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Journal Intégration

Étiquette : Afrique

  • Partenariat UE-OAECP : Opportunités pour la SND 30

    Partenariat UE-OAECP : Opportunités pour la SND 30

    Prévu pour expirer le 29 février 2020, l’Accord de Cotonou finalement reconfiguré le 15 novembre dernier regorge une plus-value pour le développement du Cameroun.

     

    Après plusieurs années de coopération régies par l’accord de Cotonou, les pays de l’Union européenne (UE) et ceux de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) viennent de redéfinir leur cadre de collaboration, à Samoa le 15 novembre dernier, à travers la ratification, de commun accord, d’un nouveau cadre juridique.
    A bien comprendre, le nouveau cadre législatif vient abroger et remplacer le deal de Cotonou. Cela va bien au-delà de l’ajustement de simples termes juridiques du partenariat devenu obsolète. Son appellation aussi change. Désormais, on parle d’«Accord de Samoa» pour désigner le partenariat UE-OAECP.

    Contenu
    Il est donc désormais question de mettre sur pied des partenariats politiques renforcés entre les États membres de l’OAECP et de l’UE. Ceci, en vue de leur permettre de faire face aux défis sans cesse croissants dans le monde. L’accord, apprend-on, couvre plusieurs secteurs. Parmi ceux-ci, il y a : la croissance et le développement économique inclusif et durable ; le développement du capital humain.

    Lors des échanges, la voix du Cameroun n’a pas manqué de faire écho. Porteur des pleins pouvoirs du chef de l’État, Alamine Ousmane Mey, Coordonnateur du partenariat Cameroun-Union européenne, s’est prononcé à Samoa : «Nous sommes à une phase de démarrage d’un nouvel élan, avec de nouveaux instruments. Nous sommes vigilants quant à l’efficacité des structures de suivi avec l’implication des acteurs de la société civile dans la perspective de rendre les objectifs de cet accord réalisable et surtout réalisé sur le terrain pour les bénéfices des populations». À en croire le ministre camerounais de l’Économie, du plan et de l’aménagement du territoire, la signature de ce document va contribuer à relever les défis de la Stratégie nationale de développement (SND30) au Cameroun. Notamment, en ce qui concerne l’émergence et le développement du capital humain, rassure Alamine Ousmane Mey.

    Joseph Julien Ondoua Owona

  • Enregistrement et impôts au secteur informel : doutes sur les intentions des entrepreneurs camerounais

    Enregistrement et impôts au secteur informel : doutes sur les intentions des entrepreneurs camerounais

    La troisième enquête sur l’emploi et le secteur informel met à nu la détermination des opérateurs économiques à rester en marge de la légalité.

     

    Les promoteurs d’unités de production informelles (UPI) restent peu enclins à faire enregistrer leurs activités et à payer les impôts. Le constat dressé par l’Institut nationale de la statistique (INS) montre que ces derniers rament à contre-courant du gouvernement; bien décidé à encadrer le secteur informel et à élargir son assiette fiscale. «L’analyse de la disposition des promoteurs à enregistrer leur UPI auprès de l’administration ou à payer les impôts sur leurs activités permet de noter que les chefs des UPI semblent globalement préférer rester loin de l’administration. Il ressort aussi que les promoteurs de 6,1% d’UPI non-enregistrées ne veulent pas collaborer avec l’Etat», souligne l’Institut dans son rapport de l’Enquête sur l’emploi et le secteur informel (EESI3), mené en 2021 et rendu public le 1er novembre 2023.

    En chiffres, cela représente 7,5% de promoteurs prêts à enregistrer leurs structures auprès de l’administration et prêts à payer les impôts contre 54,4% ne manifestant aucune volonté de se soumettre à ces deux exigences. 12,6% d’entre eux sont favorables à une immatriculation seulement et 17,4% se disposent à payer leurs charges fiscales sans autres formalités. Précisément: «95,7% ne possèdent pas de numéro de contribuable, 97,4% ne sont pas inscrits au registre de commerce, 97,5% ne possèdent pas de carte professionnelle et 99,5% ne sont pas affiliées à la CNPS (Caisse nationale de prévoyance sociale)», lit-on. Et encore, «comparativement à 2010, la proportion des UPI pour lesquelles les promoteurs payent les impôts a connu une baisse de l’ordre de 5,4 points (de 17,9% en 2010 à 12,5% en 2021). De même, la proportion des UPI enregistrées a connu la même tendance, passant de 8,0% en 2010 à 4,1% en 2021».

    Prix et ignorance en avant
    L’enquête menée auprès d’un échantillon de 4576 unités de production, sur les 3,4 millions établies au Cameroun, est ponctuée d’un sondage. Celui-ci a permis, entre autres, d’établir les raisons de l’abstention des entrepreneurs à ces formalités réglementaires. «La principale raison la plus avancée est que l’enregistrement n’est pas obligatoire pour exercer l’activité. La deuxième raison vient de l’ignorance, car pour près d’une UPI sur quatre, le promoteur dit ne pas savoir qu’il faut s’enregistrer. La troisième raison est le coût élevé : les promoteurs de 20,5% d’UPI ont évoqué cette raison pour justifier la non possession d’un numéro de contribuable et de 17,2% pour le registre de commerce», ressort le rapport.

    La précarité exaltée
    La précarité reste le maitre-mot dans un exercice qui consiste à dresser la physionomie du secteur informel. Selon l’Institut national de la statistique, moins d’un dixième des structures répertoriées possèdent un local professionnel. Le pourcentage évoqué en la matière est de 9,2%. 31% d’entre elles sont établies dans des domiciles privés sans aucune installation spécifique. Cela est fait dans une logique de minimisation des dépenses, notamment dans un contexte marqué par l’insuffisance des moyens de 27,4% d’entrepreneurs. Mais pour 39,1% autres, la raison repose sur la non nécessité d’un local.

    Sur un tout autre plan, le secteur informel brille par la précarité des emplois, envenimée par un désintérêt aux questions relatives à l’affiliation des travailleurs au système de sécurité sociale et à une police d’assurance. «1,1% d’UPI ont déclaré avoir affilié au moins l’un de leurs employés à la CNPS. La proportion des UPI pour lesquelles les promoteurs ont souscrit à une police d’assurance auprès d’une société privée pour la couverture des risques de métier est très marginale (1,0%)», révèle l’Institut.

    La pratique porte par ailleurs sur des niveaux de rémunérations et des taux de salarisation bas. En effet, près de 6 travailleurs sur 100 sont salariés, contre 9 personnes sur 100 en 2010. Et les salaires mensuels pour les situer sont en moyenne plafonnés à 83409 FCFA. Le revenu moyen mensuel était de l’ordre de 48400FCFA en 2010 (année de la deuxième Enquête sur l’emploi et le secteur informel). Les primes aussi sont quasi inexistantes dans le secteur informel tandis que la masse des travailleurs se recrutent sans contrat sur la base de liens filiaux.

    Louise Nsana

  • Changement climatique en Afrique centrale: la main tendue de la société civile au secteur privé

    Changement climatique en Afrique centrale: la main tendue de la société civile au secteur privé

    Du 16 au 17 novembre à Yaoundé les acteurs de ce secteur se sont concerté pour trouver de financements en vue d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD).

     

    L’Afrique centrale connait des changements climatiques. Ce qui n’est pas sans conséquence sur les activités des populations, notamment dans le secteur agricole. C’est dans l’optique de la lutte contre la pauvreté, les inégalités et le retour aux politiques basées sur les droits fondamentaux que s’est tenu le Forum régional de la Société civile de l’Afrique centrale organisé par la division de la société civile et engagement communautaire de la Banque africaine de développement (Bad).

    Sous le thème : «Engager la société civile dans la mobilisation des financements du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique». Cette thématique témoigne à suffire de l’importance de la problématique des changements climatiques dans le monde, en raison des droits nouveaux qu’elle crée pour les populations d’Afrique centrale. Et de l’impact très important qu’elle aura sur les emplois.

    Selon Danielle Nlate, représentante de Rober Mabala, Coordinateur régional du Réseau des plateformes nationales d’Ong d’Afrique centrale (REPONGAC), engager la société civile à la mobilisation des financements du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique «devient urgent en Afrique centrale».

    Cela s’explique par le fait que la sous-région reste en proie à plusieurs défis relatifs aux changements climatiques. L’atteinte des résultats des Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030 est hypothétique. L’évaluation faite au mois de juillet dernier à New York montre que seuls 10% des pays engagés dans le processus sont sur le bon chemin, 40% des pays tâtonnent encore, 40% d’autres où rien ne marche et 10% ne suivent pas ces (ODD).

    Secteur privé

    Face au tableau peu reluisant de l’Afrique centrale dans l’atteinte des ODD, le secteur privé est l’alternative. Le secteur public ayant montré ses limites dans la lutte contre les changements climatiques.

    Ainsi la mobilisation du secteur privé à financer les actions climatiques «exige une confiance totale de nos gouvernements, des institutions internationales, régionales, nationales et locales à subventionner toutes les organisations de la société civile impliquées dans la lutte contre le changement climatique, surtout celles évoluant dans les milieux ruraux vulnérables et marginalisés et très souvent victimes des phénomènes météorologiques devenus de plus en plus pressants», rappelle Danielle Nlate.

    Le secteur privé doit assurer le renforcement des capacités sur la règlementation énergétique, la transparence et la recevabilité afin de rendre ses voix pour soutenir l’Afrique à pousser les pays développés à concrétiser leurs promesses de créer un fond de changement climatique de l’ordre de 100 milliard de dollars.

    Pour ce faire, avec un appui permanent, les organisations de la société civile mèneront « des actions résilientes concrètes, permanentes et efficaces qui vont susciter un intérêt croissant et régulier des investisseurs du secteur privé dans la lutte contre le dérèglement climatique», conclut Danielle Nlate, présidente du Réseau des femmes actives d’Afrique centrale (REFAC).

    Olivier Mbessité

  • Lutte contre les flux financiers illicites :le plaidoyer des parlementaires camerounais

    Lutte contre les flux financiers illicites :le plaidoyer des parlementaires camerounais

    Pour mettre fin à ce phénomène au Cameroun, les membres de APNIFT (Réseau parlementaire africain sur les flux financiers illicites et la fiscalité (Apnifft) réclament une marge d’intervention dans la prise de décisions.

     

    Réunis le 11 novembre dernier à Yaoundé, parlementaires et experts des Organisations de la Société civile (OSC) ont échangé sur les flux financiers illicites. C’était à la faveur du séminaire de renforcement des capacités des députés et sénateurs camerounais sur l’Équité fiscale, les Flux financiers illicites et l’intensification de la campagne Stop the bleeding.

    La plateforme d’échanges est l’initiative du Centre régional africain pour le Développement endogène et communautaire (Cradec). Objectifs, former, sensibiliser et engager 20 parlementaires camerounais membres de l’Apnifft sur les flux financiers illicites, entre autres thématiques.

    Selon le rapport de Global Financial Integrity (GFI) publié en 2020, le Cameroun compte parmi les dix pays africains les plus touchés par les FFI entre 2008 et 2017. D’ailleurs, révèle-t-il, l’État camerounais a perdu 1,35 milliards de dollars chaque année durant la même période. Ces pertes financières sont dues à des activités telles que l’évasion fiscale, la corruption, le blanchiment d’argent, le commerce illicite et d’autres formes de mouvements de capitaux illicites.

    Dispositif défaillant

    Pour contrer le phénomène, le président de la République du Cameroun a signé un décret portant organisation et fonctionnement du Comité de Coordination des politiques nationales de lutte contre le blanchiment des capitaux le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. Le texte révèle la «volonté politique» des autorités camerounaises, estime Jean Mballa Mballa, directeur exécutif du Cradec.

    Dans le fond, ajoute-t-il, l’édiction dudit texte pourrait ne pas avoir un grand impact sur la lutte contre l’hémorragie financière, d’autant plus qu’il vient s’ajouter à une pile d’autres textes déjà en vigueur. «Dans la pratique, ce décret vient s’ajouter aux différents textes qui ont créé la Conac [Commission nationale anti-corruption Ndlr], qui créent l’Apnifft, qui créent un ensemble d’institutions, y compris le contrôle supérieur de l’État qui a pour mission aussi de juguler ce phénomène. Maintenant on se pose la question de savoir, est-ce que ces différents actes se mettent effectivement en œuvre de manière à pouvoir réduire le risque de blanchiment d’argent de flux financiers illicites», s’interroge-t-il.

    Dans son élan, l’expert sur les questions financières fait allusion aux «failles dans le dispositif actuel». Pour s’en convaincre, le membre de la société civile évoque «une loi qui a été adoptée et dont on attend tout simplement le décret d’application sur la déclaration des biens et des avoirs. Il suffit que le président de la République énonce la composition et désigne la commission de déclaration des biens qu’on pourrait voir véritablement ceux qui s’enrichissent légalement et ceux qui s’enrichissent illégalement. Mais nous constatons que depuis 2008, ce décret n’est pas appliqué.»   

    «Ce n’est pas suffisant», estime le sénateur Pierre Flambeau Ngayap. Pour le président du groupe de parlementaires camerounais engagés dans la lutte contre les FFI, la situation peut être améliorée. À condition qu’on implique plus d’acteurs dont les parlementaires dans la chaine de prise des décisions. «Nous parlementaires aurions souhaité que le rapport que produit ce comité (de l’Anif Ndlr) semestriellement et annuellement puisse également être disponible annuellement afin que nous sachions exactement quelles sont les identifications qui y sont faites au niveau des flux financiers illicites afin de mieux contrôler ce que fait le gouvernement», fait savoir le sénateur Ngayap.

    Joseph Julien Ondoua Owona

  • Un débat inutile sur l’Afrique en France

    Un débat inutile sur l’Afrique en France

    Le 21 novembre 2023, était prévu en France un débat parlementaire sur “la stratégie de la France en Afrique et au Sahel”.
    Je ne sais pas si ce débat a eu lieu et s’il a débouché sur des décisions courageuses comme reconnaître les nombreux torts causés aux Africains, fermer toutes les bases militaires françaises installées en Afrique, cesser de fabriquer le franc CFA, etc.
    Mais, entre nous, à quoi sert-il d’organiser 100 ou 1000 débats si on n’est nullement prêt à abandonner l’hypocrisie, la duplicité, le paternalisme, l’arrogance qui ont toujours caractérisé la France dans son rapport aux pays africains? Quelle est l’utilité de débattre si on refuse de reconnaître et de réparer les atrocités commises pendant 6 siècles sur le sol africain?
    À mon avis, seul un débat franc et honnête entre Africains et Français serait plus crédible et plus utile. Un débat où on permettrait aux Africains les plus lucides et les plus critiques de prendre la parole.
    En optant pour un débat entre Français, les autorités françaises apportent une mauvaise solution à un vrai problème.
    Ma proposition : Et si on marquait une pause dans la relation entre la France et ses ex-colonies? Et si chacun restait un peu chez lui? Peut-être verrait-on alors qui aide qui ou bien qui dépend de qui. En tous les cas, le Mali, le Burkina et le Niger ont commencé à faire ce que doit faire un garçon quand il n’est pas d’accord avec la manière dont il est regardé et traité par celui qui prétend être son ami. Et cela me remplit d’une grande joie.
    Jean-Claude Djéréké
  • Mora : Boko Haram tue 2 douaniers et un policier

    Mora : Boko Haram tue 2 douaniers et un policier

    Le drame est survenu aux premières heures du 30 mai 2023.
    Attaque de Boko Haram cette nuit à un poste de contrôle sis à l’entrée nord de Mora
    Nuit tachetée de sang à Mora dans le Mayo-Sava (Extrême -Nord). Lovet Ebongue, Dogmo Tawamo  et Nana Nourou ont été tués au cours d’une attaque perpétrées contre le poste de contrôle mixte, sis à l’entrée de la ville de Mora. Selon Roger Saffo, préfet du Mayo-Sava, les deux premiers étaient des préposés des services de douanes camerounaises. Le dernier était inspecteur de police de 2e grade, et était en service au commissariat de sécurité publique de Mora. Leurs armes et objets de valeur ont été emportés.
    À en croire l’autorité administrative, un civil identifié sous le nom de Lakama a également été tué. De sources concordantes, l’attaque porte la signature de Boko Haram.
    D’après Roger Saffo, les infortunés ont été surpris à leur poste de travail aux encablures de 2 heures du matin.  » Je crois que c’était Boko Haram. Ils sont arrivés à bord de motos », raconte un jeune vendeur de vivres. Ce dernier parle d’une attaque éclair au vu du temps mis « ( 5 minutes ») par les assaillants pour boucler keur forfait.
     » Depuis longtemps,  on n’avait plus entendu parler de Boko Haram dans la ville », signale un riverain du poste de contrôle. Une enquête est ouverte.
    Jean René Mevaa Amougou à Maroua 
  • Politique de l’industrie du livre en Afrique: les disparités demeurent nonobstant des avancées

    Politique de l’industrie du livre en Afrique: les disparités demeurent nonobstant des avancées

    Tchadiens, Gabonais, Sénégalais et Ivoiriens présentent le visage dual du secteur de l’industrie du livre. Et pensent saisir l’opportunité qu’offre le Salon international de l’industrie de Yaoundé.

    L’industrie du livre ne se développe pas au même rythme en Afrique. De nombreuses disparités sont observées entre les pays. «L’industrie du livre au Tchad ne se porte pas mieux, déjà que les écrivains sont peu nombreux. Et en plus, la lecture est en plein déclin et cet aspect s’aggrave avec le faible taux de scolarisation qui ne facilite pas les choses. À cela s’ajoutent les coûts du livre aussi, étant donné que la plupart des industries, notamment l’imprimerie sont naissantes», explique Dorina Betolngar auteur de la délégation du Tchad. Et de poursuivre: «le livre a encore des jours pénibles. Néanmoins des efforts sont faits; il m’a fallu deux ans pour rencontrer la maison d’édition Salon des Belles Lettres, qui fait un travail à but non lucratif; cette maison d’édition facilite la tâche aux jeunes auteurs». C’est le même constat au Gabon. «L’industrie du livre n’est pas encore développée, les écrivains et les éditeurs se battent beaucoup. Cette année, on parle de la deuxième édition du festival international du livre du Gabon, qui se tiendra au mois de mai. C’est une industrie qui est en train de croitre», fait savoir Frida Nelly Nzoubou, responsable communication au musée national du Gabon. Au Sénégal, «de nos jours, des lenteurs observées dans l’industrie du livre sont partout. Sauf que le Sénégal a beaucoup de possibilités et du potentiel. Tout fonctionne parce qu’on a suffisamment d’activités autour de l’industrie du livre. En plus, il faut souligner le soutien de l’État pour la culture. Les Sénégalais aiment lire ou à reprendre en pièce théâtrale ce que les autres ont fait», lance Black Yaye Fall, artiste-comédienne, slameuse, et conteuse. Le son de cloche est le même en Côte-d’Ivoire «à la différence qu’il y a des divisions voire des clans, il y a tout un formalisme déjà établi, nous utilisons d’autres voies en s’imposant avec les nouvelles réalités du digital», lance l’ivoirienne Christelle Mangré Akossi, auteure de Conscience Nouvelle.

    Enjeux
    Le Salon international de l’industrie du livre se présente comme une plateforme de rencontre. Il charrie de nombreux enjeux. «Nous venons faire du réseautage, se faire connaitre, le livre permet de voyager, passer son message, et se déployer en Afrique. Je viens d’abord pour défendre le drapeau de la Côte-d’Ivoire; cela permet de s’insérer dans le panafricanisme bien vécu, qui veut qu’il soit un réseau fort de la culture, des festivaliers et d’auteurs qui s’installent dans une vague pas très formaliste», lâche Christelle Mangré Akossi. Plus loin, Dorine Betolngar explique: «le livre est un outil qui a tellement de vertus et qui demande un cadre pour le valoriser. Mon premier intérêt est de participer au salon pour valoriser le livre et la lecture, en tant que auteur. Ceci offre un cadre de brassage entre les différentes nationalités, au-delà du continent africain, quoi de mieux de venir à ce grand concert du livre pour montrer ce que nous produisons au Tchad en termes de littérature». L’industrie du livre demande à s’accrocher surtout avec la venue de l’internet. «L’intérêt pour le livre ici, c’est pour dire que le papier ne disparaitra jamais, il y a la fracture numérique», conclut Frida Nelly Nzoubou.

    Sur le même sujet: Développement de l’industrie du livre en Afrique: les bonnes feuilles se lisent à Yaoundé

    Olivier Mbessité

  • Un discours qui n’a convaincu personne en Afrique

    Un discours qui n’a convaincu personne en Afrique

    Le 27 février 2023, avant de se rendre dans 4 pays africains (Gabon, Angola, Congo-Brazzaville et République démocratique du Congo), Emmanuel Macron a annoncé que l’Afrique n’est plus le pré carré de la France, que l’ l’arrogance française devrait faire place à la modestie, que les bases militaires françaises présentes sur le continent sans l’avis des populations africaines seraient désormais cogérées par les Français et les Africains. Des annonces qui n’ont convaincu personne en Afrique. Pourquoi ? Parce que ce blablabla a déjà été entendu. En effet, avant Macron, Hollande et Sarkozy avaient fait campagne, entre autres, sur la fin de la Françafrique, « cette nébuleuse de réseaux occultes et de liens personnels tissés au fil des années entre les chefs d’État africains et français », mais , sitôt élus, comment se comportèrent-ils ? Ils jetèrent leurs beaux discours dans la poubelle pour s’acoquiner avec des présidents dictateurs, assassins et tripatouilleurs de constitutions. On les vit serrer, « sans ombre ni trouble au visage », des mains couvertes du sang des Africains, dérouler le tapis rouge à des individus au pouvoir depuis 20 ou 30 ans. Sarkozy poussa l’incohérence plus loin en mettant fin en mars 2008 aux fonctions de Jean-Marie Bockel qui, deux mois plus tôt, avait laissé entendre qu’il avait hâte de signer l’acte de décès de la Françafrique. On comprit alors que ni François Hollande ni Nicolas Sarkozy n’étaient différents de Jacques Chirac qui en janvier 2003 obligea Laurent Gbagbo à prendre dans son gouvernement des rebelles ayant attaqué et divisé la Côte d’Ivoire ou de François Mitterrand qui limogea Jean-Pierre Cot qui avait menacé de couper « l’aide française » à tout président africain qui ne respectait pas les droits de l’homme dans son pays. Bref, l’aggiornamento de « la politique africaine de la France » promet à maintes reprises ne fut jamais au rendez-vous.

    Les jeunes, qui contestent de plus en plus la présence de la France à Dakar, Bamako, Abidjan, Ouaga, Niamey, Lomé, Cotonou, Yaoundé, Brazzaville ou N’Djamena ont bien rigolé en écoutant le président français. Ils estiment que seul un imbécile peut croire à ce galimatias et que ceux qui y accorderont le moindre crédit finiront comme Meka, le héros de « Le vieux nègre et la médaille » de Ferdinand Oyono car l’exercice auquel s’est vendu le locataire de l’Élysée n’est rien d’autre qu’une opération de charme. Pour la jeunesse africaine consciente, il ne s’agit ni de réduire les effectifs militaires français ni de cogérer les bases militaires mais de les fermer purement et simplement et d’envoyer les soldats français en Ukraine dont la population a plus de ressemblance que les Noirs avec celle de France,

    Le 16 juillet 1995, à l’occasion du 53e anniversaire de la rafle du Vélodrome d’Hiver, Jacques Chirac reconnaît la responsabilité de la France dans la déportation vers l’Allemagne des Juifs de France. Macron, lui, continue de penser et d’affirmer qu’il n’a pas connu la colonisation, qu’il n’est nullement comptable de ses nombreux crimes et qu’il est donc hors de question qu’il présente des excuses. Mais à quoi bon parler de nouveau partenariat si on est intimement persuadé que seuls les Juifs ont droit à un mea culpa, que tout est de la faute des Russes si la France perd chaque jour du terrain dans ses ex-colonies, si on n’ n’est pas scandalisé par le fait que le Niger, producteur de l’uranium qui a enrichi Areva, est l’un des pays les plus pauvres du monde ?

    Je souhaite évidemment un renouveau dans les relations entre la France et les pays africains mais, en écoutant Emmanuel Macron, en prêtant attention à ses gestes et mouvements, je n’ai pas eu l’impression que son pays était prêt à abandonner son arrogance, son mépris et sa volonté de domination.

    Jean-Claude DJEREKE

  • Cholera: le nombre de nouveaux cas en hausse

    Cholera: le nombre de nouveaux cas en hausse

    L’Afrique connaît une augmentation exponentielle des cas de choléra dans un contexte de flambée mondiale, alors que le nombre des cas enregistrés sur le continent au cours du premier mois de 2023 a déjà atteint plus de 30 % du nombre total de cas enregistrés sur l’ensemble de l’année 2022, a indiqué l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un communiqué publié jeudi.

    Selon le bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, basé à Brazzaville, capitale de la République du Congo, environ 26.000 cas et 660 décès ont été signalés au 29 janvier dans dix pays africains confrontés à des épidémies depuis le début de l’année.

    Près de 80.000 cas et 1.863 décès ont été enregistrés dans 15 pays touchés en 2022, tandis que 141.467 cas et 4.094 décès ont été enregistrés en 2021.

    L’OMS a averti que si la tendance actuelle à la hausse rapide se poursuit, les infections de cette année pourraient dépasser le nombre de cas enregistrés en 2021, la pire année pour le choléra en Afrique depuis près d’une décennie. Le taux de létalité moyen, qui s’élève actuellement à près de 3 %, est supérieur aux 2,3 % atteints en 2022 et largement supérieur au seuil acceptable fixé à moins de 1 %.   La majorité des nouveaux cas et des décès a été enregistrée au Malawi, un pays qui est confronté à sa pire épidémie de choléra depuis deux décennies. Les voisins du Malawi, en particulier le Mozambique et la Zambie, ont aussi signalé. des cas récemment. En Afrique de l’Est, l’Ethiopie, le Kenya et la Somalie font face à des épidémies dans un contexte de sécheresse sévère et prolongée qui a mis des millions de personnes dans une situation de besoin urgent d’assistance. Le Burundi, le Cameroun, la République démocratique du Congo et le Nigéria ont aussi rapporté de cas.

    « Nous assistons à un scénario inquiétant dans lequel les conflits et les phénomènes climatiques extrêmes aggravent les facteurs de risque du choléra et augmentent son impact sur les vies », a déclaré Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « Il est essentiel que les pays africains amplifient leur préparation pour détecter rapidement les cas et mettre en place une riposte complète et rapide. Nous apportons un appui aux gouvernements pour qu’ils renforcent les principales mesures de lutte visant à enrayer ces épidémies le plus tôt possible », a-t-elle ajouté.

    Les épidémies de choléra en Afrique se produisent dans le contexte d’événements climatiques extrêmes, de conflits, d’autres épidémies en cours telles que le poliovirus sauvage, ainsi que de ressources financières limitées et d’un personnel de santé mis à rude épreuve en raison de la réponse à la pandémie de COVID-19.

    Avec Xinhua

  • Théodore Monod et les corsaires du désert

    Théodore Monod et les corsaires du désert

    Si l es côtes africaines ont été un nid de corsaires, l’Unesco a révélé des éléments de concordance entre navigateurs et hommes du désert grâce à un entretien réalisé par Théodore Monod. À l’âge de 91 ans, il entama une dernière expédition au contact des peuples « corsaires du désert ».

     

    Théodore Monod est un scientifique, biologiste naturaliste, explorateur, érudit et humaniste français. Il est le grand spécialiste français des déserts, l’un des plus grands spécialistes du Sahara au XXe siècle et bon nombre de ses 1 200 publications sont apparues comme des œuvres de référence. Après de nombreuses traversées éprouvées du désert du Sahara en Afrique, Théodore Mono d se consacra au désert libyen. En 1993, à l’âge de 91 ans, il entama une dernière expédition dans la Majabat al
    Koubra, le désert des déserts. A l’issue de celle ci Théodore Monod descendit pour la dernière fois de son chameau. Le Courrier de l’Unesco avait publié en 1994 un entretien où il défendait le peuple touareg, « ces corsaires du désert » dont il admirait le nomadisme. Cette métaphore corsaire mérite d’être approfondie car elle est la source d’une grande créativité littéraire mais aussi d’un voyage des profondeurs de l’histoire humaine aux aspirations du futur.
    En Loire Atlantique, on associe le port de Cordemais à l’origine latine : « Cor Maris » autrement dit « Cœur de Mer ». Son centre de découvertes, Terre d’Estuaire est l’un des rares lieux d’ interprétation thématique en Europe à la croisée de la puissance corsaire de Jacques Cassard et des vents porteurs de Jules Verne. L’espace saharo sahélien est un lieu idéal pour débattre du parallélisme étonnant entre ces deux personnages. En Bretagne, p lusieu rs temples de la connaissance y contribuent comme la médiathèque Théodore Monod de Betton (Ille et Vilaine) ou encore le rue Théodore Monod de Saint Malo, berceau des industries créatives et culturelles de la côte d’Emeraude. Sans oublier, le lycée français de Théodore Monod d’Abu Dhabi, interprété en 2006 par Nicolas Sarkozy .

    Moins connu que son cousin Surcouf, le corsaire de l’estuaire de la Loire, Jacques Cassard, fut chargé en 1710 par le secrétaire d’État français Pontchartrain de protéger des convois de b lé venant de Tunisie vers la France menacée de famine. Le petit âge glaciaire du XVIIe siècle sévissait sous l’Ancien régime avec une succession d’hiver glacial et d’été pourri. Le froid atteignait 25 °C en rase campagne et il gelait dans les chaumières. L’adversité corsaire permit de venir en aide à cette crise de subsistance. Et nourrir la créativité littéraire de Jules Verne. En 1905, année de la mort de l’écrivain, son dernier roman : « L’Invasion de la mer », est garanti à l’utopie des bâtisseurs d’une seconde Méditerranée en plein Sahara. L’énorme évaporation produite par le soleil saharien, renforcée par les vents du Sud vers les crêtes élevées de l’Aurès, irait s’y réparer en pluies, y créer des sources, y ramener la fertilité qui faisait jadis des plateaux de Sétif le Grenier de Rome. Vigies ou lanceurs d’alerte de la diplomatie du climat, les corsaires du désert existent ils toujours ? Après son Youth Summit : Y7, la Présidence allemande du G7 a relancé une campagne Corsaires du plastique . Cette initiative allemande associe désormais le Portugal et la Slovénie : https://www.plastic-pirates.eu/ fr dans la lutte contre les déchets plastiques. Les outils de vulgarisation et de médiation scientifique de cette campagne éco citoyenne pourraient être inspirateurs des stratégies de valorisation de la perliculture et de l’économie circulaire en Afrique et dans l’ océan indien . Pendant longtemps, le cauri a été un coquillage utilisé comme monnaie dans une grande partie de l’Afrique et de l’océan Indien. Le principal fournisseur était aux Maldives, qui conservait encore ce coquillage comme symbole sur tous ses billets de banque. Certains États africains (Bénin, Burkina Faso) utilisent encore les cauris en complément de leur monnaie. Ce coquillage a été choisi comme emblème de la banque malienne ne de développement.

    Longue vie aux corsaires du désert et de la circularité.

    Kévin LOGNONE

  • Afrique-Occident: reconquérir notre liberté et notre souveraineté en prenant un autre chemin

    Afrique-Occident: reconquérir notre liberté et notre souveraineté en prenant un autre chemin

    La visite des mages, ces savants venus d’Orient, à l’enfant Jésus, on peut en tirer différentes leçons. L’une d’entre elles sera proposée à la fin de ce post. Mais, bien avant, je voudrais répondre aux questions suivantes:

    Quelle place Hérode le Grand occupait-il dans la société? Quel genre d’homme était-il? Quelles intentions avait-il à l’égard de Jésus? Hérode était le roi de Judée, titre qu’il obtint de l’empire romain grâce à ses nombreux pots-de-vin. Il était connu pour sa cruauté comme le montrent la manière dont il traita sa propre famille (enfants et belle-famille) et le massacre des innocents. C’était surtout un homme jaloux, c’est-à-dire incapable de supporter la présence et la réussite d’une autre personne à côté de lui. Il voulait briller seul, être la seule personne qui soit connue et reconnue, qui soit admirée et aimée. Sa philosophie pourrait se résumer dans cette formule : tout pour lui et rien pour les autres. Son intention était donc de tuer le roi des Juifs bien qu’il fît croire aux mages qui s’étaient arrêtés chez lui qu’il voulait se prosterner, lui aussi, devant l’enfant Jésus. Hérode avait peur de Jésus. Il le voyait comme une menace, comme un dangereux concurrent.

    De nos jours, qui joue le même rôle que le roi Hérode ? Qui ne nous veut pas du bien ? Qui pille nos richesses sans aucune contrepartie ? Qui a mis des hommes de paille à la tête de nos pays ? Qui se proclame amis des Africains tout en les poignardant dans le dos ? Les dirigeants occidentaux.
    À la fin du récit de la visite des mages, l’évangéliste Matthieu écrit que, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ceux-ci regagnèrent leur pays par un autre chemin.

    La traite occidentale qui dura 3 siècles, la colonisation et les 60 ans des pseudo-indépendances sont nos avertisseurs. Ces douloureux événements devraient ouvrir l’intelligence des Africains et conduire chacun de nous à comprendre que nous ne pouvons qu’emprunter un autre chemin si nous ne voulons pas disparaître, si nous voulons nous faire respecter. Mais, avant de s’engager sur un autre chemin, il est nécessaire d’abandonner l’ancien. L’ancien chemin, c’est notre naïveté, notre propension à composer avec Hérode pour tuer nos propres frères dès qu’un désaccord surgit entre nous, notre manque de solidarité, notre tendance à vouloir que Dieu fasse les choses à notre place, les dévotions et jeûnes qui ne sont pas suivis d’actions contre l’injustice et la dictature, le complexe d’infériorité qui nourrit certains parmi nous.

    Le Centrafrique, le Mali et le Burkina sont en train de nous montrer qu’il est possible de prendre un autre chemin, qu’il existe une autre façon de se comporter avec Hérode.

    L’épiphanie, c’est la manifestation de Dieu. Et Dieu qui a créé tous les hommes égaux se manifeste aujourd’hui dans les actes et décisions des dirigeants centrafricains, maliens et burkinabè. Ne Le cherchons pas ailleurs. Il nous appelle à de nouveaux comportements. Il nous veut lucides, libres et debout.

    Jean-Claude Djereke

  • Les relations Afrique-Etats-Unis dans un monde entre décomposition et reconstruction

    Les relations Afrique-Etats-Unis dans un monde entre décomposition et reconstruction

    Une analyse de Dr Christian Pout, Ministre Plénipotentiaire, Président du Think Tank
    CEIDES, Visiting Associate Professor– Directeur du séminaire de Géopolitique
    Africaine, Catholic Institute of Paris.

    Comment se présente le partenariat Afrique/ Etats-Unis deux ans après l’arrivée
    du Président Joe Biden à la Maison Blanche?
    L’arrivée du 46ème Président des Etats-Unis d’Amérique, Joe Biden, en novembre 2020 à la Maison Blanche, a induit une évolution assez positive des rapports entre l’Afrique et les EtatsUnis.  S’il fallait se résumer en quelques mots, je dirai que les relations américano-africaines ont connu une nouvelle dynamique après une ère marquée par des bizarreries trumpiennes. Ces relations sont plus apaisées, assurément plus affirmées, vraisemblablement plus diversifiées, voire plus conviviales. L’équipe du Président Joe Biden s’est attelée à restaurer le blason américain sur plusieurs plans, notamment en matière de politique étrangère en Afrique. Il y’a donc là une nette démarcation, une rupture avec le précédent Gouvernement. Néanmoins, l’un des rares sujets où l’on peut encore entrevoir une sorte de continuité de Donald Trump à Joe Biden est bien sûr la volonté clairement affichée de ces deux Présidents de sauvegarder ou mieux, d’étendre l’influence stratégique des Etats – Unis en Afrique. Ceci
    en veillant principalement à contrer et devancer la percée chinoise et russe sur le continent, en particulier dans un contexte où même les alliés traditionnels sur lesquels les Etats-Unis pouvaient s’appuyer à l’exemple de la France ou du Royaume-Uni, perdent de plus en plus de terrain.

    Malgré les gestes d’ouverture du Président Biden, le renouveau des relations extérieures focalisées sur l’Afrique qu’il promeut, qu’elles soient diplomatiques, économiques, commerciales et sécuritaires, souffre encore quelque peu de ce que Maya Kandel, responsable du programme sur les États-Unis à l’Institut de Recherches Stratégiques de l’Ecole Militaire (IRSEM), a appelé «les dogmes de la stratégie américaine en Afrique». Il s’agit selon elle des pesanteurs idéologiques, stratégiques et opérationnelles qui ont plombé la politique américaine en Afrique depuis les années 1990 avec plus ou moins de constance jusqu’au début des années 2000 et après. A sa suite, d’autres auteurs ont affirmé que l’Afrique n’était pas vraiment considérée comme une priorité stratégique des Etats-Unis. C’est pourquoi, ils y limitaient leur ancrage au sol, par une présence militaire et assistance discrète, et préconisaient que des «solutions africaines soient trouvées aux problèmes africains». Le point culminant de ce qui pouvait donc apparaître comme une politique américaine en Afrique désincarnée a été symbolisé par le passage du républicain Donald Trump à la Maison Blanche. Il ne me paraît pas nécessaire de revenir sur les actes et propos regrettables posés par ce dernier, et qui ont malheureusement contribué à renforcer le doute au sein de la classe politique et des populations africaines sur les intentions réelles des Etats-Unis en Afrique. Fort heureusement, l’équipe de Joe Biden s’efforce de changer les perceptions, tout en posant les jalons d’un nouveau partenariat avec l’Afrique. C’est ce qui explique entre autres, le fait que le deuxième Sommet Afrique – Etats-Unis qui se tient à Washington soit aussi couru après celui de 2014 organisé par Barack Obama, un autre démocrate. Déjà, je tiens à rappeler que ce Sommet qui est un moment privilégié d’échanges et de prise de contact entre acteurs américains et africains exerçant à des niveaux de responsabilités très élevés, aussi bien dans le public comme dans le privé, n’est en réalité que l’aboutissement d’une politique de (re)conquête et de séduction de la communauté afro-américaine et de l’Afrique, dont les contours se laissaient déjà voir depuis la campagne présidentielle de 2020 menée par le camp Biden.

    En effet, le programme de cette campagne était « America is back », entendez l’Amérique est de retour, et compte bien refaire bouger les lignes aux plans économique et politique, et surtout faire entendre ou plutôt prévaloir sa voix sur la scène internationale. Durant celle-ci, Joe Biden avait alors exprimé sa volonté de faire évoluer les relations entre son pays et l’Afrique. Au-delà des clichés et préjugés misérabilistes et conflictogènes sur l’Afrique auxquels il n’adhérait pas pour s’être fait sa propre idée de la réalité au gré de ses voyages, il avait construit une véritable stratégie pour conquérir la communauté afro-américaine et la diaspora africaine. Il s’était engagé envers elles à éliminer les restrictions anti-immigration contre les pays musulmans, y compris ceux situés en Afrique (le Nigeria, le Soudan et la Tanzanie), à remettre sur orbite et à renforcer un programme pour la jeunesse africaine, Yali (Young African Leaders Initiative), qui avait été mis en place par l’équipe de Barack Obama en 2010. Et par ailleurs, à mobiliser les meilleures compétences pour le conseiller sur l’Afrique. C’est pourquoi dans son équipe de conseiller(e)s pour la campagne, plusieurs membres avaient déjà eu à occuper de hautes fonctions sur et/ou pour le continent autant sur le plan diplomatique que sécuritaire. En analysant ses postures de l’époque, on se rend à l’évidence que le discours de Joe Biden avait des accointances avec celui de ses devanciers et collait groso modo aux objectifs globaux des Etats-Unis.

    Ses orientations politiques à l’extérieur qui s’inscrivaient sur les traces de quelques-uns de ses
    prédécesseurs annonçaient alors les couleurs d’une intense activité diplomatique à venir.
    Celle-ci devait tirer profit des instruments de politique étrangère qui avaient fait leurs preuves,
    pour (re)positionner les Etats-Unis au devant de la scène africaine. S’il est vrai que la création en 2007 du Commandement américain pour l’Afrique (AFRICOM) avait permis aux Etats-Unis de jouer un rôle prépondérant sur les questions militaires et sécuritaires sur le continent, c’est davantage les programmes de coopération phares mis en place par ses homologues que Joe Biden entendait capitaliser. On peut mentionner à cet égard, l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) créé en 1999 sous la présidence de Bill Clinton ; le President’s Emergency Plan for AIDS Relief (PEPFAR) créé en 2003 sous l’administration Bush et destiné à favoriser l’accès à la santé sur plusieurs années avec plus de 15 milliards de dollars ou encore le Global Hunger and Food Security Initiative établi par le président Barack Obama en 2009. Avec le soutien du Congrès, Barack Obama avait aussi pu lancer l’initiative «Power Africa», un programme de plus de 7 milliards de dollars destiné à développer l’électrification du continent et fournir l’électricité à près de 60 millions de foyers. En termes d’alignement sur les objectifs globaux des Etats-Unis en Afrique, Joe Biden semble là encore, malgré une touche d’originalité, partager les axes clés énoncés en 2012 par l’Administration Obama, à savoir : le renforcement des institutions démocratiques locales ; le soutien à la croissance économique, au commerce et à l’investissement ; la progression de la paix et de la sécurité ; la promotion «des opportunités et du développement».

    C’est dans le cadre de ces axes que s’articule aussi la Stratégie américaine pour l’Afrique depuis la prise de fonction officielle de Joe Biden. Avant de m’étendre sur cette dernière, je crois qu’il est intéressant de dire un mot sur les actes d’autorité et gestes symboliques à forte  portée posés par Joe Biden, et qui apparaissent comme une forme de reconnaissance à la fois de l’importance et du potentiel de la communauté afro-américaine et de l’Afrique. Lors de leur cérémonie d’investiture en janvier 2020, le Président Joe Biden et sa Vice-présidente Kamala Harris, avaient choisi le titre à succès «Destiny» du chanteur nigérian Burna boy dans la playlist officielle de 46 morceaux. Ensuite, en février, soit un mois après son arrivée à la Maison Blanche, Joe Biden avait choisi d’envoyer pour son premier discours auprès d’une instance internationale en tant que Président, un message vidéo aux présidents africains à la veille du 34e Sommet de l’Union africaine (UA). Il assurait alors que pour l’Afrique, les Etats-Unis sont «un partenaire dans la solidarité, le soutien et le respect mutuel». Au plan purement bureaucratique, Joe Biden a su s’entourer pour donner sens à sa politique, de personnes fins connaisseuses de l’Afrique et même des enfants du continent. Il a par exemple nommé Linda Thomas Greenfield, une diplomate chevronnée, qui a été en poste dans plusieurs pays africains, Ambassadrice américaine à l’ONU, avec rang de Ministre ; Samantha Powers, Ambassadrice à l’Agence internationale de Développement, et Dana Banks, ancienne diplomate en Afrique du Sud au Conseil National de Sécurité. Mais surtout, je crois que les nominations les plus remarquées ont sans doute été celles de Wally Adeyemo, 39 ans, Secrétaire adjoint au Trésor, et d’Osaremen Okolo, 26 ans, Conseillère dans la Team anti-Covid-19 du Président Biden, tous deux d’origine nigériane.

    En plus de ces innovations managériales, je peux dire que Joe Biden n’a cessé de montrer les signes d’un profond attachement au continent. C’est ce qui explique aussi le balai diplomatique effectué par ses collaborateurs en Afrique. Qu’ils s’agissent du Secrétaire d’Etat Antony Blinken, de la Sous-secrétaire d’État Wendy Sherman, de la Secrétaire d’État adjointe chargée des Affaires africaines, Molly Phee ou encore de la Directrice principale du Conseil de sécurité nationale pour l’Afrique, Dana Banks. Le Secrétaire d’Etat Antony Blinken a par exemple été au Kenya, au Nigéria, au Sénégal, ainsi qu’en Afrique du Sud, en République démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda. Il a de même pris part à des rencontres de haut niveau, notamment, à la foire internationale d’Alger en juin 2022, au cours de laquelle les Etats-Unis étaient à l’honneur ou encore, au Maroc, lors de la tenue de la 14ème édition du
    Sommet des affaires États-Unis – Afrique en juillet 2022, placée sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et organisée par le Gouvernement marocain, en partenariat avec le Corporate Council on Africa (CCA). Ce dernier événement qui avait pour thème «Bâtir l’avenir ensemble – le futur» a connu la participation d’une importante délégation gouvernementale américaine, de ministres africains et de décideurs des plus grandes multinationales américaines et des milieux d’affaires africains. On a ainsi pu recenser la participation de 1.500 responsables, dont 80% issus du secteur privé, six ministres des affaires étrangères ainsi que plus de vingt ministres représentant des secteurs différents et plus de cinquante pays africains. Plus de 450 entreprises américaines étaient présentes et plus de 5.000 mises en relation ont été initiées entre des représentants des secteurs public et privé. C’est d’ailleurs en Août 2022 à Pretoria en Afrique du Sud, que le Secrétaire d’Etat Anthony Blinken, a égrené durant son discours à l’Université de Pretoria, les principaux piliers de la Stratégie américaine envers l’Afrique subsaharienne.

    Contrairement à la stratégie de décembre 2018 implémentée par l’administration Trump, qui se voulait plus sélective et orientée sur la sécurité, la nouvelle stratégie des Etats – Unis repose sur le postulat selon lequel «l’Afrique subsaharienne est une force géopolitique majeure, qui a façonné notre passé, façonne notre présent et façonnera notre avenir». Elle souligne l’importance de la démographique croissante de l’Afrique, son poids à l’ONU de même que la diversité de ses nombreuses ressources naturelles et opportunités. Pour les cinq prochaines années, cette stratégie reposera sur quatre objectifs, entre autres : favoriser les sociétés ouvertes; offrir des dividendes démocratiques et en matière de sécurité; travailler au redressement après la pandémie et sur les opportunités économiques; soutenir la préservation et l’adaptation au climat et une transition énergique juste. A l’observation, il semble que le calibrage de cette stratégie ait tenu compte des priorités continentales telles qu’énoncées dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA). De ce fait, la mise en œuvre des programmes américains consacrés à l’Afrique et particulièrement de la stratégie américaine en Afrique laisse penser que le nouveau partenariat Afrique – Etats-Unis peut avoir des impacts plus concrets capables d’accélérer l’atteinte des objectifs de développement du continent. Je relève que ces deux dernières années, beaucoup de choses ont évolué. Je note une multiplication des projets transformateurs. Pour ne citer que quelques exemples, l’initiative Prosper Africa a permis depuis 2019 de conclure 800 accords d’une valeur globale de 50 milliards de dollars entre les Etats-Unis et des pays africains dans les domaines du commerce et de l’investissement. La MCC, Millennium Challenge Corporation, l’agence de développement américaine, a quant à elle investi quelques 8,85 milliards d’euros dans 25 pays d’Afrique depuis 2004. En matière de connectivité, grâce au soutien des Etats-Unis et à la collaboration du Gouvernement et des entreprises, le Mozambique est devenu le premier pays africain à utiliser sous licence la technologie Starlink de SpaceX. Une technologie qui recourt aux satellites pour fournir un service Internet, et contribuer à élargir l’accès et à réduire les coûts correspondants pour les habitants des zones rurales du pays. De même, la Société de financement du développement international des États-Unis a investi près de 300 millions de dollars dans le financement du développement, de la construction et de l’exploitation de centres de données en Afrique, notamment en Afrique du Sud. Un contrat de 600 millions de dollars avait ainsi été attribué pour la construction d’un câble de télécommunications sous-marin qui s’étendra sur plus de 17 000 kilomètres – de l’Asie du Sud-Est au Moyen-Orient, en passant par la Corne de l’Afrique et l’Europe, pour offrir des connexions à haut débit, fiables et sécurisées pour les populations de tous les continents. Dans le domaine de la sécurité alimentaire les Etats-Unis se sont engagés à travers l’initiative Feed the Future à investir 11 milliards de dollars sur cinq ans dans 20 pays partenaires, dont 16 en Afrique. Une autre initiative lancée avec la collaboration des Émirats arabes unis devait aussi contribuer à stimuler les investissements et l’innovation dans l’agriculture intelligente
    face au climat. Concernant la santé, le PEPFAR qui a bénéficié de plus de 100 milliards de dollars de financement a contribué à sauver la vie d’environ 21 millions de personnes, et faciliter la naissance de cinq millions et demi de bébés séronégatifs. A ce jour, le PEPFAR finance 70 000 cliniques, 3000 laboratoires, 300000 agents de santé et d’innombrables ambassadrices DREAMS, qui aident à protéger les adolescentes et les jeunes femmes du VIH.

    De plus, durant la crise coronale, les Etats-Unis ont eu à fournir gratuitement plus de 170 millions de doses de vaccins COVID aux pays africains. Des financements américains ont aussi été engagés dans la construction des installations de production de vaccins au Sénégal. Toujours en lien avec les vaccins, la National Institution of Allergy and Infectious Diseases des États-Unis s’est associée à Afrigen, un organisme sud-africain pour partager son expertise technique en matière de développement de vaccins à ARNm de nouvelle génération, ainsi qu’en matière de traitements. Pour aider les pays africains à faire face au changement climatique, les Etats-Unis apportent également leur accompagnement. Au Ghana par exemple, les partenariats noués ont permis de lancer la construction de la première centrale hybride solaire-hydraulique d’Afrique de l’Ouest. Cette dernière permettra d’améliorer la fiabilité, de réduire les coûts et d’éliminer plus de 47 000 tonnes d’émissions chaque année. De même au Kenya, où 90 % de l’énergie provient de sources renouvelables, les entreprises américaines ont investi 570 millions de dollars dans les marchés de l’énergie hors réseau, et créé 40 000 emplois verts. La jeunesse africaine est elle aussi au cœur des programmes américains. Le réseau YALI qui fournit aux jeunes leaders africains des outils, des ressources, et des interactions virtuelles, compte aujourd’hui plus de 700 000 membres, un nombre qui va grandissement. A terme ce programme pourrait aider à substantiellement renforcer l’esprit critique des jeunes du continent.

    Quels sont les objectifs et attentes des deux parties relativement au prochain
    Sommet Afrique/ Etats-Unis?
    Le Sommet des dirigeants Afrique – États-Unis qui s’est ouvert ce 13 décembre, marquera probablement un tournant dans les relations entre la première puissance mondiale et le continent. Plus que des espoirs, il suscite de grosses attentes pour les deux parties à brève et longue échéance. Je pense que le fait pour les Etats-Unis de focaliser leur vision sur «le dialogue, le respect des valeurs partagées ou des valeurs communes», est une position qui peut retenir l’attention des leaders africains, même si cela tarde encore à bien se matérialiser dans les faits. Mais déjà, je remarque que les desseins collaboratifs annoncés par les EtatsUnis cadrent bien avec les priorités de l’agenda africain actuel influencé par des défis internes et des perturbations externes. En effet, la démarche américaine tend à resserrer les liens avec l’Afrique en mettant l’accent sur des politiques susceptibles de favoriser une nouvelle dynamique économique ; renforcer l’engagement des États-Unis et de l’Afrique en faveur de la démocratie et des droits humains ; atténuer l’impact de la COVID-19 et des futures pandémies ; renforcer la collaboration pour la santé régionale et mondiale ; promouvoir la sécurité alimentaire ; faire progresser la paix et la sécurité ; répondre à la crise climatique ; et amplifier les liens avec la diaspora. Le sommet qui se tient à Washington se présente alors comme un laboratoire pluridisciplinaire où les acteurs gouvernementaux, la société civile, les communautés de la diaspora et le secteur privé, devront concevoir les premières formules à administrer pour parfaire le renouveau de la relation américano-africaine. A ce propos, je constate que le format d’organisation est révélateur des attentes et objectifs poursuivis par le pays hôte et les partenaires africains. Les événements thématiques organisés durant les trois jours nous permettent en effet de voir par qui et comment les priorités devront être adressées.

    Permettez-moi donc de revenir brièvement sur ce que prévoit le programme. Cela améliorera aussi la lisibilité des objectifs et attentes réciproques. D’après le programme adopté de commun accord avec les parties africaines, le Sommet durera trois jours, au cours desquels une série de forums sera organisée. C’est donc dans cette logique que pour la première journée, il s’est tenu un forum des jeunes leaders africains et de la diaspora ; un forum de la société civile ; un forum sur la paix, la sécurité et la gouvernance ; un forum spatial civil et commercial États-Unis-Afrique ; ainsi que des sessions sur le climat, l’énergie, l’éducation, la santé et l’industrie créative. Comme on peut s’en douter, le choix des thématiques n’est pas anodin. Les Etats-Unis sont bien conscients de la place qu’occupent les jeunes dans la transformation de l’Afrique et du rôle plus grand encore qui sera le leur dans la gestion des affaires, de même que de l’importance de la diaspora africaine présente sur le territoire américain. Déjà considérée comme la sixième région de l’Union africaine, la diaspora africaine représente aussi bien un gisement de ressources, de création de richesses, qu’un éventuel contrepoids politique. Il est donc compréhensible que l’un des objectifs des Etats-Unis soit de capter les opportunités offertes par les dividendes démographiques et diasporiques venues d’Afrique. L’intérêt des autorités américaines pour une mise en synergie des acteurs de la société civile africaine et américaine s’inscrit aussi dans la poursuite de ses objectifs d’accroissement de son influence. Bien qu’elle soit qualifiée de « porte-voix de la gouvernance », la société civile est aussi une formidable voix de résonnance dont la portée du discours ne cesse de croître en Afrique, et surtout, un partenaire privilégié pour exécuter des projets au plus près des communautés africaines. La proximité des organismes de la société civile avec les acteurs locaux comporte un grand avantage. Les sujets abordés par eux comme la corruption, la violation des droit humains ou l’autonomisation des femmes et des filles etc. ont souvent permis une réappropriation par les politiques. Il ne faut donc pas sous-estimer l’impact des projets financés et/ou réalisés avec le soutien américain. Concernant les questions de paix, sécurité et de gouvernance, la présence de certaines personnalités américaines le premier jour, comme les Secrétaires d’État, de la Défense et l’Administratrice de l’Agence américaine pour le développement international traduit aussi un fort engagement en faveur du renforcement des institutions démocratiques et de la gouvernance, qui pour les Etats-Unis ont un impact sur la paix et la prospérité à long terme.

    La deuxième journée du Sommet qui débute est prévue pour être consacrée au Forum des affaires États Unis-Afrique (USABF). Il sera coiffé par le département du Commerce des États-Unis, la Chambre de commerce des États-Unis et le Corporate Council on Africa, en partenariat avec l’initiative Prosper Africa. Dans le prolongement du Sommet des affaires qui s’est tenu à Marrakech en juillet 2022, le forum se veut une plateforme où les entreprises africaines et américaines en priorité, et aussi, les acteurs étatiques, les organisations financières ou encore les chercheurs d’emploi pourront saisir les plus belles opportunités d’affaires et d’emplois en signant des contrats et en faisant du réseautage. Par ce forum, les Etats-Unis ont pour objectifs de promouvoir une croissance et un développement économiques inclusifs et durables sur tout le continent, d’accroître les flux de capitaux et d’encourager l’esprit dynamique d’entrepreneuriat et d’innovation qui prévaut dans toute l’Afrique. Il faut noter que l’inclusion recherchée ici est en partie le fruit d’une recommandation formulée à l’unanimité par les intervenants au Sommet de Marrakech. Ceux-ci défendaient alors l’idée selon laquelle l’accélération du développement économique et la prospérité passaient par la conjugaison des efforts des gouvernements, des institutions
    financières multilatérales, des institutions de financement du développement, des fonds souverains ainsi que des investisseurs du secteur privé.

    Enfin, la troisième et dernière journée sera réservée aux dirigeants. Il est prévu que le Président Joe Biden puisse s’entretenir avec les personnalités ayant fait le déplacement, sur la cinquantaine de Chefs d’Etat et de Gouvernement, ainsi qu’avec les Chefs de délégation, Représentants d’organisations régionales conviés. Durant les séquences officielles on peut présumer que le Président Biden continuera à militer pour la formation d’un bloc solide entre les Etats-Unis et l’Afrique afin de relever les défis les plus significatifs de notre époque. Il a déjà été annoncé que les Etats-Unis envisageaient d’allouer 50 milliards de dollars supplémentaires pour le financement de divers secteurs en Afrique. De grandes décisions politiques entre les deux partenaires devraient aussi être prises. Beaucoup plus loin des projecteurs, on peut s’attendre à ce que des sujets plus sensibles soient abordés en tête à tête ou en collégialité. Je pense ici à la revendication somme toute légitime de l’Afrique de voir le Conseil de sécurité de l’ONU être réformé. Cette dernière initiative a l’avantage de bénéficier du soutien des Etats Unis, l’un des membres les plus influents du Conseil de sécurité. A cette fin, l’Union africaine avait eu à publier une déclaration en 2005 où les nations africaines avaient collectivement pris une position commune sur la réforme du Conseil de sécurité. Il s’agissait du consensus d’Ezulwini qui déclinait la forme de représentation équitable prônée par l’Afrique au Conseil de sécurité : deux sièges permanents avec le pouvoir de veto, ainsi que cinq sièges non permanents. Les modalités d’une adhésion de l’Union africaine au G20 telles que suggérées par les Etats-Unis pourraient aussi être discutées. De même, les Etats africains pourraient être incités à revoir leurs positions sur la crise russo-ukrainienne au regard de l’enlisement du conflit et des répercussions sur les économies du continent, voire également, à (re)préciser le sens de leur étroite coopération avec la Chine et la Russie, deux puissances que les Etats Unis considèrent comme adversaires, pis comme une menace. Il va de soi que les Etats africains n’entendent pas être passifs ou se laisser dicter une conduite. En particulier sur les questions internationales, à l’exemple de la situation en Ukraine où l’importance de l’aide et les milliards de dollars de financement qui ne cessent d’être rapidement mobilisés, ont pu heurter certains leaders africains au regard des défis humanitaires, sécuritaires et des catastrophes qui sévissent en Afrique, mais qui pourtant ne font pas l’objet d’une aussi grande attention politique et médiatique. Malgré l’atmosphère apaisée qui règne avec les Etats-Unis et l’existence de sujets d’intérêt commun, comme la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU (UNSC) avec une admission des Etats africains comme membres permanents, la reconnaissance du poids du groupe Afrique à l’ONU, la promotion d’une égalité parfaite au sein du système international, ou encore, une meilleure insertion dans les marchés de capitaux étrangers, les Etats africains ont des objectifs et attentes particulières.

    Je crois devoir rappeler que les Etats africains sont très au fait de leurs atouts et des avantages comparatifs que ceux-ci peuvent constituer dans leur quête de développement ou rapports avec des partenaires étrangers. L’Afrique a d’immenses ressources naturelles, une diaspora dynamique, une croissance économique et démographique extrêmement rapide par endroit, la plus grande zone de libre-échange grâce à la ZLECAf, des écosystèmes très variés et diversifiés, et surtout, elle constitue l’un des plus grands blocs électoraux régionaux des Nations unies. Dans cette configuration, les objectifs et attentes africaines s’entrecroisent dans des domaines prioritaires classiques, économiques, politiques et sécuritaires, et aussi, nouveaux, en matière de changement climatique par exemple.

    Sur le volet économique, l’Afrique entend proposer des stratégies pour une orientation des investissements américains dans des secteurs jugés prioritaires conformément aux buts de l’Agenda 2063. Elle attend aussi des Etats-Unis qu’ils soient un partenaire de confiance, plus respectueux de la logique gagnant-gagnant en affaires. De sorte qu’il puisse avoir une évolution, voire révolution dans les relations commerciales américano-africaines qui demeurent très déséquilibrées au préjudice de l’Afrique, malgré l’existence des programmes successifs visant à encourager les échanges, tels que l’AGOA et les investissements, comme le Trade Africa Initiative ou Power Africa, et dernièrement, le programme Prosper Africa de l’Administration Trump. Les partenaires africains relevant du secteur privé attendent également de bénéficier d’un meilleur accompagnement pour pénétrer le vaste marché américain avec des produits totalement fabriqués en Afrique. En matière politique, comme j’ai eu à le souligner, les Etats africains veulent pouvoir s’assurer du soutien des Etats-Unis pour consolider leur place dans le système international, en particulier onusien, évidemment à des conditions raisonnables. Ils seront certainement appelés à jouer la carte de l’apaisement et à vanter les vertus du dialogue pour tenter d’infléchir les velléités que suscitent la rivalité entre les Etats-Unis, la Chine et la Russie en Afrique. Les Etats africains qui ont toujours milité pour une diversification des partenariats dans le strict respect de leur souveraineté et des normes internationales, ne souhaitent pas se retrouver en première ligne, ni continuer à subir les conséquences néfastes de la féroce bataille d’influence qui oppose les grandes puissances sur le continent.

    Au regard du climat d’instabilité et de volatilité sécuritaire qui règne actuellement en Afrique, il est probable que davantage de discussions soient menées sur ces questions. Les Etats-Unis ont déjà reconnu avoir une approche de sécurité en Afrique « globale », interministérielle, qui intègre les dimensions militaire, économique et politique, et adopté une stratégie qui s’inscrit dans une logique de renforcement des capacités des partenaires africains à la fois par le financement de nombreux programmes d’assistance destinés à renforcer les instruments de sécurité locaux ; et par le développement de la coopération sur le terrain, entre les armées américaines et leurs homologues du continent. Toutefois, un engagement plus poussé de leur part pourrait s’avérer nécessaire auprès de leurs partenaires africains pour conserver les progrès obtenus dans la lutte contre la piraterie maritime dans le Golfe de Guinée par exemple, dans la lutte contre la radicalisation, l’extrémisme violent, et contre l’islamisme radical, qui de l’Ouest à l’Est africain continue de gagner du terrain. Avec autant de défis, la réforme des modes d’intervention de l’AFRICOM et l’augmentation de ses ressources financières, logistiques et humaines deviennent une urgente nécessité. La volonté de démobilisation d’une partie des troupes de l’AFRICOM qui a un temps été annoncée devient donc contre-indiquée.

    Comment la rivalité Chine / Etats-Unis et la guerre en Ukraine affectent-elles les
    relations entre les pays africains et les Etats-Unis?
    Au risque de me répéter, j’aimerai réitérer que l’Afrique est une « zone à enjeux », un
    périmètre continental stratégique pour les Etats-Unis en raison de son potentiel, des intérêts économiques et commerciaux américains, et surtout, de la volonté de ces derniers de conserver le lead en tant que puissance militaire et diplomatique de premier plan dont les actions influencent la scène internationale. Du point de vue des puissances comme la Chine et la Russie, l’Afrique débouche sur une fenêtre d’opportunités et possibilités qu’il n’est absolument pas concevable de négliger. Depuis l’époque où plusieurs pays du continent étaient maintenus sous le joug de la colonisation, des liens étroits avaient été tissés avec des organismes chinois et russes pour faciliter l’émancipation de l’Afrique. Avec le temps et l’apparition de nouveaux enjeux, les rapports entre le continent et ces deux pays se sont approfondis et diversifiés. Aujourd’hui encore, la présence de la Chine et de la Russie aux côtés de l’Afrique ne cesse de se faire remarquer que ce soit dans la mise en valeur des ressources naturelles, la construction d’infrastructures, l’octroi de financements, la formation, l’assistance en matière de sécurité, des échanges culturels ou encore, la défense des intérêts réciproques dans l’arène internationale etc. Il est aisé de constater que cette proximité n’est pas appréciée par d’autres puissances qui comme les Etats-Unis, ne souhaitent vraisemblablement pas/plus rester au banc de touche alors même que le «match du siècle» se joue en Afrique. Même s’il est vrai que des réserves peuvent être soulevées sur les méthodes, stratégies de pénétration et impacts des activités chinoises et russes en Afrique, tout comme cela peut se faire pour d’autres puissances à l’instar des Etats-Unis, il demeure que le choc des puissances qui a lieu sur le continent devient plus compréhensible lorsqu’on use du cadre théorique du réalisme en relations internationales, tel que développé par Hans Morgenthau et Raymond Aron. En matière de relations extérieures, la théorie réaliste rappelle que les Etats qui sont les principaux acteurs des relations internationales sont mus par le souci de préserver leurs intérêts nationaux, d’étendre leur influence et d’accroître leur puissance. Le réalisme selon Aron énonce aussi que la guerre et les conflits sont un prolongement naturel des relations entre Etats, lesquelles sont de nature concurrentielle. La vive rivalité qui s’observe dans le monde, en particulier sur le territoire africain, entre les Etats-Unis, la Chine et la
    Russie s’inscrit donc complètement dans ce registre.

    En effet, comme le relevait la Chercheuse Aline Lebœuf, la compétition stratégique contre la Chine et la Russie est l’unique horizon de la défense américaine en Afrique, même si cette dernière reste engagée dans la lutte contre les djihadistes. Déjà à l’époque en décembre 2018, lors de la présentation de la stratégie africaine de la Maison-Blanche, le Conseiller à la Sécurité de Donald Trump, John Bolton affirmait que les deux objectifs prioritaires étaient: «contrer la menace du terrorisme radical islamique et les conflits violents» et «contrôler ou contenir les présences chinoises et russes» en Afrique. Dès son arrivée au pouvoir, Joe Biden s’est inscrit dans la continuité et a adopté comme priorité diplomatique en Afrique: «contrer l’influence grandissante de la Russie et surtout de la Chine». Cette posture a plus tard été réaffirmée dans la Stratégie américaine envers l’Afrique subsaharienne en août 2022. Dans ce document stratégique, les Etats-Unis dénoncent dans un ton assez dur les actions posées sur le continent par ses adversaires stratégiques pour reprendre les propos de l’Ambassadrice Linda Thomas Greenfield, en indiquant que «la Chine s’y comporte comme dans une arène pour défier l’ordre international fondé sur des règles, faire avancer ses stricts intérêts commerciaux et géopolitiques (…) et affaiblir les relations des États-Unis avec les peuples et les gouvernements africains». Tandis que la Russie considérerait la région comme «un environnement permissif pour les sociétés para-étatiques et militaires privées, créant souvent de l’instabilité pour en retirer un avantage stratégique et financier», allusion faite au groupe Wagner. Certains observateurs estiment que ces accusations sont quelque peu exagérées, et qu’il s’agit avant tout de stratégies pour saper la réputation de la Chine et de la Russie en
    Afrique, et par là pénaliser leur déploiement. Toujours est-il que les rivalités entre ces puissances ne sont pas prêtes de s’estomper.

    Il s’avère que l’augmentation de l’influence de la Chine et de la Russie sur le continent reste continue, d’où les préoccupations américaines. Après une baisse de régime, un ralentissement dans la conduite des projets d’envergure comme le projet «Nouvelles routes de la soie», les financements de masse de la Chine recommencent progressivement à reprendre le chemin de l’Afrique. Lors du Forum pour la coopération sino-africaine (FOCAC), qui s’est tenu à Dakar les 28, 29 et 30 novembre, le Ministre chinois en charge des affaires étrangères Wang Yi est venu au nom du Président Xi Jinping, annoncer de nouvelles promesses dans ce sens. La Chine peut se targuer d’avoir de l’avance sur les Etats-Unis sur plusieurs plans. D’après un rapport intitulé «The Three Issues That Will Make or Break the Prosper Africa Initiative» (Les trois enjeux qui vont faire ou défaire l’initiative Prosper Africa), élaboré par Zainab Usman et Katie Auth, respectivement directrice et chercheuse non-résidente au sein du programme Afrique de Carnegie Endowment for International Peace, les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et l’Afrique ont diminué depuis 2009, lorsque Pékin est devenu le premier partenaire commercial du continent au détriment de Washington, passant d’un pic de 142 milliards de dollars en 2008 à seulement 64 milliards de dollars en 2021.Quant aux IDE américains en Afrique en 2020, ils s’élevaient à 47,5 milliards de dollars, soit 5,2 % des investissements mondiaux des États-Unis. Le même rapport précise également que «la présence des entreprises américaines sur le continent est non seulement inférieure à celle de leurs homologues chinoises, mais aussi, à certains endroits, à celle des pays comme la Turquie et l’Inde». Cependant, je pense qu’à bien y regarder, c’est plus la concentration des financements chinois dans des secteurs jugés stratégiques, comme dans les ressources extractives (métaux stratégiques et terres rares), infrastructures, ports, télécoms etc. qui maintient les Etats-Unis et
    d’autres puissances occidentales en alerte.

    La méfiance de ces puissances est partiellement partagée par les africains eux-mêmes. Dans la mesure où certaines pratiques sont régulièrement décriées à l’instar du non- respect des droits humains, le peu d’égard pour l’environnement et des violations répétées des législations nationales. Aussi, dans le secteur portuaire par exemple, une étude de 2019 du Center for Strategic and International Studies (CSIS) avance que les investissements chinois dans ce secteur constituent aussi bien une menace «pour l’influence des Etats-Unis» que pour «la souveraineté» des Etats africains. Plusieurs ports logés dans le pourtour du Golfe de Guinée dans lesquels la Chine a pu être investisseur, constructeur ou opérateur des installations sont ainsi en ligne de mire. Beaucoup craignent qu’en plus de l’intérêt commercial et géoéconomique que ces ports peuvent procurer, leur contrôle ne donne en aucun jour un point d’ancrage à la marine militaire chinoise. Même si pour l’instant, Pékin ne possède qu’une seule et unique base militaire sur le continent, à Djibouti, quand d’après le magazine The Intercept, les États-Unis à travers AFRICOM disposeraient d’au moins 34 sites sur le sol africain où sont déployés plus de 6 000 soldats. La plupart situés en Afrique de l’Ouest, dans la Corne de l’Afrique et en Libye. Concernant la Russie, les mêmes griefs lui sont reprochés, à la seule différence que le Kremlim s’évertue plus à restaurer des relations de coopération sécuritaire, en perte de vitesse par endroit. Les russes avancent plus leurs pions dans le secteur de la sécurité, avec la fourniture d’équipement militaire et d’assistance technique. Plusieurs pays africains ont d’ailleurs signé des accords de coopération avec eux. On peut ainsi citer sans exhaustivité, le Cameroun en avril 2015 (accord actualisé depuis lors), le Ghana en juin 2016, la Gambie en septembre 2016, la Guinée en avril 2018, la Sierra Leone en août 2018, la RD Congo en mai 2019 etc.

    L’actualisation de ces accords de coopération est perçue par les adversaires de la Russie comme un moyen pour Poutine de remettre son pays en lice en Afrique et de conserver ses alliés tout en débauchant de nouveaux soutiens dans les batailles diplomatiques et stratégiques menées par la Russie. C’est sans doute cette logique qui a justifié la tenue d’un premier Sommet Russie-Afrique, en octobre 2019, et plus récemment les tournées africaines de Sergei Lavrov, le Ministre russe des affaires étrangères. Le rapprochement de la Russie de l’Afrique est d’autant plus scruté depuis l’engagement des sociétés militaires privées russes dans les opérations militaires en Afrique et dans la sécurisation des personnes et des biens, à l’exemple du groupe Wagner actif au Mali et en République centrafricaine. De nombreux observateurs et des rapports ont accusé le groupe Wagner d’exactions et de violation systématique des droits de l’homme, sans que pour autant son implication ne soit retenue par les dirigeants des pays en question. Nonobstant cela, le sujet qui rencontre à l’heure actuelle le plus de résistance dans le camp mené par les Etats-Unis dans les Etats africains, est assurément le faible désir ou refus de ces derniers de condamner et prendre des mesures de rétorsion pour manifester leur désapprobation des hostilités engagées entre la Russie et l’Ukraine. Pour ma part, ce refus de prendre des sanctions et ouvertement position pour un camp ou pour un autre doit en réalité être compris comme une volonté des Etats africains d’amener les parties belligérantes à renouer le dialogue, à privilégier le compromis et à s’engager dans un processus de paix, plutôt que d’encourager une escalade de la violence, et une sur médiatisation orientée au bénéfice d’une partie en conflit, et qui au final risquerait de déboucher sur une crise encore plus grave. L’Afrique est mieux placée pour porter le discours de l’apaisement. C’est le continent qui subit de plein fouet les conséquences de la guerre en Ukraine du fait de la perturbation des chaînes d’approvisionnement, et de la flambée des prix des matières premières et des produits de base.

    Vous conviendrez donc avec moi que toutes ces tensions affectent négativement l’évolution de l’Afrique et le quotidien de ses populations. Ces tensions se répercutent malheureusement aussi dans les relations bilatérales de nature diplomatiques et économiques. J’ai encore en mémoire le clash qui a opposé les Ambassadeurs américains et chinois en poste à Kinshasa (RDC), à la suite des révélations sur ce qu’on a appelé le contrat du siècle sino-congolais pour parler de la conclusion d’un méga-contrat en 2008 portant sur le cuivre et cobalt congolais, des minerais très prisés par les grandes industries de pointe chinoises et américaines. Les relations américano-africaines se trouvent aussi affectées par la concurrence qui apparaît entre ces puissances au moment de l’endossement des prétentions portées par l’une d’elles au sein des instances internationales. Le cas ukrainien illustre bien ce phénomène. En somme les rapports entre les Etats-Unis et l’Afrique aussi privilégiés qu’ils puissent être en ce moment, pâtissent de l’instrumentalisation des perturbations internationales par les puissances concurrentes, et aussi, des contre-performances provoquées par des rivalités qui embrassent désormais tous les secteurs d’activité. Il est peu probable que les Etats-Unis lâchent du leste en Afrique, surtout à une période aussi charnière. Seulement, l’efficacité de son action extérieure reste conditionnée par sa politique intérieure, l’interventionnisme du Sénat et de la Chambre des représentants qui ont un mot à dire sur le budget du Président des Etats-Unis.
    Quels sont les axes et acteurs principaux autour desquels pourrait se renouveller
    fondamentalement le partenariat entre l’Afrique et les Etats-Unis ?

    L’avènement de nouvelles formes de coopération entre les Etats-Unis et l’Afrique, plus soucieuses des priorités communes via ce qui a été baptisé le partenariat du XXIe siècle exige une profonde et transversale rédéfinition de tout ce qui se faisait à ce jour. Certes quelques politiques et projets novateurs doivent être conservés, mais il est indispensable de les mettre à jour en améliorant leur inclusivité. Je pense qu’il n’est pas surperflu de rappeler ici que l’Afrique est le continent qui connaît la croissance la plus rapide au monde. D’ici 2030, le continent comptera près de 1,7 milliard d’habitants, soit un cinquième de la population mondiale. Le taux élevé des jeunes qui y résident augmente les possibilités, et aussi les défis. Ces derniers qui se superposent aux enjeux mondiaux, concernent l’accès simplifié aux financements, le maintien d’un climat de paix qui entretiendrait la prospérité, une meilleure prise en compte des droits humains et de la gouvernance, le développement des infrastructures et de l’écosystème technologique, l’amélioration des conditions de santé et d’éducation, le renforcement des dispositifs normatifs ou encore, la promotion d’un multilatéralisme plus participatif. De mon point de vue, si on veut avoir une chance de convenablement relever lesdits défis, il faudra impliquer à la fois, les acteurs publics, les organisations multilatérales, le secteur privé, la société civile, les femmes et les jeunes, ainsi que les communautés de la diaspora. Dès lors qu’on conviendra de le faire, il deviendra plus évident de trouver des moyens pratiques pour atteindre les objectifs communs en matière de relations économiques, commerciales et d’investissement, de paix et sécurité, de démocratie, de sécurité alimentaire, dans la santé et l’humanitaire, de changement climatique, voire de coopération transversale avec l’UA par exemple. Si vous n’y voyez pas d’inconvénients, je voudrais dire quelques
    mots sur chacun de ces axes.

    Dans le cadre des relations économiques, commerciales et d’investissement américano-africaines, il subsiste des déséquilibres malgré l’immense potentiel reconnu aux deux partenaires. Avec la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine composée de 54 pays, l’Afrique est partie pour être le cinquième bloc économique du monde par la taille. Cela donne nécessairement droits à des opportunités en termes d’emplois, de consommation, d’innovation et de pouvoir pour peser dans une économie mondialisée. Toutefois, à ce jour plusieurs régions africaines prises individuellement n’arrivent pas à compétir ou à s’associer avec certains mastodontes américains. L’Afrique subsaharienne par exemple, ne représente que 2 % de la production et 3 % du commerce dans le monde, alors qu’elle compte 17 % de la population mondiale. Ce qui m’amène à dire que le partenariat commercial de l’Afrique avec les États-Unis doit être repensé, réformé de long en large. Je suis de ceux qui pensent que ce chantier doit débuter par l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), l’accord préférentiel le plus important qui lie les Etats africains aux Etats-Unis. Ce dernier pressenti un temps comme un outil de transformation économique par l’intermédiaire des exportations, présente à ce jour un bilan mitigé auprès de la majorité des parties africaines.

    En effet, en 2018, une bonne partie des exportations africaines vers les États-Unis était concentrée sur les ressources extractives, le pétrole, le gaz et les produits pétroliers représentant 73 % des importations américaines en provenance de la région dans le cadre du programme. Alors que des importations avec les mêmes droits sur des ressources américaines étaient inenvisageables. A cela, il faut ajouter que l’éligibilité des pays à l’AGOA est déterminée annuellement par le Gouvernement américain, par une décision insusceptible de recours, ce qui contribue à renforcer le caractère imprévisible du marché américain pour les exportateurs africains. Il faut dire que le pouvoir discrétionnaire des Etats-Unis en la matière a souvent porté préjudice aux parties africaines, en particulier lorsque celui-ci était utilisé à des fins politiques comme mesures de rétorsion contre des Etats en désaccord avec Washington. Cela s’est vu avec le Rwanda, Madagascar, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Cameroun etc. La fin de la dérogation accordée par l’OMC le 30 novembre 2015 à l’AGOA, arrivant à échéance le 30 septembre 2025, date d’expiration du régime lui-même, et les Etats-Unis ayant manifesté leur volonté de voir l’AGOA céder place à de multiples accords bilatéraux de libreéchange, je crois qu’il importe pour les parties africaines de «faire bloc et de parler d’une seule voix», pour négocier un accord de libre-échange unique entre les Etats-Unis et l’Afrique prise comme une seule entité. Il s’agit d’ailleurs là d’une option plus conforme aux engagements souscrits par les Etats africains au sein de l’Union africaine.

    Cela étant dit, le partenariat entre l’Afrique et les Etats-Unis doit s’approfondir sur d’autres sujets à forte valeur ajoutée. Par exemple dans le secteur des technologies numériques, y compris par le biais du commerce électronique au sens large, en privilégiant le transfert de technologie, et en veillant à la protection des données sensibles. Il doit aussi tenir compte des besoins réciproques et des avantages comparatifs. Ainsi donc, des relations d’affaires devraient être multipliées dans le secteur privé, entre les membres de la diaspora et le continent, les promoteurs de petites et moyennes entreprises, entre les opérateurs des services financiers, acteurs de l’industrie pharmaceutique, sociétés extractives, énergéticiens, sociétés de BTP pour la construction des infrastructures de qualité. Il me semble que les atouts de la diplomatie économique et commerciale ne sont pas suffisamment exploités par les deux partenaires. Il serait donc opportun de renforcer la présence des services commerciaux extérieurs auprès de chaque partie. Ces derniers pourront faciliter la multiplication des Hub commerciaux spécialisés dans les produits américains et africains.

    Evidemment tout cela ne pourra être possible que si les Etats-Unis et les Etats africains s’engagent de bonne foi à lever certains obstacles, au nombre desquels figure la dette bilatérale et multilatérale qu’elle soit publique ou privée. En matière de paix et de sécurité, il serait probablement approprié de faire évoluer l’approche indirecte privilégiée par les États-Unis et qui continue d’être expérimentée à travers le concept d’empreinte légère (light footprint). Ce dernier aussi efficace qu’il soit pour rapidement dénouer des situations complexes sur le terrain, ne permet cependant pas de transformer comme il se doit les causes lointaines et immédiates des conflits qui surgissent. La radicalisation, qu’elle soit d’origine islamique ou non et l’extrémisme violent qui donnent lieu aux conflits, sont le fruit d’un mal-être profond qui se conjugue à des lacunes structurelles systémiques. Il faut donc solutionner ces problèmes en mettant l’accent sur la prévention et satisfaction des besoins. Il est intéressant de savoir que les Etats-Unis s’investissent dans ce domaine. Comme l’a relevé Bakary Sambe, le Directeur de Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies (Dakar, Niamey), ce pays a mis en place le programme le plus poussé en matière de prévention dans la zone sahélienne. Il s’agit du « Projet Partenariat pour la paix P4P » – développé par USAID qui accompagne le G5 Sahel et aide des pays comme le Burkina Faso, la Centrafrique et le Niger à mettre en place des politiques de prévention de l’extrémisme violent. Ce programme a ainsi contribué ces dernières années à l’élaboration des stratégies de prévention de l’extrémisme violent. Les États-Unis ont en outre financé l’élaboration d’un guide régional pour la prévention de l’extrémisme violent, au sein du G5 Sahel. En tant que pays membre de l’Alliance pour le Sahel, les Etats-Unis envisagent également d’établir de nouveaux partenariats avec les donateurs, le secteur privé et le gouvernement hôte afin de renforcer les initiatives de développement et de réforme au Sahel, de même que pour lutter contre l’insécurité croissante en Afrique de l’Ouest.

    Sur les aspects purement militaires, je pense que les Etats-Unis devraient élargir leur
    entendement de la notion «d’Etats clés», par exemple, en agrandissant la liste des pays africains (anglophones, francophones, lusophones) déjà parties prenantes à la résolution des conflits ou non, et pouvant bénéficier de leurs expérience et expertise durant des événements majeurs. Je fais référence ici au plus grand exercice militaire conjoint (l’exercice militaire international « African Lion ») qui a l’habitude d’être co-organisé par le Maroc, pays hôte depuis 2004. Comme a pu le préciser le Général Townsend d’AFRICOM, cet exercice a d’abord pour objectif «d’améliorer le niveau de préparation, les compétences des armées participantes et de renforcer les partenariats ». Il consiste en des manœuvres terrestres, aéroportées, aériennes, maritimes, de décontamination NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique) et d’assistance médicale et humanitaire.

    Je dois enfin dire qu’en s’inspirant des recommandations formulées lors du Sommet pour la démocratie tenue à Washington en décembre 2021 et d’après les échos qui nous reviennent du forum sur la paix, la sécurité et la gouvernance organisé lors de la première journée du Sommet des dirigeants, des réaménagements devraient continuellement s’opérer sous l’impulsion des Etats-Unis et des Etats africains en matière de renforcement des institutions et des valeurs démocratiques, de gestion des institutions militaires par des civils, de responsabilité et respect des droits humains, et d’implication des femmes, des jeunes et de la société civile dans la consolidation de la paix.

    Ces derniers aspects tombent à point nommé dans un contexte où les assauts contre la paix aussi bien dans les pays africains, qu’en Ukraine, ont de graves conséquences sur les populations. En effet, en plus de la fragilité liée à l’existence de plusieurs conflits internes, la crise russo-ukrainienne est venue accentuer l’insécurité alimentaire qui règne dans certains territoires africains. Au regard des catastrophes que cela entraîne, il serait tout à fait juste que les nouvelles modalités de coopération entre les Etats-Unis et l’Afrique s’intéressent de plus près à ces problèmes. Les Etats-Unis ont initié le programme Feed the Future dédiée depuis 15 ans à l’amélioration à long terme de la sécurité alimentaire, en particulier avec des partenaires de toute l’Afrique. Ils ont aussi annoncé un supplément de 215 millions de dollars pour l’aide alimentaire d’urgence en Algérie, au Cameroun, en Ouganda, au Zimbabwe, en Mauritanie, au Nigeria, au Burkina Faso, au Rwanda, en Tanzanie et au Kenya, entre autres pays. En avril 2022 l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), a
    décidé de fournir plus de 311 millions de dollars d’aide humanitaire supplémentaire pour soutenir les personnes vulnérables dans les régions du Sahel et du bassin du lac Tchad. Le financement supplémentaire annoncé aujourd’hui permettra aux partenaires de l’USAID de fournir une aide alimentaire et nutritionnelle d’urgence à plus de 3,8 millions de personnes. Mais ces montants et l’action unilatérale d’un pays ne permettront pas de renforcer la résilience agricole sur le long terme. Il est donc souhaitable que les Etats africains et les EtatsUnis mobilisent d’autres partenaires et institutions multilatérales, de même nature que la Banque africaine de développement (BAD) qui a mis en place un plan d’un milliard de dollars pour aider 40 millions d’agriculteurs africains à utiliser des technologies résistant au climat et accroître les rendements des cultures.

    A l’heure de la pression due au changement climatique, il n’est vraiment plus acceptable de lésiner sur les moyens et options à prendre. La COP27 qui a eu lieu il y’a quelques semaines en Egypte est venue nous rappeler d’écouter notre instinct de survie et de coopérer pour faire comme l’a si bien dit le Président Joe Biden, «des progrès vitaux d’ici la fin de cette décennie» et avoir une chance d’échapper en commun à un funeste destin. Toutefois, j’aimerai rappeler que même dans cette quête de survie il est nécessaire que chaque partie puisse y apporter du sien. Les États-Unis comptent environ pour 4% de la population mondiale et contribuent à hauteur d’environ 11 % des émissions mondiales, ce qui les placent au deuxième rang des pays émetteurs après la Chine. Parallèlement, l’Afrique subsaharienne, qui représente 17 % de la population mondiale, ne produit que 3% des émissions. Même s’il pèse une responsabilité plus lourde sur les Etats-Unis, ses partenaires africains doivent pouvoir trouver le moyen de travailler en bonne intelligence pour mener le combat de l’adaptation et renforcer leur résilience en recourant autant que possible aux énergies dites propres.

    Le dernier axe de consolidation de la relation partenariale américano-africaine qu’il me semble important de mentionner est relatif au resserrement des liens entre les Etats-Unis, l’Union africaine et les regroupements politiques et économiques sous-régionaux. Avec l’Union africaine en particulier, je ne peux que saluer la coopération plus transversale annoncée à la suite du huitième dialogue annuel de haut niveau entre les États-Unis et la Commission de l’Union africaine, organisé en mars 2022 à Washington. Le Président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat prenant part au sommet des dirigeants, on peut espérer qu’il obtienne des Etats-Unis un soutien plus prononcé à la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et un engagement plus significatif pour la mise en œuvre des programmes et projets de l’Agenda 2063 pour parvenir à un développement économique inclusif et durable, et mettre en place des chaînes de valeur régionales tout en stimulant la compétitivité et les perspectives d’investissement pour un bénéfice mutuel.

    Au plan bilatéral, ce Sommet n’est-il pas une opportunité pour renforcer les liens
    entre le Cameroun et les Etats-Unis?

    Effectivement, la participation du Président de la République, Son Excellence Paul Biya, au Sommet des dirigeants qui se tient depuis deux jours à Washington, sur invitation de son homologue américain témoigne d’une sorte d’alignement des points de vue sur les sujets essentiels qui intéressent le Cameroun et les Etats-Unis. La symbolique de ce déplacement est assez forte après une limitation des mouvements des très hauts responsables à l’extérieur à cause de la Covid-19. Comme j’ai eu à l’évoquer, le Président Joe Biden a une bonne connaissance de l’Afrique et dont de ses dirigeants emblématiques, au nombre desquels figure le Président Biya, qui comme vous le savez aussi bien en Afrique que dans le reste du monde jouit d’une très grande considération, et est apprécié pour son expérience et sa pondération. Dès sa prise de fonction en janvier 2021, le Président Biden a montré des signes d’un intérêt particulier pour le Cameroun, leader de la CEMAC et pour l’évolution de sa situation économique et socio-sécuritaire. La nomination depuis le 19 avril 2021 par le Président de S.E Christopher John Lamora, comme Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Cameroun traduisait déjà sa volonté de renouer le contact après presque trois années (2017) où le poste était occupé par une Chargée d’affaires ad interim. En accordant sa confiance à Son Excellence Lamora, sans doute les autorités américaines ont voulu mettre à la disposition de Yaoundé un interlocuteur de confiance, capable de comprendre le contexte sans se laisser influencer par des préjugés ou par une certaine propagande, et surtout apte à échanger sur place avec des personnes dignes de foi. S.E Christopher John Lamora qui assume ce rôle a présenté la Copie Figurée de ses Lettres de Créances au Ministre camerounais des Relations Extérieures, S.E Lejeune Mbella Mbella, le 21 mars 2022.Il se trouve aussi qu’il connaît bien le Cameroun pour y avoir été en poste au Consulat général de Douala entre 1992 et 1993. Bien que peu de temps se soit écoulé, je peux affirmer que sous l’ère Biden, les rapports entre le Cameroun et les Etats-Unis connaissent une positive évolution. Les deux pays sont des partenaires qui s’apprécient. Ils entretiennent des relations diplomatiques depuis 1957. Il s’agit donc de relations privilégiées très anciennes qui ont plusieurs fois été magnifiées par des visites présidentielles et de hautes personnalités dans les deux pays. A ce jour, la coopération entre les deux pays reste très dynamique. Les Etats-Unis étant d’ailleurs l’un des pays où la diaspora camerounaise est la mieux représentée.

    A l’occasion d’un Sommet des dirigeants Afrique – Etats-Unis, il était donc logique que le Président de la République soit convié parmi d’autres leaders africains de premier ordre. Depuis son arrivée, le Président Paul Biya fait l’objet d’une grande attention de la part des hauts responsables politiques et économiques américains. Dèjà à la veille du début du Sommet, soit le 12 décembre, il a été invité à prendre la parole lors d’une table ronde privé sous le thème : «Comment la finance peut constituer un atout à l’égard des défis pressants et des opportunités de l’Afrique et contribuer à la résolution des problèmes apparemment sans solution à l’échelle mondiale?». Le thème plutôt évocateur de cette assise lui a donné l’opportunité de donner sa lecture et de proposer des solutions pérennes aux problèmes posés. Après avoir dénoncé les maux qui minaient l’utilisation optimale des finances, au nombre desquels figurent l’existence d’un cadre juridique et réglementaire très contraignant, la mise en gage des ressources naturelles et une orientation aujourd’hui dépassée de l’aide publique au développement, le Président Paul Biya a suggéré à l’ensemble des parties prenantes de consentir à mobiliser des volumes de capitaux plus importants sur le long terme, d’acter la transformation des ressources naturelles dans les lieux de leur extraction, et de mettre en place un marché local des capitaux susceptible d’offrir des outils adaptés au financement du développement en Afrique.

    Par ailleurs, durant le premier jour du Sommet, le 13 décembre, le Président Paul Biya a exprimé ce qui selon lui semblait être la voie à suivre en matière spatiale. C’était lors du Forum sur la coopération civile et commerciale entre les Etats-Unis et l’Afrique dans le domaine spatial. Il a ainsi relevé qu’au regard des défis posés par la maitrise de la technologie pour faciliter la vie en commun, et aussi, assurer l’avenir de l’humanité, un usage démocratisé de la technologie spatiale à travers les outils satellitaires et numériques constituait une chance dont qui devrait bénéficier le plus grand nombre.

    Puisque la troisième journée du Sommet qui se tient ce jour doit être ponctuée par des discussions plus formelles entre dirigeants sur les enjeux mondiaux et régionaux, il ne fait pas de doute que le Président ne manquera pas de donner son avis. Mais déjà, on peut s’attendre à ce qu’il reste fidèle aux positions et valeurs partagées par le Cameroun, relativement à la promotion du dialogue et du recours aux modes pacifiques pour la résolution des différends, ou encore, à l’expression d’une solidarité agissante. Il est clair qu’en dehors des thématiques globales, le Président Paul Biya s’attardera sur la situation du Cameroun. En particulier, en matière sécuritaire et économique. Dans le premier cas, c’est-à-dire socio-sécuritaire, j’observe une diminution considérable de la violence, même si des fractions armées restent actives et dangereuses, et que les défis humanitaires demeurent urgents, que l’on soit au Nord-Ouest et Sud-Ouest, ou à l’Extrême-Nord. Sans doute aussi, le Président ne manquera pas d’apprécier les résultats obtenus par le soft power de la diplomatie camerounaise qui a permis il y’a à peine quelques semaines d’attraire devant la justice américaine plusieurs individus d’origine camerounaise accusés d’avoir financer, acquis et fait convoyer illégalement des armes à destination des groupes armées qui sévissent au Cameroun. Une étape supplémentaire pourrait être de plaider pour une extradition des personnes incriminées et pour une recherche plus active sur le sol américain des autres personnes impliquées dans ces actes criminels. En outre, les autorités américaines ayant désormais des informations plus conformes aux réalités du terrain au Cameroun, des discussions seront probablement engagées pour aboutir à la levée des sanctions prises à l’endroit des forces de défense et de sécurité, notamment, concernant la suspension des programmes de formation de certains corps d’élite, la validation des contrats portant sur du matériel militaire et la réévaluation de l’aide militaire octroyée par l’administration américaine au Cameroun.

    Dans le domaine économique, par contre, le plaidoyer devrait tout d’abord porter sur la réintégration du Cameroun dans le système préférentiel de l’AGOA dont il avait été suspendu en 2019.Ensuite, la délégation camerounaise devrait sous la houlette du Président Paul Biya poursuivre les négociations sur l’ouverture effective d’un Trade and Investment Hub américain pour l’Afrique Centrale à Douala ; le projet de mise en place d’un showroom des produits agroalimentaires à Philadelphie aux USA dont les négociations sur le financement sont en bonne voie ; et enfin, le Projet de réouverture du Consulat Honoraire du Cameroun à Houston.

  • Guerre médiatique: l’Afrique prise pour cible

    Guerre médiatique: l’Afrique prise pour cible

    Ces  médias  se servent du continent  pour montrer leur supériorité.  C’est ce qui ressort du panel avec Nathalie Yamb,  Jules Domche  et Bertrand Nkoa à l’occasion de la 6ème journée de la Semaine panafricaine, organisée par  l’association African Revival le jeudi 15 décembre 2022 à Douala.  

     C’est la 6ème  journée de la semaine panafricaine.  Contrairement aux précédentes journées, la  maison du parti de  Bonanjo  fait son plein. Notamment  pour écouter et rencontrer Nathalie Yamb, redoutable activiste qui fait trembler la France  et l’occident.  A en croire Nathalie Yamb, France 24,  Rfi, Bbc, Afp,  Reuters, Deutschweller,  Africa New, TV5,   sont  des médias utilisés par l’occident pour abrutir les populations africaines. Le thème de ce jeudi 15 décembre était centré sur: « informations et médias: la forme de guerre internationale au 21ème siècle». 

     Il y’a lieu  d’observer que  l’Afrique est le théâtre  de la guerre médiatique que se livre les pays occidentaux.  A cause de cette  situation, le continent est littéralement pris d’assaut par ces groupes médiatiques comme c’est déjà le cas avec les bases militaires étrangères.  A en croire les panelistes,  ces médias ne s’y trouvent pas pour des raisons philanthropiques . «Il s’agit de  la guerre d’influence  des médias aujourd’hui.  C’est un sujet central  dans la lutte  qui est celle  de la restauration de la dignité africaine. La question centrale est de savoir pourquoi crée-t-on un média ? Qui crée le média ? Avec quoi crée-t-on le média ? Une fois qu’on a posé ses questions en essayant  de répondre, on pourra  mieux cerner la guerre informationnelle qui existe aujourd’hui entre  les différents  Etats  sur la scène internationale», en plus, «l’autre question  sous-jacente, c’est quel intérêt  les Etats  en l’occurrence ont à investir  autant pour créer des médias de plus en plus  à destination de l’Afrique ? Pourquoi  la France  peut mettre environ 273 millions d’Euros  chaque année pour Rfi et France 24. Est-ce parce  qu’ils  se soucient que les Africains  ne soient pas  bien informés? On parle beaucoup de la France, mais il n’y a pas  que la France. En effet, tous les Etats  dignes  de  ce nom  aujourd’hui ont leurs  médias. Parce que les médias font partir de la politique étrangère des Etats», explique Jules Domche, directeur général de Vox Africa. 

    Le Dg de la chaine panafricaine  ajoute : «que ce soit dans le monde anglo-saxon qu’Européen principalement,  les Etats ont mis beaucoup de moyens pour fabriquer  des  instruments de propagande.  Parce qu’en guise de conclusion, Ils ont compris que si vous voulez contrôler les gens, il faut contrôler leurs pensées. Chaque bloc  important dans le monde a mis énormément d’argent pour avoir des médias.  La France investit parce qu’elle veut nous faire  croire ce qu’elle veut.  J’aimerais aussi attirer votre attention sur les agences de presse comme Reuters, Afp  qui sont en réalité ceux qui  décident de ce qui fait l’actualité sur la scène internationale». Pour Nathalie Yamb,  la présence de ces médias n’est pas ex nihilo, car, « ces  médias étrangers  ont tous un rôle  à jouer », souligne-t-elle. 

    Une fois de plus,  comme souvent, le continent  répond aux abonnés  absents  ou du moins traine le pas,  constate le panel.  «Les initiatives privées ne sont pas capables de rivaliser avec ces mastodontes qui sont  subventionnées par leur Etat», regrette Jules Domche. Abondant dans le même sens, «Face à nous, nous avons une armada  qui est constituée non seulement  des médias publics français, les médias comme Arte ou Tv5 dans lesquels  l’Etat français encadre. Les médias de presse qui  sont subventionnés à hauteur de 400 à 500 millions  d’Euros par le gouvernement français.  Je pense que ce sont des chiffres qui doivent faire rêver  les médias africains. Nous avons les médias étatiques qui malheureusement  très souvent se contentes de relayer les médias des autres ont dit  au lieu d’aller faire le travail de recherche, de documentation et de véhiculer un narratif qui soit  à notre avantage. La guerre d’influence dans quelle nous sommes existent depuis très longtemps et nous en payons le prix», déplore Nathalie Yamb.  

    Bertrand Nkoa quant à lui  questionne  les outils  de collecte  de l’information  qu’il trouve «dérisoires». L’activiste suggère  que pour sortir de cette gangrène,  l’Afrique doit fabriquer ses propres sources d’information. 

    Diane Kenfack 

  • Qatar 2022: l’Afrique se réjouit du parcours des Lions de l’Atlas

    Qatar 2022: l’Afrique se réjouit du parcours des Lions de l’Atlas

    Les communautés marocaine, congolaise, et camerounaise  étaient  présente  à la résidence de l’ambassade de Maroc pour vivre la demi-finale de la Coupe du monde entre le Maroc et la France. 

    La résidence de l’ambassadeur du Maroc, Mostapha Bouh,  a réuni Marocains, Sénégalais, Congolais et Camerounais, à l’occasion  de la première demi-finale de la coupe du monde 2022 opposant les Lions de l’Atlas aux Bleus. L’Ambassadeur du Maroc a ainsi mis des petits plats dans les grands pour communier avec les Africains ces moments de passion et d’émotion. Sur le site, plus d’une centaine de chaises étaient installées et un projecteur qui servait d’écran pour visionner le match. Le 14 décembre dernier,  à 19 h 30 minutes précises tous les invités étaient présents y compris de nombreux journalistes venus immortaliser ce jour. L’ambiance était détendue, l’accueil chaleureux.

    Le match

     A 20 heures précises, tous les regards sont braqués sur les projecteurs pour  le début des hostilités des protagonistes. Personne ne songe à la défaite. Tous les convives africains espèrent voir le seul représentant de l’Afrique  se qualifier en  finale. La France va malheureusement battre le Maroc par le score de (2-0). Même si l’on peut observer une déception sur les visages des supporters, ils sont néanmoins fiers du brillant parcours. «C’est la toute première fois de voir une équipe africaine dans le dernier carré de la coupe du monde. Je tiens à les féliciter. Puisqu’il a éliminé de gros calibres à l’instar de  la Belgique, l’Espagne et le Portugal, c’est quelque chose à encourager. Espérons que dans les prochaines compétitions tant africaine et européenne il pourra faire quelque chose», laisse entendre  Jean Pierre Motolo du Congo Kinshasa. Les Lions de l’Atlas ont su se mettre au-dessus de tout complexe face aux équipes européennes redoutables, c’est aussi ça qu’il faut retenir. «Ils ont  montré le chemin aux autres équipes africaines, ils entrent ainsi dans l’histoire et vivement que les équipes africaines s’inspirent de leur prouesse». C’est le même son de cloche pour El Anbri Saoudi du Maroc qui, à l’issue de la rencontre, déclare: «Je suis très content de cette coupe du monde, pour le Maroc d’être arrivé à ce stade, puisqu’au début de la compétition personne ne pouvait prédire qu’il arrivera au deuxième tour.  Il a joué  la  demi-finale. Nous sommes satisfaits pour cette équipe et  pour l’Afrique. D’ailleurs il n’a pas démérité. On va jouer la troisième place avec la  Croatie, et on espère que le Maroc pourra remporter cette place”.

    Une appréciation élevée

    L’ambassadeur du Maroc, reste serein et optimiste pour l’équipe et pour l’Afrique toute entière. «Je pense qu’elle est sortie de cette compétition avec une appréciation très élevée du niveau du football africain. Je pense que la victoire du Maroc en quart de finale va augmenter les  chances de l’Afrique, pour qu’il puisse participer avec plusieurs équipes à la prochaine coupe du monde. Ce qui va donner plus d’intérêt  au football du continent », explique-t-il. Il faut noter que la force de cette équipe du Maroc était sur l’esprit d’équipe. Cet état d’esprit a permis de réaliser ce brillant parcours exceptionnel et historique pour l’Afrique. 

    Olivier Mbessité

  • Faux-semblant ukrainien

    Faux-semblant ukrainien

    Que Dmytro Ivanovytch Kouleba soit venu en Afrique, cela n’a rien de très étonnant. Seulement, dire que le séjour africain d’un ministre ukrainien des Affaires étrangères était anodin, il faut craindre de connaître la réponse.

     

     

    Prise simultanément selon les dynamiques géopolitiques actuelles, cette tournée donnait bien l’impression d’une séquence ornée de plusieurs enjeux. Pour pléthoriques qu’ils soient, lesdits enjeux ont permis de s’étaler sur trois orientations fortes. La première: c’est la première tournée dans les pays africains de l’histoire de la diplomatie ukrainienne. La seconde: la tournée africaine de Dmytro Ivanovytch Kouleba a été certainement liée à la tentative de Kiev de renforcer son cercle d’amis et de soutiens sur le continent. Et la dernière: des modalités particulières ont été convoquées pour la mise en musique de l’agenda africain du chef de la diplomatie ukrainienne. Dans ce package, l’engagement et les efforts de Kiev visant à sensibiliser l’opinion publique africaine à adopter une posture plus systématiquement tournée contre la Russie méritent d’être relevés.

    Dans ce cadre, Dmytro Ivanovytch Kouleba n’a pas hésité à faire valoir des positions favorables aux intérêts des premiers pays qu’il a visités. «Porteur d’un message du Président Volodymyr Zelensky au Président ivoirien Alassane Ouattara, Dmytro Ivanovytch Kouleba a évoqué, selon une note de la présidence ivoirienne, «le renforcement de la coopération entre la Côte d’Ivoire et l’Ukraine, notamment dans les secteurs de l’éducation et de la sécurité», écrit abidjan.net.

    Le même média rapporte que le ministre ukrainien des Affaires étrangères a dit «tout simplement merci». «Merci pour tout ce que la Côte d’Ivoire a fait en faveur de l’Ukraine depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’Ukraine est reconnaissante pour le vote que la Côte d’Ivoire lui a apporté pour la résolution présentée par le Président Volodymyr Zelensky. Nous sommes au début d’une relation de fraternité renforcée. Il est très important que l’Ukraine et la Côte d’Ivoire se soutiennent mutuellement. Nous avons un environnement sécuritaire quasi similaire. Nous sommes heureux de pouvoir aider la Côte d’Ivoire dans la résolution de ses problèmes sécuritaires (…) Aujourd’hui, je peux dire que ma visite ici est un début de partenariat stratégique entre la Côte d’Ivoire et l’Ukraine».

    Dmytro Ivanovytch Kouleba qui, à son arrivée à Dakar le 3 octobre dernier, avait vite voulu délester sa visite de toute ambiguïté en déclarant n’être pas venu «en Afrique contre qui que ce soit», a vite tombé son masque. «Nous savons à quel point la propagande russe est forte», a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse dans la capitale sénégalaise. On l’a vite compris aussi: l’agenda, le calendrier et les rythmes ukrainiens en Afrique restent indirectement ou non fixés par Moscou.

    Nos amis ukrainiens ne contesteraient pas forcément ces analyses. Ils ne nourrissent pas d’illusions sur la forte présence russe sur le continent, mais veulent dire que la responsabilité est d’abord du côté des États africains, appelés à concevoir eux-mêmes leur dispositif délibératif. De là à comprendre que Kiev n’entend pas rayer les «acquis russes» en Afrique d’un trait de plume. Mais Dmytro Ivanovytch Kouleba espère bien que sa visite africaine pourrait bien rouvrir des espaces de réappropriation de la réflexion sur l’invasion de son pays et les modalités de mise en œuvre d’une coopération.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • L’Afrique n’a pas fini de pleurer Thomas Sankara

    L’Afrique n’a pas fini de pleurer Thomas Sankara

    Il a été assassiné par les impérialistes et leurs suppôts. C’était le 15 octobre 1987. Pourquoi ? Parce qu’il dérangeait, parce qu’il était un empêcheur de tourner en rond, parce qu’il était contre la résignation et la soumission, parce que le tremblement et l’agenouillement devant le Blanc étaient pour lui des choses inacceptables, parce qu’il  savait dire « non » à tout ce qui bafoue la dignité de l’homme noir.

     

    Un « non » qui continue de retenir dans toute l’Afrique 35 ans après sa mort parce qu’il est le « non » éternel que la liberté s’oppose à toute tentative d’oppression, de chosification ou d’exploitation. Nous avions foi qu’il a effectué ce que les Um Nyobè, Roland-Félix Moumié, Osendé Afana, Ernest Ouandié, Victor Biaka Boda, Patrice Lumumba, Kwame Nkrumah, Modibo Keïta, Sylvanus Olympio, Barthélemy Boganda, Samora Machel, Amilcar Cabral, Marien Ngouabi et d’autres ont été incapables d’accomplir pour l’Afrique.

    Nous comptions sur lui pour un meilleur positionnement du continent sur la scène internationale. Nous avions mis notre espoir en lui parce qu’il était « la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche » (Aimé Césaire), parce qu’il était le symbole d’une autre Afrique, l’Afrique libre et debout, l’Afrique qui se prend en charge, l’Afrique qui valorise ce qu’elle a, l’Afrique qui produit ce qu’elle consomme et consomme ce qu’elle produit. Avec lui, nous avions recommandé à rêver mais, très vite, notre rêve fut brisé comme le rappelle l’ouvrage qui lui fut confié en 1990 par Valère Somé, un de ses compagnons de lutte.

    Je me souviendrai toujours du grand discours qu’il prononce, le 4 octobre 1984, à l’Assemblée générale de l’ONU. Entre autres choses, l’enfant de Yako disait ceci : « Nous avons jusqu’ici tendu l’autre joue. Les gifles ont été redoublées. Mais le cœur du méchant ne s’est pas attendreri. Ils ont piétiné la vérité du juste. Du Christ, ils ont trahi la parole. Ils ont transformé sa croix en masse. Et après qu’ils se sont revêtus de sa tunique, ils ont lacéré nos corps et nos âmes.

    Ils ont obscurci son message. Ils l’ont occidentalisé cependant que nous les recevions comme libération universelle. Alors, nos yeux se sont ouverts à la lutte des classes. Il n’y aura plus de gifles. Il faut proclamer qu’il ne peut y avoir de salut pour nos peuples que si nous tournons radicalement le dos à tous les modèles que tous les charlatans de même acabit ont essayé de nous vendre vingt années durant. Il ne saurait y avoir pour nous de salut en dehors de ce refus-là. Pas de développement en dehors de cette rupture. »

    Deux ans plus tard, reçu François Mitterrand à Ouaga, il lui reprochera d’avoir reçu Pieter Botha, le Premier ministre de l’Afrique du Sud raciste, et le rebelle angolais Jonas Savimbi, « l’un et l’autre couverts de sang des pieds jusqu’à la tête ».

    En 4 ans de pouvoir (1983-1987), grâce à une politique volontariste, il parvint à vaincre la faim et certaines maladies, à réduire l’aide économique française de 80 %, à arrêter l’importation des fruits et légumes.
    Cet homme, qui n’avait ni comptes bancaires ni appartements en France, à montré qu’on peut diriger un pays sans piquer dans les caisses de l’État, ni enrichir outrageusement sa famille.

    Le capitaine Ibrahim Traoré, tombeur du lieutenant Paul Damiba, suivra-t-il son exemple ?

    Jean-Claude Djereke

  • Marché international du film d’Afrique centrale : cap sur l’industrialisation

    Marché international du film d’Afrique centrale : cap sur l’industrialisation

    C’est la feuille de route du promoteur des Écrans noirs afin de booster cette économie et de développer des emplois sources de revenus pour les jeunes. Toute a choisi qui demande le soutien des partenaires financiers et de l’audiovisuel.

    Les activités de la 26 ème édition des Écrans noirs se poursuivent en toute convivialité au Musée national de Yaoundé. Ce 3 octobre 2022, a notamment eu lieu l’ouverture officielle de la 6 ème édition du Marché international du film d’Afrique centrale (Mifac). A travers la cérémonie, Basseck Ba Kobhio fait de l’industrie culturelle sa priorité dans la sous-région. « J’ai dit que j’allais consacrer mes prochaines années à l’industrialisation du marché du film en Afrique centrale.Faire en sorte qu’en dehors des contenus de la création qui concerne le scénario, la mise en scène et autres, tout ce qui concerne l’industrie en commençant par la multiplication des clés, la multiplication des Dvd, le doublage et tout le reste ,autorisé à s’implanter en Afrique centrale. Il nous faut cela », fait savoir Basseck Ba Kobhio.

    Selon le délégué général des Écrans noirs, il faut que le monde du cinéma, de l’audiovisuel soit perçu comme « un monde économique et cela demande l’implication des institutions financières. Je parle à l’ouverture ce matin des jeunes qui produisent des biens culturels à l’étape des jeux vidéo, les dessins animés, on peut tirer suffisamment de revenus dans ces secteurs. Mais il faut investir et donc, il faut des moyens pour que les grosses machines soient achetées. Il faut des moyens pour que de gros serveurs soient mis à disposition et tout cela c’est l’industrialisation. Pour ce faire, nous allons tout faire pour convaincre les pouvoirs publics, les institutions financières comme la Banque de mettre les moyens à disposition », précise le délégué général des Écrans noirs.

    BDEAC    

    Le développement des industries culturelles fait partie de l’agenda de l’institution financière qu’est la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (Bdeac). Elle n’est pas insensible parce que le cinéma est un « secteur créateur de richesse sur le plan économique et financier ». C’est un secteur créateur d’emplois au-delà du côté divertissement. Quand on s’intéresse au côté économique et financier, le secteur du cinéma est habilité aux financements de la Bdeac. Pour peu que les initiatives soient intégrées, organisées par rapport au format des données d’entrée au niveau de la banque », explique Patrick Hervé Ella Peke, représentant du directeur de la Bdeac. Compte tenu de l’absence criarde des infrastructures, les salles de cinéma et autres, la Banque privilégie le financement des infrastructures. Nous voyons ce qui se fait ailleurs. Il y a des studios de référence dans les pays comme les États-Unis et ailleurs, il y a toute une infrastructure qui n’existe pas encore au sein de l’espace de l’Afrique centrale. Il y a un accompagnement qui a besoin d’être fait pour impulser cette émulation des jeunes et la banque est dans son rôle », renchérit le représentant du président de la Bdeac.

    TV5monde Afrique

    Dans la même veine, le directeur de TV5monde Afrique entend jouer sa partition dans la promotion et la diffusion du cinéma africain. « Vous savez que TV5 monde est le partenaire privilégié du festival Écrans noirs. C’est un partenaire historique depuis de très longues années. Il est normal que nous puissions renouveler ce partenariat pour cette année », lâche Patrick Bofunda LLingo, Directeur Afrique. Et de poursuivre également : « nous sommes diffuseurs, c’est notre vocation à promouvoir les créations francophones, et nous savons qu’ici aux Écrans noirs, c’est le lieu par excellence de l’expression de cette créativité francophone, particulièrement en Afrique sub-saharienne ».

    Olivier Mbessité

  • Stratégie pays 2023-2027 de la Bad : continuité dans la rupture au Cameroun

    Stratégie pays 2023-2027 de la Bad : continuité dans la rupture au Cameroun

    De nouveaux axes prioritaires sont arrêtés. La coopération sera également débarrassée des écueils identifiés au cours des consultations achevées à Yaoundé par le directeur général de la Banque pour l’Afrique centrale et les conduites par le Minepat.

    La fin des consultations de la Bad au Cameroun en image

    Rien ne devrait plus être comme avant dans la relation de coopération entre le Cameroun et la Banque africaine de développement (Bad). Si la continuité est actée au moins jusqu’en 2027, elle devrait cependant s’inscrire dans la rupture. C’est l’une des premières certitudes à l’issue de la série de consultations achevées le 23 septembre dernier à Yaoundé par le directeur général de la Banque pour l’Afrique centrale. Les échanges entre Serge N’Guessan, les autorités camerounaises, les experts et le secteur privé étaient conduits par le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat).

    Alamine Ousmane Mey a, en sa qualité de gouverneur de la Bad au Cameroun, a notamment souhaité « renverser l’orientation du portefeuille actuel de la Banque, dominée jusqu’ici par les transports (51,6 %) et l’énergie (25 , 4% du portefeuille projets, Ndlr) ». Là où le directeur général de la Bad pour la sous-région a surtout insisté sur un certain nombre d’écueils. La Note de diagnostic pays (NDP) et le Rapport d’achèvement du Document de la stratégie pays (DSP) en cours de mise en œuvre jusqu’à fin 2022, s’en sont largement fait l’écho.

    26 % de projets en arrêt
    précoce Elles apparaissent pour l’essentiel au moment de la mise en œuvre des projets financés par l’institution bancaire continentale. Ces écueils concernent entre autres «l’environnement de travail, la sociologie de l’administration, l’efficacité des décisions opérationnelles et les retards dans l’exécution des projets», regrette Serge N’Guessan. La conséquence est qu’en matière d’indicateurs de performance au 15 septembre 2022, « 37 % seulement de projets sont jugés comme satisfaisants, tandis que 37 autres ne le sont pas. La Bad déplore en effet que « le taux de décaissement cumulé du portefeuille national hors garanties et hors appuis budgétaires est à 26,7 %. Ce qui est faible pour un âge moyen de 5,8 ans».

    Les experts pointent notamment un doigt accusateur sur « les retards de signature des accords de financement ». Les solutions proposées vont alors dans le sens de l’amélioration des capacités institutionnelles pour une meilleure mise en œuvre des projets et d’une plus grande focalisation sur les résultats et l’impact de développement. Mais également dans le sens du renforcement des interventions dans le secteur privé, d’une meilleure sélectivité des opérations et du renforcement des partenariats stratégiques entre le secteur privé et les PTF», ont plaidé la Bad et les experts.

    Industrialisation et intégration régionale
    L’industrialisation était jusqu’ici le parent pauvre de la stratégie pays de la Bad. Le Minepat veut désormais en faire l’un des deux piliers de celle en préparation. Avec d’un côté « le développement industriel et de l’autre, l’inclusion synonyme notamment de développement du capital humain ». En ce qui concerne l’industrialisation, on apprend d’Alamine Ousmane Mey qu’elle poursuit l’objectif de la transformation structurelle de l’économie camerounaise conformément à la SND30. Elle devra donc « prendre appui sur l’agro-industrie avec un ancrage sur l’import-substitution ».

    Grâce à des acteurs majeurs que sont le secteur privé et les PMI, et en utilisant les catalyseurs que sont l’énergie et les télécommunications (numérisation). Le tout en visant un marché qui n’est pas seulement national mais sous-régional pour couvrir aussi les infrastructures d’intégration ». À en croire d’ailleurs le gouverneur de la Bad au Cameroun, cette option permet « d’avoir une orientation en termes de focus avec des déclinaisons qui correspondent non seulement aux cinq priorités de la Bad, mais aussi aux options choisies par le Cameroun en matière de développement ». Le développement local occupe également une place de choix.

    Théodore Ayissi Ayissi

    Audit et passation des marchés publics

    72% des projets menacés de suspension

    La Bad dit n’avoir reçu, contrairement à la norme, que 28% des rapports dus au 15 septembre 2022. Cette situation s’ajoute à celle des projets ayant déjà deux ans de mise en œuvre, mais dont 50% des contrats ne sont pas encore signés.

     

    Parmi les sujets qui fâchent pris en compte par le gouvernement camerounais et la Banque africaine de développement, il y a les lenteurs dans la passation des marchés publics et les retardataires dans la transmission des rapports d’audit. Sur ce dernier point, la Bad relève par exemple qu’« à la date butoir du 30 juin, les rapports d’audit reçus étaient de 14 %, soit 3 sur 31 sur l’ensemble du portefeuille. Et au 15 septembre 2022, elle a reçu seulement 28%». À l’en croire, « on a à peu près 72% du portefeuille qui devait être techniquement suspendus de décaissements ».

    Eu applicable à la norme qui prescrit que « les rapports sont dus au maximum six mois après la fin de l’exercice », est-il expliqué. Un responsable de l’institution bancaire laisse d’ailleurs entendre que «la Banque se réserve le droit de prendre des mesures conservatoires qui peuvent justement aller dans le sens de la suspension des décaissements du projet et même l’étendre au secteur». Et le cadre de la Bad d’indiquer que la résolution de ce problème « est vraiment urgente et importante ». La Banque songe pour ce faire à une plus grande implication de la Chambre des Comptes de la Cour suprême. L’un des préalables demandés est le recrutement des auditeurs.

    Marchés publics
    Au 21 septembre 2022, « le portefeuille de la Bad au Cameroun compte 35 instruments. Parmi lesquels les projets qui ont deux ans de mise en œuvre et dont 50% des contrats ne sont pas encore signés ». À en croire la présentation relative aux marchés publics, plusieurs cas de figure permettent de l’illustrer. À savoir que « 3 projets sont en instance de passation des marchés, 3 projets sont en alerte, ce qui signifie qu’ils n’ont plus une surveillance rapprochée, et 29 projets ou instruments ont des progrès satisfaisants », renseigne la Bad.

    Le problème selon l’institution bancaire continentale est que «sur ces 29 instruments. 6 ont des taux de décaissement très faibles de l’ordre de moins de 10 %. Ce qui signifie que le taux d’engagement au niveau de ces projets sont faibles et si rien n’est fait, ils pourraient tomber dans la catégorie des projets à risque ». La faute au « temps que nous procédons » à signer les accords de projets approuvés par le Conseil d’administration, ou à passer les marchés. On a vu que la procédure de passation prend 17 mois alors que la moyenne sur le continent et recommandée par la Bad est de 7 à 9 mois», déplore Serge N’Guessan.

    Un constat partagé par Ibrahim Talba Malla. Le ministre des Marchés publics s’attarde en effet sur les délais présentés « comme le nœud de l’affaire, mais aussi sur la compétence des experts ». Certains oublient leur qualité et veulent faire prévaloir leurs avis alors qu’il y a un système collégial de discussion ». Le membre du gouvernement souscrit à certaines propositions de la Banque. Notamment celle relative à « l’élaboration d’un code d’éthique pour répondre à la question de la gouvernance », at-il fait savoir. La Bad parle par ailleurs de l’élaboration des checklists pour éviter des échanges prolongés entre elle et les équipes d’exécution.

    TAA

     

    Production de l’huile de palme

    Trois unités d’extraction pour faire tache d’huile

    Elles vont inaugurer l’ère de l’industrialisation tout en constituant une des perspectives à court terme de la coopération Cameroun-Bad.

    « Nous avons dans nos projets et chaînes de valeur agricoles et de l’élevage, des activités importantes qui nous permettent d’avoir trois unités industrielles d’extraction d’huile de palme ». Cette annonce faite par la Bad ce 22 septembre 2022 lors de la présentation de son portefeuille projets au Cameroun, s’accompagne de quelques précisions seulement.

    Pour notamment indiquer qu’il faut globalement s’attendre à « trois réservoirs et à trois moulins modernes qui seront intégrés ». Une autre indication n’est pas donnée sur leurs capacités de production et de stockage, sur les régions où ces unités ne seront pas intégrées, sur le financement que leur mise en place va nécessiter ou sur l’horizon de concrétisation de ces projets.

    Un indice laisse toutefois penser que ceux-ci s’inscrivent dans les perspectives à court terme de la coopération entre le Cameroun et l’institution bancaire continentale. Surtout au moment de l’élaboration d’une nouvelle stratégie pays. Non seulement parce que ces projets constituent une réponse au besoin urgent d’industrialisation apportée par les autorités camerounaises. «C’est une priorité opérationnelle qui n’apparaît pas encore dans le schéma d’intervention de la Bad», ont admis les responsables de la Banque. Mais aussi parce qu’il est prévu la signature dans les prochains jours d’une convention de 41 milliards FCFA.« Elle va encourager et soutenir la productivité et la production agricole, et participer à l’amélioration des performances des agriculteurs au niveau décentralisé », relève Alamine Ousmane Mey.

    Aux dires du Minepat, « nous avons également en perspective la signature des appuis budgétaires que nous répartissons au Groupe de la Bad » . Jean Tchoffo, secrétaire général du département ministériel précise qu’ils sont de l’ordre « de 75 millions d’euros, soit environ 53 milliards FCFA ». Ils gonflent un portefeuille d’un volume de 1 302,2 milliards FCFA pour 25 projets. Parmi lesquels 17 sont nationaux, 7 régionaux et un est à l’actif du secteur privé. Ces projets sont financés à 82,1% par le guichet Bad et à 10,9% par le Fonds africain de développement. Le cofinancement avec la Jica, l’UE et autres, représente 17 %.

    TAA

  • Élargissement de l’assiette fiscale : le forcing payant des patronats de la Cemac

    Élargissement de l’assiette fiscale : le forcing payant des patronats de la Cemac

    Le Copil du Préf-Cemac a décidé de donner une suite favorable aux sollicitations sans cesse réitérées de l’Unipace en la matière.

    Célestin Tawamba, président de l’Unipace

    Depuis la survenue de la pandémie de Covid-19, l’Union des patronats d’Afrique centrale (Unipace) n’a cessé de faire des propositions pour renforcer la stratégie communautaire de relance économique. Les résolutions de son Assemblée générale de septembre 2021 sont là pour en témoigner. L’une de ses mesures phares porte sur l’élargissement de l’assiette fiscale en zone Cemac. En lieu et place de la trop forte dépendance à l’exportation des hydrocarbures. Et surtout au moment où la stratégie communautaire d’import-substitution prend corps.

    L’association a eu l’opportunité de défendre une fois de plus ses positions le 26 août dernier à Douala. Et sa constance a fini par payer. Son président Célestin Tawamba a obtenu un accord de principe pour que cette recommandation soit étudiée avec minutie par les administrations fiscales des pays de la Cemac. Il était représenté à la 17ème session ordinaire du Copil du Préf-Cemac par Narcisse Chassem.

    Prescriptions
    On retient surtout à l’intention des patronats d’Afrique centrale, la prescription du Comité de pilotage «d’organiser une réunion entre les directions générales des Impôts des pays membres, la Commission de la Cemac, le secrétariat permanent du Pref-Cemac et l’Unipace pour l’examen détaillé des propositions de l’Unipace sur l’élargissement de l’assiette fiscale en zone Cemac». Aucun chronogramme n’est pour l’heure arrêté. Le temps pour les différentes parties achète de mettre leurs idées en place.

    Celles des patronats déjà étant bien connues. Le patron du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) et ses paires appellent en effet les États et les administrations fiscales en particulier, à un changement de paradigme. Ce qui implique de « mettre l’accent sur l’élargissement de l’assiette fiscale, la prévisibilité, la simplification et l’équité des mesures en s’appuyant sur un dialogue franc et constructif avec les contribuables ». Conformément aux recommandations contenues dans le communiqué final de l’Assemblée générale du 22 septembre 2021.

    Analyse
    La prise en compte de cette doléance de l’Unipace permet de faire diminuer la pression fiscale sur les grandes entreprises de la sous-région en la répartissant équitablement entre tous les contribuables. Les promoteurs desdites entreprises auraient donc plus de marges de manœuvre pour recruter, augmenter leurs investissements ou tout simplement pour relancer leurs activités en berne du fait des chocs extérieurs.

    TAA

    Cotation des entreprises publiques

    Rappel à l’ordre du Copil du Préf-Cemac

    L’absence de volonté politique de certains États prive la Bvmac de sa capacité à pouvoir jouer son rôle de financement du développement.

     

    L’opérationnalisation des structures de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac) était également au menu des échanges tenus dans la capitale économique du Cameroun. Le Copil du Préf-Cemac s’est montré à cette occasion satisfait «des avancées déjà enregistrées». Mais à en croire le communiqué final de la 17ème session ordinaire de l’organe sous-régional, de nombreuses recommandations ont également été faites en direction des États. Notamment sur l’urgence de «transmettre à la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), la liste des entreprises publiques susceptibles d’être cotées en bourse». À l’exemple de « la République de Guinée Équatoriale, la République du Congo et la République du Gabon qui l’ont déjà fait », at-on appris. Le Cameroun, le Tchad et la République Centrafricaine sont donc incités à franchiser le pas.

    Toujours à l’intention des États et dans leur ensemble cette fois, le Copil a également prescrit pour les mêmes raisons, « d’apurer dans les meilleurs délais les arriérés vis-à-vis de la Bvmac ». Une dernière recommandation a enfin concerné les entreprises publiques et privées opérationnelles dans l’espace communautaire. Le ministre des Finances du Cameroun, Louis Paul Motaze, et ses pairs ont parlé de « poursuivre la campagne de sensibilisation afin de les encourager à se positionner sur le marché financier de la zone Cemac ».

    Ils ont par ailleurs pris acte de la proposition de la Banque centrale sur les options pour la constitution du capital social du Dépositaire central unique à créer. « Le Copil a décidé à ce sujet de la clé de répartition suivante : Bvmac (40 %), Beac (20 %), BDEAC (10 %), entreprises publiques ou privées installées dans les six pays de la Cemac (5 %), Sociétés de Bourse (10%), SVT (banques commerciales) (10%) et Sociétés de gestion de portefeuilles (5%)», précise le communiqué final.

     

    TAA

  • Stratégie communautaire d’import-substitution : mobilisation générale autour du financement

    Stratégie communautaire d’import-substitution : mobilisation générale autour du financement

    Le développement de l’industrie locale et l’augmentation de la production sont à ce prix.

    Michel-Cyr Djiena Wembou, secrétaire permanent du Préf-Cemac

    Douala a de nouveau ouvert du 13 au 18 septembre dernier une réunion du secrétariat technique du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac). À l’ordre du jour des travaux, la révision de la stratégie communautaire d’importation-substitution. Le Copil fonde beaucoup d’espoirs dans cette stratégie également considérée comme une composante fondamentale de la transformation structurelle des économies de la sous-région.

    Les acteurs réunis dans la capitale économique du Cameroun avaient dès lors une double mission. À savoir « introduire la filière manioc parmi les produits du cru traités et finaliser le chiffrage de la Stratégie communautaire », selon les prescriptions du Comité de pilotage. Cette étape s’est révélée le 26 août dernier être indispensable pour aborder la problématique de son financement. Le Copil du Préf-Cemac s’appelait déjà à une mobilisation générale.

    États, institutions et PTF
    Pour balayer devant sa porte, le Comité de pilotage du Préf-Cemac a adopté lors de sa 17ème session ordinaire, le Plan d’opérationnalisation de la stratégie communautaire d’importation-substitution. Celui-ci est certes encore perfectible. Puisqu’il devrait intégrer les nouvelles données issues de la réunion tout juste achevée du secrétariat technique. Il est cependant déjà suffisamment abouti pour pouvoir vendre auprès des partenaires techniques et financiers (PTF) de la Communauté, la Stratégie en question. De quoi donc « féliciter le secrétaire permanent, Michel-Cyr Djiena Wembou, et toute son équipe pour la qualité du document et des mesures préconisées ».

    Le Copil du Préf-Cemac projette désormais deux actions. La première va permettre que « le Plan d’opérationnalisation de la Stratégie et le chiffrage soient transmis à la session extraordinaire du Conseil des ministres de l’UEAC, élargie aux ministres en charge de l’Agriculture, de l’Élevage, de la Pêche , du Commerce et des Hydrocarbures qui se tiendra dans les meilleurs délais conformément aux décisions de la seizième session ordinaire du Copil du Préf-Cemac ». Quant à la deuxième étape effectuée dans le communiqué final, elle a trait à la préparation, « en collaboration avec les États membres, la Commission de la Cemac, la Banque centrale et la BDEAC, d’un plan de financement de la Stratégie communautaire » .

    Plan de financement
    Selon les recommandations désormais rendues publiques, le Plan de financement devrait tenir compte d’un certain nombre d’aspects. Notamment « des financements déjà prévus dans les budgets des États membres et du gap de financement à rechercher auprès des PTF ; des possibilités de financement déjà offertes par les programmes dédiés à l’agriculture, à l’élevage et à la pêche dans les Institutions internationales et régionales ; de la mobilisation des bénéfices de la Beac pour renforcer le fonds de bonification Beac-Bdeac pour financer les projets nationaux relatifs à la mise en œuvre de la Stratégie communautaire d’importation-substitution dans les États de la Cemac ».

    Le Comité de pilotage prescrit enfin, pour plus d’efficacité, « d’impliquer la Bvmac dans la mobilisation des ressources pour le financement des entreprises nationales et des opérateurs des secteurs agricoles, de l’élevage et de la pêche ; et de recourir au fonds de garantie (Fagace, Miga)».

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Projets intégrateurs de la Cemac : le contre-la-montre des États et de la Commission

    Projets intégrateurs de la Cemac : le contre-la-montre des États et de la Commission

    L’urgence de porter de cinq à onze le nombre de projets prioritaires en phase de démarrage est signalée. Le Copil en fait la colonne vertébrale de la réponse à apporter aux problèmes signalés et conjoncturels de nos économies.

    La délégation de la Cemac à la table ronde des investisseurs de Paris en novembre 2020

    La Cemac a fait beaucoup de chemin depuis la tenue en France en novembre 2020, de la table ronde des investisseurs pour le financement de ses onze projets intégrateurs prioritaires. Lors de la 17ème session ordinaire du Copil du Préf-Cemac, l’organe sous-régional a en effet pu faire un constat encouragé. «Il s’est par exemple félicité des progrès enregistrés dans la réalisation de 70% des projets intégrateurs présentés à Paris». Et à en croire le communiqué final, le véritable motif de satisfaction à ce stade est « l’entrée en phase de démarrage de cinq d’entre eux ».

    Il s’agit des projets relatifs à la construction/réhabilitation du corridor Brazzaville-Ouesso-Bangui-Ndjamena, à l’interconnexion des réseaux électriques entre le Cameroun et le Tchad, à l’aménagement de la route Ndende-Dolisie et à la construction de l’Université Inter-États Congo-Cameroun. Le cinquième projet porte quant à lui sur la construction de la route transnationale Kogo-Akurenam. Grâce à l’approbation par le Conseil d’administration de la BDEAC d’un prêt de 88,3 milliards FCFA pour le financement de la section Akurenam-Minang. C’était le 21 février dernier. L’heure est désormais à l’accélération de la cadence. Afin de doter la Communauté d’infrastructures capables de l’immuniser définitivement contre les chocs extérieurs.

    Pont sur le fleuve Ntem
    L’attention des États et des institutions communautaires, en tête intégrée à la Commission de la Cemac, devrait désormais se porter sur les projets restants. Ils sont au moins au nombre de six et leurs financements ont été restructurés en partenariats public-privé (PPP). Le Comité de pilotage du Pref-Cemac insiste notamment sur l’urgence de la concrétisation du « projet de construction d’un pont sur le fleuve Ntem et du projet de construction de la voie express Lolabé-Campo sur le corridor Kribi-Bata (Cameroun -Guinée Équatoriale)». L’organe communautaire « encourage dans cette perspective, les États membres et les Partenaires techniques et financiers (PTF) à poursuivre les diligences nécessaires pour leur démarrage effectif ».

    Le rôle et la participation des PTF et des autres bailleurs de fonds constituants dès lors d’une donnée déterminante. En témoigne les remerciements déjà traduits à ceux « qui accompagnent la Communauté depuis le début du processus d’identification et de mise en œuvre desdits projets intégrateurs prioritaires ». Le communiqué final précise qu’il leur est simplement demandé « de maintenir leur appui et leur assistance technique et financière ». C’est à ce prix que la Cemac pourra alors parvenir à la transformation structurelle de son économie et à renforcer sa résilience.

    Prochaine réunion du Comité de suivi
    Le prochain coup en matière de suivi et de démarrage des chantiers prioritaires de la Cemac se joue à Brazzaville au Congo. Ainsi en ont décidé les membres du Copil du Préf-Cemac le 26 août dernier à Douala. Le Comité de suivi doit se retrouver dans le cadre de sa sixième réunion du 25 au 28 octobre 2022 dans la capitale congolaise. La question de la contribution de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (Bdeac) est également à l’ordre du jour. Eu raisonnée à la demande formulée en direction des États par le Copil, « de libérer leur part au capital augmenté de l’institution bancaire sous-régionale ». Afin de lui « permettre de jouer son rôle de financement des projets communautaires », d’après le communiqué final.

    Piliers du Préf-Cemac
    Au vu du Rapport semestriel de janvier à juin 2022 du suivi de la mise en œuvre de la Matrice des réformes et actions prioritaires du Préf-Cemac, le Copil a formulé un certain nombre de recommandations. Elles concernent aussi bien les États que la Commission de la Cemac. Le président de l’institution sous-régionale, Pr Daniel Ona Ondo, était représenté à ces travaux par Lionel Ngwessy Malaga. Il est entre autres attendu « de mettre en œuvre les mesures urgentes préconisées par le rapport sur les impacts économiques et financiers de la guerre en Ukraine sur les économies de la Cemac ; de mettre résolument en œuvre les mesures visant à améliorer le climat des affaires et l’accélération de la diversification des économies de la Communauté ; et d’accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles restantes de la première phase du Préf-Cemac ».

    En complément, l’organe sous-régional évoque également « le développement du capital humain, les actions non réalisées de 2021 et celles du premier semestre 2022 ; d’appliquer dans les meilleurs délais possibles les Directives relatives au droit d’établissement ; de remplir les conditions nécessaires pour satisfaire les prérequis convenus avec les partenaires extérieurs pour la mobilisation des ressources adossées aux programmes ; et enfin, de remercier le plaidoyer auprès des bailleurs de fonds pour renforcer le volume des appuis budgétaires, nécessaire pour soutenir l’exécution des programmes».

    Théodore Ayissi Ayissi

     

    Résilience et vulnérabilités

    Les économies de la Cemac sont sans cesse fragilisées par les crises successives qui secouent la sous-région. Constat en une nouvelle fois été fait au cours de la 17ème session ordinaire du Comité de pilotage du Programme des réformes économiques et financières (Copil du Préf-Cemac). Les travaux effectués le 26 août dernier à Douala par Rigobert Roger Andely, offraient l’opportunité aux différents responsables de la Communauté de faire un diagnostic complet de la situation et d’en identifier les causes.

    À titre d’exemple, le président du Copil relève que «le conflit russo-ukrainien qui intervient dans un contexte de reprise postCovid-19, a pour conséquence de mettre à nouveau à l’épreuve les équilibres fragiles des économies nationales qui commençaient à peine à se remettre et pourrait éventuellement anéantir une partie des progrès réalisés sur le plan du renforcement de la position extérieure de la monnaie ».

    L’étude menée par le Préf-Cemac est encore plus parlante quant aux effets de cette guerre sur le pays-locomotive de la Communauté. Car « bien que le Cameroun soit un pays exportateur net de pétrole, les conséquences de la crise pourraient être globalement négatives. Compte tenu des pressions exercées sur le pouvoir d’achat des ménages, ses finances publiques (du fait du subventionnement des produits pétroliers) et sur les entreprises importantes qui ne peuvent pas répercuter les coûts marginaux à l’importation sur leurs prix de vente», souligne le communiqué final.

    Autrement dit, la résilience des pays de la Cemac due en partie à la mise en œuvre des réformes économiques et financières est encore à présent. « L’évaluation des actions mises en œuvre entre janvier et juin 2022 dans le cadre de la deuxième phase du Préf-Cemac (2021-2025) indique certes un taux de réalisation satisfaisant de 41,9 % par rapport à la cible sur l’ ensemble des objectifs attendus des cinq piliers du Programme». Mais le Copil, à travers le ministre congolais des Finances, du Budget et du Portefeuille public, a admis qu’il fallait aller plus vite et plus loin. Des pistes sont déjà sensibles pour y parvenir. Lire le zoom.

    Théodore Ayissi Ayissi

     

    Couloirs Principaux et Roaming

    Lever l’hypothèque des postes de contrôle et des frais

    La Commission de la Cemac et les États sont mis au défi d’entamer la construction et de finaliser le processus d’identification des postes avant la fin de l’année. La gratuité effective de l’itinérance est également en ligne de mire.

     

    Un des nombreux plaidoyers du président de la Commission de la Cemac en faveur de la libre circulation et de la densification des échanges intra-communautaires est sur le point de porter ses fruits. Le Pr Daniel Ona Ondo vient en effet d’être soutenu par le Copil du Préf-Cemac. Lequel a pris l’option de s’attaquer aux barrières que constituent encore la construction et la gestion des postes de contrôle aux frontières. Le communiqué final de la 17ème session du Copil renseigne ainsi qu’il est demandé aux États et à l’institution sous-régionale, « de commencer la construction des trois postes-frontières déjà identifiés ; de finaliser le processus d’identification des points de construction des trois autres postes-frontières avant la fin du deuxième semestre 2022 ;

    Une fois cela fait, il reste alors à « harmoniser la formation des agents et à l’ancien ceux aux postes-frontières dans les domaines de l’intégration régionale, de l’informatique et de la gestion des bases de données ». Tout en tenant compte « du principe de la subsidiarité dans le processus de rationalisation des institutions spécialisées de formation communautaire », est-il mis en avant.

    Frais d’itinérance
    La libre circulation sans entrave des personnes, des biens, des services et des capitaux implique aussi celle des informations et des données. La question des frais d’itinérance en zone Cemac se révèle donc tout aussi préoccupante. Le Copil parle «d’organiser une réunion des ministres en charge des
    Télécommunications et des régulateurs du secteur». De façon à ce que les barrières imposées aux frontières numériques des États soient également démantelées. L’objectif spécifique étant de parvenir à « lever les goulots d’étranglement observés dans l’entrée en vigueur des protocoles portant sur la suppression desdits frais d’itinérance dans l’espace communautaire ».

    Qu’il s’agisse donc des postes de contrôle ou de l’itinérance, il y a en point de mire l’idée d’augmenter le niveau des transactions et des échanges entre les États de la sous-région, de réduire la dépendance vis-à-vis -à-vis de l’extérieur et ce faisant, de renforcer la résilience des économies de la Cemac.

    TAA

  • S.E. Christophe Guilhou : de l’utile au malléable diplomatique

    S.E. Christophe Guilhou : de l’utile au malléable diplomatique

    Au cours d’une interview accordée à nos confrères de la CRTV-Télé, le diplomate français est arrivé en fin de séjour a cessé d’éclairer l’opinion publique nationale sur les sens cachés, les enjeux et les stratégies de Paris au Cameroun.

    Christophe Guilhou, ambassadeur
    de France au Cameroun

    Il est d’usage de définir le départ d’un chef de mission diplomatique comme un moment d’expression exacerbée de souvenirs. Devant les caméras de la chaîne de la CRTV-Télé le 23 septembre dernier, Christophe Guilhou a bien voulu ouvrir son bloc-notes. Le Français est arrivé en fin de séjour est entré dans la galerie « avec le cœur gros », selon ses propres termes.

    En veillant à ce que ses dires ne génèrent des sentiments de douleur, de ou de déception, il a plutôt opté pour une position respectueuse et résolument diplomatique. « Le Cameroun est un pays qui exige beaucoup de la France et il faut que la France et son ambassadeur qui représente son institution ici soit à la hauteur des attentes du public et des autorités camerounaises », at-il dit en substance. Au-delà, Christophe Guilhou a fait ses trois années passées au Cameroun comme une période tout à fait stimulante, dont il garde à jamais un souvenir ému et induit très vivant. Et cela se sent par une blague : « Comme on dit ici, le White rentre à Mbeng, mais on reste ensemble ».

    Lignes de failles
    Tout au long de son entretien avec le journaliste Charles Ebune, Christophe Guilhou s’est employé à la construction d’un carré langagier afin de ménager un espace de manœuvre. L’exercice a consisté à faire usage des éléments flous et ambigus, notamment lorsqu’a été expliqué l’arrivée de Jean Yves Le Drian à Yaoundé. Pour l’interviewé, « c’était une visite assez exceptionnelle où il a passé trois jours au Cameroun. Il s’est rendu bien entendu ici à Yaoundé, ensuite à Douala la capitale économique du pays et puis ensuite, il s’est rendu dans l’Extrême-Nord à Maroua où il a été très frappé par l’accueil très chaleureux». Pas plus.
    De là naît l’inquiétude que l’on pourrait éprouver à voir de délicates questions avec beaucoup de précautions ; au risque de brouiller des cartes subtilement disposées.

    C’est le cas avec « le gré à gré avec Frank Biya ». Quiconque a feuilleté l’actualité sociopolitique au Cameroun, ces dernières semaines ont probablement été remarquées par la chancellerie française à Yaoundé et ont parfois été citées en majuscules dans des manœuvres présumées relativement à la succession de Paul Biya. À tort, selon le diplomate français : « Tout cela était un montage grotesque ».

    De la même manière, il refuse l’interprétation selon laquelle l’arrivée du général de corps d’armée, Thierry Marchand (fils successeur) est le signe avant-coureur d’une guerre de succession à Etoudi. « Mon successeur, comme moi, est au service des orientations, des directives qui seront données par le président de la République, quel que soit son parcours précédent. Nous proposons en œuvre des instructions qui sont décidées par Paris. Cela n’a rien à voir avec son profil. Cela ne change en rien les orientations, qui ont été fixées d’ailleurs par le président de la République Emmanuel Macron lors de sa visite officielle. Donc, cela n’a pas d’influence sur la relation stratégique entre la France et le Cameroun», a tranché Christophe Guilhou.

    Ongoung Zong Bella

  • Le Mali, où se joue l’avenir des pays dits francophones, est condamné à réussir

    Le Mali, où se joue l’avenir des pays dits francophones, est condamné à réussir

    Hier, 22 septembre 2022, le Mali a commémoré le 62e anniversaire de son accession à la souveraineté nationale.

     

    Modibo Keïta voulait donner un contenu à cette souveraineté en demandant le départ de la base militaire française et en quittant la zone franc pour émettre sa propre monnaie. Malheureusement, il sera renversé le 19 novembre 1968 par le lieutenant Moussa Traoré qui a sûrement bénéficié du coup de pouce de Paris.

    Assimi Goïta et ses compagnons ont non seulement repris le combat du premier président, mais ils ont fait mieux encore en expulsant l’ambassadeur de France et la force militaire Barkhane, en fermant France 24 et Rfi qui n’ont rien à envier à la tristesse célèbre Radio mille collines qui émettait dans le Rwanda de Juvénal Habyarimana.

    L’homme qui a représenté le Mali à la 77e Assemblée générale des Nations unies a confirmé la détermination des Maliens à prendre leur destin en main en affirmant que son pays s’opposerait à la liberté de mouvement de la Minusma dans l’exécution de son mandat dans le domaine des droits de l’homme et que cette Minusma a vocation, non pas à se substituer au gouvernement du Mali, mais à aider celui-ci « à rétablir la sécurité et l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national ».

    Inutile de dire que cette détermination et cette fermeté me diffèrent de fierté et donnent des raisons d’espérer encore que l’Afrique tient le bon bout avec le Mali et que les jours de la France arrogante, menteuse et esclavagiste sont comptés dans ses anciennes colonies .

    Vive le Mali libre et souverain ! Merci à la Chine et à la Russie pour leur soutien à Assimi Goïta ! Honte aux pays africains qui, pour ne pas provoquer l’ire de l’ancienne puissance colonisatrice, ont voté la résolution renouvelant le mandat de la Minusma !

    Jean-Claude Djéréké

  • Manuels scolaires : À la merci des éditeurs véreux

    Manuels scolaires : À la merci des éditeurs véreux

    Le Conseil national d’agrément des manuels scolaires et des matériels didactiques (CNAMSMD) est monté au créneau le 21 septembre dernier pour dénoncer les acteurs qui écument les milieux scolaires pour le business au détriment de la formation des jeunes.

     

     

    Le Conseil national d’agrément des manuels scolaires et des matériels didactiques (CNAMSMD) est très remonté. Le motif est l’introduction dans certains établissements des livres et des cahiers d’activités non agréés. « Le milieu éducatif est gangrené de plusieurs éditeurs véreux qui vendent des manuels scolaires étrangers aux listes officielles. Ces manuels aux contenus pleins d’incongruités ne reposent pas sur l’approche par compétence. Conséquence : « les enfants de six ans portent des sacs pleins des documents agréés et non agréés, alors que les pouvoirs publics ont prévu trois livres pour chaque enfant. Dans la mesure où on a deux langues officielles et un livre de mathématiques», explique Jean Paul Komon, président du Conseil.

    La gêne de ce dernier se situe d’emblée sur le contenu des manuels. Le problème, selon lui est la faute d’éditeurs. «Celle-ci a amené le Premier ministre à instaurer le livre unique en 2017. C’est-à-dire une matière un livre. Il n’est pas prévu de cahiers d’activités ou de Works book. Et début d’année, nous nous rapprochons des ministres en charge de l’éducation qui publient une circulaire pour rappeler à tous les chefs d’établissement, aux parents que ne sont exigés ou exigibles chaque que des manuels inscrits sur les listes officielles dument par les deux ministres», précise le président du Cnamsmd.

    En revanche sur le terrain, il est constaté qu’il s’est installé « une culture de défiance des éditeurs et des chefs d’établissement ». Et les livres et cahiers d’activités sont vendus à des prix onéreux 3000 FCFA, 4000 FCFA et 5000 FCFA. Alors qu’aucun livre de l’école primaire au Cameroun n’atteint le prix de 2000 FCFA depuis que nous sommes aux affaires».

    «Sur le terrain, il y a une forme de discrimination», peste encore le président du Cnamsmd. Et le plus choquant dans les établissements dans le sous-système anglophone de Yaoundé, est qu’on exige de l’enfant de la maternelle 8 à 10, voire 15 livres. Le budget des manuels se lève à 20000 FCFA, 30000 FCFA et 40000 FCFA.

    Olivier Mbessité

  • Programmes triennaux de convergence dans la Cemac: seulement trois États conformes

    Programmes triennaux de convergence dans la Cemac: seulement trois États conformes

    Un constat parmi plusieurs autres ressort de la 40ème session ordinaire du Collège de surveillance multilatérale de la Cemac.

     

    À savoir que «seuls trois pays de la sous-région (Cameroun, Congo et Tchad) disposent d’un Programme triennal de convergence (PTC) formellement adopté par le Conseil des ministres de l’UEAC», rapporte le communiqué final. Les travaux exécutés à Douala du 22 au 23 septembre dernier par le Commissaire de la Cemac, Clément Belibanga, ont de ce fait insisté sur une nécessité. Celle pour les autres États « de poursuivre les diligences pour l’adoption formelle de leurs PTC respectives ». Tout en invitant les pays déjà adaptés à «mettre leurs PTC à jour», fait encore savoir le communiqué signé au nom du président de la Commission de la Cemac, Pr Daniel Ona Ondo.

    Compte tenu de la conjoncture internationale et sous-régionale, les PTC sont censés occuper une place importante « dans la mise en place des mesures de ripostes à la crise provoquée par la pandémie de Covid-19 et les effets du conflit entre l’Ukraine et la Russie ». Et aux côtés des « programmes soutenus par le FMI, notamment en ce qui concerne la viabilité de la dette et les conditionnalités des autres bailleurs de fonds », souligne le Collège.

    L’instance se montre toutefois optimiste s’agissant des perspectives macroéconomiques de la Cemac pour 2022 et 2023. À l’en croire, «la croissance devrait en effet s’accélérer pour se hisser à 2,9% au cours de ces deux exercices , profitant du dynamisme de l’activité dans le secteur non pétrolier. Et en dépit d’une quasi-stagnation de l’activité dans le secteur pétrolier». Les déséquilibres macroéconomiques ont poursuivi ainsi leur résorption. Le solde budgétaire, base engagements et dons compris, pourrait même être excédentaire cette année.

    TAA

  • Indice de développement humain: Guinée Équatoriale et Gabon devant le Cameroun

    Indice de développement humain: Guinée Équatoriale et Gabon devant le Cameroun

    Le Pnud vient de rédiger son rapport 2022 sur l’Indice de développement humain (IDH).

    Dans ce document intitulé « Temps incertains, vies bouleversées : façonner notre avenir dans un monde en mutation », l’Afrique centrale connaît des embellies avec la progression du Cameroun à la 151e place mondiale (contre 156e en 2020). Ce qui le place devant le Congo (153e). Les pays arrivent toutefois en seconde place dans la sous-région, derrière le Gabon (112e) et la Guinée Équatoriale (145e) classés respectivement dans les lots des pays ayant des IDH élevés et moyens. Le Tchad clôture le classement en occupant la 190e place, derrière la RCA (188e).

    L’évaluation du Pnud sur l’IDH repose sur l’observation du PIB par habitant, l’espérance de vie à la naissance et le niveau de scolarisation des jeunes de dix-sept ans et plus. Cette année, l’organisme onusien a intégré d’autres facteurs. « Le rapport examine les raisons pour provoquer le changement nécessaire ne se produit pas et suggère que les raisons en sont nombreuses, notamment la façon dont l’insécurité et la polarisation s’alimentent mutuellement aujourd’hui pour entraver la solidarité et l’action collective dont nous avons besoin pour faire face aux crises à tous les niveaux ».

    Et d’ajouter : « L’IDH est retombé à ses niveaux de 2016, annulant ainsi une grande partie des progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable. L’inversion est presque universelle, puisque plus de 90% des pays ont enregistré une baisse de leur IDH en 2020 ou 2021 et plus de 40% ont vu leur score tomber au cours de ces deux années, signalant que la crise continue de s’ aggraver pour beaucoup».

    Le rapport recommande de mettre en œuvre des politiques optimisées sur l’investissement, la protection sociale et l’innovation.

    Louise Nsana

  • Huitième conférence des recteurs: session validée par la Commission de la Cemac

    Huitième conférence des recteurs: session validée par la Commission de la Cemac

    La construction de l’espace Cemac de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Formation professionnelle avance à grands pas.

    Photo de famille à l’émission de la session

    Au vu des «résultats positifs engrangés», se félicite ce 22 septembre la Conférence des recteurs d’universités et des responsables des organismes de recherche de la sous-région réunie en sa huitième session. Le rôle de la Commission de la Cemac représenté par sa vice-présidente, Fatima Acyl Haram, est à l’occasion évoqué à sa juste valeur. Les travaux de Malabo ont notamment permis d’examiner les projets de texte soumis par l’institution exécutées par le Pr Daniel Ona Ondo. À la clé, plusieurs recommandations et deux textes communautaires validés. «Sous réserve de l’intégration des amendements», précise le communiqué final.

    Il s’agit des projets de « règlement modalités portant d’application des référentiels qualité du Cames comme outils d’appui à l’Assurance qualité dans l’espace Cemac ; et de règlement portant modalités d’application du Guide d’évaluation des Enseignants -Chercheurs et chercheurs (GEE-CC) du Cames ». À en croire le communiqué signé par Maurice Aurélien Sosso, recteur de l’Université de Yaoundé I et président du bureau du présidium, un autre projet est « retoqué » . au « règlement portant la création, l’organisation et le fonctionnement du Programme de bourses d’excellence Cemac à la Formation et à la Recherche. Les recteurs recommandent à la Commission une meilleure implémentation du texte pour le présenter lors de sa prochaine session ».

    La Conférence s’en remet également à la Commission pour faire avancer la question de la mobilité des enseignants. À charge pour l’institution sous-régionale de mettre en application le règlement de 2003 de l’UEAC sur le Programme communautaire d’échanges interuniversitaires. Le Pr Daniel Ona Ondo et son institution sont par ailleurs «encouragés à mener des réflexions sur la possibilité d’avoir accès aux mécanismes de financements par le truchement des partenaires financiers au développement (Bad, Bdeac, etc.)». Les recteurs «se félicitent enfin de la solidité de la coopération internationale initiée et mise en œuvre par la Commission de la Cemac (AUA, AUF, Unesco, AFD…).Ils recommandent un renforcement des instruments de coopération et une diversification des partenaires en s’ouvrant aux institutions anglophones et hispanophones».

    Théodore Ayissi Ayissi

  • L’Afrique centrale à New-York: du point et de la trame dans les discours

    L’Afrique centrale à New-York: du point et de la trame dans les discours

    Rabâché, précisé et même mythifié, le problème relatif au nombre de lieux de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité et celui de la réforme de l’Onu sont revenus au cours de la 77e Assemblée générale de l’instance planétaire.

    Awatif El Tidjani

    Estimant n’avoir pas été suffisamment écouté lors de la session précédente, quelques voix d’Afrique centrale ont choisi de s’afficher plus cinglantes. Devant les représentants du monde entier, le Tchad et la République centrafricaine ont créé un courant d’air alliant diagnostic et dénonciation des abus. L’on a pu l’observer durant l’instant de prise de parole du Tchad.

    En posture de chef de délégation de ce pays, Awatif El Tidjani a demandé à ce que l’Afrique soit autorisée à rejoindre le Conseil de sécurité des Nations unies en tant que membre permanent. «Sur la question de la réforme du Conseil de sécurité, organe chargé de la paix et de la sécurité internationale, le Tchad exhorte une fois de plus les États membres à passer de la rhétorique à l’action pour réparer l’injustice historique dont est victime du continent africain, et qui l’exclut d’une participation pleine et égale à cet organe», a déclaré le secrétaire d’État tchadienne aux affaires étrangères. Ses propositions ont été d’autant plus scrutées que le Gabon, autre pays d’Afrique centrale, prendra le 6 octobre prochain la présidence du Conseil de sécurité de l’instance onusienne.

    À la tribune des Nations unies, le 20 septembre dernier, Faustin Archange Touadéra, a déploré qu’alors que les questions concernant la sécurité, la paix, l’environnement et la santé entrent dans une phase «critique», les «signaux d’ alerte sont méprisés au profit des intérêts économiques, géopolitiques ». « Le rôle des Nations unies n’est-il pas de transformer le monde, de le rendre plus juste et plus sûr et de garantir la dignité de chacun de nous, quel que soit le contexte mondial ? » s’est demandé au président de la République centrafricaine. Selon lui, la multiplication des tensions et des crises dans le monde démontre que l’Onu « est le produit d’une ère révolue ». Cela impose à ses yeux une réforme «profonde», incluant l’élargissement du Conseil de sécurité, afin d’assurer une «participation plus juste et plus représentative» de tous les continents.

    Ongoung Zong Bella

  • Responsabilité sociétale des entreprises : Une école estampillée «FEICOM» à Mbalmayo

    Responsabilité sociétale des entreprises : Une école estampillée «FEICOM» à Mbalmayo

    La première pierre était posée le 20 septembre 2022 par le ministre de la Décentralisation et du Développement local, Pierre Elanga Obam.

    Le Minddevel venu soutenir l’initiative du Feicom

    Le montant du don qu’offre le Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale (FEICOM), au chef-lieu du département du Nyong-et-So’o est de 448 millions de FCFA. L’objet de ce financement est la construction d’une école primaire à Mbalmayo. C’est l’extase dans le quartier mythique Mbockulu (la cachette de la tortue) comme le mentionne Dieudonné Zang Mba, le maire de cette localité. Selon les donateurs, la construction de cette école n’est pas le fruit du hasard. C’est « grâce au travail produit par un élève de l’école primaire bilingue de Mbockulu », révèle Camille Akoa, le directeur général du FEICOM.

    Il est le lauréat national du concours de dessin organisé en 2018 baptisé «l’école de mes rêves». Cette construction entre aussi dans le cadre d’un vaste chantier de développement des infrastructures du FEICOM. « Qu’il me soit permis de rappeler que l’organisme a opté pour une approche holistique du développement. C’est pourquoi les infrastructures… qu’il finance dans le secteur de l’éducation de base intègre l’approche genre. Soit un coût total de 40milliards». Cela ravit le Minddevel. Lequel salue le respect des procédures de la décentralisation par la commune de Mbalmayo et le FEICOM.

    Architecture
    Camille Akoa attachée du prix à ce que l’école soit construite en tenant compte des rêves de tous les enfants ayant participé au concours. De ce fait, la maquette conçue par les architectes reflète le rêve de ces écoliers.

    Made in Cameroun
    La construction de cet établissement scolaire est entièrement faite à base de matériaux locaux. D’où la forte implication de la Mission de Promotion des matériaux locaux (MIPROMALO). Sur le chantier, l’on peut voir que l’école est construite à base de blocs de terre crus stabilisés. La terre servante de matériau est prélevée dans la ville de Mbalmayo. Selon les DG, « c’est la première école à cycle complet construit en matériaux locaux… ce qui est une grande première », assure-t-il.

    L’infrastructure futuriste est réalisée sur une superficie de 2831 m². Elle comporte un bâtiment enseignant intégré sur deux niveaux avec 12 salles de classes comprenant chacune des espaces de rangement intégrés, des blocs sanitaires genres, ainsi que deux blocs destinés aux personnes à mobilité réduite. Il y a des espaces de restauration et de loisir. Le bâtiment destiné à l’administration à son sein dans un espace d’accueil, des bureaux et des espaces d’archivage. Sans oublier l’infirmerie, ainsi que la bibliothèque.

    Dateline
    Pour ne pas traîner le pas, l’entreprise en charge de la réalisation de cette école à un délai bien précis. Actuellement, il ne lui reste que 9 mois. Le ministre Elanga Obam et le directeur général Camille Akoa sont fermes sur la durée des travaux, 12 mois pas plus. Le DG va plus loin en mettant en garde les sociétés soumissionnaires. « Qu’il me soit permis de demander aux entreprises adjudicataires de ce projet City Center, en charge du projet et CER ENGINEERING, en charge du suivi qui sont mobilisées depuis juin 2022… afin que le rêve des enfants ne tarde pas à devenir une réalité », a t-il précisé. Ce d’autant que cette construction était prévue dès 2020.

    André Gromyko Balla

  • Babissakana : «Nous nous attaquons aux tares dans la conduite des projets en Afrique»

    Babissakana : «Nous nous attaquons aux tares dans la conduite des projets en Afrique»

    A l’aube de la 4e édition de la conférence panafricaine sur la gestion de projets, l’ingénieur financier camerounais porte un regard rétrospectif sur les acquis des éditions précédentes et fixe les objectifs du rendez-vous d’octobre. Première fête.

     

     

    Du 26 au 28 octobre prochain, se tiendra la 4e édition de la conférence panafricaine sur la gestion des projets. Pourquoi mettre l’accent sur le management des projets ?
    Les projets occupent donc une place centrale dans l’approche stratégique et opérationnelle des organisations publiques et privées en Afrique comme ailleurs. Il est aujourd’hui mondialement reconnu que ce sont : la sélection, la préparation, l’exécution et la mise en service avec succès des projets agricoles, industriels, infrastructurels et de réformes organisationnelles qui permettent aux pays, organisations nationales, régionales et continentales africaines d’augmenter largement leurs performances et d’atteindre leurs objectifs stratégiques de progrès économique, social et environnemental.

    C’est ainsi qu’au niveau continental et conformément aux statistiques de l’Union Africaine corroborées par la Banque Africaine de Développement (BAD) et le Fonds Monétaire International (FMI), 23,9% du PIB (Produit Intérieur Brut) de l ‘Afrique soit 581 milliards de $US (2 430,6 milliards de $US x 23,9% en 2019), sont dépensés annuellement dans les projets d’investissement ou de formation de capital fixe. Dans ce contexte, l’exigence d’acquisition et de maîtrise des technologies efficaces de gestion de projet s’impose à toute organisation africaine comme une condition déterminante pour une performance élevée et soutenable.

    Cependant, à l’analyse de la situation actuelle, il ressort que cette condition est loin d’être remplie par un grand nombre de pays et d’organisations africaines aussi bien nationales, régionales que continentales. L’on constate un déficit en quantité et en qualité d’experts et de professionnels qualifiés en gestion de projets et programmes. Il est donc urgent et indispensable de bâtir une vaste coalition pour s’attaquer à la résolution de ce retard ou écart technologique qui se matérialise par de multiples insuffisances que l’on observe dans la conduite des projets et programmes en Afrique.

    Les participants attendus à cet évènement de trois jours doivent-ils répondre à un profil particulier ou « Monsieur tout le monde » peuvent y trouver une place ?
    Les acteurs attendus sont tous les publics et privés souhaitant la réussite des projets dans leurs organisations. Il est notamment les décideurs publics, les managers des grandes, moyennes et petites entreprises, les entrepreneurs porteurs de projets, les professionnels de management de projet, de programmes et de portefeuilles, les responsables de la planification, des études et des projets, les ingénieurs , les conseillers techniques, les porteurs de projet, les fonds d’investissement, les investisseurs divers, les banquiers, les financiers, les normalisateurs, les universitaires, les managers des bureaux de projets, les chercheurs, les étudiants.

    Quel est le but visé par la Conférence panafricaine de gestion de projet dans ce contexte national imposé par l’implémentation de projets de développement ?
    Pour contribuer et méthodiquement au rattrapage technologique de l’Afrique dans le domaine du management des projets et programmes, la Pan-African Project Management Conference a été présentée mise au point. Elle a pour mission de contribuer à compléter progressivement mais à un rythme accéléré le gap ou le retard technologique de l’Afrique en management de projet en vue de parvenir à la disponibilité d’une masse critique croissante d’experts et de professionnels qualifiés en management de projet et programme en Afrique.

    Parlant précisément de la conduite des projets de développement au Cameroun, quelles sont précisément les tares auxquelles la firme Prescripor s’attaque ?
    Par cette conférence, nous nous attaquons, en partenariat stratégique avec le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire du Cameroun, aux multiples insuffisances ou tares que l’on observe dans la conduite des projets et programmes au Cameroun. Ces tares se reflètent par des taux très élevés d’échecs de projets (projets éléphants blancs).

    Il s’agit notamment : des études et procédures interminables de sélection et d’initiation des projets ; une absence de codification et de valorisation de la fonction de chef de projet ou de directeur de projet et de directeur de programme ; une conception peu satisfaisante du contenu des projets et une organisation inappropriée aux exigences des projets ; une planification peu crédible et non réaliste des projets avec en l’occurrence des échéanciers complaisants et des budgets souvent sous-évalués ; une recherche, une mobilisation et un arrangement de financements de projets basés sur des procédures peu efficaces et se traduisant par des délais extrêmement longs et des résultats aléatoires ;

    Un nombre élevé de projets partiellement exécutés ou abandonnés du fait d’une surveillance et d’une maîtrise inappropriées ne permettant pas de prendre des mesures correctrices en temps opportun ; des processus et procédures inappropriés d’approvisionnements liés aux activités des projets le plus souvent sans couverture pertinente des risques ; des procédures inadaptées de décaissement des financements du fait de la non-prise en compte adéquates des exigences de non-objection des banquiers ; une faible capacité d’absorption des États et des administrations se traduit par un faible taux de consommation des crédits disponibles et des financements extérieurs obtenus ; en conséquence, d’énormes pertes en ressources techniques, financières et humaines estimées à des dizaines de millions de dollars US par an.

    Quid de la situation dans la sous-région Cemac à laquelle le Cameroun est membre ?
    Les tares ou insuffisances en gestion des projets et programmes constatées au Cameroun et qui se révèlent par des taux très élevés d’échecs de projets (projets éléphants blancs) est la même dans non seulement en sous-région Cemac et CEEAC mais également dans les autres communautés économiques de l’Union Africaine. Ce problème est général en Afrique. C’est pour cette raison que la Conférence est panafricaine.

    Petite rétrospective des éditions précédentes. Quel est à ce stade l’impact des acquis enregistrés sur le champ rocailleux de la gestion des projets publics au Cameroun ?
    Au terme des trois premières éditions, nous constatons une certaine avancée positive au Cameroun en matière aussi bien normative que réglementaire. Il est à noter avec satisfaction que l’Agence des Normes et de la Qualité qui a opté pour arrimer les pratiques camerounaises de gestion de projets aux normes internationales a eu à adopter et publier sept normes ISO comme normes camerounaises.

    Il s’agit en particulier des normes suivantes : la norme ISO 21500 : 2012 Lignes directrices sur le Management de projets ; la norme ISO 21504 : 2015 Management de projets, programmes et portefeuilles – Recommandations sur le management de portefeuilles ; la norme ISO 21505 : 2017 Management de projets, programmes et portefeuilles – Recommandations sur la gouvernance ; la norme ISO 21503 : 2017 Management de projets, programmes et portefeuilles – Recommandations sur le management de programmes ; la norme ISO 21508 : 2018 Management de la valeur acquise en management de projet et de programme ; la ISO 21511 : 2018 Organigramme des tâches en management de projet et de programme et le rapport technique ISO/TR 21506 : 2018 Gestion de projet, programme et portefeuille – Vocabulaire.

    Au plan réglementaire, le management des projets d’investissement publics a connu l’entrée en vigueur de deux instruments visant l’amélioration : le décret n° 2018/4992/PM du 21 juin 2018 fixant les règles régissant le processus de maturation des projets d’investissement public et le décret n° 2021/7341/PM du 13 octobre 2021 fixant les règles régissant la création, l’organisation et le fonctionnement des programmes et projets de développement.

    Proposés par Louise Nsana