INTÉGRATION RÉGIONALEZOOM

Insertion dans la ZLECAF : des majorettes et des sirènes aux avant-postes

Au Cameroun, des femmes font de la réduction de la fracture numérique leur cheval de bataille en vue d’une entrée réussie dans le grand marché continental.

Photo de famille du festival Femme numérique

Pour qui aime les moments de réflexion au féminin, la 4ème édition du Festival femme numérique (FFNUM) est un véritable cadeau. Et cela se donne à voir à l’occasion de la 38ème édition de la Journée internationale des droits de la femme. En parallèle de cette célébration, le ministère camerounais des Postes et Télécommunications (Minpostel) et African Women in Tech Startups (Africanwits) ont aménagé deux espaces de brainstorming dédiés à la réduction de la fracture numérique en Afrique. En présentiel (du 2 au 4 mars 2023 au Palais des Congrès de Yaoundé) et en ligne (du 6 au 7 mars 2023), des femmes se sont mobilisées autour du thème : « Pour un monde numérique inclusif : innovation et technologies pour autonomiser les femmes et filles afin de tirer parti de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf)».

Des faits et des chiffres
Selon Minette Libom Li Likeng, le choix de cette thématique n’est pas anodin. Il part d’un constat : 37 % des femmes (contre 63 % d’hommes) n’utilisent pas Internet, alors qu’elles constituent près de la moitié de la population mondiale. « Au vu des chiffres, il est donc urgent d’œuvrer pour l’accès pour tous au numérique, notamment les femmes et les jeunes filles », insiste la Minpostel. « Dans cette optique, poursuivez-elle, l’axe majeur est le développement de l’apprentissage des TIC, pour les femmes et les filles, afin qu’elles s’insèrent dans les circuits économiques et bénéficient ainsi de toutes les opportunités offertes à l’international, dont la ZLECAF».

Pour montrer qu’il existe une corrélation entre l’autonomisation de la Femme africaine et l’élargissement des perspectives de développement du continent, Adama Ekberg Coulibaly (chef des initiatives sous régionales au Bureau de la Commission économique pour l’Afrique centrale) propose « la mise en lumière des femmes dans le cadre de la ZLECAF ». Aux yeux de l’expert onusien, cette proposition est d’autant plus pertinente qu’elle place la ZLECAF au rang de « vecteur de l’égalité des sexes au sens du Programme 2030 et de l’Agenda 2063 sur l’égalité des sexes en Afrique».

Bénéfices
Pour sa part, Marie Pierre Raky Chaupin allie l’accès au numérique, les opportunités d’affaires et la satisfaction des besoins des femmes au sein de la ZLECAF. « Dans ce grand marché, affirme la Représentante résidente de l’ONU-Femmes au Cameroun, les TIC permettront de dépasser les contraintes locales et contextuelles pour insérer les femmes dans un monde global. Pour les femmes africaines, la ZLECAF ne devrait pas se limiter à la garantie d’un service minimum ; elle peut être un élément de leur stratégie d’attractivité ou de compétitivité, bref d’une économie africaine performante ».

Défis
Sur ce chapitre, Horore Bebga, la présidente d’Africanwits, souligne l’importance de « s’attaquer aux obstacles auxquels les femmes sont confrontées pour leur permettre de tirer un meilleur parti de la ZLECAF ». En ce sens, Mme Minette Libom Li Likeng propose une approche fondée sur plusieurs problématiques. Il s’agit, dit le Minpostel de « l’inclusion numérique à travers les TIC pour toutes les caractéristiques de la société particulièrement les femmes et les jeunes ; du renforcement des capacités des populations dans le domaine des tics dans les zones rurales ; du développement des tics et de la compétence et de l’usage du numérique au sein des administrations ; de l’extension de l’infrastructure des télécommunications ».

Olivier Mbessité

Décloisonnement des barrières

Le digital, outil de charme

Les technologies de l’Information et de la Communication (TICs) contribuent à accélérer l’intégration économique et commerciale entre les pays africains au sein de la Zlecaf. Elles sont aussi une opportunité pour les femmes et filles de vendre leur savoir-faire.

 

La Zlecaf est une opportunité pour l’entrepreneuriat féminin à l’ère du digital. L’urgence d’explorer ce nouvel espace commercial trouve son fondement dans le fait que l’Afrique regorge d’énormes potentialités en termes de ressources naturelles, mais le continent peine encore à sortir de la pauvreté. L’Afrique demeure en effet exportatrice des matières premières sans véritable valeur ajoutée. Elle se heurte aux frontières terrestres, fragmentée en plusieurs petits marchés et petits territoires exposant plus d’une quarantaine de monnaies. Les femmes sont confrontées à une multiplicité de tracasseries et d’obstacles au commerce. Y compris des droits de douane plus élevés qu’en dehors du continent. La contribution de l’Afrique au commerce mondial reste marginale environ 3% et le niveau des échanges commerciaux sur le continent se situent à seulement 16%. «Ce qui témoigne à suffire que l’Afrique a encore à faire en ce qui concerne les échanges inter-régionaux», souligne Parfait Eppoh, chef de service des relations commerciales régionales et sous-régionales.

Pis est pour ce qui est de l’Afrique centrale. Le transport de marchandises sur le corridor Douala-Ndjamena coûte six fois plus cher qu’entre Shanghai et le port de Douala. Au vu de ce tableau sombre, il convient de dire que tous ces obstacles ne sont pas de «nature à favoriser les échanges commerciaux et à encourager l’industrialisation de l’Afrique», regrette Parfait Eppoh. C’est le motif de la création de la ZLECAF en 2012 à l’occasion du 18ème Sommet de l’Union africaine par les chefs d’États africains. Traduisant ainsi la volonté «d’approfondir les échanges commerciaux et de lever les barrières tarifaires». Le Cameroun a signé l’accord portant création de la ZLECAF le 21 mars 2018 à Kigali (Rwanda).

Femmes et numérique
La ZLECAF a un champ d’application très vaste, suffisant pour construire une Afrique intégrée, inclusive et favorisant «l’autonomisation des femmes et des filles dans un monde de plus en plus digitalisé», précise le chef de services des relations régionales et sous-régionales. L’objectif visé à travers la mise en place de la ZLECAF est de créer un marché continental avec la libre circulation des marchandises, des personnes, services et des capitaux. Elle offre un vaste débouché de proximité des biens et services. Car c’est un marché qui se présente sans entraves douanières. Où entreprises, startups, secteur du numérique, du textile, cosmétique, l’agroalimentaire, de la métallurgie pourront répondre à la demande du marché africain en plein croissance. La ZLECAF permet également aux femmes désormais imprégnées du digital, d’améliorer la compétitivité de leurs produits Made in Cameroon. C’est en outre une opportunité pour les femmes dont les activités commerciales sont transfrontalières.

OM

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *