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Planification : Le Cameroun à l’école de la redevabilité
Jusqu’au 18 octobre 2019 à Yaoundé, des statisticiens et acteurs du secteur de la planification prennent part à un atelier de renforcement des capacités sur l’amélioration des systèmes de programmation du développement national.
Intégrer la redevabilité dans le processus de planification du développement au Cameroun, tel est l’objectif escompté par la formation qui regroupe une trentaine de statisticiens, de planificateurs et autres, depuis le 7 octobre 2019 à Yaoundé. Placé sous la houlette du ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat), l’événement est coordonné par la Commission économique pour l’Afrique (CEA), institution des Nations unies. L’atelier, qui va durer deux semaines (du 7 au 11 et du 14 au 18 octobre), s’inscrit dans le cadre du projet intitulé “Renforcement des capacités des gouvernements africains à intégrer la redevabilité dans le développement national”.
Selon le Pr Sylvain Boko, conseiller général principal à la CEA, chargé de la planification, il est plus qu’urgent d’introduire la redevabilité dans les systèmes de la planification du développement, pour obtenir un bon rendement au Cameroun. Parce que, a-t-il expliqué, elle permet à la haute hiérarchie gouvernementale de faire le suivi-évaluation des projets de développement. “La redevabilité est la composante de la révision des comptes.
C’est-à-dire que ceux-là qui sont chargés de gérer les ressources publiques doivent sentir l’obligation de rendre compte de l’utilisation qu’ils auront faite de ces ressources”. Ce n’est pas tout. “Il y a aussi la composante de la participation des populations non seulement dans l’élaboration des politiques publiques, mais aussi dans la mise en œuvre de ces politiques. Et ces participations doivent se faire de façon systématique, où la population doit sentir la liberté de demander le compte-rendu à leurs dirigeants”, ajoute le coordonnateur de l’atelier de Yaoundé.
Pour y parvenir, la CEA recommande plus de collaboration entre planificateurs et statisticiens. Pour l’expert de cette institution, “la conception d’un plan doit reposer sur les données fiables qui reflètent les conditions de vie des citoyens”. Par ailleurs, il faut “instaurer un dialogue permanent entre les experts qui se chargent de la planification dans nos pays africains et ceux qui se chargent de la statistique”, poursuit-il.
Objectifs
Ainsi, l’atelier de formation de Yaoundé devra permettre aux participants de “compiler, produire et utiliser des données pour suivre et évaluer l’intégration des cadres de redevabilité et de l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes dans les processus de planification ‘, précise la note conceptuelle de la session.Joseph Julien Ondoua Owona, stagiaire
Et demain des investissements dans l’innovation et l’agriculture en Afrique
La Commission économique pour l’Afrique (CEA) et l’OCP S.A. (anciennement l’Office chérifien des phosphates) ont signé un Protocole d’accord visant à renforcer la collaboration en matière d’innovations et d’investissements dans l’agriculture faisant appel à la science et aux technologies. L’accord comprend un appui à l’Accord de libre-échange continental africain – ALECA et à l’autonomisation économique des femmes en Afrique.Le Protocole d’accord a été signé par Vera Songwe, Secrétaire exécutive de la CEA, et le Président et PDG de OCP S.A., Mostafa Terrab, à New York, en marge du Forum politique de haut niveau, qui se tiendra dimanche 14 juillet.
L’accord reconnaît que la CEA et OCP ont une vision commune de la transformation et de la prospérité de l’Afrique. Le Protocole d’accord prévoit la poursuite et le renforcement du partenariat entre la CEA et l’OCP en vue de promouvoir l’ensemble des écosystèmes agricoles et commerciaux en Afrique et d’apporter une contribution plus importante à la réalisation du développement durable sur le continent.
En tant que leader mondial des produits à base de phosphate, l’OCP est un acteur clé du développement durable de l’Afrique. Il est soutenu par l’écosystème africain dans son ensemble grâce à l’aide apportée aux pays africains et aux agriculteurs. L’organisation soutient des mécanismes novateurs visant à créer une productivité agricole résiliente et durable, à développer des chaînes de valeur industrielles et à améliorer les écosystèmes commerciaux sur le continent. Elle soutient également des programmes novateurs sur mesure et réalise des investissements substantiels dans les infrastructures économiques et sociales au profit de diverses communautés et secteurs en Afrique.
En tant qu’institution africaine du savoir, la CEA s’emploie à promouvoir un développement inclusif et durable en vue d’accélérer la diversification économique et la transformation structurelle du continent, conformément au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à l’Agenda 2063 de l’Union africaine : elle y parvient en générant des connaissances de qualité et une recherche appliquée sur les politiques, ainsi que la mise en œuvre de solutions novatrices dans des domaines clés tels que l’agriculture, la numérisation, l’industrialisation, le commerce, l’égalité des sexes et les finances.
Vera Songwe : Cahier d’une visite officielle au pays natal
La secrétaire générale adjointe de l’Onu et secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) va séjourner au Cameroun, du 17 au 19 avril 2019.
Vera Songwe et le Premier ministre Dion Ngute le 9 février 2019 à Addis-Abeba Vingt mois après sa prise de service à la tête de la CEA, Vera Songwe revient sur la terre de ses ancêtres, pour un séjour de travail chargé de symboles. En effet, «la secrétaire Exécutive de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), Mme Vera Songwe, effectue une visite officielle en République du Cameroun, du 17 au 19 avril 2019. Cette visite lui permettra de renforcer les relations de coopération de la Commission avec le Cameroun, particulièrement en appui à ses efforts en faveur du développement inclusif et durable, de la transformation structurelle, de la diversification économique, de l’intégration régionale et du commerce, ainsi que de l’économie numérique».
L’originaire du Cameroun, selon une note interne à la CEA, apporte à son institution «une réputation de longue date en matière de fourniture de conseils politiques sur le développement, une expérience riche en ce qui concerne la production de résultats de développement pour l’Afrique et une vision stratégique affichée forte et claire pour le continent». Son programme en terre camerounaise annonce des audiences avec les autorités camerounaises. La patronne de la CEA est également attendue au forum de la Zone de libre échange continentale africaine, pour prononcer le discours de clôture.
Dans la matinée du 19 avril 2019, à l’Institut des relations internationales du Cameroun, elle donne un cours magistral sur «L’Intégration Régionale et l’Économie numérique». Le même jour, une conférence de presse, donnée à l’hôtel Hilton, marquera la fin de la visite officielle de l’enfant prodige dans son pays natal. Quarantenaire accomplie, Vera Songwe est une source d’inspiration pour les jeunes de son pays d’origine. Elle est l’exemple de réussite qui force le respect. Tous ses faits et gestes seront scrupuleusement suivis par cette jeunesse camerounaise pleine de talent, mais très souvent en mal de débouchés et d’opportunités à saisir.
Rémy Biniou
Vera Songwe, la fierté du Cameroun
Portrait de la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique.
Vera Songwe a pris ses fonctions de secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) le 3 août 2017 au niveau de secrétaire générale adjointe. Elle apporte à la CEA et au poste de secrétaire exécutive son expérience dans la fourniture de conseils en matière de développement et dans la fourniture de résultats sur le développement pour l’Afrique; ainsi qu’une vision stratégique forte et claire pour le continent.
Avant de rejoindre la CEA, elle était directrice régionale de la Société financière internationale, couvrant l’Afrique occidentale et centrale. En outre, elle continue à être membre principale non-résidente de l’Initiative pour la croissance en Afrique de la Brookings Institution. Elle a également été membre de l’équipe de réforme institutionnelle de l’Union africaine, sous la direction du président du Rwanda, Paul Kagame, et membre du conseil d’administration de African Leadership Network et de la Fondation Mo Ibrahim.
Auparavant, elle était directrice de pays à la Banque mondiale, couvrant le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Mauritanie et le Sénégal. Elle a également été conseillère auprès du directeur général de la Banque mondiale pour l’Afrique, l’Europe et l’Asie centrale et méridionale; et coordinatrice sectorielle par pays pour l’organisation. Elle avait auparavant exercé les fonctions d’économiste principale de la Banque mondiale aux Philippines.
Avant de rejoindre la Banque mondiale, elle était chercheuse invitée à la Réserve fédérale du Minnesota et à l’Université de Californie du Sud.
Elle est titulaire d’un doctorat en économie mathématique du Centre de recherche opérationnelle et d’économétrie, d’une maîtrise ès arts en droit et économie et d’un diplôme d’études approfondies en sciences économiques et politiques de l’Université catholique de Louvain en Belgique. Elle est titulaire d’un baccalauréat ès arts en économie et en sciences politiques de l’Université du Michigan et est diplômée du Collège Notre-Dame de Lourdes au Cameroun. Mme Songwe a publié de nombreux ouvrages sur le développement et les questions économiques.
Source: CEA
ZLECAF: opération de charme à Yaoundé
Un atelier national de sensibilisation sur la Zone de libre-échange se tient du 16 au 17avril 2019 à Yaoundé, dans la foulée de la visite officielle de la secrétaire générale adjointe des Nations unies.
L’initiative est de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) en partenariat avec l’Union européenne. Pendant deuxjours, plusieurs experts sur les questions d’intégration vont se pencher sur le sujet de la Zone de libre-échange continental africaine. Le panel des intervenants est riche et diversifié: la représentation de la délégation de l’UE auprès de la République du Cameroun; la CEEAC; la CEA et la Cemac; la société civile camerounaise; le ministère du Commerce; les directions générales des douanes et des impôts; le ministère de l’Économie, les universitaires, etc.
Au menu des travaux: la présentation générale de l’Accord sur la ZLECAf: le commerce des services; la présentation générale de l’Accord sur la ZLECAf: les règles et procédures relatives au règlement des différends; la ZLECAf et intégration sous-régionale: perspectives communautaires; les perspectives des négociations de la Deuxième phase pour le Cameroun; la préparation de la stratégie de mise en œuvre de la ZLECAf pour le Cameroun…
Les activités se déroulent selon un ordre préétabli. Après l’enregistrement des participants, les travaux démarrent avec la session introductive diligentée par la Commission économique pour l’Afrique. L’atelier sera clôturé par la patronne de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies.
Parlement panafricain : Kofi Annan for ever!
L’organe consultatif de l’Union africaine veut des commémorations annuelles en l’honneur du Ghanéen. Une résolution est déjà transmise pour examen lors de la session ordinaire de l’Assemblée des chefs d’État de l’Union africaine (UA), prévue à Addis-Abeba en janvier prochain.
L’Afrique comme asymptote, voilà le cordon ombilical entre l’UA et le Parlement panafricain C’est une des résolutions de la cinquième législature du Parlement panafricain (PAP). À Kigali (Rwanda), lors de la clôture de la première session ordinaire, Roger Nkodo Dang a annoncé l’adoption d’une résolution prévoyant des commémorations annuelles en reconnaissance aux contributions apportées par feu Kofi Annan. Le président du PAP a précisé que cette résolution serait transmise, pour approbation, l’année prochaine à l’Assemblée de l’UA en Éthiopie. Une fois adoptée, ladite résolution légitimera les commémorations annuelles mettant en valeur l’héritage diplomatique de l’ancien secrétaire général des Nations unies (ONU), a indiqué Roger Nkodo Dang.
Valeurs ajoutées
À travers cette initiative, le Parlement panafricain veut contribuer à la création des valeurs et des repères nouveaux pour la jeunesse du continent. «Kofi Annan restera une source d’inspiration et d’encouragement. Grâce à ses nombreuses réalisations, il a été une source de fierté pour l’Afrique», scande Moussa Fakir Mahamat, le président de la Commission de l’UA.Pour Michèle Alliot Marie, ancienne ministre française de la Défense et des Affaires étrangères, Kofi Annan avait « une vision extrêmement équilibrée de ce que devait être le monde ». Dominique de Villepin, ancien Premier ministre français, dit de lui qu’il «connaissait les rapports de force entre les États, le jeu des intérêts, mais ne s’en satisfaisait pas. Il était certainement le meilleur secrétaire général de l’ONU».
Autres
Durant cette session, le Parlement, exceptionnellement réuni à Kigali au Rwanda, a également adopté d’autres résolutions. L’une d’entre elles porte sur l’harmonisation des lois protégeant les personnes souffrant de handicaps en Afrique. Une autre résolution se situe dans le prolongement du thème de l’année 2018 en Afrique à savoir : «Remporter le combat contre la corruption : une voie durable vers la transformation de l’Afrique». Cette résolution appelle les pays à adopter des législations strictes pour lutter contre la corruption et les crimes associés.Les parlementaires ont également discuté de paix et de sécurité en Afrique, du rôle et de l’impact des missions d’observation des élections de l’UA. Des résolutions y afférentes sont produites à l’attention du Chef et seront examinés à titre consultatif.
Zacharie Roger Mbarga
Réforme de l’Union africaine
La bataille finale ?
L’organisation continentale veut échapper à ses propres contradictions. C’est la dynamisation ou la perpétuation !
Le comité des représentants permanents de l’Union africaine (UA) a achevé sa session extraordinaire le 8 novembre. Le Conseil exécutif prendra le relai les 14 et 15 novembre prochains. Les ministres des Affaires étrangères vont arbitrer les travaux des représentants permanents et préparer les dossiers des chefs d’État.
Le sommet extraordinaire de l’UA se tient les 17 et 18 novembre prochains. Les réformes de l’organisation continentale portent sur la sélection et la structure du gouvernement continental, la souveraineté financière, la division du travail, les mutations organiques et les échanges de vues sur les propositions de rénovation des organes.De manière précise, le sommet extraordinaire d’Addis-Abeba aura pour sujets : la structure et les portefeuilles des hauts responsables de la Commission, la sélection des hauts responsables de la Commission. En matière de souveraineté budgétaire, l’on envisage, entre autres, des négociations sur les réformes administratives et financières/budgétaires. La transformation du NEPAD en Agence de développement de l’UA (AUDA), la répartition du travail entre l’UA, les CER, les organisations continentales et les États membres, le renforcement du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), le renforcement du Conseil de paix et de sécurité (CPS) sont aussi à l’ordre du jour.
Au sujet des organes, les chefs d’État vont échanger les vues sur les propositions de réforme du Parlement panafricain, de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples et de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples.Contradictions
Encore une fois, l’Afrique est face à ses propres dissensions. Si la nécessité d’une réforme fait l’unanimité, les conditions et les termes de cette réforme créent de vives oppositions. Entre les petits États contraints de plafonner leurs contributions et les grands États qui voient exploser leurs contributions.Il en est de même du nouveau régime de sanctions devant frapper les insolvables. Désormais, avec un an cumulé d’impayé, le pays peut perdre le soutien de l’UA pour un poste international. Il peut être suspendu à des postes au sein des organes de l’UA, il peut en outre perdre le siège de certaines institutions spécialisées.
Tout ceci rend ce sommet de l’UA très sulfureux ! L’Union est à rude épreuve!
ZRM
Planification du développement
Le Cameroun à l’école de l’approche inclusive
Pour mieux atteindre les objectifs fixés, réaliser les attentes des populations et réduire la pauvreté, le gouvernement a été initié à l’introduction de la reddition des comptes dans la définition des politiques publiques et les interventions de l’État.
Le bureau sous régional pour l’Afrique centrale de la Communauté économique des nations unies pour l’Afrique (CEA) propose au gouvernement camerounais un nouvel outil. Il servira à rendre ses politiques publiques plus efficientes, et nettement orientées vers la réalisation des attentes des populations à la base, avec la participation de celles-ci.
Face à l’aggravation des inégalités, il est normal pour la CEA de rendre les politiques publiques plus responsables et redevables de leur résultat. Comment faire correspondre l’investissement public aux besoins réels des populations ?
Sylvain Boko, conseiller principal régional et chargé de la planification et de la statistique au bureau régional de la CEA, dit qu’il s’agira pour le gouvernement camerounais «de prôner une approche participative dans la planification du développement. Cette action se fera à travers l’inclusion des couches non étatiques : le secteur privé, la société civile, les organisations culturelles, les femmes, les jeunes…»
Modus operandi
L’approche participative de la planification repose sur deux aspects essentiels. Il s’agit de la double dévolution des acteurs (de l’État vers les citoyens et des organisations vers l’État) et la qualité des statistiques sur les besoins exprimés. Cette approche magnifie pleinement la gestion axée sur les résultats. En effet, elle aide à définir des «données démocratiques», notamment les résultats escomptés, les cibles, les indicateurs d’appréciation, tout ceci avec la contribution des bénéficiaires finaux.Sylvain Boko de la CEA explique que «l’obligation de rendre compte n’est pas un concept négatif. C’est de pouvoir aller vers ceux qui sont les bénéficiaires des projets et programmes de la planification et leur expliquer les résultats de l’action (en cas d’atteinte ou de non-réalisation des objectifs). L’implication des couches non étatiques dans la gestion des ressources du pays est plus une question de sécurité et d’amélioration de la gouvernance».
Pour l’expert, «il ne suffit pas de construire puis inaugurer des centres de santé ou des salles de classe. C’est certes des indicateurs, mais il s’agit de résultats partiels. Avec la redevabilité, le gouvernement réduit le risque de l’approximatif. En effet, elle permet de répondre aux données récoltées sur le terrain, notamment sur l’intérêt des infrastructures et les conditions de leur utilisation optimale par les populations».
ZRM
Développement : le salut de l’Afrique centrale passe par l’industrialisation
C’est la conviction d’Antonio Pedro et de Julian Slotman. Ils sont respectivement directeur et économiste au Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA). Ils publient une tribune libre à quelques jours de la 34e session du Comité intergouvernemental d’experts (CIE) pour l’Afrique centrale qui se tient à N’Djamena (Tchad) sous le thème « Financement de l’industrialisation en Afrique centrale ». Intégration vous propose l’intégralité de cette tribune.
Tribune : cinq piliers pour l’industrialisation de l’Afrique centrale
Par: Antonio Pedro* et Julian Slotman**, Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique centrale
Quatre ans après la fin du boom pétrolier et le revirement brutal de la courbe de croissance du début des années 2000 dans les pays d’Afrique centrale, la surproduction de pétrole et la chute des prix des matières premières ont laissé un goût amer dans la bouche de nombreuses populations de la région, en raison de leur dépendance excessive vis-à-vis du pétrole et d’autres industries extractives. Les défis sont réels car, malheureusement, les pays d’Afrique centrale, producteurs de matières premières non transformées, sont constamment exposés à des chocs extérieurs et demeurent bloqués aux niveaux inférieurs des chaînes de valeur mondiales, car nombre d’activités à plus forte valeur ajoutées sont menées ailleurs. Les industries extractives de la sous-région opèrent généralement en vase clos et ne sont pas suffisamment liés à l’économie locale. L’instabilité de la macroéconomie est devenue une réalité. En attendant, l’Afrique centrale doit s’attaquer à plusieurs autres problèmes urgents, tels que le chômage et les inégalités, pour ne citer que ces quelques exemples. Il n’est donc pas surprenant que la plupart des pays d’Afrique centrale reçoivent ou sollicitent actuellement un appui budgétaire du FMI, parfois appelé «prêteur en dernier ressort». Avec ces mesures d’assistance, nos États membres devront prendre des décisions difficiles afin de remettre les économies d’Afrique centrale sur pied.
Certains prétendent que la solution consiste simplement à imposer une discipline budgétaire, réduire les dépenses, remédier aux échecs des politiques, réduire les lourdeurs administratives, lutter contre la corruption et éliminer les dysfonctionnements du marché. Nous ne contestons pas ces mesures de stabilisation. En fait, nous pourrions y ajouter notre grain de sel en proposant notamment la nécessité de combler les lacunes des contrats existants, d’améliorer l’administration fiscale et élargir l’assiette fiscale, de lutter contre les flux financiers illicites et d’utiliser judicieusement les mesures incitatives. Mais toutes ces mesures n’occulteraient pas le fait qu’il faut dégager une marge budgétaire suffisante pour permettre aux investissements à haut rendement et à plus long terme de stimuler les capacités de production, renforcer la compétitivité des économies locales et favoriser la transformation structurelle. On peut certes comprendre l’accent mis actuellement sur les mesures à court terme pour rétablir la stabilité macroéconomique, mais il est tout aussi important de continuer à investir dans la croissance durable et la transformation structurelle afin de permettre à la sous-région de briser le cycle des croissances et récessions, ainsi que de réduire leur vulnérabilité et leur exposition aux fluctuations des prix des matières premières.
La bonne nouvelle c’est que de nos jours, personne ne conteste que la transformation structurelle est la solution. La diversification de l’économie en général et l’industrialisation en particulier se sont révélées être des formules gagnantes pour de nombreux pays tels que la Corée du Sud, la Thaïlande, le Qatar, l’Irlande, l’Estonie et pratiquement tous les pays qui ont réussi à transformer leur économie et offrir un niveau de développement et une qualité de vie appréciables à leurs populations. Il existe de nombreuses opportunités d’investissement pour l’industrialisation. En Afrique centrale, ces opportunités sont énormes car la sous-région est non seulement dotée de richesses naturelles exceptionnelles, mais également d’une main-d’œuvre jeune et hautement qualifiée. La mauvaise nouvelle, cependant, c’est que les pays sont confrontés à un problème épineux: la dette pèse lourd mais les niveaux d’investissement actuels en Afrique centrale sont loin d’être suffisants pour permettre une industrialisation significative et une croissance durable. Alors, qui va combler ces lacunes? Quelles solutions pour la région? Nous offrons cinq Piliers pour résoudre le problème.
Pilier 1: Créer des emplois, encore des emplois, toujours des emplois !!!
L’investissement dans l’industrialisation (et, par extension, la diversification de l’économie) crée de nombreux emplois, de bons emplois surtout! À une époque où le taux de chômage des jeunes a atteint des niveaux records (un jeune sur cinq en Angola ou au Congo et même plus d’un jeune sur trois au Gabon), il est urgent d’investir dans des domaines aussi variés que les infrastructures, l’éducation, la santé et l’aide public à des secteurs tels que les services financiers, les transports, le tourisme, les TIC et les industries intelligentes, qui pourraient favoriser une croissance tirée par le secteur privé. Les emplois de qualité qui seront créés grâce à cet investissement aideront la population jeune et ambitieuse d’Afrique centrale à se développer et à contribuer à la croissance future.
Pilier 2: Tirer parti du pouvoir de la vie dans les grandes villes
Les villes d’Afrique centrale se développent à un rythme phénoménal, car de plus en plus de personnes quittent leurs villages pour s’installer dans des centres urbains déjà surpeuplés, dans l’espoir de trouver un emploi décent et une meilleure qualité de vie. Cette urbanisation rapide comporte certes de nombreux défis, tels que la saturation des infrastructures, les pressions sociétales et le vieillissement démographique dans les zones rurales, mais elle offre également des possibilités uniques de diffusion des connaissances, car les nouveaux arrivants apprennent de ceux trouvés sur place et vice versa. L’urbanisation offre également un excellent terrain d’essai pour les jeunes entrepreneurs. Ce n’est certainement pas un hasard si en général, les start-up innovantes et les industries créatives ont tendance à se trouver à proximité des grands centres urbains, où le dynamisme de la vie urbaine offre à la fois un vivier constant de talents et un flux ininterrompu d’idées et d’inspiration. En outre, avec la baisse induite de la concurrence, les agriculteurs restants dans les zones rurales peuvent avoir davantage d’espace, ce qui pourrait leur permettre de développer et d’orienter leur activité vers des niches à haut rendement (comme les produits agricoles biologiques). L’investissement public et privé dans l’industrialisation peut encadrer ce processus qui serait autrement indépendant, tout en gérant les conséquences négatives.
Pilier 3: Promouvoir l’intégration de l’Afrique
On peut voir l’intégration continue de l’Afrique partout. Pas seulement dans les journaux, comme lors d’événements de grande envergure tels que la récente signature des instruments de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) à Kigali qui ont fait la une des journaux, mais aussi dans nos vies quotidiennes, lorsque nous communiquons avec nos familles et nos amis partout sur le continent. L’intégration régionale se présente sous de nombreuses formes et l’industrialisation sera considérablement stimulée du fait de la connectivité accrue et des ouvertures pour le commerce de biens produits industriellement et de services de haut niveau. Pensez aux voyages sans visa, au roaming gratuite, aux études à l’étranger et aux relations d’affaires avec d’autres personnes partout en Afrique aussi facilement que vous le feriez chez vous. Il appartient maintenant aux décideurs des pays d’Afrique centrale d’aligner rapidement leurs visions nationales sur les instruments d’intégration régionale, en commençant par une mise en œuvre complète du tarif préférentiel harmonisé CEEAC-CEMAC, puis sur les instruments d’intégration continentale. Davantage de pays d’Afrique centrale devraient imiter le Tchad et ratifier la ZLECA.
Sur le plan commercial, cela présente un avantage énorme car tout projet qui veut s’installer en Afrique centrale verrait ses bases se renforcer avec la perspective d’un marché de 1,2 milliard de personnes et de 2,5 milliards en 2050. C’est la Chine et l’Inde réunies! Ces chiffres ne commenceront à faire une réelle différence que lorsqu’il existera un environnement propice pour exploiter tout le potentiel créatif de l’ensemble du continent africain et la croissance axée sur le consommateur qu’il peut soutenir.
Pilier 4: Penser vert
Nous sommes l’Afrique centrale. Nous abritons une biodiversité unique et des richesses naturelles incroyables! Celles-ci doivent être protégées. Par conséquent, dans notre marche vers l’industrialisation, nous devons penser vert. Ainsi, l’industrialisation et la diversification de l’économie créeront non seulement des emplois de qualité et contribueront à l’urbanisation et à l’intégration régionale, mais aussi réduiront la dépendance des économies de la sous-région au pétrole et autres industries extractives, contribuant ainsi à une croissance plus verte. Les décideurs politiques doivent identifier les secteurs les plus susceptibles de créer des emplois et de promouvoir la compétitivité de leurs économies, tout en limitant la pression exercée sur les précieuses richesses humaines et naturelles de la sous-région. Il convient de noter au passage que ce serait un choix judicieux, car les investisseurs socialement responsables, en particulier les investisseurs dits éthiques, à impact social et/ou positifs, y compris les fonds de pension, les fonds communs de placement, les organisations confessionnelles et autres investisseurs institutionnels se tournent de plus en plus vers des projets écologiques.
Pilier 5: Élargir nos horizons
Devrions-nous nous réjouir des annonces faites à Beijing concernant les 60 milliards de dollars américains disponibles pour investissement en Afrique au cours des trois prochaines années? Devrions-nous espérer que le nouveau plan d’investissement extérieur de l’UE et son objectif de promouvoir l’industrialisation de l’Afrique constituent un moyen de créer plus d’emplois pour nos jeunes? Oui et non! Bien sûr, ce sont des opportunités à ne pas manquer et nous ne devons ménager aucun effort afin d’en tirer le maximum. Mais nos besoins financiers vont au-delà de ce que nous pourrions éventuellement obtenir de ces grands investisseurs extérieurs. Bien que les investissements étrangers dans les infrastructures et les autres besoins pour l’industrialisation soient effectivement les bienvenus, les niveaux actuels d’investissement sont encore loin d’être suffisants pour permettre à nos économies de réaliser pleinement leur potentiel. Le déficit de financement des infrastructures en Afrique à lui seul a déjà été évalué à 130 à 170 milliards de dollars par an!
On nous dit que le monde dispose de suffisamment d’argent pour financer le développement. En effet, les investisseurs institutionnels (y compris les fonds de pension) et les banques commerciales gèrent plus de 100 000 milliards de dollars américains, dont une partie constituée de fonds qui n’attendent que des opportunités d’investissement à long terme et à haut rendement. Nous devons pouvoir accéder à ces ressources le plus rapidement possible. Et partir sur de bonnes bases: de bons projets crédibles et bancables sont nécessaires pour attirer des financements.
Nous devons également améliorer la mobilisation des ressources nationales et encourager nos citoyens de l’intérieur et de la diaspora à orienter leurs économies vers des investissements productifs. Nos marchés financiers doivent se développer et nous devons pouvoir offrir à nos citoyens d’autres produits financiers simples et attrayants. C’est un avenir que nous devons construire. Le niveau de souscription du premier emprunt obligataire pour le financement d’un projet d’infrastructure au Kenya montre que c’est une option faisable. Nous pouvons aussi y arriver en Afrique centrale!
La 34ème session du Comité intergouvernemental d’experts (CIE) pour l’Afrique centrale se tient sous le thème «Financement de l’industrialisation en Afrique centrale». Elle est organisée à N’Djamena (Tchad) du 18 au 21 septembre 2018 par le Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique centrale.
*Antonio Pedro – Directeur du Bureau Sous-régional pour l’Afrique Centrale de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA)
Directeur au Bureau Sous-Régional de la CEA pour l’Afrique centrale à Yaoundé au Cameroun, Antonio M. A. Pedro est géologue en exploration minière jouissant de plus 30 années d’expérience riche et variée en matière de développement et de gestion à l’échelon national, régional et continental à travers l’Afrique et au-delà. Au-delà de sa contribution dans le cadre de la politique des industries extractives en Afrique, il a profité de sa carrière à la CEA pour impulser la transformation structurelle et l’intégration régionale du continent. Au niveau global il est membre du Conseil de direction du réseau des solutions pour le développement durable des Nations Unies (SDSN) et du Panel international des ressources et exerce au Conseil consultatif du Columbia Center on Sustainable Investment (CCSI) et du Conseil consultatif de rédaction de la revue scientifique internationale Mineral Economics.
**Julian Slotman travaille en tant que économiste au Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA). Avant de rejoindre la CEA en 2016, Julian avait travaillé au ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas et au Bureau néerlandais d’analyse des politiques économiques. Julian est titulaire d’une licence en économétrie et en recherche opérationnelle et d’un master en économie et politique publique et développement humain de l’Université de Maastricht / UNU-MERIT.
Un roaming moins cher pour booster les échanges dans la sous-région
Selon les chiffres du bureau Afrique centrale de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), le coût moyen d’un appel sortant en itinérance (roaming) dans la sous-région est de 689 francs CFA la minute, soit environ 1,33 dollars.
Les couts peuvent atteindre 6 000 francs CFA soit environ 14 dollars. Dans une interview à TIC Mag parue en début du mois de juillet, son directeur affirme que techniquement, cette tarification ne se justifie pas. Mais en plus, soutient Antonio Pedro, «[Elle] rend quasi impossible la facilitation du commerce et d’autres échanges sous régionaux».
Dans leur Index d’intégration régionale africaine 2016, la CEA, la Commission de l’Union africaine et la Banque africaine de développement soulignent déjà que les coûts élevés du roaming en Afrique centrale augmentent les innombrables entraves à la fluidité des échanges. En fait, pour ces institutions, l’itinérance constitue l’un des 16 indicateurs d’évaluation de l’intégration régionale.
Réforme
La mise en œuvre de la zone de libre-échange Cemac/ CEEAC et le démarrage harmonieux de la zone de libre-échange continentale exigent donc une itinérance à taux très réduit pour bénéficier aux acteurs des échanges. Pour ce faire, la CEA encourage les régulateurs des télécommunications à imposer aux compagnies de téléphonie un mémorandum d’entente tarifaire sous régional pour la réduction des tarifs de roaming.Les acteurs de la téléphonie mobile de la sous-région peuvent prendre exemple sur l’Afrique de l’est. La Communauté d’Afrique de l’est a mis sur pied en 2014 un réseau unique sous régional (One Network Area) qui a réduit à 10 centimes de dollar par minute les appels sortants ou rentrants en itinérance. En retour, les appels en roaming ont augmenté de 100% en trois jours. Au bout de trois mois, ils avaient accru de presque 1000%. Avec les économies d’échelle, cela signifie plus de recettes pour les sociétés de téléphonie mobile et l’Etat, mais moins de dépenses pour l’utilisateur final.
Zacharie Roger Mbarga
Partenariat: La CEA envisage une collaboration avec le secteur privé
Sa secrétaire exécutive l’a indiqué la semaine dernière. L’objectif est de stimuler la croissance en Afrique.
Vera Songwe La Commission économique pour l’Afrique (CEA) va s’associer au secteur privé pour faire en sorte que celui-ci joue un rôle dans la croissance et la prospérité en Afrique. Lors d’une réunion avec le cinquième Comité, une instance de l’assemblée générale des Nations unies chargée des questions administratives et budgétaires, à Addis-Abeba, la secrétaire exécutive de la CEA, Vera Songwe, a déclaré que le secteur privé a un rôle crucial à jouer, en tant que moteur de la croissance économique en Afrique.
«Nous travaillerons beaucoup plus avec le secteur privé pour réaliser certains des buts et objectifs de l’Agenda 2063 et de l’Agenda 2030. Le secteur privé a un rôle à jouer pour apporter la croissance et la prospérité sur le continent mais il ne peut y parvenir seul», dit-elle. Madame Songwe a fait part au comité de son aperçu stratégique du travail de la CEA, des efforts en cours pour restructurer l’organisation, y compris ses bureaux sous régionaux et autres questions connexes.
Elle met en exergue les questions d’actualité sur l’orientation de la CEA, notamment son appui aux États membres dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030 pour le développement durable et le Programme de développement de l’Union africaine sur 50 ans, l’Agenda 2063 ; après les négociations de l’accord post Cotonou; la migration ; le changement climatique ; le genre ; l’agriculture ; l’énergie ; le commerce et l’intégration régionale, en particulier à la suite de la signature récente de l’Accord de libre-échange continental africain à Kigali, au Rwanda, par 44 pays.
La secrétaire exécutive fait également allusion à la collaboration avec d’autres entités des Nations unies, notamment le Mécanisme de coordination régionale et les mécanismes des équipes de pays et institutions des Nations unies, ainsi que d’autres institutions panafricaines telles que l’Union africaine. De plus, elle souligne également le travail de l’Institut africain pour le développement économique et la planification, ajoutant que celui-ci serait bientôt partenaire avec les compagnies d’assurance et les universités pour dispenser des cours qui contribueront à stimuler la croissance sur le continent.
Réformes
Vera Songwe ajoute cependant qu’il faut un budget robuste et durable au fil du temps pour assurer le succès sur le terrain. «Soixante ans plus tard, nous devons produire de meilleurs résultats et plus simples. Comme le dit le secrétaire général, nous devons être en mesure d’atteindre nos objectifs et nous sommes sur la bonne voie, et nous espérons pouvoir vous faire rapport très bientôt.
Nous sommes en train de finaliser le processus de restructuration et de réalignement de la CEA pour que celle fasse des résultats», déclare-t-elle en référence aux 60 années d’existence de la Commission cette année. «Nous examinons la structure de la CEA pour voir comment nous pouvons la rendre plus efficace et plus réactive, mais de manière plus efficace pour voir comment nous pouvons utiliser encore mieux ou même plus les compétences du personnel que nous avons en interne et je pense que nous avons été en mesure de trouver un bon nombre d’activités où il y a besoin de quelques ajustements et d’une certaine efficacité et nous espérons que dans les prochains mois nous allons pouvoir mener à bien certaines de ces activités».
Madame Songwe et le comité ont discuté du rôle de la CEA en tant que groupe de réflexion produisant des connaissances qui influencent les politiques aux niveaux mondial et régional ; le pouvoir de mobilisation de la CEA sur le continent et son travail de plaidoyer. Le comité a ensuite visité l’imprimerie primée de la CEA, l’emblématique Africa Hall qui est en cours de rénovation pour une meilleure utilisation de ce symbole célèbre. Africa Hall est le berceau de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), aujourd’hui Union africaine, qui a été construite il y a un demi-siècle pour représenter l’histoire, l’unité et la culture de l’Afrique.
Source CEA