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Affaire Martinez Zogo : les bougies et les braises du SNJC

L’organisation syndicale a livré ses états d’âme le 24 janvier dernier à Douala. C’était au cours d’un point de presse pendant lequel le Syndicat national des journalistes du Cameroun a présenté son plan d’action.

En quatre ans au Cameroun, on dénombre une trentaine de cas de menace contre la liberté de la presse, des arrestations, des agressions et des assassinats de journalistes par des élus. « Les travailleurs des médias sont sans protection, livrés impunément à des hors-la-loi et à des bandes organisées. C’est une situation qu’on ne peut plus accepter, aussi bien la famille de la presse en général que le SNJC en particulier. Et tout cela devant le regard complice du gouvernement», dixit Marion Obam, présidente du Syndicat national des journalistes du Cameroun. De ce fait, « le SNJC exhorte le gouvernement à se conformer aux conventions internationales relatives à la liberté de la presse, à la protection des journalistes et au respect des droits de l’Homme et des libertés publiques que le Cameroun a proposées », affirme le chef syndical.

Pour barrer le chemin à cette « barbarie », le SNJC a décidé d’engager un certain nombre d’actions. « Nous allons engager des rencontres et des sciences de travail avec les ministres de la Justice, de la Communication, du Travail, la Délégation générale de la Sûreté nationale, le Sed ». Mais déjà, affirme Marion Obam, « nous avons eu hier une première séance de travail avec la Fédération internationale des journalistes ; un plan de travail va être arrêté avec les exécutifs régionaux du Syndicat dans les dix régions pour travailler au message à porter aux gouverneurs des régions dans un premier temps, et la seconde vague du déploiement leur sera donner».

À ce stade, « le SNJC invite les acteurs de la société civile et toutes les associations de travailleurs de médias au Cameroun à adhérer à la plateforme pour la construction du rapport de force ; le SNJC exige aussi la mise sur pied d’une commission d’enquête indépendante pour que les personnes qui y vont travailler, puissent avoir les éléments et les outils pour pouvoir mettre toute la lumière sur le cas Martinez Zogo et les autres journalistes tués dans les mêmes conditions», plaide le Syndicat des journalistes camerounais.

Autres actions
L’affaire Martinez Zogo est par ailleurs l’occasion pour le SNJC de demander aux propriétaires des médias « une journée morte, écran mort, silence mort en radio dans la mémoire de Martinez Zogo ». Suzanne Kala Lobe n’a pas manqué de prodiguer quelques conseils. « L’assassinat de Martinez Zogo doit nous renseigner et nous enseigner quelles sont les limites de notre métier, dans quel guêpier nous ne devons pas mettre et commenter garder l’autonomie par rapport aux différents clans qui actionnent actuellement la technostructure. Ça doit nous renseigner sur l’extrême indépendance et la prudence que nous devons avoir quoi que soient les guerres d’influence et de refuser d’être manipulé parce qu’à la fin, c’est vous qu’on exécute. Je n’ai pas vu venir la mort de Martinez Zogo pourtant, on l’a interpellé 20 fois. J’en appelle à votre vigilance. L’éthique d’abord, et refusant que l’on vous instrumentalise. Ne cédez pas aux prédateurs, ne cédez pas à ceux qui vous apportent les dossiers tous cuits ».

Diane Kenfack

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