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Lutte contre le trafic d’armes : Comprendre l’engagement du Cameroun

Au moment où la situation sécuritaire du pays est de plus en plus volatile, l’implication des autorités de Yaoundé signe un projet stratégique novateur.

Question de Cameroon tribune: «Le Cameroun a abrité la 1ère Conférence des Etats parties à la Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre. Qu’est-ce qui explique l’organisation de telles assises ?» «…La disponibilité du Cameroun à accueillir cette rencontre internationale de haut niveau, montre l’engagement de notre pays, aux côtés de ceux de l’Afrique centrale, des organisations internationales et de la société civile, à contrôler la circulation des ALPC et leur usage par des acteurs non-étatiques», répond Lejeune Mbella Mbella, dans l’édition du 14 juin 2018.

Le ministre camerounais des Relations extérieures (Minrex) indique combien le sujet préoccupe Yaoundé. Sans le dire clairement, le Cameroun se positionne comme chef de file dans le combat contre le trafic d’armes dans la sous-région. «Pour sortir de la spirale d’insécurité dans laquelle les terroristes et autres brigands internationaux l’ont précipité, le Cameroun entend coordonner une coalition sans précédent, afin d’ organiser un peu mieux le travail de traque des trafiquants», analyse Daniel Nkomba de la Fondation Paul Ango Ela de Yaoundé. Il ajoute que si la formulation officielle de «l’engagement camerounais» n’est pas claire, elle reste réelle. «Plus précisément, la politique de Yaoundé constitue une véritable rupture dans l’appréhension et la gestion de l’environnement géopolitique en Afrique centrale», croit savoir cet universitaire.

Dès lors, l’on comprend pourquoi cet engagement amorce son édification sur un mouvement qui allie d’autres pays dans une perspective d’ingénierie stratégique concertée.  En témoigne le récent accord sur le contrôle de la circulation illégale des armes légères et de petit calibre, signé entre le Cameroun et son voisin nigérian. «Toute la particularité de cette approche est à voir dans la célérité avec laquelle ce texte a été conduit au parlement. Parce que le Cameroun est conscient que le prélude à sa propre sécurité passe par une action concertée avec le Nigéria, où signale-t-on, des bases arrières de Boko Haram et des séparatistes seraient situées», argumente Daniel Nkomba.

A l’analyse, cette vision repose sur la croyance aux vertus stabilisatrices de l’interdépendance stratégique. Yaoundé considère en effet que son équilibre est aussi tributaire d’une coopération capable de créer un esprit internationaliste, susceptible de prendre effectivement le contrôle de la situation. Et précisément, du fait de l’impossibilité de traiter la question de la circulation incontrôlée des armes avec une autorité souveraine, le pays de Paul Biya veut montrer que pour lui, les enjeux sont beaucoup plus immédiats.

Jean-René Meva’a Amougou

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