE a toujours été d’alerter la hiérarchie sur les manquements et les défaillances de MAGIL. Il suffit de bien relire sa lettre du 03 janvier 2023 diffusée au SGPM qui se retrouve sur les réseaux sociaux, dans laquelle il dénonce, entre autres, la boulimie financière de MAGIL, sa tendance à la surfacturation, son refus de payer les sous-traitants locaux, sa volonté délibérée de ralentir les travaux, etc.

    Alors, jetez l’opprobre et le discrédit sur le Pr. Narcisse MOUELLE KOMBI est quelque chose de paradoxal, d’absurde, de nuisible et d’inacceptable. Avec un temps soit peu d’objectivité, on peut comprendre que le Ministre n’est en rien complice de MAGIL surtout qu’il n’est pas l’ordonnateur du budget des infrastructures de la CAN et qu’il n’est qu’ un simple Maître d’ouvrage d’un genre particulier soumis aux instructions et orientations de la « Task Force ». Les vraies questions que toute personne lucide devrait pouvoir se poser sont les suivantes :

    – Qui a fait venir MAGIL au Cameroun ? Certainement pas le Ministre MOUELLE KOMBI puisqu’au moment où il arrive au MINSEP, MAGIL est déjà au Cameroun, notamment à Douala où il s’est vu confier, un gré à gré, pour la réhabilitation du stade de la Réunification.

    – Qui protège MAGIL au Cameroun ? Certainement pas le Ministre MOUELLE KOMBI qui s’est toujours offusqué des prétentions financières de MAGIL et n’a cessé de signaler régulièrement les manquements de cette entreprise.

    – Qui attribue des marchés à MAGIL au Cameroun ? Ce n’est pas le Ministre MOUELLE KOMBI en tout cas.

    – Qui a attribué le marché de la pénétrante Est de Douala à Franck Mathière, représentant de MAGIL au Cameroun ? Ce n’est évidemment pas le Ministre MOUELLE KOMBI. Aujourd’hui, l’on peut aisément s’apercevoir que ce chantier abandonné n’a jamais été réalisé, alors que MAGIL à la demande de ses complices a déjà perçu 30 milliards d’avance sur les 88,8 empruntés par l’Etat du Cameroun auprès de la UK Export Finance, sans que cela n’émeuve absolument personne !

    A tout prendre, il apparaît clairement que les vrais complices de MAGIL sont ceux qui lui ont attribué ce marché, ceux qui ont continué de lui payer des décomptes aux nombreuses irrégularités dénoncées par le MINSEP, et qui en bonus lui ont attribué la pénétrante Est de la ville de Douala, avec une avance de démarrage de 30 milliards dont on n’a jamais vu la concrétisation des travaux sur le terrain.

    Alors, que ceux qui sont en mission commandée pour faire porter la responsabilité de cette situation au Pr. Narcisse MOUELLE KOMBI sachent que leurs manœuvres de distractions et de manipulations de l’opinion seront vouées à un cuisant échec.

  • Concevoir une société future pour nos vies

    Concevoir une société future pour nos vies

    Après avoir anticipé à l’Exposition universelle de Dubaï, les pays africains doivent réfléchir à leur participation dans le cadre de la prochaine Exposition universelle prévue en 2025 dans la Manchester de l’Orient, en baie d’Osaka au Japon. L’ambition d’ensemble de ce rendez-vous s’articulera avec les nations participantes autour de la thématique suivante : « Projet Éclat de vie ». L’accumulation et la résonance entre les efforts de chaque pays partenaire conduisent à « Concevoir la société future pour nos vies ». De l’Arc Atlantique à l’Extrême-Orient, nos vies sont connectées les unes aux autres, soutenues par l’univers, les mers et la terre comme nos vaisseaux. L’humanité a élargi son champ de vie à l’échelle mondiale en établissant diverses cultures pour s’adapter à différents environnements. Pendant ce temps, il est également vrai que l’humanité a été si égoïste qu’elle a endommagé les environnements naturels et que des groupes d’êtres humains ont intégré des sociétés inégales en sacrifiant d’autres groupes. Aujourd’hui, le développement rapide des sciences de la vie et de la technologie numérique a radicalement changé nos façons de gérer nos propres vies et la façon dont les sociétés humaines n’existent pas. Maintenant que nous avons développé une science avancée qui peut même modifier la vie elle-même, nous devons sincèrement reconnaître notre statut en tant que partie intégrée des écosystèmes globaux et prendre des mesures pour ouvrir un avenir meilleur en utilisant la science et la technologie de notre propre fabrication avec une conscience aiguë de notre responsabilité. il est également vrai que l’humanité a été si égoïste qu’elle a endommagé les environnements naturels et que des groupes d’êtres humains ont constitué des sociétés inégales en sacrifiant d’autres groupes. Aujourd’hui, le développement rapide des sciences de la vie et de la technologie numérique a radicalement changé nos façons de gérer nos propres vies et la façon dont les sociétés humaines n’existent pas. 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Aujourd’hui, le développement rapide des sciences de la vie et de la technologie numérique a radicalement changé nos façons de gérer nos propres vies et la façon dont les sociétés humaines n’existent pas. Maintenant que nous avons développé une science avancée qui peut même modifier la vie elle-même, nous devons sincèrement reconnaître notre statut en tant que partie intégrée des écosystèmes globaux et prendre des mesures pour ouvrir un avenir meilleur en utilisant la science et la technologie de notre propre fabrication avec une conscience aiguë de notre responsabilité.
    Nous méritons de vivre dans ce monde tout en reconnaissant les caractéristiques universelles et différentes des diverses formes de vie dans le monde naturel, en développant notre sympathie pour les autres et en respectant les diverses cultures et valeurs. Ce faisant, nous, les êtres humains, seront sûrement en mesure de créer de nouvelles valeurs qui contribueront à résoudre divers problèmes mondiaux et à construire un avenir durable. Planifiée sur la base de cette conviction, l’Expo 2025 Osaka, Kansai, Japon, offrira une occasion idéale à l’humanité, qui fait face à la crise sans précédent de la pandémie mondiale de COVID-19 depuis 2020, de confirmer son propre potentiel, que la situation critique a rendu possible, vérifier et proposer de
    nouvelles formes de vie et de société. Pour défendre l’importance du respect de la diversité humaine et mettre en pratique le thème de l’Expo, « Concevoir une société future pour nos vies », l’Association japonaise pour l’Exposition universelle de 2025 a prévu huit projets thématiques dans lesquels les régions et territoires du monde pourraient apporter leur contribution.

    Dans l’immédiat, une vidéo du contexte de préparation de l’Expo 2025 Osaka Kansai a été dévoilée :

    Kévin LOGNONE

  • Afrique-Occident: reconquérir notre liberté et notre souveraineté en prenant un autre chemin

    Afrique-Occident: reconquérir notre liberté et notre souveraineté en prenant un autre chemin

    La visite des mages, ces savants venus d’Orient, à l’enfant Jésus, on peut en tirer différentes leçons. L’une d’entre elles sera proposée à la fin de ce post. Mais, bien avant, je voudrais répondre aux questions suivantes:

    Quelle place Hérode le Grand occupait-il dans la société? Quel genre d’homme était-il? Quelles intentions avait-il à l’égard de Jésus? Hérode était le roi de Judée, titre qu’il obtint de l’empire romain grâce à ses nombreux pots-de-vin. Il était connu pour sa cruauté comme le montrent la manière dont il traita sa propre famille (enfants et belle-famille) et le massacre des innocents. C’était surtout un homme jaloux, c’est-à-dire incapable de supporter la présence et la réussite d’une autre personne à côté de lui. Il voulait briller seul, être la seule personne qui soit connue et reconnue, qui soit admirée et aimée. Sa philosophie pourrait se résumer dans cette formule : tout pour lui et rien pour les autres. Son intention était donc de tuer le roi des Juifs bien qu’il fît croire aux mages qui s’étaient arrêtés chez lui qu’il voulait se prosterner, lui aussi, devant l’enfant Jésus. Hérode avait peur de Jésus. Il le voyait comme une menace, comme un dangereux concurrent.

    De nos jours, qui joue le même rôle que le roi Hérode ? Qui ne nous veut pas du bien ? Qui pille nos richesses sans aucune contrepartie ? Qui a mis des hommes de paille à la tête de nos pays ? Qui se proclame amis des Africains tout en les poignardant dans le dos ? Les dirigeants occidentaux.
    À la fin du récit de la visite des mages, l’évangéliste Matthieu écrit que, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ceux-ci regagnèrent leur pays par un autre chemin.

    La traite occidentale qui dura 3 siècles, la colonisation et les 60 ans des pseudo-indépendances sont nos avertisseurs. Ces douloureux événements devraient ouvrir l’intelligence des Africains et conduire chacun de nous à comprendre que nous ne pouvons qu’emprunter un autre chemin si nous ne voulons pas disparaître, si nous voulons nous faire respecter. Mais, avant de s’engager sur un autre chemin, il est nécessaire d’abandonner l’ancien. L’ancien chemin, c’est notre naïveté, notre propension à composer avec Hérode pour tuer nos propres frères dès qu’un désaccord surgit entre nous, notre manque de solidarité, notre tendance à vouloir que Dieu fasse les choses à notre place, les dévotions et jeûnes qui ne sont pas suivis d’actions contre l’injustice et la dictature, le complexe d’infériorité qui nourrit certains parmi nous.

    Le Centrafrique, le Mali et le Burkina sont en train de nous montrer qu’il est possible de prendre un autre chemin, qu’il existe une autre façon de se comporter avec Hérode.

    L’épiphanie, c’est la manifestation de Dieu. Et Dieu qui a créé tous les hommes égaux se manifeste aujourd’hui dans les actes et décisions des dirigeants centrafricains, maliens et burkinabè. Ne Le cherchons pas ailleurs. Il nous appelle à de nouveaux comportements. Il nous veut lucides, libres et debout.

    Jean-Claude Djereke

  • Grâce à eux, nous sortirons bientôt de la grande nuit

    Grâce à eux, nous sortirons bientôt de la grande nuit

    En 1968, le musicien camerounais Pierre Tchana enregistrait, chez Philips, «Il n’est jamais trop tard». Dans les boums organisées par nos aînés de l’époque, qui étaient fiers de porter leurs pantalons et chemises de nouveaux collégiens ou lycéens, ce morceau ne manquait jamais au menu. Entre autres choses, Tchana y faisait remarquer que, «petit à petit, l’oiseau fait son nid».

    Petit à petit, le Burkina Faso avance sur le chemin de la liberté et de la souveraineté. Petit à petit, il se donne les moyens de combattre efficacement ce terrorisme que des criminels sans foi ni loi ont fabriqué de toutes pièces pour voler nos matières premières. Fabriqué car les Africains ont fini par comprendre que les gens qui prétendaient en délivrer les pays du Sahel ne sont pas différents de ceux qui fournissent armes, munitions, véhicules et renseignements aux terroristes à qui, dans le même temps, leurs médias-mensonges tendent complaisamment le micro. Une histoire de pompier pyromane comme l’a chanté Alpha Blondy dans l’album «Eternity» sorti en mars 2022. Le problème avec le reggae-man ivoirien, c’est que, après avoir critiqué les bases militaires françaises installées dans certains pays africains, il n’a jamais demandé le départ du 43e BIMA d’Abidjan pendant le règne du despote Dramane Ouattara.

    Petit à petit, disais-je, le Burkina avance. Les lignes y bougent lentement mais sûrement grâce aux dirigeants de la transition qui ont su prendre les bonnes décisions: suspension de France 24 et Rfi, rappel de leur ambassadeur à Accra après le honteux kpakpatoya de Nana Akufo-Addo qui voulait plaire à ses maîtres occidentaux en parlant de la présence du groupe russe Wagner à Ouaga, expulsion de Barbara Manzi, la coordinatrice résidente de l’ONU.

    Le pays des hommes intègres fait son petit bonhomme de chemin comme le Mali d’Assimi Goïta et Choguel Kokalla Maïga à qui la Turquie vient de livrer des drones dernier cri.

    Certes, on aurait aimé que toute l’Afrique francophone agisse depuis longtemps comme le Mali et le Burkina mais «il n’est jamais trop tard» pour rectifier le tir, pour défendre les intérêts des peuples africains, pour dire « non » à tous les Tartuffes prompts à donner des leçons de bonne gouvernance et de démocratie aux autres alors qu’eux-mêmes sont loin d’être des parangons de vertu, pour se sacrifier comme Ibrahim Traoré qui a renoncé à son salaire de président de la République et décidé de vivre avec celui que perçoivent les capitaines burkinabè.

    Je cite ces deux exemples (le Mali et le Burkina Faso) pour attirer l’attention de chacun sur le fait que notre continent peut renaître plus fort et plus grand si les autres pays emboîtent le pas à Bangui, Bamako et Ouaga, qu’il n’y a pas lieu d’être pessimiste, que quelques hommes et femmes courageux, éclairés, déterminés et pensant d’abord à la patrie suffisent pour changer le destin d’un pays comme Jerry Rawlings et ses compagnons le firent au Ghana hier.

    Touadéra, Assimi et Traoré, l’Afrique digne et combattante est avec vous! Dieu, qui est justice, liberté et vérité, ne vous abandonnera point. Um Nyobè, Félix Moumié, Kwame Nkrumah, Lumumba, Sékou Touré, Nyerere, Machel, Amilcar Cabral, Olympio, Boganda, Modibo Keïta, Ngouabi, Sankara, Rawlings prient pour vous. Ne reculez pas!

    Lire aussi Jean Emmanuel Pondi: «L’Afrique ne doit pas aller au Conseil de sécurité sans droit de veto»

    Jean-Claude Djereke

  • La politique africaine des États-Unis changera-t-elle?

    La politique africaine des États-Unis changera-t-elle?

    Par Jean-Claude Djereke

    Les lampions se sont éteints sur le dernier sommet États-Unis/Afrique à Washington (13-15 décembre 2022). Au cours de ce sommet, Joe Biden a plaidé pour un «partenariat destiné non pas à créer des obligations politiques, à créer de la dépendance, mais à stimuler des succès partagés et à créer de l’opportunité».  Car, «quand l’Afrique réussit, les États-Unis réussissent et le monde entier réussit». Il est heureux que la première puissance militaire mondiale ait enfin compris que les uns ne peuvent pas faire leur bonheur en créant le chaos et le malheur chez les autres. 

    Le président américain a en outre souhaité que l’Afrique puisse être «à la table dans chaque salle où l’on discute des défis mondiaux et dans toutes les institutions comme le Conseil de sécurité de l’ONU et le G20». Une prise de conscience qui, selon nombre d’Africains, arrive un peu tardivement car les États-Unis auront attendu 76 ans pour se rendre compte que le format de l’ONU est devenu obsolète et que le monde d’aujourd’hui ne peut pas continuer à fonctionner comme en 1946. Cela fait plusieurs années que les Africains réclament un aggiornamento (une mise à jour) du fonctionnement de l’ONU, qu’ils constatent que c’est toujours la France qui parle au nom de ses anciennes colonies aux Nations unies et que l’Afrique reste à la périphérie alors qu’elle «compte 54 États et 1,4 milliard d’habitants et peut se prévaloir d’un PIB de 2,7 billions de dollars». Il est temps que l’Afrique soit mieux représentée au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Comme l’a bien souligné Macky Sall, président du Sénégal et président en exercice de l’Union Africaine, pendant son entretien avec le New York Times, «nous devons faire partie des solutions et ne pas être seulement un sujet de discussion».

    A lire:  Les relations Afrique-Etats-Unis dans un monde entre décomposition et reconstruction

    Au total, on peut affirmer que les 49 chefs d’État africains ont eu droit à un joli discours lors de leur rencontre avec Biden. Mais un beau discours ne vaut rien s’il n’est pas suivi d’actions concrètes contre le terrorisme, contre le changement climatique, contre la pauvreté, contre la confiscation de l’État depuis 30 ou 40 ans par certains dirigeants. Pour montrer qu’ils ont changé de regard sur l’Afrique et d’approche, les États-Unis devront aussi faire comme la Chine et la Russie, c’est-à-dire renoncer à vouloir que les Africains se comportent nécessairement comme eux. En sont-ils capables ? 

    Certains soutiennent que, si Biden a organisé ce sommet, c’est à la fois pour contrer l’influence de la Chine qui, depuis quelques années, construit des stades, des autoroutes et des aéroports et pour freiner la montée en puissance de la Russie accusée par Antony Blinken, le secrétaire d’État des États-Unis, de violer les droits humains, de créer l’insécurité et de priver de richesses minières les pays africains où le groupe Wagner s’est installé. Pour eux, Washington n’a pas renoncé à imposer la démocratie occidentale, la reconnaissance des LGBT et la bonne gouvernance. Certes, les populations africaines ont envie de vivre dans des pays moins exposés à la dictature et à la corruption, mais la découverte d’un million et demi d’euros par la police belge chez la vice-présidente du parlement européen, Eva Kaili, pourrait les conduire à penser que l’Occident devrait se garder de donner à l’Afrique des leçons que lui-même peine à appliquer chez lui.

    Le sommet de Washington marque-t-il une vraie rupture avec des pratiques détestables ou bien doit-il être considéré comme un sommet de plus ? Le temps nous le dira.

    Lire aussi: Le mal ne reste jamais impuni et aucun demi- dieu n’est immortel 

     

     

  • Amadou Vamaoulké: « le Consupe n’a pas indexé ma gestion »

    Amadou Vamaoulké: « le Consupe n’a pas indexé ma gestion »

    Monsieur le Président de la Collégialité,
    Madame, Messieurs les Membres de la Collégialité,
    Mesdames et Messieurs,

    Recevez mes salutations déférentes et cordiales, et soyez remerciés d’avance pour l’attention qu’il vous plaira de m’accorder en ce moment particulièrement important de ma vie, au terme d’un voyage judiciaire anormalement long, éprouvant et surréaliste. Je crois que le temps des argumentations, juridiques, judiciaires ou simplement de logique pure est passé. Mesdames et Messieurs, Le septuagénaire que je suis – j’aurais 73 ans en Février prochain – voudrait plutôt partager avec vous le sentiment qui m’habite après toutes ces péripéties que j’ai vécues comme une véritable mise à mort – on dira à mort lente -, et je n’exagère pas. Car si d’éminents médecins vous diagnostiquent une maladie qu’ils qualifient de sévère et vous prescrivent des soins appropriés sous peine de paralysie, et que le tribunal, sollicité, rejette votre demande de liberté provisoire avec le motif lapidaire et peut-être méprisant de «demande non fondée», qu’allez-vous comprendre par là? Moi j’ai compris que cela veut dire: «Crève si tu veux». Donc, la mise à mort qui est bien distincte d’une condamnation à mort fait partie des choses que le Tribunal s’autorise.

    Quand j’ai reçu cette réponse catégorique, j’ai pensé à ce détenu de mon quartier dont le médecin avait demandé le transfert à Douala, pour recevoir des soins de radiothérapie, non dispensés à Yaoundé. Refus catégorique. Le détenu en question est mort. Moi, Dieu merci, je ne suis pas encore paralysé, grâce à un traitement par un tradipraticien, mais l’insensibilité de ma plante des pieds persiste.

    Le sentiment qui m’habite est un sentiment de dépit et de profonde incompréhension. Suis-je encore un authentique citoyen de ce pays? Ou un paria sans protection que l’on peut priver de liberté parce qu’on l’a décidé et mis en œuvre en utilisant les rouages de l’Etat ?

    Et cet Etat, est-il toujours le protecteur de tous?

    Dois-je admettre aujourd’hui que dans mon pays, personne n’est à l’abri d’une insécurité judiciaire quelles que soient les précautions qu’il peut prendre pour mener une existence tranquille, animé par le seul désir de guider sa famille, et d’être utile à sa communauté qu’elle soit restreinte ou élargie?

    Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

    Vous ne pouvez pas imaginer quelle épreuve humaine constitue le fait d’être projeté, brutalement, dans un tourbillon d’activités agressives, de calomnies abjectes colportées par des médias commandités, alors que vous croyiez être à la fois un homme honnête, et un honnête homme, les deux expressions n’étant pas équivalentes. Et quelle stupéfaction et déception de découvrir que les acteurs de ce déploiement diabolique en question sont actionnés par des personnalités insoupçonnées, des membres du Gouvernement étant du nombre. Et lorsque, contre toute-attente, vous vous retrouvez dans la destination finale de la mise en scène, la prison, vous croyez vivre un cauchemar. La prison? Mais pourquoi? Je n’ai jamais eu la réputation d’un gestionnaire indélicat, au contraire. Je crois même savoir que c’est ma probité reconnue qui a été déterminante dans ma nomination à la tête de la Cameroon Radio and Television (CRTV). Les journalistes qui ont travaillé sous mon autorité quand j’étais Rédacteur en Chef de Cameroon Tribune, il y a 40 ans, peuvent se rappeler que j’étais intolérant à la pratique du «gombo», alors embryonnaire. A l’Imprimerie Nationale, j’avais créé, d’initiative, avant même que cette pratique ne soit imposée par l’Etat, une commission des marchés quand il fallait acquérir des équipements, dans laquelle j’impliquais les techniciens des autres imprimeries (CEPER, SOPECAM) pour être certain de choisir la meilleure offre. Un rapport de la Commission Financière dont le Président est aujourd’hui Magistrat à la Chambre des Comptes avait ces mots pour clôturer son rapport: «On peut conclure à une gestion sereine de l’Imprimerie Nationale».

    Comme beaucoup le savent, je m’étais volontairement éloigné des emplois étatiques depuis une dizaine d’années, lorsqu’on me sollicita pour diriger la CRTV. Ce qui est peu connu, c’est que je n’ai accepté l’offre qu’après une longue hésitation, ayant une idée des difficultés immenses que traversait cette entreprise.

    Cette acceptation n’avait été déterminée que par mon désir d’être utile à mon pays, et, d’avantage, par l’honneur que j’éprouvais à être choisi par le Président de la République. Le challenge était immense: presque tous les émetteurs étaient essoufflés, les images étaient invisibles dès qu’on sortait de Douala. Les villes de Ngaoundéré, Garoua, Maroua, Yagoua, Abong-Mbang, Kribi, Ebolowa et d’autres n’étaient pas couvertes. Il n’y avait que deux (02) bancs de montage à Mballa II, moins de six (06) cameras fonctionnelles (on utilisait des cameras amateurs qu’on louait à des privés. Les véhicules de reportage manquaient et les journalistes empruntaient des taxis, ou sollicitaient les créateurs d’évènement qui leur envoyaient une voiture. Les émissions de la télé s’arrêtaient à minuit parce qu’il n’y avait pas assez de programme, des rediffusions étaient programmées plusieurs fois dans la semaine. Toutes ces tares qui faisaient de la CRTV le dernier de la classe, surtout à Douala, à force de discipline personnelle et d’implication de toutes les compétences, ont été jugulées.

    Mais qui se souvient aujourd’hui de ces péripéties? Qui se souvient des résultats probants qui ont été obtenus alors que les ressources provenant de la Redevance Audiovisuelle, qu’on me reproche d’avoir gonflées, ont diminué de 40%. C’est comme si un employé gagnant 100 000 Francs CFA par mois apprend qu’il n’a plus droit qu’à 60 000 Francs CFA. Il faut évidemment un miracle pour qu’il se nourrisse normalement, paye son loyer, ses factures, eau et électricité etc. Eh bien, ce miracle, nous l’avons réalisé en veillant à la qualité de la dépense, en accordant la priorité à la production, en décentralisant les budgets au maximum, et en nous assurant que les postes étaient occupés par ceux qui le méritaient, qui étaient choisis après appel à candidatures. C’est dans cet environnement que j’ai renoncé au salaire de Huit Millions neuf cent mille (8 900 000) Francs CFA par mois pour me contenter de Trois Millions Six Cent Mille (3 600 000) Francs CFA, avec l’accord du Chef de l’Etat, créant un tollé que je ne m’explique toujours pas.

    Pour les onze (11) années que j’ai passées à la CRTV, cela fait plus de Six Cent Millions (600 0000 000) Francs CFA qui ont été ainsi économisés par l’Entreprise et qui ont probablement servi à des activités essentielles. Les budgets de production ont été substantiellement améliorés et les stocks de programmes ont permis de passer à une diffusion 24h/24. La CRTV disposait à nouveau d’émetteurs, de bancs de montage, de moyens de locomotion, tandis que la climatisation a été rétablie à Mballa II et à la Maison de la Radio où certains se mettaient torse nu pour présenter leur émission tant il faisait chaud en studio.

    D’autres faits majeurs méritent d’être signalés.

    L’Agence de Régulation des Marchés Publics (ARMP) avait entrepris d’évaluer et de classer six cent (600) Maîtres d’Ouvrage, en examinant tous les marchés qu’ils ont passés. Le Directeur Général de la CRTV avait été classé 1er, et le Directeur Général de l’ARMP, Monsieur NDOUDOUMOU à l’époque, s’était déplacé personnellement avec son staff, pour annoncer la bonne nouvelle et me remettre un beau trophée devant tout le personnel, qui apprenait de sa bouche que sur les critères de transparence, de publicité des marchés, respect des délais, etc, la CRTV était la plus conforme à leurs attentes.

    De même, l’Agence Nationale des Technologies de l’Information et de la Communication (ANTIC) est venue nous attribuer un trophée pour notre site Internet, en hibernation à mon arrivée, mais qui est devenu le deuxième site le plus visité selon les dires de son Directeur Général.

    Autre trophée, celui que nous avons reçu de l’Hôtel du Mont Fébé venu nous récompenser pour avoir été son meilleur client institutionnel aussi bien par les fréquentations dont nous étions à l’origine, que par le volume de recettes encaissées à ce moment-là.

    La crédibilité de la signature de la CRTV était assurée. Nos banquiers n’hésitaient pas à nous accorder les facilités que nous leur demandions.

    Même le Ministère des Finances, qui nous poursuit aujourd’hui peut reconnaître ce fait majeur qui en a étonné plus d’un en son sein. De quoi s’agit-il? Ayant obtenu du Chef de l’Etat des ressources pour des opérations précises, ces ressources n’ont pas été entièrement dépensées. Il restait environ Deux Cent Millions (200 000 000) de Francs CFA, cantonnées à la banque. Lorsqu’une autre urgence s’est signalée, au lieu de redemander un concours, j’ai juste écrit au Ministre des Finances, pour signaler l’existence du reliquat dont je sollicitais une autorisation pour l’utiliser. Surprise! C’est une équipe lourde qui a été envoyée, par des gens qui soupçonnaient qu’il n’y a probablement plus d’argent, et que ma démarche pouvait cacher quelque chose. Le compte d’emploi leur a été présenté, et le solde qui y apparait a été retrouvé tel quel à la banque. «Renvoyez-nous rapidement cet argent», c’était la réponse à notre sollicitation. Il faut espérer qu’on l’a destiné à un usage louable, à défaut de servir la CRTV.

    Le Chef de la Mission de Vérification et du Contrôle du Conseil Supérieur de l’Etat (CONSUPE) auprès de la CRTV, après quelques semaines de séjour, s’était exclamé devant un journaliste de la CRTV qu’il connaissait et qui m’a rapporté ses propos, en ces termes: «Mais votre maison est une maison de verre!» Et malgré ce qu’on peut faire croire au public, le CONSUPE n’a pas indexé ma gestion car ce n’est pas cette Institution qui a saisi la justice pour qu’elle m’inculpe pour des raisons n’ayant aucun rapport avec la gestion. On ne sait d’ailleurs toujours pas qui l’a saisie.

    Comme cela a été dit hier par un des Avocats de mon Co-accusé, le Ministre ABAH ABAH, nous sommes tous les deux, avec tant d’autres, des victimes du fameux «Rouleau Compresseur», concocté par de très hautes personnalités pour écraser ceux qu’ils désignent comme étant des ennemis à neutraliser absolument.

    Ennemi? De qui suis-je donc l’ennemi?

    A cet égard, le Philosophe Julien Freund a écrit que pour être ennemi, on n’a pas besoin d’avoir commis quoi que ce soit. Car, dit-il, c’est l’ennemi qui vous choisit, «et dès qu’il vous a désigné, vous pouvez lui faire les plus belles protestations d’amitié, du moment qu’il veut que vous soyez son ennemi, eh bien vous l’êtes».

    La leçon que je tire de cette histoire d’ennemis désignés malgré eux c’est que lorsque des personnes intrinsèquement mauvaises disposent de moyens officiels leur permettant d’assouvir leurs tendances de misanthropes, c’est-à-dire de gens sans empathie, elles installent le malheur autour d’elles et créent ce genre de situation que nous déplorons tous.

    Classé à Kondengui «prisonnier signalé», j’ai droit à une escorte serrée lorsque je suis extrait pour le TCS ou l’hôpital. Les bandits de grand chemin ne sont pas surveillés comme je le suis.

    J’ai perdu mon frère cadet, mon principal soutien depuis mon incarcération et mon impécuniosité subséquente. Je n’ai pas été autorisé à assister à son enterrement ici à Yaoundé. Dans les mêmes conditions, d’autres ont bénéficié de permission.

    C’est le règne du mal absolu, cette disposition mentale qui pour certains, selon Alain EHRENBERG, servent à agresser et à torturer leur prochain sans autre raison que la jouissance qu’ils éprouvent quand leur victime manifeste de la souffrance et de l’effroi.

    Cela explique qu’on ait voulu m’incarcérer dès le lendemain de mon limogeage de la CRTV. On m’a rapporté qu’une âme bienveillante a obtenu qu’on m’accorde un sursis d’un mois. Qu’elle soit remerciée.

    Qu’adviendra-t-il de moi au moment du verdict? L’insensibilité et le cynisme que j’ai subis suffisent à me rendre sceptique quant au verdict, et je retiens pour moi le proverbe peuhl qui dit :

    «Si vous évoluez parmi des anthropophages et que vous prétendez ne pas manger de la viande humaine, eh bien, c’est vous qui serez mangé». Je ne sais pas s’il y a des anthropophages, mais s’il y en a, eh bien, bon appétit.

    Cela ne m’empêche pas de me demander ce que pourrait cacher la suite de l’histoire, même lorsque j’aurai été mangé.

    Je me console en pensant à ce qui est écrit dans la Bible que je lis parfois : «Car on vous jugera du jugement dont vous jugez et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez». (Matthieu 7:2)

    En pensant aussi au caractère imprescriptible des crimes dits Internationaux des Droits de l’Homme (DIDH), j’ose croire que mon enterrement, symbolique ou réel, aura des conséquences. Le groupe de travail des Nations Unies avait déjà émis un avis sur ma détention qui, selon lui, n’a pas de base légale, et demandé, malheureusement sans suite, ma libération immédiate.

    J’espère enfin que mes compatriotes seront de plus en plus nombreux à prendre conscience des dérives d’une justice qui contribue davantage au délitement du lien social qu’à son renforcement.

    Je vous remercie.

    Amadou Vamoulké

  • Le mal ne reste jamais impuni et aucun demi- dieu n’est immortel 

    Le mal ne reste jamais impuni et aucun demi- dieu n’est immortel 

    Par Jean-Claude Djereke
    “Le demi-dieu n’était pas immortel ”. C’est par ces mots que le Belge Thierry Michel concluait son documentaire de 135 mn sur Mobutu Sese Seko mort et enterré au Maroc, loin de la terre de ses ancêtres, loin de Gbadolite où il s’était construit un immense palais dans lequel il recevait les soi-disant grands de ce monde. Dans chaque pays, Mobutu avait une villa ou un château où l’argent côtoyait le luxe le plus insolent pendant que le peuple zaïrois, zombifié et imbécilisé par des slogans creux à la gloire du dictateur, croupissait dans une misère déshumanisante.
    En 1997, rongé par la maladie, le léopard ne pouvait plus mordre. Il avait perdu toutes ses dents. Il était si affaibli qu’il ne pouvait rien faire face à Laurent-Désiré Kabila, chef d’une rébellion financée et soutenue par le Rwanda et l’Ouganda. C’est ce moment que choisirent ses “amis” et parrains occidentaux pour le lâcher. Ces derniers l’avaient utilisé en 1961 pour se débarrasser de Patrice Lumumba, l’homme qui ne mâchait pas ses mots et qui n’avait qu’un rêve:  travailler pour un Congo libre et souverain.
    Les Africains qui laissent l’Occident piller nos matières premières, ceux qui prennent un malin plaisir à affamer et à brutaliser leurs peuples, je souhaite qu’ils puissent regarder “Mobutu, roi du Zaïre” et réfléchir sur la triste fin de cet homme qui se croyait invincible.
    Le mal que l’on fait au peuple ne reste jamais impuni et aucun demi-dieu n’est immortel. Voilà les deux enseignements majeurs que je tire de ce documentaire réalisé en 1999.
  • Les relations Afrique-Etats-Unis dans un monde entre décomposition et reconstruction

    Les relations Afrique-Etats-Unis dans un monde entre décomposition et reconstruction

    Une analyse de Dr Christian Pout, Ministre Plénipotentiaire, Président du Think Tank
    CEIDES, Visiting Associate Professor– Directeur du séminaire de Géopolitique
    Africaine, Catholic Institute of Paris.

    Comment se présente le partenariat Afrique/ Etats-Unis deux ans après l’arrivée
    du Président Joe Biden à la Maison Blanche?
    L’arrivée du 46ème Président des Etats-Unis d’Amérique, Joe Biden, en novembre 2020 à la Maison Blanche, a induit une évolution assez positive des rapports entre l’Afrique et les EtatsUnis.  S’il fallait se résumer en quelques mots, je dirai que les relations américano-africaines ont connu une nouvelle dynamique après une ère marquée par des bizarreries trumpiennes. Ces relations sont plus apaisées, assurément plus affirmées, vraisemblablement plus diversifiées, voire plus conviviales. L’équipe du Président Joe Biden s’est attelée à restaurer le blason américain sur plusieurs plans, notamment en matière de politique étrangère en Afrique. Il y’a donc là une nette démarcation, une rupture avec le précédent Gouvernement. Néanmoins, l’un des rares sujets où l’on peut encore entrevoir une sorte de continuité de Donald Trump à Joe Biden est bien sûr la volonté clairement affichée de ces deux Présidents de sauvegarder ou mieux, d’étendre l’influence stratégique des Etats – Unis en Afrique. Ceci
    en veillant principalement à contrer et devancer la percée chinoise et russe sur le continent, en particulier dans un contexte où même les alliés traditionnels sur lesquels les Etats-Unis pouvaient s’appuyer à l’exemple de la France ou du Royaume-Uni, perdent de plus en plus de terrain.

    Malgré les gestes d’ouverture du Président Biden, le renouveau des relations extérieures focalisées sur l’Afrique qu’il promeut, qu’elles soient diplomatiques, économiques, commerciales et sécuritaires, souffre encore quelque peu de ce que Maya Kandel, responsable du programme sur les États-Unis à l’Institut de Recherches Stratégiques de l’Ecole Militaire (IRSEM), a appelé «les dogmes de la stratégie américaine en Afrique». Il s’agit selon elle des pesanteurs idéologiques, stratégiques et opérationnelles qui ont plombé la politique américaine en Afrique depuis les années 1990 avec plus ou moins de constance jusqu’au début des années 2000 et après. A sa suite, d’autres auteurs ont affirmé que l’Afrique n’était pas vraiment considérée comme une priorité stratégique des Etats-Unis. C’est pourquoi, ils y limitaient leur ancrage au sol, par une présence militaire et assistance discrète, et préconisaient que des «solutions africaines soient trouvées aux problèmes africains». Le point culminant de ce qui pouvait donc apparaître comme une politique américaine en Afrique désincarnée a été symbolisé par le passage du républicain Donald Trump à la Maison Blanche. Il ne me paraît pas nécessaire de revenir sur les actes et propos regrettables posés par ce dernier, et qui ont malheureusement contribué à renforcer le doute au sein de la classe politique et des populations africaines sur les intentions réelles des Etats-Unis en Afrique. Fort heureusement, l’équipe de Joe Biden s’efforce de changer les perceptions, tout en posant les jalons d’un nouveau partenariat avec l’Afrique. C’est ce qui explique entre autres, le fait que le deuxième Sommet Afrique – Etats-Unis qui se tient à Washington soit aussi couru après celui de 2014 organisé par Barack Obama, un autre démocrate. Déjà, je tiens à rappeler que ce Sommet qui est un moment privilégié d’échanges et de prise de contact entre acteurs américains et africains exerçant à des niveaux de responsabilités très élevés, aussi bien dans le public comme dans le privé, n’est en réalité que l’aboutissement d’une politique de (re)conquête et de séduction de la communauté afro-américaine et de l’Afrique, dont les contours se laissaient déjà voir depuis la campagne présidentielle de 2020 menée par le camp Biden.

    En effet, le programme de cette campagne était « America is back », entendez l’Amérique est de retour, et compte bien refaire bouger les lignes aux plans économique et politique, et surtout faire entendre ou plutôt prévaloir sa voix sur la scène internationale. Durant celle-ci, Joe Biden avait alors exprimé sa volonté de faire évoluer les relations entre son pays et l’Afrique. Au-delà des clichés et préjugés misérabilistes et conflictogènes sur l’Afrique auxquels il n’adhérait pas pour s’être fait sa propre idée de la réalité au gré de ses voyages, il avait construit une véritable stratégie pour conquérir la communauté afro-américaine et la diaspora africaine. Il s’était engagé envers elles à éliminer les restrictions anti-immigration contre les pays musulmans, y compris ceux situés en Afrique (le Nigeria, le Soudan et la Tanzanie), à remettre sur orbite et à renforcer un programme pour la jeunesse africaine, Yali (Young African Leaders Initiative), qui avait été mis en place par l’équipe de Barack Obama en 2010. Et par ailleurs, à mobiliser les meilleures compétences pour le conseiller sur l’Afrique. C’est pourquoi dans son équipe de conseiller(e)s pour la campagne, plusieurs membres avaient déjà eu à occuper de hautes fonctions sur et/ou pour le continent autant sur le plan diplomatique que sécuritaire. En analysant ses postures de l’époque, on se rend à l’évidence que le discours de Joe Biden avait des accointances avec celui de ses devanciers et collait groso modo aux objectifs globaux des Etats-Unis.

    Ses orientations politiques à l’extérieur qui s’inscrivaient sur les traces de quelques-uns de ses
    prédécesseurs annonçaient alors les couleurs d’une intense activité diplomatique à venir.
    Celle-ci devait tirer profit des instruments de politique étrangère qui avaient fait leurs preuves,
    pour (re)positionner les Etats-Unis au devant de la scène africaine. S’il est vrai que la création en 2007 du Commandement américain pour l’Afrique (AFRICOM) avait permis aux Etats-Unis de jouer un rôle prépondérant sur les questions militaires et sécuritaires sur le continent, c’est davantage les programmes de coopération phares mis en place par ses homologues que Joe Biden entendait capitaliser. On peut mentionner à cet égard, l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) créé en 1999 sous la présidence de Bill Clinton ; le President’s Emergency Plan for AIDS Relief (PEPFAR) créé en 2003 sous l’administration Bush et destiné à favoriser l’accès à la santé sur plusieurs années avec plus de 15 milliards de dollars ou encore le Global Hunger and Food Security Initiative établi par le président Barack Obama en 2009. Avec le soutien du Congrès, Barack Obama avait aussi pu lancer l’initiative «Power Africa», un programme de plus de 7 milliards de dollars destiné à développer l’électrification du continent et fournir l’électricité à près de 60 millions de foyers. En termes d’alignement sur les objectifs globaux des Etats-Unis en Afrique, Joe Biden semble là encore, malgré une touche d’originalité, partager les axes clés énoncés en 2012 par l’Administration Obama, à savoir : le renforcement des institutions démocratiques locales ; le soutien à la croissance économique, au commerce et à l’investissement ; la progression de la paix et de la sécurité ; la promotion «des opportunités et du développement».

    C’est dans le cadre de ces axes que s’articule aussi la Stratégie américaine pour l’Afrique depuis la prise de fonction officielle de Joe Biden. Avant de m’étendre sur cette dernière, je crois qu’il est intéressant de dire un mot sur les actes d’autorité et gestes symboliques à forte  portée posés par Joe Biden, et qui apparaissent comme une forme de reconnaissance à la fois de l’importance et du potentiel de la communauté afro-américaine et de l’Afrique. Lors de leur cérémonie d’investiture en janvier 2020, le Président Joe Biden et sa Vice-présidente Kamala Harris, avaient choisi le titre à succès «Destiny» du chanteur nigérian Burna boy dans la playlist officielle de 46 morceaux. Ensuite, en février, soit un mois après son arrivée à la Maison Blanche, Joe Biden avait choisi d’envoyer pour son premier discours auprès d’une instance internationale en tant que Président, un message vidéo aux présidents africains à la veille du 34e Sommet de l’Union africaine (UA). Il assurait alors que pour l’Afrique, les Etats-Unis sont «un partenaire dans la solidarité, le soutien et le respect mutuel». Au plan purement bureaucratique, Joe Biden a su s’entourer pour donner sens à sa politique, de personnes fins connaisseuses de l’Afrique et même des enfants du continent. Il a par exemple nommé Linda Thomas Greenfield, une diplomate chevronnée, qui a été en poste dans plusieurs pays africains, Ambassadrice américaine à l’ONU, avec rang de Ministre ; Samantha Powers, Ambassadrice à l’Agence internationale de Développement, et Dana Banks, ancienne diplomate en Afrique du Sud au Conseil National de Sécurité. Mais surtout, je crois que les nominations les plus remarquées ont sans doute été celles de Wally Adeyemo, 39 ans, Secrétaire adjoint au Trésor, et d’Osaremen Okolo, 26 ans, Conseillère dans la Team anti-Covid-19 du Président Biden, tous deux d’origine nigériane.

    En plus de ces innovations managériales, je peux dire que Joe Biden n’a cessé de montrer les signes d’un profond attachement au continent. C’est ce qui explique aussi le balai diplomatique effectué par ses collaborateurs en Afrique. Qu’ils s’agissent du Secrétaire d’Etat Antony Blinken, de la Sous-secrétaire d’État Wendy Sherman, de la Secrétaire d’État adjointe chargée des Affaires africaines, Molly Phee ou encore de la Directrice principale du Conseil de sécurité nationale pour l’Afrique, Dana Banks. Le Secrétaire d’Etat Antony Blinken a par exemple été au Kenya, au Nigéria, au Sénégal, ainsi qu’en Afrique du Sud, en République démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda. Il a de même pris part à des rencontres de haut niveau, notamment, à la foire internationale d’Alger en juin 2022, au cours de laquelle les Etats-Unis étaient à l’honneur ou encore, au Maroc, lors de la tenue de la 14ème édition du
    Sommet des affaires États-Unis – Afrique en juillet 2022, placée sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et organisée par le Gouvernement marocain, en partenariat avec le Corporate Council on Africa (CCA). Ce dernier événement qui avait pour thème «Bâtir l’avenir ensemble – le futur» a connu la participation d’une importante délégation gouvernementale américaine, de ministres africains et de décideurs des plus grandes multinationales américaines et des milieux d’affaires africains. On a ainsi pu recenser la participation de 1.500 responsables, dont 80% issus du secteur privé, six ministres des affaires étrangères ainsi que plus de vingt ministres représentant des secteurs différents et plus de cinquante pays africains. Plus de 450 entreprises américaines étaient présentes et plus de 5.000 mises en relation ont été initiées entre des représentants des secteurs public et privé. C’est d’ailleurs en Août 2022 à Pretoria en Afrique du Sud, que le Secrétaire d’Etat Anthony Blinken, a égrené durant son discours à l’Université de Pretoria, les principaux piliers de la Stratégie américaine envers l’Afrique subsaharienne.

    Contrairement à la stratégie de décembre 2018 implémentée par l’administration Trump, qui se voulait plus sélective et orientée sur la sécurité, la nouvelle stratégie des Etats – Unis repose sur le postulat selon lequel «l’Afrique subsaharienne est une force géopolitique majeure, qui a façonné notre passé, façonne notre présent et façonnera notre avenir». Elle souligne l’importance de la démographique croissante de l’Afrique, son poids à l’ONU de même que la diversité de ses nombreuses ressources naturelles et opportunités. Pour les cinq prochaines années, cette stratégie reposera sur quatre objectifs, entre autres : favoriser les sociétés ouvertes; offrir des dividendes démocratiques et en matière de sécurité; travailler au redressement après la pandémie et sur les opportunités économiques; soutenir la préservation et l’adaptation au climat et une transition énergique juste. A l’observation, il semble que le calibrage de cette stratégie ait tenu compte des priorités continentales telles qu’énoncées dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA). De ce fait, la mise en œuvre des programmes américains consacrés à l’Afrique et particulièrement de la stratégie américaine en Afrique laisse penser que le nouveau partenariat Afrique – Etats-Unis peut avoir des impacts plus concrets capables d’accélérer l’atteinte des objectifs de développement du continent. Je relève que ces deux dernières années, beaucoup de choses ont évolué. Je note une multiplication des projets transformateurs. Pour ne citer que quelques exemples, l’initiative Prosper Africa a permis depuis 2019 de conclure 800 accords d’une valeur globale de 50 milliards de dollars entre les Etats-Unis et des pays africains dans les domaines du commerce et de l’investissement. La MCC, Millennium Challenge Corporation, l’agence de développement américaine, a quant à elle investi quelques 8,85 milliards d’euros dans 25 pays d’Afrique depuis 2004. En matière de connectivité, grâce au soutien des Etats-Unis et à la collaboration du Gouvernement et des entreprises, le Mozambique est devenu le premier pays africain à utiliser sous licence la technologie Starlink de SpaceX. Une technologie qui recourt aux satellites pour fournir un service Internet, et contribuer à élargir l’accès et à réduire les coûts correspondants pour les habitants des zones rurales du pays. De même, la Société de financement du développement international des États-Unis a investi près de 300 millions de dollars dans le financement du développement, de la construction et de l’exploitation de centres de données en Afrique, notamment en Afrique du Sud. Un contrat de 600 millions de dollars avait ainsi été attribué pour la construction d’un câble de télécommunications sous-marin qui s’étendra sur plus de 17 000 kilomètres – de l’Asie du Sud-Est au Moyen-Orient, en passant par la Corne de l’Afrique et l’Europe, pour offrir des connexions à haut débit, fiables et sécurisées pour les populations de tous les continents. Dans le domaine de la sécurité alimentaire les Etats-Unis se sont engagés à travers l’initiative Feed the Future à investir 11 milliards de dollars sur cinq ans dans 20 pays partenaires, dont 16 en Afrique. Une autre initiative lancée avec la collaboration des Émirats arabes unis devait aussi contribuer à stimuler les investissements et l’innovation dans l’agriculture intelligente
    face au climat. Concernant la santé, le PEPFAR qui a bénéficié de plus de 100 milliards de dollars de financement a contribué à sauver la vie d’environ 21 millions de personnes, et faciliter la naissance de cinq millions et demi de bébés séronégatifs. A ce jour, le PEPFAR finance 70 000 cliniques, 3000 laboratoires, 300000 agents de santé et d’innombrables ambassadrices DREAMS, qui aident à protéger les adolescentes et les jeunes femmes du VIH.

    De plus, durant la crise coronale, les Etats-Unis ont eu à fournir gratuitement plus de 170 millions de doses de vaccins COVID aux pays africains. Des financements américains ont aussi été engagés dans la construction des installations de production de vaccins au Sénégal. Toujours en lien avec les vaccins, la National Institution of Allergy and Infectious Diseases des États-Unis s’est associée à Afrigen, un organisme sud-africain pour partager son expertise technique en matière de développement de vaccins à ARNm de nouvelle génération, ainsi qu’en matière de traitements. Pour aider les pays africains à faire face au changement climatique, les Etats-Unis apportent également leur accompagnement. Au Ghana par exemple, les partenariats noués ont permis de lancer la construction de la première centrale hybride solaire-hydraulique d’Afrique de l’Ouest. Cette dernière permettra d’améliorer la fiabilité, de réduire les coûts et d’éliminer plus de 47 000 tonnes d’émissions chaque année. De même au Kenya, où 90 % de l’énergie provient de sources renouvelables, les entreprises américaines ont investi 570 millions de dollars dans les marchés de l’énergie hors réseau, et créé 40 000 emplois verts. La jeunesse africaine est elle aussi au cœur des programmes américains. Le réseau YALI qui fournit aux jeunes leaders africains des outils, des ressources, et des interactions virtuelles, compte aujourd’hui plus de 700 000 membres, un nombre qui va grandissement. A terme ce programme pourrait aider à substantiellement renforcer l’esprit critique des jeunes du continent.

    Quels sont les objectifs et attentes des deux parties relativement au prochain
    Sommet Afrique/ Etats-Unis?
    Le Sommet des dirigeants Afrique – États-Unis qui s’est ouvert ce 13 décembre, marquera probablement un tournant dans les relations entre la première puissance mondiale et le continent. Plus que des espoirs, il suscite de grosses attentes pour les deux parties à brève et longue échéance. Je pense que le fait pour les Etats-Unis de focaliser leur vision sur «le dialogue, le respect des valeurs partagées ou des valeurs communes», est une position qui peut retenir l’attention des leaders africains, même si cela tarde encore à bien se matérialiser dans les faits. Mais déjà, je remarque que les desseins collaboratifs annoncés par les EtatsUnis cadrent bien avec les priorités de l’agenda africain actuel influencé par des défis internes et des perturbations externes. En effet, la démarche américaine tend à resserrer les liens avec l’Afrique en mettant l’accent sur des politiques susceptibles de favoriser une nouvelle dynamique économique ; renforcer l’engagement des États-Unis et de l’Afrique en faveur de la démocratie et des droits humains ; atténuer l’impact de la COVID-19 et des futures pandémies ; renforcer la collaboration pour la santé régionale et mondiale ; promouvoir la sécurité alimentaire ; faire progresser la paix et la sécurité ; répondre à la crise climatique ; et amplifier les liens avec la diaspora. Le sommet qui se tient à Washington se présente alors comme un laboratoire pluridisciplinaire où les acteurs gouvernementaux, la société civile, les communautés de la diaspora et le secteur privé, devront concevoir les premières formules à administrer pour parfaire le renouveau de la relation américano-africaine. A ce propos, je constate que le format d’organisation est révélateur des attentes et objectifs poursuivis par le pays hôte et les partenaires africains. Les événements thématiques organisés durant les trois jours nous permettent en effet de voir par qui et comment les priorités devront être adressées.

    Permettez-moi donc de revenir brièvement sur ce que prévoit le programme. Cela améliorera aussi la lisibilité des objectifs et attentes réciproques. D’après le programme adopté de commun accord avec les parties africaines, le Sommet durera trois jours, au cours desquels une série de forums sera organisée. C’est donc dans cette logique que pour la première journée, il s’est tenu un forum des jeunes leaders africains et de la diaspora ; un forum de la société civile ; un forum sur la paix, la sécurité et la gouvernance ; un forum spatial civil et commercial États-Unis-Afrique ; ainsi que des sessions sur le climat, l’énergie, l’éducation, la santé et l’industrie créative. Comme on peut s’en douter, le choix des thématiques n’est pas anodin. Les Etats-Unis sont bien conscients de la place qu’occupent les jeunes dans la transformation de l’Afrique et du rôle plus grand encore qui sera le leur dans la gestion des affaires, de même que de l’importance de la diaspora africaine présente sur le territoire américain. Déjà considérée comme la sixième région de l’Union africaine, la diaspora africaine représente aussi bien un gisement de ressources, de création de richesses, qu’un éventuel contrepoids politique. Il est donc compréhensible que l’un des objectifs des Etats-Unis soit de capter les opportunités offertes par les dividendes démographiques et diasporiques venues d’Afrique. L’intérêt des autorités américaines pour une mise en synergie des acteurs de la société civile africaine et américaine s’inscrit aussi dans la poursuite de ses objectifs d’accroissement de son influence. Bien qu’elle soit qualifiée de « porte-voix de la gouvernance », la société civile est aussi une formidable voix de résonnance dont la portée du discours ne cesse de croître en Afrique, et surtout, un partenaire privilégié pour exécuter des projets au plus près des communautés africaines. La proximité des organismes de la société civile avec les acteurs locaux comporte un grand avantage. Les sujets abordés par eux comme la corruption, la violation des droit humains ou l’autonomisation des femmes et des filles etc. ont souvent permis une réappropriation par les politiques. Il ne faut donc pas sous-estimer l’impact des projets financés et/ou réalisés avec le soutien américain. Concernant les questions de paix, sécurité et de gouvernance, la présence de certaines personnalités américaines le premier jour, comme les Secrétaires d’État, de la Défense et l’Administratrice de l’Agence américaine pour le développement international traduit aussi un fort engagement en faveur du renforcement des institutions démocratiques et de la gouvernance, qui pour les Etats-Unis ont un impact sur la paix et la prospérité à long terme.

    La deuxième journée du Sommet qui débute est prévue pour être consacrée au Forum des affaires États Unis-Afrique (USABF). Il sera coiffé par le département du Commerce des États-Unis, la Chambre de commerce des États-Unis et le Corporate Council on Africa, en partenariat avec l’initiative Prosper Africa. Dans le prolongement du Sommet des affaires qui s’est tenu à Marrakech en juillet 2022, le forum se veut une plateforme où les entreprises africaines et américaines en priorité, et aussi, les acteurs étatiques, les organisations financières ou encore les chercheurs d’emploi pourront saisir les plus belles opportunités d’affaires et d’emplois en signant des contrats et en faisant du réseautage. Par ce forum, les Etats-Unis ont pour objectifs de promouvoir une croissance et un développement économiques inclusifs et durables sur tout le continent, d’accroître les flux de capitaux et d’encourager l’esprit dynamique d’entrepreneuriat et d’innovation qui prévaut dans toute l’Afrique. Il faut noter que l’inclusion recherchée ici est en partie le fruit d’une recommandation formulée à l’unanimité par les intervenants au Sommet de Marrakech. Ceux-ci défendaient alors l’idée selon laquelle l’accélération du développement économique et la prospérité passaient par la conjugaison des efforts des gouvernements, des institutions
    financières multilatérales, des institutions de financement du développement, des fonds souverains ainsi que des investisseurs du secteur privé.

    Enfin, la troisième et dernière journée sera réservée aux dirigeants. Il est prévu que le Président Joe Biden puisse s’entretenir avec les personnalités ayant fait le déplacement, sur la cinquantaine de Chefs d’Etat et de Gouvernement, ainsi qu’avec les Chefs de délégation, Représentants d’organisations régionales conviés. Durant les séquences officielles on peut présumer que le Président Biden continuera à militer pour la formation d’un bloc solide entre les Etats-Unis et l’Afrique afin de relever les défis les plus significatifs de notre époque. Il a déjà été annoncé que les Etats-Unis envisageaient d’allouer 50 milliards de dollars supplémentaires pour le financement de divers secteurs en Afrique. De grandes décisions politiques entre les deux partenaires devraient aussi être prises. Beaucoup plus loin des projecteurs, on peut s’attendre à ce que des sujets plus sensibles soient abordés en tête à tête ou en collégialité. Je pense ici à la revendication somme toute légitime de l’Afrique de voir le Conseil de sécurité de l’ONU être réformé. Cette dernière initiative a l’avantage de bénéficier du soutien des Etats Unis, l’un des membres les plus influents du Conseil de sécurité. A cette fin, l’Union africaine avait eu à publier une déclaration en 2005 où les nations africaines avaient collectivement pris une position commune sur la réforme du Conseil de sécurité. Il s’agissait du consensus d’Ezulwini qui déclinait la forme de représentation équitable prônée par l’Afrique au Conseil de sécurité : deux sièges permanents avec le pouvoir de veto, ainsi que cinq sièges non permanents. Les modalités d’une adhésion de l’Union africaine au G20 telles que suggérées par les Etats-Unis pourraient aussi être discutées. De même, les Etats africains pourraient être incités à revoir leurs positions sur la crise russo-ukrainienne au regard de l’enlisement du conflit et des répercussions sur les économies du continent, voire également, à (re)préciser le sens de leur étroite coopération avec la Chine et la Russie, deux puissances que les Etats Unis considèrent comme adversaires, pis comme une menace. Il va de soi que les Etats africains n’entendent pas être passifs ou se laisser dicter une conduite. En particulier sur les questions internationales, à l’exemple de la situation en Ukraine où l’importance de l’aide et les milliards de dollars de financement qui ne cessent d’être rapidement mobilisés, ont pu heurter certains leaders africains au regard des défis humanitaires, sécuritaires et des catastrophes qui sévissent en Afrique, mais qui pourtant ne font pas l’objet d’une aussi grande attention politique et médiatique. Malgré l’atmosphère apaisée qui règne avec les Etats-Unis et l’existence de sujets d’intérêt commun, comme la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU (UNSC) avec une admission des Etats africains comme membres permanents, la reconnaissance du poids du groupe Afrique à l’ONU, la promotion d’une égalité parfaite au sein du système international, ou encore, une meilleure insertion dans les marchés de capitaux étrangers, les Etats africains ont des objectifs et attentes particulières.

    Je crois devoir rappeler que les Etats africains sont très au fait de leurs atouts et des avantages comparatifs que ceux-ci peuvent constituer dans leur quête de développement ou rapports avec des partenaires étrangers. L’Afrique a d’immenses ressources naturelles, une diaspora dynamique, une croissance économique et démographique extrêmement rapide par endroit, la plus grande zone de libre-échange grâce à la ZLECAf, des écosystèmes très variés et diversifiés, et surtout, elle constitue l’un des plus grands blocs électoraux régionaux des Nations unies. Dans cette configuration, les objectifs et attentes africaines s’entrecroisent dans des domaines prioritaires classiques, économiques, politiques et sécuritaires, et aussi, nouveaux, en matière de changement climatique par exemple.

    Sur le volet économique, l’Afrique entend proposer des stratégies pour une orientation des investissements américains dans des secteurs jugés prioritaires conformément aux buts de l’Agenda 2063. Elle attend aussi des Etats-Unis qu’ils soient un partenaire de confiance, plus respectueux de la logique gagnant-gagnant en affaires. De sorte qu’il puisse avoir une évolution, voire révolution dans les relations commerciales américano-africaines qui demeurent très déséquilibrées au préjudice de l’Afrique, malgré l’existence des programmes successifs visant à encourager les échanges, tels que l’AGOA et les investissements, comme le Trade Africa Initiative ou Power Africa, et dernièrement, le programme Prosper Africa de l’Administration Trump. Les partenaires africains relevant du secteur privé attendent également de bénéficier d’un meilleur accompagnement pour pénétrer le vaste marché américain avec des produits totalement fabriqués en Afrique. En matière politique, comme j’ai eu à le souligner, les Etats africains veulent pouvoir s’assurer du soutien des Etats-Unis pour consolider leur place dans le système international, en particulier onusien, évidemment à des conditions raisonnables. Ils seront certainement appelés à jouer la carte de l’apaisement et à vanter les vertus du dialogue pour tenter d’infléchir les velléités que suscitent la rivalité entre les Etats-Unis, la Chine et la Russie en Afrique. Les Etats africains qui ont toujours milité pour une diversification des partenariats dans le strict respect de leur souveraineté et des normes internationales, ne souhaitent pas se retrouver en première ligne, ni continuer à subir les conséquences néfastes de la féroce bataille d’influence qui oppose les grandes puissances sur le continent.

    Au regard du climat d’instabilité et de volatilité sécuritaire qui règne actuellement en Afrique, il est probable que davantage de discussions soient menées sur ces questions. Les Etats-Unis ont déjà reconnu avoir une approche de sécurité en Afrique « globale », interministérielle, qui intègre les dimensions militaire, économique et politique, et adopté une stratégie qui s’inscrit dans une logique de renforcement des capacités des partenaires africains à la fois par le financement de nombreux programmes d’assistance destinés à renforcer les instruments de sécurité locaux ; et par le développement de la coopération sur le terrain, entre les armées américaines et leurs homologues du continent. Toutefois, un engagement plus poussé de leur part pourrait s’avérer nécessaire auprès de leurs partenaires africains pour conserver les progrès obtenus dans la lutte contre la piraterie maritime dans le Golfe de Guinée par exemple, dans la lutte contre la radicalisation, l’extrémisme violent, et contre l’islamisme radical, qui de l’Ouest à l’Est africain continue de gagner du terrain. Avec autant de défis, la réforme des modes d’intervention de l’AFRICOM et l’augmentation de ses ressources financières, logistiques et humaines deviennent une urgente nécessité. La volonté de démobilisation d’une partie des troupes de l’AFRICOM qui a un temps été annoncée devient donc contre-indiquée.

    Comment la rivalité Chine / Etats-Unis et la guerre en Ukraine affectent-elles les
    relations entre les pays africains et les Etats-Unis?
    Au risque de me répéter, j’aimerai réitérer que l’Afrique est une « zone à enjeux », un
    périmètre continental stratégique pour les Etats-Unis en raison de son potentiel, des intérêts économiques et commerciaux américains, et surtout, de la volonté de ces derniers de conserver le lead en tant que puissance militaire et diplomatique de premier plan dont les actions influencent la scène internationale. Du point de vue des puissances comme la Chine et la Russie, l’Afrique débouche sur une fenêtre d’opportunités et possibilités qu’il n’est absolument pas concevable de négliger. Depuis l’époque où plusieurs pays du continent étaient maintenus sous le joug de la colonisation, des liens étroits avaient été tissés avec des organismes chinois et russes pour faciliter l’émancipation de l’Afrique. Avec le temps et l’apparition de nouveaux enjeux, les rapports entre le continent et ces deux pays se sont approfondis et diversifiés. Aujourd’hui encore, la présence de la Chine et de la Russie aux côtés de l’Afrique ne cesse de se faire remarquer que ce soit dans la mise en valeur des ressources naturelles, la construction d’infrastructures, l’octroi de financements, la formation, l’assistance en matière de sécurité, des échanges culturels ou encore, la défense des intérêts réciproques dans l’arène internationale etc. Il est aisé de constater que cette proximité n’est pas appréciée par d’autres puissances qui comme les Etats-Unis, ne souhaitent vraisemblablement pas/plus rester au banc de touche alors même que le «match du siècle» se joue en Afrique. Même s’il est vrai que des réserves peuvent être soulevées sur les méthodes, stratégies de pénétration et impacts des activités chinoises et russes en Afrique, tout comme cela peut se faire pour d’autres puissances à l’instar des Etats-Unis, il demeure que le choc des puissances qui a lieu sur le continent devient plus compréhensible lorsqu’on use du cadre théorique du réalisme en relations internationales, tel que développé par Hans Morgenthau et Raymond Aron. En matière de relations extérieures, la théorie réaliste rappelle que les Etats qui sont les principaux acteurs des relations internationales sont mus par le souci de préserver leurs intérêts nationaux, d’étendre leur influence et d’accroître leur puissance. Le réalisme selon Aron énonce aussi que la guerre et les conflits sont un prolongement naturel des relations entre Etats, lesquelles sont de nature concurrentielle. La vive rivalité qui s’observe dans le monde, en particulier sur le territoire africain, entre les Etats-Unis, la Chine et la
    Russie s’inscrit donc complètement dans ce registre.

    En effet, comme le relevait la Chercheuse Aline Lebœuf, la compétition stratégique contre la Chine et la Russie est l’unique horizon de la défense américaine en Afrique, même si cette dernière reste engagée dans la lutte contre les djihadistes. Déjà à l’époque en décembre 2018, lors de la présentation de la stratégie africaine de la Maison-Blanche, le Conseiller à la Sécurité de Donald Trump, John Bolton affirmait que les deux objectifs prioritaires étaient: «contrer la menace du terrorisme radical islamique et les conflits violents» et «contrôler ou contenir les présences chinoises et russes» en Afrique. Dès son arrivée au pouvoir, Joe Biden s’est inscrit dans la continuité et a adopté comme priorité diplomatique en Afrique: «contrer l’influence grandissante de la Russie et surtout de la Chine». Cette posture a plus tard été réaffirmée dans la Stratégie américaine envers l’Afrique subsaharienne en août 2022. Dans ce document stratégique, les Etats-Unis dénoncent dans un ton assez dur les actions posées sur le continent par ses adversaires stratégiques pour reprendre les propos de l’Ambassadrice Linda Thomas Greenfield, en indiquant que «la Chine s’y comporte comme dans une arène pour défier l’ordre international fondé sur des règles, faire avancer ses stricts intérêts commerciaux et géopolitiques (…) et affaiblir les relations des États-Unis avec les peuples et les gouvernements africains». Tandis que la Russie considérerait la région comme «un environnement permissif pour les sociétés para-étatiques et militaires privées, créant souvent de l’instabilité pour en retirer un avantage stratégique et financier», allusion faite au groupe Wagner. Certains observateurs estiment que ces accusations sont quelque peu exagérées, et qu’il s’agit avant tout de stratégies pour saper la réputation de la Chine et de la Russie en
    Afrique, et par là pénaliser leur déploiement. Toujours est-il que les rivalités entre ces puissances ne sont pas prêtes de s’estomper.

    Il s’avère que l’augmentation de l’influence de la Chine et de la Russie sur le continent reste continue, d’où les préoccupations américaines. Après une baisse de régime, un ralentissement dans la conduite des projets d’envergure comme le projet «Nouvelles routes de la soie», les financements de masse de la Chine recommencent progressivement à reprendre le chemin de l’Afrique. Lors du Forum pour la coopération sino-africaine (FOCAC), qui s’est tenu à Dakar les 28, 29 et 30 novembre, le Ministre chinois en charge des affaires étrangères Wang Yi est venu au nom du Président Xi Jinping, annoncer de nouvelles promesses dans ce sens. La Chine peut se targuer d’avoir de l’avance sur les Etats-Unis sur plusieurs plans. D’après un rapport intitulé «The Three Issues That Will Make or Break the Prosper Africa Initiative» (Les trois enjeux qui vont faire ou défaire l’initiative Prosper Africa), élaboré par Zainab Usman et Katie Auth, respectivement directrice et chercheuse non-résidente au sein du programme Afrique de Carnegie Endowment for International Peace, les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et l’Afrique ont diminué depuis 2009, lorsque Pékin est devenu le premier partenaire commercial du continent au détriment de Washington, passant d’un pic de 142 milliards de dollars en 2008 à seulement 64 milliards de dollars en 2021.Quant aux IDE américains en Afrique en 2020, ils s’élevaient à 47,5 milliards de dollars, soit 5,2 % des investissements mondiaux des États-Unis. Le même rapport précise également que «la présence des entreprises américaines sur le continent est non seulement inférieure à celle de leurs homologues chinoises, mais aussi, à certains endroits, à celle des pays comme la Turquie et l’Inde». Cependant, je pense qu’à bien y regarder, c’est plus la concentration des financements chinois dans des secteurs jugés stratégiques, comme dans les ressources extractives (métaux stratégiques et terres rares), infrastructures, ports, télécoms etc. qui maintient les Etats-Unis et
    d’autres puissances occidentales en alerte.

    La méfiance de ces puissances est partiellement partagée par les africains eux-mêmes. Dans la mesure où certaines pratiques sont régulièrement décriées à l’instar du non- respect des droits humains, le peu d’égard pour l’environnement et des violations répétées des législations nationales. Aussi, dans le secteur portuaire par exemple, une étude de 2019 du Center for Strategic and International Studies (CSIS) avance que les investissements chinois dans ce secteur constituent aussi bien une menace «pour l’influence des Etats-Unis» que pour «la souveraineté» des Etats africains. Plusieurs ports logés dans le pourtour du Golfe de Guinée dans lesquels la Chine a pu être investisseur, constructeur ou opérateur des installations sont ainsi en ligne de mire. Beaucoup craignent qu’en plus de l’intérêt commercial et géoéconomique que ces ports peuvent procurer, leur contrôle ne donne en aucun jour un point d’ancrage à la marine militaire chinoise. Même si pour l’instant, Pékin ne possède qu’une seule et unique base militaire sur le continent, à Djibouti, quand d’après le magazine The Intercept, les États-Unis à travers AFRICOM disposeraient d’au moins 34 sites sur le sol africain où sont déployés plus de 6 000 soldats. La plupart situés en Afrique de l’Ouest, dans la Corne de l’Afrique et en Libye. Concernant la Russie, les mêmes griefs lui sont reprochés, à la seule différence que le Kremlim s’évertue plus à restaurer des relations de coopération sécuritaire, en perte de vitesse par endroit. Les russes avancent plus leurs pions dans le secteur de la sécurité, avec la fourniture d’équipement militaire et d’assistance technique. Plusieurs pays africains ont d’ailleurs signé des accords de coopération avec eux. On peut ainsi citer sans exhaustivité, le Cameroun en avril 2015 (accord actualisé depuis lors), le Ghana en juin 2016, la Gambie en septembre 2016, la Guinée en avril 2018, la Sierra Leone en août 2018, la RD Congo en mai 2019 etc.

    L’actualisation de ces accords de coopération est perçue par les adversaires de la Russie comme un moyen pour Poutine de remettre son pays en lice en Afrique et de conserver ses alliés tout en débauchant de nouveaux soutiens dans les batailles diplomatiques et stratégiques menées par la Russie. C’est sans doute cette logique qui a justifié la tenue d’un premier Sommet Russie-Afrique, en octobre 2019, et plus récemment les tournées africaines de Sergei Lavrov, le Ministre russe des affaires étrangères. Le rapprochement de la Russie de l’Afrique est d’autant plus scruté depuis l’engagement des sociétés militaires privées russes dans les opérations militaires en Afrique et dans la sécurisation des personnes et des biens, à l’exemple du groupe Wagner actif au Mali et en République centrafricaine. De nombreux observateurs et des rapports ont accusé le groupe Wagner d’exactions et de violation systématique des droits de l’homme, sans que pour autant son implication ne soit retenue par les dirigeants des pays en question. Nonobstant cela, le sujet qui rencontre à l’heure actuelle le plus de résistance dans le camp mené par les Etats-Unis dans les Etats africains, est assurément le faible désir ou refus de ces derniers de condamner et prendre des mesures de rétorsion pour manifester leur désapprobation des hostilités engagées entre la Russie et l’Ukraine. Pour ma part, ce refus de prendre des sanctions et ouvertement position pour un camp ou pour un autre doit en réalité être compris comme une volonté des Etats africains d’amener les parties belligérantes à renouer le dialogue, à privilégier le compromis et à s’engager dans un processus de paix, plutôt que d’encourager une escalade de la violence, et une sur médiatisation orientée au bénéfice d’une partie en conflit, et qui au final risquerait de déboucher sur une crise encore plus grave. L’Afrique est mieux placée pour porter le discours de l’apaisement. C’est le continent qui subit de plein fouet les conséquences de la guerre en Ukraine du fait de la perturbation des chaînes d’approvisionnement, et de la flambée des prix des matières premières et des produits de base.

    Vous conviendrez donc avec moi que toutes ces tensions affectent négativement l’évolution de l’Afrique et le quotidien de ses populations. Ces tensions se répercutent malheureusement aussi dans les relations bilatérales de nature diplomatiques et économiques. J’ai encore en mémoire le clash qui a opposé les Ambassadeurs américains et chinois en poste à Kinshasa (RDC), à la suite des révélations sur ce qu’on a appelé le contrat du siècle sino-congolais pour parler de la conclusion d’un méga-contrat en 2008 portant sur le cuivre et cobalt congolais, des minerais très prisés par les grandes industries de pointe chinoises et américaines. Les relations américano-africaines se trouvent aussi affectées par la concurrence qui apparaît entre ces puissances au moment de l’endossement des prétentions portées par l’une d’elles au sein des instances internationales. Le cas ukrainien illustre bien ce phénomène. En somme les rapports entre les Etats-Unis et l’Afrique aussi privilégiés qu’ils puissent être en ce moment, pâtissent de l’instrumentalisation des perturbations internationales par les puissances concurrentes, et aussi, des contre-performances provoquées par des rivalités qui embrassent désormais tous les secteurs d’activité. Il est peu probable que les Etats-Unis lâchent du leste en Afrique, surtout à une période aussi charnière. Seulement, l’efficacité de son action extérieure reste conditionnée par sa politique intérieure, l’interventionnisme du Sénat et de la Chambre des représentants qui ont un mot à dire sur le budget du Président des Etats-Unis.
    Quels sont les axes et acteurs principaux autour desquels pourrait se renouveller
    fondamentalement le partenariat entre l’Afrique et les Etats-Unis ?

    L’avènement de nouvelles formes de coopération entre les Etats-Unis et l’Afrique, plus soucieuses des priorités communes via ce qui a été baptisé le partenariat du XXIe siècle exige une profonde et transversale rédéfinition de tout ce qui se faisait à ce jour. Certes quelques politiques et projets novateurs doivent être conservés, mais il est indispensable de les mettre à jour en améliorant leur inclusivité. Je pense qu’il n’est pas surperflu de rappeler ici que l’Afrique est le continent qui connaît la croissance la plus rapide au monde. D’ici 2030, le continent comptera près de 1,7 milliard d’habitants, soit un cinquième de la population mondiale. Le taux élevé des jeunes qui y résident augmente les possibilités, et aussi les défis. Ces derniers qui se superposent aux enjeux mondiaux, concernent l’accès simplifié aux financements, le maintien d’un climat de paix qui entretiendrait la prospérité, une meilleure prise en compte des droits humains et de la gouvernance, le développement des infrastructures et de l’écosystème technologique, l’amélioration des conditions de santé et d’éducation, le renforcement des dispositifs normatifs ou encore, la promotion d’un multilatéralisme plus participatif. De mon point de vue, si on veut avoir une chance de convenablement relever lesdits défis, il faudra impliquer à la fois, les acteurs publics, les organisations multilatérales, le secteur privé, la société civile, les femmes et les jeunes, ainsi que les communautés de la diaspora. Dès lors qu’on conviendra de le faire, il deviendra plus évident de trouver des moyens pratiques pour atteindre les objectifs communs en matière de relations économiques, commerciales et d’investissement, de paix et sécurité, de démocratie, de sécurité alimentaire, dans la santé et l’humanitaire, de changement climatique, voire de coopération transversale avec l’UA par exemple. Si vous n’y voyez pas d’inconvénients, je voudrais dire quelques
    mots sur chacun de ces axes.

    Dans le cadre des relations économiques, commerciales et d’investissement américano-africaines, il subsiste des déséquilibres malgré l’immense potentiel reconnu aux deux partenaires. Avec la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine composée de 54 pays, l’Afrique est partie pour être le cinquième bloc économique du monde par la taille. Cela donne nécessairement droits à des opportunités en termes d’emplois, de consommation, d’innovation et de pouvoir pour peser dans une économie mondialisée. Toutefois, à ce jour plusieurs régions africaines prises individuellement n’arrivent pas à compétir ou à s’associer avec certains mastodontes américains. L’Afrique subsaharienne par exemple, ne représente que 2 % de la production et 3 % du commerce dans le monde, alors qu’elle compte 17 % de la population mondiale. Ce qui m’amène à dire que le partenariat commercial de l’Afrique avec les États-Unis doit être repensé, réformé de long en large. Je suis de ceux qui pensent que ce chantier doit débuter par l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), l’accord préférentiel le plus important qui lie les Etats africains aux Etats-Unis. Ce dernier pressenti un temps comme un outil de transformation économique par l’intermédiaire des exportations, présente à ce jour un bilan mitigé auprès de la majorité des parties africaines.

    En effet, en 2018, une bonne partie des exportations africaines vers les États-Unis était concentrée sur les ressources extractives, le pétrole, le gaz et les produits pétroliers représentant 73 % des importations américaines en provenance de la région dans le cadre du programme. Alors que des importations avec les mêmes droits sur des ressources américaines étaient inenvisageables. A cela, il faut ajouter que l’éligibilité des pays à l’AGOA est déterminée annuellement par le Gouvernement américain, par une décision insusceptible de recours, ce qui contribue à renforcer le caractère imprévisible du marché américain pour les exportateurs africains. Il faut dire que le pouvoir discrétionnaire des Etats-Unis en la matière a souvent porté préjudice aux parties africaines, en particulier lorsque celui-ci était utilisé à des fins politiques comme mesures de rétorsion contre des Etats en désaccord avec Washington. Cela s’est vu avec le Rwanda, Madagascar, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Cameroun etc. La fin de la dérogation accordée par l’OMC le 30 novembre 2015 à l’AGOA, arrivant à échéance le 30 septembre 2025, date d’expiration du régime lui-même, et les Etats-Unis ayant manifesté leur volonté de voir l’AGOA céder place à de multiples accords bilatéraux de libreéchange, je crois qu’il importe pour les parties africaines de «faire bloc et de parler d’une seule voix», pour négocier un accord de libre-échange unique entre les Etats-Unis et l’Afrique prise comme une seule entité. Il s’agit d’ailleurs là d’une option plus conforme aux engagements souscrits par les Etats africains au sein de l’Union africaine.

    Cela étant dit, le partenariat entre l’Afrique et les Etats-Unis doit s’approfondir sur d’autres sujets à forte valeur ajoutée. Par exemple dans le secteur des technologies numériques, y compris par le biais du commerce électronique au sens large, en privilégiant le transfert de technologie, et en veillant à la protection des données sensibles. Il doit aussi tenir compte des besoins réciproques et des avantages comparatifs. Ainsi donc, des relations d’affaires devraient être multipliées dans le secteur privé, entre les membres de la diaspora et le continent, les promoteurs de petites et moyennes entreprises, entre les opérateurs des services financiers, acteurs de l’industrie pharmaceutique, sociétés extractives, énergéticiens, sociétés de BTP pour la construction des infrastructures de qualité. Il me semble que les atouts de la diplomatie économique et commerciale ne sont pas suffisamment exploités par les deux partenaires. Il serait donc opportun de renforcer la présence des services commerciaux extérieurs auprès de chaque partie. Ces derniers pourront faciliter la multiplication des Hub commerciaux spécialisés dans les produits américains et africains.

    Evidemment tout cela ne pourra être possible que si les Etats-Unis et les Etats africains s’engagent de bonne foi à lever certains obstacles, au nombre desquels figure la dette bilatérale et multilatérale qu’elle soit publique ou privée. En matière de paix et de sécurité, il serait probablement approprié de faire évoluer l’approche indirecte privilégiée par les États-Unis et qui continue d’être expérimentée à travers le concept d’empreinte légère (light footprint). Ce dernier aussi efficace qu’il soit pour rapidement dénouer des situations complexes sur le terrain, ne permet cependant pas de transformer comme il se doit les causes lointaines et immédiates des conflits qui surgissent. La radicalisation, qu’elle soit d’origine islamique ou non et l’extrémisme violent qui donnent lieu aux conflits, sont le fruit d’un mal-être profond qui se conjugue à des lacunes structurelles systémiques. Il faut donc solutionner ces problèmes en mettant l’accent sur la prévention et satisfaction des besoins. Il est intéressant de savoir que les Etats-Unis s’investissent dans ce domaine. Comme l’a relevé Bakary Sambe, le Directeur de Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies (Dakar, Niamey), ce pays a mis en place le programme le plus poussé en matière de prévention dans la zone sahélienne. Il s’agit du « Projet Partenariat pour la paix P4P » – développé par USAID qui accompagne le G5 Sahel et aide des pays comme le Burkina Faso, la Centrafrique et le Niger à mettre en place des politiques de prévention de l’extrémisme violent. Ce programme a ainsi contribué ces dernières années à l’élaboration des stratégies de prévention de l’extrémisme violent. Les États-Unis ont en outre financé l’élaboration d’un guide régional pour la prévention de l’extrémisme violent, au sein du G5 Sahel. En tant que pays membre de l’Alliance pour le Sahel, les Etats-Unis envisagent également d’établir de nouveaux partenariats avec les donateurs, le secteur privé et le gouvernement hôte afin de renforcer les initiatives de développement et de réforme au Sahel, de même que pour lutter contre l’insécurité croissante en Afrique de l’Ouest.

    Sur les aspects purement militaires, je pense que les Etats-Unis devraient élargir leur
    entendement de la notion «d’Etats clés», par exemple, en agrandissant la liste des pays africains (anglophones, francophones, lusophones) déjà parties prenantes à la résolution des conflits ou non, et pouvant bénéficier de leurs expérience et expertise durant des événements majeurs. Je fais référence ici au plus grand exercice militaire conjoint (l’exercice militaire international « African Lion ») qui a l’habitude d’être co-organisé par le Maroc, pays hôte depuis 2004. Comme a pu le préciser le Général Townsend d’AFRICOM, cet exercice a d’abord pour objectif «d’améliorer le niveau de préparation, les compétences des armées participantes et de renforcer les partenariats ». Il consiste en des manœuvres terrestres, aéroportées, aériennes, maritimes, de décontamination NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique) et d’assistance médicale et humanitaire.

    Je dois enfin dire qu’en s’inspirant des recommandations formulées lors du Sommet pour la démocratie tenue à Washington en décembre 2021 et d’après les échos qui nous reviennent du forum sur la paix, la sécurité et la gouvernance organisé lors de la première journée du Sommet des dirigeants, des réaménagements devraient continuellement s’opérer sous l’impulsion des Etats-Unis et des Etats africains en matière de renforcement des institutions et des valeurs démocratiques, de gestion des institutions militaires par des civils, de responsabilité et respect des droits humains, et d’implication des femmes, des jeunes et de la société civile dans la consolidation de la paix.

    Ces derniers aspects tombent à point nommé dans un contexte où les assauts contre la paix aussi bien dans les pays africains, qu’en Ukraine, ont de graves conséquences sur les populations. En effet, en plus de la fragilité liée à l’existence de plusieurs conflits internes, la crise russo-ukrainienne est venue accentuer l’insécurité alimentaire qui règne dans certains territoires africains. Au regard des catastrophes que cela entraîne, il serait tout à fait juste que les nouvelles modalités de coopération entre les Etats-Unis et l’Afrique s’intéressent de plus près à ces problèmes. Les Etats-Unis ont initié le programme Feed the Future dédiée depuis 15 ans à l’amélioration à long terme de la sécurité alimentaire, en particulier avec des partenaires de toute l’Afrique. Ils ont aussi annoncé un supplément de 215 millions de dollars pour l’aide alimentaire d’urgence en Algérie, au Cameroun, en Ouganda, au Zimbabwe, en Mauritanie, au Nigeria, au Burkina Faso, au Rwanda, en Tanzanie et au Kenya, entre autres pays. En avril 2022 l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), a
    décidé de fournir plus de 311 millions de dollars d’aide humanitaire supplémentaire pour soutenir les personnes vulnérables dans les régions du Sahel et du bassin du lac Tchad. Le financement supplémentaire annoncé aujourd’hui permettra aux partenaires de l’USAID de fournir une aide alimentaire et nutritionnelle d’urgence à plus de 3,8 millions de personnes. Mais ces montants et l’action unilatérale d’un pays ne permettront pas de renforcer la résilience agricole sur le long terme. Il est donc souhaitable que les Etats africains et les EtatsUnis mobilisent d’autres partenaires et institutions multilatérales, de même nature que la Banque africaine de développement (BAD) qui a mis en place un plan d’un milliard de dollars pour aider 40 millions d’agriculteurs africains à utiliser des technologies résistant au climat et accroître les rendements des cultures.

    A l’heure de la pression due au changement climatique, il n’est vraiment plus acceptable de lésiner sur les moyens et options à prendre. La COP27 qui a eu lieu il y’a quelques semaines en Egypte est venue nous rappeler d’écouter notre instinct de survie et de coopérer pour faire comme l’a si bien dit le Président Joe Biden, «des progrès vitaux d’ici la fin de cette décennie» et avoir une chance d’échapper en commun à un funeste destin. Toutefois, j’aimerai rappeler que même dans cette quête de survie il est nécessaire que chaque partie puisse y apporter du sien. Les États-Unis comptent environ pour 4% de la population mondiale et contribuent à hauteur d’environ 11 % des émissions mondiales, ce qui les placent au deuxième rang des pays émetteurs après la Chine. Parallèlement, l’Afrique subsaharienne, qui représente 17 % de la population mondiale, ne produit que 3% des émissions. Même s’il pèse une responsabilité plus lourde sur les Etats-Unis, ses partenaires africains doivent pouvoir trouver le moyen de travailler en bonne intelligence pour mener le combat de l’adaptation et renforcer leur résilience en recourant autant que possible aux énergies dites propres.

    Le dernier axe de consolidation de la relation partenariale américano-africaine qu’il me semble important de mentionner est relatif au resserrement des liens entre les Etats-Unis, l’Union africaine et les regroupements politiques et économiques sous-régionaux. Avec l’Union africaine en particulier, je ne peux que saluer la coopération plus transversale annoncée à la suite du huitième dialogue annuel de haut niveau entre les États-Unis et la Commission de l’Union africaine, organisé en mars 2022 à Washington. Le Président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat prenant part au sommet des dirigeants, on peut espérer qu’il obtienne des Etats-Unis un soutien plus prononcé à la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et un engagement plus significatif pour la mise en œuvre des programmes et projets de l’Agenda 2063 pour parvenir à un développement économique inclusif et durable, et mettre en place des chaînes de valeur régionales tout en stimulant la compétitivité et les perspectives d’investissement pour un bénéfice mutuel.

    Au plan bilatéral, ce Sommet n’est-il pas une opportunité pour renforcer les liens
    entre le Cameroun et les Etats-Unis?

    Effectivement, la participation du Président de la République, Son Excellence Paul Biya, au Sommet des dirigeants qui se tient depuis deux jours à Washington, sur invitation de son homologue américain témoigne d’une sorte d’alignement des points de vue sur les sujets essentiels qui intéressent le Cameroun et les Etats-Unis. La symbolique de ce déplacement est assez forte après une limitation des mouvements des très hauts responsables à l’extérieur à cause de la Covid-19. Comme j’ai eu à l’évoquer, le Président Joe Biden a une bonne connaissance de l’Afrique et dont de ses dirigeants emblématiques, au nombre desquels figure le Président Biya, qui comme vous le savez aussi bien en Afrique que dans le reste du monde jouit d’une très grande considération, et est apprécié pour son expérience et sa pondération. Dès sa prise de fonction en janvier 2021, le Président Biden a montré des signes d’un intérêt particulier pour le Cameroun, leader de la CEMAC et pour l’évolution de sa situation économique et socio-sécuritaire. La nomination depuis le 19 avril 2021 par le Président de S.E Christopher John Lamora, comme Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Cameroun traduisait déjà sa volonté de renouer le contact après presque trois années (2017) où le poste était occupé par une Chargée d’affaires ad interim. En accordant sa confiance à Son Excellence Lamora, sans doute les autorités américaines ont voulu mettre à la disposition de Yaoundé un interlocuteur de confiance, capable de comprendre le contexte sans se laisser influencer par des préjugés ou par une certaine propagande, et surtout apte à échanger sur place avec des personnes dignes de foi. S.E Christopher John Lamora qui assume ce rôle a présenté la Copie Figurée de ses Lettres de Créances au Ministre camerounais des Relations Extérieures, S.E Lejeune Mbella Mbella, le 21 mars 2022.Il se trouve aussi qu’il connaît bien le Cameroun pour y avoir été en poste au Consulat général de Douala entre 1992 et 1993. Bien que peu de temps se soit écoulé, je peux affirmer que sous l’ère Biden, les rapports entre le Cameroun et les Etats-Unis connaissent une positive évolution. Les deux pays sont des partenaires qui s’apprécient. Ils entretiennent des relations diplomatiques depuis 1957. Il s’agit donc de relations privilégiées très anciennes qui ont plusieurs fois été magnifiées par des visites présidentielles et de hautes personnalités dans les deux pays. A ce jour, la coopération entre les deux pays reste très dynamique. Les Etats-Unis étant d’ailleurs l’un des pays où la diaspora camerounaise est la mieux représentée.

    A l’occasion d’un Sommet des dirigeants Afrique – Etats-Unis, il était donc logique que le Président de la République soit convié parmi d’autres leaders africains de premier ordre. Depuis son arrivée, le Président Paul Biya fait l’objet d’une grande attention de la part des hauts responsables politiques et économiques américains. Dèjà à la veille du début du Sommet, soit le 12 décembre, il a été invité à prendre la parole lors d’une table ronde privé sous le thème : «Comment la finance peut constituer un atout à l’égard des défis pressants et des opportunités de l’Afrique et contribuer à la résolution des problèmes apparemment sans solution à l’échelle mondiale?». Le thème plutôt évocateur de cette assise lui a donné l’opportunité de donner sa lecture et de proposer des solutions pérennes aux problèmes posés. Après avoir dénoncé les maux qui minaient l’utilisation optimale des finances, au nombre desquels figurent l’existence d’un cadre juridique et réglementaire très contraignant, la mise en gage des ressources naturelles et une orientation aujourd’hui dépassée de l’aide publique au développement, le Président Paul Biya a suggéré à l’ensemble des parties prenantes de consentir à mobiliser des volumes de capitaux plus importants sur le long terme, d’acter la transformation des ressources naturelles dans les lieux de leur extraction, et de mettre en place un marché local des capitaux susceptible d’offrir des outils adaptés au financement du développement en Afrique.

    Par ailleurs, durant le premier jour du Sommet, le 13 décembre, le Président Paul Biya a exprimé ce qui selon lui semblait être la voie à suivre en matière spatiale. C’était lors du Forum sur la coopération civile et commerciale entre les Etats-Unis et l’Afrique dans le domaine spatial. Il a ainsi relevé qu’au regard des défis posés par la maitrise de la technologie pour faciliter la vie en commun, et aussi, assurer l’avenir de l’humanité, un usage démocratisé de la technologie spatiale à travers les outils satellitaires et numériques constituait une chance dont qui devrait bénéficier le plus grand nombre.

    Puisque la troisième journée du Sommet qui se tient ce jour doit être ponctuée par des discussions plus formelles entre dirigeants sur les enjeux mondiaux et régionaux, il ne fait pas de doute que le Président ne manquera pas de donner son avis. Mais déjà, on peut s’attendre à ce qu’il reste fidèle aux positions et valeurs partagées par le Cameroun, relativement à la promotion du dialogue et du recours aux modes pacifiques pour la résolution des différends, ou encore, à l’expression d’une solidarité agissante. Il est clair qu’en dehors des thématiques globales, le Président Paul Biya s’attardera sur la situation du Cameroun. En particulier, en matière sécuritaire et économique. Dans le premier cas, c’est-à-dire socio-sécuritaire, j’observe une diminution considérable de la violence, même si des fractions armées restent actives et dangereuses, et que les défis humanitaires demeurent urgents, que l’on soit au Nord-Ouest et Sud-Ouest, ou à l’Extrême-Nord. Sans doute aussi, le Président ne manquera pas d’apprécier les résultats obtenus par le soft power de la diplomatie camerounaise qui a permis il y’a à peine quelques semaines d’attraire devant la justice américaine plusieurs individus d’origine camerounaise accusés d’avoir financer, acquis et fait convoyer illégalement des armes à destination des groupes armées qui sévissent au Cameroun. Une étape supplémentaire pourrait être de plaider pour une extradition des personnes incriminées et pour une recherche plus active sur le sol américain des autres personnes impliquées dans ces actes criminels. En outre, les autorités américaines ayant désormais des informations plus conformes aux réalités du terrain au Cameroun, des discussions seront probablement engagées pour aboutir à la levée des sanctions prises à l’endroit des forces de défense et de sécurité, notamment, concernant la suspension des programmes de formation de certains corps d’élite, la validation des contrats portant sur du matériel militaire et la réévaluation de l’aide militaire octroyée par l’administration américaine au Cameroun.

    Dans le domaine économique, par contre, le plaidoyer devrait tout d’abord porter sur la réintégration du Cameroun dans le système préférentiel de l’AGOA dont il avait été suspendu en 2019.Ensuite, la délégation camerounaise devrait sous la houlette du Président Paul Biya poursuivre les négociations sur l’ouverture effective d’un Trade and Investment Hub américain pour l’Afrique Centrale à Douala ; le projet de mise en place d’un showroom des produits agroalimentaires à Philadelphie aux USA dont les négociations sur le financement sont en bonne voie ; et enfin, le Projet de réouverture du Consulat Honoraire du Cameroun à Houston.

  • Les « microbes » ou la désespérance d’une jeunesse 

    Les « microbes » ou la désespérance d’une jeunesse 

    Douala, la prospérité de la désespérance des jeunesses dans une ville où sont pourtant célébrées au quotidien les eucharisties.
    Comment comprendre cette décrépitude morale et ce froissement des imaginaires portant ces jeunesses dans des jardins des aubes nouvelles ? Les microbes, ne sont-ils pas réellement ces usines à fantasmes et ces comptoirs de la vente des illusions qu’on appelle églises, mosquées, temples etc?
    La dégénérescence et la castration des horizons attestent que nos villes et villages ne sont habités que par des religions aux dieux spectaculaires et donc sans empreintes dans les sites où les jeunesses prennent des options pour des ailleurs. Suffit-il de fermer les bars, d’interdire le port d’armes blanches pour reconstruite des imaginaires liquidés et liquéfiés? Non ! Ce ne sont pas les bars qu’il faut fermer. Il ne s’agit pas non plus de sauver les mains de ces jeunesses de la dictature de la drogue. L’urgence des urgences est ailleurs, là où l’on ne veut pas aller, alors que c’est là-bas qu’il faudrait justement aller. Face à ces supermarchés achalandés par de fausses questions et de fausses réponses, face aussi aux religions de la démission là où la décision de prendre en charge la construction de la destinée humaine, eh bien, ce sont les églises, mosquées et temples qu’il faut fermer. Ce n’est qu’à partir de la fermeture de ces sanctuaires de ventes des spiritualités de friperie que nos jeunesses aux conseils remis entre leurs mains, pourront se décider pour un Avent des avants.
    Douala est la ville-témoin de la pollution mentale fruit d’une enflure du religieux ayant offert comme eucharisties pour croire et croître la drogue et le sexe. Quelque chose d’autre est-il proposé à ces jeunesses? Oui! Il leur est proposé des veillées de prières, des jeûnes, des demandes de messes, la bénédiction des Bics, un catéchisme désuet et démodé, un rosaire ne faisant éclore aucune rose dans leur quotidien où manger, se soigner, relèvent du miracle. La véritable gangrène des sociétés africaines, est là: la prolifération des religions ayant enfanté une société de la prostitution existentielle. Naître à Douala et ne pas être microbe, relève de l’impossibilité. Faire le diagnostic social, c’est quitter les solutions de cosmétique ou des mesures de vernis. Le diagnostic social doit questionner la gestion de nos imaginaires et quels en sont les patrons. Le tragique des jeunesses de Douala, jeunesses-temoins, réside dans leur enferment dans des discours d’enfumage des imaginaires et de brouille des horizons et dans des eucharisties insipides ne leur ouvrant qu’à de faux idéaux. La religion, superstructure de renforcement de l’infrastructure, voilà ce qu’il faut déconstruire. Il faut exiler les dieux du ciel pour entrer en alliance avec ceux de la terre qui nous commande d’habiter la terre.
    Loin de travailler à l’achat des terrains, à la construction des églises, des mosquées, des temples castrant l’appétit des grandes extases, l’unique discours qu’il faut tenir à ses jeunesses est de déconstruire les cathédrales, temples et mosquées qu’ils construisent sans que ceux-ci aient jamais entrepris de construire quelque chose en eux comme mémoire de l’histoire d’une vie en marche vers la liberté. Comme le barbu révolutionnaire de Jérusalem, ces jeunesses ne doivent avoir qu’un seul rêve : la lutte pour la chute des temples parsemés ici et là sans qu’aucun sens ne soit semé. Oui, il ne doit plus avoir pierre sur pierre! Là est la liberté de construction de la nouvelle phrase de sens. Les microbes sont les religions.
    Père Ngimbus
  • Un droit n’est pas une faveur

    Un droit n’est pas une faveur

    Par Jean-Claude Djéréké
    Ses partisans et adeptes aiment dire et/ou écrire que Dramane Ouattara a changé positivement le visage de la Côte d’Ivoire en bâtissant des ponts et en bitumant les routes un peu partout. Ils appellent cela de la magie et insistent sur le fait que « le candidat de l’étranger » (dixit Laurent Gbagbo qui n’aurait jamais dû autoriser sa candidature à l’élection présidentielle) a pris les rênes du pays « dans un chaos généralisé ».
    D’abord, est-il sensé de s’extasier devant des ouvrages qui, en plus d’être de très mauvaise qualité, ont reendetté le pays comme ce n’est pas permis ?
    Ensuite, tout le monde sait qui causa le chaos dans le pays, qui était pressé d’occuper le fauteuil présidentiel avant l’inhumation d’Houphouët, qui laissa entendre qu’il frapperait le régime de Bédié, qui exigea une reprise de l’élection d’octobre 2000, qui promettait de mélanger le pays si sa candidature était rejetée, qui eut recours à des coups d’État contre Bédié, Gueï et Gbagbo.
    Enfin, qu’est-ce qui nous dit que les Ivoiriens n’auraient pas eu plus tôt des ponts, routes bitumées et autres échangeurs de meilleure qualité si le père de la chienlit avait laissé Henri Konan Bédié, Robert Gueï et Laurent Gbagbo travailler en paix ?
    Ouattara ne mérite donc aucune reconnaissance. On ne devrait pas non plus lui dire merci pour le retour des Ivoiriens qu’il a gardés en exil pendant 11 ans. Notre Constitution ne nous demande pas de nous agenouiller devant le violeur de cette Constitution. Rentrer dans son pays n’est pas une faveur mais un droit. Il n’y a aucun arrangement à faire avec celui qui injustement vous a obligé à quitter votre pays. Ceux et celles qui ont fait ce type d’arrangement sont coupables d’ignorance et d’indignité.
    Quand la justice demande à un voleur de vous rendre votre montre et que ce voleur vous la restitue, allez-vous le remercier sous prétexte qu’il n’est pas bon d’être ingrat ? Si vous le faites, alors vous êtes tout simplement un imbécile.
    Ceux qui sortent de prison 10 ans après y avoir été jetés et ceux qui rentrent d’un exil forcé, s’ils pensent qu’ils doivent remercier le dieu Ouattara, pourquoi ne lui expriment-ils pas leur gratitude pour l’air qu’ils respirent ? N’importe quoi !!! On dirait que certaines personnes marchent sur la tête, que leur bêtise est sans limites.
  • Minette Libom Li Likeng: « Dans les réseaux sociaux, les dangers sont bien réels »

    Minette Libom Li Likeng: « Dans les réseaux sociaux, les dangers sont bien réels »

    Le discours d’ouverture de madame la ministre des Postes et Télécommunications à l’occasion du 1er forum sur:  « la Face cachée des réseaux sociaux » tenu à Yaoundé ce 30 novembre 2022,

    C’est avec beaucoup d’émotion et un grand plaisir, que je prends la parole ce jour, pour m’adresser aux étudiants des établissements d’enseignement supérieur de la ville de Yaoundé, à l’occasion de la première édition du Forum sur «la Face cachée des réseaux sociaux», qui se tient ce jour dans cet amphithéâtre de l’Ecole Nationale Supérieure des Postes, Télécommunications et TIC.

    L’émotion et le plaisir que j’éprouve sont d’autant plus importants, au regard du nombre que vous êtes, et surtout, par ce que je rencontre des jeunes camerounais, « l’avenir du Cameroun » comme nous le savons tous, et pour leur engagement dans les TIC, moteur de l’économie numérique au Cameroun.

    Avant de poursuivre mon propos, je voudrais, tout en vous souhaitant à mon tour une chaleureuse bienvenue à SUP’PTIC, vous remercierez tous d’être venus si nombreux, à ce grand rassemblement en vue de la lutte contre la cyber délinquance dans notre pays .

    Remerciements tout particulier à tous les chefs d’établissements d’enseignement supérieur qui ont répondu favorablement à notre invitation.

    Remerciements à Monsieur le Directeur de SUP’PTIC, pour les souhaits de bienvenue et également pour toutes les diligences et sollicitudes qui ont permis l’organisation de cette activité importante.

    A tous les étudiants, j’adresse mes salutations les plus cordiales, tout en formulant le vœu que, ce forum de sensibilisation porte les fruits proposés, à savoir davantage l’attitude estudiantine, pour ce qui est de l’adoption des comportements responsables et citoyens dans les réseaux sociaux.

    Le forum qui se tient ce jour, est organisé par l’Ambassadrice de bonne volonté pour la promotion de la cybersécurité et l’utilisation responsable des réseaux sociaux, Mme Ngo Njel Angela et le mouvement «Jeunesse et déviances dans les réseaux sociaux».

    Il a pour objectif d’attirer l’attention des étudiants qui constituent la tranche la plus exposer aux dangers cybernétiques, sur les risques encourus dans les réseaux sociaux, et de les amener à adopter des attitudes citoyennes pendant leur déploiement dans le cyberespace.

    De manière spécifique, il s’agit :

    • D’identifier les principales menaces du cyberespace et d’éveiller l’attention des étudiants sur ces menaces ;
    • De demander leur adhésion à la mise en place de mesures de cybersécurité ;
    • De prodiguer des conseils pratiques aux jeunes sur les comportements à adopter pour assainir leurs réseaux sociaux ;
    • De former des pairs-éducateurs dans l’utilisation responsable des réseaux sociaux.

    Y partie fumeur, plus de 720 étudiants issus de 24 établissements d’enseignement supérieur.

    Je voudrais donc exprimer ma profonde gratitude à Mme Angela NGO NJEL ainsi qu’à tous les membres du mouvement « Jeunesse et déviances dans les réseaux sociaux », d’avoir associé le Ministère des Postes et Télécommunications à cette initiative importante, qui concourt à la réalisation des objectifs gouvernementaux en matière de lutte contre toutes formes de déviances dans les plateformes numériques au Cameroun.

    Grâce à ce forum, de nombreux étudiants sensibilisés vont rejoindre la coalition nationale pour la cybersécurité dans notre pays, en s’engageant à leur tour, dans cette noble bataille qu’est la lutte contre la cyberdélinquance.

    Ce forum, vous l’avez sans doute compris, rentrez donc dans le cadre de la campagne nationale pour la promotion de la culture de la cybersécurité et, la sensibilisation à l’usage responsable des réseaux sociaux.

    Faut-il encore le rappeler, c’est suite aux Très Hautes prescriptions du Chef de l’Etat, Son Excellence M. Paul BIYA, Président de la République du Cameroun, que le Ministère des Postes et Télécommunications engagé depuis le 12 août 2020 , une Campagne Nationale pour la promotion de la culture de la cybersécurité et la sensibilisation à l’usage responsable des réseaux sociaux, sous le thème : « Tous mobilisés pour la cybersécurité au Cameroun ».

    En effet, les deux dernières décennies ont vu l’évolution exponentielle et progressive des technologies de l’information et de la communication et, leur intégration dans presque tous les aspects de notre vie.

    L’Internet aujourd’hui est en état de siège. Le volume, la vitesse, la variété et la complexité des menaces dans le cyberespace et les infrastructures connectées ne cessent d’augmenter à l’échelle mondiale.

    Les cybercriminels ont montré qu’ils peuvent exploiter de manière émotionnelle ou technique, la naïveté et l’impréparation des utilisateurs des services numériques, pour attaquer avec précision les institutions, les personnes, ainsi que les contenus et les services numériques.

    En effet, dans plusieurs pays, les attaques contre le cyberespace ont favorisé la recrudescence de la délinquance, de la radicalisation de la jeunesse, la déstabilisation sociale, des pertes financières.

    Il devient nécessaire pour chaque pays, de s’engager dans la bataille pour assurer l’intégrité et la sécurité du cyberespace.

    Au Cameroun, la révolution numérique, prescrite par le Chef de l’Etat, son Excellence M. Paul Biya a été adoptée pour booster l’économie et, utiliser le potentiel des technologies de l’information et de la communication pour impulser le développement à travers notamment, la création d’emplois, la facilitation de l’accès à l’information, le développement du commerce, ou encore l’amélioration de l’éducation par les contenus en ligne.

    Au cours de la dernière décennie, notre pays a connu de grandes réalisations dans la mise en place des infrastructures nécessaires aux TIC et un accès croissant et largement répandu d’Internet à haut débit. De moins de 10% en 2007, la pénétration d’Internet au Cameroun a atteint les 30% en 2020.

    Conscient des menaces réelles portées par l’univers virtuel, et du dévoiement de plus en plus récurrent des réseaux sociaux dans notre pays, le Président de la République, qui est sans conteste, celui qui a le mieux adressé cette problématique, déclarait le 10 février 2018 en s’adressant aux jeunes (je le cite) : «Les réseaux sociaux vous offrent à cet égard un champ d’expression de prédilection. Chaque fois qu’en un clic, vous empruntez ces autoroutes de la communication qui vous donnent une visibilité planétaire, il vous faut vous souvenir que vous n’êtes pas pour autant dispensés des obligations civiques et morales, telles que le respect de l’autre et des institutions de votre pays. Soyez des internautes patriotes qui œuvrent au développement et au rayonnement du Cameroun, non des followers passifs ou des relais naïfs des pourfendeurs de la République. Le Cameroun de demain, qui se construit sous nos yeux, n’aura plus grand-chose à voir avec celui d’hier. Vous en serez les premiers bénéficiaires. Il faudra vous en montrer dignes » (fin de citation). 

    Ce propos présidentiel a inspiré non seulement l’action du Ministère des Postes et Télécommunications, mais aussi la trame  de la toute première campagne  d’envergure sur la promotion de la cybersécurité et de sensibilisation à l’utilisation responsable des réseaux sociaux.

    Cette Campagne est devenue aujourd’hui de plus en plus nécessaire, au lendemain de la pandémie du coronavirus, qui a entrainé une dépendance de plus en plus grande des outils numériques. Et par conséquent, une plus grande exposition à la cybercriminalité.

    Nous ne cesserons jamais de déplorer, la situation qui prévaut actuellement au Cameroun, caractérisée  par la montée en puissance de la criminalité et de la délinquance sur internet : informations erronées et images montées de toutes pièces, pour désinformer et semer la psychose au sein de l’opinion, pour mettre à mal le vivre ensemble et la paix sociale, ou alors, jeter du discrédit sur le pays, sont diffusées en boucle à travers les réseaux sociaux. Il en est de même des images obscènes, ainsi que des calomnies et diffamations de tous ordres. A cela s’ajoutent le piratage des sites web et comptes Facebook de hautes personnalités et institutions, les incitations à la révolte contre les institutions de l’Etat.…

    Le processus de transition digitale en cours au Cameroun ne pourrait atteindre sa vitesse de croisière en dehors d’une utilisation maitrisée des réseaux sociaux, gage d’une confiance numérique adéquate.

    A titre de rappel et de manière simplifiée, un réseau social est un ensemble d’individus ou d’organisations reliés par un groupe d’applications en ligne, fondées sur la philosophie et la technologie du net, et permettant la création, le partage et la discussion du contenu généré et diffusé par les utilisateurs.

    Plusieurs types de réseaux sociaux sont utilisés à travers le monde, dont les plus connus au Cameroun sont WhatsApp, Facebook, Twitter, Instagram, LinkedIn, YouTube, TikToc.

    En effet, ils sont un moyen gratuit et facile de communication avec les amis, la famille, partout dans le monde de manière instantanée. On peut y partager, pensées, messages, photos, et autres vidéos, à l’aide d’un simple clic.

    Ils sont également aujourd’hui un outil utile pour le travail quotidien dans les Administrations, organisations et entreprises car, permettent un contact direct avec les employés et les clients. Ce sont en outre des moyens efficaces de publicité qui s’imposent de plus en plus pour les activités commerciales.

    Pour les jeunes d’aujourd’hui, utiliser les réseaux sociaux représente l’une des activités les plus courantes tant pour leurs apprentissages que pour des besoins de loisir.

    Ainsi, bien que plusieurs avantages découlent des réseaux sociaux, les inconvénients et les dangers qui en résultent sont aussi nombreux que variés. Dans les réseaux sociaux, presque tout est virtuel (les amis, les interactions, l’argent, …). Une seule chose est sûre, les dangers sont bien réels. Nous citerons entre autres :

    • Addiction: les utilisateurs passent la majeure partie de leur temps sur les réseaux sociaux ;
    • Exposition de la vie privée: les photos de toutes sortes qui sont ainsi exposées sur la place publique ;
    • Perte de la propriété des données échangées: tout ce que l’on publie sur le mur ou la page web de son réseau social (photos, vidéos, écrits, etc.), ne vous appartient vraiment plus après le clic. Ce qui n’est pas sans conséquences sur votre vie future ;
    • Usage du faux: il est possible de créer de faux profils afin d’usurper la personnalité d’autrui ou pour toute autre raison ;
    • Vol d’identité: l’un des dangers des réseaux sociaux est de ne pas protéger correctement la confidentialité de votre profil, car le vol d’identité est très courant ;
    • Harcèlement et Cyber intimidation: Les informations recueillies à travers les réseaux sociaux favorisent ces délits qui font beaucoup de victimes ;
    • Désinformation : les réseaux sociaux sont souvent utilisés pour véhiculer des informations erronées engendrant souvent des conséquences néfastes sur les individus ou les institutions.

    Quoiqu’il en soit, la mauvaise utilisation de ces réseaux sociaux malheureusement, parce qu’elle porte atteinte aux biens et aux personnes, constitue une menace grave pour les individus, les entreprises et les Etats.

    Et le Cameroun n’est pas épargné par cette vague déferlante que constituent les réseaux sociaux. Autant les réseaux sociaux contribuent à l’essor de l’économe numérique si chère au Président de la République et au développement économique social et culturel, autant leur utilisation malveillante, aux fins de désinformation et de distorsion de la réalité, est de nature à créer la psychose au sein de l’opinion publique et à rompre l’équilibre social.

    En un mot, nous en sommes aujourd’hui au règne des «fake news» et des «deep fake».

    L’usage des réseaux sociaux a été dangereusement dévoyé, au point que ce qui apparaissait au premier abord, comme une formidable opportunité pour la démocratie numérique, s’est mué en menace sur notre vivre-ensemble.

    Il convient de relever que la principale raison du succès des auteurs de ces actes est l’ignorance de leurs victimes. D’où l’importance de la sensibilisation.

    Plusieurs programmes sont donc engagés dans le cadre de la campagne nationale de promotion de l’utilisation responsable des réseaux sociaux.

    Au cours de la première année, plusieurs rencontres et fora se sont tenues avec les Administrations, les entreprises, les experts et la société civile, dans le but d’intégrer toutes les composantes sociétales dans la coalition nationale pour la cybersécurité au Cameroun.

    Des sessions  de renforcement de capacités se sont déroulées à l’intention des influenceurs et surtout à l’intention des journalistes, afin de les capaciter sur les enjeux liés à l’utilisation des réseaux sociaux.

    La campagne s’est poursuivie, par des programmes de formation des acteurs locaux, des ateliers de sensibilisation des jeunes, étudiants et élèves, la sensibilisation par SMS, qu’une campagne média, y compris dans la presse en ligne et les réseaux sociaux.

    Cette sensibilisation, il convient de le signaler, s’accompagne d‘une opération d’affichage dans les administrations et   institutions publiques, ainsi que dans  les établissements d’enseignement supérieur, secondaire et primaire.

    Le véritable enjeu ici est de créer une coalition nationale pour la cybersécurité au Cameroun.

    Les enjeux de la campagne évoquée plus haut et de l’événement qui nous rassemble aujourd’hui, visent la mobilisation de la jeunesse, fer de lance de la Nation camerounaise autour de la cybersécurité, dont on sait qu’elle constitue une condition essentielle pour le développement de l’économie numérique.

    Et pour ce faire, le Minpostel a jugé opportun de s’appuyer sur des figures et des personnalités d’excellente réputation, en vue de contribuer à relayer auprès des publics, les messages clés de la campagne pour la cybersécurité.

    Je voudrais à cet effet leur exprimer la gratitude du Gouvernement, pour avoir accepté de mettre à contribution leur image pour aider le Gouvernement à relever cet important défi.

    Permettez-moi de vous présenter quelques uns de ces Ambassadeurs.

    • Atah Francis Ngong alias Atebazor, journaliste, artiste musicien, PCA de la Socinada
    • Nzometiah Nervis Tetsop, Tech innovator, étudiant à l’Université de Buea, Prix du Président de la République pour le meilleur projet TIC de l’année 2020.
    • Christian Bayang, entrepreneur, international de basket ball, fondateur de la Christian Bayang Academy.
    • Mme Ngo Njel Angela, que nous n’allons plus présenter, Ingénieure des télécommunications, meilleure élève SUP’PTIC année 2020.

    À ces «Ambassadeurs», nous avons voulu désigner, à l’issue de ce forum, des « pairs éducateurs », dans l’utilisation patriote des réseaux sociaux.

    Ce sont des jeunes formés pour aider leurs camarades, à adopter un comportement sain et responsable dans les réseaux sociaux.

    Le concept de «paire-éducation» comme dans tous les secteurs, part du principe qu’un jeune aime apprendre d’un autre jeune comme lui, qui partage les mêmes vécus, qui est confronté aux mêmes problèmes socioéconomiques.

    A cet effet, notre objectif est d’engager des jeunes à devenir des relais du message de sensibilisation auprès de leurs pairs car, il est avéré qu’ils communiquent mieux entre eux, qu’avec les adultes.

    C’est donc l’occasion pour moi, de féliciter tous les jeunes qui deviendront des pairs éducateurs au terme de ce forum. Et dans ce cadre des certificats leur seront décernés aujourd’hui. Des supports de sensibilisation seront également remis aux responsables d’Institutions.

    Nous sommes conscients que si les attitudes malveillantes sur l’internet ne sont pas maîtrisées, les avantages numériques qu’internet est censé procurer pourraient ne jamais être atteints.

    Les contenus inadaptés, les contacts inappropriés, les informations personnelles sensibles soit en ligne, soit par « texto », la diffusion de la vie privée, portent atteinte à la réputation.

    En les publiant souvent dans l’ignorance, les conséquences de ces actes sur leurs auteurs et sur les autres, de même que sur leur « empreinte numérique » à long terme, peuvent être désastreuses.

    Dans son livre, « Pour le libéralisme communautaire », pp 157-158, le Président Paul BIYA disait (je le cite): Selon notre conception du développement, l’homme doit en être le produit et le bénéficiaire.  Nous devons donc assurer une éducation complète à la jeunesse. Les médias sont appelés à y jouer un rôle déterminant.  Plus généralement, les médias ont la responsabilité de contribuer à la réalisation du développement national dans le respect de leur liberté. Les médias cybernétiques, en l’occurrence les réseaux sociaux doivent être exploités dans le souci partagé de renforcer l’unité nationale, de consolider la paix, de préserver l’intégrité territoriale, de valoriser l’image du Cameroun à l’étranger et de susciter l’adhésion et le soutien de nos compatriotes pour les causes nationales (fin de citation).

    C’est l’occasion pour moi de féliciter vivement la promotrice de ce forum pour son initiative qui, en participant à la consolidation de notre coalition,  répond aux Très Hautes Interpellations du Chef de l’Etat.

    A vous, mes chers étudiants, point n’est besoin de vous rappeler, l’importance du numérique pour vos activités et vos études, et au-delà, pour l’émergence de notre pays. Et la Très Haute Volonté du Chef de l’Etat est de tirer parti de ce secteur, pourvoyeur d’emplois notamment pour les jeunes et accélérateur de croissance.

    Pour ce faire, il est important de répondre, par des attitudes désormais citoyennes, aux appels incessants qu’Il  lance à la jeunesses androïd.

    Il nous faut ensemble, et chacun en ce qui le concerne, nous interroger chaque jour.

    Est ce que je suis un patriote lorsque je propage des informations mensongères sur mon pays ? Le message que je viens de recevoir est-il vrai ? Pourquoi me l’envoie t-on ? Et si je le transfère, quelles pourraient en être les conséquences ?

    Les sessions qui se dérouleront tout à l’heure, au-delà de l’action du Gouvernement, vous présenteront la réglementation en vigueur et les sanctions à l’encontre des délinquants sur internet, ainsi que les impacts négatifs sur la santé mentale.

    Il nous faut donc ensemble, relever le défi non seulement de la promotion de l’accès aux TICs, mais aussi et surtout, d’un usage responsable et citoyen, pour lutter contre les effets pervers qui constituent la face cachée des réseaux sociaux.

    C’est notre contribution pour bâtir l’avenir du Cameroun.

    Pour que vive la cybersécurité au Cameroun!

    Vive le Cameroun et son illustre chef, le Président de la République.

    Je vous remercie de votre bienveillante attention.

  • Construction de l’Eglise: la nécessaire révolution idéologique des systèmes éducativo-formatifs

    Construction de l’Eglise: la nécessaire révolution idéologique des systèmes éducativo-formatifs

    Par Père Ngimbus

    Les évêques africains et les animateurs des congrégations religieuses me semblent être de grands comédiens. En effet, ils veulent cueillir les fruits de l’autofinancement quand ils n’ont labouré aucun champ.

    L’autofinancement est fruit d’un rêve dont le système éducativo-formatif travaille à incarner. À l’évidence, les grands séminaires et les scolasticats sont traversés par des déserts de l’onirique ne donnant aux jeunes en formation aucune occasion d’imagination heureuse de leur terre. Comment ces évêques et animateurs de congrégations religieuses, grands danseurs au bal des spiritualités, peuvent-ils exiger aux sous-préfets paroissiaux (curés), sortis des grands séminaires ENAM, de ne pas être des collecteurs d’impôts dans le temple?

    Les prêtres, sous-préfets de la religion, sont à l’image de ce qu’est le système éducativo-formatif. Ils sont spirituellement vides comme l’est le système éducativo-formatif. Il ne faut pas attendre d’eux ce que l’on n’a jamais semé en eux. On entretient ainsi un vaste réseau fait de projets à la débrouillardise pour donner l’impression que quelque chose avance, là où tout est à la recule: construction d’église, de presbytères, de grottes, animations des Ekoan Maria, confrérie de Saint Joseph, Cop monde, Dames apostoliques, pères apostoliques, véritables sectes d’ensommeillement des consciences. Quelle paroisse dispose d’une bibliothèque paroissiale, d’un centre culturel etc. Il faut comprendre que c’est l’homme autofinancé culturellement qui peut travailler à l’autofinancement comme art d’habiter sa terre. Tout compte fait, les prêtres africains sont des réalités les plus étranges dans leur site de vie. Faire des rescapés de la la famine plus préoccupés à assurer leur pitance journalière, des vecteurs de l’autofinancement est un grossier mirage.

    Il faut aller à la racine: la transformation et la révolution idéologique de nos systèmes éducativo-formatifs. C’est seulement à ce prix que l’on pourra commencer à la construction des églises émancipées. Pour l’heure nous sommes dans un activisme débridé et stérile. Rien ne sera fécondé.

  • N’oublions pas leur message

    N’oublions pas leur message

    Le 1er novembre, les catholiques ont coutume de se souvenir des témoins et martyrs, ceux et celles qui ont incarné de manière intense et radicale telle ou telle béatitude de l’Évangile.
    Nous sommes encore en novembre et je pense particulièrement à deux grands témoins de notre continent, deux hommes qui ont marqué leur temps. Ils nous ont quittés respectivement le 12 novembre 2020 et le 15 novembre 1999.
    Le Ghanéen Jerry John Rawlings et l’Ivoirien Jean-Marie Adiaffi ont laissé des paroles fortes qui peuvent être pour chacun de nous une source d’inspiration et de motivation.
    Réécoutons Rawlings le jour de son procès : “Je suis là pour mettre en garde les officiers supérieurs, les politiciens, les hommes d’affaires et les criminels étrangers contre notre colère. Ils se sont servis de notre sang, de nos sueurs et de nos larmes, bref, de notre travail pour s’enrichir et se noyer dans le vin, dans le sexe. Pendant ce temps, vous, moi, la majorité, nous luttions quotidiennement pour survivre. Moi, je sais ce que c’est que d’aller au lit avec un mal de tête provoqué par un ventre vide. Je préviens ceux qui s’aviseraient d’aider les goinfres qui nous exploitent à fuir qu’ils paieront pour eux. Ils seront jugés, châtiés pour les privations qu’ils ont imposées au peuple. L’heure du jugement est arrivée. Et ce n’est nullement une question de militaires contre civils, d’Akans contre Ewés, ou de Gas contre nordistes, mais de ceux qui possèdent contre ceux qui n’ont rien. Vingt-deux ans après l’indépendance, vous et moi continuons à cogner nos têtes contre le sort, contre le sol, en croyant que Dieu viendra nous sauver de leurs griffes. Il ne viendra pas si vous ne prenez pas vous-mêmes en main votre propre destin ! La France a tiré son salut d’une révolution. Les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Union soviétique, la Chine, l’Iran aussi ! Laissez-moi vous dire que Dieu n’aide pas les gens qui dorment. Ne comptez pas non plus sur les gros messieurs que vous voyez passer dans de belles voitures. Ils ne peuvent pas vous aider, parce que leur ventre est plein ; leurs enfants mangent à leur faim et ils ont les moyens d’aller et venir où ils veulent, comme ils veulent.”
    Quant à Adiaffi, il faisait remarquer à juste titre que « l’intellectuel n’est rien s’il ne vit pas entièrement dévoué à la cause de son peuple, un peuple soumis, humilié, bafoué, exploité, asservi ».
    Il disait aussi que, “si nous enterrons nos langues, nous enfouissons à jamais nos valeurs culturelles, d’autant que la langue reste l’unique archive ».

    Jean-Claude DJEREKE

     

  • “La carte d’identité” de Jean-Marie Adiaffi

    “La carte d’identité” de Jean-Marie Adiaffi

    Si, dans le premier roman d’Adiaffi, le commandant Kakatika s’excuse d’avoir humilié le prince agni Mélédouman, il n’en va pas de même dans la réalité car la France est la seule ancienne puissance coloniale qui refuse de reconnaître et de regretter ses massacres et exactions pendant la colonisation. Au lieu de demander pardon pour les crimes commis dans ses ex-colonies depuis 1960, année où elle fit semblant de partir, elle s’obstine à parler du “rôle positif de la présence française outre-mer” (article 4 de la loi du 23 février 2005). Or, selon Alain Gresh, si “des routes et des chemins de fer ont été construits, ce n’était pas d’abord dans l’intérêt des colonisés mais pour “permettre l’exploitation des richesses au profit de la métropole”.*

    Jean-Marie Adiaffi

    “ L’intellectuel n’est rien s’il ne vit pas entièrement dévoué à la cause de son peuple, s’il n’est pas une part de ce peuple, rien qu’une part, une part embrasée, mais une part tout de même, une part intégrée puisqu’au centre, mais une part sans privilège, sans honneur particulier. C’est cela être un intellectuel pour un peuple soumis, humilié, bafoué, exploité, asservi : se fondre au sein de son peuple au risque de s’y perdre”.

    C’est précisément pour servir la cause de son peuple (les Agni de Bettié en Côte d’Ivoire et les Africains en général) qu’Adiaffi, l’auteur de cette citation, décida d’écrire « La carte d’identité », roman dont le héros, Mélédouman, est sommé par Kakatika, le commandant blanc, de trouver en une semaine sa carte d’identité, après avoir été arrêté et humilié devant les siens (sa famille et son peuple) et après avoir été torturé en prison. Mais le prince agni, qui a perdu la vue suite aux mauvais traitements subis en prison, pourra-t-il honorer la requête de Kakatika ? Il lui faut un guide pour cela. Ce sera sa petite fille Ebah Ya âgée de 7 ans. C’est avec elle qu’il ira à la recherche de sa carte d’identité. Le génie d’Adiaffi a consisté à transformer la quête d’un papier en une quête identitaire en utilisant le calendrier traditionnel akan.

    Avant de commencer le voyage de sept jours, Mélédouman va demander à ses ancêtres de “soutenir ses pas chancelants sur cette route jonchée d’invisibles embuscades” (p. 60). Au cours de ce voyage, le héros découvre les symboles, les arts et les croyances religieuses, bref tout ce qui fait l’originalité et la force de la civilisation agni.

    À travers le voyage de Mélédouman, c’est l’Afrique en perte de repères qui est invitée à revisiter et à valoriser sa culture. Pour Adiaffi, les langues africaines, qui sont un élément important de cette culture, méritent la même considération que celles du Blanc parce qu’elles sont « le support et le véhicule de la culture, du maintien des valeurs ancestrales et de la mémoire collective ». Adiaffi rejoint ici Fanon pour qui seul « un complexe d’infériorité peut expliquer la mise en tombeau de l’originalité culturelle locale et la valorisation de la langue du colonisateur ».

    Sans prôner un repli sur soi, l’auteur met les Africains en garde contre une détestation de leurs langues car, “si nous enterrons nos langues, dans le même cercueil, nous enfouissons à jamais nos valeurs culturelles, toutes nos valeurs culturelles d’autant plus profondément que n’ayant pas d’écriture, la langue reste l’unique archive. La même pelle qui jettera la dernière pierre sur la tombe de nos langues, fera une croix sur nos valeurs » (p. 107). Il rappelle à chaque Africain la nécessité de se retourner et de regarder d’où il vient quand il ne sait plus où il va. Lorsque Mélédouman déclare à l’instituteur Ablé qu’aujourd’hui “nous n’avons plus rien, nous ne sommes plus rien”, c’est Adiaffi qui parle aux Africains et s’insurge contre l’assimilation qui contribue à la perte de leur identité.

    Mais, en parlant aux Africains, l’auteur s’adresse aussi aux Occidentaux imbus d’eux-mêmes, se croyant supérieurs à ceux qui sont différents d’eux et pensant comme le commandant Kakatika que le Noir n’a ni culture ni civilisation et qu’il doit adopter celles du Blanc. Kakatika osera même soutenir que les Noirs sont « de grands enfants paresseux, fainéants, stupides et n’ayant aucune qualité morale ni intellectuelle tandis que le Blanc est la perfection de la vertu, l’essence secrète qui dévoile toute chose ». Avant Kakatika, Hegel, Gobineau et d’autres intellectuels occidentaux de la deuxième moitié du 19e siècle avaient intoxiqué et trompé leurs compatriotes avec ce genre de clichés et de sornettes.

    Le père Joseph ne se distingue pas de Kakatika puisqu’il profane l’île sacrée, “pille statuettes, tambours parleurs et masques sacrés pour orner son salon” (p. 86).

    À la fin du voyage de sept jours, Mélédouman annonce au commandant de cercle qu’il n’a pas trouvé sa carte d’identité. Non seulement le commandant ne le fait pas arrêter mais il le «vouvoie», puis tous les gardes se mettent au garde-à-vous pour le saluer. On peut affirmer ici que le commandant reconnaît enfin l’identité du prince en lui rendant les honneurs. Mieux encore, Kakatika va lui présenter les excuses de l’administration pour « cet incident regrettable » (p. 151).

    Si, dans le premier roman d’Adiaffi, le commandant Kakatika s’excuse d’avoir humilié le prince agni Mélédouman, il n’en va pas de même dans la réalité car la France est la seule ancienne puissance coloniale qui refuse de reconnaître et de regretter ses massacres et exactions pendant la colonisation. Au lieu de demander pardon pour les crimes commis dans ses ex-colonies depuis 1960, année où elle fit semblant de partir, elle s’obstine à parler du “rôle positif de la présence française outre-mer” (article 4 de la loi du 23 février 2005). Or, selon Alain Gresh, si “des routes et des chemins de fer ont été construits, ce n’était pas d’abord dans l’intérêt des colonisés mais pour “permettre l’exploitation des richesses au profit de la métropole”.

    Le journaliste français poursuit : “Aucun historien ne prétendra que le nazisme a joué un « rôle positif » parce qu’il a bâti un important réseau d’autoroutes. L’entreprise coloniale est condamnable car elle est fondée sur l’idée de l’inégalité des êtres humains, sur l’existence de « races inférieures » et le droit des « races supérieures » à les civiliser.” (A. Gresh, ‘Idée reçue : la colonisation a aussi eu des effets positifs’ , dans “Le Monde diplomatique”, septembre 2014).

    Publié en 1980 par Hatier, le roman “La carte d’identité” reçoit le Grand prix littéraire d’Afrique noire l’année suivante. Ici, comme ailleurs (“Galerie infernale”, “D’éclairs et de foudres”, “Silence, on développe”), les mots de l’enfant de Bettié ressemblent à “des coups de pilon dans la gueule des oppresseurs”. Cinéaste et enseignant de philosophie, Adiaffi est décédé le 15 novembre 1999 à l’âge de 58 ans.

     

    Jean-Claude DJEREKE

  • Qualité des médicaments au Cameroun: la mort sur ordonnance (*)

    Qualité des médicaments au Cameroun: la mort sur ordonnance (*)

    Obnubilé par un marketing débridé, surfant sur les failles du système de sécurité, le contrôle des produits pharmaceutiques perd de vue sa mission principale, protéger les malades.

    Dans une ancienne usine en fond de cour d’un immeuble situé au quartier Bastos à Yaoundé, une quinzaine d’avocats, de juristes et de stagiaires d’un cabinet spécialisé dans la santé tient sa réunion hebdomadaire ce 11 novembre 2022. À l’ordre du jour, plusieurs dossiers d’accidents médicaux survenus à la suite de la consommation de la «Broncalène» par des patients, entre juin 2020 et septembre 2022 à Yaoundé, Douala, Dschang, Mbalmayo et Mbankomo. «Nous allons poursuivre certains organismes et personnes en justice suites à des plaintes de nombreux malades résidant dans ces localités. Il est regrettable qu’après le 25 septembre, date arrêtée par la Direction de la pharmacie, du médicament et du laboratoire du ministère de la Santé publique pour le retrait de tous les lots de Broncalène adultes et enfants FL/150ml en circulation dans le pays, que cet antitussif reconnu nocif selon une étude du CHU de Nancy (France) continue d’être prescrit et importé au Cameroun où se procurer l’antitussif Broncalène relève d’une banalité. Le produit est distribué à des prix allant de 2 250 à 2 800 FCFA. En fait, le CHU de Nancy a démontré que le médicament querellé est de nature à engager le pronostic vital des malades à travers des réactions anaphylactiques peranesthésiques. Ce phénomène serait expliqué par une hypersensibilité immédiate pendant l’anesthésie due à des agents bloquants neuromusculaires (curares) faisant intervenir les anticorps de nos défenses humanitaires», dévoile un avocat au barreau du Cameroun.

    Dans son libellé, le propos suggère l’intérêt heuristique qu’il peut y avoir à envisager un scandale à l’échelle nationale. Dramatiquement mis en scène ici par une poignée de juristes, ces faits placent sous les projecteurs les dysfonctionnements des services hospitaliers, en interrogeant la compétence et la responsabilité des services camerounais de contrôle des médicaments ainsi que leur fiabilité. «Actuellement au Cameroun, une inquiétude croissante s’exprime dans certains milieux de santé publique face au problème de la circulation des médicaments illicites ou de qualité inférieure, faux, faussement étiquetés, falsifiés, contrefaits dont la qualité, la sûreté, l’efficacité, l’origine et la posologie sont inconnues. Nous pensons que ce marché est en forte croissance, indique le rapport. Il expose les patients à de graves problèmes de santé en fournissant des médicaments (…) qui sont inefficaces et, dans certains cas, mortels. Dans de nombreux rapports internationaux, notre pays est fréquemment désigné comme un espace fragile et comme la cible de trafics et d’irrégularités de toutes sortes», assure un agent local d’Interpol. La perspective ainsi ouverte a le mérite d’être assise sur un horizon social élargi. «Très souvent, dans notre pays, l’inexistence d’unité de production pharmaceutique de médicaments oblige les grossistes pharmaceutiques (publics et privés) à importer la quasi-totalité de leurs besoins en médicaments avec des risques de défauts majeurs de qualité pharmaceutique. Par ailleurs, malgré l’existence d’un laboratoire national de contrôle qualité des médicaments fonctionnel et conforme aux normes internationales, il demeure un handicap majeur dans l’objectif de protection de la population et dans les enjeux pharmaceutiques», postule Omer Lagan, médecin urgentiste à la retraite.

    Réalité
    Dans cet enchevêtrement, les technologies de contrôle de la qualité des médicaments, d’authentification de la marque, de traçabilité des trajectoires, de régulation des marchés sont pointées du doigt. L’intérêt de cette approche est d’aborder le problème des médicaments « par le haut », c’est-à-dire non pas à travers ce qui se passe sur les marchés informels mais à travers les initiatives d’acteurs économiques, médicaux et politiques pour réguler le marché. Dans ce contexte mêlant stratégies commerciales et souci de santé publique, le problème est formulé de façon croissante sous la notion de « contrefaçon » et à travers lui c’est le rôle des importateurs qui est décrié. «Les géographies en mutation du marché pharmaceutique au Cameroun ont fini par introduire de nouveaux problèmes en matière de qualité, de standardisation du contrôle. De l’importance accrue des pratiques de discrimination entre marchandises pharmaceutiques légitimes et illégitimes découle qu’un aspect central de la lutte contre la circulation de médicaments illicites est la prolifération de technologies de contrôle et d’authentification. Les pratiques de contrôle sont multiples. Elles concernent aussi bien les dossiers, les sites de fabrication ou de stockage, les produits et dans ce dernier cas peuvent porter sur les matières premières, les articles de conditionnement, les produits semi-ouvrés ou les produits conditionnés», dénonce Aristide Mvondo Mvondo, cadre à la Division de la Communication, de la Promotion et de l’Accompagnement des entreprises à l’Agence des Normes et de la Qualité (ANOR).

    Textes
    En effet, au Cameroun, il existe un mille feuilles réglementaires. Par exemple, en tête de liste apparaît la Circulaire N°D36-65 LC/MINSANTE/SG/DPML du 04 Juin 2020 portant Contrôle des importations des produits pharmaceutiques en général et des dispositifs médicaux et réactifs de diagnostic in vitro en particulier. Ledit texte dispose que «l’importation des médicaments, l’importation des dispositifs médicaux et réactifs de diagnostic in vitro est strictement limitée aux structures régulièrement agréées par le Ministre de la Santé Publique et est, à compter de la date de signature de la présente lettre circulaire subordonnée à l’obtention préalable d’un «Visa Technique d’importation » délivré par le Ministre de la Santé Publique».
    En second lieu, il y a la Lettre Circulaire N°D36-36 LC/MINSANTE/SG/DPML du 09 Août 2019 règlementant l’accessibilité géographique et financière des médicaments et dispositifs médicaux de qualité est une priorité de la Politique Pharmaceutique Nationale. Le document stipule que «l’accessibilité géographique et financière des médicaments et dispositifs médicaux de qualité est une priorité de la Politique Pharmaceutique Nationale. À cet effet, le Ministre de la Santé Publique à travers ses services compétents, évalue les dossiers de demande d’homologation puis délivre après avis favorable de la Commission Nationale du Médicament, des Autorisations de Mise sur le Marché (AMM) aux produits respectant les exigences règlementaires en matière de qualité, d’efficacité et d’innocuité. Cependant, il m’a été donné de constater que certains grossistes répartiteurs font enregistrer des produits au Cameroun et dès lors se prévalent l’exclusivité d’importation et de distribution desdits produits empêchant ainsi les autres d’importer ces derniers. Cette situation de monopole est de nature à accroitre les ruptures de stock et à augmenter la sollicitation de nouvelles demandes d’AMM pour des médicaments pourtant déjà disponibles sur le marché», rappelle Dr Gisèle Etame Loe, Présidente de l’Association Africaine des Industries du Médicament.

    Constat
    Vu sous cet angle, la sécurisation pharmaceutique apparaît donc comme une manière de gouverner des flux d’objets, faisant appel à des outils différents, en évolution et pas toujours cohérents les uns avec les autres, mais dans l’articulation desquels on peut lire une forme d’irrationalité. Le constat est clair, selon Dr Omer Lagan. «Plus généralement, dit-il, le contexte camerounais ne garantit pas assez la qualité des médicaments malgré la mise en place d’un système d’organisation et de surveillance du processus tout entier, depuis l’acquisition d’une substance pharmaceutique jusqu’à la disposition du consommateur». Pour le médecin émérite, «un système efficace de contrôle comprend trois dimensions : juridique (législation sur le médicament), réglementaire (cadre d’action de l’organe national de contrôle concernant notamment l’homologation des médicaments, la délivrance de licences, les pratiques d’inspection) et technique (normes qualité, tests et règles de bonne pratique)».

    (*) Article rédigé par l’Association TOLÉRANCE «Pour le Dialogue des Cultures».

  • Notre pays retrouvera-t-il un jour la paix ?

    Notre pays retrouvera-t-il un jour la paix ?

    Ils disent Paix ! Paix ! Ils ont fait du 15 novembre un jour férié où la paix doit être informée, ils demandent aux religions de prier pour la paix mais chaque jour ils font la guerre en rasant les maisons des petites gens à Port-Bouët et à Gonzagueville afin de faire passer un métro dont ils ont surfacturé le coût et pour lequel ils ont endetté le pays, en maintenant injustement en prison des soldats qui en 2010 n’ont fait que leur devoir : défendre le territoire attaqué par une horde de bandits et de mercenaires, en nommant et en enrichissant uniquement les gens de leur famille, clan, région et parti, en confisquant les médias d’État.

     

    Ils parlent de paix mais, chaque jour, ils achètent des armes et des blindés pour gazer et décapiter les gens qui voudront manifester pacifiquement contre la cherté de la vie, contre la drogue qui a envahi les écoles, contre les hôpitaux qui manquent du strict minimum . Le mot « paix » est sans cesse sur leurs lèvres mais ils refusent de faire ce qu’il faut pour que le pays connaisse la paix : se mettre d’accord avec les autres partis sur les listes électorales, le découpage électoral et la composition de la commission électorale qui pour le moment n’est ni équilibrée ni indépendante.

    Des milliers d’hommes et de femmes sont rentrés d’un exil de 11 années. Ils n’ont ni maison ni boulot ni assurance maladie et on veut leur faire croire que le pays est en paix maintenant, parce qu’on y a construit des ponts et des routes de pacotille. Pourquoi leur paix est une fausse paix et pourquoi la vraie paix tarde à s’installer dans le pays ? Parce qu’ils n’ont pas compris que la paix ne fait pas bon ménage avec la violence et l’injustice.

    Mais ceux qui souhaitent remplacer ce régime de tueurs et de truands à la tête de l’État apporteront-ils la paix au pays ? Rien n’est moins sûr car certains parmi eux ont du mal à se défaire de la méchanceté, de l’arrogance et de la suffisance qu’ils affichaient quand ils étaient au pouvoir. Ils continuent de se considérer comme les plus intelligents. Le jour, ils affirment une chose, la nuit ils font autre chose. Ceux qu’ils accusaient d’avoir mis le pays à feu et à sang, ils ne sont point gênés de rigoler et de marcher avec eux. Ils déclarent agir de la sorte au nom de la paix mais ils oublient que la vraie paix ne s’accommode ni de la ruse ni du mensonge.

    La paix a besoin de bâtisseurs car elle ne tombe pas du ciel. Nous devons la construire en nous battant pour le respect de nos droits et non en parlant à longueur de journée de « tchizas », ni en écoutant des prophéties et conseils débiles de prétendus influenceurs et hommes de Dieu, ni en investissant notre temps dans la danse et le sport.

    JCD

  • Comprendre les associations «MUNDI»*

    Comprendre les associations «MUNDI»*

    * Par François Béas, inspecteur principal des régies financières, diplômé de l’Enam, expert en finances publiques.

     

     

    Il existe une Mutuelle des personnels des impôts (MUNDI) créée le 3 décembre 1998 sous l’ère Polycarpe Abah Abah et une autre association dénommée Mutuelle Nationale des Personnels de la Direction générale des impôts créée le 12 octobre 2012 sous l’ère Alfred Bagueka Assobo, mais qui manquent d’agréments du Ministre de l’Administration territoriale, conformément à la législation en vigueur. La mutuelle est une nouvelle forme d’organisation qui a pignon sur rue en France mais que le législateur camerounais n’a pas encore autorisée. Pour une meilleure clarification, je suggère au lecteur de se rapprocher du CONSUPE et du MINAT où il sera mieux édifié.

     

    Affirmer détenir par devers vous le rapport de la mission spéciale d’audit instruite par le chef de l’État auprès de l’association MUNDI jette à la fois du discrédit et le doute aux conclusions d’un tel rapport qui, en principe, est marqué du sceau de confidentialité. Sauf à l’avoir dit, comme stratégie d’apaisement, lorsqu’on sait que les agents sont de plus en plus enclins à la curiosité. Voilà pourquoi il n’est pas possible, à qui que ce soit, d’obtenir agrément des pouvoirs publics au sujet d’une mutuelle. Par contre, il existe en France un cadre normatif dédié à la mutuelle, laquelle est une forme d’organisation différente de l’association. Ceci étant clairement dit, on peut constater ce qui est vulgairement appelé mutuelle par simple abus de langage, n’est qu’une association.

     

    Et s’agissant de l’association MUNDI, au vu des récépissés de déclaration disponibles, il s’agit ni plus ni moins, que des associations sous le régime de la déclaration, dont les contraintes et le périmètre d’action sont définis par les articles 10 et suivants de la loi N°90/053 du 19 décembre 1990 portant liberté d’association. Pour preuve, le lecteur peut se référer aux correspondances souvent publiées par ces deux associations hier, comme aujourd’hui. Et particulièrement, celle du 14 octobre 2022 adressée à mesdames et messieurs les Chefs de centres régionaux des impôts ; vous y trouverez alors référence du récépissé de déclaration d’association N°00001619/RDA/J06/BAPP du 12 octobre 2012. Et vous enjoint copie du récépissé de la déclaration d’association sous le titre : « Mutuelle nationale des personnels de la Direction générale des Impôts » (MUNDI).

     

    En conclusion, il n’existe pas de mutuelle au sens juridique du terme, mais plutôt une association déclarée au sommet de laquelle il existerait le poste de PCA au vu des pièces annexées à la déclaration, dont deux (02) exemplaires du statut et PV d’assemblée générale constitutive sur laquelle base M. le Préfet en délivre récépissé.

     

    Des faits
    Il existe dans l’espace public camerounais deux associations ayant le même sigle MUNDI, mais avec chacune son récépissé de déclaration. La première association créée le 3 décembre 1998 (récépissé ci-joint) intervient au lendemain de la publication du décret N°98/127 du 9 septembre 1998 portant organisation du MINEFI, dans lequel hélas, n’apparaît l’ombre de la mutuelle des personnels de la Direction générale des impôts. Et dont la formule consacrée du décret conclut ainsi qu’il suit : « Sont abrogées toutes dispositions antérieures contraires notamment celles du décret N°95/168 du 16 aout 1995 portant organisation du MINEFI ». Lequel décret est visé par celui du PM N°95/681/PM du 26 décembre 1995 portant répartition du produit des pénalités et amendes et qui, jusque-là, avait alloué une quotité de 10% à la mutuelle des personnels de la Direction des impôts, Mutuelle inexistante et désormais classée dans les archives, suite au décret de 1998 qui abroge toutes dispositions antérieures contraires.

     

    Bref, en fin légaliste, le président de la République venait de mettre fin à l’illégalité, étant donné qu’il n’existe pas une loi régissant les mutuelles au Cameroun, en dehors de la Loi sur les associations. Voilà comment le rêve d’une mutuelle au sein du Minfi a disparu jusqu’aujourd’hui. D’où le recours forcé vers la préfecture du Mfoundi, en vue d’une déclaration d’association dénommée « Mutuelle nationale des personnels des impôts » (MUNDI) datant du 3 décembre 1998, sans rapport avec la mutuelle des personnels de la Direction des impôts précédemment visée dans le décret sous revu. Mais la cupidité n’a pas empêché aux exécutifs des associations déclarées successives de caricaturer ces associations en mutuelles, déjà inéligibles aux subventions publiques, legs et dons privés conformément à l’article 10 de la Loi N°90/053 du décembre 1990.

     

    C’est cette association MUNDI qui revient dans l’affaire CRTV-État du Cameroun contre Adamou Vamoulke et Abah Abah au TCS. Cette association continue d’exister puisqu’elle n’a pas encore été dissoute et ses membres attendent toujours que lumière soit faite sur son patrimoine (comptes bancaires Bicec, SCB, parc automobile, matériel des deux centres de santé et fitness). Dois-je rappeler, une association au sens de la législation afférente à ces entités, pour recevoir subventions de l’État doit être reconnue d’utilité publique par le président de la République après visa du MINAT. On peut donc comprendre les raisons pour lesquelles l’expert en finances publiques et diplômé de l’Enam Beas François s’emploie à faire triompher la vérité.

     

    Législation des associations, des fonctionnaires
    S’agissant des associations des agents publics, fonctionnaires, le législateur camerounais a mis en place une loi spéciale restée en vigueur notamment la loi N°68/LF/19 du 18 novembre 1968 relative aux associations ou syndicats professionnels non régis par le Code du travail, et son décret d’application N° 69/DF/7 du 06 janvier 1969 fixant les modalités d’obtention d’agrément et d’organisation desdites entités. Aussi, faire référence à un vestige classé dans les archives, devenue relique notamment la loi N°65-1 COR du 30 juin 1965 portant loi des finances pour d’évidence consacrer l’existence d’une mutuelle au Cameroun relèverait de la plaisanterie.

     

    Au regard de ce qui précède, on peut convenir qu’il n’y a ni mutuelle aux Finances, ni une quelconque mutuelle ou association autorisée par l’État conformément à la loi, moins encore éligible aux subventions ou aides de l’État. Conformément à son article 1er, l’association mutuelle nationale des personnels des impôts a pour objet regrouper le personnel des impôts afin de promouvoir les liens de solidarité et d’entraide entre les membres et leurs familles, d’organiser des manifestations culturelles et des spectacles .

     

    À lire les réalisations basées sur la constitution des réserves foncières et la construction d’un complexe commercial, l’association Mundi donne l’impression d’être sortie du cadre associatif pour se lancer dans l’univers des affaires et contraste donc avec le statut juridique qu’il s’emploie à défendre, ce en violation de l’éthique et la déontologie professionnelles, prescrites par le statut générale de la Fonction publique. Elle semble s’assimiler à une société civile immobilière ou se confondre à une entreprise commerciale dont les membres s’attendraient à bon droit des dividendes. La Convention n°09 /API du 27 octobre 2017 signée entre l’association MUNDI en application de la loi 2013 modifiée et complétée par la loi 2017 portant incitation à l’investissement privé conforte ma perception.

     

    L’association MUNDI serait donc devenue une sorte entreprise déguisée ? Et les rapports du commissaire aux comptes du cabinet MAZARS peut édifier plus d’un de cette perception. C’est dire que les fonds publics estimés à près de 2 milliards FCFA chaque année, hormis les prélèvements opérés sur les primes ne se justifient pas dès lors que l’association privée Mundi n’est pas agréée, ni reconnue d’utilité publique. Il serait judicieux que les états financiers des 9 dernières années (2012-2021) soient transmis au ministre des Finances et à la Chambre des Comptes.

     

    Droit de réponse adressé a l’hebdomadaire «Intégration»

     

    Dans le numéro 531 de votre hebdomadaire du lundi 31 octobre au dimanche 06 Novembre 2022, vous publiez un article intitulé: «Citation Directe: François BEAS contre Modeste MOPA FATOING» dont vous prenez prétexte pour distiller des mensonges et contrevérités sur la Mutuelle Nationale des Personnels des Impôts (MUNDI) et son Président du Conseil d’Administration.

    En ma qualité de Directeur Exécutif de la MUNDI, je me permets de vous apporter les clarifications suivantes:

    La MUNDI fonctionne suivant les lois et règlements qui régissent l’activité des associations au Cameroun. Elle n’est pas de création récente et n’est pas non plus une invention de son PCA actuel. Les nombreuses restructurations n’ont rien changé à la nature de cette Mutuelle dont les origines sont très lointaines. En remontant les archives, vous constaterez qu’elle était déjà prévue dans la loi n°65-1 COR du 30 juin 1965 portant loi de finances de l’Etat fédéré du Cameroun Oriental pour l’exercice 1965/1966. Ses ressources relèvent de textes bien connus, notamment:

    – le décret N° 95/691/PM du 26 décembre 1995 portant répartition du produit des pénalités et amendes pour infraction aux dispositions du Code Général des Impôts et du Code de l’Enregistrement, du Timbre et de la Curatelle;

    – l’arrêté n° 00012/MINEFI/CAB du 23 janvier 1998 fixant les modalités de gestion de la Caisse Centrale du Contentieux Fiscal;

    – l’arrêté N° 00266/MINEFI du 26 octobre 1998 fixant les modalités de répartition et de reversement du produit des centimes additionnels communaux revenant à l’Etat.

    La MUNDI a pour mission première la protection sociale de ses membres. Elle souscrit régulièrement une police d’assurance maladie pour ceux-ci et leurs familles. Elle accorde régulièrement des frais représentant le capital obsèques à ceux-ci. C’est d’ailleurs à ce titre que Monsieur BEAS François, fonctionnaire retraité et ancien mutualiste, a bénéficié de nombreuses prestations servies directement par la MUNDI ou à travers la police d’assurance maladie que celle-ci souscrit.

    Le management actuel de la MUNDI, tout en préservant ces acquis (protection sociale), a depuis quelques années contribué à l’amélioration et à la modernisation de l’offre de services à ses adhérents. À ce titre, on peut citer:

    – la construction d’un Complexe Multifonctionnel (doté d’un hôtel, de deux stades de Football, d’une piscine, de plusieurs courts de tennis, des aires de jeux de Volley Ball et de Basket Ball, d’un bois de promenade…) qui offre un espace de loisir exceptionnel à ses membres et est devenu la destination privilégiée de regroupement de nos lions indomptables, y compris avant et pendant la coupe d’Afrique des nations Total Energies 2021;

    – la constitution de réserves foncières dans les régions fiscales afin de doter les adhérents des services fiscaux déconcentrés des mêmes facilités que ceux de Yaoundé;

    – la dotation des régions fiscales en logistique de déplacement (Minibus) pour le transport des mutualistes à l’occasion d’activités diverses;

    – l’organisation d’activités sportives et culturelles dans le but d’améliorer la santé et le bien être ainsi que de renforcer la cohésion du personnel.

    Il est par ailleurs curieux que la MUNDI, qui fonctionne sur le même modèle que de nombreuses autres mutuelles du secteur public et du Ministère des Finances soit la seule cible d’un acharnement destructif d’un personnel en mal de notoriété.

    Monsieur BEAS n’est en effet pas à sa première tentative de discrédit de la MUNDI. Dans sa haine aveugle, l’intéressé a déjà sans succès:

    – intenté une action en justice pour empêcher la tenue d’une session de l’assemblée générale prévue le 27 octobre 2018;

    – tenté de saboter la tenue de l’Assemblée Générale du 27 octobre 2018 après avoir voulu être candidat à la Direction Exécutive sans succès;

    – intenté un procès pour tenter de faire annuler les résolutions de ladite Assemblée Générale;

    – saisi le CONSUPE sur le prétexte d’imaginaires malversations au sein de la MUNDI. L’audit a abouti au constat d’une gestion saine de la Mutuelle accompagné de recommandations et d’encouragements;

    – tenté de faire saboter la cérémonie officielle d’inauguration du Complexe Multifonctionnel présidée par le Ministre des Finances;

    Toutes ces actions se sont soldées par un échec parce que non fondées.

    Enfin, prenant acte de la malveillance de l’intéressé, les instances statutaires de la MUNDI ont procédé, après deux (02) conseils de discipline:

    – dans un premier temps à son exclusion temporaire par résolution du Conseil d’Administration N° 2018/016/CAE/MUNDI du 07 décembre 2018 ;

    – dans un deuxième temps à son exclusion définitive par résolution du Conseil d’Administration N°2020/009/CAE/MUNDI du 15 décembre 2020A

    La Mutuelle dans le présent dossier, fait encore comme par le passé, confiance à la justice camerounaise. Elle poursuit donc sereinement ses activités et va continuer son plan de développement, malgré les agitations de ce personnel qui ne fait plus partie de ses effectifs.

    FONYUY BERNSAH Fidelis
    Inspecteur Principal des Impôts
    Directeur Exécutif

  • Jeux de hasard et d’argent au Cameroun entre logique et illogisme

    Jeux de hasard et d’argent au Cameroun entre logique et illogisme

     *Dr Ariel Christian Menye Noah

    Ph/d en science politique*

     

    Au Cameroun, selon la loi nº2015/012 du 16 juillet 2015 fixant le régime des jeux de divertissement, d’argent et de hasard, les mineurs n’ont pas le droit de jouer à des jeux de hasard légalisés, les adolescents participent souvent à des jeux de hasard soit légalisés (jeux vidéo, loterie) soit autonomes (jeux des cartes, paris sportif, paris hippique). Les jeux de hasard sont une pratique très ancienne. En effet, on en trouve les traces dans l’ancienne Babylone (chez les Suméro-babyloniens), c’est à dire 3000 ans Av. J.C. Par définition un jeu de hasard et d’argent est une activité dont l’issue repose principalement ou totalement sur le hasard et implique au préalable une mise irréversible d’argent ou celle d’un objet de valeur (Arseneault, La douceur et Vitaro,2001). C’est « l’acte de parier » qui spécifie la pratique des jeux aléatoires et se caractérise par l’engagement d’une mise ; c’est donc une activité à risque.

    Selon la théorie de l’autodétermination de Deci et Ryan, les personnes qui s’adonnent aux jeux de hasard (gambling) peuvent développer une forte dépendance. Dans ce cas, il s’agit d’une addiction. C’est une pathologie, un trouble qui consiste en des épisodes répétés et fréquents du jeu qui dominent la vie du sujet au détriment des valeurs et des obligations sociales, professionnelles, matérielles et familiales.

    De ceci on pourrait s’interroger sur les motivations des camerounais à s’adonner à cette activité.

    Deux principaux facteurs explicatifs peuvent être énumérés:

    -Le facteur sociopolitique, la recherche d’une socialisation. Le but premier du jeu est d’obtenir une activité de loisirs ou un entraînement d’ordre physique ou psychique. La présence aléatoire dans le jeu permet d’ajouter une part d’imprévisibilité d’où le rêve. Aussi le jeu peut lutter contre l’ennui et oublier les injustices et les frustrations sociales. Car la réussite sociale au Cameroun par le biais du travail est devenue aléatoire. Aussi, les jeux de hasard et d’argent représentent aujourd’hui pour la majorité des camerounais une possibilité d’ascension sociale que le travail permet moins voire ne permet plus.

    -Le facteur économique, l’augmentation des prix des denrées alimentaires sur le marché et la rareté de certains produits, maintient la conception du parieur qu’il peut vivre des revenus du jeu. En réalité, sa motivation première est de gagner de l’argent.

    À contrario au-delà des facteurs explicatifs logiques suscités, les jeux de hasard et d’argent ont un impact négatif sur notre société qui se veut émergente en 203. Selon le psychanalyste Edmund Bergler les jeux de hasard et d’argent développent une forte dépendance chez le sujet pathologique. Il en ressort six caractéristiques essentielles :

    *Il joue régulièrement

    *Le jeu prévaut sur tous les autres intérêts

    *Il est optimiste malgré les expériences répétées d’échec

    *Il ne s’arrête jamais tant qu’il gagne

    *Il a le goût du risque malgré les précautions prises préalablement

    *Il existe chez lui un vécu subjectif de <<thrill>> durant la phase de jeu.

    Aussi le jeu peut devenir un vrai cauchemar. En effet, il y’a des conséquences sur l’ensemble de la vie du joueur.

    -D’un point de vue financier, le risque d’endettement est important ;

    -D’un point de vue psychologique, le joueur peut être un danger pour la société. Lorsqu’il ne peut pas jouer une sorte de frustration se crée en lui entraînant la violence et des changements d’humeurs ;

    – Dans sa vie professionnelle il peut manquer d’intérêt et parfois ne plus venir au travail, ce qui peut conduire au licenciement.

    En définitive la société camerounaise accro aux jeux de hasard et d’argent ne peut aspirer au développement. L’émergence passe par le travail et non par l’oisiveté et la facilité. J’interpelle ainsi nos décideurs sur les impacts des jeux de hasard et d’argent dans notre société. Cette problématique mérite d’être implémentée dans les programmes éducatifs.

  • Jeux de hasard et d’argent au Cameroun : entre logique et illogisme

    Jeux de hasard et d’argent au Cameroun : entre logique et illogisme

    Par Ariel Christian Menye Noah, Ph/d en science politique

     

     

    Au Cameroun, selon la loi nº2015/012 du 16 juillet 2015 fixant le régime des jeux de divertissement, d’argent et de hasard, les mineurs n’ont pas le droit de jouer à des jeux de hasard légalisés. Les adolescents participent souvent à des jeux de hasard soit légalisés (jeux vidéo, loterie) soit autonomes (jeux de cartes, paris sportif, paris hippique). Les jeux de hasard sont une pratique très ancienne. En effet, on en trouve les traces dans l’ancienne Babylone (chez les Suméro-babyloniens), c’est à dire 3000 ans Av. J.C. Par définition un jeu de hasard et d’argent est une activité dont l’issue repose principalement ou totalement sur le hasard et implique au préalable une mise irréversible d’argent ou celle d’un objet de valeur (Arseneault, La douceur et Vitaro, 2001). C’est « l’acte de parier » qui spécifie la pratique des jeux aléatoires et se caractérise par l’engagement d’une mise; c’est donc une activité à risque.

    Selon la théorie de l’autodétermination de Deci et Ryan, les personnes qui s’adonnent aux jeux de hasard (gambling) peuvent développer une forte dépendance. Dans ce cas, il s’agit d’une addiction. C’est une pathologie, un trouble qui consiste en des épisodes répétés et fréquents du jeu qui dominent la vie du sujet au détriment des valeurs et des obligations sociales, professionnelles, matérielles et familiales.

    De ceci, on pourrait s’interroger sur les motivations des Camerounais à s’adonner à cette activité.

    Deux principaux facteurs explicatifs peuvent être énumérés:

    -Le facteur sociopolitique, la recherche d’une socialisation. Le but premier du jeu est d’obtenir une activité de loisirs ou un entraînement d’ordre physique ou psychique. La présence aléatoire dans le jeu permet d’ajouter une part d’imprevisibilité d’où le rêve. Aussi le jeu peut lutter contre l’ennui et oublier les injustices et les frustrations sociales. Car la réussite sociale au Cameroun par le biais du travail est devenu aléatoire. Aussi, les jeux de hasard et d’argent représentent aujourd’hui pour la majorité des Camerounais une possibilité d’ascension sociale que le travail permet moins voire ne permet plus.

    -Le facteur économique, l’augmentation des prix des denrées alimentaires sur le marché et la rareté de certains produits, maintient dans la conception du parieur qu’il peut vivre des revenus du jeu. En réalité, sa motivation première est de gagner de l’argent.

    À contrario au-delà des facteurs explicatifs logiques suscités, les jeux de hasard et d’argent ont un impact négatif sur notre société qui se veut émergente en 2035. Selon le psychanalyste Edmund Bergler, les jeux de hasard et d’argent développent une forte dépendance chez le sujet pathologique. Il en ressort six caractéristiques essentielles :

    *Il joue régulièrement

    *Le jeu prévaut sur tous les autres intérêts

    *Il est optimiste malgré les expériences répétées d’échec

    *Il ne s’arrête jamais tant qu’il gagne

    *Il a le goût du risque malgré les précautions prises préalablement

    *Il existe chez lui un vécu subjectif de <<thrill>> durant la phase de jeu.

    Aussi le jeu peut devenir un vrai cauchemar. En effet, il y a des conséquences sur l’ensemble de la vie du joueur.

    -D’un point de vue financier, le risque d’endettement est important,

    -D’un point de vue psychologique, le joueur peut être un danger pour la société. Lorsqu’il ne peut pas jouer, une sorte de frustration se crée en lui, entraînant la violence et des changements d’humeurs.

    – Dans sa vie professionnelle, il peut manquer d’intérêt et parfois ne plus venir au travail, ce qui peut conduire au licenciement.

    En définitive, la société camerounaise accro aux jeux de hasard et d’argent ne peut aspirer au développement. L’émergence passe par le travail et non par l’oisiveté et la facilité. J’interpelle ainsi nos décideurs sur les impacts des jeux de hasard et d’argent dans notre société. Cette problématique mérite d’être implémenter dans les programmes éducatifs.

  • Les ailleurs de la pensée

    Les ailleurs de la pensée

    Père Maât Ngimbus 

    Le mont Nkol Nyada au Cameroun a été le lieu témoin d’un évènement. Face à un continent en ébullition, l’urgence n’était-elle pas d’oser gravir la montagne afin de pouvoir rentrer en alliance avec ce qui sans cesse nous désirant, serait tombé dans l’oubli. Gravir la colline, ce nouvel exode inaugure la passion pour des montées profondes dans les audaces du penser. Monter, voilà l’évènement ! Parce qu’il ya eu évènement, alors quelque chose s’est passé. Quelque chose s’est passé, alors quelque chose est arrivé comme cela qui a l’arriver pour droit et devoir. Face aux défis de l’aujourd’hui ce qui est de droit et de devoir se fait audace pour les autrements. La fécondité de notre texte social traversé par les urgences se pose comme l’assiette des nouveaux appétits pour la dégustation du sens à créer.

     

    Qu’est-ce-qui est donc arrivé pour que quelque chose se soit passé ? Déchirure anthropologique, anémie axiologique, brouille de sens construisant l’histoire ? Une question… des questions. Là où retient une question, quelque chose se passe et donne de passer. Aller à la pensée en alerte donne à un peuple de commencer à gravir la montagne de son humanité. C’est alors que la pensée en lorgnant les altitudes, devient une tâche exaltante. L’exaltation de la pensée est une prise de conscience. Cependant la prise de conscience est-elle également une conscience de prise ? Prendre conscience pour quelle conscience pour prendre ? Il ne s’agit pas ici d’un simple jeu de mots, ou s’il est question d’un jeu, il nous installe dans les temps de l’annonce. Annoncer, donner à notre monde de humer le parfum de notre densité anthropologique est acte créateur. Le jeu de mots est ainsi liberté et la liberté est créatrice. S’il y a du dense, du dense en tant que tâche, la véritable conquête du sens pour faire chemin et construire l’histoire n’est pas exclusivement dans la prise de conscience mais également dans la conscience de la prise. Et, effet, je ne prends conscience que parce que ma conscience est prise-sur.

     

    Développer une mentalité neuve, idéal de la pensée de Njoh Mouelle, sorte d’éthique de la traversée comme l’avait pensé Bidima, se veut l’aube de la nouvelle écriture. Seule une énergie créatrice, grande passion pour des nouvelles phrases de sens, inaugure les passages en bâtissant les ponts. Tout se passe donc comme s’il fallait sortir des liturgies des ratures dans l’écriture, ratures qui ont longtemps nourri et structuré nos imaginaires. La frélation des intelligences et les rationalités de seconde main ont distrait les Africains de leurs ambitions d’être les patrons et les propriétaires de leurs rêves.

     

    La pensée nouvelle n’est pas un restaurer ce qui n’a jamais été activé, elle se veut une audace de parcourir tous les sites d’être à partir de l’Africain a été non seulement disqualifié mais aussi s’est auto exclu du processus des grands efforts créateurs. Il s’agit de gravir cette montagne afin de révéler à l’Africain distrait l’inédit et l’inouï de sa capacité. La nouvelle pensée est une philosophie devra donc être i,e réflexion de la montée guettant et quant aux origines. N’est-ce pas ici la fécondité d’une pensée de l’assomption, la pensée des ouvertures toujours ouvertes nourrissant la richesse des vents d’idées arrivant des horizons pluriels ? S’il s’agit de monter, ce sera pour voir mieux et plus loin.

     

    Toute montée porte les peuples à de nouvelles poésies. À partir des origines hospitalières et de profonds tremblements qui n’ont jamais cessé de les désirer plus que ce qu’ils osent désirer, l’histoire est natte que tissent des de-scissions pour être. Toute assomption est un habiter les rêves fertilisant la prise en charge de notre contexte pour en faire le texte d’une histoire. Aller à la création, c’est attiser la flamme des fondations ayant donné les grandes universités de Tombouctou et d’Alexandrie. Se fonder à ces racines consiste donc pour les peuples africains désormais en appétit pour la nouvelle pensée de déployer une philosophie de pyramide. C’est la capabilité à monter qui construit une osirification ontologique. Être, est un naitre. Des lors, l’histoire, champ par excellence des montées est la trace des pyramides. Ici, il est question d’un positionnement et d’une stratégie.

     

    Passer de la crise des valeurs aux valeurs de la crise ne débouche que sur une activité des intelligences ronronnantes. L’indépassable traumatisme s’étant comme sédimenté, a fini par anesthésier les consciences africaines désormais complices de leur annihilation ontologique. N’est-ce-pas le pire qui puisse arriver à un peuple : sombrer dans l’ignorance de sa destinée avortée et se faire collaborateurs des différents systèmes de stérilisation des oniriques condamnant un peuple à répéter au quotidien ce qu’il disqualifie dans de non-paroles. C’est parce des ailleurs se font annonce que la nouvelle pensée fait des autrements, son sacrement. Tout est désormais à l’appel des aubes nouvelles. Travailler à la création des intelligences créatrices, c’est faire option pour la déchirure des voiles du temple.

     

    Travailler à libérer les imaginaires saturés par des idéaux de zombification n’est pas tant une action de rupture, elle est une option-pour. Vivifier les imaginaires consiste à ruiner en eux, la logique du contre. La grande errance des intelligences africaines ne réside-t-elle pas là où elle n’aurait jamais dû habiter ? Fonder le « Pour » à partir de ce qui ne donne pas de jeter un regard au loin, est une véritable déroute de nos intelligences. Des intelligences dont l’irruption ne font pas trembler le monde ne sont rien d’autres que des intelligences bruismes. Toute pensée parce qu’elle est enceinte de nouveauté, provoque un séisme dans le monde. Quitter les concepts sans conception, c’est-à-dire ceux-là qui ne respirent pas les préoccupations des hommes et des femmes du monde d’en-bas, se veut une tache de décolonisation des savoir.

     

    Décoloniser, c’est coloniser au sens où l’on fait de la pensée la décision de faire et d’être son monde et dans son monde. Il urge donc d’aller à ce qui fonde dans un peuple, les appétits de l’effort de penser encore. Nourrir l’ambition de pénétrer dans les choses pour en déchiffrer le sens en gestation commande de parler un langage qui dit ces choses comme horizon du monde. L’horizon du monde est la gestion d’un futur qui sans cesse se pro-nonce et s’annonce. Face à une pensée fondée sur ce qui ne la fonde pas, retrouver les assises qui instiguent l’homme africain, devient l’instant décisif. Où aller quand il s’agit vraiment d’aller ? N’est-ce pas l’unique question qui jaillit au cœur des intelligences désormais brouillées par un contexte monde devenu un non-monde ?

     

    Le déclin se fait clin d’œil pour des nouveaux repartirs. La nouvelle pensée devra traverser tous les sites dans lesquels quelque se dit. Prendre assises, c’est s’inventer une parole au sein laquelle notre monde vient au monde dans l’articulation d’un sens. En habitant notre langue, le monde devient également notre monde. La langue devient alors la matrice nourricière des aubes nouvelles de la pensée. Un peuple qui n’est pas d’une parole dans laquelle est inscrite sa vision du monde, ne peut ni se créer, ni inventer. Il urge donc de parler à son monde à partir de la verbalisation née dans un faisceau de relations.

     

    Tout se passe donc comme si la véritable déroute de la pensée était dans le fait de parler à notre monde qu’on habite en aspirant un monde autre : celui de notre non-présence. La réappropriation de notre monde passe par la capacité d’être patron de sa bouche. La nouvelle pensée sera une respiration de son monde dans l’habiter d’une une parole matrimoniale. Parler est penser et penser est l’acte de porter son monde au sens pour en faire l’intelligence de l’existence. C’est la maitrise de la langue qui permettra à la pensée nouvelle africaine de commencer des voyages gonflés de fécondité pour les ailleurs. La langue, l’Africanophonie est un acte d’enracinement. Un peuple qui ne mange pas sa langue stérilise ses racines. La révolution dans la pensée en tant que nouvelle idée de nous et vision par nous du monde devra être africanophone.

     

    Le son devra être le ton de l’Afrique. La pensée neuf est aussi un trajet nouveau dans le monde. C’est assis dans sa langue que les mythes fondateurs deviennent une mémoire vive. Ici, la nouvelle pensée se fait tradition, grande énergie créatrice annonçant par la parole, les grandes aventures de l’esprit. Aller à la langue comme matrice nourricière des horizons du nouveau provoque un changement de paradigme. D’une pensée de la résistance à un discours de confiscation de notre droit à être, il faut aller au sacrement des annonces. Ce qui annonce, crée nécessairement. Parler est une déchirure du temps qui doit rendre les Africains les créateurs de leur présent et des concepteurs des projets des sociétés du futur. La langue est d’essence nationale. L’essence nationale donne à naitre. Toute naissance commence une imagination des autrements dans le monde. C’est le monde comme culture et civilisation qui est ici pris en charge.

     

    Puisque la Parole embrasse toute l’activité humaine, la nouvelle pensée est une tache holistique. Ce sont la religion, l’économie, l’éthique, la morale, les arts que doivent réarticuler une pensée ouverte aux épiphanies du neuf. Il n’y a de neuf dans le monde que si la parole y retentit. Si c’est la parole qui fait le monde, il est tout aussi vrai que c’est le monde qui donne à penser. Toute pensée s’habille d’une parole qui créant le monde, signale la présence de l’homme comme de l’ouvrir. L’histoire n’est alors que la mémoire du travail de l’homme s’inventant en créant son monde. Créer la pensée, c’est penser le créer. La création est le symbole du monde à naitre comme le monde est le lieu de retentissement d’un évangile pour des nouveaux rêves. La capacité de rêver est une indocilité à l’origine. C’est au cœur des rêves que la parole se fait transgression. La nouvelle pensée est motivée par des u-topies et mobilisée par des u-chronies : les ailleurs des lieux sont aussi des autrements du temps.

     

    Créer est l’acte d’une fierté d’être. La fierté d’être est l’ad-venir d’une ancestralité et l’ancestralité d’un surlendemain. Il nous faut donc aller à une herméneutique du crâne à jamais perdu pour oser inaugurer une pensée glissante. La pensée glissante se fonde sur un langage en situation de pont et jamais en état d’arrivée. La nouvelle pensée se refuse de militer pour un homme désaliéné pour être la forêt sacrée de l’homme africain créateur. Le nouvel homme africain ne sera tel que s’il est pris dans une spiritualité de l’ex-scellence. La fécondité de la pensée est là : non pas l’enfer éclaté mais la terre éclairée par la liturgie des audaces. Face à la crise, ne faut-il pas aller aux rêves de la parole et non aux fantasmes des cris ?