Bamenda : Écoliers et parents pris entre deux feux

L’incertitude plane sur le démarrage de l’école dans la ville.

En ce samedi 31 août 2019, la ville de Bamenda est épuisée par une semaine de ville morte. Le léger répit décrété par les activistes séparatistes ce matin signifie : «faire vite et tout, à l’exception de préparer la rentrée des enfants». Dans divers témoignages, cette ligne sécrète quelque chose à laquelle tiennent les «Amba Boys» : «No school here this year» (Pas d’école ici cette année). Cette ligne-là, d’abord différée, s’est propagée, libérant crescendo sa dose de peur. «Ou on vous tue, ou vous obéissez !», laisse entendre Berenice Ngala.

À écouter cette ménagère, la ville croule sous deux choses : ne rien prendre pour prétexte en achetant le matériel scolaire à ses enfants d’une part, et une limite d’autre part à ne pas flâner devant une librairie.

En se posant la seule question qui vaille (est-ce que je peux mourir en enfonçant la limite ?), chaque habitant des quartiers populeux assure le bouche-à-oreille. Autour de la rentrée scolaire, la ville est certes dévouée aux assurances gouvernementales, mais elle a peur. «Étant donné que je doute de la reprise de l’école ici. Il faut qu’ils rentrent sur Bafoussam où ils fréquentent depuis deux ans. C’est d’ailleurs à destination qu’ils vont acheter les fournitures scolaires», confie Gordy Nfon.

Le sens du tragique, expliquent quelques personnes, c’est que chaque faction sécessionniste a mis ses «éclaireurs» près des librairies et autres points de vente de fournitures scolaires. Tout au long du Commercial Avenue, ce niveau de réalité est sournois, mais s’agence avec un sens extrême d’occupation. «Ils (les Amba Boys) sont partout ici», souffle Francis Ntaformi. Pour ce libraire, aucune audace n’est permise, car «ces gens sont au courant même lorsque vous vendez dans le noir». Il préfère fermer et ne rien risquer.

Comme lui, beaucoup d’autres acteurs craignent pour leur vie. «Pour moi, mieux vaut fermer que de coudre les tenues et mourir», expose Florence Mbih, une couturière. C’est dans ce contexte que les évêques de la province ecclésiastique de Bamenda ont plaidé pour la reprise des cours ce lundi 2 septembre 2019 dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Cette crise ayant causé plus de pertes avec des morts d’hommes, des frustrations, etc. Aussi ont-ils demandé aux miliciens et aux forces gouvernementales de faire preuve de retenue afin de permettre aux enfants de reprendre l’école ce lundi 2 septembre. Si l’unanimité se fait autour de cette position, il n’en demeure pas moins que les séparatistes restent toujours hostiles. Pour preuve, les trois semaines de villes mortes annoncées par les leaders séparatistes, pour empêcher la rentrée scolaire dans le Nord-ouest et le Sud-ouest.

Certes, la première semaine de ville morte a été un succès dans le Nord-ouest. Mais, ce mot d’ordre de désobéissance civile a été partiellement suivi dans le Sud-ouest. Cependant, des tracts circulent. Ils font état d’un durcissement du mouvement ces deux prochaines semaines.

Zéphyrin Fotso Kamga

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