Sur la foi d’une analyse du Centre d’analyse et de recherche sur les politiques économiques et sociales du Cameroun (CAMERCAP – PARC), le développement du pays est contrarié par divers goulots d’étranglement.
«Vision Cameroun 2035 Janvier 2010-Juin 2022, 150 mois un cliché instantané à mi-parcours: Risque de glissement ou remontada». Le titre s’étale à la une du n° 2022/05 du 07 juillet 2022 de la Note de veille économique et stratégique. Produit par le CAMERCAP – PARC, le document apportent des réponses diverses à la question de savoir si les programmes d’action publique en vue de l’émergence 2035 au Cameroun gardent encore toute leur validité. Évitant de constater l’impasse ou l’échec desdits programmes, le think tank préfère analyser l’erreur collective ou l’aveuglement des acteurs dans le cadre de la mise en œuvre des initiatives de développement du pays.
Selon le CAMERCAP – PARC, la Vision Cameroun 2035 oscille entre deux schémas: l’un conçoit les politiques publiques comme un moteur essentiel du changement social; l’autre ne les perçoit que comme un accompagnement de celui-ci, le volontarisme étatique n’exerçant une influence qu’à la marge et le changement social dépendant d’un ensemble beaucoup plus large de facteurs. Et parmi ces facteurs, il y a l’obsolescence des données statistiques utilisées. C’est le cas des données démographiques. Celles prises en compte dans le cadre des plans de développement datent de 2014, constate le CAMERCAP – PARC.
Celui-ci souligne par ailleurs le processus de dégradation socio-économique. Bon nombre d’ambitions réformatrices se heurtent à la mobilisation réactive d’autres forces. En cause: l’action publique se déploie dans un milieu social complexe et structuré en «systèmes d’action», dans lesquels «l’accaparement des biens et des positions de pouvoirs bénéficiant à un petit nombre, semble plutôt faire du chemin». Et il y a plus: «Si le discours officiel proclame la volonté d’intensifier les activités agricoles, les résultats malheureusement ne suivent pas. La balance commerciale reste déficitaire sur le long terme à cause de l’importation des denrées alimentaires (riz, poisson, blé) que le pays peut pourtant produire. L’endettement extérieur reste important. L’intermédiation bancaire et l’intégration financière internationale restent très faibles avec les conditions draconiennes imposées par la BEAC. La structure du PIB et les équilibres macroéconomiques ont du mal à se stabiliser. Les investissements n’ont pas produit l’impact attendu…»
Le CAMERCAP – PARC, un travail de problématisation est nécessaire pour identifier les problèmes à résoudre, en rechercher les causes, localiser les responsabilités, avancer des solutions possibles, en établissant leur adéquation à la Vision 2035. Cela suggère l’urgence d’une mise sur agenda du travail à faire. «Le Cameroun et ses dirigeants devraient réaliser que l’émergence peut nous échapper. Et si nous la voulons absolument en 2035, les 5 prochaines années (2023-2024-2025-2026-2027) sont cruciales. Si les résultats ne sont pas multipliés par 2 ou par 3 sur cette période, le compte est bon pour un glissement et donc un échec en 2035», avise le rapport.
Jean-René Meva’a Amougou