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Sylvie Nwet : La «cabraliste» qui défie les éléphants RDPC à Yaoundé

Novice en politique, la tête de liste du PCRN aux législatives dans le Mfoundi ne manque ni d’idées ni d’ambition.

Sylvie Nwet

En mai, la présidente-fondatrice de l’association Yaoundé Reviv’Art (YARA) aura 40 ans, et peut-être une écharpe vert-rouge-jaune portée en bandoulière dans l’hémicycle de Ngoa-Ekellé. Ce serait alors une entrée fracassante en politique pour celle qui s’est fait connaître depuis deux décennies comme animatrice et entrepreneuse culturelle de premier plan. Car pour ce coup d’essai, Sylvie Nwet, le port toujours altier et un sourire charmeur, n’a pas choisi la facilité : elle dirige la liste du Parti camerounais pour la reconstruction nationale (PCRN), la formation de Cabral Libii, dans la circonscription du Mfoundi, autant dire dans la capitale Yaoundé considérée comme la chasse gardée de l’ancien parti unique au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), qui n’y a jamais cédé le moindre siège de député à un parti concurrent depuis le retour du Cameroun au pluralisme partisan en 1992.

Comment en est-elle arrivée, elle qui affirme fièrement être novice en politique, à convoiter un siège de député à Yaoundé ? Elle raconte : «Mon parcours professionnel, dans le milieu associatif, a fait de moi une femme de contact, à l’écoute des autres et au service des autres, dans un secteur souvent oublié justement de la politique : je veux parler du milieu de la culture. Alors, quand Cabral Libii m’a demandé de conduire sa liste à Yaoundé au double motif qu’il souhaitait une personnalité qui s’était investie dans le milieu de la culture depuis plusieurs années, et que cette personnalité soit une femme de surcroît, je n’ai pas hésité un seul instant». Et voilà comment Sylvie, habituée notamment des milieux du cinéma pour avoir été chargé de relations publiques au sein du festival Ecrans noirs, assistante de distribution et de production de certains films et, depuis 2014, promotrice du Festival du premier film de Yaoundé «Yah’ra» qui venait de boucler sa sixième édition en octobre dernier, se retrouve à enchaîner des réunions de stratégie de campagne électorale, à rédiger des professions de foi, à faire du porte-à-porte, à défendre un projet de société…

Du pain sur la planche
Quelles chances aura la liste PCRN de bousculer les caïds du RDPC dans la course à la députation dans la capitale? La tête de liste du parti «cabraliste» ne se prend pas la tête outre-mesure. «Pour moi, cette campagne électorale est une formidable opportunité de faire passer mes idées au plus haut niveau», clame-t-elle sans fards. Et des idées pour le progrès du Cameroun, elle en a plein la tête, surtout dans le domaine culturel qui lui tient naturellement à cœur. À côté du plan pour la protection de notre patrimoine national, elle suggère de tirer profit de la nouvelle loi sur la décentralisation. Très pragmatique, Sylvie Nwet a des propositions concrètes: «Je pense que beaucoup d’améliorations peuvent être entreprises sans nécessairement engager des moyens énormes. Prenez l’exemple de la formation des jeunes à l’art. Aujourd’hui, on peut télécharger en quelques minutes un morceau de musique ou l’image d’un tableau ou d’une sculpture. Sans parler des films».

Comme quoi, on peut être blanc-bec en politique et avoir de grandes ambitions pour le Cameroun. Ne dit-elle pas ? «Je souhaite pour mon pays ce qui figure dans le sigle de mon parti : la Réconciliation Nationale». Et de citer le besoin de réconciliation dans les régions anglophones en crise armée, entre classes sociales, mais aussi entre générations : «J’incarne ce changement que je ne conçois que dans le respect de nos aînés».

Bobo Ousmanou

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