Au cœur des enjeux de l’opération de comptage physique et numérique des personnels policiers.
En application des directives contenues dans le message radio-porté daté du 21 mars 2022, toutes les listes numérique et physique des fonctionnaires de police devraient déjà être mises à la disposition de la Direction des ressources humaines de la Délégation générale à la Sureté nationale (DGSN). Sur ordre de Martin Mbarga Nguélé, le patron de cette administration publique, le casting a mis au travail inspecteurs généraux, inspecteurs de la Sûreté nationale, directeurs et assimilés, délégués régionaux et chefs de division et de cellules. Tous ont mené l’opération de comptage physique des policiers sous leurs ordres, dans leurs unités ou services. Les objectifs affichés sont grandioses et dignes d’être appréciés, confient plusieurs sources astreintes au dit exercice. D’un côté, apprend-on, il y a l’amélioration de continue de l’action collective et professionnelle dans le sens de la qualité; et de l’autre la confection d’un fichier actualisé des personnels de la DGSN.
Tout voir, tout contrôler
De façon plus pratique, dans le dispositif de recensement construit à des fins de contrôle, Martin Mbarga Nguele, le DGSN, a insisté sur les informations personnelles et professionnelles de base (nom et prénoms, date et lieu de naissance, grade, référence de l’acte de promotion audit grade, ancienneté et position actuelle du fonctionnaire de police). Au cœur des enjeux, la maîtrise des effectifs du corps. Au demeurant, assure un haut-gradé, «l’opération ne tient pas à une quelconque fantaisie du moment; elle prend place dans le processus de modernisation en cours au sein de la police camerounaise et vise à aider le gouvernement à élaborer ses politiques sécuritaires ainsi qu’à budgétiser les dépenses y relatives». La suite rappelle que «sans chiffres, on ne peut ni fixer des objectifs quantifiés, ni définir des indicateurs de performance, ni exercer de contrôle sur le résultat, ni évaluer le degré de réussite d’une politique publique. Bref, sans chiffres, il n’est possible ni de justifier ni de concrétiser l’idée que l’action publique peut être soumise au principe d’efficacité».
«Pluralisme managérial»
Prises par ce bout, la vérité de l’opération ne s’offre pas si aisément à découvert. Selon nos informations, l’initiative coordonnée par Martin Mbarga Nguele a été ordonnée (dans l’urgence) à partir de la présidence de la République. À la DGSN, signale-t-on à Étoudi, la tricherie ne manque pas, surtout lorsqu’il s’agit de profiter de l’aide de l’État, des avancements et promotions. Nos sources révèlent que le cœur du problème s’exprime sous la forme d’accumulation de plaintes dénonçant diverses iniquités. L’on soupçonne celles-ci d’avoir bon dos grâce à une architecture institutionnelle servant de terrain d’affrontement à des clans. «Pour les affectations, avancements, matériels roulants et bons de carburant, chaque noyau a ses propres méthodes de sélection, ses propres quotas de bénéficiaires; c’est ce pluralisme managérial avec toutes ses incohérences que l’on veut démanteler en réalité», dénonce par exemple un flic. Avance-t-on vers une redistribution des cartes à la DGSN dans les brefs délais, rien n’est moins sûr en tout cas.
Jean-René Meva’a Amougou
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