Assainissement du bassin du Mfoundi: les illusions perdurent

Dévoilée par Luc Messi Atangana, la liste des projets destinés à limiter l’ampleur des inondations à Yaoundé laisse en suspens la question du «quand»

Parler aux Yaoundéens tout en gardant avec eux une proximité maximale, Luc Messi Atangana a bien rodé sa langue avant de débarquer à la CRTV-Radio ce 7 juillet 2022. Invité de Blaise Testelin Nana dans la «Chronique des territoires», le maire de Yaoundé s’octroie un surplus de savoir et déploie de pertinentes ressources argumentatives sur le pourquoi l’Avenue Kennedy, la Voirie municipale, Coron… ont pu se retrouver les pieds dans l’eau le 30 juin dernier. «Ce qui a aggravé le problème au niveau du centre-ville de Yaoundé, c’est d’abord le fait que lorsque le niveau d’eau du canal principal du Mfoundi est très abondant, les affluents, les eaux qui viennent des côtés ne peuvent plus accéder rapidement à ce canal. Ces eaux vont donc attendre que le canal principal du Mfoundi se vide pour que les eaux qui viennent des côtés puissent avoir accès pour pouvoir se retirer. Et au niveau de la fin du canal actuellement, il y a d’abord les travaux de construction de ce canal qui ne sont pas achevés. Ils sont arrêtés au niveau d’Ahala. Mais, c’est l’entrée de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen dont les travaux ont entrainé un déplacement de terres. Avec l’érosion, ces terres ont glissé vers le lit du Mfoundi, causant une obstruction. Ce qui fait donc que la construction du canal s’étend arrêtée à ce niveau, avec la broussaille, les immondices qui descendent… Tout cela forme un barrage. Et l’eau arrivée à ce niveau ne peut plus continuer sa course rapide qu’elle avait tout au long du canal. Cette eau va donc refluer vers la ville et commencer à sortir lentement», explique Luc Messi Atangana.

Répondant toujours au pourquoi, le maire de Yaoundé valide une accusation centrale desquelles dérivent plusieurs accusations corollaires. «Il y a des causes humaines. Parce que si l’eau des rigoles, mêmes aux bords des routes pouvait s’écouler très rapidement sans rencontrer des obstacles dus au déversement des ordures, le niveau d’eau ne monterait pas aussi rapidement», regrette-t-il.

Comment?
Refusant de projeter le sort de Yaoundé dans l’apocalypse, Luc Messi Atangana évolue dans une perspective d’ensemble pour parler du comment venir à bout du phénomène d’inondation dans la capitale. «Un travail avait commencé, il se poursuit: construire des canaux au niveau de la ville de Yaoundé. Le canal principal sur le Mfoundi, sa construction va se poursuivre après Ahala où elle s’était arrêtée. Au niveau de la Voirie municipale, il y a des travaux qui seront menés. Pour éviter que les eaux de la Vallée de la Mingoa butent de façon perpendiculaire sur le canal, on va faire une inclinaison pour que cette eau puisse accéder au canal de façon assez lente. Le lac municipal sera réaménagé. Avant, il servait déjà de bassin de retenue d’eau, quand il sera réaménagé, une bonne quantité d’eau avec système d’écluses sera disposée à ce niveau. Pour ce qui est de la zone de l’Avenue Kennedy, il est prévu la construction d’un lac de retenue derrière le Centre international de l’artisanat, dans la Vallée de Djoungolo, en contrebas du Lycée d’Élig-Essono, de telle manière que toutes les eaux qui viendront de ce côté en cas de grandes précipitations ne pourront plus se déverser avec la même pression sur l’Avenue Kennedy. Là-bas aussi, de nouveaux drains plus grands et plus larges seront construits pour faciliter l’écoulement des eaux. Le drain partira donc de la zone de la pharmacie de l’intendance jusqu’à l’Institut français. Au lieu de buter sur le canal qui longe le Boulevard du 20 mai, ce canal va continuer en biais à gauche, en passant devant Casino pour accéder en biais sur le Mfoundi… Du côté de Coron, un lac de retenue d’eau est également prévu entre le quartier Étam-Bafia et Ékounou».

Des travaux sont donc annoncés. C’est une certitude. Reste que le maire de Yaoundé reste aphone sur la date du premier coup de pelle.

Jean-René Meva’a Amougou

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