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Étiquette : socioéconomique

  • Stratégie de riposte du Cameroun face à la COVID 19 et de résilience économique et sociale

    Stratégie de riposte du Cameroun face à la COVID 19 et de résilience économique et sociale

    Depuis bientôt trois ans, le Gouvernement du Cameroun poursuit la mise en œuvre de son Programme Economique et Financier (PEF), appuyé par une Facilité Elargie de Crédit (FEC) du Fonds Monétaire International (FMI), dans un contexte économique et social contraint par une série de chocs exogènes et endogènes inédits. Grâce aux efforts concertés du Gouvernement et de ses principaux Partenaires Techniques et Financiers (PTFs), à travers des appuis budgétaires consistants, la croissance économique a rebondi en 2018 à 4,1 % et s’est située à moins de 4 % en 2019.

    Monsieur ALAMINE OUSMANE MEY : Ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire

     

    Engagée ainsi dans une démarche de relance d’une croissance durable, notamment en s’éloignant du modèle de croissance fortement dépendant du secteur pétrolier en particulier, l’économie camerounaise est de nouveau impactée par la COVID-19. Il s’agit d’un choc d’une amplitude inhabituelle, qui aura des répercussions à la fois sur les structures d’offre et la vigueur de la demande, qui a jusqu’ici, soutenu le dynamisme de l’activité.

    Le présent document constitue la « Stratégie de riposte du Cameroun face à la COVID 19 et de résilience économique et sociale ». Il expose la réponse du Gouvernement camerounais à la crise sanitaire. Ce document est structuré en trois articulations principales : (i) le contexte actuel dans lequel s’insère cette pandémie, y compris les canaux de transmission, les impacts socio-économiques, ainsi que les défis à relever, (ii) la stratégie de riposte proprement dite, et le plan de financement de ladite stratégie, et enfin (iii) les perspectives.

     

    Le contexte

    Situation de la pandémie

    L’épidémie de Corona Virus, qui a démarré timidement le 17 novembre 2019 dans la ville de Wuhan, en Chine centrale était loin de susciter une forte inquiétude, car les autorités chinoises avaient du mal à déterminer l’ampleur de la menace. Mais, en seulement cinq mois, la pandémie s’est propagée dans presque tout le monde entier, engendrant ainsi un ralentissement de l’économie mondiale. Avec plus de 1000 000 morts, l’Europe reste la partie du monde la plus affectée par le Corona Virus. L’Afrique n’est pas à l’abri de cette pandémie.

    Le Cameroun n’est pas épargné par cette pandémie. Il enregistre son premier cas de coronavirus, le 06 mars 2020. En moins de deux mois, il est observé une hausse vertigineuse de cas infectés, et à ce jour, toutes les dix régions du Cameroun sont touchées. Au 14 juin 2020, on dénombrait 48 376 individus testés, dont 9864 cas confirmés, 5 570 guérisons et 276 décès, soit 2,8 % en valeur relative. Le Cameroun est actuellement le pays le plus atteint par cette pandémie en Afrique Centrale.

    Canaux de transmission et conséquences de la COVID-19 au Cameroun.

    En raison de l’ouverture de l’économie camerounaise sur le monde, et du fait que la Chine et l’Union Européenne (UE) sont ses deux principaux partenaires, et sont également les pays les plus durement touchés par cette crise sanitaire, les principaux canaux de transmission de la crise se manifestent en termes de chocs, à la fois sur l’offre et sur la demande (étrangère et domestique).

    Ainsi, s’agissant du tassement de la demande internationale, il procède par la chute des cours internationaux du pétrole, du gaz et la réduction des recettes budgétaires, la baisse des cours internationaux des produits agricoles d’exportation et des autres produits métallurgiques, et la chute des mouvements de transports internationaux vers le Cameroun.

    En ce qui concerne la contraction de l’offre internationale, à travers la réduction, voire la rupture des chaînes d’approvisionnement en biens intermédiaires et de consommation finale en provenance de l’étranger. Ce recul de l’offre internationale se traduit également, d’une part, par une diminution de l’emploi dans ces économies en liaison avec la baisse de l’activité ou la fermeture de certaines entreprises ; et d’autre part, par un besoin urgent de capitaux justifié par le déclin des marchés boursiers. On assistera donc à une diminution des transferts de fonds privés et officiels à destination de l’économie camerounaise, mais aussi un exode des flux de capitaux qui pourrait impacter le solde extérieur.

    Enfin, pour ce qui est de la baisse de l’offre et la demande domestiques, la nécessité de contenir la propagation de la pandémie de la COVID-19 a conduit les autorités camerounaises à instituer une série de mesures d’importance, visant à restreindre davantage les mouvements des personnes, le report de certaines manifestations culturelles et sportives, et à interdire la pratique de certaines activités au-delà de 18 heures sur l’ensemble du pays. Ces mesures de restriction, dont certaines ont été atténuées par la suite, contribuent d’une part, à réduire l’offre domestique, en abaissant la productivité des entreprises, et en renchérissant les coûts de transaction liés à la distribution des produits ; et d’autre part, à contracter la demande domestique avec des conséquences directes sur les revenus des ménages.

    L’évaluation des conséquences économiques et financières de la COVID-19 sur les économies dans le monde est pour l’instant rendue difficile par l’incertitude sur la durée de la crise, la vitesse de propagation de la COVID-19 et l’efficacité de la réponse que les pays y apporteront, aussi bien de manière individuelle que concertée. Toutefois, les premières études démontrent que cette urgence sanitaire de portée mondiale, dégradera les perspectives macro-économiques de tous les pays en 2020 et au-delà.

    S’agissant des conséquences sur l’économie camerounaise, les prévisions de croissance 2020 sont inédites, et se rapprochent d’un niveau de croissance qui n’a pas été enregistré depuis 30 ans. De surcroit, l’évolution de la courbe des variations du PIB par habitant annonce une forte baisse du taux de PIB per capita de -3,6% pour l’année 2020 (FMI, 2020). La hausse des prix de consommation est perceptible sur le marché national, avec un accroissement exponentiel de 0,4 point de plus que celui de 2019 estimé à 2,4%. Le solde budgétaire global, dons compris, deviendrait déficitaire de l’ordre de -4,5 % du PIB d’ici la fin d’année, contre -2,3% du PIB pour l’année 2019. Cette détérioration des finances publiques résulterait à la fois de la baisse des recettes budgétaires et d’une augmentation relative des dépenses publiques.

    La situation monétaire du Cameroun se détériorerait légèrement à travers la baisse des avoirs extérieurs nets, des crédits à l’économie et de la masse monétaire. D’après les prévisions du FMI, le Cameroun connaitra du fait de la COVID 19 une légère baisse de la masse monétaire qui passerait de 24,5% du PIB en 2019 à 24,1% du PIB en 2020, impactant ainsi la capacité d’investissement et le volume de liquidité bancaire.

    La BEAC quant à elle, affirme que la situation monétaire du Cameroun entre février 2019 et février 2020 s’est caractérisée par une augmentation de la masse monétaire induite par une hausse des contreparties, notamment les crédits à l’économie, les avoirs extérieurs et des créances nettes sur l’État. De fait la masse monétaire est passée de 4897,5 milliards de F.CFA en février  2019 à 5598,7 milliards de F.CFA en février 2020 (+701,1 milliards), soit une augmentation de 14,3 % en glissement annuel, c’est-à-dire, avant la survenance de la crise. Du point de vue des composantes de la masse monétaire, les dépôts bancaires et la circulation fiduciaire ont augmenté respectivement de 10,3% et 15,1% au cours de la même période.

    Par ailleurs, d’autres conséquences seraient la chute des cours des matières premières, la pénurie et la hausse de prix de certains produits alimentaires ou manufacturiers, les pertes d’emplois et par conséquent la baisse du pouvoir d’achat, du revenu du travail et de l’épargne.

     Impacts économiques, financiers et sociaux de la crise

    Les impacts de la crise ont été appréciés sur la base de deux approches méthodologiques : la première, selon un modèle de simulation, et la seconde basée sur un sondage d’opinion.

    Ainsi, sur la base d’un Modèle d’Equilibre Général Calculable (MEGC), les simulations faites montrent que (i) le PIB devrait être en net recul par rapport à la situation de référence (4% initialement prévus), pour se situer à près de 0,6% dans le scénario considéré. Soit un recul de 3,4 points ; (ii) Sur le plan sectoriel, le secteur le plus affecté serait le secteur tertiaire ; (iii) le fléchissement des revenus serait de -19,2% pour le Gouvernement, -11,9% pour les entreprises et -15% pour les ménages ; ce qui correspondrait à une perte évaluée à près de 26,4 milliards de F.CFA pour les ménages ruraux, et près de 58,2 milliards de F.CFA pour les ménages urbains ; (iv) le taux de chômage enregistrerait un accroissement par rapport à la situation de référence de près de 163% ; et (v) le niveau des prix enregistrerait une hausse de près de 3,2%.

    En complémentarité des résultats obtenus par la méthode de simulation, une enquête socio-économique placée sous l’égide du MINEPAT et du MINFI, a été conduite par l’Institut National de la Statistique (INS) durant la période avril-mai 2020, sur l’ensemble du territoire sur un échantillon de plus de 1310 ménages et 770 entreprises, y compris les unités de production informelles (UPI). L’objectif principal de cette enquête était d’évaluer rapidement les conséquences socio-économiques immédiates de l’épidémie de la COVID-19 au Cameroun, et proposer selon les scénarios les plus probables, des mesures concrètes de mitigation à court et moyen terme.

    Cette enquête s’inscrit dans le cadre de la stratégie gouvernementale de riposte face à la COVID 19 ; elle complète l’évaluation des impacts de cette pandémie par la méthode de simulation, précise et structure les mesures de soutien et de résilience socio-économique à travers l’approche par sondage. Ainsi, sur la base des résultats de ladite enquête, il ressort que les populations sont suffisamment informées de l’existence de la COVID 19, et ont connaissance des mesures prises, et qu’elles adhèrent à l’application des mesures barrières. En outre, on relève un impact négatif sur les activités des entreprises dont l’ampleur varie selon le type d’entreprise.

    De manière générale, des risques importants d’arrêt d’activité pèsent sur la quasi-totalité des entreprises ; la baisse de la demande intérieure, les difficultés d’approvisionnement, d’écoulement des produits et de financement extérieur sont les principaux canaux de transmission des effets de la COVID 19 sur l’activité des entreprises. La transmission des effets entraine la baisse de la production, du chiffre d’affaires et des effectifs, ce qui amène les entreprises à adopter la réduction des heures de travail, des salaires, comme mesure de résilience économique. Aussi, 53% de chefs d’entreprises préconisent la levée des mesures de restriction sur les activités économiques.

    Les UPI (59%) et les PME (44%) souhaitent la levée de la restriction des activités sur les bars, la restauration et les transports, alors que les grandes entreprises (33%) souhaitent la levée de la restriction sur la fermeture des frontières. En ce qui concerne les mesures relatives à la relance de l’économie, les chefs d’entreprises mettent en relief la nécessité : (i) de revoir la politique fiscale (40% des entreprises), soit en suspendant la collecte de l’impôt pendant cette période, le non-paiement de certains impôts ; soit en apportant des subventions à certaines activités jugées sinistrées ; (ii) de leur accorder des aides financières (28%).

    Au niveau des populations, 65% des personnes déclarent que la pandémie a entraîné la diminution du salaire/revenu, tandis que 60% de personnes ont vu leur niveau de vie se dégrader. Cette détérioration est plus accentuée chez les très pauvres (79%). Cette situation se traduit notamment par la recrudescence du chômage et la baisse généralisée des revenus des ménages. Face à ces conséquences, la population a adopté des mesures barrières comme mesures de résilience, et proposent des solutions immédiates, dont l’aide pour les plus pauvres, pour faire face à cette pandémie. Aussi, des politiques de moyen et long terme sont formulées à l’endroit des décideurs pour améliorer la relance et le dynamisme de l’activité après la pandémie.

    Sur la base de ces résultats, les recommandations suivantes sont formulées :

    1. Pour les entreprises, il faut :
    • Atténuer les effets sur leur trésorerie, par l’apurement du stock des crédits de TVA ; la poursuite de l’apurement de la dette intérieure ; l’annulation et/ou l’accord de moratoires pour le paiement de certains impôts ; la facilitation de l’accès au crédit à travers la garantie de l’Etat.
    • Participer à la relance de la demande intérieure, par la priorisation des entreprises locales pour ce qui est de la commande publique, l’intensification de la promotion du patriotisme économique.
    • Atténuer les effets sur les coûts de production en : assurant un contrôle permanent des prix sur les marchés ; mettant en place un mécanisme de veille pour garantir l’approvisionnement suffisant du marché intérieur en biens intermédiaires ;
    • Atténuer l’effet sur les réductions d’employés par des subventions et aides financières aux entreprises, notamment les PME et les entreprises des secteurs à forte intensité de main d’œuvre.
    1. b) Les populations recommandent :
    • Dans l’immédiat  de :
      • Poursuivre la mise en place des mesures barrières les plus importantes, en vue d’empêcher la propagation du virus ;
      • Intensifier les opérations de dépistage systématique et de campagnes de désinfection des lieux publics ;
      • Sensibiliser la population à la non stigmatisation des personnes atteintes de la COVID 19 ;
      • Maintenir et améliorer le système d’éducation à distance pour les enfants ;
      • Garantir un approvisionnement suffisant en produits alimentaires via les activités de la MIRAP.
    • A moyen terme de :
      • Développer les outils de travail et d’apprentissage à distance ;
      • Poursuivre en l’étendant dans les zones non couvertes, la mise en œuvre du Projet « Filets Sociaux ».

    Défis à relever pour lutter contre la pandémie

    Les défis à relever pour riposter contre la COVID 19 sont de plusieurs ordres. S’agissant des défis immédiats, ils consistent à (i) sauver des vies humaines ; et (ii) sauver, soutenir  et relancer le secteur productif.

    Pour ce qui est des défis à court terme, il s’agira essentiellement (i) Sur le plan sanitaire, de renforcer l’offre du système de santé en infrastructures et la formation des personnels de santé des formations sanitaires ; (ii) Au niveau économique, d’adopter dans les plus brefs délais une Loi de finances rectificative 2020, d’apporter un soutien budgétaire temporaire et ciblé, sous forme des transferts monétaires et/ou des kits alimentaires, pour protéger les couches des populations les plus vulnérables, et de soutenir le secteur privé pour permettre aux entreprises de poursuivre leurs activités et maintenir les emplois, y compris ceux du secteur informel. Enfin, iii) Sur le plan social, de renforcer les efforts visant à assurer la sécurité alimentaire des populations d’une part, et d’adopter des mesures de résilience en faveur des communautés rurales qui vivent de la commercialisation légale des produits de la chasse et de la forêt. En outre, des actions seront prises pour accélérer la substitution des produits alimentaires importés par des produits locaux d’égale valeur nutritionnelle.

    Concernant les défis à moyen et long terme, Ces défis s’inscrivent dans le processus d’opérationnalisation de la deuxième phase de la Vision à l’horizon 2035, en renforçant dans la stratégie 2020-2030, les aspects sur le développement du capital humain en général, et du système de santé singulièrement ; pareillement, l’option de la transformation structurelle adoptée devra être complétée par des politiques audacieuses de résilience sociale à l’effet de réduire à un niveau acceptable les inégalités et la pauvreté à l’horizon de la stratégie.

    La Stratégie de riposte du Cameroun face à la COVID 19 et de résilience économique et sociale

    La situation critique actuelle exige des politiques audacieuses et un volontarisme économique avéré, articulés dans une Stratégie de riposte et de résilience pour limiter les effets négatifs induits de cette crise sanitaire, et préserver les acquis du Programme de consolidation budgétaire. Cinq (05) principaux piliers constituent l’ossature de ladite stratégie, non compris les mesures de viabilité budgétaire du Gouvernement, dont : (i) la riposte sanitaire ; (ii) la résilience économique et financière ; (iii) l’approvisionnement stratégique ; (iv) le renforcement de la recherche et de l’innovation ; et enfin (v) la résilience sociale.

    Le premier pilier qui porte sur la riposte sanitaire, comporte des mesures de nature à renforcer le système de santé, notamment l’identification, la prise en charge et le traitement rapide des cas avérés, mais aussi l’action préventive à travers la sensibilisation de masse sur le respect des règles d’hygiène de base et le port de masque, la recherche active des cas suspects, et enfin la décontamination systématique des zones à risque.

    Pour le second pilier sur la résilience économique et financière, il s’agit ici de mettre en œuvre une panoplie des mesures administratives, fiscales, douanières et financières en direction du Gouvernement, des entreprises et des acteurs du secteur informel pour préserver l’activité économique, l’emploi et partant la croissance économique.

    Les mesures à mettre en œuvre dans le cadre du 3ième pilier sur l’approvisionnement stratégique devront permettre d’assurer la continuité de l’approvisionnement en produits de première nécessité, notamment les produits alimentaires et les produits pharmaceutiques, mais aussi de garantir une fourniture permanente en produits pétroliers.

    L’objectif du 4ième pilier sur le renforcement de la recherche et de l’innovation est de mettre en place des mesures structurelles en réponse aux enseignements tirés de la crise, eu égard à la fragilité et à la dépendance de notre économie. En particulier, il s’agira d’exploiter la disponibilité annoncée de financements en faveur des structures de recherches, de manière à promouvoir la production locale des biens de première nécessité, notamment pour ce qui est du matériel médical.

    Pour ce qui est du 5ième pilier sur la résilience sociale, il s’agit des mesures à prendre pour alléger les difficultés auxquelles les ménages et les populations vulnérables auront à faire face, du fait de nombreuses restrictions instituées dans le cadre de la lutte contre la pandémie. Ainsi, en plus de l’extension du programme des filets sociaux et des mesures de prise en charge des factures d’eau et d’électricité, d’autres mesures additionnelles sont envisagées, notamment l’installation des points d’eau/stations de lavage des mains pour les ménages sans accès à l’eau, et l’utilisation des réseaux communautaires pour l’organisation des campagnes de sensibilisation.

    Il convient de noter que l’opérationnalisation de la stratégie de riposte intègre (i) les instances de mise en œuvre de la stratégie, à savoir une instance de pilotage, un mécanisme de coordination et un dispositif de suivi-évaluation pour permettre à la Stratégie de riposte d’atteindre les objectifs fixés ; (ii) les considérations générales pour la mise en œuvre de la stratégie, avec pour but d’assurer la cohérence avec les autres stratégies déjà encours, notamment la stratégie de développement post-DSCE et le Plan de Reconstruction et de Développement pour les Régions du Nord-Ouest et le Sud-Ouest (PRD/NOSO), mais aussi de capitaliser les avancées dans le processus de décentralisation. (iii) les considérations d’efficience, de transparence et de redevabilité dans la gestion des finances publiques, eu égard au fait que l’urgence de la réponse ne doit laisser de place à aucune irrégularité et /ou opacité dans les processus et procédures.

    S’agissant du financement de la Stratégie de riposte intégrant l’objectif de viabilité budgétaire du gouvernement, il est basé sur la mobilisation des ressources de trois ordres : Le fonds national de solidarité mis en place par le Président de la République, le budget de l’Etat, y compris la restructuration de la dette, et le Basket Fund alimenté par les Partenaires Techniques et Financiers. L’objectif recherché ici est d’assurer une mobilisation plus efficace des ressources financières auprès des Partenaires Techniques et Financiers (PTFs), tout en mettant en place un dispositif de rationalisation et de priorisation des dépenses du Gouvernement. A cet effet, il serait indiqué de : (i) recourir aux différentes facilités d’urgence mises en place par les PTFs (FMI, BM, BAD, SNU, etc.) ; (ii) solliciter auprès de certains PTFs, la restructuration de notre dette extérieure ; (iii) solliciter auprès de certains bailleurs des moratoires sur le paiement du service de la dette extérieure, notamment non concessionnelle ; (iv) soumettre des requêtes aux PTFs ; (v) procéder à des ajustements budgétaires à l’effet de prendre en compte les besoins nécessaires au financement des plans de riposte sanitaire et socioéconomique.

    Les perspectives

    Bien que les effets de la pandémie du Corona Virus soient très préjudiciables pour l’économie camerounaise, ce marasme offre des opportunités pour revisiter le modèle économique camerounais et le rendre compatible avec notre ambition d’être un pays émergent dans un contexte où l’incertitude et la montée des risques de tout ordre sont devenues les principales variables d’ajustement. Par ailleurs, une lecture attentive de l’histoire économique amène à subodorer qu’un nouveau paradigme se dessine à l’horizon, avec la consolidation de l’économie numérique, comme système dominant. En outre, cette crise a révélé les faiblesses de nos structures socio-collectives et économiques, en mettant en exergue les problèmes d’infrastructures sanitaires, la dépendance des marchés à l’égard des biens et services importés, la déconnexion de nos structures socio-économiques du numérique, l’importance de la demande intérieure dans le PIB,  etc.  

    Afin de renforcer la résilience de l’économie camerounaise et assurer une relance adéquate de la croissance économique durable et équitable pour l’ensemble des camerounais, certaines mesures de politique socio-économique sont recommandées à l’instar de l’opérationnalisation des axes fondamentaux de la Stratégie Nationale de Développement sur la transformation structurelle de l’économie camerounaise. De fait, il s’agit de permettre aux entreprises nationales d’être plus compétitives, tout en améliorant l’attractivité de la destination Cameroun, notamment (i) mettre en œuvre la politique de diversification de certaines filières porteuses au niveau régional (banane plantain, riz, maïs, igname, manioc) et international (café, cacao, hévéa, huile de palme, coton, fruits tropicaux, oléagineux) ; (ii) bâtir également une transformation structurelle basée sur l’agriculture, élargie à des produits/filières chimiques et pharmaceutiques ; (iii) promouvoir l’utilisation des intrants agricoles locaux dans le processus de production des grandes entreprises au Cameroun .

    Par Monsieur ALAMINE OUSMANE MEY

    Ministre de l’Economie, de la Planification

    et de l’Aménagement du Territoire

  • Revalorisation des allocations familiales : Une aide au prix fort

    Revalorisation des allocations familiales : Une aide au prix fort

    Depuis le 30 avril dernier, le montant des allocations familiales a connu une hausse de 60,7% au Cameroun. La mesure implique de lourdes conséquences au plan financier pour l’État.

    Mekulu Mvondo Akame, DG de la CNPS.

    En vue de réduire l’impact socioéconomique de la pandémie de la Covid-19 sur les ménages et les entreprises au Cameroun, le chef de l’État a pris un certain nombre de mesures le 30 avril 2020. Parmi celles-ci, il y a la revalorisation du montant des allocations familiales. Elle est passée de 2800FCFA à 4500FCFA. Soit une hausse de 60,7% sur le montant initial. Pour soutenir son action, l’État camerounais a envisagé de débloquer cinq-milliards FCFA pour mettre à la disposition des travailleurs immatriculés du Cameroun, pour le compte de l’année 2020.

    Au rang des autres prestations familiales concernées par la présente mesure, il y a les allocations prénatales représentant neuf fois le montant mensuel des allocations familiales. Il en est ainsi des allocations de maternité qui représentent 12 fois le montant mensuel desdites allocations.

    Bénéficiaires
    Sont concernés par la hausse, tous les travailleurs immatriculés et déclarés à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS). La disposition s’applique aussi aux retraités qui ont des enfants mineurs à charge. Ce n’est pas tout. Il y a également les 1667 entreprises des secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et du transport répertoriées par la Caisse. «Le chef de l’État a voulu que les travailleurs relevant de ces secteurs d’activités frappés par les conséquences de la crise sanitaire continuent de bénéficier des allocations familiales, même s’ils ont été mis en chômage technique ou que leurs employeurs ne se sont pas acquittés du paiement de leurs cotisations sociales pendant cette période», a indiqué Noël Alain Olivier Mekulu Mvondo, directeur général de cette institution, dans les colonnes du quotidien national Cameroon Tribune.

    Les entreprises n’ayant pas honoré à leurs engagements auprès de l’institution n’ont pas pour autant été oubliées. Selon le DG de la CNPS, «des dispositions d’allègement ont été prises pour soutenir les entreprises qui éprouvent des difficultés de trésorerie du fait de la crise sanitaire actuelle. Ainsi, sur demande justifiée des employeurs, le paiement de leurs cotisations sociales est différé sur une période de trois mois».

    Dispositions
    Parce qu’elle est le bras séculier de l’État dans la mise en œuvre de cette revalorisation, la CNPS a pris des mesures qui s’imposent. «Dès l’annonce de ces dispositions, nous avons procédé au paramétrage de notre système afin que tous les bénéficiaires reçoivent leurs prestations sous les nouveaux montants. Ceci sera d’ailleurs effectif dès la signature des actes règlementaires y relatifs. De même, en ce qui concerne les employeurs, tout est mis en œuvre pour leur garantir notre accompagnement», a rassuré le patron de l’entreprise à capitaux publics.

    Seulement, l’aide se fera selon les canons imposés par la pandémie. «En application des mesures de distanciation physique, les contrôles sur place sont suspendus pour le moment. Nous effectuons des contrôles en ligne, sur la des documents qui nous sont transmis par voie électronique par les employeurs», précise le haut cadre de l’administration publique camerounaise.

    Impact
    Il est vrai que l’augmentation du montant des allocations familiales vient résoudre un problème pour les pensionnaires. Mais elle n’est pas sans impact pour la CNPS. D’après le directeur de cette institution, la mise en application de la directive gouvernementale nécessite une petite fortune. «La revalorisation des anciennes pensions nous coutera à peu près douze-milliards FCFA.

    En ce qui concerne les allocations familiales dont le montant est désormais fixé à 4500FCFA par enfant, cela va nous couter plus de cinq-milliards FCFA, sous réserve de l’augmentation probable des effectifs d’enfants», indique-t-il. À cela, s’ajoute le report d’encaissement des cotisations sociales évalué quant à lui à «environ 15 milliards FCFA».

    Cette revalorisation est la 2e du genre en cinq ans, la dernière ayant eu lieu en 2016. En cette année-là, les allocations familiales avaient fait l’objet d’une hausse de 55,5% à la faveur du décret n°2016/034 du 21 janvier 2016. Alors estimées à 1800, elles sont passées à 2800FCFA.

    Joseph Julien Ondoua Owona, stagiaire

     

     

    Du pain béni pour les pensionnés 

    Pour plusieurs travailleurs et retraités affiliés à la CNPS, la mesure du 30 avril 2020 est un ouf de soulagement en cette période de crise à la fois sanitaire et socioéconomique.

     

    Jean Babale est un agent de l’État en service au ministère des Postes et Télécommunications (Minpostel). Pour lui, la mesure d’allègement des restrictions prises par le gouvernement fin avril dernier est un véritable apaisement sur le plan financier. «Toute augmentation dans le salaire d’un travailleur est une très grande satisfaction parce qu’elle apporte une valeur ajoutée, aussi minime soit-elle», indique-t-il. Dans le fond, le fonctionnaire redécouvre le centime additionnel désormais appliqué sur sa paie. «En ce qui me concerne, c’est pratiquement 8500 F qui vont s’ajouter sur mon salaire», dit-il avant de s’en réjouir. «Je suis satisfait de cette mesure gouvernementale.

    Tout compte fait, il y aura un changement dans mon quotidien. Cela pourra m’aider à acquérir ne serait-ce qu’une bouteille de gaz», confie-t-il, dans les colonnes du confrère Cameroon Business Today (édition n°156 du mercredi 10 au mardi 16 juin 2020). Il n’est pas le seul.

    Pour les retraités, cette revalorisation est un véritable pain béni. «Nous les pensionnaires avons trop de problèmes. C’est une solution pour résoudre les multiples problèmes que nous avons», se réjouit Saliou Ardo. L’ancien travailleur ne tarit pas d’éloges à l’endroit du chef de l’État, modèle par excellence du «bon chef de famille», selon lui.

    D’ailleurs, dit-il, cette amélioration lui permettra de prendre en charge sa famille, dont ses huit enfants. Pour Emmanuel Fagnia cette augmentation vient au à point nommé; «au moment où les retraités se demandaient si le gouvernement ne pouvait pas faire quelque chose pour nous», indique-t-il. Même s’il revendique l’augmentation de la pension retraite, le vieillard ne crache pas sur franc que lui offre l’État. «Pour moi, 100 F de plus sur la pension d’un retraité représentent beaucoup».

    Calculs
    Contrairement à ce pensionnaire, Emmanuel Fagnia ne prend pas le coup de main gouvernemental à la légère. Pour s’en convaincre, le secrétaire général de la commune de Ngaoui se livre à l’arithmétique. «Imaginez un parent affilié à la CNPS et disposant de dix enfants de moins de 21 ans inscrits dans les établissements secondaires et sociaux.

    Ce chef de famille qui bénéficiait de 28 000FCFA par mois aura désormais 45 000FCFA, grâce aux mesures présidentielles», détaille-t-il. Cette aide de la part du gouvernement vient donc redonner un certain espoir aux populations essoufflées face à la crise sanitaire et à la crise socioéconomique.

    JJOO

  • Lac Tchad : une stratégie de redressement du pourtour

    Lac Tchad : une stratégie de redressement du pourtour

    En pleine tournée de vulgarisation de la stratégie de stabilisation de la région du lac Tchad, le secrétaire exécutif tente d’être le VRP de la renaissance de la coopération dans cette région d’Afrique. L’organisation hydro-politique et hydro-diplomatique souffre de plusieurs maux que la montée en régime du groupe terrorisme Boko Haram est venue exacerber. Le principal c’est le sous-financement.

    Alors que la stratégie de stabilisation sollicite 59 milliards FCFA pour sa mise en œuvre, le budget de la Commission du bassin du lac Tchad (Cblt) se situe à 17 668 916 000 FCFA. Plusieurs États n’ont pas transmis leur contribution alors que l’exercice court à son terme. Et même si l’alimentation du fonds de stabilisation échoit davantage aux partenaires (UE, GIZ, USAID, AFD, ONU et autres bailleurs de fonds), les États ont une contribution financière importante à fournir.

    Sensibilisation
    Toute la semaine dernière, l’ambassadeur Mamman Nuhu, secrétaire exécutif de la Cblt, a rencontré les autorités pour leur transmettre la stratégie et faire le plaidoyer de l’arrimage du Cameroun. Dévastée par les menées terroristes de la secte islamiste Boko Haram et anesthésiée par l’assèchement du Lac, la région attend de se reconstruire. La stratégie comprend 9 piliers: la coopération politique, la sécurité et les droits de l’homme, le désarmement, la démobilisation, la réhabilitation et la réintégration, l’assistance humanitaire, la gouvernance et le contrat social, la relance socioéconomique et la gestion durable de l’environnement, l’éducation, la planification et les compétences, la protection de la biosphère et de la faune et l’autonomisation de la femme et de la jeunesse.

    Zacharie Roger Mbarga