Présidentielle 2018 : l’avant-campagne déjà en ligne

A la veille du lancement de la campagne pour la présidentielle, les candidats déclarés ou non inondent la toile de leurs images et programmes.

A la veille du lancement de la campagne pour la présidentielle, les candidats déclarés ou non inondent la toile de leurs images et programmes.
Une attitude de Maurice Kamto lors de son discours de fin d’année diffusé sur YouTube.

Des portraits en vidéo de militants, des discussions en direct entre candidats (déclarés ou non) et électeurs. Vous l’avez compris, sur Internet, les candidats misent sur l’innovation à la veille des échéances électorales prévues dans le pays cette année. Et déjà, le virage de l’avant-campagne électorale montre un intérêt considérable pour les réseaux sociaux. Nous sommes à quelques mois de la prochaine présidentielle, élection la plus importante de la vie démocratique du Cameroun s’il en est. Car se sont pas moins d’une bonne douzaine de candidats qui se sont déclarés ou qui s’apprêtent à le faire ou qui n’ont pas dis non… à ce jour.

La majorité d’entre eux est déjà présente sur le Net. Ils ont au moins tous quasiment un site Web, voir un twitter, une page fan facebook ou un blog. Mais peu d’entre eux ont établi une réelle stratégie web. Raisons : « D’abord, cela fait moderne et il serait préjudiciable pour l’image d’un candidat de pas y être présent quand on sait ce que les médias sociaux représentent aujourd’hui. Ensuite, c’est un excellent outil de  prise de parole. Enfin ils permettent de toucher des gens autrement que par les médias classiques », énumère le Dr Sosthène-Médard Lipot, communicateur du MRC (Mouvement pour la renaissance du Cameroun), une formation politique dont les ambitions présidentielles de son président, Maurice Kamto, ont été dévoilées depuis.

Dr Daniel Nkomba, politologue: «l’idée est d’avoir la possibilité d’être repris par les médias traditionnels. Une publication sur Facebook est publique mais elle ne touche que les militants et les commentateurs. Les acteurs politiques utilisent les réseaux sociaux avec l’objectif de peser sur l’agenda médiatique ».

Se félicitant de la diversification des moyens de toucher les électeurs, Adamou Koupit, chef du département communication de l’UDC (Union démocratique du Cameroun) estime qu’être actif sur les réseaux sociaux «permet de toucher un public plus large et souvent plus jeune même si beaucoup de personnes d’un certain âge ont un compte Facebook». Pour lui, ce point est essentiel. En passant par internet, ils impriment moins de tracts. «  Ça coûte beaucoup moins cher, on n’a pas besoin d’imprimer en milliers d’exemplaires.» Adamou Koupit est agacé de voir des dizaines de tracts jetés dans la rue sans être lus. «  Un gaspillage économique et une aberration écologique », s’émeut-il.

De son côté, Cabral Libii s’est appuyé massivement sur les canaux d’expression directe pour renouveler son image et conforter son assise. Ce « cousin de Ruben Um Nyobè » s’est émancipé de des médias traditionnels pour constituer « l’opération 11 millions d’électeurs », une force essentiellement organisée et fédérée par Internet et sur les réseaux sociaux.

Que font-ils sur la toile ?

Avec un  taux de pénétration de l’Internet au Cameroun établi à environ  21% au Cameroun selon Jumia, les réseaux sociaux sont des lieux d’expression plébiscités par les acteurs politiques. « Il y en a qui twittent directement, il y en a qui publient même leurs humeurs, il y en a qui s’étendent sur tel ou tel sujet… », constate le politologue Daniel Nkomba.

Avant tout : ils parlent. Ils parlent d’abord pour se faire (ré)élire. Sur leurs pages officielles, les candidats potentiels ou déclarés entretiennent un flot quasi-continu d’allocutions, d’entretiens, de messages et de conférences de presse qui, par leur nombre et leur longueur, semblent singulariser la période précédant le lancement officiel de la campagne pour la présidentielle. Ici comme là-bas, le Dr Daniel Nkomba relève deux stratégies de persuasion opposées. «Certains candidats préfèrent mettre en avant leur candidature et leurs projets. D’autres insistent d’avantage sur la critique de leur adversaire qui est le président sortant», constate-t-il. Il ajoute que «l’idée est d’avoir la possibilité d’être repris par les médias traditionnels. Une publication sur Facebook est publique mais elle ne touche que les militants et les commentateurs. Les acteurs politiques utilisent les réseaux sociaux avec l’objectif de peser sur l’agenda médiatique ».

 

Jean-René Meva’a Amougou

 

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