Votre panier est actuellement vide !
Catégorie : ACTUALITÉ
65,7 milliards francs CFA
C’est le nombre de villages camerounais qui pourront, grâce à la République populaire de Chine, accéder au signal de la télévision numérique terrestre lors de la Coupe d’Afrique des Nations 2019. S.E. Wang Yingwu, l’ambassadeur de Chine au Cameroun, l’a annoncé le 12 juillet dernier à Yaoundé.
some 10000 central african CFA franc bank note obverse Reçu par Issa Tchiroma Bakary (ministre camerounais de la Communication), le diplomate chinois a indiqué que 300 kits adaptés seront distribués. Plus concrètement, c’est StarTimes, géant chinois des medias, qui offre des bouquets basiques et uniques aux localités sélectionnées. Il s’agit, selon S.E. Wang Yingwu, d’un système de téléviseur projecteur innovant qui utilise l’énergie solaire. Comme la majorité des pays africains, le Cameroun est en retard dans le processus de migration numérique dont la date butoir avait été fixée au 17 juin 2015, selon l’accord de Genève signé en 2006 sous l’égide de l’Union internationale des télécommunications (UIT).
Manœuvres: Paul Biya investi sans l’avis des militants du RDPC
Aidé par quelques caciques et des textes taillés sur mesure, le président sortant a réussi à s’imposer une énième fois comme candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais à l’élection présidentielle du 07 octobre.
Le président national du RDPC «Paul Biya, candidat naturel du RDPC». La formule rappelle le parti communiste soviétique et tranche avec l’image d’un homme «moderne voire futuriste» (pour citer Jacques Fame Ndongo) que le président sortant, 85 ans dont 35 passés à tête de l’Etat, se donne du mal à se construire. Au RDPC, son parti, l’expression agace beaucoup même si seuls quelques courageux osent l’avouer. Saint-Eloi Bidoung est le sacrifié qui accepte d’en parler à visage découvert. «Le président Biya aurait dû être adoubé lors du congrès du parti», indique-t-il.
Pour le 1er adjoint au maire de Yaoundé 6, invité éclair de Policam, l’émission politique de la RTS, une radio urbaine de Yaoundé, cette investiture sans congrès frise le «déni de démocratie». Sur la masse de militants revendiquée par le parti, c’est en effet une vingtaine de caciques, réunis au sein du bureau politique, où on entre sur proposition ou par nomination du président national (voir article 26 des statuts du RDPC), qui a investi Paul Biya comme candidat de cette formation politique à l’élection présidentielle du 07 octobre 2018.
Tout s’est joué en cette matinée du 03 novembre 2016. Convoqué au palais de l’Unité, «le saint des saints», comme il se fait appeler, proroge le mandat de Paul Biya comme président national du RDPC et donc fait de lui le candidat du parti au pouvoir à la future élection présidentielle. Il faut savoir que, selon l’article 27, alinéa 3, le président national «est le candidat du parti aux élections présidentielles».
Désir d’éternité
La décision du bureau politique est prise «conformément à l’article 18 des statuts du RDPC», justifie la présidence de la République du Cameroun. Mais rien n’est vraiment clair à la lecture de cet article. «Le congrès définit l’orientation politique, économique, sociale et culturelle ainsi que le cadre général de l’action du Parti. Il se tient tous les cinq ans. Toutefois, en cas de nécessité, cette période peut être abrégée ou prorogée par le bureau politique.Il peut être convoqué en session extraordinaire dans les conditions fixées à l’article 22 des présents statuts», indique-t-il. «Comme le congrès élit le président national, c’est donc de manière incidente que le bureau politique étend son pouvoir à la prorogation du mandat du président national», explique un cadre du parti.
Mais à bien lire les textes du RDPC, Paul Biya est candidat à vie de cette formation politique car élu à vie président du parti, un peu comme le sont les membres du comité central dont les mandats ne sont pas renouvelés. C’est que l’article 19 des statuts de ce parti indique que «le congrès élit le président national du parti, les membres du comité central au scrutin de liste et les membres suppléants du comité central», sans préciser pour combien de temps.
Jacques Fame Ndongo est d’ailleurs formel: «il y a aucune disposition qui limite ce mandat», affirme ce membre du bureau politique et secrétaire national à la communication du RDPC en mi-septembre 2016 alors que le débat fait rage sur la nécessité de la tenue d’une convention du parti. La preuve, lorsque Paul Biya convoque la réunion du bureau politique ce 03 novembre, il y a plus de 5 ans que s’est tenu le dernier congrès qui l’a réélu. C’était précisément les 15 et 16 septembre 2011. Paul Biya sera le candidat du RDPC «à toutes les autres élections présidentielles (futures) jusqu’à ce que lui-même en décide autrement», indiquait en juillet 2011, le ministre de l’Enseignement supérieur.
Manipulations
A quoi a donc servi la prorogation du mandat du président national par le bureau politique ? «A envoyer le messager que le patron est toujours partant et à déclencher l’avalanche d’appels en faveur de sa candidature», confie une source. D’ailleurs, au sortir de cette réunion, les membres du bureau politique ont, dans une motion commune, invité Paul Biya à être «le candidat du RDPC à la prochaine élection présidentielle».
Ce sont ces appels que Paul Biya utilise ce 13 juillet pour donner une certaine légitimité à sa candidature. «Chers compatriotes du Cameroun et de la diaspora, conscient des défis que nous devons ensemble , relever pour un Cameroun encore plus uni, stable et prospère, j’accepte de répondre favorablement à vos appels pressants», prétexte le président sortant avant d’ajouter: «Je serai votre candidat à la prochaine élection présidentielle». «Paul Biya est candidat depuis longtemps», affirmait pourtant Grégoire Owona, secrétaire adjoint du RDPC, dans le quotidien Le Jour, édition du 11 juillet.
Aboudi Ottou
Déclaration de candidature
Entre good buzz et bad buzz
Dans l’opinion publique locale et la diaspora, l’annonce provoque des réactions ultra-négatives et ultra-positives.
Décidément, «Dieu ne descend pas sur les marchés». C’est en tout cas ce que démontre encore Paul Biya. Plutôt que d’annoncer sa candidature au cours d’une conférence de presse ou d’un meeting politique, l’actuel chef de l’Etat préfère le costume du président se voulant (très) au-dessus de la mêlée, «jupitérien» comme les éléments de langage veulent l’imposer. En un tweet, un peu à la façon Donald Trump, «l’Homme-Lion» se dédouble pour réussir son coup de com’.
Performance
Dans la mousse médiatique qui escorte l’affaire, il y en a un qui confirme le changement d’époque. Ce 13 juillet 2018, en ouverture du 13 heures de l’antenne radio de la Cameroon Radio Television (CRTV), Charles Ndongo estime que Paul Biya a surpris tout le monde. «Toute la toile s’est littéralement embrasée», constate l’éditorialiste. Cela sonne juste: dimanche 15 juillet en mi-journée, 581 commentaires, 623 retweets et 941 j’aime font crépiter le compteur présidentiel.
«Aucun autre candidat à la prochaine présidentielle ne peut se vanter d’une telle performance. Surtout que là où les autres crantent avec de l’aspérité, lui y parvient grâce à des éléments concrets de son programme», évalue Jean-Baptiste Atemengue. A ce militant du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) d’en fournir la preuve par le tweet présidentiel: «Conscient des défis que nous devons, ensemble, relever pour un Cameroun encore plus uni, stable et prospère». «Et le flot est loin de s’arrêter», projette Charles Atangana Manda, le chef de la division de l’observatoire des médias et de l’opinion publique au ministère de la Communication.
A l’observation, il se passe un «jeu»: les supporters de Paul Biya attaquent dès qu’on s’en prend à leur candidat ; parfois ils se limitent à relayer les messages positifs, ils arrêtent de répliquer sur les polémiques. Une série d’utilisateurs particulièrement mobilisés tente ainsi de faire vivre les propositions de leur candidat sur les plateformes sociales. Le tempo vient de la diaspora, précisément de la section RDPC Afrique du Sud: «100% Paul Biya notre joie aujourd’hui est débordante, nous avons reçu le plus beau cadeau de notre Champion et Candidat Président Paul Biya, Merciiiiii mon Champion», dixit Pouokam Messy.
Ailleurs, on lit: «Hum, grand-père, si c’est la volonté de Dieu alors que sa volonté soit faite, mais il faut que tu saches, nous le bas peuple on subit, alors si tu peux modifier le système en place et mettre un système plus favorable et équitable, beaucoup de courage car les enjeux sont énormes», tempère Giresse Belinga.Boulets rouges
Et comme l’on peut s’y attendre, en déclarant sa candidature via tweeter, Paul Biya semble agacer ses poufendeurs, affichés sur la page présidentielle. A l’instar d’Arthur Owono qui croit au canular: «J’espère que c’est un fake news», dit-il en guise de commentaire. Pour d’autres, ce n’est plus l’information qui compte mais le personnage au centre de l’information. Cela se lit dans la diaspora, pourtant ciblée par Paul Biya. «Je suis camerounaise, mais je ne me rappel pas avoir sollicité votre candidature.
Précisez souvent que vous répondez à l’appel d’un clan de vieillards, antipatriotes. Tous responsables de l’échec de ce pays. Vous voulez organisez les élections, mais refusez de régler la crise», avise Anne Doris. «C’est drôle, on dirait que ce monsieur n’écoute le peuple qu’une fois tous les 7ans et sur un seul sujet, sa participation aux présidentielles. Une fois élu, il redevient le premier sourd du pays pour 7 ans», ajoute Rostan TC.
Jean-René Meva’a Amougou
05
C’est le nombre de catégories de l’aide destinée aux populations du Nord-ouest et du Sud-ouest, dans le cadre de la mise en œuvre du Plan humanitaire d’urgence.
Le 14 juillet 2018 sur la CRTV-télé, Paul Atanga Nji (ministre de l’Administration territoriale et président du Comité ad hoc chargé de la coordination du Plan) a déclaré que l’aide se décline en 05 visages: aide alimentaire, matériel de première nécessité, kits hygiéniques, matériel agricoles et aide à la reconstruction des habitations.
Ces matériels, a précisé le membre du gouvernement, doivent être déployés dans les deux régions anglophones du pays dès le 18 du mois en cours. Aucune autre indication sur le chronogramme n’a été révélée. Toutefois, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’Organisation des Nations unies (Ocha), associé à la distribution de l’aide, celle-ci sera opérationnalisée sur le terrain par des organismes tels que la Croix-Rouge, les confessions religieuses et les GIC.
Joseph Beti Assomo
On n’est plus tranquille nulle part dans la partie anglophone du Cameroun. Le 12 juillet 2018 à Kumba, l’une des localités de cette zone, c’est là que se trouvait le ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense (Mindef) lorsque des hommes armes au poing, s’attaquent au convoi.
Si Joseph Beti Assomo a dû avoir une belle frayeur, les assaillants ne sont, quant à eux, pas tous repartis. En dehors des morts, beaucoup ont été neutralisés. Désormais, apprend-on de sources crédibles, le Mindef a pris en compte les «menaces intentionnelles» contre l’armée camerounaise et les représentants du pouvoir de Yaoundé. Dans cet environnement, l’ancien gouverneur ne se console pas d’avoir échappé belle.
D’office, il ne peut que convoquer vigilance des bidasses pour empêcher que le Nord-ouest et le Sud-ouest ne deviennent des arènes de gladiateurs, où les brigands de toutes natures pourraient se croire en droit de faire exercer leurs vengeances, rendant vaine toute possibilité d’alternative à la guerre, méprisant même ceux qui œuvrent à trouver les moyens de résoudre pacifiquement la question dite anglophone.
Akere Muna : «Monsieur propre» dans la gadoue
En se jetant dans la course au palais de l’Unité, l’ancien bâtonnier a placé sa candidature sur les valeurs d’intégrité, d’honnêteté et de patriotisme. Depuis, il doit faire face à de nombreuses affaires qui tendent à éroder cette réputation. Le match avant la lettre.
Akere Muna, candidat déclaré à la présidentielle d’octobre prochain Plutôt que du «monsieur le président», Akere Tabeng Muna (ATM) préfère qu’on lui donne du «monsieur propre». «J’aime bien ça», avoue-t-il aux journalistes du Club politiques qu’il rencontre ce 7 juin dans un hôtel de Yaoundé. En réalité, c’est sous ce jour que le candidat déclaré à la présidentielle d’octobre 2018 se présente devant les Camerounais. En vue de conquérir les déçus de la politique qu’il sait nombreux, l’ancien vice-président de Transparency International se positionne comme une alternative aux politiciens camerounais réputés véreux, corrompus et calculateurs.
D’où l’idée d’«une Nouvelle République» portée par le sexagénaire. Pour la construire, «nous devons changer radicalement notre attitude vis-à-vis de la chose politique et promouvoir un comportement citoyen», explique-t-il ajoutant que «la marque d’un bon homme politique est l’honnêteté, l’intégrité et la confiance». De l’avis de cet avocat anglophone, «cela doit être suivi par l’amour pour le pays et pour le peuple».
Réputation
Aussi ATM travaille-t-il à démontrer qu’il incarne ces valeurs. A travers des visites dans les campagnes, les marchés…, l’époux de l’Anglo-Américaine Beverly Bird affiche sa proximité avec le bas peuple. Rien de feint défend Paul Mahel. L’ancien journaliste, devenu porte-parole du candidat, soutient qu’en dépit du fait que membre de l’une des familles les plus puissantes du pays, «Akere est très proche du citoyen et très accessible». «L’une des manifestations de cette proximité est la fondation Salomon Tandeng Muna [du nom du père des Muna] qui œuvre dans le social», brandit-on dans l’entourage de l’ancien bâtonnier.
«Akere Muna et Donald Kaberuka ont quelque chose en commun, ce qui n’est pas toujours fréquent, c’est de réussir mais en même temps d’être des hommes droits, avec des valeurs», ajoute pour sa part Pascal Lamy, ancien directeur général de l’Organisation mondiale du commerce. Un témoignage bien mis en exergue dans la section de la biographie officielle du candidat titrée «la réputation d’Akere T. Muna».
Revirement
Sauf qu’en politique tenir dans le manteau de «monsieur propre» n’est pas donné. Sa seule déclaration de candidature est déjà considérée comme problématique. Avant la présidentielle de 2011, l’homme qui ne quitte presque jamais ses lunettes rondes et son nœud papillon assure qu’il ne se présentera jamais contre Paul Biya. Or, ce dimanche 08 octobre 2017, lorsque l’ancien président du conseil d’administration d’Ecobank Cameroun annonce qu’il brigue la magistrature suprême, on ignore toujours si oui ou non le président sortant sera candidat à sa propre succession. ATM n’exclut donc plus cette option.
Sur cette question, la plaidoirie de cet avocat qui cumule une quarantaine d’année d’expérience tient à deux choses. D’abord, à l’en croire, il ne s’agirait pas d’un rétropédalage sur «une question de principe». «Le pays n’était pas en guerre quand je faisais cette déclaration», justifie-t-il. D’ailleurs «seuls les imbéciles ne changent pas d’avis. Et c’est parce que certains refusent de changer d’avis que nous sommes en ce moment en guerre», réplique-t-il faisant allusion à la crise anglophone. Ensuite, se persuade-t-il, «si je ne mets pas mon expérience au service du pays, j’aurais été complice d’une situation alarmante». N’empêche, pour certains, cela reste une tache sur la cape d’homme de parole qu’essaie de se coudre cet amateur de bonne musique.
Muna contre Muna
Dans sa pièce de théâtre «Les mains sales» (1948), l’écrivain français Jean-Paul Sartre estime que faire de la politique s’assimile à plonger ses mains dans «la merde et dans du sang». L’engagement d’ATM, dans les années 1990, au sein du SDF de Fru Ndi, dont il a contribué à la rédaction des statuts, ne lui a pas fait retenir la leçon. Peut-être était-il trop dans l’ombre… Mais à bien écouter cette figure de proue de la lutte anti-corruption, le message semble être aujourd’hui passé. «Mes détracteurs vont voir de quoi je suis capable dans ce monde. Je leur rappelle que j’ai fait 22 ans à Transparency International. Je connais leurs dossiers. Si c’est par là qu’ils veulent qu’on passe, on va y passer. Je suis prêt», menace-t-il en cette matinée du 14 juin 2018 en réaction à l’affaire l’opposant à sa sœur cadette Ama Tutu Muna (ATA).
La colère d’ATM est à la hauteur des enjeux. L’ancienne ministre des Arts et de la Culture (Minac) vient de lui porter plainte. ATA reproche à son frère aîné la gestion de l’héritage de leur père et réclame sa nomination comme co-administratrice de la succession. Elle l’accuse de faux et usage de faux et affirme n’avoir jamais eu connaissance du jugement d’hérédité établi par la famille à la mort en 2002 de l’ancien Premier ministre. Dans cette affaire, ATM risque gros. S’il est reconnu coupable, sa réputation de «monsieur propre» va s’écrouler et avec, ses ambitions présidentielles.
Laurent Esso
L’avocat formé à l’école anglo-saxonne le sait trop bien. L’actuel administrateur du patrimoine des Muna, soutenu par le reste de la fratrie, voit donc derrière la démarche de sa sœur, une machination politique ourdie par le ministre de la Justice Laurent Esso: «je suis un candidat déclaré à la présidentielle. Le ministre de la Justice bat campagne pour un autre candidat. Si je suis emprisonné, je suis disqualifié pour gagner la présidentielle», indexe-t-il. Les soupçons sont renforcés par la proximité avec Laurent Esso qu’on prête à ATA.
Mais en face, l’avocate de l’ancien Minac, dément toute manipulation. Fostine Chébou Kamdem, met plutôt en avant, la volonté de sa cliente de rentrer dans ses droits. A l’issue de la dernière audience de l’affaire tenue le 26 juin dernier au tribunal de première instance de Yaoundé, elle soupçonne ATM de vouloir faire traîner le jugement sur le fond, en sollicitant «une décision avant dire droit sur la question de prescription». Attitude que le député juge «peu orthodoxe pour un candidat qui veut vite démontrer à ses électeurs qu’il est innocent».
Reste que, certaines allégations de l’ancien bâtonnier restent troublantes. Selon ce dernier, depuis qu’il a déclaré sa candidature, il perd systématiquement tous ses procès et le ministre de la Justice manœuvrerait pour que ses honoraires ne soient pas payés dans les affaires où il défend l’Etat du Cameroun. «Dis à ton patron de retirer sa candidature sinon, ça va chauffer», aurait même conseillé un juge au conseil de l’ancien bâtonnier.
Financement
Outre cette affaire, l’ancien vice-président du conseil d’administration de Transparency International, doit aussi gommer l’étiquette de candidat de l’extérieur que lui colle une partie de l’opinion. Cette perception s’est renforcée avec sa saisine de l’Onu. Il y dénonçait «un génocide» dans les régions anglophones. Une image que le pouvoir contribue à grossir les traits. Au lendemain de la déclaration de candidature d’ATM, Issa Tchiroma, ministre de la Communication, l’accuse par exemple, au cours d’une conférence de presse, d’avoir, en complicité avec d’autres Camerounais basés à l’étranger, «planifié un bain de sang» dans le but de provoquer «une intervention internationale». Des accusations restées à ce jour sans suite judiciaire.
Pour ne rien arranger, il s’est ajouté ces derniers jours des rumeurs, démenties par l’ambassade des Etats-Unis, de financements par le pays de l’Oncle Sam. «De la vraie sorcellerie», commente Paul Mahel. L’ancien journaliste explique que, jusqu’ici, les activités de l’ancien bâtonnier sont financées «sur fonds propres» et celles du mouvement Now qui porte sa candidature, par ses membres. Cette organisation dite de citoyens engagés, compte parmi ses «membres fondateurs» l’Alliance des forces progressistes (AFP) de Bernard Muna, frère aîné d’Akere. Mais c’est le Front populaire pour le développement, un parti de seconde zone basé dans la région de l’Adamaoua, qui a investi ATM le 23 juin dernier. «Je suis le tout premier candidat anglophone investi par un parti francophone», préfère mettre en exergue le natif de Ngyen Mbo dans le Nord-ouest.
Aboudi Ottou
Panafricaniste d’opportunité
ATM a pris part au 31e sommet des chefs d’Etats et de gouvernements de l’Union africaine (UA) qui s’est achevé le 02 juillet dernier. L’UA l’a invité pour participer à un panel sur la lutte contre la corruption. Ses 25 années d’engagement dans la lutte contre ce fléau en Afrique et dans le monde y sont pour beaucoup de même que sa proximité avec l’organisation panafricaine. L’ancien bâtonnier y a d’ailleurs occupé de hautes fonctions (président du Conseil économique, social et culturel de l’UA, membre du groupe de personnalités éminentes du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs…). Le candidat à la présidentielle d’octobre prochain est même qualifié de «panafricaniste» par Donald Kaberuka, l’ancien président de la Banque africaine de développement.
Mais dans son programme aucune ligne n’est consacrée à l’intégration. Les priorités de l’avocat sont principalement orientées vers l’édification d’un Etat de droit au Cameroun. Interrogé sur la question, ATM n’a pas donné l’impression d’avoir une idée originale sur le rôle du Cameroun dans la dynamique d’intégration au niveau sous régional et continental comme le prédispose sa riche expérience au sein de l’UA. Du peu que l’on a pu comprendre, avec Akere Tabeng Muna président, le Cameroun devrait demeurer dans la Cemac tout en conduisant le processus de rationalisation des communautés économiques d’Afrique centrale dont il assure le leadership. La seule innovation concerne les relations commerciales. «Nous allons privilégier les échanges de proximité», confie l’avocat qui n’exclut pas une dénonciation de l’Accord de partenariat économique avec l’Union européenne.
«Je crois beaucoup à la force de l’intégration régionale. Et tout ce que la France peut faire pour faciliter, y compris dans le cadre d’une politique monétaire qui devrait être repensée, la France le fera», assure le président français Emmanuel Macron en visite la semaine dernière au Nigéria. Paradoxe, l’avocat anglophone, qui milite pour un retour à la République fédérale de 1961, ne semble pas encore prêt à couper ce cordon ombilical avec l’ancienne puissance colonisatrice du Cameroun oriental. «En l’état, il serait imprudent d’amener le franc CFA dans le débat politique. Parce que le sujet anime les passions», esquive le candidat. «Moi, président de la République, vous et moi discuterons pour trancher cette question», conclut-il.
AO
9,78%
Selon des données compilées par le ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia) entre 2011 et 2016, la quantité de viande produite au Cameroun est passée de 313 000 tonnes en 2011 à 344 000 t en 2016, soit une augmentation de 9,78%. Dans ce chiffre, indiquent les statistiques mises à jour le 06 juillet 2018, la volaille représente une proportion importante de la production, avec environ 34,38% de la quantité totale de viandes.
Estimés à 5,08 millions de têtes en 2011, ont atteint 7,4 millions. Sur la même période, on note une hausse de 14% de l’effectif des ovins, passant de 2,9 millions de têtes à 3,3 millions. Quant aux caprins, ils enregistrent une croissance moyenne de 1,1% par an, portant leur effectif à 6,4 millions. Les porcins et la volaille ont connu une croissance annuelle respective de 4,6% et 4,7% entraînant une augmentation du cheptel porcin de 2,8 millions à 3,5 millions de têtes et celui de la volaille de 6,5 millions à 81,9 millions de sujets.
Crise anglophone: Paul Biya joue ses dernières cartes
Plan d’urgence humanitaire et nominations des anglophones à de hautes fonctions, tel est décliné le bouclier qu’utilise le chef de l’Etat pour contrer la violence dans le Nord-Ouest et le Sud – Ouest du pays.
Il a encore tiré son écritoire et sorti sa plume le 05 juillet dernier. Ce jour-là, Paul Biya a décidé de porter Mme Feh Helen Kwangan -épouse Galega- à la tête du conseil d’administration de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam) de Yaoundé. Ancienne directrice des droits de l’Homme et de la coopération internationale au ministère de la Justice, l’heureuse promue est une magistrate de 4ème grade.
A la faveur d’un décret présidentiel, cette originaire de la région du Nord-ouest élargit de fait le cercle des anglophones nommés, depuis peu, par le chef de l’Etat à des postes de poids. On cite aussi volontiers Paul AtangaNji et Pauline Nalova lyonga, respectivement propulsés ministres de l’Administration territoriale et des Enseignements secondaires. «Des anglophones titularisés à ces postes-là, c’est la première fois depuis l’indépendance», situe Elvis Ngolle Ngolle sur le plateau de «Inside the presidency», un magazine de la télévision publique camerounaise, diffusé le 02 juillet 2018. Le même jour, ce natif du Kupe Manengouba (région du Sud-Ouest) est désigné président du conseil d’administration de l’hôpital général de Douala.
A Yaoundé, au cours d’une conférence de presse qu’ils donnent le 05 juillet 2018, Issa Tchiroma Bakary et Paul Atanga Nji vantent solidement le «Plan d’urgence humanitaire» et les modalités de son financement. Le ministre de la Communication (Mincom), appuyé par son collègue de l’Administration territoriale (Minat), renseignent que ce plan budgétisé à hauteur de 12,7 milliards de francs CFA, est en train d’être mis en œuvre. Pour justifier l’opération, le site internet de la présidence de la République voit en Paul Biya un homme «soucieux du retour au calme et du bien-être des populations des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest en proie aux troubles à causes des violences perpétrées par des terroristes depuis deux ans».
Regards
Relativement à ces actualités, la crise anglophone sert d’aiguillon à des grilles de lecture. Celles-ci s’attachent à présenter Paul Biya plaçant tout son espoir dans le bouclier construit par des nominations et le «Plan d’urgence humanitaire». D’un côté, certains qualifient cet appoint en cash «d’instrument politique». «Il (le chef de l’Etat) sait que les semaines qui s’annoncent seront fatidiques. Pour lui. Pour la présidentielle notamment. Eteindre la crise anglophone, c’est pile ou face pour lui», analyse Anemboh Monju. La communicatrice du Social Democratic Front (SDF) fait remarquer que mis sous pression par le contexte actuel, Paul Biya a missionné Philemon Yang, son Premier ministre, en parallèle d’autres tâches spécifiques pilotées sur le terrain par le Minat.
«Au-delà de toute cette agitation et autres effets de manche, il faut surtout lire le plan d’urgence humanitaire sous le prisme de l’urgence justement, c’est-à-dire celle imposée par le calendrier électoral», suggère Jean-Marc Bikoko, membre de la coalition «Tournons la page» (un consortium d’organisations de la société civile pour l’alternance pacifique). Pour lui, l’actuel locataire d’Etoudi est «suffisamment échaudé par la crise anglophone qu’il est tenu de désamorcer les tensions à l’aide de ces deux instruments». Par rapport à cela, le président exécutif de Dynamique citoyenne a des doutes. «Ce type de dispositif, dit-il, a surtout pour but d’essayer d’éteindre un incendie, mais ne traite jamais le problème à la racine. C’est juste des saupoudrages successifs au lieu de réformes profondes et utiles pour le long terme».
Sur la même veine, Josué Ngounang, le président de l’ONG «Cameroon First» croit que la pression de la crise dans la partie anglophone du pays oblige le président de la République à jouer son va-tout, en espérant obtenir des résultats immédiats. De son point de vue, le Plan d’urgence humanitaire et les nominations d’anglophones aux fonctions stratégiques se révèlent hors d’atteinte, faute d’avoir établi une stratégie de longue haleine.
Jean-René Meva’a Amougou
Plan humanitaire d’urgence
10 milliards à mobiliser en un trimestre
Le gouvernement annonce pour cette semaine le début des premières actions de son plan d’assistance aux populations des régions anglophones.
Pour financer son plan d’assistance humanitaire d’urgence, d’un montant de 12,7 milliards de francs CFA, en faveur des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le gouvernement a prévu des contributions des particuliers. Dès son annonce, des quêtes ont donc commencé à travers le pays. Du pointage fait au 08 juillet 2018, 1,2 milliard de francs CFA avaient déjà été collectés repartis ainsi qu’il suit: 236 millions mobilisés par le Nord-ouest et le Sud-ouest; 21 millions collectés dans l’Adamaoua ; 120 millions atteints dans le Sud ; 152 millions récoltés par le Centre; le Littoral culmine à 230 millions; le Nord rassemble 40 millions et l’Ouest culmine à plus de 400 millions. Cette enveloppe devrait augmenter dans les prochains jours avec les collectes dans les deux régions restantes. Il faut donc mobiliser environ de 9 milliards de francs CFA pour avoir les 10,2 milliards de francs CFA nécessaires pour «les actions à mener en urgence dans les trois premiers mois». Les 2,5 milliards restants sont à dépenser pendant les cinq derniers moins.
Ce plan, conçu pour une durée de huit mois, vise à rétablir un cadre de vie propice à l’épanouissement et au développement des communautés affectées par la situation sociopolitique dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest ; apporter une assistance humanitaire d’urgence aux populations en détresse ; assurer la réinsertion socio-économique des populations affectées ; promouvoir la cohésion sociale et le vivre-ensemble ; réhabiliter les infrastructures détruites. L’accès au logement, la fourniture des denrées alimentaires et des produits de première nécessité, l’éducation, le logement, la protection et la reconstitution des documents individuels sont d’autres domaines couverts par cette initiative qui intègre également des visites d’assistance et de réconfort aux populations réfugiées au Nigeria.
«Toutes ces activités seront précédées par les descentes sur le terrain auprès des populations directement concernées et des leaders d’influence communautaire, afin de leur permettre de s’approprier à la fois la consistance et le bien-fondé de ce programme d’assistance», explique le ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary. Ces décentes sur le terrain devraient débuter cette semaine, précise pour sa part Paul Atanga Nji. «Les activités du comité vont débuter dès la semaine prochaine sur le terrain. Il s’agit des instructions du chef de l’Etat en vue de la concrétisation du plan d’assistance humanitaire d’urgence», indique le ministre de l’Administration territoriale, au sortir de la première réunion du comité interministériel ad-hoc en charge de la mise en œuvre du plan gouvernemental d’assistance humanitaire d’urgence, le 04 juillet dernier.
Bobo Ousmanou
Claude Abé
A Yaoundé, le 05 juillet 2018, l’enseignant à l’université catholique d’Afrique centrale est fait ambassadeur de bonne volonté de «Miroir d’Afrique», une Ong créée par de jeunes Camerounais œuvrant pour l’insertion et la réinsertion sociale des détenus au sein des prisons du pays. Désormais, cette grande gueule assumée est la «mascotte» de cet objectif. Il doit cela à ses travaux de recherches universitaires dans le milieu carcéral. Pour quiconque le côtoie, il ne compte pas son temps pour la presse.
Il aime les micros et les caméras, mais se tient autant qu’il peut à l’écart de la politique politicienne, contre laquelle il sait trouver la formule, même à l’emporte-pièce. Celui qui revendique plus d’une vingtaine de publications scientifiques et de communications, en plus d’une quinzaine d’études réalisées sur des thèmes divers, se dit prêt pour sa nouvelle casquette. Il compte la porter avec loyauté et abnégation. Tout l’indique en tout cas, d’autant plus que ce filleul de Séverin Cécil Abéga l’a prouvé ailleurs.
506
Au terme de la 2ème édition de la Pan-African Project Management Conference tenue au palais des Congrès de Yaoundé du 23 au 25 mai 2018, l’heure est au bilan. Selon une note publiée par Babissakana, ingénieur financier et président de la conférence, les travaux de cette année ont rassemblé 506 participants. Parmi eux, l’on compte 403 délégués et 103 intervenants venant de 14 pays, soit une hausse de 53 participants ou 11,7% par rapport à la 1ère édition. D’autres lignes du même bilan précisent que les assises ont été meubles par 14 séances plénières, 03 allocutions liminaires, 03 témoignages, 04 discours d’ouverture et de clôture, 01 exposition de 03 jours.
Industrialisation: Pour le Cameroun, l’échéancier est connu
2035 et 2050 sont les deux années arrêtées pour contempler les résultats concrets du 1er Forum national de l’industrialisation (Fonaic) tenu récemment à Yaoundé.
Photo de famille à l’ouverture des travaux. Affichant des résultats économiques moyens au cours des dix dernières années, le Cameroun a su tirer parti des possibilités offertes par la diversité de son économie. Selon la Banque mondiale, les effets positifs de cette réalité s’atténuent toutefois dans une large mesure. L’institution monétaire internationale estime cependant qu’une politique d’industrialisation plus appuyée boosterait la croissance économique qui marque le pas depuis quelques années. En clair, pour le pays qui aspire d’ici 2035 à l’émergence, il y a urgence d’une reconstruction industrielle.
A Yaoundé, au cours de la première édition du Fonaic, les experts se sont intéressés à cet aspect, via le thème des travaux («Agro-industrie, un sanctuaire de la reconstruction industrielle pour l’émergence du Cameroun»). Ils ont arrêté un échéancier adossé sur deux années: 2035 et 2050. La première est retenue comme celle au cours de laquelle le «Cameroun devient l’usine de la nouvelle Afrique industrielle». La dernière marque le début d’une nouvelle ère: «le Cameroun devient le commutateur, le nourricier et l’équipementier de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale) et du Nigéria».
Démarche
Pour atteindre ces horizons, les participants au Fonaic ont conclu qu’il existe des astuces. Structurées autour du Plan directeur d’industrialisation (PDI), celles-ci se déclinent en plusieurs points. Notamment, il s’agit de «la reformulation du périmètre industriel camerounais ; la réorganisation de la logique d’intervention de l’Etat industriel bâtie sur l’agro-industrie, le numérique et l’énergie ; une veille stratégique et de une intelligence économique orientées vers le positionnement sur les marchés sous régionaux».
Par ailleurs, les échanges de Yaoundé ont fait émerger quelques propositions de réformes. Il a été suggéré la mise en place d’une stratégie de zonage communautaire ainsi qu’une réglementation permettant de rationaliser et de réguler efficacement la gestion du potentiel forestier national. Le développement de l’infrastructure ferroviaire sur l’étendue du territoire national et l’intensification de la diplomatie industrielle et économique (à travers le Minrex et renforcer la coopération avec la République Fédérale du Nigéria dans le domaine industriel et commercial) ont également été évoqués.
Jean-René Meva’aAmougou
Vente de faux timbres fiscaux: Des vacanciers interpellés à Yaoundé
A Odza, dans le quatrième arrondissement de la capitale, deux jeunes gens ont été appréhendés en fin de matinée du 26 juin 2018, au cours d’une patrouille menée par des éléments des Equipes spéciales d’intervention rapide (Esir).
De faux timbres fiscaux écoulés par des jeunes vacanciers. Respectivement âgés de 19 et 21 ans, les deux suspects se sont présentés à la police comme des «stagiaires» recrutés par un étudiant en informatique résidant à Bonamoussadi, dans la zone universitaire de Ngoa-Ekelle. Au moment de leur interpellation, ils étaient en possession d’une planche de 100 faux timbres fiscaux contrefaits et destinés à la vente. «C’est notre activité de stage de vacances», déclare l’un d’eux, indiquant que le voisinage des commissariats, mairies, tribunaux et d’autres édifices publics sont leurs principaux points d’écoulement.
«Business»
Dévoilés par son camarade lors des premiers instants d’une enquête qui suit son cours, les chiffres présentent un créneau juteux. «Par jour, je peux vendre pour 20 à 30 mille francs CFA», a confessé, à chaud, l’un des «stagiaires». La suite révèle que pour chaque «timbre» vendu, il prélève 250 francs CFA. «C’est ça qui me revient et le reste chez le boss », détaille-t-il fiévreusement.
Pour maximiser ses chances d’empocher un pactole consistant, les deux interpellés disent ruser avec deux leviers: l’approche vers le client et le feedback. «Parce qu’on est seul à savoir tout de la qualité du timbre proposé», situent-ils à l’unisson. Selon eux en tout cas, il est souvent plus convainquant de commencer par présenter le besoin auquel répond le produit proposé. «On démontre au client qu’il y a pénurie de timbres fiscaux dans la ville et que même les machines à timbrer ne fonctionnent pas», apprend-on. Sans anticiper sur leur «solution », les jeunes vendeurs prennent soin de bien décrire la «situation actuelle», le problème auquel ils sont confrontés et ses conséquences, les coûts, les inconvénients, les difficultés, chiffres à l’appui… «Nous démontrons que nos timbres résolvent parfaitement le problème», évacue l’aîné des stagiaires.
Cibles
Parfois cela fonctionne, et d’autres fois, pas. C’est pour cela qu’il faut être au courant des «retours». «Quand un client se plaint ou découvre la supercherie, nous déménageons», explique-t-il. Alors, le choix est porté sur les «points de vente à peu de risques», selon la terminologie de notre interlocuteur. Dans ce choix, le ministère des Finances récolte de bons points grâce à deux facteurs : le flux des vieux retraités et l’anonymat. «Ce sont les veuves ou les vieillards que nous ciblons», oriente-t-il. A l’en croire, la situation est surtout bonne quand les moyens des retraités deviennent insuffisants pour faire face aux dépenses courantes devenues trop lourdes ou à des frais imprévus: «c’est là que nos timbres passent couramment».
Mise en garde
En haut lieu, l’on est au courant de la circulation de faux timbres fiscaux. Dans un communiqué qu’il a signé le 11 juin dernier, le ministre des Finances rappelle qu’«en application de la législation fiscale en vigueur, les timbres fiscaux sont exclusivement vendus dans les recettes des impôts, les régies des recettes des impôts, les régies des recettes du timbre, les trésoreries générales, les recettes des finances et les perceptions». Selon certaines sources, Louis Paul Motaze intervient à la suite d’une remarque faite au service des pensions et rentes viagères de son département ministériel. Là-bas, indique-t-on, depuis quelques semaines, plusieurs dossiers de pensions de réversion confectionnés et déposés par des usagers portent de faux timbres fiscaux.
Jean-René Meva’a Amougou
Akere Muna: «Monsieur propre» dans la gadoue électorale
Akere Muna, candidat déclaré à la présidentielle d’octobre prochain En se jetant dans la course au palais de l’Unité, l’ancien bâtonnier a placé sa candidature sur les valeurs d’intégrité, d’honnêteté et de patriotisme. Depuis, il doit faire face à de nombreuses affaires qui tendent à éroder cette réputation. Le match avant la lettre.
Aboudi Ottou
Cabral Libii, jeune premier… aux dents longues
Certains le présentent volontiers comme le «Macron camerounais». Lui-même dit avoir assez de tigritude pour dévorer l’homme lion en octobre prochain.
On se demandait. On se demandait qui pourrait briser le couvercle de la grosse et bouillante marmite à slogans politiques, avant la présidentielle d’octobre prochain au Cameroun. Le hasard a voulu que ce soit un apprenti gracieux: Cabral Libii Li Ngwe. C’est lui. Sans doute, ce jeunot (38 ans) a pris la mesure d’un manque, avant de lancer le «Mouvement 11 millions de citoyens». Par la grâce médiatique, son nom et ce slogan, tels des chapes plus lourdes que des plombs, retentissent désormais dans l’espace public.
Aux yeux et dans les oreilles de l’opinion nationale et internationale, Cabral et (surtout) son initiative passionnent autant qu’ils intriguent. Il s’explique: «Jeunes Camerounais aux parcours et expériences complémentaires, nous avons décidé de nous réunir afin de contribuer activement à la refondation de la conscience nationale, en lançant le mouvement. Nous voulons apporter une réponse aux attentes légitimes des Camerounais, une vision alternative pour le pays».
Dans le sang…
En tout cas, sur le coup, certains collent à l’inventeur du slogan «Mouvement 11 millions de citoyens», l’étiquette de «bon animateur de la démocratie au Cameroun». D’autres, y décelant amour du verbe et art du mot, concision et force de frappe, estiment que tout y est dit de ce qu’il y aurait à dire sur la candidature de ce neveu de Ruben Um Nyobe.
Là, l’ethnologue Cyprien Mekoa Tsala parle d’«une ascendance surprenante, pas étonnante». Et pour repeindre Cabral en «fils» du nationaliste de vénérée mémoire, la connexion s’opère par une première phrase: «Il ne faut jamais insulter complètement l’avenir». Prononcés par Mpodol le 12 avril 1950 à Eséka, ces mots sont repris, in extenso, par Cabral lors d’une conférence sur le panafricanisme au musée «Blackitude» à Yaoundé le 26 mai 2017. Interrogé ce jour-là sur ses ambitions pour l’avenir, Cabral n’a pas exclu de briguer un jour la magistrature suprême. «J’en sais rien. (…) Ça me paraîtrait incongru, mais la vie doit être faite d’incongruités», a-t-il déclaré.Pleine table
En avril 2017 à Bamenda, la digue des mots voilés saute, avec la confirmation de sa candidature. Entre temps, son jeune âge, sa personnalité, son parcours atypique ou son peu d’expérience deviennent autant d’ingrédients qui inspirent l’opinion nationale. Elle l’appelle désormais le «Macron Camerounais». Il incarne, croit-on, la nouveauté, l’aube, l’espoir. Surtout qu’auparavant, l’on avait découvert un jeune intéressant, sympa, intelligent sur les écrans de télévision et antennes de radio. «C’est toujours ainsi», constate Clémence Menye. La présidente du fan club Cabral Libii au lycée de Nkoabang (Mefou-et-Afamba) apprécie son idole lorsqu’on en vient aux questions politiques sur les médias.
«Il s’exprime de manière plus grave, plus forte, assénant chaque mot pour qu’il rentre bien dans notre tête d’ignorant», indique-t-elle. Normal, le garçon a un parcours académique objectivement brillant. C’est un provocateur intello pour les uns, visionnaire interdisciplinaire pour les autres. Toutes choses pour que les amis, les affidés, les «sabras» du Mouvement 11 millions de citoyens l’appellent «Président». Président de quoi, personne ne sait trop l’expliquer, mais enfin c’est ainsi. Les vieux compagnons de la fac disent «Cabral». Les adversaires politiques: «petit basa’a».
Regard
Reste qu’une dizaine de candidats déclarés pour la présidentielle d’octobre, ça lui fait de la peine à deux titres. Et pour cause: «Je reste convaincu que c’est une action consensuelle, coalisée de l’opposition qui ouvrira à cette dernière les meilleures chances d’évincer Paul Biya du pouvoir. La deuxième démarche pour laquelle ça me fait de la peine, c’est que tous ceux qui annoncent leur candidature prennent cela comme un amusement. C’est à croire que la politique est devenue au Cameroun comme la samba. Quelqu’un se lève un matin, il fait des grimaces devant le peuple, il dit qu’il est candidat et puis il s’arrête là. Il dit qu’il est très fort. Surtout quand il circule dans la rue et tout le monde l’appelle président. Dans son esprit, il croit vraiment qu’il est président. Je crois que quand Paul Biya voit tout ça, il rit en envoyant les deux pieds en l’air».
«Prépa Etoudi»
Au moins lui, il paraît presque «naturellement» fait pour le rôle. Visiblement, sans le vouloir, il a dû opérer une transfiguration. Glisser du statut d’individu normal à celui d’homme d’Etat. «Fendre l’armure», selon le mot du journaliste Gilbert Tsala Ekani. En somme, s’introduire dans la peau de ce président qui, dans l’esprit camerounais, promène toujours quelques oripeaux d’un roi. C’est un long cheminement. Intime. Imperceptible tout d’abord, même aux yeux des entourages, la métamorphose s’accomplit peu à peu et les premiers signes sont à chercher dans l’adoption d’une nouvelle discipline: aller à l’élection présidentielle est un renoncement à la légèreté. Ce n’est pas une entrée au monastère. Mais une nouvelle hiérarchie des priorités pour marquer la forte détermination de battre Paul Biya. Des réunions politiques, Cabral les enchaîne. Des notes politiques et économiques, il les ingurgite. Des tours du Cameroun éreintants, il les effectue. Et la présidence de la République pour seul objectif.
Programme
A l’instar de tous les candidats, on dit : voici un candidat qui présente une situation visible et propose un lot de mesures. Par exemple, il réitère les convictions qu’il défend: la décentralisation et son hostilité à l’envol de la dépense publique. Par exemple aussi, il dresse un tableau douloureux de l’action politique telle qu’elle est devenue. De son point de vue, ceux qui la mènent n’inventent donc plus rien face à l’inquiétude grandissante à l’échelle nationale.
Car, avise Cabral, voici trop longtemps que le régime actuel est trahi par certains de ses cadres, qui, depuis au moins l’indépendance du Cameroun, semblent honteux d’avoir travaillé pour le chaos. Littéralement, Cabral n’en revient pas, et craint pour sa perpétuation. Au moins, croit-il en avoir identifié la cause: l’unité nationale, qui fédérait les âmes et jouait un rôle d’adjuvant ou de substitut au désastre, s’est ossifiée, perdant toute efficacité symbolique. «Elle a éclaté en sectes idéologiques mutuellement hostiles», juge Cabral.
Avec un supplément d’horizon, il flâne sur la question anglophone. «Globalement ces compatriotes anglophones sont derrière l’opération «onze millions d’inscrits». Eux aussi disent qu’il est temps pour le changement au Cameroun, et que, c’est par la voie des urnes que ce changement va arriver. Vous voyez donc que contrairement à ce qu’on raconte, la crise anglophone n’est pas pour créer du désordre, mais une crise qui vise simplement la satisfaction d’une tranche de la population camerounaise d’expression anglaise», tranche le jeune leader.
Après avoir pris la mesure de ces écrouelles, Cabral propose un avenir meilleur, à travers le slogan: «demain on sera heureux». A l’en croire, plus ce programme sera audacieux et clivant et plus il sera un produit passe partout. Destiné à favoriser son élection, ce projet de société pourrait impliquer une rupture rapide, en permettant un renouvellement démocratique. Renouvellement du personnel politique, avec l’avènement de figures issues de nouveaux horizons. Renouvellement des institutions également en redonnant aux citoyens la faculté de faire entendre leur voix sur le processus des réformes – et non pas seulement à l’heure des grandes messes électorales.
Pour l’instant, Afrik-Inform et le baromètre Elmed (du nom des trois chercheurs qui l’ont conçu: Dr Célestin Elockson, du Pr Joël Müller et du Pr Emmanuel Djuatio), concluent que Cabral reste le challenger que Paul Biya doit prendre le plus au sérieux. Afrik-Inform, un média en ligne a, du 17 au 30 mai 2018, soumis quelques candidats aux internautes pour un vote. À l’issue de celui-ci, Cabral Libii vient en tête avec 1710 voix. Et selon le baromètre Elmed, «sur un échantillon représentatif de la société camerounaise, de 4 154 individus (inscrits sur le fichier électoral ou en voie de l’être)», soit 1768 à Douala et 2 386 à Yaoundé, les deux plus grandes métropoles camerounaises, 57% des individus interrogés préfèrent Paul Biya comme président de la République. Le président sortant, est suivi de Cabral Libii (16%). Même si la crédibilité de ces sondages est remise en cause notamment par ses adversaires politiques, le fils de Mahomey dans les environs d’Eséka y voit un signe du destin.
Le candidat et l’intégration
Formellement, Cabral Libii Li Ngwé ne dit pas grand-chose sur cette thématique. Sauf qu’à écouter le candidat à l’élection présidentielle prochaine, il n’ignore pas la signification du concept d’intégration, maintes fois rappelée (par lui), en tant que processus par lequel des éléments composites créent la dynamique d’une réalité nouvelle par des échanges et des emprunts réciproques dans tous les domaines de la vie sociale et culturelle. Parce que le concept lui semble délicat, il use souvent d’un langage voilé. Plus globalement, le phrasé de Cabral Libii se fait plus léger et pensif quand, pour décrire la réalité camerounaise en matière d’intégration nationale, il rappelle la place de celle-ci au cœur de la nation. Cela a constitué l’une des lignes du discours adressé à ses compatriotes en fin d’année 2017. L’occasion lui a permis de se servir des exemples : la diaspora et les minorités. De son point de vue, ces deux communautés devraient être prises très au sérieux. Le débat structuré autour d’elles, croit-il, est fondamentalement politique car il touche directement à l’unité nationale et à la République. Sous le prisme de Cabral Libii en effet, ce débat débouche sur la problématique de l’intégration nationale. Or, semble-t-il dire, l’évocation de celle-ci ne doit pas être facile uniquement pour draguer, à bon prix, l’électorat des minorités et de la diaspora.
Bio express
Naissance: 29 mars 1980
Nationalité: Camerounaise
Formation: Droit public international
Activités: Journaliste, homme et consultant politique, activiste,juriste et enseignant d’université
Marié à Murielle Peggy Libii
Parti politique : UNIVERS
Idéologie: Socialisme progressiste
Récompense: 2017 : lauréat du Prix d’excellence du«Meilleur booster de la démocratie camerounaise»
Source: Wikipedia
Présidentielle 2018 au Cameroun :Here we are !
A moins de quatre mois de l’élection présidentielle, la fièvre de la campagne s’empare du pays.
Le palais de l’Unité à Etoudi. «Pour le Cameroun, cette année marque le début d’une nouvelle période, surtout sur le plan politique, avec un bon zeste de compétition», prédit Herman Nyeck Lipot en ce 1er janvier 2018 sur le plateau de «Canal matin», une émission de Canal 2 International. Pour donner du relief à son affirmation, l’astrologue camerounais ajoute : «les élections, surtout la présidentielle, événement saillant de cette année, s’annoncent chaudes».
Flânant quelques minutes sur ce thème, l’horoscopiste finit par s’intéresser au nombre de candidats officiellement déclarés. Au 25 octobre 2017, l’hebdomadaire Jeune Afrique en avait recensé dix (Corantin Talla, Bernard Njonga, Jean Blaise Gwet, Olivier Bilé, Garga Haman Adji, Dieudonné Mbala, Serge Espoir Matomba, Akéré Muna, Paul Eric Kingué et Cabral Libii). Sur fond d’approche de la «date», Maurice Kamto et Joshua Oshi sont venus corser cet effectif de challengers de Paul Biya, au cas où celui-ci daigne enfin officialiser sa candidature «naturelle» sous la bannière du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).
Autour du calendrier électoral, la vie politico-médiatique se focalise. On reconnaît que l’affaire est presqu’à sa phase terminale. A quatre mois de l’échéance, des politiciens purs sangs et des politiciens sans morale s’écharpent et s’étripent. Consensus et dissensus s’enchaînent. Le glamour aussi prend sa place. L’espace public national est désormais le point de convergence de toutes les trivialités. «C’est le moment du folklore électoral», conclut Eric Mathias Owona Nguini. Même si le sociopolitiste déplore la disparition du débat d’idées et de projets au profit d’une vision de la politique dominée par l’obsession narcissique et des arrangements politiciens.
Néanmoins, chaque jour, la vie politique s’anime au Cameroun, sans qu’on parvienne à savoir aujourd’hui qui en dicte le rythme, au milieu des inquiétudes générées par la situation dans la partie anglophone du pays. Une certaine expertise codifie cela de «crise anglophone». Cette crise-là, ici et là, tous les candidats ou presque, se sont lancés dans une course effrénée pour tenter de la retourner à leur avantage, alternant gravité un jour et proximité le lendemain, altitude internationale le matin avec les grands de ce monde et familiarité feinte le soir à la rencontre des Camerounais de la rue. «C’est l’événement permanent. On n’a plus besoin de tendre l’oreille», disent les experts de la cuisine électorale. Le seul truc à comprendre, selon eux, c’est que la campagne pour le scrutin présidentiel prévu en octobre prochain au Cameroun est lancée.
Le changement ou la continuité, c’est maintenant !
Dans ce brouhaha, la publicité politique et des professionnels de la com’ événementielle font une entrée en force auprès des candidats. Parce que «le registre de la présidentielle a changé», assure Sosthène-Médard Lipot. L’expert en communication poursuit: «Celle que nous vivons met en valeur le modernisme électoral en ce qu’elle éclipse le style de 1992, 1997 et de 2011». Il est clair que pour ce spécialiste de la communication politique et non moins cadre du parti Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), la présidentielle de cette année au Cameroun est, à quelques nuances près, faite «à l’américaine». Les indices se découvrent dans l’ambiance de kermesse ou de cirque électoral que symbolisent les flonflons d’orchestres populaires, majorettes et une panoplie sans cesse enrichie de gadgets frappés au nom du candidat ou son slogan. Ces indices ont investi les grands carrefours, les meetings, les journaux, la radio, la télévision, les réseaux sociaux et les conférences de presse, où ils déferlent, à dessein, devant les objectifs de caméras.
Le parfait exemple est donné par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti de Paul Biya. Les «meetings de soutien» organisés à la gloire de l’actuel locataire du palais de l’Unité sont les points de ralliement où se précipitent, indifférenciés, tous les caciques et rebuts de cet appareil politique. Ils espèrent ainsi être maintenus, lessivés, ou réhabilités en signant l’«appel à candidature» ou en entonnant des louanges diversement déclinées au profit du président du RDPC. Lequel voit son image s’épaissir inévitablement.
Pour cet exercice, le timing ne doit rien au hasard. Durant ces moments affranchis de toute décence, les orateurs dévoilent les cargaisons d’œufs pourris de l’opposition. «On fait là comme aux Etats-Unis», rigole un membre suppléant du Comité central du RDPC. En fait, les «boules puantes» des adversaires de Paul Biya sont entrées dans les éléments de langage des tribuns du RDPC. A Yaoundé dernièrement, lors d’un meeting tenu à l’esplanade de l’hôtel de ville, Cabral Libii en a fait les frais. A lui, par exemple, les supporters de Paul Biya n’ont attribué que «le charisme de jeune gérant de banque villageoise».
Le scrutin approchant, côté opposition, on dit commencer à rentrer dans le concret. À l’heure des tweets et des batailles rangées sur le web, des leaders politiques continuent la même œuvre contre le régime en place. Les séquences se succèdent. Les formats varient. La propension à penser sa communication dans une métamorphose se renouvelle sans cesse. Là-bas, la lieutenance éditoriale se charge elle-même de faire prendre la bonne direction aux boulets tirés. Leurs mots cinglent. Ils frappent. Ceux prononcés par certains blessent. Lancinants, ils reviennent comme pour éroder toujours plus l’image de Paul Biya. Akéré Muna par exemple n’hésite pas à dire ouvertement qui saccage sa candidature, qui instrumentalise politiquement le désastre familial le mettant aux prises avec d’autres Muna. Certains n’hésitent pas à désigner cela «une fuite en avant» du leader du mouvement «Now», à quelques semaines seulement de la convocation du corps électoral.
Côté public
Dans cet environnement, les citoyens passent tour à tour de l’indifférence passive à la participation active. A travers le pays, l’élévation du niveau d’attention aux péripéties politiques conduit à tenir pour acquis que le public redevient attentif aux discours, notamment aux propositions des candidats. On présuppose aussi que les électeurs suivent les rebondissements de cette effervescence collective, notamment les principaux meetings électoraux, la participation des principaux candidats aux émissions de radio ou de télévision. Les transformations de la couverture médiatique renforcent ces présupposés.
Il existe désormais des chaînes télévisées qui martèlent en boucle tous les sensationnalismes, à commencer par les tournées ou sorties de tel ou tel candidat. Et avec en bonus, une avalanche de commentaires, qui en scrutent le contenu, les intentions et les effets potentiels. Voilà donc planté le décor. Un décor annonciateur d’une série sur les portraits des candidats. Ce que propose Intégration à la veille de cette élection présidentielle au Cameroun entend s’écarter de toute vampirisation du débat. Il s’agit, au fil des éditions, de dire et de lire les programmes des uns et des autres, sous le prisme subjectif de la programmation de la rédaction.
Jean-René Meva’a Amougou
Marché du livre scolaire: Le business coiffé au poteau
La réintroduction des anciens classiques au programme scolaire est annonciatrice d’une bataille entre les secteurs informel et formel.
Une vue de la librairie du poteau à Yaoundé. «Un livre s’en va, quelques années après, on annonce qu’il est de retour. C’est terrible!» Le phrasé de Lucien O. peine à exprimer son exaspération au lendemain de la publication de la liste officielle des manuels scolaires pour l’année 2018-2019. A 30 ans, ce sans-emploi ne croisait plus que ses doigts en attente de la prochaine rentrée. Son business, malheureusement, doit se conjuguer avec une déconvenue: le retour au programme des «anciens livres». «Petites gouttes de chant pour créer l’homme», «Père inconnu», «Trois prétendants… un mari», «Les Bimanes», et «L’arbre fétiche»… Autant de titres cités par le jeune vendeur de livres et journaux de seconde main au lieu-dit «Carrefour Mvog-Mbi» à Yaoundé.
Ces titres, Lucien O. révèle qu’il les avait brutalement jetés à la poubelle parce que déclarés «HP» (hors-programme). «Un stock d’environ 350 pièces ! Ça aurait pu me faire un bon paquet à la rentrée», regrette-t-il. En clair, la réintroduction des œuvres de Pabe Mongo, Guillaume Oyono Mbia, Séverin Cécile Abéga, Jean Pliya et René Philombe ligote les libraires du «poteau». De l’aveu de l’un d’eux, basé au lieu-dit «Montée Montesquieu» (non loin de la Poste centrale de Yaoundé), ces livres couvrent toutes les marges imaginables.
«Parce qu’ils sont au programme des élèves des petites classes du secondaire, ces manuels permettent au moins de passer une bonne rentrée ici au poteau», allègue notre interlocuteur. Se laissant guider par un souvenir qui ne laissait pas présager que ces bouquins seraient «de retour», Lucien O. regrette que les nouvelles listes délestent «le poteau» du pactole de la prochaine rentrée… «au profit des librairies officielles». «Nous avons du mal à applaudir ces listes puisque nous sommes confrontés à une situation de non disponibilité des stocks», avance-t-il.
Pour pallier ce qui se conçoit déjà au poteau comme « un manque – à – gagner », une orientation est envisagée. Parmi les libraires d’ici, il se murmure que l’option de la spéculation pourrait relancer le marché, à défaut de le retourner à l’avantage de ce pan du secteur informel. Selon certaines indiscrétions, beaucoup d’opérateurs exerçant ici entendent rafler les moindres stocks des titres évoqués plus haut. «C’est la seule piste si nous voulons aussi prendre notre part durant la rentrée», jure Lucien O. La tournure commerciale consisterait, selon lui, à acheter au prix de gros auprès des éditeurs et revendre à celui du détail. À côté, la contrefaçon est annoncée. «La photocopie peut aussi nous servir», blague un vendeur.
Jean-René Meva’a Amougou
Concession d’Eneo: Séraphin Magloire Fouda court-circuité
Le garant des intérêts de l’Etat dans le conseil d’administration du distributeur de l’électricité souhaitait un audit de la concession avant toute décision sur l’avenir. Mais Paul Biya en a décidé autrement.
Le PCA d’Eneo. C’est peu dire que d’affirmer que les Camerounais ne sautent pas de joie en apprenant l’extension de la concession d’Eneo, le fournisseur de l’électricité dans le pays. «Cette fois-ci on est mort», commente par exemple un internaute en faisant allusion aux interruptions dans la fourniture de l’énergie. Ce sentiment d’insatisfaction, des citoyens le partagent même dans les hautes sphères de la République. En décembre 2017, le secrétaire général des services du Premier ministre, et non moins président du conseil d’administration d’Eneo, signe un avis d’appel à manifestation d’intérêt qui s’apparente à un véritable procès contre l’action de l’entreprise contrôlée à 52% par le fonds d’investissement britannique Actis.
«Le changement de statut du fournisseur de l’électricité n’a pas eu d’incidence notoire sur la condition du consommateur, bien au contraire. On déplore toujours autant de désagréments électriques caractérisés par des délestages fréquents et intempestifs. Toutes les catégories de consommateurs en sont durement affectées. Par ailleurs, l’électricité coûte chaque jour un peu plus chère au Cameroun, les disparités entre les zones urbaines et les localités rurales se sont accrues, en violation des dispositions de la loi régissant l’électricité, notamment en ce qui concerne celles portant sur l’égalité des usagers du service public», dénonce Séraphin Magloire Fouda, garant des intérêts de l’Etat dans le conseil d’administration du distributeur de l’électricité.
Pression
L’étude que l’agrégé d’économie envisage alors de réaliser doit «mettre un accent particulier sur l’évaluation des performances techniques réalisées par le partenaire actuel [Eneo, NDLR], en comparaison avec les meilleurs standards internationaux dans les domaines de la production et de la distribution de l’électricité». Mais le dépouillement des offres soumises pour le recrutement du consultant chargé de conduire cette étude, dont l’objectif est de procéder au «découpage en zones économiquement viables du périmètre du segment de distribution actuel de l’électricité au Cameroun», va de renvoi en renvoi, jusqu’à ce qu’on en entende plus parler. Et ce 13 juin 2018, Paul Biya tue tout suspense en autorisant le ministre de l’Eau et de l’Energie de prolonger pour une durée de 10 ans, à partir du 18 juillet 2021, le contrat cadre de concession et les contrats dérivés qui lient l’Etat du Cameroun à Eneo.
Il faut dire que le pays est sous pression. Les bailleurs de fonds internationaux, contributeurs annoncés pour la construction du barrage de Nachtigal (420 MW), conditionnent en effet la libération de leurs financements à l’extension de cette concession. A ce jour, le closing financier du projet n’a pas encore eu lieu, alors que l’infrastructure doit entrer en activité en 2022. Et tout retard va creuser davantage le déficit énergétique et entrainer une dégradation de la qualité du service.
A titre d’illustration les difficultés de ces jours sont notamment le fait des retards enregistrés dans la mise en service du barrage de Memve’ele. Annoncée pour 2017, cette infrastructure de 211 MW n’est toujours pas en service. En cause, l’absence d’une ligne électrique pour pouvoir évacuer l’énergie vers les agglomérations. Selon les chiffres communiqués par Eneo, cette situation engendre des coûts supplémentaires d’un milliard de francs CFA chaque mois pour l’achat du gasoil en vue de faire tourner les centrales thermiques et combler le déficit. Du coup, le pays a été obligé de faire, lors de la révision budgétaire du 4 juin, une provision budgétaire de 20 milliards de francs CFA pour supporter la subvention des prix de l’électricité.
Aboudi Ottou
Dynamiques d’intégration: Les femmes prennent le pouvoir dans la Cemac
Une vue de la tribune officielle lors de la cérémonie d’ouverture. Depuis bientôt 10 ans, le Réseau des femmes actives de la Cemac (Refac) tient le pari de l’organisation à Kye Ossi d’une foire transfrontalière. Pleins feux sur la 9ème édition, ouverte le 29 juin avec 10 pays participants.
Jean-René Meva’a Amougou
Industrialisation: Yaoundé décline son échéancier
2035 et 2050 sont les deux années arrêtées pour contempler les résultats concrets du 1er Forum national de l’industrialisation (Fonaic) tenu récemment à Yaoundé.
Jean-René Meva’a Amougou
100 milliards de francs CFA
Le 20 juin dernier, Paul Biya a publié les orientations générales de la politique budgétaire pour l’exercice 2019. En matière de recettes, l’objectif principal demeure la mobilisation optimale des recettes budgétaires internes non pétrolières.
En effet, dans son programme d’ajustement avec le FMI, le pays s’est engagé à accroitre la pression fiscale l’année prochaine de 0,6% du produit intérieur brut (PIB). Pour y parvenir, le président de la République prévoit, en ce qui concerne les impôts et taxes, de réduire les exonérations fiscales relatives aux impôts indirects à hauteur de 100 milliards de francs CFA. Selon le rapport sur les dépenses fiscales, joint à la loi de finances de 2018, les dépenses fiscales se sont chiffrées à 451 milliards de francs CFA en 2016, soit environ 20 % du total des recettes et 2,4 % du PIB. Les pertes enregistrées par la Direction générale des impôts représentent 339 milliards (330 milliards pour la TVA et 9 milliards pour les droits d’assises), soit près de 1,8% du PIB. Les exonérations fiscales constituent donc une niche pour accroitre les recettes propres non pétrolières.
Lutte contre le trafic d’armes : Comprendre l’engagement du Cameroun
Au moment où la situation sécuritaire du pays est de plus en plus volatile, l’implication des autorités de Yaoundé signe un projet stratégique novateur.
Question de Cameroon tribune: «Le Cameroun a abrité la 1ère Conférence des Etats parties à la Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre. Qu’est-ce qui explique l’organisation de telles assises ?» «…La disponibilité du Cameroun à accueillir cette rencontre internationale de haut niveau, montre l’engagement de notre pays, aux côtés de ceux de l’Afrique centrale, des organisations internationales et de la société civile, à contrôler la circulation des ALPC et leur usage par des acteurs non-étatiques», répond Lejeune Mbella Mbella, dans l’édition du 14 juin 2018.
Le ministre camerounais des Relations extérieures (Minrex) indique combien le sujet préoccupe Yaoundé. Sans le dire clairement, le Cameroun se positionne comme chef de file dans le combat contre le trafic d’armes dans la sous-région. «Pour sortir de la spirale d’insécurité dans laquelle les terroristes et autres brigands internationaux l’ont précipité, le Cameroun entend coordonner une coalition sans précédent, afin d’ organiser un peu mieux le travail de traque des trafiquants», analyse Daniel Nkomba de la Fondation Paul Ango Ela de Yaoundé. Il ajoute que si la formulation officielle de «l’engagement camerounais» n’est pas claire, elle reste réelle. «Plus précisément, la politique de Yaoundé constitue une véritable rupture dans l’appréhension et la gestion de l’environnement géopolitique en Afrique centrale», croit savoir cet universitaire.
Dès lors, l’on comprend pourquoi cet engagement amorce son édification sur un mouvement qui allie d’autres pays dans une perspective d’ingénierie stratégique concertée. En témoigne le récent accord sur le contrôle de la circulation illégale des armes légères et de petit calibre, signé entre le Cameroun et son voisin nigérian. «Toute la particularité de cette approche est à voir dans la célérité avec laquelle ce texte a été conduit au parlement. Parce que le Cameroun est conscient que le prélude à sa propre sécurité passe par une action concertée avec le Nigéria, où signale-t-on, des bases arrières de Boko Haram et des séparatistes seraient situées», argumente Daniel Nkomba.
A l’analyse, cette vision repose sur la croyance aux vertus stabilisatrices de l’interdépendance stratégique. Yaoundé considère en effet que son équilibre est aussi tributaire d’une coopération capable de créer un esprit internationaliste, susceptible de prendre effectivement le contrôle de la situation. Et précisément, du fait de l’impossibilité de traiter la question de la circulation incontrôlée des armes avec une autorité souveraine, le pays de Paul Biya veut montrer que pour lui, les enjeux sont beaucoup plus immédiats.
Jean-René Meva’a Amougou
3,55 milliards de francs CFA
Les billets de banque C’est la part du budget de l’Assemblée nationale consacrée au renforcement du contrôle parlementaire de l’action gouvernementale en 2018. Chaque année, une enveloppe tournant autour de ce montant est budgétisée. Ceci pour financer ce programme visant à contribuer à l’efficacité des politiques publiques, avec comme indicateur le «taux de contrôle du programme d’investissement prioritaire du gouvernement».
Mais comment cette institution s’y prend-elle pour remplir cette mission si tant est que la dernière commission d’enquête parlementaire remonte à Mathusalem? En plus, les rapporteurs spéciaux chargés du contrôle des dépenses publiques n’ont plus donné de nouvelle depuis leur installation en grande pompe le 26 mars 2015. Qui s’assure que cet argent est bien utilisé à cette fin, les audits et autres contrôles ne concernant quasiment jamais l’Assemblée nationale ? Il y a des raisons de s’inquiéter quant à la destination prise par ces allocations.
Concession d’Eneo : Séraphin Magloire Fouda court-circuité
Le PCA d’Eneo.Le garant des intérêts de l’Etat dans le conseil d’administration du distributeur de l’électricité souhaitait un audit de la concession avant toute décision sur l’avenir. Mais Paul Biya en a décidé autrement.
Aboudi Ottou
Monument: Mgr Ndongmo divise la Menoua
Pour ses admirateurs, il faut cimenter ce qu’il y a d’héroïque dans la posture de ce prélat décédé le 29 mai 1992 au Québec (Canada). L’initiative se heurte à des résistances.
Mgr Albert Ndongmo de son vivant. «Porteur de cornes», «évêque du tonnerre», «un David se mesurant au Goliath colonial». Les expressions fleurissent pour désigner Mgr Albert Ndongmo, le tout premier évêque de Nkongsamba (région du Littoral). Aujourd’hui, l’œuvre de ce prêtre résonne avec une émotion redoublée par le passage des années.
Dans la région de l’Ouest, deux projets sont en itinérance: l’édification à Bafou (dans le département de la Menoua) d’une statue du défunt évêque et la relance de la Fondation Albert Ndongmo.Si les deux idées portent les signatures des Pr. Tadadjeu et Fabien Kangue Epanne et du journaliste Célestin Lingo (tous de regrettées mémoire), elles ont fondu, comme une motte de beurre, face à la réticence de certaines autorités religieuses, traditionnelles et administratives de la Menoua. Selon celles-ci, souligne-t-on, Mgr Albert Ndongmo ne constitue pas une icône consensuelle. Calées sur cette position, avance-t-on encore, ces autorités s’échinent chaque jour à barrer la voie aux dits projets.
Le combat continue
En face, un «collège pro-Ndongmo» évolue dans le sens inverse. A l’occasion de la commémoration du décès de l’ancien évêque de Nkongsamba, Jean Baptiste Sipa a, le 29 mai dernier à Douala, remis ces idées au goût du jour. Parce que, estime le journaliste émérite, «le Cameroun doit se souvenir de Mgr Ndongmo pour son action forte ainsi que son message porteur et transgénérationnel».
«Aujourd’hui, le découragement est à ce point avancé qu’il faudra absolument un homme très charismatique pour relancer ces projets. Car qu’on l’aime ou pas, Mgr Albert Ndongmo aura été un homme d’exception, un visionnaire», confie Fabien Tsafack, membre de la défunte Fondation et congressiste.
Un prêtre, membre du conseil épiscopal du diocèse de Bafoussam enfonce: «Mgr Albert Ndongmo comme tous les révolutionnaires est sujet tout le temps à des opinions controversées.Quand bien même les nouveaux prélats au sein de l’Eglise catholique au Cameroun épouseraient son idéologie, l’on est enferré par un ensemble de règles de fonctionnement de l’église d’aujourd’hui». Et de questionner: « Les préoccupations des carrières des uns et des au sein de l’épiscopat amènent à s’interroger si l’on a le droit de suivre des idéologies révolutionnaires comme celle de Mgr Albert Ndongmo ?»
Le Pr Emile Temgoua, 1er adjoint au maire de Dschang et en charge des grands travaux dans cette municipalité, indique que «les raisons qui freinent ces projets sont totalement vaines». Il ajoute: «par procuration, certains veulent perpétuer le principe de l’exclusion des figures marquantes de l’histoire de notre pays».
Filibert Ndongo
(correspondance particulière)
Une question, une réponse
Premier arrondissement de Douala, le lieu-dit «Mobil Njoh Njoh» se prête à la colère des chefs traditionnels du canton Bell ce 26 mai 2018. Unilatéralement, ils détruisent les installations d’un chantier. La scène contrarie l’ambition de la Communauté urbaine de Douala d’ériger un monument, en mémoire du nationaliste Ruben Um Nyobe.
Les dignitaires conduits par S.M. Jean Yves Eboumbou Manga, chef supérieur du canton Bell, insistent sur un principal grief: «Eriger un monument d’une telle envergure dans un village comme le nôtre, qu’on nous surprenne comme tout le monde, ne nous parait pas correct. Raison pour laquelle nous avons voulu qu’il soit clair que cette façon de faire n’est pas du tout appréciée par nous».
Officiellement, ces chefs doualas ne sont ni verts de jalousie, ni rouges de plaisir. Ils ne sont pas simplement contents, affirment ceux qui promènent leurs analyses dans l’underground de la vie traditionnelle dans la capitale économique du Cameroun.
Et pourquoi? Certains avaient, il y a quelque temps, posé la question autrement : «qu’est-ce qui dérange de voir un monument de l’une des figures de l’histoire du pays ?» Dans leur réponse, d’autres validaient ironiquement qu’«au Cameroun, l’histoire subit un régime très spécial et disproportionné, par rapport à la vérité; quelques fossoyeurs ornent fougueusement le quotidien avec de faux héros nationaux».
Jean René Meva’a Amougou
Ramadan 2018: La Fondation RYTHM de QNET se déploie à la Briqueterie
Fidèle à ses valeurs de générosité et de solidarité, elle a communié avec les fidèles musulmans à la mosquée centrale de Yaoundé le 12 juin 2018.
« Qu’est-ce que mes trois enfants et moi-même allons manger à la fin du ramadan ?
RYTHM de QNET a bien répondu à cette question à temps !» L’élan lyrique de Sally, renvoie au sac qu’elle a reçu ce jour. Pour cette musulmane d’origine guinéenne, son contenu témoigne de l’action d’une association caritative qui eu l’idée de distribuer des vivres pour marquer sa solidarité avec des besogneux se faire entendre. « Je leur dit merci et souhaite que cette compagnie arrive à la hauteur de ses ambitions pour le bien-être de tous et en particulier les personnes les plus vulnérables. Qu’elle en soit félicitée et remerciée », lance joyeusement la trentenaire pour qui, cette fin d’après midi donne un avant-goût de la journée la fête.
« Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même ». Ce 12 juin 2018, le geste de la Fondation RYTHM de QNET se trouve en proportion avec cette idée. Erika LINDOU, (Promoteur des JEC), désigné il y a quelques mois Agent local de QNET au Cameroun, use du béton des mots, celui qui fait glisser insidieusement la fin du ramadan en période de grande charité. « La Fondation RYTHM, dit-il, a au moins une bonne raison d’accomplir ce geste ici à la mosquée centrale ».
Il précise qu’au contraire des cérémonies officielles, qui ont une nécessité politique ou diplomatique, l’initiative de bienfaisance de ce jour, répond à une obligation : toujours venir en aide aux pauvres et aux nécessiteux indépendamment des religions. « A la Fondation RYTHM de QNET, cela est conçu comme le geste d’une humanité réconciliée. Cette sensation de paix et de gratitude qui vous submerge est précieuse pour nous, et ce mois béni donne un aperçu de ce que nous pouvons être et de ce que pouvons faire… Mère Thérésa disait : à défaut de pouvoir venir en aide à 1000 personnes il faut au moins aider une», ajoute-t-il.
Si ces propos ébranlent le flegme de Mohaman Saminou, l’Imam principal de la mosquée centrale de Yaoundé, c’est qu’ils recèlent une large part de vérité contenue dans le Saint Coran. « La charité est une des œuvres les plus nobles et les plus méritoires. Allah, exalté soit-Il, incite à cette pratique dans son Noble Livre en disant « Les hommes et les femmes qui font don d’aumônes, et qui ont consenti à Allah un prêt de bonne volonté, seront remboursés au centuple, et ils auront rémunération généreuse. C’est pour dire que la Fondation RYTHM va récolter au centuple », prédit-il.
Le prélat se félicite de ce que Erika LINDOU et son équipe soient habités par les paroles d’Allah selon lesquelles la terre et ce qu’elle contient, y compris l’existence de l’homme, sont l’œuvre de Dieu. « Cette œuvre est confiée à l’homme qui, à son tour, est appelé à s’acquitter de sa dette envers Dieu dans la dimension verticale par la prière, et dans la dimension horizontale en prenant soin des pauvres qui sont dans le besoin. L’homme doit accomplir ce qui est juste et redonner ce qu’il a reçu. Et tous les bénéficiaires ici et moi-même pensons que la Fondation RYTHM de QNET a reçu de Dieu et est venu redonner ici à la mosquée centrale ».
Pris dans ce sens, les mots indiquent qu’ici à la mosquée centrale de Yaoundé, la Fondation RYTHM de QNET offre métaphoriquement une partie de sa récolte et glorifie ainsi Dieu en lui rendant ce qui, en fait, Lui appartient. Dieu reçoit ce qui lui est dû par l’intermédiaire de l’indigent.
C’est la raison pour laquelle le don qu’elle offre est davantage orienté vers le bas du spectre des bénéficiaires : les pauvres et les indigents, devenus les premiers sur la liste confectionnée par Mme Fatimatou Gali, présidente de plusieurs associations à Ekoudou (Briqueterie). « Nous avons, conformément à la ligne de solidarité de la Fondation RYTHM de QNET, pris les sans-abri, les familles monoparentales en difficulté, les handicapés et les personnes âgées », assume-t-elle.
En effet, pour la Fondation RYTHM de QNET, la solidarité a pour objet de compenser des inégalités. Elle répond à un besoin de justice, et s’appuie sur un geste d’amour, de cœur. De ce fait, elle devrait apporter inconditionnellement trois dimensions essentielles à chaque individu : le logement, la nourriture, les habits. « Ce jour, nous avons apporté de la nourriture, qui sait ce que nous apporterons la prochaine fois », avance Erika LINDOU.
Selon lui, en dehors du Cameroun, l’institution qu’il coordonne a, pour l’édition 2018 du ramadan, posé le même geste dans tous les pays où opère QNET (Bénin, Togo, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Tanzanie, Algérie, Egypte, Ghana, Niger, Sénégal, Guinée Conakry…). Question d’être en phase avec sa devise: Lève-toi pour aider l’humanité (RYTHM – Raise Yourself To Help Mankind).
Dix-huit mois de reformes soutenues à la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) et à la COBAC
Le 6 février 2017, Monsieur ABBAS MAHAMAT TOLLI a pris ses fonctions en tant que Gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale et Président de la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC). Depuis cette date, la BEAC a engagé des réformes d’envergure en vue d’aligner l’organisation et le fonctionnement de l’Institut d’Emission sur les meilleures pratiques internationales. De même, la COBAC a initié des réformes en profondeur en vue du renforcement de la surveillance du système bancaire.
Ces réformes sont une contribution décisive de la BEAC et de la COBAC à la stratégie de sortie de crise engagée par les pays et les institutions communautaires de la CEMAC, en cohérence avec les directives de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC tenue à Yaoundé le 23 décembre 2016.
Les efforts ainsi engagés, de même que les réformes macroéconomiques et structurelles appliquées par les Etats, avec le soutien de la communauté financière internationale, contribuent progressivement à stabiliser le cadre macroéconomique et financier de la CEMAC. Les effets bénéfiques de ces actions sont perceptibles sur le niveau des réserves de changes dont l’hémorragie a été stoppée, et les évolutions constatées augurent favorablement d’un retour progressif sur un sentier de croissance économique saine et soutenue. L’objectif ultime est en effet de restaurer les grands équilibres macroéconomiques, de doper la croissance et de renforcer la soutenabilité extérieure de la Sous-région, dans une perspective à moyen terme de transformation économique profonde et de réduction sensible de la pauvreté.
C’est dans ce contexte spécifique que le Gouverneur de la BEAC, Président de la COBAC, vient d’effectuer une visite de travail particulièrement édifiante auprès du FMI à Washington. Au cours de sa rencontre avec Madame Christine Lagarde, Directrice Générale cette institution, le 14 juin 2018, ils ont notamment évalué les progrès sensibles réalisés par la BEAC et la COBAC pour accompagner la stratégie sous-régionale de sortie de crise adossée aux programmes économiques et financiers soutenus par le FMI. Aussi, la Directrice Générale du FMI s’est-elle félicitée du chemin parcouru, tout en invitant toutes les parties prenantes à savoir les Etats, les institutions communautaires et les bailleurs de fonds à maintenir le cap.
Ces échanges riches et fructueux ont donné lieu à la publication d’un communiqué de presse par le FMI. Les réformes saluées par le FMI se déclinent ainsi qu’il suit, au niveau de la BEAC, d’une part, et de la COBAC, d’autre part :
Au niveau de la BEAC, la mise en œuvre de ce train de réformes s’est traduite au cours des dix-huit derniers mois par la révision des Statuts de la Banque Centrale, la réforme des instruments de la politique monétaire, le lancement du Plan Stratégique de la Banque (PSB) et le soutien à la mise en œuvre du Programme des Réformes Economiques et Financières de la CEMAC (PREF-CEMAC).
La réforme du cadre juridique et statutaire de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) avait pour objectif principal l’amélioration de l’indépendance et de la gouvernance de la BEAC.
Ainsi, les nouveaux Statuts de la BEAC ont été adoptés par son Conseil d’Administration en … 2017. Les principaux axes de cette révision du cadre juridique et statutaire portent sur : i) l’amélioration de l’indépendance et de l’autonomie de la BEAC, au sens principalement de la protection de la Banque Centrale des influences extérieures,
- ii) le renforcement de la gouvernance et l’exercice de la collégialité dans la gestion courante, et iii) la nouvelle articulation des attributions du Conseil d’Administration et du Comité de Politique Monétaire en matière de gestion des réserves de change.
Au terme de cette révision des statuts, le dossier de la révision des règlements intérieurs des différents organes de la BEAC a été engagé, pour la mise à jour de ces textes inférieurs avec les nouveaux Statuts révisés de la BEAC.
Par ailleurs, par décision du 05 août 2017, le Conseil d’administration de la BEAC, suivi en cela par le Comité Ministériel de l’UMAC, a décidé de la suppression des avances directes aux Etats de la CEMAC. Cette décision est effective depuis le 31 décembre 2017. Ce changement, qui représente une évolution majeure dans la politique monétaire de la BEAC, a été consigné, depuis mars 2018, dans les Statuts de la BEAC.
Toutefois, le remboursement des concours directs aux Etats ne pouvant être réalisés immédiatement au regard de la situation des finances publiques des pays de la CEMAC, des conventions de consolidation ont été signées entre chacun des Ministres en charge des finances et le Gouverneur de la BEAC pour l’étaler sur une période de 10 ans à compter du 31 décembre 2017.
En définitive, les avances de la BEAC aux Etats sont proscrites mais l’encours des engagements publics existant s’éteindra progressivement d’ici décembre 2027. Il est toutefois prévu qu’en cas de retour à meilleure fortune, un remboursement accéléré et anticipé puisse être réalisé par les Etats concernés.
Dans le cadre de la conduite de la politique monétaire, afin de faire face aux difficultés économiques et financières auxquelles les économies de ses Etats membres sont confrontées depuis 2014, et pour renforcer les réserves extérieures de la Sous-région, la BEAC a procédé depuis mars 2017 à une réorientation de sa politique monétaire.
Les mesures prises visent principalement cinq objectifs, à savoir : i) réduire le volume de la liquidité banque centrale pour abaisser la pression sur les avoirs de réserve,
- redynamiser le marché interbancaire et optimiser la gestion de la liquidité, iii) assurer un meilleur suivi des transferts sortants et de la position extérieure, iv) réduire la perception du risque de crédit par l’amélioration de la qualité de l’information financière ; et v) promouvoir les marchés de capitaux, notamment ceux des titres de créances négociables (TCN) et des titres
Les principales actions mises en œuvre dans cette perspective sont les suivantes :
- La redynamisation du système bancaire : quatre séries de mesures ont été engagées : i) le lancement effectif du marché des titres de créances négociables (TCN) ; ii) la dynamisation du marché interbancaire à travers l’amélioration de l’infrastructure de marché et le renforcement de la transparence du compartiment interbancaire ; iii) le déploiement du mécanisme de la pension-livrée ; et iv) l’adoption d’un cadre d’assistance de liquidité d’urgence.
- Le développement du système financier : dans cette perspective, la BEAC a engagé un ensemble de mesures visant à améliorer la qualité de l’information financière et à réduire la perception du risque de crédit qui sont bien avancés, avec : i) l’entrée en production au courant du second semestre 2018 de la Centrale des bilans ; ii) la refonte de la Centrale des risques bancaires lancée en 2017, qui aboutira en 2019 ;
- la mise en place d’ici la fin de l’année 2018 des bureaux d’information sur le crédit (credit bureau) ; iv) l’implémentation à l’horizon 2018 de la Centrale des Incidents de Paiement (CIP). Par ailleurs, la BEAC participe activement au capital de la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC) dont il est le principal .
- Pour sa part, le Plan Stratégique de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (PSB), horizon 2017-2020, vise à « porter l’Institut d’Emission au « niveau des meilleurs standards internationaux ».
Lancé en mars 2017, le PSB constitue l’outil par excellence pour la réalisation de cet objectif. Il a été élaboré selon une démarche participative impliquant toutes les entités de la BEAC (Siège, Directions Nationales et Agences). Cette démarche a permis de dresser un état des lieux et de bâtir les stratégies susceptibles de favoriser un saut qualitatif dans les activités l’Institut d’Emission, en mobilisant les énergies et en canalisant les efforts et les ressources de la Banque en un programme rigoureux axé sur les résultats.
Globalement, les différents axes de cette stratégie sont :
- L’amélioration de l’efficacité de la politique monétaire : il s’agit pour la BEAC d’adapter sa stratégie de politique monétaire au contexte actuel de crise économique ; de finaliser la réforme du cadre stratégique, institutionnel, analytique et opérationnel de la politique monétaire, de redynamiser les marchés des capitaux dans la Sous- région, de renforcer l’information financière des acteurs sur les marchés par la mise en place de la Centrale des Bilans, de la Centrale des incidents de Paiement et d’un bureau d’information sur les crédits ;
- Le renforcement de la fonction étude et recherche : l’objectif poursuivi est de développer les études approfondies et les travaux de recherche sur les thèmes en rapport avec la politique monétaire et son environnement ; de renforcer l’appareil statistique et redynamiser la gestion de la base de données économiques, monétaires et financières afin de garantir la disponibilité, la cohérence et la fiabilité des statistiques de la Banque ; d’élaborer des outils d’aide à la décision en appui aux différentes activités de la Banque ;
- Le perfectionnement de la gestion des signes monétaires : il vise à améliorer la gestion quantitative et qualitative de la circulation fiduciaire, réduire les délais de traitement des opérations (comptage, tri et destruction), élaborer une méthode rigoureuse de prévision des besoins en signes monétaires ;
- La redynamisation de la gestion des réserves de change : il s’agit d’optimiser la gestion des réserves de change de la Banque, renforcer son expertise dans ce domaine, doter la Salle de marchés d’outils et de moyens adéquats ;
- Le renforcement du dispositif de la réglementation des changes : le but recherché est d’améliorer le suivi du respect des dispositifs de la réglementation des changes afin de mieux maîtriser les flux de devises dans la Sous-région ;
- La consolidation des systèmes de paiement et de règlement : l’ambition est de renforcer l’efficacité du dispositif en vigueur, accélérer le développement de la monétique et de la bancarisation, et accélérer l’inclusion financière dans la CEMAC à travers la vulgarisation et un meilleur encadrement de la monnaie électronique ;
- La promotion de la stabilité financière : il s’agit d’améliorer le cadre d’analyse et la politique macroprudentiels dans la CEMAC ;
- La rationalisation de la gestion des ressources humaines et le renforcement de la formation du personnel : l’objectif est de satisfaire les attentes légitimes des agents en termes d’équité, de justice et de conditions de travail ; développer la culture du résultat et du mérite ; assurer une gestion transparente des ressources humaines ;
- L’optimisation de la gestion des moyens financiers, administratifs et immobiliers : elle vise à rationaliser la gestion des moyens budgétaires et du patrimoine de la Banque ;
- Le renforcement du contrôle interne et de la prévention des risques : il s’agit de poursuivre le renforcement du dispositif de contrôle interne, redynamiser les outils de prévention des risques, développer les indicateurs d’évaluation des performances ;
- La rationalisation du système d’information : elle vise à garantir un bon fonctionnement des applicatifs métiers, et la qualité et la disponibilité des données grâce notamment à l’élaboration d’un schéma directeur informatique (SDI) qui définira les axes à développer et en assurera leur cohérence.
L’adoption du PSB par le Conseil d’Administration en décembre 2017 a ouvert la voie à sa mise en œuvre, laquelle doit être encadrée par un dispositif efficace de suivi- évaluation et de conduite du changement adapté aux spécificités de la Banque.
A cet égard, une batterie d’indicateurs de performance destinés à mesurer périodiquement les résultats et l’impact des différents projets a été conçue, de même qu’un cadre de référence pour la gestion des projets.
Enfin, le Programme des Réformes Economiques et Financières de la CEMAC (PREF-CEMAC), est la réponse de la Communauté à la dégradation du cadre macroéconomique de la CEMAC à compter du second semestre 2014. En effet, dans ce contexte difficile, la Conférence Extraordinaire des Chefs d’Etat tenue à Yaoundé le 23 décembre 2016 a décidé de mettre en place une stratégie sous-régionale de sortie de crise. Articulée autour de plusieurs actions rapides, vigoureuses et coordonnées sur le double plan national et sous-régional, cette stratégie vise la stabilisation du cadre macroéconomique et la transformation structurelle et profonde des économies de la Sous- région, avec l’appui de la Communauté internationale. A cet égard, la plupart des pays ont d’ores et déjà conclu des accords avec les Institutions de Bretton-Woods, particulièrement le Fonds Monétaire International.
Le PREF-CEMAC s’appuie sur cinq piliers, portant sur : i) l’amélioration des politiques budgétaires, ii) l’orientation adéquate de la politique monétaire et le
renforcement de la stabilité financière, iii) l’approfondissement des réformes structurelles,
- la redynamisation de l’intégration régionale, et v) le renforcement de la coopération internationale. Les objectifs et actions contenus dans la matrice élaborée à cet effet servent de base aux Etats dans leurs négociations avec le
En droite ligne du deuxième pilier du PREF-CEMAC, et dans l’optique de renforcer les réserves extérieures de la Sous-région, la BEAC a procédé depuis mars 2017 à une réorientation de sa politique monétaire. Les mesures prises visent principalement cinq objectifs, à savoir :
- l’optimisation de la gestion de la liquidité centrale pour abaisser la pression sur les avoirs de réserve ;
- la redynamisation du marché interbancaire, avec entre autres le déploiement du mécanisme de la pension-livrée et l’adoption d’un cadre d’assistance de liquidité d’urgence ;
- la mise en place d’un meilleur suivi des transferts sortants et de la position extérieure de la CEMAC ;
- la réduction de la perception du risque de crédit par l’amélioration de la qualité de l’information financière en finalisant divers projets dédiés (centrale des bilans, centrale des risques bancaires, bureaux d’information sur le crédit) ;
- la promotion des marchés de capitaux, notamment par le renforcement du marché des titres de créances négociables (TCN) et des titres
La mise en œuvre de ces actions, combinée aux importantes mesures engagées par les Etats membres, singulièrement la consolidation budgétaire et la mise en œuvre des réformes structurelles dans le cadre des programmes financiers conclus avec le FMI, a contribué à la stabilisation du cadre macroéconomique et au renforcement des réserves extérieures, tendance qui devrait se poursuivre à moyen terme. Ainsi, à fin 2017, la chute des réserves de change a pu être enrayée. Ils ont crû à 2,7 mois d’importations de biens et services, contre 2,2 mois en 2016.
Pour sa part, la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC) a décidé de mettre à jour son dispositif de supervision afin de tenir compte des mutations de l’environnement international ainsi que des carences relevées par le Secrétariat Général de la COBAC dans ce domaine. Depuis le 1er janvier 2017, plusieurs réformes majeures, en droite ligne avec les meilleurs standards internationaux, sont entrées en vigueur en ce qui concerne les établissements de crédit et de microfinance. Ces réformes visent à corriger les vulnérabilités du système bancaire de la CEMAC et à renforcer sa résilience,
notamment à travers une intensification des efforts de résolution des banques en difficulté, la mise en place de mesures d’astreintes dissuasives pour faire respecter la réglementation, et l’implémentation d’un cadre de supervision des banques systémiques. De plus, une surveillance des groupes bancaires a été instaurée, et la Commission Bancaire a édicté plusieurs réglementations pour mieux encadrer le secteur de la microfinance, dont la réforme du cadre réglementaire constitue une étape importante pour la maîtrise des risques auxquels font face les acteurs de ce secteur.
Dans ce contexte, la COBAC a adopté et mis en œuvre un plan stratégique, dénommé « COBAC : une dynamique nouvelle », qui s’articule autour des missions ci- après :
- réformer et réglementer pour garantir une bonne maîtrise des mutations et innovations accélérées de la finance ;
- transformer le Secrétariat Général de la COBAC en rationalisant et en modernisant sa structure organisationnelle, ainsi que ses méthodes et outils de travail ;
- renforcer et garantir les compétences.
A terme, ce plan devrait également poursuivre la mise en place de la supervision basée sur les risques, le renforcement de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, et la modernisation de certaines règles présidentielles./-
Source BEAC
Monument: Mgr Ndongmo divise la Menoua
Présidentielle 2018: Grandes manœuvres de Biya pour Biya
A quelques mois de l’échéance et partout dans le pays, des citoyens dépeignent l’actuel président de la République du Cameroun sous les traits d’un sauveur, seul capable de guérir le pays de toutes les écrouelles.
24 mai 2018 à Eséka, dans le département du Nyong-et-Kelle, région du Centre. Daniel Ruben Um Nyobè est face à la presse au domicile du député Robert Bapooh Lipot, à un jet de pierre du poste de péage de Boumnyébel. L’exercice est délicat, l’émotion particulièrement vive. Surtout qu’elle se trame dans un contexte de batailles entre caïds de l’Union des populations du Cameroun (UPC).
Auréolé d’une dimension de porte-parole d’une faction de cette formation politique, le fils du nationaliste assassiné en 1958 lance deux phrases. «Paul Biya est un homme disponible qui a l’expérience, la sagesse nécessaire et une stature incontestée d’homme d’État. Un homme qui a la capacité d’écouter les Camerounais et de les asseoir autour d’une table afin de trouver les solutions du moment et de demain pour le Cameroun», dit d’entrée de jeu le fils du Mpondol.
La suite, débitée par «Mpondol Junior» au cours de ce moment particulier de trois minutes puise dans l’émotionnel: «Paul Biya est le choix de notre mémoire, le choix d’un Cameroun indivisible, uni dans sa diversité et véritablement tourné vers la quête de sa prospérité».
Courte, la déclaration est riche de sens et de symboles. «Elle dessine le portrait de Paul Biya et peint par touches et phrases simples les éléments clés du profil d’un homme qui, aux yeux d’une faction de l’UPC, est le meilleur candidat à l’élection présidentielle 2018 au Cameroun», décrypte le sémiologue André Michel Manga Ambassa.
En clair, «la déclaration de l’UPC» est portée par un triptyque aux allures de talisman électoral au service de Paul Biya. «Le président attentif, le politique de conviction, le bon candidat dans ce présent désormais historique dans le pays», selon le rejeton de Ruben Um Nyobè. Par sa sortie, cette UPC-là signe une étape fondamentale dans la construction et l’effort de légitimation de la candidature de l’actuel locataire du palais de l’Unité au scrutin présidentiel prévu en octobre prochain.
Récemment, des autorités traditionnelles dans les régions du Nord-ouest, du Sud-ouest, de l’Ouest, de tout le septentrion et du Littoral ont officiellement donné leur position par rapport à cette échéance politique. Elles vont voter pour Paul Biya à qui elles demandent de se déclarer candidat à cette élection. Pour l’instant, le destinataire ces appels reste muet.
Vielle recette
On peut s’emparer de cette actualité, moins pour la lire simplement que pour y puiser des éléments capables de comprendre une dynamique. «Celle qui accompagne la candidature de Paul Biya à sa propre succession cette année est la même que celle de 1992», situe Adamou Koupit. Le communicateur de l’Union démocratique du Cameroun (Udc) estime même que l’intuition populaire qui a inauguré le quinquennat de l’actuel chef de l’Etat est la même qui teinte le contexte actuel.
A promener le regard sur le balancier sociopolitique, cette année, l’activité est reprise, avec les mêmes forces mobilisatrices. Dans la presse à capitaux publics notamment, on trouve des noms des personnalités déjà blanchies sous le harnais des responsabilités, ceux des acteurs beaucoup plus jeunes, ceux des représentants de ce qui se pense comme la nouvelle société civile et ceux des politiques chevronnés et épaulés par d’innombrables réseaux. «Ici et là, ils se décrivent ouvertement et avec empressement comme défricheurs et de financeurs de la campagne de Biya», ironise Sylvanus Taboh, un militant du Social democratic Front (Sdf) dans le Mfoundi.
Au comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), le parti de Paul Biya, l’on n’y voit pas seulement des clichés qui flattent l’égo du «candidat naturel». «Il y a, dans ces soutiens venus de l’opposition que de certaines catégories socioprofessionnelles, une aide réelle en termes de consolidation de notre candidat», croit savoir Jacques Fame Ndongo.
Le secrétaire national à la communication de cet appareil politique refuse d’assimiler les appels à candidature en faveur de Paul Biya à un programme insidieusement conçu pour maximiser les chances de rentes et favoriser les mobilités sociales. Il y voit plutôt l’expression d’une société camerounaise «transmutée par une nouvelle appréhension de la politique». Vous avez dit grandes manœuvres !
Jean-René Meva’a Amougou
Reboisement: L’urgence d’un changement de paradigme dans le septentrion
Selon les experts réunis à Yaoundé le 06 juin 2018, l’échec des anciens programmes de plantation d’arbres dans la zone sahélienne du Cameroun appelle une autre vision calquée sur les besoins des populations locales.
Sahel vert, Pafra (Projet d’appui à la foresterie rurale et l’agroforesterie), PNR (Programme national de reboisement), Projet de promotion des plantations forestières communales, communautaires et privées au Cameroun (3PF2CP)… Des programmes et des époques lointaines. Ils portent en eux l’espoir de redonner à l’Extrême-nord, au Nord et à l’Adamaoua leur verdure. Malheureusement, du fait des circonstances de leur création ainsi que des incohérences au niveau managérial et de la vision, ces programmes sont tous des échecs, engloutissant inutilement des fonds.
Ces expériences calamiteuses montrent également, à la faveur de l’éclatement en 2005 de l’ancien Minef en Minfof et Minepded, toute la difficulté pour le gouvernement à coordonner l’ensemble des actions menées en faveur du reboisement, dans le cadre de la mise en œuvre du Programme sectoriel forêt environnement (PSFE). A cela, viennent se greffer des insuffisances opérationnelles et techniques ou la faible appropriation des enjeux et acquis du reboisement par certaines populations.
«Résolument, tout doit être repensé», suggère Jules Doret Ndongo, le ministre des Forêts et de la Faune à l’ouverture de l’atelier national de présentation du manuel sur les itinéraires de reboisement en zone de savanes sèches au Cameroun. Pour lui emboîter le pas, les experts invités par la coopération allemande au Cameroun proposent la «sylviculture de seconde génération».
Selon Josephine Makueti du Programme d’Appui à la mise en œuvre de la stratégie de développement du secteur rural-volets forêt et environnement de la GIZ (ProPFE), «ce concept peut être perçu comme support de cette mutation. Il jette les bases d’une nouvelle approche en matière de renouvellement des ressources forestières, et apporte un éclairage par rapport au paradigme de la vision qui se veut une approche filière structurante, basée sur une chaine de valeurs, dans laquelle l’ensemble des opérations et bénéfices doit être considéré».
Pour y parvenir, propose Michaela Braun, directrice du ProPFE), la démarche utilisée essaie de s’articuler autour d’idées novatrices, susceptibles de traduire soit une rupture, soit une mutation ou une évolution d’une vision de reboisement à une autre. Une nouvelle vision à partir de laquelle se bâtit un concept et qui explique tout son intérêt pour la science. Une nouvelle vision qui n’est pas propre au seul domaine de la foresterie.
Une vision expérimentée (et parfois) avec succès dans de nombreux domaines tels que l’art, l’agriculture, la technologie, la musique, la psychologie, l’informatique, le génie-civil. Dans ce cadre, chaque acteur détient un rôle à jouer dans la mise en œuvre de la stratégie d’adaptation. Cette partie souligne le rôle de chaque partie prenante l’état central et les services déconcentrés, les collectivités territoriales décentralisées, le secteur privé, la société civile, les chefs traditionnels et religieux ainsi que les médias, les centres nationaux de recherche et les institutions académiques, les individus et les familles, les partenaires techniques et financiers internationaux.
Jean-René Meva’a Amougou
Affaire MIDA: 12 milliards de CFA volatilisés
L’intégralité du propos liminaire de la conférence de presse donnée le 11 Juin 2018 à Yaoundé par le porte-parole du Gouvernement Camerounais.
Issa-Tchiroma, ministre de la Communication Mesdames, Messieurs les Journalistes,
Je vous souhaite une chaleureuse bienvenue à cette rencontre à laquelle je vous ai conviés, pour faire le point sur l’évolution de l’affaire dite de la « MIDA » entendu comme « Mission d’Intégration et de Développement pour l’Afrique ». Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, je voudrais saluer la présence à mes côtés de Monsieur le Gouverneur de la Région du Centre et de Monsieur le Secrétaire Général de la Délégation Générale à la Sûreté Nationale.
Monsieur le Gouverneur, Monsieur le Secrétaire Général, soyez donc les bienvenues ici au Ministère de la Communication.
Permettez-moi à présent de retracer la genèse de l’affaire dite de la « MIDA ».
D’abord, s’agissant de l’organisation dénommée MIDA, elle est présentée par ses promoteurs sous plusieurs appellations usurpées, entre autres, la Commanderie d’Afrique de l’Ordre Militaire et Hospitalier de Saint Jean, Missions d’Intégration et de Développement pour l’Afrique – Ordre Apostolique de Saint Jean.
Sous le prétexte d’une formation en secourisme et à l’éducation civique et citoyenne, les promoteurs avaient en réalité mis en place un mécanisme de collecte de fonds à hauteur de 12 500 francs CFA, avec la promesse de lui rétrocéder en un temps très réduit de moins d’un mois, une somme alléchante de 65 000 francs CFA.
Pour acquérir le statut d’adhérent, chaque postulant devait préalablement s’acquitter d’un paiement de frais divers de l’ordre de 40 000 francs CFA. Ce subterfuge a permis aux promoteurs de l’organisation « MIDA », de rassembler pour leurs propres comptes, d’importantes ressources financières qui ont été estimées à plusieurs milliards de francs CFA.
Mais au fil du temps, le montage opéré par cette organisation s’est avérée être une entreprise d’escroquerie à grande échelle dans laquelle de nombreux adhérents ayant souscrit des sommes dont les montants ne cessaient d’augmenter au fur et à mesure du cycle de réinvestissement et d’enrôlement de nouveaux souscripteurs, se sont en fin de compte retrouvés sans aucun paiement en retour de leurs mises respectives.
C’est alors que le Gouvernement, compte tenu de l’ampleur que prenait cette situation, a, dans son devoir régalien de protection des populations, entrepris de mener des investigations à travers une enquête administrative prescrite par le Chef de l’État.
À l’issue de ces investigations menées conjointement par la DGSN, la DGRE et le SED, neuf suspects ont été interpellés, puis présentés ce jour au Parquet du Tribunal de Grande Instance du Mfoundi. Il s’agit des nommés :
- FOE AMOUGOU Albert Cédric, Administrateur Général de la MIDA ;
- ESSA’ALA NTSAMA Patrick alias PEN, Coordonnateur de la MIDA ;
- NTSAMA AMOUGOU Marie Blanche qui s’est présentée sous l’étiquette d’une religieuse à l’initiative d’une fondation basée à Mbalmayo ;
- FOE Louis Marie, se présentant lui aussi comme un ministre du culte ;
- NZOKE Félicia Esmeralda Nicaise, agent de communication de la MIDA ;
- APONTEU GANMO Christelle, secrétaire et trésorière de la MIDA ;
- ZOE NDO Samuel, garde du corps du coordonnateur de la MIDA ;
- BAYIHA II Eric Arsène, garde du corps de la Trésorière de la MIDA ;
- MBA LAH Henri, vigile de la MIDA.
- Cinq autres suspects sont toujours recherchés. Il s’agit des nommés :
- AYENG ZILI Varène ;
- NGUILENG NTSOLI AYANGMA ;
- FOE NKOU Philomène Estelle ;
- FOE AWA Anicet ;
- Un certain prénommé Modeste, qui n’a pas encore été identifié. Trois milliards 850 millions 442 mille 275 francs CFA ont été saisis, ce qui fixe le déficit par rapport à la somme collectée à 14 milliards 956 millions 982 mille 725 francs. L’action du Gouvernement dans ce dossier, je le rappelle aussi, s’est inscrite en droite ligne de son devoir régalien de protection des citoyens et de leurs biens.
- Je vous remercie de votre aimable attention.
- L’enquête administrative étant achevée, le Gouvernement qui, je le rappelle, n’est ni de près ni de loin responsable de cette situation, a saisi la Justice afin qu’elle établisse les responsabilités des uns et des autres et qu’elle définisse les modalités de rétablissement des personnes concernées dans leurs droits respectifs.
- Au total, au titre de la 7ème et de la 8ème vague de souscription, il a été recensé une somme de 18 milliards 807 millions 425 mille francs CFA collectée et correspondant à 17 301 souscripteurs pour 1 million 504 mille 594 parts souscrites.
Elecam: Péril sur l’organisation matérielle des prochains scrutins
Comprendre les tenants et les aboutissants du limogeage de Babale Abdoulaye
On dira «Babalegate» si on s’inscrit dans l’univers de référence culturel américain. Il a suffi que les faits soient choquants, la défense inexistante et l’image de l’institution passablement écornée, pour que Paul Biya se décide de frapper du point sur la table. De bonnes sources, ce ne serait plus qu’une question de temps.
L’enjeu est évident: il s’agit pour le président de la République de ne pas hypothéquer la tenue, dans les délais, des différents scrutins restant en cette année électorale: municipales, législatives et présidentielle. «C’est, indiquent nos sources, le seul acte souverain capable de clore la polémique et éteindre l’incendie au sein de la classe politique».
Glissement de confiance évident
Et si les faits sont à peu près clairs pour tout le monde et que l’indice de tolérance vis-à-vis de Abdoulaye Babale s’est affaissé aujourd’hui, c’est que la présidence de la République a longtemps opté pour le principe de précaution. A en croire certaines informations, les frasques managériales de l’ancien ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat (dont l’épouse est par ailleurs chargée de mission au secrétariat général de la présidence de la République) ont été portées à la connaissance de Ferdinand Ngoh Ngoh en début de cette année.
L’on apprend par exemple que les modalités d’achat (sur ordre de Abdoulaye Babale) du matériel électoral pour environ 03 milliards de francs CFA en Chine sont floues. Au cours d’une réunion à la présidence de la République, autour de Ferdinand Ngoh Ngoh, avec pour participants René Emmanuel Sadi (alors ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation) et Enow Abrahams Egbe, le directeur général de Elecam annonce que l’acquisition du futur matériel électoral a été faite «sur fonds privés».
Au sortir de cette réunion avec le secrétaire général de la présidence de la République, il avait été demandé à Abdoulaye Babale de régulariser les cotisations des employés de Elecam à la CNPS (Caisse nationale de prévoyance sociale) et de liquider les primes de ces derniers pour le compte des sénatoriales du 25 mars 2018. Autre sommation: l’urgence de la sécurisation du fichier électoral.
Nos sources soulignent que l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique aurait refusé de s’exécuter, minorant même les instructions présidentielles. On se souvient que dans un courrier adressé le 18 mai au chef de l’Etat, un collectif d’employés d’Elecam avait accusé M. Babale d’avoir détourné 2,76 milliards de francs CFA de l’organe électoral.
Ras-le-bol
Selon une note interne obtenue par Intégration, le conseil électoral de Elecam a désavoué son directeur pour «gestion opaque et calamiteuse des ressources humaines, matérielles et financières de la structure et «d’absences répétées». «Le Conseil électoral a pris une résolution constatant la faute lourde de M. Abdoulaye Babale, directeur général des élections», indique la note datée du même jour. Selon ladite note interne, le Conseil électoral pointe «une situation très peu satisfaisante d’Elecam au regard du climat délétère marqué par la démotivation généralisée des personnels à la veille des échéances électorales imminentes».
Jean-René Meva’a Amougou