«Un engagement collectif sur le chantier de la transformation numérique au Cameroun»
Dans le même ordre d’idée il faut reconnaître que le Cameroun doit relever plusieurs défis pour favoriser le développement des technologies disruptives de manière générale et de l’IA et de la robotique en particulier. Il s’agit notamment de l’accès à une infrastructure de télécommunications de qualité, du besoin de renforcer l’éducation en sciences et en technologies, de la réglementation appropriée, de la cybersécurité et de la disponibilité de financement pour la recherche et le développement.
La ministre camerounaise des Postes et Télécommunications fait le bilan de la première édition de la Cameroon Digital Week tenue la semaine dernière à Yaoundé.

La Cameroon Digital Week a connu une grosse mobilisation des pouvoirs publics et du secteur privé. Quelle est l’évaluation que vous faites de l’organisation générale de ce grand rendez-vous du numérique, en terre camerounaise?
Avant toute chose, je voudrais dire ma déférente gratitude au président de la République, S E Paul BIYA, qui a bien voulu accorder son Très Haut patronage à cet événement. Je voudrais également dire merci au Premier ministre – chef du Gouvernement qui a présidé la cérémonie officielle d’ouverture. Je n’oublie pas la Commonwealth Telecommunication Organization, pour le choix porté sur le Cameroun d’accueillir cet événement, ainsi que sa mobilisation sous la houlette de son SG, Mme Bernadette Lewis
Cela dit, la première édition de la Semaine du Numérique au Cameroun a été une étape importante dans nos efforts pour promouvoir la transformation numérique et l’innovation dans notre pays. L’organisation de l’événement nous a fourni des enseignements précieux pour l’avenir.
L’événement a connu une participation importante en tout point de vue, de divers acteurs, y compris des représentants du gouvernement, des entreprises du secteur privé, des institutions éducatives et de la société civile. Songez que cet événement a mobilisé plus de 1485 participants ! Ce qui démontre un engagement collectif sur le chantier de la transformation numérique au Cameroun.
Ce rendez-vous du donner et du recevoir à l’échelle du Commonwealth a favorisé des discussions riches en contenu, avec des experts croisant leurs points de vue sur les technologies émergentes, les meilleures pratiques et l’importance des compétences numériques. L’événement a également présenté une vitrine de l’innovation, « Cameroon Future Scape, » qui a mis en avant le potentiel de la transformation numérique d’une nation.
L’organisation de l’événement nous a permis d’identifier certaines des principales difficultés de notre écosystème numérique, notamment les problèmes liés à l’infrastructure, à l’accès à Internet et à la fracture numérique. Ces défis seront adressés dans le cadre de notre stratégie à long terme.
La Semaine du Numérique a mis en évidence la nécessité d’un développement continu des compétences et de la formation. Dans l’ensemble, la première édition de la Semaine du Numérique au Cameroun a connu un franc succès en termes d’engagement et de partage de connaissances. Elle a également mis en lumière les domaines sur lesquels nous devons concentrer nos efforts pour l’avenir. Nous saurons en tirer les enseignements pour favoriser un écosystème numérique plus robuste et plus inclusif au Cameroun.
Permettez-moi de saisir cette occasion pour féliciter chaleureusement tous ceux qui ont contribué à ce succès, dont la CRTV.
Le Cameroun et la Commonwealth Telecommunications Organisation sont plus que jamais main dans la main pour la transformation numérique dans notre société. Qu’est-ce que le pays peut escompter comme retombées à moyen et à long terme de la Cameroon Digital Week?
C’est depuis 2002 que le Cameroun est membre de cette instance. À ce titre, notre pays en matière a continuellement bénéficié de retombées dans le domaine des TIC et de télécommunications, ceci dans plusieurs domaines. On peut citer parmi ces avantages
L’Accès à l’expertise internationale à travers une vaste base de connaissances, d’expertise et de meilleures pratiques en matière de TIC et de télécommunications.
La mise en place de partenariats internationaux dans le domaine de la formation et du développement technologique avec d’autres pays membres du Commonwealth à l’instar du royaume Unis ou encore le Nigéria pour ne citer que ceux là.
Un accompagnement dans la mise en place des stratégies dans les domaines de la régulation, de l’accès au broadband, de la cybersécurité
Nous bénéficions également d’un appui dans le domaine de la formation avec l’octroi de bourses d’études auxquels plusieurs fonctionnaires du MINPOSTEL ont eu accès, dans le cadre du programme ministériel de formation des cadres.
Comme vous le voyez, notre pays peut se réjouir d’importantes retombées en sa qualité de membre du CTO. Mais il est essentiel de noter que notre adhésion au CTO est un investissement à long terme que les plus hautes autorités consentent pour le développement des TIC au Cameroun.
Pour ce qui est spécifiquement de la Digital week, elle avait pour objectifs de
– Favoriser la compréhension des nouveaux enjeux que pose l’essor du numérique;
– Sensibiliser les responsables gouvernementaux sur l’impératif de la transformation numérique;
– Présenter les stratégies et programmes à mettre en oeuvre, pour bâtir le Cameroun numérique de demain;
– Engager les jeunes à promouvoir une utilisation productive et bénéfique des TIC;
– Présenter les innovations des camerounais dans le domaine du numérique
Et pour ce cahier de charge, nous pouvons nous satisfaire de ce que les visées ont été atteintes. Il y’a qu’à voir l’engouement manifestée par les nombreux participants qui se sont enregistrés (au total plus de 1350) pour prendre part aux différentes activités qui ont meublé la Digital Week.
La grande attraction de cette messe du digital, c’était la Cameroon Future Scape. La projection ambitieuse d’un Cameroun qui surfe totalement sur les vagues du développement et de la modernité. Quel retour avez – vous de cette projection?
Le retour que nous avons reçu de cette projection a été globalement positif. De nombreux participants ont exprimé leur enthousiasme quant à la vision d’un Cameroun prospère et technologiquement avancé tel que matérialisé par le Cameroon Futurescape.
La Cameroon Future Scape a permis de mettre en avant les opportunités et les défis de la transformation numérique, tout en montrant comment le Cameroun peut exploiter son potentiel pour devenir un acteur clé de l’économie numérique en Afrique. Cela a également encouragé la discussion sur les mesures nécessaires pour réaliser cette vision. Cependant, il est important de noter que la mise en œuvre d’une telle vision ambitieuse nécessitera un effort continu et la collaboration de l’ensemble de la société (le gouvernement, le secteur privé, les acteurs de la société civile et la population). Le Gouvernement est déterminé à poursuivre ses efforts pour concrétiser cette vision qui fera du Cameroun un acteur majeur dans l’ère numérique.
Quels sont les préalables pour que cette vision devienne réalité?
Déjà tout part de la mise en œuvre d’une stratégie sectorielle qui définit les grandes lignes du développement et de la matérialisation de cette vision. Nous avons le plan stratégique de développement de l’économie numérique et la SND30. Mais il ne suffit pas d’avoir des plans aussi pertinents soient-ils, il faut également faire suivre le financement ainsi que l’engagement des parties prenantes clés. Il est essentiel de mobiliser des ressources financières adéquates pour soutenir la mise en œuvre de cette stratégie et veiller à ce que les acteurs impliqués, qu’il s’agisse du gouvernement, du secteur privé ou de la société civile, soient alignés sur les objectifs de la vision. De plus, il est crucial de développer les infrastructures nécessaires, de renforcer les compétences et les capacités, et de promouvoir l’innovation pour favoriser la croissance du secteur numérique et la réalisation de la vision.
On parle de plus en plus de développement de l’intelligence artificielle et de la robotique comme solutions innovantes, et comme niches d’emplois. Où en est le Cameroun dans le développement de ces opportunités?
Le développement de l’intelligence artificielle (IA) et de la robotique représente en effet des opportunités majeures à l’échelle mondiale, tant en termes d’innovation technologique que de création d’emplois. Le Gouvernement est en pleinement conscient. On peut aussi noter que des universités et des écoles supérieures commencent à proposer des programmes et des cours liés à ces domaines, mais il faudra du temps pour former une main-d’œuvre spécialisée.
Par ailleurs, certaines startups au Cameroun commencent à explorer l’IA et la robotique, en développant des applications pour des secteurs tels que la santé, l’agriculture, la finance et l’éducation. Cependant, l’écosystème entrepreneurial dans ces domaines est encore en développement.
Il faut dire que le gouvernement camerounais a montré un intérêt croissant pour la technologie et l’innovation. C’est pourquoi des initiatives telles que la Cameroon Digital Week et d’autres programmes de développement technologique sont organisées pour promouvoir la transformation numérique et encourager l’adoption de l’IA dans divers secteurs.
Dans le même ordre d’idée il faut reconnaître que le Cameroun doit relever plusieurs défis pour favoriser le développement des technologies disruptives de manière générale et de l’IA et de la robotique en particulier. Il s’agit notamment de l’accès à une infrastructure de télécommunications de qualité, du besoin de renforcer l’éducation en sciences et en technologies, de la réglementation appropriée, de la cybersécurité et de la disponibilité de financement pour la recherche et le développement.
Source: CRTV Radio (Dimanche Midi du 22 octobre 2023)