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Étiquette : Coopération économique
Coopération économique : L’Union européenne vante ses atouts
Plan d’investissement extérieur (PIE), Fonds européen de développement (Fed), APE… durant tout Promote 2019, Bruxelles a braqué les projecteurs sur les opportunités de ces instruments. Objectif : s’affirmer comme le partenaire le mieux à même d’aider le Cameroun à se développer.
De l’Union européenne (UE), la Chine et les États-Unis, quel est le meilleur partenaire économique pour le Cameroun ? Pour les hôtesses préposées à l’accueil des visiteurs au stand de la coopération Cameroun-UE à cette 7e édition de Promote, la réponse tombe sous le sens : «C’est l’Union européenne, bien sûr!»
«On peut se féliciter de l’équilibre des échanges entre le Cameroun et l’Europe. On est sur 1,6 milliard d’euros (1048 milliards de francs CFA) d’importations et 1,7 milliard (1113,5 milliards) d’exportations. C’est intéressant que dans la stratégie du ministère des Finances, l’Europe soit privilégiée. Parce que le déficit (Commercial) est beaucoup plus important avec Chine. En plus, il y a beaucoup plus de transferts de technologie avec les Européens qu’il y en a avec les Chinois, qui sont plus enclins à prendre les matières premières et à vendre les produits finis», explique pour sa part Emmanuel de Tailly. Le directeur général de la Société anonyme des Brasseries du Cameroun (SABC) prend alors part à une des multiples activités organisées par Bruxelles tout au long du salon.
Déploiement
Même s’ils se gardent d’adopter une approche comparative, les officiels européens passent le même message comme à plusieurs éditions de Promote déjà. «Cameroun-Union européenne : un partenariat pour une croissance inclusive et durable», peut-on par exemple lire sur presque tous les supports de communication distribués à l’occasion.Pour convaincre de cela, les petits plats ont été mis dans les grands : un stand de 150 m2 aux couleurs bleu et blanc de l’Union, avec une salle de réunion de 50 m2, une salle VIP de 25 m2 et un hall de 75 m2, dédié à l’accueil des visiteurs et animé par une équipe de six personnes comprenant: deux de la délégation de l’UE au Cameroun, deux de la Banque européenne d’investissement (BEI) et deux de la Cellule d’appui à l’ordonnateur national du Fonds européen de développement (Caon-Fed). Ces personnes sont aidées par six hôtesses. Pour l’animation, une quinzaine d’ateliers, séminaires et conférences ont eu lieu. Tout cet appareil a été mis en branle pour magnifier l’action de l’UE au Cameroun et réfléchir à la consolidation de la coopération économique entre les deux parties. Une équipe, conduite par Carla Montesi, directrice « Planet and Prosperity » à directeur général de la coopération du développement de la Commission européenne (Devco), est même venue de Bruxelles pour la cause.
Livre d’or
Plusieurs actions ont été mises sur pied: un état des lieux de la mise en œuvre de l’Accord de partenariat économique (APE) entre le Cameroun et l’UE a été fait (voir page 12) ; la participation au lancement du Plan d’investissement extérieur pour le Cameroun et l’Afrique centrale (PIE, voir page 11) ; la signature de deux conventions pour le financement du projet d’interconnexion électrique entre le Cameroun et le Tchad, et le projet de renouvellement de la ligne chemin de fer entre Bélabo et Ngaoundéré (voir colonne page 11) ; un échange sur les astuces pour exporter vers l’Europe, le climat des affaires au Cameroun, le système d’indemnisation d’expropriation foncière, la valorisation des richesses des forêts camerounaises entre autres.Des 400 personnes en moyenne qui ont, chaque jour, participé à ces activités ou visité le stand, on compte plusieurs directeurs généraux et une demi-dizaine de ministres. Ces derniers ont signé le livre d’or. «Merci pour le formidable travail que vous faites pour booster l’économie camerounaise», écrit le Premier ministre Joseph Dion Ngute. «Votre appui au gouvernement, et surtout au secteur privé, est de nature à nous rapprocher de l’objectif de l’émergence en 2035», indique pour sa part le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey. «La coopération Cameroun-Union européenne est très porteuse et recèle d’infinies possibilités de codéveloppement», soutient à son tour le ministre des PME, de l’Économie sociale et de l’Artisanat, Achille Bassilekin III. «Puissions-nous faire ensemble plus et mieux encore!», exhorte donc le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Grégoire Owona.
Aide au développement
Yaoundé capte près de 400 milliards de CFA en six ans
C’est ce qui ressort de la dernière revue du portefeuille de coopération financière entre le pays et l’Union européenne.
À Promote, le Cameroun et l’Union européenne ont signé, le 21 février, deux conventions pour le financement de deux projets (interconnexion électrique entre le Cameroun et le Tchad et renouvellement de la ligne de chemin de fer entre Bélabo et Ngaoundéré). En vue de leurs réalisations, l’Union européenne va contribuer, sous forme de don, pour plus de 35 milliards de francs CFA. C’est ce que l’on appelle l’aide au développement. Avec ce nouvel apport financier, les concours actifs du même type de l’UE au Cameroun s’élèvent désormais à 369,5 milliards de francs CFA. Au regard de la programmation annuelle en cours, soutient-on à la Cellule d’appui à l’ordonnateur national du Fonds européen de développement (Caon-Fed), ce montant pourrait atteindre les 387 milliards à fin 2019, soit plus du double des 184,71 milliards de francs CFA dédiés au Programme indicatif national (Pin) du 11e Fed du pays.
Perspectives
À la Caon-Fed, la performance est présentée comme un exploit, dans la mesure où cette enveloppe n’intègre pas les financements de la protection civile et des opérations européennes d’aide humanitaire (qui sont des fonds d’urgence non programmés) encore moins les prêts de la Banque européenne d’investissement (BEI). «Le Cameroun est l’un des rares pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) à avoir doublé son enveloppe du Pin. Nous le devons aux ministres qui se sont succédés à la tête du ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, depuis le lancement en 2014 du 11e Fed.Louis Paul Motaze et Alamine Ousmane Mey se sont vraiment montrés réceptifs et attentifs à nos propositions», explique-t-on.
Avant la fin de l’Accord de Cotonou (qui régit les relations entre l’Union européenne et les pays ACP jusqu’en 2020), le Cameroun devrait capter davantage. Au Fonds européen pour le développement (Fed), s’est en effet ajouté un nouvel instrument : il s’agit du Plan d’investissement extérieur (PIE). Lancé pour le compte de la sous-région Afrique centrale lors du salon Promote, le PIE contient encore, pour sa phase pilote, qui s’achève en 2020, 524 milliards de francs CFA à consommer par les pays ACP. Ces fonds sont attribués par ordre d’arrivée et en fonction de la qualité des dossiers et le niveau de maturation des projets. Yaoundé devrait donc bien se préparer et se grouiller.Aboudi Ottou
Offensive commerciale
La Belgique vise l’Afrique centrale
Bruxelles ambitionne d’augmenter sa présence dans les six pays de la sous-région.
Les ambitions de la mission économique belge au Cameroun étaient sans doute trop grandes pour être contenues dans les hangars abritant les missions diplomatiques au 7e Salon international de l’entreprise et de la PME et du partenariat de Yaoundé (Promote). En tout cas, ladite mission a décidé de construire elle-même son stand en première place de ce rendez-vous biennal des affaires.
Ce n’est donc pas un hasard si le gratin politique et économique, présent à la foire Promote, a fait escale dans ce pavillon. Comme en témoigne la présence, vendredi 22 février, de Ferdinand Ngoh Ngoh. Le ministre d’État, secrétaire général de la Présidence de la République, n’a pas manqué de s’arrêter au pavillon de la Mission économique belge afin d’échanger, durant plusieurs minutes, avec les chefs d’entreprises présents.
Partenariats
Ils étaient en effet une centaine de patrons belges à avoir répondu présent à l’appel des bonnes affaires du salon Promote cette année. Précisément, il s’agit de 53 entreprises et de 60 PME dans des domaines aussi variés que le BTP, l’architecture, la logistique portuaire, la transformation du bois, la finance, les cabinets d’avocats, l’industrie agricole, etc.
Ces secteurs utilisent le Cameroun comme base pour permettre à la Belgique de se projeter dans la sous-région Afrique centrale. Certains exposants reconnaissent volontiers que depuis quelques années, le royaume belge a développé des produits orientés vers Afrique centrale, notamment dans la filière bois. Et le salon Promote offre une plateforme d’échanges de choix pour nouer de nouveaux partenariats.Pour le reste, la Belgique c’est des exportations de produits vers le Cameroun, à l’instar du matériel de transport avec 25% du total, suivi des produits de l’industrie pharmaceutique (14%), des produits de l’industrie alimentaire et des boissons (13%), ainsi que les machines et le textile (12%).
Iféli Amara
Financement de l’investissement
524 milliards de francs CFA encore disponibles
C’est ce qui reste dans la cagnotte du Plan extérieur d’investissement dont la phase pilote s’achève en 2020.
Depuis son lancement en fin novembre 2017 lors du dernier sommet Afrique-Europe tenu à Abidjan en Côte d’Ivoire, le Plan d’investissement extérieur (PIE) a fait du chemin. Il s’agit d’un mécanisme adapté à une meilleure organisation ou gestion des fonds publics, dans l’optique de mobiliser et encourager l’investissement privé. On en est aujourd’hui à 94 opérations de financements mixtes et 28 facilités de garanties approuvées pour une contribution totale de l’Union européenne (UE) de près de 2 500 milliards de francs CFA (3,7 milliards d’euros). L’effet de levier de cette initiative a permis de soutenir des projets d’investissement à hauteur de 24000 milliards de francs CFA (37 milliards d’euros) en Afrique et dans les pays du voisinage de l’UE.
Mais à plus d’un an de la fin de la phase pilote de ce nouveau mécanisme européen de financement, et alors qu’il ne reste plus que 524 milliards de francs CFA dans la cagnotte, le Cameroun n’en a pas encore bénéficié. Pour sensibiliser les acteurs institutionnels et privés, l’UE a procédé, le 21 février dernier, au lancement du PIE au Cameroun et en Afrique centrale, et organisé une conférence sur la question pendant le salon Promote.
Gros enjeux
À l’occasion, l’on a appris que le PIE sert à financer des garanties auprès des banques, pour qu’elles financent plus facilement les PME. Une partie de l’argent sert aussi à apporter l’assistance technique (Conseils, tutorat…) à ceux qui entreprennent sur le continent, de préférence dans les énergies renouvelables et la connectivité, l’agriculture, l’agro-industrie et le numérique. Une autre servira à faire le mixage de dons-prêts pour permettre aux États de financer leurs infrastructures à des conditions concessionnelles.Pour mettre en œuvre des garanties, l’UE s’appuie sur certaines institutions financières internationales. Il s’agit entre autres de la Banque européenne d’investissements (BEI), l’Agence française de développement (AFD), la Banque africaine de développement (Bad), la Société financière internationale (SFI) et le Kreditanstalt Fuer Wiederaufbau (KFW). Elles ont d’ailleurs présenté une partie des 28 garanties appuyées par l’UE dont elles ont la charge, notamment celles portant sur les domaines de l’énergie durable, les petites entreprises, l’économie numérique et la santé.
Les acteurs publics et privés gagneraient à vite maitriser les rouages de ce nouvel instrument qui devra servir dans la mise en œuvre du cadre financier pluriannuel 2021-2027, au profit de l’Afrique subsaharienne, d’une enveloppe financière de 32 milliards d’euros (20 960 milliards de francs CFA).
Carla Montesi
«Nous mettons en place de nouveaux outils de financement»
La directrice à la direction générale du développement de la Commission européenne fait la lumière sur le Plan d’investissement extérieur (PIE).
Quelle est la différence entre les instruments de coopération actuels et le Plan d’inves-tissement extérieur de l’Union européenne ? Qu’est-ce que ce plan apporte comme plus-value? Notre coopération avec le Cameroun est extrêmement ambitieuse. Nous avons un portefeuille actif de près de 400 milliards de francs CFA. Aujourd’hui nous lançons le Plan d’investissement extérieur (PIE) avec de nouveaux mécanismes de financement. En effet, nous savons que l’aide traditionnelle publique n’est plus suffisante pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD). Nous voulons que le secteur public agisse comme un moteur de développement pour contribuer à l’émergence du Cameroun.
Donc, ces nouveaux mécanismes financiers servent à appuyer la réponse des institutions financières intermédiaires pour qu’elles soient plus disposées à financer les projets d’investissement du secteur privé. Cet appui concourt à réduire les risques des institutions financières. Cette réduction du risque fera qu’un entrepreneur, qui aujourd’hui n’arrive pas à obtenir un crédit, de l’avoir pour un investissement dans les secteurs de développement prioritaire comme l’agriculture, l’énergie, le digital.
C’est cela la garantie de l’Union européenne ?
Exactement. Pour résumer, l’Union européenne va mettre des garanties à la disposition des institutions financières internationales, qui vont à leur tour être en contact avec les intermédiaires financiers locaux pour financer et soutenir des projets d’investissements dans le pays.Parmi les entraves à l’accès au financement européen, le secteur privé cite notamment la lourdeur des procédures. Est-ce que cette question est adressée dans le PIE ?
Les procédures sont là pour assurer la transparence dans l’octroi des crédits. Donc les procédures doivent être respectées. Au-delà des procédures, nous mettons en place de nouveaux outils de financement que nous n’avions pas avant, et qui permettent de couvrir une partie des risques des institutions financières de manière à permettre qu’elles puissent octroyer plus facilement des crédits aux investisseurs privés. Outre la facilitation de l’accès au crédit, nous sommes aussi prêts à financer des réformes visant l’amélioration du climat des affaires, autres problèmes souvent mentionnés par le secteur privé. Le PIE finance par ailleurs l’assistance technique permettant de rendre le projet d’un investisseur privé banquable. On le sait, le mauvais montage des projets est souvent aussi une des entraves à l’accès au financement.Propos recueillis par
Aboudi Ottou
Fiche projet 1
Titre: Renouvellement de la ligne de rail entre Bélabo et Ngaoundéré
Durée: 10 ans et 1 mois
Coût total du projet: 100,87 milliards de francs CFA (estimation)
Contribution de l’UE: 15,44 milliards de francs CFA (en don)
Partenaire de mise en œuvre: Banque européenne d’investissement (avec cofinancement de l’Agence française de développement)
Bénéficiaires finaux: Cameroun et Tchad
Objectif global: intégration régionale, amélioration du transport durable des personnes et marchandises, désenclavement du Tchad
Objectifs spécifiques: i) augmentation du transport de marchandises et des passagers sur la ligne, avec la baisse des coûts de transport, ii) ‘modal shift’ de la route à la voie ferrée pour le transport des personnes et marchandises, avec impact positif sur l’environnement et sur les coûts d’entretien routier, iii) la sécurité du transport ferroviaire est améliorée, avec des limitations sur la vitesse maximale et charge à l’essieu enlevé (vitesse et charge sont actuellement limitées pour soucis de sécurité liés à la mauvaise condition de l’infrastructure sur ce tronçon)
Activités prévues: réhabilitation et amélioration d’une section de 330 km de ligne entre Bélabo et Ngaoundéré et mise en œuvre du Plan de gestion environnemental et social (PGES)
Création d’emplois: à quantifierFiche projet 2
Titre: Projet d’interconnexion des réseaux électriques entre le Cameroun et le Tchad (Pirect)
Durée: 4 ans
Coût total du projet: 261,34 milliards de francs CFA (estimation)
Contribution de l’UE: 19,65 milliards de francs CFA (en don)
Partenaire de mise en œuvre: Banque africaine de Développement (avec participation de la Banque Mondiale)
Bénéficiaires finaux: communes et population de 409 localités du Nord et de l’Extrême Nord (Cameroun) et de 69 localités au Tchad, pour une population bénéficiaire totale estimée à 945 000 personnes
Objectif global: améliorer l’offre, la fiabilité et l’accessibilité de l’électricité au Cameroun et au Tchad
Objectifs spécifiques: i) procéder à des échanges transfrontaliers d’électricité aux meilleurs prix et issue d’énergies renouvelables, ii) promouvoir le commerce de l’électricité et l’intégration régionale et iii) améliorer l’accès à l’électricité des ménages en milieu rural dans la zone couverte par le projetActivités prévues: construction de 1024 km de ligne HT 225 kV (ligne principale entre N’Gaoundéré au Cameroun à N’Djamena au Tchad et bretelle Maroua-Bongor-N’Djamena) ; construction de 7 postes de transformation HT/MT associés ; construction de réseaux de distribution, pour l’électrification rurale, le long des couloirs de ligne, pour 478 localités (409 au Cameroun et 69 au Tchad) pour une population bénéficiaire totale estimée à 945 000 personnes ; mise en œuvre du Plan de gestion environnemental et social (PGES)
Création d’emplois: 350 emplois directs temporaires dont au moins 15% occupés par femmes/filles ; 250 emplois directs et indirects permanents, dont au moins 40 pour femmes/filles
Importations
L’APE ne fait pas courir
Du fait d’une conjonction de raisons, nombre d’importateurs ne sollicitent pas des exonérations de droits de douane garanties par cet accord de libre-échange.
SABC, première bénéficiaire de la préférence fiscale de l’APE À la faveur du Comité APE (instante bipartite de supervision de la mise en œuvre de l’Accord de partenariat économique entre le Cameroun et l’Union européenne) tenu les 18 et 19 février 2019, la douane camerounaise a produit une fiche technique sur le démantèlement tarifaire au 31 janvier de cette année. Il en ressort que les pertes fiscales dues à la suppression des droits de douane, du fait de l’APE, s’élèvent à 7 milliards de francs. Le montant bas de cette moins-value fiscale cache en fait une autre réalité: l’APE ne fait pas courir.
«Malgré la sensibilisation qui a été effectuée, on a le sentiment que les opérateurs n’ont pas globalement suivi le mot d’ordre. À titre d’illustration, nous avons, en fin janvier 2019, un impact sur les recettes douanières de 7 milliards de francs CFA, alors que si tous les produits éligibles avaient accédé à la préférence, l’impact serait de 22,5 milliards», indique Raphaël Hamadjam. C’est ce chargé d’études à la division des statistiques de la direction générale des douanes qui a représenté son institution lors de la conférence sur l’état des lieux de la mise en œuvre de l’APE, organisé par l’Union européenne dans le cadre du salon Promote.
Au cours des trois phases (du démantèlement tarifaire NDLR), seuls à peu près 20% des opérateurs ont constamment eu accès à la préférence tarifaire. Ça veut dire que, d’une phase à une autre, nous avons un nombre impressionnant d’opérateurs qui ne reviennent pas (solliciter la préférence NDLR). Ils ont pourtant continué d’importer», ajoute-t-il, suggérant que la réalisation d’une étude serait nécessaire pour comprendre ces variations.
Taux de change
Mais les premiers éléments de réponse sont venus du directeur général de la Société anonyme des Brasseries du Cameroun (SABC), parmi les plus grands importateurs du pays. Pour Emmanuel de Tailly, les importateurs ont le choix entre deux grandes zones d’importations que sont l’Europe et l’Asie. Ils les utilisent en fonction des fluctuations du taux de change entre l’euro et le dollar. L’APE ne serait donc pas le seul critère dans le choix d’une zone d’importation. La fluctuation de la parité entre l’euro et le dollar peut bien pousser un importateur à se détourner du marché européen, en dépit de la possibilité de faire entrer la marchandise provenant de l’Union européenne en franchise de droit de douane. À en croire d’autres experts, d’autres importateurs utilisent d’autres instruments qu’ils jugent plus avantageux. Il s’agit par exemple de la loi de 2013 sur les incitations à l’investissement, qui prévoit aussi des exonérations de droits de douane.L’impact sur le panier de la ménagère toujours attendu
«Le Comité a aussi donné lieu à de premiers échanges sur la mise en place d’un dispositif pour l’évaluation et le suivi de l’accord. Nous savons que pendant les premiers 55 mois du démantèlement, les entreprises bénéficiaires ont profité d’une réduction de leurs droits de douane d’environ 7 milliards francs CFA. Mais nous n’avons pas encore assez de visibilité, et cela affecte le chiffre d’affaires des entreprises ou les prix pour les consommateurs. Il est donc prioritaire de commencer à suivre ces effets de plus près, afin de nous assurer que les effets du démantèlement bénéficieront effectivement aux opérateurs économiques et aux consommateurs camerounais», indique l’ambassadeur, chef de délégation de l’UE au Cameroun. Hans-Peter Schadek ouvre ce 22 février la conférence sur les APE au salon Promote 2019.
Du représentant de la direction générale des douanes camerounaises au débat, l’on apprend que, sur 391 opérateurs ayant bénéficié de la préférence relative à l’APE, 50 captent 89,4 % du total des exonérations douanières (voir tableau), chiffrées à 7 milliards de francs CFA au 31 janvier 2019. Et la Société anonyme des Brasseries du Cameroun s’en tire avec 824 millions de francs CFA, soit près de 12 % du gain total, suivi par l’importateur de papier, Global Learning and Tech, qui engrange 615 millions de francs CFA, soit 8,8 % du gain total.
Ces exonérations peuvent-elles avoir un impact sur le prix final du produit ? À cette question, le DG de la SABC a répondu par la négative. Selon Emmanuel de Tailly, les exonérations obtenues par son entreprise entre 2016 et 2018 ne représentent que 0,8 % des 100 milliards de francs CFA de droits de douane payés sur la même période et 0,2 % de point de marge gagnés. «Cet avantage va vers la promotion des matières premières locales (maïs, sucre…) qui ont un déficit de compétitivité de l’ordre de 35 % par rapport à l’Europe, le Brésil ou le Salvador». Ces subventions indirectes seraient donc, à en croire le DG de la SABC, destinées à compenser ce déficit de compétitivité de la matière première locale.
Une partie des gains serait par ailleurs réinvestie dans les équipements pour contribuer à un investissement qui s’élèverait chaque année à 20 milliards de francs CFA. Cet effort viserait à réduire le déficit de compétitivité industrielle du Cameroun que la SABC évalue à 25%. «Une bière produite au Cameroun à 100 francs CFA vaudrait en Europe 75 francs CFA», explique Emmanuel de Tailly. Pour le DG de la SABC, «si on veut s’ouvrir à l’international, il faut absolument combler ce déficit de compétitivité». «Nous investissons donc massivement pour garantir notre business model, mais également pour être plus compétitif sur les accords de libre-échange qui ne vont pas tarder à naitre», indique-t-il. Les consommateurs attendront encore avant de goûter aux effets de l’APE.
Coopération économique : Paul Biya met la pression sur Donald Trump
Dans sa nouvelle politique africaine, Washington se positionne comme une alternative à Pékin, qualifié de «mauvais partenaire» pour le continent. Alors que le secrétaire d’État adjoint américain aux Affaires africaines est annoncé dans la sous-région, Yaoundé affiche sa préférence pour la Chine.
Audience entre Yang Jiechi, émissaire du président chinois, et Paul Biya Les contours de la politique africaine de Donald Trump (voir colonne) sont connus depuis quelques mois. Fin octobre, le secrétaire d’État adjoint aux Affaires africaines a entamé une tournée à travers le continent pour en faire la promotion auprès des gouvernements, des entreprises et de la société civile. Après l’Afrique de l’ouest (Togo, Guinée, Mali, Nigeria), Tibor Nagy devrait séjourner, dans les jours à venir, en Afrique centrale. Les autorités américaines ne s’en cachent pas. L’objectif de ce regain d’intérêt pour l’Afrique est de positionner les États-Unis comme une alternative à la Chine afin de réduire « l’influence néfaste » de Pékin sur le continent.
Au département d’État, on estime que la Chine est un « mauvais partenaire » pour l’Afrique. Ici, on postule que l’investissement chinois sur le continent crée « la dépendance » et ne produit pas d’« effets de ruissellement ». « La manière dont ils travaillent reste très souvent opaque et semble même, dans certains cas, compromettre le développement des pays où ils sont présents », tance pour sa part Cyril Sartor. Le directeur Afrique du Conseil de sécurité nationale a été interviewé par l’hebdomadaire Jeune Afrique à la suite d’un voyage sur le continent en juin dernier.
Préférence
Aussi, les États-Unis se disent être « le partenaire idéal de l’Afrique pour la création du type de climat des affaires susceptible d’attirer les investissements du secteur privé qui stimulent la croissance économique et créent des emplois ». Mais l’offre américaine est loin d’enthousiasmer Paul Biya. Le 9 janvier 2019, en réponse aux vœux de Nouvel An formulés par le Corps diplomatique, le président camerounais n’en fait d’ailleurs aucun cas. Il affirme cependant que son pays poursuivra « une politique active de coopération économique avec la Chine ».Joignant la parole à l’acte, le 19 janvier, Paul Biya reçoit un émissaire du président chinois Xi Jinping. Yang Jiechi, directeur du bureau de la Commission des affaires étrangères du Parti communiste chinois, est porteur d’une bonne nouvelle. Il vient annoncer au chef de l’État camerounais la décision de son pays de procéder à « l’allégement de la dette sans intérêt du Cameroun envers la Chine à l’échéance fin 2018 », indique la présidence de la République du Cameroun, sans donner plus de détails. Mais selon nos informations, il s’agirait d’une annulation d’une dette d’un montant d’environ 45 milliards de francs CFA. Une annonce qui pourrait contribuer à rendre inaudible le discours américain de diabolisation du concurrent chinois.
Exigences
Pour nombre d’experts en relations internationales, Paul Biya reste cohérent. En effet, depuis les années 2000 le chef de la diplomatie camerounaise donne plus d’allant à la coopération Sud-Sud qui « met en avant les principes de non-ingérence et de neutralité, et développe un discours dépourvu d’injonctions, de menaces et de sanctions », estiment-ils. À les en croire, il serait donc normal que le président camerounais regarde avec une certaine méfiance la proposition américaine, les États-Unis n’ayant pas changé de ce point de vue.« Nous ne travaillerons qu’avec ceux qui prendront des engagements forts en matière de bonne gouvernance, parce que c’est le seul moyen de conforter la sécurité et le développement économique des populations. Nous n’apporterons notre soutien qu’à ceux qui mettront en place un cadre juridique et institutionnel respectueux de l’État de droit », prévenait déjà en juin dernier Cyril Sartor. Pour Donald Trump, le respect de la souveraineté des partenaires n’est donc pas la priorité. Selon l’internationaliste Christian Pout, c’est pourtant ce qui séduit les décideurs camerounais dans la coopération Sud-Sud.
Aboudi Ottou
Colonne
Grains de sable dans la mécanique
La crise anglophone et l’alternance politique sont des sujets de friction entre le Cameroun et les États-Unis.
Au cours de la seule année 2018, Xi Jinping a déroulé deux fois le tapis rouge à Paul Biya. Au mois de mars, le président camerounais a effectué une visite d’État en Chine. En septembre, il y était, une fois de plus, à la faveur du forum de la coopération sino-africaine. À contrario, depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, le chef de l’État camerounais n’a pas eu droit aux mêmes égards. En septembre 2017, lorsque le président américain a reçu les dirigeants africains en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, il n’a pas jugé utile de convier Paul Biya, pourtant présent à Washington. Ce qui n’a pas été vu d’un bon œil depuis le Palais d’Etoudi.
Les autorités camerounaises goûtent encore moins la position de l’administration Trump sur la crise anglophone. Yaoundé accuse Washington de jouer le jeu des sécessionnistes. Les dirigeants camerounais ne comprennent pas pourquoi les États-Unis interdisent à l’armée d’utiliser le matériel militaire, fruit de la coopération entre les deux pays dans le conflit qui l’oppose aux séparatistes anglophones. Ils comprennent encore moins pourquoi, malgré les démarches entreprises, les autorités américaines se pressent lentement à mettre un terme aux activités de soutien aux milices en activités dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, et qui ont cours depuis les États-Unis. Parmi les 14 personnes considérées par Yaoundé comme « incitant à la haine et à la violence » depuis l’étranger, 6 sont basées dans le pays de l’Oncle Sam.
Mais plus que tout, ce que Paul Biya digère le moins, c’est la suggestion de quitter le pouvoir à lui faite par l’ambassadeur des États-Unis au Cameroun au cours d’une audience tenue le 17 mai 2018 au Palais de l’Unité. En guise de protestation, le diplomate américain avait été convoqué par le ministre camerounais des Affaires extérieures. À l’occasion, Lejeune Mbella Mbella avait rappelé à Peter Barlerin que « Paul Biya ne se maintient pas au pouvoir par la force ». Après la proclamation de la réélection de Paul Biya pour un septième mandat à la tête du pays, les États-Unis se sont d’ailleurs montrés peu enthousiastes, se contentant de féliciter le peuple camerounais pour « une élection présidentielle modérément réussie ».
Aboudi Ottou
Les piliers de la politique africaine de Trump
Ils sont au nombre de quatre. Le secrétaire d’État adjoint aux Affaires africaines les présente dans un communiqué titré « l’avenir appartient à l’Afrique ». Un document rendu public le 31 octobre 2018, alors que Tibor Nagy entamait sa première visite sur le continent. Ci-dessous les quatre piliers par ordre d’importance.
• Promouvoir les échanges commerciaux
Ici il est question de construire des relations commerciales plus étroites entre les États-Unis et l’Afrique. Pour les autorités américaines, cela passe par la création « des conditions de concurrence équitables sur les marchés africains pour toutes les entreprises, quelle que soit leur origine». Ce qui implique, d’après Tibor Nagy, « de mettre l’accent sur l’État de droit, la transparence, la possibilité donnée aux investisseurs de formuler les recours et la lutte contre la corruption ».• Libérer le potentiel des jeunes
Il s’agit d’exploiter le potentiel de la jeunesse africaine en tant que force d’ingéniosité et de prospérité économiques. Et pour le secrétaire d’État adjoint aux Affaires africaines « les États-Unis sont le partenaire idéal de l’Afrique pour la mise en place et le renforcement d’institutions démocratiques et la création du type de climat des affaires susceptible d’attirer les investissements du secteur privé qui stimulent la croissance économique et créent des emplois ».• Promouvoir la paix et la sécurité
Les États-Unis comptent intervenir à partir des mécanismes bilatéraux et multilatéraux comme le commandent les défis sécuritaires de l’heure qui sont transnationaux. Sur ce volet, il est attendu un renforcement de la coopération entre les États-Unis et l’Union africaine et d’autres organisations sous régionales à l’instar de la CEEAC. Objectif : bâtir des armées africaines mieux formées et respectant les lois.• Se positionner comme un partenaire traditionnel
Contrairement à la Chine, les États-Unis estiment qu’ils sont aux côtés des nations africaines depuis la décolonisation. Ils ont agi pour améliorer les moyens de subsistance, augmenter l’espérance de vie, ouvrir leurs marchés aux exportations africaines, promouvoir la démocratie et les droits de l’Homme et rehausser la place de l’Afrique dans le monde. Ils entendent désormais le faire savoir.Aboudi Ottou
‘’Le Cameroun restera ouvert vis-à-vis de tous ses partenaires’’
Christian Pout La Chine, les États-Unis, le Cameroun, chacun, en ce qui le concerne, s’inscrit dans une trajectoire de promotion de ses intérêts respectifs
L’internationaliste est le président du Think Tank Centre africain d’études internationales, diplomatiques, économiques et stratégiques (Ceides). Il analyse le futur des relations entre le Cameroun et les États-Unis.
En répondant aux vœux de Nouvel An formulés par le Corps diplomatique, le président Paul Biya a affirmé que « le Cameroun s’efforcera de développer autant que possible ses échanges avec ses partenaires traditionnels de l’Union européenne ». Il a ajouté qu’il poursuivra «une politique active de coopération économique avec la Chine». Aucun mot en direction des États-Unis. Quelle résonnance cette partie du discours du président camerounais a eu pour l’expert des relations internationales que vous êtes ?
Il n’est pas indispensable d’être grand clerc de quelque discipline scientifique pour d’emblée signaler qu’un discours ne s’analyse pas de manière partielle et en dehors de son contexte. La réponse du chef de l’État aux vœux de Nouvel An formulés à son endroit, à l’endroit de son épouse, madame Chantal Biya et à l’endroit du peuple camerounais par le doyen du Corps diplomatique au nom de la communauté internationale, représentée dans notre pays, pourrait être synthétisée par trois grandes dimensions qui s’entrecroisent judicieusement tout au long de cette prise de parole présidentielle du 9 janvier 2019.La première porte sur un regard panoramique sur l’état du monde, caractérisé par une grande instabilité, dont certains ressorts et conséquences ont été exposés à grands traits, en différents lieux du globe, du Proche et Moyen-Orient, jusqu’aux confins du bassin du lac Tchad en passant par l’Europe, l’Amérique et l’Asie. La deuxième dimension porte sur les grandes questions qui occupent l’actualité internationale sur le plan politique, économique, sécuritaire, environnemental. C’est ainsi que le terrorisme, les migrations, les changements climatiques, la mondialisation, le populisme, le nationalisme, le protectionnisme et le multilatéralisme ont meublé la revue diplomatique effectuée.
La troisième dimension quant à elle concerne essentiellement la place de notre pays dans le monde ainsi décrit, son attitude générale et la projection de son action extérieure, en lien avec ses défis internes et la défense de ses intérêts. Sur ce dernier point, ce qu’il importe de retenir c’est que le Cameroun saisira les opportunités que « tout pays désireux de nouer avec lui une coopération mutuellement bénéfique » offrira.
Je signale, s’agissant des États-Unis, que lors de l’audience d’au revoir accordée par le président Paul Biya, le 6 septembre 2017, à l’ancien ambassadeur des USA au Cameroun, S.E Michael S. Hoza, la revue de la coopération a permis de faire un point sur une relation fructueuse dans les domaines de la sécurité, de la santé, du commerce et de l’éducation. À titre illustratif, il avait été alors indiqué que, entre fin 2014 et 2017, les investissements commerciaux américains au Cameroun culminaient à 2 milliards de dollars. Dans la même veine, le chef de l’État a reçu, le 4 décembre 2018, en présence de l’ambassadeur des USA, S.E. Peter H. Barlerin, le directeur général Afrique et président directeur général de General Electric et General Electric Healthcare, monsieur Farid Fezoua. Ceci traduit bien que les portes du Cameroun sont ouvertes à tous les investisseurs porteurs de projets sérieux et pertinents à l’égard du profil économique de notre pays.
À l’issue d’une audience avec le président Paul Biya le 17 mai 2018, l’ambassadeur des États-Unis indiquait, dans un communiqué, que le président a convenu avec lui « de l’importance d’accueillir les entreprises américaines au Cameroun et de les traiter équitablement ». Après cette sortie du président camerounais, ne doit-on pas s’entendre aux contraires ?
Je viens de souligner qu’il est important de retenir que l’état d’esprit général affiché par le chef de la diplomatie camerounaise, s’agissant de la coopération et des partenariats, est caractérisé par une ouverture attentive au caractère mutuellement bénéfique de toute offre qui pourrait être articulée dans ce sens. Il y a donc là une posture clairement lisible qui ne devrait ouvrir la voie à aucune ambiguïté et encore moins à quelque polémique stérile.L’Agence de promotion des investissements et toutes les autres structures gouvernementales chargées de construire et conforter l’attractivité de notre pays ne me semblent pas disposer de stratégies et missions obscures qui viseraient à favoriser des entreprises d’un pays particulier, et à en discriminer d’autres venant d’ailleurs. Cela serait contraire aux lois et règlements de notre pays et entrerait également en contradiction avec certains de nos engagements internationaux en matière économique et commerciale.
Le premier pilier de la politique africaine du président Donald Trump consiste à densifier les échanges commerciaux entre le continent et les États-Unis. Peut-on considérer qu’en affichant clairement une préférence pour la coopération économique avec la Chine, Paul Biya refuse la main tendue de Trump ?
La diplomatie américaine n’est plus aussi clairement lisible que par le passé. Certaines décisions, prises de position et attitudes du président Trump ont laissé certains des partenaires des États-Unis en proie à de sérieux questionnements. Il ne serait cependant pas conforme à la réalité de dire que la qualité des relations entre les États-Unis et le Cameroun a connu quelque altération. Les États-Unis sont un acteur de tout premier plan des relations internationales depuis plusieurs décennies. Cela ne se conteste pas.En outre, le Cameroun a pu se réjouir, à plusieurs reprises, dans son histoire récente marquée par la lutte contre les terroristes de Boko Haram, de la sollicitude de son partenaire américain. Ces marques de solidarité ont toujours été saluées au plus haut niveau, car elles témoignaient de la solidité indiscutable des liens entre les deux pays. Cette solidité, me semble-t-il, ne sera pas affectée par la réduction de ses engagements, décidée par Washington pour des raisons d’évolution de ses stratégies internes et internationales. Pour sa part, le Cameroun restera ouvert vis-à-vis de tous ses partenaires d’hier et d’aujourd’hui, et continuera d’explorer de nouvelles pistes de coopération, bilatérale et multilatérale, pour avancer sereinement vers son émergence.
Dans sa nouvelle politique africaine, les États-Unis se positionnent clairement comme une alternative à la Chine, qualifié de «mauvais partenaire» pour le continent. La préférence exprimée du président Paul Biya pour Pékin peut-elle avoir un impact sur la coopération globale entre le Cameroun et les États-Unis ?
Ces derniers mois, à plusieurs occasions, le président Paul Biya a reconnu que la Chine est un partenaire de poids de notre pays. Cela n’équivaut automatiquement pas à fermer la porte à d’autres pays désireux d’initier ou de renforcer des partenariats avec le Cameroun dans différents secteurs. Je ne voudrais pas enfoncer des portes ouvertes ou exposer des truismes, mais la formulation de votre question me pousse à rappeler que la géographie mondiale de la compétitivité engage chaque sujet des relations internationales à nouer des partenariats qui lui permettent de maximiser ses potentialités.La mondialisation, qui a permis d’accélérer les échanges, a beaucoup fait évoluer le paysage économique, technologique et commercial mondial, avec des conséquences inévitables sur la manière dont les pays du Nord, tout comme ceux du Sud, se positionnent désormais sur l’échiquier international. Dans cette nouvelle configuration, les avenues traditionnelles de la coopération internationale pour tous les pays ont été démultipliées. Tout cela s’est fait à travers des stratégies de diversification qui ont permis d’élargir les cercles vers de nouveaux amis, toujours dans le but d’exploiter aux mieux les opportunités et assurer le bien-être des populations. De ce point de vue, la Chine, les États-Unis, le Cameroun, chacun en ce qui le concerne, s’inscrit dans une trajectoire de promotion de leurs intérêts respectifs. Ainsi, les relations qu’ils entretiennent ne laissent aucune place à l’exclusivité.
Interview réalisée par
Aboudi Ottou