Politique de l’industrie du livre en Afrique: les disparités demeurent nonobstant des avancées
Tchadiens, Gabonais, Sénégalais et Ivoiriens présentent le visage dual du secteur de l’industrie du livre. Et pensent saisir l’opportunité qu’offre le Salon international de l’industrie de Yaoundé.
L’industrie du livre ne se développe pas au même rythme en Afrique. De nombreuses disparités sont observées entre les pays. «L’industrie du livre au Tchad ne se porte pas mieux, déjà que les écrivains sont peu nombreux. Et en plus, la lecture est en plein déclin et cet aspect s’aggrave avec le faible taux de scolarisation qui ne facilite pas les choses. À cela s’ajoutent les coûts du livre aussi, étant donné que la plupart des industries, notamment l’imprimerie sont naissantes», explique Dorina Betolngar auteur de la délégation du Tchad. Et de poursuivre: «le livre a encore des jours pénibles. Néanmoins des efforts sont faits; il m’a fallu deux ans pour rencontrer la maison d’édition Salon des Belles Lettres, qui fait un travail à but non lucratif; cette maison d’édition facilite la tâche aux jeunes auteurs». C’est le même constat au Gabon. «L’industrie du livre n’est pas encore développée, les écrivains et les éditeurs se battent beaucoup. Cette année, on parle de la deuxième édition du festival international du livre du Gabon, qui se tiendra au mois de mai. C’est une industrie qui est en train de croitre», fait savoir Frida Nelly Nzoubou, responsable communication au musée national du Gabon. Au Sénégal, «de nos jours, des lenteurs observées dans l’industrie du livre sont partout. Sauf que le Sénégal a beaucoup de possibilités et du potentiel. Tout fonctionne parce qu’on a suffisamment d’activités autour de l’industrie du livre. En plus, il faut souligner le soutien de l’État pour la culture. Les Sénégalais aiment lire ou à reprendre en pièce théâtrale ce que les autres ont fait», lance Black Yaye Fall, artiste-comédienne, slameuse, et conteuse. Le son de cloche est le même en Côte-d’Ivoire «à la différence qu’il y a des divisions voire des clans, il y a tout un formalisme déjà établi, nous utilisons d’autres voies en s’imposant avec les nouvelles réalités du digital», lance l’ivoirienne Christelle Mangré Akossi, auteure de Conscience Nouvelle.
Enjeux
Le Salon international de l’industrie du livre se présente comme une plateforme de rencontre. Il charrie de nombreux enjeux. «Nous venons faire du réseautage, se faire connaitre, le livre permet de voyager, passer son message, et se déployer en Afrique. Je viens d’abord pour défendre le drapeau de la Côte-d’Ivoire; cela permet de s’insérer dans le panafricanisme bien vécu, qui veut qu’il soit un réseau fort de la culture, des festivaliers et d’auteurs qui s’installent dans une vague pas très formaliste», lâche Christelle Mangré Akossi. Plus loin, Dorine Betolngar explique: «le livre est un outil qui a tellement de vertus et qui demande un cadre pour le valoriser. Mon premier intérêt est de participer au salon pour valoriser le livre et la lecture, en tant que auteur. Ceci offre un cadre de brassage entre les différentes nationalités, au-delà du continent africain, quoi de mieux de venir à ce grand concert du livre pour montrer ce que nous produisons au Tchad en termes de littérature». L’industrie du livre demande à s’accrocher surtout avec la venue de l’internet. «L’intérêt pour le livre ici, c’est pour dire que le papier ne disparaitra jamais, il y a la fracture numérique», conclut Frida Nelly Nzoubou.
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Olivier Mbessité